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you ruined everything good • clayton
 :: Camp Jupiter et Nouvelle-Rome :: Le camp d'entraînement :: Les Casernes
Ava-May Crimson
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you ruined everything good • clayton

Quand Jupiter gronde comme ça, c’est qu’il veut te punir. Tant que tu restes avec moi, ça va aller… Mais dis-moi, qu’est-ce que tu as fait comme bêtise pour mettre en colère le roi des dieux comme ça ?

Ava réprima un frisson. La foudre déchira le ciel et elle fit tous les effets du monde pour contenir la terreur qui menaçait de prendre le dessus. Elle resta fière et termina son entraînement avec Priam qui, lui, n’avait que faire de la pluie ou du beau temps. Il était là pour l’entraîner et il terminerait ses deux heures prévues sans s’inquiéter de la potentielle pneumonie qu’allait se choper son élève après. Déconcentrée par l’orage qui s’approchait inexorablement du Camp Jupiter, Ava paya le prix de l’agacement de Priam en terminant dans la boue à plusieurs reprises. Finalement, lorsque sonna la fin de l’entraînement, Ava ne s’attarda pour le débrief de fin de séance. Elle reprit sa gourde et salua brièvement le maître d’arme avant de quitter le champs de Mars.

La plupart des légionnaires étaient partis se mettre à l’abri. Le Mess, les bains, les baraquements. L’orage menaçait au loin et Ava, les poings serrés, tentait de calmer les palpitations de son cœur. Elle ignora les salutations polies de certains Centurions ou légionnaires qui croisaient sa route, concentrée sur l’objectif de s’abriter et vite.. Elle crut apercevoir Clayton de loin lorsqu’elle passa devant le Mess et jugea que c’était une raison suffisante pour ne pas se réfugier ici. Depuis le retour à la réalité, aka l’après-Club Mydh, Ava préférait se tenir éloigné de lui. Elle n’avait aucunement le temps de se torturer l’esprit sur leur relation et préférait se réconforter dans une solitude choisie plutôt que d’accaparer son temps libre avec des questionnements stupides sur l’amitié et les limites de celles-ci. De toute façon, Clayton avait bien assez d’amis pour laisser Ava tranquille - ce qu’il fit visiblement facilement puisqu’elle ne le croisait plus autant qu’avant, preuve qu’elle n’était probablement qu’un passe-temps négligeable pendant le Club Mydh et qu’ils pouvaient à nouveau s’ignorer dans la vraie vie.

Un nouveau coup de tonnerre, suivi par un éclair déchirant le ciel, pétrifia Ava qui accéléra la cadence. La pluie, devenue un rideau opaque, devrait la cacher suffisamment pour qu’elle puisse dissimuler sa terreur. Lorsqu’elle arriva à son baraquement, elle ignora les légionnaires réunis dans le salon et monta directement jusqu’à son dortoir. En tant que Centurion, elle possédait une chambre pour deux personnes. Ne partageant avec personne, elle avait le luxe de vivre seule pour le moment. Elle claqua la porte derrière elle, ferma à clé et… lorsque l’orage gronda beaucoup trop fort à son goût, se réfugia trempée dans son placard. Elle remonta les genoux contre sa poitrine et compta jusqu’à dix.

Ça ne sert à rien de me mentir Ava-May. Si Jupiter est énervé comme ça, c’est entièrement ta faute. Maintenant tu arrêtes tes bêtises et tu viens manger !


Clayton Haynes
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Re: you ruined everything good • clayton

Un éclair zébra le ciel, un roulement assourdissant tonnant non loin. Trempé jusqu’au os, Clayton s’ébroua sous le Mess, riant des exclamations outrés. Dégoulinant d’eau boueuse, des brins d’herbe collées entre ses mèches rouges, il se promit de sécher le prochain entraînement aux corps-à-corps. Pour l’heure, le fils de Vulcain chahuta avec des légionnaires de sa cohorte. Foutu pour foutu, ils se bousculaient, essayant de se jeter mutuellement sous la pluie, malgré les regards désapprobateurs de certains coincés de la vie. Preuve supplémentaire que la cinquième était la meilleure.

Clayton jeta le petit nouveau - Ethan… non Herman.. Erran peut-être - sous la pluie, hermétique à ses protestations, lorsque ses yeux accrochèrent une chevelure bleutée. Depuis le Club Mydth, il semblait pouvoir détecter ce bleu à des kilomètres. Une salutation muette au bout des lèvres, il vit Ava détourner le regard et s’éloigner à grand pas. Qu’est-ce que ? Son sourire s’estompa, remplacé par un froncement de sourcil irrité. Les paroles de Théa lui revinrent en mémoire. Tout va bien avec Ava ? Confiant, Clayton avait hoché la tête. Tout aller bien entre eux. Évidement. Sauf que Théa, après plusieurs minute à lui tirer les vers du nez, révéla à demi-mot une moitié de vérité. Tout n'aller pas bien. Clayton regarda Ava s’engouffrer dans la cinquième cohorte et, poings serrés, emboîta ses pas, sourds aux questions résonnant dans son dos.

