Un sourire amusé, Alexis se laissa porter par Erwin parmi le flot de pensionnaires et légionnaires jusqu’au sapin. Là, la fille d’Arès recommença à triturer le paquet qu’elle avait dans sa poche. Elle ne connaissait pas du tout la personne qu’elle avait pioché. Elle avait tenté d’effectuer des recherches sur le jeune garçon, mais elle n’avait obtenu que des réactions vagues, des opinions différentes et aucune piste potentielle de cadeau.

Avec un soupir, Alexis déposa son paquet au pied du sapin. Après tout, si elle avait réussi à ne jamais croiser sa route avant aujourd’hui, il y avait peu de chance que leurs chemins se croisent après. Et puis, elle n’avait pas signé son cadeau, donc il ne saurait jamais qui elle était.

Alexis n’avait jamais été bonne en cadeau, mais ce Secret Santa était une nouvelle étape dans sa propre nullité. Malgré toutes les bonnes intentions du monde, il n’était pas certain que Cassandre apprécie l’objet emballé pourtant soigneusement : une tasse, avec écrit « Believe me, I’m a dogtor ». La seule source d’inspiration ? Le prénom du légionnaire, associée à une prêtresse que personne n’a jamais cru.

Honteuse, Alexis fuit le sapin sans demander son reste et se réfugia au niveau du buffet.

Je détestais presque autant ce "c'est moi" que j'étais soulagé de l'entendre. June s'était assise à ma gauche et bien que l'idée d'y penser me dégoûtait, je me sentais attiré comme un aimant par cette présence qui m'était plus rassurante que le reste. Seule solution pour combattre cette pensée : attaquer comme un chien de chasse.

《Vraiment super ton idée, quel plaisir de passer les fêtes en famille. Si t'en as d'autres dès comme ça, n'hésite surtout pas à ne pas m'en faire part hein.》

Son silence me fait presque douter qu'il s'agit bien de ma chasseresse. Peut-être n'y a-t-il rien à répondre. Peut-être a -t -elle une idée derrière la tête. Peut-être attend-elle quelque chose. Terminant mon pain d'épice, je croise les bras frustré d'en être réduit à réfléchir.

《Ça se voit ?》

Pas besoin d'épiloguer, tous deux savons de quoi je parle. Je m'efforce de bouger mes pupilles vides vers les sons que je perçois, cligner des paupières, pour donner le change. Je reconnais quelques voix et je croise les doigts pour "regarder" leurs visages comme si rien n'avait changé.

《Si j'ouvre mon cadeau j'aurais le droit de me barrer ? J'ai déjà posé le mien sous le sapin. 》

La voix de Kleman la ramena à l’instant présent. Comme à son habitude, sa frustration déclenchait un flot de paroles méprisantes que June ignorait tout simplement. Elle aurait pu lui répondre avec tout autant de gentillesse que lui mais le silence lui semblait un bien meilleur allié aujourd’hui.

Ça se voit ? Cette fois, Kleman s’adressait à elle en tant qu’être vivant et non plus en tant que déversoir de frustration. Elle reporta alors son attention sur lui et tous les détails qu’il tentait de glisser dans sa gestuelle pour faire comme s’il n’y avait aucun problème avec lui. Mais il suffisait de se concentrer un peu pour remarquer qu’il ne regardait jamais vraiment au bon endroit ou qu’il ne réagissait pas aux stimuli visuels autour de lui.

« Seulement si on fait attention. »

Un court silence s’installa entre eux avant que Kleman ne reprenne son rôle de pensionnaire grognon et mal élevé. Si j'ouvre mon cadeau j'aurais le droit de me barrer ? J'ai déjà posé le mien sous le sapin. June haussa les épaules avec indifférence.

« Oui, si tu veux. »

June se leva, l’air indifférent et se dirigea vers le sapin. Elle observa alors les paquets à tour de rôle et fronça les sourcils en découvrant son propre nom, comme si elle était surprise de voir que quelqu’un avait pioché son nom et choisit de lui offrir un cadeau. Elle récupéra son paquet puis parti à la recherche de celui de Kleman qu’elle poussa légèrement du pieds pour qu’il lui cogne dans la jambe.

Mais si ce n’était pas sa Centurion préférée que voilà. Ava avait sa mine habituelle, cette attitude nonchalante qui lui collait à la peau. Clayton aimait bien Ava : elle avait un pouvoir fascinant, la férocité d’une louve pour s’occuper de la cinquième cohorte et en plus, il s’avait qu’elle rigolait avec cette fausse réprimande. Sûrement. Potentiellement ? Son sourire s’élargit devant le visage de la brune, les images encore fraîches de sa chute en tête. Avec ses deux petites jambes s’agitant dans les airs- ne pas rire.

