J'avais douze ans lorsque j'ai vu de mes propres yeux le camp des demi-dieux. Cet endroit est devenu ma maison, mon repère, après quelques années d'aventures parmi mes camarades.

Mais tout n'a pas commencé ici, mon histoire débute en effet a des kilomètres de là : Vancouver, Canada. Je suis née une belle journée glacée au beau milieu de l'hiver canadien le douze février 2008. J'ai eu de le chance de n'être qu'un bébé lors des guerres à l'encontre des demi-dieux néanmoins, cela ne veut pas dire que j'ai vécu tranquillement depuis. Des monstres, j'en ai vu un paquet.

Tout commence par ce que j'appelle ma "grande fugue". Laissez moi vous expliquer un peu, pour contexte j'avais fêté mes douze ans avec papa, sa copine Emily et notre chien adoré, Copper, quelques semaines au paravent.  

Et donc en pleine année scolaire, une journée pluvieuse comme le mois de mars en fait par dizaines, j'étais en train de gribouiller sur mon cahier de brouillons pendant que Mrs Wilson était en train de nous conter comment utiliser les priorités opératoires des divisions (ou quelque chose comme ça, je ne me suis jamais vraiment intéressée aux maths, au grand désespoir de mes notes en cette matière...) lorsqu'un monstre fit son apparition dans mon champ de vision ! Oui, oui, j'ai bien dit un monstre !
Plus exactement une manticore (évidemment, je ne le savait pas encore, n'étant pas encore éduquée à ce genre de créatures).

Ce qui me frappa en premier ce fut la taille de ses griffes, en plus de sa gueule affreuse. J'étais terrifiée, j'ai essayé de hurler mais aucun son de voulait sortir de ma bouche… C'est là que j'ai aperçu mon protecteur. Il ne m'a pas fallut beaucoup d'arguments pour le suivre en courant, souhaitant quitter les lieux le plus rapidement possible. Sauf que ça n'aurait pas été une aventure digne de ce nom si je n'avais pas découvert mes pouvoirs, n'est-ce pas ? Et bien figurez vous que lorsqu'une manticore se rapproche a grandes enjambées de votre corps, il est assez intelligent de suivre son intuition et… éternuer un nuage de parfum assez épais pour que la bête soit aveuglée, au moins le temps que votre protecteur vous attrape par le bras et vous fasse sortir du bâtiment !

Suite à une rencontre aussi terrifiant et un sprint vivifiant, nous avons dû nous arrêter a quelques rues de mon école histoire de reprendre nos souffles.. Et essayer de faire passer la nausée que je sentais monter. Nous avons repris notre marche rapide en direction de l'aéroport le plus proche.
Bizarrement, acheter des billets et monter seule dans un avion avec un inconnu fut assez simple pour le moi de douze ans. (Encore aujourd'hui je me dit que j'ai pris énormément de risques avec beaucoup trop d'insouciance..) Le trajet après cela fut assez tranquille, j'imagine que c'est parce que je ne suis pas une enfant du "grand trio"... En tout cas j'en suis bien heureuse. Mon protecteur n'a pas arrêté d'être anxieux tout le long du trajet, regardant par dessus son épaule toutes les cinq secondes. Je lui en suis reconnaissante, évidemment, ce n'est pas tout les jours qu'on veille sur les enfants "hors norme" qui plus est lorsqu'on est en danger imminent de se faire croquer par une manticore...

Après un vol tranquille, quelques stops pour acheter de quoi manger dans des aires d'autoroutes et vieux magasins défraichis (souvent des sandwiches triangles et des barres de céréales pleines de caramel, sans oublier les sodas... Définitivement pas mon régime alimentaire préféré, mais quand on a faim...), suivit d'une très longue ballade depuis New York, quelques (un peu moins de dix) jours plus tard, j'étais là, les yeux posés sur une vue magnifique. Le couché de soleil ne m'avais jamais paru aussi beau et l'air frais aussi agréable.

Nous étions donc en 2020 lors de mon arrivée au camp, en plein milieu de l'ascension du tortionnaire. Autant dire que l'ambiance était tendue. J'ai réussi à me faire quelques amis au fur et à mesure mais les pertes ont fait qu'aujourd'hui encore j'ai du mal à m'en remettre.

J'ai quelques séquelles au niveau de la confiance aux autres mais j'essaie de me soigner tant bien que mal. Par exemple, grâce à mon papa je vois désormais mon psy Mr Brown, deux fois par semaine quand je suis chez lui. Il est gentil et m'aide comme il le peut, bien qu'il ne connaisse que la version censurée des faits.
Autre exemple, la copine de papa, Emily, en entendant des bribes d'histoires avait décidé de m'offrir un taser électrique rose en forme de rouge à lèvres "notre secret entre filles" pour mes quatorze ans. Elle n'est pas au courant de tout, mais elle a toujours été une fervente féministe et mon alliée de taille lors des combats pour la dernière part de pizza ! (Malgré les yeux adorables et les babines pleines de bave de Copper, notre golden retriever.)

Je fais donc confiance a peu de personnes, mais je suis tout de même amicale, je pense qu'on a tous besoin de gentillesse surtout après ce genre d'événements horribles.

Cela fait donc quatre ans que je viens ici tout les étés, m'entraînant au lancer de hache, récoltant parfois des fraises ou racontant des histoires aux plus jeunes... On peut dire que ma vie bien qu'agitée, soit désormais un peu plus stable. J'ai même presque hâte de découvrir notre prochaine aventure !