Seulement en cas d’urgence. Une main sur la poignée, la porte refusant de céder, Clayton décida de l’utiliser. On lui avait indiqué que sa Centurion était derrière cette porte, seule, enfermé à double tour. Comment savoir s’il elle n’était pas en danger ? Peut-être que quelqu’un l’avait enfermé là et qu’Ava était claustrophobe. Comment savoir sans ouvrir la porte ? Impossible. Il devait impérativement lui parler et ça, c’était un véritable cas d’urgence. Kieran comprendrait. Clayton vérifia l'absence d'oreille indiscrète avant d’user du passe-partout et de se faufiler dans la pièce.

La chambre était plus grande que toutes les autres. Des affaires traînées partout, du sol aux meubles. Clayton prit le temps de fouiller la pièce du regard, s’attardant sur les quelques possessions personnelles. Un instant, son irritation laissa place à sa curiosité naturelle. Il y avait quelque chose d’intime d’être ainsi plongé dans l’univers d’Ava. Du bout des doigts, il feuilleta le journal posé sur le bureau, perdu entre planning et cours. Intrigué, il effleura toutes ses pages arrachées. Étrange. Il demandera à- Où est Ava ? À plat ventre, il confirma qu'elle ne se trouvait pas sous le lit. Il ne restait qu’une seule possibilité. Son regard navigua jusqu’au seul meuble permettant de cacher un être humain. Non… Si ? Clayton s’avança jusqu’aux portes du placard et, après une hésitation, agrippa à deux mains les battants et ouvrit en grand. Contre toute probabilité, Ava était bel et bien recroquevillée au fond d’une armoire. Ok. Pourquoi pas. Bref. Il y avait des questions plus importantes.

“Pourquoi tu m’évites Ava ?"


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Re: you ruined everything good • clayton

Ava avait beau se répéter en boucle qu’il n’y avait rien à craindre d’un orage, son corps entier était parcouru de tremblements à chaque fois que le tonnerre grondait. Le visage enfoui entre ses genoux serrés contre sa poitrine, les yeux fermés si fort qu’ils lui faisaient mal, Ava tentait tant bien que mal d’oublier son environnement. Pour autant, lorsque l’orage faisait trembler les murs de la caserne, Ava redevenait une enfant apeurée, le rythme cardiaque affolé et les mains moites.

Évidemment, perdue dans ses propres terreurs, Ava n’entendit rien d’autre que l’orage, moteur de sa peur. Elle ne remarqua ni qu’on entrait dans sa chambre ni qu’on la fouillait. Elle ne regarda vaguement une présence que lorsque celle-ci se glissa face à la porte du placard pour l’ouvrir en grand. Pendant une effroyable seconde, Ava cru qu’il s’agissait de Jupiter lui-même venu la punir pour une quelconque bêtise. Elle en avait tellement à son actif, ce n’était que la suite logique des choses.

« Pourquoi tu m’évites Ava ? »

Les inflexions de la voix ne laissaient aucun de doute : Jupiter était toujours loin d’Ava mais Clayton en était dangereusement près. Ava eut toutes les peines du monde à garder un visage neutre lorsqu’elle releva la tête pour croiser celui de Clayton. Elle serra la mâchoire et les poings mais ne se releva pas pour autant, persuadée que sa peur serait bien moins visible dissimulée dans la pénombre du placard que debout à la vue de tous - enfin de Clayton.

« J’ai envie d’être seule, va-t-en. »

L’orage gronda, la foudre déchira le ciel. Ava ferma les yeux, priant les dieux pour que l’obscurité du placard couplée à la noirceur de l’extérieur cachent la peur qui paralysait son être. Elle n’attendit pas le prochain caprice de Jupiter et se redressa vivement pour refermer les portes du placard mais elle n’était pas assez rapide et elle se retrouva bien malgré elle enfermée avec Clayton à l’intérieur du placard. Elle tenta de le pousser mais il restait bien solide sur ses appuis, insensible à la force d’Ava. Au moins, se rassura--t-elle, ils étaient dans le noir complet.

Clayton répéta sa question, sourd à toute protestation de la part d’Ava. Alors elle se mura dans le silence, les sourcils froncés. Il répéta une troisième fois. Puis une quatrième. L’orage grondait. Encore. Les sens d’Ava étaient en alerte. Elle était incapable de se concentrer. Elle voulait que Clayton parte. Elle voulait que l’orage cesse Elle voulait être seule.

« Tais-toi Clayton, tais-toi. »

Il y avait une réelle détresse dans les mots d’Ava. L’écho de ses mots résonnèrent dans le placard et Ava sentit une boule se former dans sa gorge. Pourquoi devait-elle être si pathétique lorsqu’elle demandait ça ? Pourquoi tant de supplication dans sa voix ? Des larmes vinrent piquer le coin de ses yeux lorsque la foudre déchira une nouvelle fois le ciel. Rien n’allait. Rien n’allait du tout. Son corps entier hurlait en silence toute la détresse qu’elle ressentait.

« Va-t-en. S’il te plait. Va-t-en, laisse-moi tranquille, va voir tes vrais amis et laisse-moi tranquille. Clayton ne bougeait pas. On en reparlera. Plus tard. »

Ava prit le bras de Clayton pour l’aider à sortir de ce foutu placard. Pourquoi était-il toujours là quand il ne fallait pas ? Pourquoi ? Ava enclencha la poignée et ouvrit la porte, juste assez pour que lui sorte. Un grondement d’orage, pourtant bien moins tonitruant que d’autres avant, la fit sursauter et elle enfonça ses doigts dans le bras de Clayton. Son corps était parcouru de frissons d’angoisse, de terreur, de surplus. Trop. Tout était trop.

