Caela ne répondait à aucune des questions de Margot, elle n’émettait d’ailleurs aucun son à part des grognements, telle une bête sauvage. Elle donnait des coups de trident avec hargne et ne semblait pas pour autant fatiguer, comme si on l’avait entraîné durement ces derniers mois. Même si son comportement avait changé, son style de combat lui était le même qu’avant. Margot gardait donc un avantage sur son amie-ennemie, mais elle préférait pour l’instant encore communiquer.

« C’est moi Margot, tu ne te souviens pas ? »

Plus la centurion parlait, plus son bras-droit attaquait. Cela ne servait peut-être à rien finalement, peut-être que Caela était perdue pour toujours, peut-être que la seule façon de l’arrêter était de… Lui fermer les yeux. Margot réfléchit à un autre moyen de l’immobiliser mais tout avait l’air flou dans son esprit. Pourquoi devrait-elle se battre contre celle en qui elle avait le plus confiance ? Qu’est-ce qu’il s’était passé dans ce labyrinthe pour que son amie se retourne contre elle ? Kida avait-elle subit les mêmes atrocités ?

Toutefois, las de parer et d’esquiver, Margot finit par répliquer. Elle brandit son glaive pour atteindre Caela, lui entaillant ainsi la jambe puis recula. Horrifiée, elle regarda son amie qui essayait alors tant bien que mal de se relever. L’expression de son visage avait légèrement changé, un sourire se dessina sur ses lèvres, elle semblait plutôt satisfaite. Qu’est-ce que j’ai fait… La jeune femme était cependant perdue, tiraillée entre ses sentiments et son devoir. Dans ce type de situation elle pouvait toujours compter sur son bras-droit qui savait la conseiller, mais en ce moment-même, Margot se retrouvait seule contre elle.

Le monstre n’est pas mort, mais vous avez réussi à vous enfuir. Pas le combat le plus spectaculaire, c’est certain, mais vous êtes en vie, et en bon état étant donné le monstre que vous venez d’affronter. Vous courez dans le Labyrinthe, pressés que tout soit terminé. Mais ça n’est s’est pas passé comme vous le vouliez, évidemment. Alors que vous voyiez le bout du tunnel, une sorte de grondement a fait trembler le sol. Tu ne sais pas ce que c’était, mais ce n’était certainement pas un bon signe. Vous vous précipitez dehors, seulement pour voir des bois que tu ne reconnais pas. Du sang, des flammes, des monstres. Un champ de bataille.

Tu regardes autour de toi ; tu cherches les corps de tes amis. Par chance, tu n’en vois pas. En revanche, tu vois Elliot, en train de combattre. De l’autre, Alexis avec … Erwin ? Définitivement mal en point. Merde. Ton cerveau marche à toute allure ; tu es déchiré. Ton cœur hurle de rejoindre Elliot, ton ami d’enfance, que ton cœur n’arrive pas à oublier complètement. Ta raison te hurle de rejoindre Alexis, qui a définitivement l’air plus mal au point. Tu prends une grande inspiration ; si les Romains t’avaient appris quelque chose, c’était bien de suivre ta raison. Tu te tournes vers Samael. « Je dois aller aider Alexis », dis-tu d’un air déterminé. Tout va bien se passer.

Des flèches ; tu déploies ton bouclier et, sans un regard pour Samael ou Elliot, tu coures vers Alexis et Erwin, déterminé à les aider. Grâce à ton bouclier, tu arrives sain et sauf. Tu baisses les yeux. Elle est blessée. Dangereusement blessée. « Il faut que tu partes », tu dis en guise d’introduction. Content de voir que tu es en vie également.

La lumière. Typhon pensait que c’était fini, enfin, ce calvaire. Mais non. La lumière du Labyrinthe n’était qu’une porte de plus vers un piège. D’autres monstres, mais cette fois, ils étaient tous réunis. Courbé, se tenant les côtes, Typhon continuait d’avancer en frôlant le mur qui soutenait son poids. Nova était blessée, elle aussi. Mais il fallait tenir bon. Il avait réussi, il avait tué Kampê. Pourtant, il ne ressentait ni joie ni fierté, seulement de la douleur. Ses côtes cassées et le dos en compote, il parvint, avec ses deux coéquipiers, dans la pièce suivante.

En tournant les yeux vers la gauche, Typhon remarqua une porte, d’où venaient quelques légionnaires romains. Le Camp Jupiter ? Typhon ne pouvait pas continuer à se battre, alors il se décida, après un regard à Athénaïs, à rejoindre ce portail vers le Camp Jupiter. Il n’avait pas la force, il était blessé, et même s’il aurait bien voulu aider ses camarades, il en était bien incapable. Alors il se dirigea vers la porte.

