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the art of taking a really, really deep breath // théa
 :: La Colonie des sang-mêlés :: La Grande Maison
Niamh Talmhach
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Niamh TalmhachLégionnaire de la 1re cohorte
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the art of taking a really, really deep breath // théa



« Bouge tes pieds de là. »

Pierre avait attendu que j'ouvre les yeux et que je me mette enfin à remuer sur le siège passager pour chasser mes jambes du tableau de bord. J'avais esquivé sa main et grommelé à mon tour. Il n'y avait pas un chat à quinze lieues sur cette route. Même moi, je pouvais y conduire les yeux bandés. Et après le traquenard dans lequel il m'avait traînée, il pouvait bien m'accorder une sieste pour profiter du soleil et de l'air chaud de la côte Est. Surtout si c'était pour se réveiller et se sentir encore et toujours comme l'une de mes chaussettes : pleine de trou, très probablement odorante et marron, mais à paillettes.

Mes converses glissées par-dessus ces merveilles, j'avais jeté un coup d’œil à la carte coincée derrière son siège. Le feutre rouge avait traversé le papier sur Long Island. Il nous restait encore une bonne heure avant d'atteindre la Colonie.
Pierre sifflotait une chanson, mais n'était pas fils d'Apollon qui voulait. Et je sentais déjà l'ennui m'aspirer de nouveau dans une faille spatio-temporelle. Ou les jours étaient devenus des années, ou les semaines des secondes. Et, tout le long de la route, les champs de tournesols laissaient place à d'autres champs de tournesols et encore et encore et encore. Oh tiens, du maïs. Puis re-des tournesols, pour changer...
Une heure devant moi. Une heure pour ressembler à la parfaite héroïne de teen movie : les lunettes de soleil sur le bout du nez, les cheveux blonds dans la figure, la main fendant le vent par la fenêtre. Et pour passer en revue l'intégralité de mes choix de vie.

Au moins, cette quête avait eu le mérite de me laisser faire tout un tas de plans que je n'avais que partiellement hâte de dérusher une fois à la maison. J'étais à peu près certaine que la moitié serait inutilisable pour cause de "je ne sais pas marcher droit sans trébucher sur l'air" et l'autre pour une simple question de talent. Mais il fallait croire à la magie du montage. Et... croiser les doigts ?
De toute façon, je n'en étais clairement pas encore à ce stade. Après ma dernière vidéo pour annoncer la reprise de la chaîne, je n'avais pas d'ambition autre que de simplement réussir à m'y remettre vraiment.

J'avais perdu le fil de mes pensées dans le prolongement de mes doigts. Imaginant Sir Barton et Uranie galopant à toute allure pour suivre notre voiture. Bondissant prodigieusement par-dessus les poteaux électriques tels d'immenses oxers, plongeant sans ralentir dans les flots iridescents en contre-bas puis remontant d'un coup la butte jusqu'à enfoncer leurs sabots, comme dans du beurre, dans la tôle des voitures à chaque intersection. Ils me manquaient. J'espérais qu'ils ne s'étaient pas mis en tête que je les avais abandonnés.

Mes yeux avaient dérivé sur le rétroviseur central pour tomber sur les deux gamins assis sur la banquette arrière. Austin, 4 ans, le front contre la portière, la bouche grande ouverte, un filet de bave le long de la ceinture de sécurité, sa salopette couleur pêche incrustée de poussière et de sang séché, les genoux couverts d'hématomes. Holly, 9 ans, les sandales effleurant à peine le sol, le plaid de secours sur les cuisses, le débardeur aux motifs de huskys plus tellement blancs, les ongles encore noirs agrippés sur mon appareil photo, les lèvres fendues tout sourire, les yeux dévorant mes prises désastreuses. La panique de la vieille semblait bien loin d'eux.

J’avais sorti de la boîte à gants, un prisme de verre ainsi qu’une drachme pour contacter la Colonie et les prévenir de notre arrivée. Malgré tout mon amour pour ma légion, il était difficile de ne pas reconnaître l’efficacité et la poésie de cette méthode comparée à nos aigles géants.