« Va-t-en, Clayton. »

Sa voix n’était plus qu’un murmure. Une supplication presque silencieuse. Elle n’avait pas besoin qu’il la voit dans cet état. Elle n’avait pas besoin qu’il soit là. Elle n’avait besoin de personne. Et encore moins de Clayton Haynes.




Clayton Haynes
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Re: you ruined everything good • clayton

J’ai envie d’être seule, va-t-en.

Clayton n’en avait strictement rien à foutre des envies d’Ava. C’est à peine s’il prêta attention à ses paroles. Sa réponse n’était pas correcte, de toute façon, alors il l’ignora. Il voulait des réponses, des vraies, et il était bien décidé à les obtenir maintenant. Agrippés aux battants du placard, ses jointures blanchir sous sa poigne colérique. Et plus Ava insisté pour le faire partir, plus il sentait l’irritation grandir au creux de sa poitrine. Pourquoi ne voulait-elle pas lui parler ? Pourquoi le fuyait-elle ? Et pourquoi ça le faisait aussi chier putain ?

Lorsqu’elle parvint enfin à refermer le placard, elle ne se retrouva pas seule. Oh non. Il se glissa in extremis dans l’interstice. À deux dans la noirceur du placard, enveloppée par l’odeur d’Ava et ses vêtements suspendues, rien ne pouvait plus l’arrêter. Clayton était lancé tel un train déraillant sur les rails de l’insistance. Sourd à toute demande, il se contenta des siennes. Encore et encore. Même lorsqu’Ava finit par n’être qu’un souffle agité et silencieux près de lui, il continua. Invasif et borné, Clayton répéta inlassablement sa question. Tais-toi Clayton, tais-toi. Il grogna sa frustration. Pourquoi Ava était ce chat sauvage feulant à la moindre approche ? Frustrant. Si frustrant. Lui voulait comprendre pourquoi. Il n’avait rien fait. C’était injuste. Elle ne lui disait rien alors que lui exprimait tout. Comme d’habitude.

La mâchoire serrée, tendu, Clayton demeura un mur inébranlable sous la secousse d’Ava. Un instant, il se fit la réflexion qu’elle n’avait qu’à utiliser son pouvoir pour le déloger. Et puis cette pensée s’envola lorsque la main d’Ava enserra son biceps. Fort. Elle répétait ses inepties, ses “va-t-en” à tout bout de champ, irritant. Le grincement de la porte du placard résonna et un trait de lumière vint éclairer les ténèbres du placard. L’espace d’un instant, Clayton plongea son regard dans le sien. Un bleu embué, paniqué, suppliant. Des nuances de bleu que ses iris verts ignorèrent. Un éclair raya le ciel, inévitablement suivit dans la seconde par le rugissement du tonnerre.

« Va-t-en, Clayton. »
Non.

Un refus catégorique exprimé d’une voix irrité et convaincu. Non, il ne s’en ira pas. Ava ne voulait pas de lui à ses côtés ? Bien. Avis entendu et expressément ignoré. Lui ne voulait pas partir et cela suffisait. Peut-être que s’il n’était pas aussi énervé, il aurait cédé a sa demande. Peut-être que s’il n’était pas aussi obsédé par ses envies, il aurait remarqué l’évidence. Les tremblements d’Ava, ses sursauts enserrant douloureusement son bras à chaque coup de tonnerre, la supplication enveloppant ses mots. L’évidence, il aurait aisément pu la deviner. Cela ne l’intéressait pas. Il voulait entendre la vérité de sa bouche. Pas des “va-t-en” n’expliquant rien. Clayton n’aimait définitivement pas être ignoré et il était doué pour se faire entendre. Une maison familiale pouvait le confirmer.

Je ne vais nulle part.

Sa main agrippa fermement la poignée du placard et tira. La force d’Ava ne put rien faire pour l’en empêcher. Bam. Une décision prise sur un coup de tête. L’orage au loin fut de nouveau étouffé par les fines parois de bois.

Il n’y a pas de plus tard ! Ses doigts serrèrent cette fichu poignée, fort, très fort tandis que sa voix raisonna dans le placard. Moi je veux savoir maintenant ! Pourquoi tu m’ignores Ava ? répéta-t-il pour la énième fois. Une lituanie entêtante. Caprice enfantin dans le corps d’un quasi-adulte. Ses doigts réchauffèrent le métal. Et pourquoi je l’ai appris de la bouche de Théa, hein ? Ce n’était pas le fond du problème, mais il jetait ses idées désordonnées et propres conclusions à la figure d’Ava. Après tout, elle ne lui avait pas fourni la moindre explication. Clayton ne pouvait qu’imaginer la solution. Depuis quand Ava parler avec Théa de toute façon ? Clayton ressentait une vive pointe de jalousie et d'envie mêlé. Une veste ou un t-shirt lui barra le visage et il s’en débarrassa d’un geste rageur. Sa poigne resta résolument accrochée à cette poignée, peu désireux de laissé Ava fuir cette conversation. Ou d'être éloigné de sa cachette. Encore. Clayton pouvait entrapercevoir les bords de son visage de l’autre côté de l’espace réduit, leurs corps tout juste séparés d’un pas. Elle n'avait plus son visage neutre. Il ne savait pas s'il l'aurait préféré. C'est quoi le problème ? Tu t’es fait une amie et tu n’en as pas besoin d’un deuxième ? J'étais la roue de secours de tes vacances ? Elle parlait avec Théa. Elle ne lui parlait plus. Un plus un faisait difficilement trois. En le disant à voix haute, il se rendit compte à quel point c'était plausible. Le feu de sa colère repartit. Tu veux que je retourne voir mes “vrais amis” ? Tu veux dire ceux qui ne m’ignorent pas pour rien ? C'est clair que tu n'en fait pas partie là.