Mince, je n’ai plus qu’à être vraiment malade alors, le brun s’amuse avec malice, avant de gober un amuse-bouche tout rond. Pas qu’il aurait participé à l’entraînement dans tous les cas. Et elle le savait. Et elle le traînerait demain matin.

Du pied, il pousse la chaise voisine à son encontre dans une invitation silencieuse à s’installer, avant de passer les prochaines minutes à lui expliquer en grands détails les meilleurs mets présents à la table. Et ce qui était fascinant avec la meringue, c’est qu’il ne faut qu’une milliseconde d’exposition entre son briquet et son pouvoir pour la faire brûler. Fascinant.

Alexis s'enfuit aussi vite qu'elle avait suivi Erwin près du sapin alors que le fils de Poseidon déposait soigneusement son petit cadeau au pied de l'arbre décoré. Le nom d'Alicia calligraphié avec soin ornait l'emballage. Comme il n'avait jamais rencontré sa victime de Noël en personne, Erwin s'était adressé aux personnes les mieux renseignées de la Colonie et avait appris que la Chasseresse possédait des pouvoirs liés au froid. Ca l'avait inspiré, mais au lieu d'acheter des moufles - pour l'humour - comme il l'avait envisagé au départ, il avait préféré miser sur une valeur sûre. Dans le joli papier coloré aux flocons d'argent, Erwin avait méticuleusement empilé les biscuits qu'il avait passé plus d'une heure à préparer dans la cuisine déjà ravagée de son nouvel appartement. Il avait fait en sorte de leur donner la forme de flocons à 6 branches et les avait décorés d'un glaçage - glacé, le froid, vous saisissez ? - blanc à la menthe. Il y avait ajouté trois sucres d'orge bleutés qu'il avait dénichés dans une boutique discrète de la Nouvelle-Rome. L'étiquette indiquait qu'il goûtaient la magie, ce qui était assez énigmatique, mais il n'en savait pas plus et s'était dit que ce serait une surprise amusante.

Erwin sembla satisfait de son cadeau et, face à la fuite express d'Alexis, il renonça à déposer le reste de ses paquets sous le sapin. Une distribution en main propre s'imposait. Il fit signe à la fille d'Arès de l'attendre une minute et trouva Jaden dans un coin tranquille de la pièce. Il lui tendit une petite boîte avec un sourire.

"Joyeux Noël !"

Il rebroussa chemin avant que Jaden ait déballé le cadeau. Il espérait que la statuette lui plairait. Il n'avait pas trouvé quoi en faire depuis qu'Artemisia était partie, alors il s'était enfin décidé à s'en séparer. Il avait penser à accompagner la petite chouette en bois d'une carte de voeux.

Coucou Jaden ! Une amie qui est malheureusement partie m'avait laissé ce cadeau. Je me suis accroché longtemps, mais aujourd'hui, je pense qu'il te sera plus agréable qu'à moi. J'espère que les rapaces nocturnes te plaisent autant que les petits oiseaux et que cette chouette te tiendra compagnie comme elle l'a fait pour moi. Il est temps que je m'en sépare pour qu'elle accompagne quelqu'un d'autre. Prends-en soin. Joyeux Noël !

Dans le petit sac qu'Erwin avait emmené, il restait encore deux sachets. Il repéra Clayton en train de s'empiffrer au buffet et déposa l'un des sachets sur la table à côté des petits fours pour attirer l'attention du forgeron.

"Papa Noël est passé. Ca pourrait t'être utile pour noter tes idées. Tu sais, pour l'arme divine que tu vas me préparer."

Erwin ne comprit pas pourquoi Clayton éclata de rire en ouvrant le sachet qui contenait un porte-mine orné de métal doré, mais il avait l'air content, alors le fils de Poseidon le laissa après lui avoir souhaité un joyeux Noël. Il repassa par le sapin et trouva un cadeau étiqueté à son nom ainsi qu'un autre au nom d'Alexis. Il attrapa les deux et retrouva la fille d'Arès au calme.

"J'ai trouvé ça pour toi sous le sapin." Il lui tendit le paquet anonyme, et sortit le dernier paquet de son sac de Noël. "Et ça, c'était dans ma hotte."

Alexis commença par ce cadeau. Elle découvrit d'abord l'enveloppe qui était fixée au paquet et l'ouvrit. Un sourire illumina son visage en découvrant une photo, prise à son insu avec son propre appareil, qu'Erwin avait développée pour écrire un mot doux dans son dos. Elle déchira ensuite l'emballage du paquet et sembla aussi heureuse que perplexe face à l'écharpe douce et bleue qu'elle tenait en main.

"Parce que... Ca te va bien, le bleu."