Il restait une heure de route. Une heure pendant laquelle je pouvais peut-être faire quelque chose d’autre que de ruminer mes pensées. N’en déplaise à Pierre, je m’étais contorsionnée, mes semelles délibérément pressées contre un maximum de surface en faux-cuir. Et j’avais entrepris de passer le reste du voyage à montrer à la petite demi-déesse comment se servir elle-même de l’appareil.

/ / / / / /

Une certaine Charlie nous avait guidés entre les arbres pour atteindre la barrière de la Colonie à travers l’étroit couloir arc-en-ciel projeté sur le pare-brise. Même si ce n’était pas la première fois, le chemin ne semblait pas vouloir s’imprimer dans mon esprit et il me fallait attendre de voir les champs de fraises en haut de la colline pour retrouver mes repères.
Austin avait refusé de se réveiller alors je l’avais porté jusqu’à la Grande Maison. Quelque chose dans son petit nez froncé me faisait penser qu’il avait peut-être encore moins envie de tant de nouveautés que de véritablement dormir. Holly de son côté semblait projeter de la lumière par les étoiles dans ses yeux. Chiron nous attendait.

Pierre l’avait suivi à l’intérieur. Je résistais, comme chaque fois, à l’envie de capturer ce lieu féerique dans l’œil de ma caméra et me contentait des miens. L’effervescence était le plus impressionnant. Cette impression d’un raz-de-marée en puissance, d’un constant tremblement de terre sans respiration. Ils n’avaient rien de la discipline romaine, mais n’avaient rien à leur envier sur le plan de l’énergie qu’ils déployaient.

Charlie-GPS était réapparue, en chair et en os cette fois, pour emmener les deux enfants à l’infirmerie avant de leur faire découvrir leurs dortoirs et leurs nouveaux camarades. Et je m’étais demandé s’il était déjà arrivé que des demi-dieux romains se retrouvent ici, secourus trop jeune pour recevoir l’appel de Lupa et venir au Camp. Et je m’étais pris, un instant, d’un vif élan d’empathie pour ces deux petits si nous nous étions trompés en les emmenant ici. Mais aussitôt balayé lorsqu’Austin s’était réveillé au cri de surprise d’Holly, ses yeux plein de voie lactée rivés sur la coupe légèrement bleutée flottant au-dessus de la tête du bambin.

Charlie avait l’air aux anges comme si cette coupe était un miracle ou la promesse de la paix dans le monde. Je n’avais pas cherché à les suivre derrière les portes de l’infirmerie. Et m’était contentée de rester plantée sous l'auvent de la Grande Maison face au terrain de volley-ball et au lac en arrière-plan. Jusqu’à ce qu’une tête bien trop familière entre dans mon champ de vision.

« Mais qu’est-ce que tu fais ici ? » Un mélange de pure joie, d’excitation, de surprise et de questions. « Et surtout, qu’est-ce que c’est que ce t-shirt ? » Le sourire remonté jusqu’aux pommettes. « Le orange, ça ne te va pas - du - tout au teint, ma chérrrie. » Singeant la voix doucereuse et passablement condescendante de Morrighan.

Thea Osborn-Campbell
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Re: the art of taking a really, really deep breath // théa

Thea avait l’impression que ces trois jours passés à la Colonie, ces trois tous petits jours de rien, avaient éclatés son monde en un million de petits morceaux. Est-ce qu’elle avait vraiment vécu deux jours ou bien s’était-il écoulé une décennie ? Comment sa vie avait-elle pu prendre un tel tournant ? Elle qui pensait qu’il n’y aurait pu avoir pire qu’une sang-mêlé sans être appeler par Lupa, elle avait découvert qu’il y avait pire : avoir été recueilli dans le mauvais camp.

« POUHAHA LOSER. »

Instinctivement, Thea se baissa au moment où un pensionnaire jetait son caleçon (odorant) sur quelqu’un. Était-elle déjà en train de s’habituer au chaos ambiant ? Non. Thea secoua la tête avant de cracher son dentifrice. Elle avait passé la majeure partie de sa vie en foyer. La Colonie ressemblait juste à une version plus grande ce qu’elle avait connu toute sa vie. C’était juste une habitude, un instinct de survie, quelque chose de désagréable qu’elle avait dans la peau de toute façon.