À la fin de son monologue, il voyait parfaitement le visage d’Ava. Ce dernier ne lui faisait pas face. Oh. Clayton suivit le regard d'Ava, le posant sur sa main. Elle était étrangement éclairée d’une douce lueur jaune, tenant désormais une poignée déformée et étalée de façon peu naturelle entre les deux portes. Est-ce qu’elle venait de fondre entre ses doigts ? Uh. Il la relâcha lentement, regardant pensivement sa main avant de s'en désintéresser. Dans la lumière faiblissante, il fixa Ava.

Dit moi Ava. S’il te plaît ?


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Re: you ruined everything good • clayton

« Non. »

La voix de Clayton claqua dans l’air avec plus de force que le tonnerre lui-même. Ava se recroquevilla à l’intérieur d’elle-même, incapable de faire face à deux tempêtes en même temps. Elle tenta de se perdre aux confins de son esprit, d’ignorer la foudre de Jupiter et la colère de Clayton, de s’oublier elle-même pour effacer les émotions qui se pressaient au creux de son cœur, pressantes, hurlantes, douloureuses.

« Je ne vais nulle part. »

La porte se referma d’un coup sec. Ava se retrouva seule dans l’obscurité avec comme seule compagnie la colère sourde de Clayton. Une colère qu’elle ne comprenait pas. Une colère qu’elle ne justifiait pas. Une colère qui lui rappelait celles nombreuses qu’elle avait dû essuyer dans son enfance lorsqu’il était attendu d’elle des choses qu’elle ne comprenait pas, des choses qu’elle ne savait pas faire, des choses inatteignables pour ses petites mains..

« Il n’y a pas de plus tard ! Moi je veux savoir maintenant ! Pourquoi tu m’ignores Ava ? Et pourquoi je l’ai appris de la bouche de Théa, hein ? »

Ava se fit ensevelir par ses propres émotions, incapable d’arrêter le tsunami dans lequel elle se noyait. Son cœur cognait à tout rompre dans sa poitrine, répandant sa douleur dans chacune de ses veines. Le souffle court, Ava se fit happée par ses propres souvenirs, incapable de distinguer le vrai du faux. Clayton se superposa à Aurore lorsque la foudre, éclairant faiblement l’interstice du placard, déforma ses traits de la pire façon.

« Ava-May, je te jure que si tu sors pas de ce maudit placard, je vais commencer à m’énerver vraiment, tu vas rien comprendre. »

La voix d’Aurore n’avait plus rien de celle d’une mère mais toute d’une commandante. Ava l’avait cherchée après tout. Elle avait encore échoué sur le même exercice. Encore et toujours. Incapable de corriger. Mauvaise guerrière. Fille ingrate. Élève dissipée. Glissée entre les chaussures et les manteaux de sa mère, Ava s’était réfugiée dans le placard comme ultime protection.

« Très bien, Ava-May, la voix était froide, calme, mesurée, Tu veux rester dans ce placard ? Eh bien, restes-y. »

Il n’avait suffit que d’un léger cling pour comprendre l’inévitable : sa mère venait de rompre volontairement la poignée pour qu’Ava ne puisse pas sortir. La panique enserra le cœur d’Ava. Son refuge était devenu sa prison. Elle qui pensait naïvement qu’en arrêtant d’essayer, elle ne pourrait plus échouer, elle venait de découvrir l’inévitable vérité : peu importe les choix qu’elle ferait, elle serait toujours dans le faux. Ses décisions, même quand elles lui appartenaient, la menaient à sa perte dans tous les cas.

« C'est quoi le problème ? Tu t’es fait une amie et tu n’en as pas besoin d’un deuxième ? J'étais la roue de secours de tes vacances ? Tu veux que je retourne voir mes “vrais amis” ? Tu veux dire ceux qui ne m’ignorent pas pour rien ? C'est clair que tu n'en fait pas partie là. »

Clayton redevint Clayton mais la réalité, elle, n’était pas différente : ses envies étaient balayées au profit de celles d’autres personnes ; ses choix étaient les mauvais ; elle décevait inévitablement ceux qu’elle approchait. Pour une enfant de l’amour, être abonnée à la souffrance et au désamour des autres sonnait comme une cruelle ironie. Le regard vide, Ava fixait la poignée disparaître sous la poigne de Clayton. Paralysée par toutes les émotions qu’elle ressentait, la dernière barrière pouvait céder au moindre coup de vent, au moindre tremblement.  

« Dis-moi, Ava. S’il te plait ? »

Colère, tristesse, colère, tristesse, colère, tristesse. Ava ne savait pas quel sentiment il valait mieux retenir et lequel pourrait sortir en premier. La gorge nouée, les yeux noyés de larmes qui ne voulaient pas couler, le cœur aux bords des lèvres, Ava tremblait d’une triste rage qu’il lui était douloureux de contenir. Tristesse, colère, tristesse, colère, tristesse, colère. La pièce invisible qu’elle lançait semblait bien incapable de trancher.

