TW: pas des super parents ou quoi - la castagne - insultes - mort

“Tu peux pas être béni de tous les dieux, c’est de la triche!” Wren hausse les épaules, souffle, sois meilleure. Mais l’enfant attrape sa main, tire et fait tomber. Sa tête tape le sol et ses yeux se brouillent. Le regard flouté, Wren s'assoit sur le sol. Iel ne pleure pas, l’enfant monte une main à son crâne, petits doigts couverts de sang qu’iel prend un long moment à regarder avant de lever les yeux sur la petite qui pleure à ses côtés. Wren ne sait pas quoi lui dire, pourquoi est-ce que c’est elle qui pleure alors que c’est lui qui est blessé. C’était pourtant le jeu, le jeu de faire semblant d’avoir un dieu préféré. Iel sait que sa mère n’aime pas ça, qu’on s’amuse à aimer un autre dieu? Mais sa maman ce n’est personne et iel le sait parce que parfois on entend papa le dire un peu fort entre les murs de leur maison.


“Qu’est-ce que tu fous avec tous ces trucs de gosse?!” L’oeil tique, geste nerveux qu’iel n’arrive pas encore à contrôler. L’ensemble du corps se tend avant que Wren tourne la tête pour trouver son père. La prise sur le lot de cartes lâche et Wren essaie tant bien que mal de dissimuler le paquet sous des papiers sur le bureau mais il lève la main comme à son habitude et Wren stoppe. “Donne.” Le frisson parcourt son dos, sa main glisse pour récupérer les cartes et les poser dans la main tendue. “Explications.” Wren ouvre la bouche avant de la fermer, quoique soit l’explication elle ne sera jamais assez bonne pour son père. Temps perdu à jouer aux cartes au lieu de s'entraîner. Tu fais honte à la famille. Sauf que la famille est rien, Wren le sait. Personne ne les aime, personne ne les respecte vraiment. Sa mère, la seule qui a accepté d'épouser un enfant de Pluton. Personne dans la famille qui n’a jamais rien fait de particulier, losers depuis des générations et les bruits continuent de courir. Wren n’est qu’un ramassis, comme si c'était lui qui allait changer la donne familiale. “Wren.” Retour à la réalité quand iel sent la main de son père agripper son épaule. Une réponse, une vraie, qui lui plairait, il n’y en a pas. L’enfant baisse la tête. “Des cartes à jouer.” Son spellbook précisément, kit de sorceller pour une campagne dungeon and dragons qu’iel essayait de mettre en place. La main se crispé, presque trop fort et Wren se sent de nouveau, jette un regard à son père. Les iris de ce dernier sont invisibles et la colère à peine dissimuler. L’enfant baisse la tête de nouveau, iel sait la punition à venir. Il ne tique même pas lorsque les cartes sont déchirées et jetées à ses pieds.


“Je comprends pas pourquoi vous êtes plus respecté que nous! Ton père est peut-être le fils d’un dieu mais toi qu’est-ce que tu vaux, hein?” Il ne parle même pas de sa mère, comme si elle ne faisait pas partie du paysage, Wren regarde, écoute, silencieusement. Un doigt vient pousser contre sa poitrine, accusateur, Jules est plus grand, tout le monde est toujours plus grand. Son aura n’a rien de menaçante, il n’est pas crédible, n’attise aucune peur dans le sang de l’enfant. “T’as pas rencontré Lupa, t’as pas été choisi! T’es rien qu’un reste de dieu et-” Il ne finit pas ses mots, balancés au sol par un coup des plus simple. L’attroupement est ridicule, un écart qu’iel n’aurait pas dû s'accorder mais la voix crissante de Jules commençait à lui monter au cerveau. “Ironique de la part d’un enfant non voulu de venir pleurer devant moi. Je n’ai peut-être pas rencontré la déesse Lupa mais il me semble la respecter en te laissant indemne.” Wren s'agenouille, se baigne dans l'incrédulité qui ronge le visage de l’autre. “Ne laisse pas ta descendance te monter au cerveau, prouve que tu es valeureux par ta personne, non pas par ce qu’on t’as donné.” Les mots résonnent dans son cerveau comme ceux qui grattaient dans les longs entraînements de son père. Sois meilleur, pousse toi, relève toi, encore, encore. Les jambes engourdis, Wren quitte la pièce sans un dernier mot, enfant d’Aequitas ou d'Invidia, peu lui importe, iel souhaite juste mettre de la distance.