Soudain, un poids s’écrasa sur son dos, le projetant avec violence sur le sol. Typhon commença à paniquer, incapable de se défendre ; quel genre de créature était en train de l’attaquer ? Il ne parvenait pas à saisir sa dague - couverte du sang de Kampê, qu’il avait pensé à récupérer. N’était-il pas assez fort pour venir à bout de quelques monstres ?

Désarmé, Solan s’était fait avoir. Son endurance dans la Labyrinthe avait déjà été spectaculaire, pour un mec qui avait été prisonnier et torturé pendant des semaines. Enserré dans des bras plus puissants que les siens, il était immobilisé. Un vague murmure vint tenter de l’adoucir à grands renforts de ça va aller. Le blond ne comprenait donc pas ? Rien n’allait bien aller pour lui. Solan se débat comme un acharné, mais Kieran le serre toujours aussi fort.

Il n’avait pas prévu… Non… Pourrait-il résister à l’envie, au besoin de se nourrir ? Il se calmait de seconde en seconde, puis un sourire fugace passa sur ses lèvres. Puisqu’il insistait autant… Solan tourna la tête sur la gauche, son nez effleura la peau de Kieran. Puis il mordit à pleines dents. Le goût du sang le révulsait autant qu’il lui donnait faim, mais Solan ne mangea pas. Le blond rugissait de douleur, et après avoir relâché le bras de Kieran, Solan mit un grand coup de tête en arrière, lui explosant le nez.

Enfin libre, il se jeta sur l’arme la plus proche avant de se rapprocher toujours plus de son ami, qu’il attaqua avec fureur à l’aide de son nouveau gladius. Même dans ses mains, l’arme lui paraissait lourde. Mais il avait faim, si faim, il fallait en finir et vite. Alors il gronda comme un animal et attaqua encore, sans relâche, en se léchant les lèvres. Le sang lui donnait la gerbe. Mais surtout faim.

Si tu restes, je reste. Alexis avait envie de hurler, mais les cris des combattants eurent raison d’elle. Après une conversation silencieuse avec le fils de Poséidon, elle s’élança sur le champ de bataille, ignorant la douleur aigue qui se propageait dans sa jambe à chaque pas.

Alexis n’eût le temps de faire que quelques pas avant que quelqu’un n’arrive devant elle, bouclier déployé. Cal. Pendant une seconde, une étincelle passa dans le regard de la fille d’Arès. Cal allait bien ! Une analyse rapide lui confirma qu’il était même plutôt en forme, surtout comparé à elle. Il faut que tu partes. Alexis fronça les sourcils.

« Hors de question, il y a des mon… »

Alexis n’eut pas le temps de dire un mot de plus que quelque chose frappa Cal de plein de fouet dans son bouclier. La force était telle qu’il se fit éjecter contre Alexis qui se retrouva écrasée par terre, le souffle coupé. Un cri de douleur lui échappa en réponse à sa jambe se faisant écraser entre Cal et le sol. Le fils d’Héphaïstos se releva promptement et Alexis fit de même. Elle activa ses lames jumelles alors qu’une drakaina se dressait devant eux trois, sifflant entre ses dents.

« Recule. »

Alexis avait prononcé ça si bas qu’elle se demandait si Cal l’avait entendue… puis il fit quelques pas en arrière. La drakaina commença à s’approcher dangereusement au moment où Alexis provoqua une explosion juste sous ses queues, la déséquilibrant pour permettre à Cal – ou n’importe qui d’autre – un assaut.

Spoiler:

Elle cherchait une autre proie. Elle pouvait sentir son sang battre dans ses veines, elle pouvait sentir le désir qui s’éprenait d’elle. Le désir de tuer, tuer, tuer, tuer. Tous ces traitres, tous ces moins-que-rien, tous ces sang-mêlés inutiles. Les monstres ne l’intéressaient pas et visiblement c’était réciproque. Alors pour rire, de temps en temps, elle faisait un croche-patte ou poussait un demi-dieu pour faciliter la tâche du monstre qui s’en occupait. Et ça l’amusait beaucoup.

Il lui fallait une nouvelle proie. Mais qui choisir ? Tout le monde était occupé. Tout le monde était déjà en train de se battre. Elle avait besoin de quelqu’un seul, éloigné, facile à manipuler. Alors, elle grimpa dans un arbre, cherchant qui pourrait correspondre le plus à tout ça. Elle pouvait voir certains de ses alliés en proie avec d’autres sang-mêlés. Que c’était drôle !