« Pourquoi ton “s’il te plait” devrait changer quelque chose alors que le mien n’a rien changé, Clayton ? Pourquoi ? »

Tristesse. Ava s’effondra complètement. Les larmes noyèrent son visage et son corps fut parcouru de sanglots incontrôlables. Ô qu’elle se détestait à cet instant ! Ô qu’elle détestait sa maudite vie et ses maudites émotions et ses maudites relations. Ava aurait aimé s’enfuir pour de bon de ce maudit Camp Jupiter et cette malédiction putride qui lui collait à la peau à chaque pas qu’elle faisait dans cette vie. Comme pour en rajouter une couche, Ava se sentit soudainement en pleine forme, revitalisée par son pouvoir qui se nourrissait de sa propre souffrance, léchant à même le sol les morceaux de son cœur brisé. Clayton leva la main dans sa direction, ou peut-être qu’elle l'avait imaginé, alors elle eut un mouvement de recul. Non, non, non, elle refusait tout bonnement que quiconque la touche, surtout pas lui, surtout pas maintenant ; elle ne le supporterait pas une seule seconde.

« Va te faire foutre Clayton. Va bien te faire foutre. Toi et tes douze milliards d’amis, allez bien vous faire foutre. J’ai rien demandé moi, ok ? J’ai rien demandé du tout, c’est toi qu’est venu me voir tout l’été ! C’est toi, toi seulement ! »

La colère, la tristesse. La voix d’Ava ne savait plus quel ton adopter. Elle se sentait ridicule. Elle était ridicule. Elle tenta d’essuyer rageusement les larmes de son visage mais celles-ci ne cessaient de couler, un flot incessant de chagrin.

« J’étais bien toute seule, ok. Je suis bien toute seule. Je n’ai besoin de personne. Ni de toi, ni de Thea, ni de quiconque. Je suis parfaitement bien toute seule. Seule. »

Encore une fois, ce regain d’énergie qui se régalait de toute la souffrance qu’elle s’infligeait à elle-même. Pathétique.

« Au moins, comme ça, je m’attache à personne et je suis pas comme une conne à attendre qu’on me regarde. Je t’ai attendu à cette putain de dernière soirée, je t’ai attendu comme une conne avant de réaliser que c’était complètement con. T’étais bien mieux avec tout le monde. Et c’est bien mieux comme ça. Vaut mieux tard que jamais, n’est-ce pas ? »

Amertume. Colère. Tristesse. Un cocktail détonnant. Ava étouffait. Ava enrageait. Ava s’approcha de la porte pour sortir de ce placard. Il ne voulait pas partir ? Bien. Elle allait partir d’elle-même. De ce placard. De cette chambre. De ce baraquement. De cette cohorte. De ce camp. De cette ville. De ce pays, pour peu qu’on lui foute la paix ! Sa main enserra le vide, effleurant la partie encore brûlante de la poignée disparue. La brûlure lui arracha une nouvelle salve de larmes.

« Putain, pourquoi tu m’as enfermée ici, toi aussi. »

La tristesse gagna. Ava se laissa tomber par terre et enfoui sa tête entre ses genoux serrés contre sa poitrine. Son corps fut parcouru d’un million de sanglots silencieux.


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Re: you ruined everything good • clayton

« Pourquoi ton “s’il te plaît” devrait changer quelque chose alors que le mien n’a rien changé, Clayton ? Pourquoi ? »

Clayton serre la mâchoire, frustré qu’elle ne lui donne pas tout de suite ce qu’il demande. Ce n’est quand même pas compliqué d’expliquer pourquoi, merde. Toujours et encore en train de fuir Ava, même séparé de quelques centimètres et ça le rend dingue. Sa dernière question résonne comme un appel à l’aide, une voix se cassant à la toute dernière syllabe et une alerte silencieuse hurle à l’arrière de son crâne. Même en poussant Ava tout l’été, il n’avait jamais réussit à obtenir autant d’émotion et, contre toute attente, ce n’est un spectacle satisfaisant. Juste frustrant as fuck. Clayton lève la main en désespoir de cause, chasseur face à un animal sauvage, se figeant lorsqu’il entend son mouvement de recul, quelque chose un bras ou un dos heurtant le fond de la commode et sa main retombe lentement.

« Va te faire foutre Clayton. Va bien te faire foutre. Toi et tes douze milliards d’amis, allez bien vous faire foutre. J’ai rien demandé moi, ok ? J’ai rien demandé du tout, c’est toi qu’est venu me voir tout l’été ! C’est toi, toi seulement ! »

“Et alors ?! Toi va te faire foutre ! Je fais bien ce que je veux avec qui je veux, t’avais qu’à le dire avant si tu voulais pas de moi !”
« J’étais bien toute seule, ok. Je suis bien toute seule. Je n’ai besoin de personne. Ni de toi, ni de Théa, ni de quiconque. Je suis parfaitement bien toute seule. Seule. »
“Mais pourquoi ?!”

On a déjà assisté à des conversations de sourd s’écoutant davantage.