« TU FAIS CHIER ANTHONY. »

Thea soupira et rinça sa brosse à dent. Revoir Kleman, découvrir la Colonie sous les yeux de Charlie, écouter les longs monologues de Clément, supporter le bungalow des Hermès, tout ceci l’avait éreinté bien plus qu’elle ne l’aurait cru. Trois petits jours. Un tsunami émotionnel.

La journée s’étira avec une lenteur agonisante. Thea fixait chacune des horloges qui croisait son chemin dans l’espoir de voir les aiguilles bouger plus vite. Clément avait promis qu’ils rentreraient ce soir et jamais Thea n’aurait voulu accélérer le temps plus que maintenant. Elle voulait rentrer chez elle. Elle voulait retrouver son quotidien. Elle voulait se plonger dans le silence de sa chambre.

Thea traîna des pieds jusqu’à la Grande Maison, guidée par son envie de tranquillité : plus elle était proche des bungalows ou de l’arène, plus elle était assaillie de bruits – ce qui la rendait particulièrement de mauvaise humeur. Pour autant, Thea se figea une fois arrivée. Rêvait-elle ou bien Niamh se trouvait sous le porche de la Grande Maison ? Le visage de la romaine s’illumina, baignant ainsi son visage d’une aura angélique.

« Mais qu’est-ce que tu fais ici ? » Niamh s’approcha, son charisme glissé comme une seconde peau sur son visage. « Et surtout, qu’est-ce que c’est que ce t-shirt ? » Un sourire étincellant. « Le orange, ça ne te va pas - du - tout au teint, ma chérrie. »

Thea resta muette quelques secondes, secouée par cette apparition divine. Le trait d’humour de Niamh ne réussit à calmer les palpitations qui serraient la poitrine de Thea. La respiration courte, elle essaya de rire mais le son qui s’échappa de sa gorge ressemblait plus à un couinement douloureux qu’à une exclamation de joie.

« Une longue histoire, ahaha. »

Était-elle en train de pleurer ? Non, ce serait trop la honte. Pourtant, Niamh la fixait comme si elle se trouvait face à chiot blessé. Thea passa une main sur ses joues. Oh, non, elle pleurait. C’était ridicule. Thea tenta de nouveau de rire. Pour tenter de garder le contrôle.

« Tadam, je suis grecque ! »

Les mots étaient sortis de sa bouche d’eux-mêmes, teintés de rancœur, de terreur, de colère, de toute une myriade d’émotions qu’elle n’arrivait même pas à reconnaître tant elle était, et elle le comprenait maintenant, en pleine surcharge émotionnelle.
Niamh Talmhach
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Re: the art of taking a really, really deep breath // théa



Je connaissais Théa depuis longtemps.
Elle était apparue un jour dans le quartier de mes parents. Au départ, je ne lui avais pas prêté la moindre attention, à vrai dire, je serais incapable de raconter avec certitude comment elle avait d’un coup pris la place de meilleure amie dans ma vie. Elle s’y était retrouvée et ça avait été la chose la plus naturelle et évidente de toute mon existence. Elle faisait partie de ces rares personnes qui baignent dans une aura de mystère sans pour autant titiller le moindre doute. L’embarras, le ridicule, la sale petite voix de l’anxiété  restaient suspendus à ses sourires, attendant poliment qu’elle s’en aille pour respirer à nouveau.
Imiter Morrighan était loin d'être une première. On frisait parfois même la pure méchanceté. Ma grande sœur était une telle caricature ambulante qu’elle en devenait une carte joker dans notre humour vaseux.

Je connaissais Théa depuis longtemps, mais ne prétendais pas la connaître par cœur. C’aurait été bien trop... prétentieux. Pourtant, j’étais persuadée de lui décocher mieux qu’un sourire en demi-teinte ou qu’un rire désaturé. Et une pointe d’agacement avait chatouillé mon menton. Envers elle ? Envers moi ?

Les larmes tombant en même temps que ses paroles avaient changé la scène. Il ne s’agissait plus d’un passage en coup de vent dans cette vallée idyllique sous le soleil et l’air marin après une quête rondement menée et deux enfants héroïquement sauvés. Il ne s’agissait plus de résister à l’envie brûlante de rester quelques jours de plus pour capturer les éclats de rire, la fougue des pensionnaires ou les reflets des arbres de la forêt sur le front des naïades dans la pellicule de mon appareil. Plus non plus de courir l’une vers l’autre et de passer les prochaines heures à partager chaque seconde que nous avions manqué l’une de l’autre.
Son soudain chagrin avait modifié la colorimétrie de la séquence, d’un Asteroid City de Wes Anderson à un Atonment de Joe Wright.

