Mâchoire serrée à s’en déboîter les molaires, Clayton inspire et expire et inspire et expire et, oui, hyperventile. Ses phalanges blanchissent. Ses yeux sont entrouverts en deux fentes laissent à peine défiler un monde flou de couleur. Des sueurs froides moitissent son corps. Deux voix jouent du coude dans son esprit : un long hurlement sans fin et ne regarde pas en bas, ne regarde pas en bas, ne regarde pas en bas.

Crash est hermétique à ses états d’âmes. L’étalon continue sa folle course parmi les premiers en parfaite autonomie, nullement guidé par Clayton - n’en ayant ni les compétences, ni eh bien étant en état. En d’autres circonstances, celle ne demandant pas d’être suspendu à plusieurs mètres au-dessus du sol, Clayton rayonnerait de joie d'être tout devant.

À la périphérie de sa vision, un orange flou n'est qu'à quelques mètres de la percuter, compétiteur espérant grappiller une place. Paniqué, Clayton tend un bras dans sa direction et une boule de feu disproportionnée surgit. Il ne regarde pas pour viser, ne regarde surtout pas pour vérifier s’il a touché au risque d’apercevoir le bas, seulement animé part l’instinct de survie et la peur à l’idée de tomber dans le vide.

Alexis se laissa complètement envahir par le sentiment de quiétude qui allait avec cette épreuve - qu'elle ne considérait même pas comme une épreuve mais comme une bouffée d'air (littéralement). Elle aurait pu être dernière que cela ne la dérangeait pas le moins du monde ! Le mot "épreuve" reprit tout son sens lorsqu'elle dû esquiver quelques attaques de concurrents mais globalement elle se sentait paisible. Elle aurait aimé que cette course dure toute une vie pour peu qu'elle puisse continuer d'apaiser les tourments de son propre cœur.

Le karma de June la rattrapa bien assez vite lorsqu'elle failli tomber, à son tour, de sa monture - la légende raconte qu'elle était vraiment tombée et que c'est une nymphe qui l'a replacé sur son destrier mais elle n'avouerait cette version pour rien au monde. À cause de petit incident de parcours, la Chasseresse peinait à remonter dans le classement et elle se retrouvait entourée de la plèbe : des mioches qui beuglaient comme des putois et qui s'envoyaient des projectiles à chaque inspiration.

Ava était partagée entre plusieurs émotions. La première, la fierté : @Clayton Haynes était bien loin devant tout le monde, éclatant les concurrents à plate couture. Cette situation s'imprégnait également d'amusement car elle se délectait d'imaginer la tête qu'il devait faire avec un cheval de course aussi rapide. La deuxième émotion était la frustration : à ses côtés, exactement à la vitesse qu'elle se tenait @Wren Exitium qui, non content·e d'haïr Clayton pour sa position de tête, semblait déterminé·e à vaincre Ava coûte que coûte. Ava était même surprise de ne pas avoir déjà reçu une attaque de son "allié·e"... Et Ava se refusait à faire le premier pas dans cette direction.

Thea, pendant une seconde, se sentit comme les cow-boy dans les dessins animés, ceux qui arrivent à faire freiner leurs chevaux comme s'il s'agissait de voitures. C'est exactement ce qu'elle eut l'impression de faire quand elle réussit à faire ralentir son pégase alors qu'elle fonçait droit sur Ava et Wren, aka deux personnes ultra compétitives qui pourraient causer sa mort - accidentelle pour la première, volontaire pour lae second·e.

Clayton avait largement pris la tête, mais il n’avait pas bien l’air de contrôler quoi que ce soit. Remarque que je ne devais pas être la seule à me faire, et qui avait donné des ailes à certains (c’est le cas de le dire hmpf !). Une vague orange de panache et de cris de sauvageons remontait le peloton pour le talonner. Vague dont je m’étais empressée de sortir de la trajectoire abandonnant par la même Wren et Ava dans leur battle de regard. Visiblement, tout le monde se croyait dans le dernier épisode de Star Wars. Les pouvoirs fusaient dans tous les sens avec plus ou moins d’effets spéciaux. Et ma première pensée ne fut pas au malheureux gamin qui se prit l'Armageddon de Clayton dans la face, mais aux pauvres péages contraints de se mordre les flancs et de frapper de leurs  pour se faire une place dans ce bordel.
Franchement, cette course n’avait rien de loyal. Et je préférais prendre au plus large que de participer à ce massacre des codes d’honneur et de l’équité. S'il fallait jouer au plus malin et bin... rirait bien qui pousserait mamie dans les pommes !