Tout son cinéma est incompréhensible pour Clayton. Blabla, je veux être seule, avant de rigoler avec lui et elle d'être tellement plus vivante. Ce n’est pas mieux d’être vivante en étant heureuse Ava ? Ce n’est pas la première fois qu’il l’entend dire quelque chose comme ça. Seule, toute seule, toujours toute seule. Je préfère ma propre compagnie à celle des autres. Phrase confiée sous la lumière des étoiles un soir d’été et n’ayant jamais fait le moindre sens. Une petite voix lui souffle qu’elle n’apprécie peut-être pas la solitude, mais si complaît par habitude comme une étrange sorte de punition.

Ava est forte. Il ne serait jamais venu à l’esprit de Clayton de penser le contraire - et pas seulement parce qu’elle lui botte le cul à chaque entraînement. Ava n’a pas besoin de lui, de personne pour s’occuper d’elle-même. Elle n’a besoin de personne, mais pourquoi elle n’aurait pas besoin de lui, un peu ?  Clayton veut représenter plus que le rien au fond de ses yeux quand elle l’ignore en détournant le regard.

Son corps est crispé, tendu comme un élastique prêt à claquer, ayant carbonisé l’étape de la simple frustration. Ses ongles s’enfoncent douloureusement dans ses paumes. Il serre les dents, la respiration hachée, le visage plissé de colère fixant le noir, là où Ava continue de ne pas fournir les réponses à ses questions simples.

« Au moins, comme ça, je m’attache à personne et je suis pas comme une conne à attendre qu’on me regarde. Je t’ai attendu à cette putain de dernière soirée, je t’ai attendu comme une conne avant de réaliser que c’était complètement con. T’étais bien mieux avec tout le monde. Et c’est bien mieux comme ça. Vaut mieux tard que jamais, n’est-ce pas ? »

Oh…

OH.

Oooooh.

Dans un cartoon, une ampoule se serait allumée au-dessus de sa tête. C’est tout, qu’il manqua de dire en rigolant, assommé par la simplicité de cette raison nulle. Ce n’était pas la mer à boire de lui demander de passer plus de temps ensemble, si ? Il entend le froissement d’affaires tandis qu’Ava semble se rouler en boule contre le fond de son placard et… pleurer silencieusement, et à l’évidence, non, ce n’est aussi simple que ça pour elle.

Ava est une putain de martyr incapable de communiquer ses besoins élémentaires et Clayton un clown hurlant le moindre de ses envies au monde sans connaître ses barrières émotionnelles.

« Putain, pourquoi tu m’as enfermée ici, toi aussi. »

Clayton fronce les sourcils dans le noir, ennuyé de la signification derrière ses deux petits mots. Ce n’est pas difficile de comprendre qui serait l’autre personne capable d’enfermer sa Centurion dans un placard. Malgré une intelligence émotionnelle proche du caillou, Clayton n’aborde pas le sujet, sentant que ce n’est peut-être pas le meilleur moment pour ajouter Aurore la sorcière dans l’équation et se contente de fantasmer la dame blonde cramée dans un incendie. Clayton fronce les sourcils parce qu'il ne sait vraiment pas comment expliquer la poignée fondu et ce qu'il s'est passé avec ses mains lumineuses et qu'il ne va pas y penser là, maintenant, tout de suite.

Clayton s’assoit à son tour, sonné, sans trop savoir quoi faire de son corps dans le silence suivant leurs hurlements, sans trop savoir comment agir maintenant que toute sa colère et frustration s’effacent.

Quand il avait vu Ava claquer la porte de sa chambre un matin au Mydh, après deux trois boutades innocentes, il s’était levé, prêt à la suivre dans la pièce. C’est Elayne qui avait posé une main sur son bras pour le retenir. Elle lui avait expliqué avec gentillesse qu’Ava avait besoin d’espace et de temps pour gérer ses émotions et que ne t’inquiète pas, elle reviendrait quand elle sera prête. Une explication anodine sur le coup, mais dont Clayton prenait la pleine mesure aujourd’hui.

Alors, il décide d’être super silencieux et le dos contre la paroi, tend les jambes en face de lui. Dans ce silence, une de ses jambes s’approche petit à petit d’Ava.

Je t’ai attendu à cette putain de dernière soirée. L’idée qu’Ava l’ai attendu d’elle-même, malgré tout ses grognements et ses plaintes de le retrouver chaque matin dans sa cuisine tout au long de l’été, malgré ses silences et ses yeux aux ciels et son attitude neutre, malgré tout ça, elle l’a attendu en le prenant pour acquis et il sourit béatement dans le noir. Ava n’était pas aussi bien seule qu’elle voulait le faire croire, du moins pas aussi bien seule qu’avant, et c’était grâce à lui. Content, ravi, content, honoré, orgueil fusionnant avec le plafond.

Je t’ai attendu à cette putain de dernière soirée. Clayton plisse les yeux, ses doigts triturant un lacet de chaussure qu’il vient de déloger de sous ses fesses en gigotant, essayant de se rappeler de sa dernière soirée au club Mydth. Dans un flou artistique, il se souvient vaguement avoir dansé avec ses colocataires et une dizaine d’autres inconnus avant de finir par chiper des bouteilles d’alcools, plonger dans une mers glaciale nu et brûler des trucs dans le feu de camp central. Peut-être pas dans cet ordre, d’ailleurs. Clayton se rappelle surtout avoir une méga cuite au réveil et devoir courir pour attraper le dernier bateau ramenant tout le monde sur la terre ferme. Ava n’avait rien manqué.