J’avais franchi le mètre qui nous séparait et l’avais renfermée dans mes bras. Elle avait à peine fini sa phrase et je ne l’avais pas vraiment écoutée. Je l’avais laissée chavirer son poids contre moi et plonger son visage dans la flanelle de ma chemise. Lentement, j’avais caressé son dos et ses cheveux pour calmer le rythme de sa respiration. Plus elle pleurait et plus je la pressais contre moi pour la bercer. Entre les ressacs de ses émotions, j’avais chuchoté des petits encouragements et saigné de regards assassins le moindre chiard trop indiscret pour venir s’inquiéter.


« Shh...shhhtout va bien, je suis làrespire, ça va aller, il faut que ça sorte, c’est rien… »


J’avais réagi instinctivement et j’ignorais ce que je pouvais bien faire de plus. Théa était la personne la plus solaire qu’il m’avait été donné de rencontrer, après JJ, jusqu’à présent.
Visiblement, je n’avais rien retenu de la précédente leçon, et je m’étonnais encore bêtement que quelqu’un comme elle puisse faire preuve d’autant de chagrin. Cette preuve de confiance éveillait ma petite voix intérieure. Habituellement tranquille en présence de ma meilleure amie, elle s’était d’emblée mise en tête de m’avertir : je n’avais pas intérêt à ruiner cette confiance, je devais en être digne. Les encouragements murmurés pouvaient bien m’être aussi utiles tout compte fait.


Mon air de chien de garde avait fini par dissuader les pensionnaires de s’approcher et peu à peu le calme s’était fait tout autour de nous. Même à l’intérieur de la Grande Maison, les fenêtres avaient été fermées. Seuls les oiseaux et la bande son continu dans mon esprit nous accompagnaient. Sans m’en rendre compte, je m’étais mise à fredonner. Elle s’était arrêté de pleurer, de temps en temps un reniflement secouait ses épaules. J’aurais pu la libérer de mon étreinte bien plus tôt, mais elle n’avait pas protesté, moi non plus. J’étais perdue dans mes pensées. Je réalisais peu à peu le poids des mots qu’elle avait prononcés et l’insignifiance de ce que je pouvais lui apporter.
Qu’est-ce que je pouvais bien lui dire ? Que ce n’était rien de grave, qu’elle n’allait pas soudainement perdre le droit de retourner à la Nouvelle-Rome, ou que la bande et moi trouverions toutes les excuses pour venir la voir ici le plus souvent possible ?
Bien sûr que c’était grave ! Elle avait attendu littéralement chaque seconde de sa vie de recevoir l’appel de Lupa, elle nous avait vu rajouter année après année les barres noires sur nos avant-bras, elle avait rongé sa rancœur jusqu’à l’os. Une simple petite phrase et tout cela s’effondrait.
Quelque part, lui montrer le positif ; une nouvelle famille, la joie de trouver enfin sa place dans le monde, le plaisir de découvrir et d'intégrer cette nouvelle culture ; me semblait encore plus abject.

La boule au ventre, j’avais embrassé le haut de son crâne et fini par la détacher de moi, ignorant l’état désastreux de son visage et de mon haut. Sans lâcher ses mains, je l’avais invitée à s’asseoir sur les marches du perron de la Grande Maison. Sa respiration était plus calme, ses yeux rouges et gonflés, sa bouche figée par ses larmes séchées. Je m’étais retenue de ramener ses cheveux derrière ses oreilles, peut-être que j’en faisais trop ? À la place, je l’avais laissée quelques secondes toute seule, le temps d’aller chercher une boîte de mouchoirs à l’intérieur.

« Désolée, je n’ai trouvé que du sopalin… »

Je lui avais fourré le rouleau entre les mains avant de m’asseoir à ses côtés.

« Est-ce queEst-ce que tu veux en parler ? Tu n’es pas obligée, hein. »

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