Le sang bat contre ses tempes, bruit assourdissant d’un groupe qui continue d’applaudir. Ses mains tremblent mais Wren n’a nulle part où les cacher, iel pousse simplement l'anxiété au fond de son cerveau, main qui enserre violemment le pommeau de son arme, prêt à dégainer pour couper cette anxiété qui est la sienne. L’autre main vient enserrer la broche qu’iel porte à la poitrine, symbole de la famille qui traîne dans les tiroirs depuis des générations puisque personne n’a été foutu de devenir quelqu’un avant qu’iel y arrive. Ego gonflé, enflé par le bruit d’une foule qui l’acclame comme centurion de la première cohorte. La seule qui compte vraiment à ses yeux. Les doigts glissent contre la cicatrice qui couvre sa peau, une appartenance qu’iel ne niera jamais. Enfant du camp, enfant de dieu, choisit pour mener sa cohorte à la gloire. Ego qui vibre en transe avec les siens. Les oreilles sifflent de nouveau, souvenir de sa langue acerbe lorsqu'iel a annoncé que jamais iel remettrait les pieds dans la maison familiale.

Les yeux glissent sur les jointures de sa main, peau à vif maintenant bandée. Wren ne s’est pas regardé dans le miroir depuis que son père et lui se sont battus. Le miroir vibrait de la marque violette autour de son visage. Mais c’est Wren qui se tient là ici, avec la réussite dans la bouche et à savoir qu’iel a gagné.


“Des grecs Wren!” Le centurion plisse les yeux, iel ne comprend pas l’excitation dans la voix de son légionnaire. L’existence de demi-dieux grecs n’a absolument aucun intérêt à ses yeux. Pire, une anxiété certaine se place au fond de ses entrailles et Wren est sûr.e qu'un quelconque malheur n’est pas loin.


*


“Jules, arrête de geindre, ça va aller.” Un mensonge qui découle de ses lèvres. L’enfant dans ses bras frémit, sang qui se répand doucement sur le sol, colorie la terre du tunnel en une couleur peu naturelle. “Wren! Il-” Le centurion lance un regard à l’inconnu qui se promène dans leurs rangs depuis quelques jours déjà. Iel ne l’aime pas, ne l’aimera sûrement jamais et appuyer la mort évidente de son bras droit n’a rien pour aider. Jules frémit de nouveau, il attrape le vêtement violemment, regard froid, meurtri et Wren sait qu’il n’en a plus pour très longtemps mais iel ne peut rien faire.
“J’avais raison… t’es pas un mix de dieux, tu sais à peine sortir des trucs du sol…” La remarque froisse mais le centurion l'accueille en silence, accepte les dires. Descendant d'Apollon qui ne peut guère guérir une âme mourante. Wren hoche la tête, lui donne la certitude qu’il a raison, donne lui une raison de lea haïr jusqu’à ce qu’il accepte le chemin jusqu’à l’Elysée, si jamais puisse-t-il l’atteindre.

Inutile. Le mot résonne encore et encore après que le corps n’est plus que froid, que Wren accepte de porter jusqu'à ce qu'ils ressortent des tunnels. Iel accepte le fardeau, le blâme et la douleur d’avoir été inutile dans la chasse au Tortionnaire.


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“Est-ce que quelqu'un à fini sa fiche de personnage?”