Sa jambe est collée contre Ava. Peut-être qu’elle ne veut pas, et peut-être qu'elle essayerait de fuir s’il y avait plus d’espace entre eux, mais elle ne dit rien et Clayton ne bouge pas. Le froid qu’il ressent à son contact au travers de son jean est vite remplacé par la tiédeur habituelle de son propre corps.

Combien de temps sont-ils resté silencieux ? Clayton a l’impression que ça fait des heures. Contre son mollet, il ne sent plus Ava trembler. Ses doigts font des nœuds avec diverses chaussures, incapables de rester parfaitement immobile.

Et du coup, tu m’as attendu ?

Sa voix semble trop forte, mais elle est imbibée d’un sourire qu’il n’arriverait pas à faire disparaître même s’il le souhaitait.


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Re: you ruined everything good • clayton

Ava connaissait par cœur ces tempêtes, celles qui venaient tout ravager sur leur sillage sans crier gare. Un jour, le barrage pouvait tenir tête à des tsunamis entiers et le lendemain, la moindre averse fissurait son armure. Ava détestait ces moments car elle ne les contrôlait pas. Elle ne contrôlait ni leur arrivée, ni leur intensité. D’un instant à l’autre, son masque n’était plus et toutes les émotions qu’elles pensaient éteintes venaient lui lacérer le visage.

La présence de Clayton empirait tout. Ava se forçait à contenir ses larmes qui inondaient ses yeux comme si elle pouvait assécher la rivière ; se forçait à être silencieuse alors qu’elle aurait voulu faire échos à la douleur de son cœur ; se forçait à se faire toute petite dans ce placard ridicule elle qui aurait aimé avoir toute la place de son lit pour étendre son chagrin. La brûlure de ses larmes silencieuses sur ses joues n’avait rien de comparable à la brûlure de la honte qui enflammait son ventre.

Ava aurait préféré être n’importe où sauf ici. L’idée que quelqu’un puisse la voir dans un état pareil la rendait malade. Cette exacte situation trônait dans le top trois des pires qu’elle aurait pu vivre au cours de sa vie. Savoir que de toutes les personnes du monde, c’était devant Clayton qu’elle se donnait en spectacle lui donnait envie de vomir. C’était encore pire que tout ce qu’elle aurait pu imaginer ; tout ce qu’elle aurait pu avoir comme cauchemar.

Les rouages de son cerveau s’activaient d’eux-mêmes, peignant un portrait grotesque de la suite de la pièce. Elle entendait Clayton l’humilier à travers des petites piques amicales, s’amusant d’avoir vu le vrai visage d’Ava, s’exaltant de la situation comme un enfant ayant sorti Excalibur de son rocher, dressant un portrait ridicule d’une Ava trop sentimentale auprès de tout le monde. L’humiliation qu’elle ressentait empirait ses sanglots qui étaient de plus en plus difficiles à retenir. Venait-elle de lâcher un couinement de souris ? Ava avait l’impression qu’elle allait exploser sous toutes ses émotions qui s’entassaient continuellement les unes sur les autres. Chagrin, douleur, rancœur, tristesse, humiliation, colère. Une torture incessante qui semblait n’avoir aucune fin. Quand pourrait-elle respirer correctement à nouveau ? Quand retrouverait-elle le confort de l’absence d’émotions ? Pourquoi la vie était si injuste ? Qu’avait-elle fait de mal, au juste ?

La présence de Clayton empirait tout, au début. Puis les sanglots finirent par se tasser. Ava retrouva le contrôle de sa respiration. Les larmes se tassèrent, laissant ses joues humides et ses lèvres salées. Dans ce placard exigu, tout était trop ; trop étouffant, trop chaud, trop petit. Ava entendait la respiration de Clayton comme s’il lui respirait dans l’oreille ; elle devinait les mouvements de son corps lorsqu’il jouait avec son environnement ; elle sentait sa jambe contre la sienne. Chaleur.

Ava connaissait par cœur ces tempêtes, celles qui venaient tout ravager sur leur sillage sans crier gare. Elles étaient généralement suivies par une quiétude apaisante. L’écume de ses larmes bouchaient les crevasses de son cœur, lui offrant alors une impression de bien-être. La chaleur de la jambe de Clayton contre la sienne ajoutait du relief à cette apparente tranquillité et Ava se laissa bercer quelques minutes par cette sensation agréable. Il y avait quelque chose de rassurant à ne pas se voir seule lorsqu’on touchait le fond de sa propre vulnérabilité. Peut-être–

« Et du coup, tu m’as attendu ? »

La réalité la rattrapa. Ava lâcha un long soupir. L’humiliation refit surface. Plus cuisante. Plus frappante. Ava tendit l’oreille : l’orage semblait s’être calmé. Elle n’entendait plus que la pluie battre contre les fenêtres du baraquement. Ava décala sa jambe et le même froid qui venait de recouvrir son cœur remplaça la chaleur de Clayton. Elle n’avait pas besoin ça. Ce n’était qu’une illusion.