Finalement, son regard se posa sur un sang-mêlé plus en rentrait. Il émanait quelque chose différent de lui… Elle avait l’impression de le connaître mais sans réussir à tout à fait comprendre d’où. Était-il l’un des traitres ? De ceux qui poignardent dans le dos ? Un sourire aux lèvres, elle descendit de son perchoir. Elle aurait la décence de le poignarder en face, elle.

Le glaive raclant contre les arbres autour d’elle, elle s’approcha lentement du sang-mêlé égaré. Finalement, ses yeux se posèrent sur elle. À mesure qu’elle s’approchait de lui, elle pouvait lire beaucoup d’émotions dans son regard. Puis, quand elle se retrouva plus qu’à quelques mètres, le regard fou, elle s’élança contre lui. Tuer, tuer, tuer, tuer. Elle n’avait que ça en tête.

Solan bougea la tête de seulement quelques centimètres. Kieran n’eut même pas le temps de réagir qu’il sentit des dents s’enfoncer dans sa peau. Un spasme de douleur lui fit lâcher son ami qui en profita pour lui asséner un violent coup dans le nez. Kieran jura dans trois langues différentes, sentant déjà le sang lui monter au visage. Putain. Putain. Putain.

Solan se jeta par terre, attrapant au passage une arme d’infortune puis commença à attaquer Kieran avec une fièvre meurtrière. Le cerveau en ébullition, son bras toujours inutile, Kieran essayait de réfléchir à la meilleure stratégie possible. Il ne pouvait décemment pas blesser mortellement son ami. Mais il pouvait le rendre incapable de bouger.

Kieran parait du mieux qu’il pouvait les attaques répétées de Solan, plutôt satisfait de voir que le kidnapping plus la fatigue avait rendu le fils de Metus plutôt mou. La hargne ajoutée à ce dangereux mélange et Solan n’était plus qu’un gamin enragé. C’était au moins l’avantage.

Après une analyse rapide du terrain, Kieran repéra le fouet de Solan. Une diversion rondement menée plus tard, Kieran réussit à esquiver sur le côté et attrapa l’arme de son ami. Fort heureusement, à l’époque où Solan se souvenait encore de lui, il lui avait appris à manier son fouet pour emprisonner les gens. Kieran n’eût donc aucune difficulté à saucissonner Solan, le faisant lâcher une seconde fois l’arme qu’il avait dans les mains. Le fils de Metus se retrouva ventre au sol, ligoté et Kieran en profita pour s’assoir sur son dos.

« Allez, allez, ça va aller. Y’a pas grand-monde dans le coin, on va pouvoir se détendre. »

Puis, après avoir essuyé le sang qui coulait le long de son nez, Kieran ajouta :

« Tu casses les couilles, un peu. »

Andrew émergeait enfin du Labyrinthe. Il pouvait sentir les rayons du soleil sur sa peau, et sentir l’odeur du… sang ? Les bruits de raclement métallique étaient partout autour de lui. Les monstres aussi. Comprenant qu’il n’échapperait pas à ce dernier combat, il resserra sa poigne autour du manche de son gladius. Autour de lui, ni Kain ni Seraphina. Un peu perdu, Andrew observa les alentour, esquiva une volée de dards empoisonnés de justesse, puis se hâta de trouver un point en hauteur. Il était une cible facile, mais au moins il pouvait viser en paix de son côté. Il rengaina son épée pour la troquer contre son arc. Il visa juste sur les 7 des 10 flèches.

C’est une lance qui se ficha finalement à une dizaine de centimètre seulement au-dessus de sa tête qui le sortit de sa torpeur. Il n’était définitivement pas en sécurité ici. En dévalant le sentier qui descendait de son promontoire, il croisa un regard sombre avant de reconnaître Kida. Il était soulagé, heureux de la voir en vie, et tout l’amour qu’il avait pour elle repassa dans ses veines en un éclair alors que les battements de son coeur s’accéléraient.

Puis le raclement de son glaive sur les troncs le rappela à l’ordre. Bien évidemment, même si elle était affaiblie, elle n’en demeurait pas moins une guerrière accomplie et Andrew était toujours hésitant. Et puis cette lueur dans ses yeux qu’il ne lui connaissait pas, ce sourire dément sur ses lèvres… Non... Fallait-il vraiment qu’il se batte contre elle ? Il releva son gladius de quelques centimètres.