« Une erreur que je ne commettrai pas deux fois. »

Sa voix était rauque d’avoir pleuré. Les couteaux qu’elle sentait autour de son cœur, elle préférait les lancer sur Clayton. Elle voulait qu’il parte. Qu’il débloque cette porte. Qu’il s’en aille de la même façon qu’il était arrivé. Qu’il disparaisse. Elle voulait lui faire du mal comme si cela pouvait l’aider à oublier ce qu’il venait de se passer. Ava se redressa et s’accroupit près de la porte. Le métal de la feu-poignée était encore chaud mais il ne brûlait plus. Elle y verrait plus clair lorsqu’il fera jour, songea-t-elle. Elle laissa ses doigts courir le long de la deuxième porte et se hissa sur la pointe des pieds pour décrocher les verrous qui maintenaient les deux portes entre-elles avant de se raccroupir pour chercher ceux du bas. Un léger jour se glissa dans l’interstice des deux portes. Elle tourna la tête vers Clayton. Elle espérait son regard froid et distant. Elle espérait de tout cœur qu’à cet instant plus qu’à un autre, il la détestait. Elle creuserait des tranchées à mains nus jusqu’à s’en faire saigner les doigts si cela pouvait l’éloigner d’elle. Elle ne voulait plus jamais qu’il s’approche d’elle. Elle ne voulait plus jamais que quiconque s’approche d’elle.

Ava pouvait s’habituer aux tempêtes de ses propres tourments. Ava pouvait saboter joyeusement chacune de ses relations afin de s’assurer que personne Ô grand personne ne verrait plus jamais la moindre trace de vulnérabilité chez elle. Ava deviendrait glace, Ava deviendrait…

Exactement ce que sa mère avait prévu pour elle.


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Re: you ruined everything good • clayton

« Une erreur que je ne commettrai pas deux fois. »

La jambe d’Ava se décale, aller savoir pourquoi. L’agréable chaleur est remplacée par sa voix rauque et venimeuse. Typique. Ava crache ses malheurs, lancent des unos reverse sentimentaux tel une pro, méchancetés sensé l’atteindre alors qu’il reste ce canard au milieu d’un ouragan, parfaitement sec et très satisfait de lui-même. Clayton ne sourit pas.

Ava s’agite. Ava s’agite et en réponse, la porte est déverrouillée de deux clics sonores. Clayton reste avachis, les épaules plaqués contre la parois, écoutant et attendant l’heure du grand départ. Il y aura l’heure des remontrances, insultes ou cris. Mais qu’importe. Le plan improvisé a fonctionné assez longtemps pour extirper la réponse désirée, voulut, nécessaire. Beaucoup d’émotions. Trop pour une question si simple, mais seul compte le résultat, non ?

La porte s’ouvre. Dans l’interstice de lumière, Clayton plisse légèrement ses yeux. Accroupie tout près, proche, se tient le visage d’Ava. Ce visage si neutre et difficile a déchiffré en temps normal désormais coloré d’une myriade d’émotion brute. Colère, tristesse, embarras, honte, déception colère. Clayton peut tout lire si facilement que ça en devient déroutant. Clayton reste un moment immobile, perturbé, absorbant chaque miettes de ce tableau. Il finit par sourire presque délicatement.

“Fait pas genre tu veux te débarrasser de moi Crimson.”

Un souffle. Une taquinerie. Une évidence. Peut-être une supplication, aussi. Qu’importe ce que voit Ava sur son visage. Qu’importe ce qu’elle pourra interpréter, imaginer, inventer pour satisfaire sa vision tordue des choses. Qu’importe qu’elle déforme la vérité. Je t’ai attendu. Entre les coups de dagues, il y a eu la vérité et Clayton n’est pas près de l’oublier. Plus elle le repousse, plus il revient. Tel un boomerang ou une malédiction. Elle ne veut pas de lui et il n’est pas d’accord. Elle dit non, il dit oui.  

Demain.
Le lendemain.
Le surlendemain.

Il reviendra. Jusqu’à ce qu’elle trouve automatiquement sa chevelure rouge dans une foule. Jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus s’imaginer vouloir être seule. Jusqu’à ce qu’elle souhaite l’étrangler. Ce n’est pas de la charité. Une envie. Une expérience. Une bonté d’âme, à la limite, parce qu’il est sympathique, qu’il songe bien trop imbu de sa personne et bien peu honnête.

Ava sort définitivement du placard et Clayton suit le mouvement au ralenti, étirant ses muscles endormi. La nuit est tombée et l’orage a laissé sa place à une pluie drue d’hiver. Ava ne semble pas capable de rester debout, encore moins éveillée, comme si la conversation venait d’absorber toute son énergie vitale.

Clayton ne parle pas des traces de larme sur les joues d'Ava. Il ne parle pas de ses yeux rougis, de ses pleurs, de ses cris. Il ne parle pas de ce qui importe vraiment. En silence, il atteint la porte et une main sur la poignée, il change d'avis. “Oh, d’ailleurs, tu commettras encore l’erreur. Sauf que ce ne sera pas une erreur. Plus un rendez-vous que deux personnes se donnent pour aller au même endroit, tu vois ? Et je sais que je suis génial, mais je ne suis pas encore médium. Peut-être que ça viendra, qui sait. ” Un regard mort le fixe et Clayton accélère. “Bref, la prochaine fois que tu veux aller quelque part, tu me dis et hop, on y va. Archi simple.”

Et lorsque ses pas atteignent le couloir, lorsqu’il ne reste qu’à fermer cette porte pour laisser Ava en paix, Clayton accroche de nouveau son regard, infiniment résolu et sérieux.

“A demain Ava.”


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    Re: you ruined everything good • clayton

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