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Trasecolato ~ Tybalt Aiuti da Firenze
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Tybalt Aiuti
Plus d'infos
Feuille de personnage
Pouvoirs:
Inventaire:
Défaut fatal: Hubris
Tybalt AiutiEx-pensionnaire
  • Présentation : www
  • Journal intime : www
  • D-C : Kleman Dunn / Cassandre Torrance
  • Parent divin : Athena
  • Points de puissance : 1217
  • Messages : 40

Trasecolato ~ Tybalt Aiuti da Firenze

TYBALT AIUTI DA FIRENZE
here to kick ass

Age | 27 ans Groupe | sang-mêlé grec Parent divin | fils d'Athéna Feat | Logan Lerman

Armes
Tybalt ne possède pas d'armes qui lui servent en tant que telles. Il a appris à manier sa schiavona de bronze céleste mais ne s'est encore jamais retrouvé dans l'obligation d'en faire usage. Il possède également un petit couteau simple, dont la lame affinée  dépasse à peine la longueur de son pouce, qui lui permet de travailler le bois avec souplesse.

Pouvoirs
Pouvoir Passif (1) : Aura de Paix - Dans un périmètre de 3 mètres autour de lui, Tybalt dégage une forme de sérénité contagieuse, un calme qui apaise naturellement les autres et leur assure une certaine prédisposition à lui faire confiance.

Pourvoit Passif (2) : Artisanat - Tybalt possède une certaine facilité à construire et designer des objets ou des constructions en bois, notamment en bois d'olivier.


Half blood, half human
all heroes

Histoire
Arcetri, Florence, Italie – 1640, 27 novembre

     Une jeune femme, aux longs cheveux bruns tressés comme une couronne sur son front pâle, est assise au rebord d'une immense fenêtre circulaire. À travers, la lune dessine sa mâchoire et la peau feutrée de son cou. De son visage, on n'aperçoit que l'éclat argenté qui se reflète tant dans ses yeux que dans les perles qui ornent les manches bouffantes et le damas de sa robe. Elle a choisi un léger vert olive qui s'accorde à son teint. Même si son apparence n'est pas ce qui l'a attiré, l'homme face à elle ne peut nier sa beauté troublante. Il se demande encore souvent pourquoi elle reste à ses côtés. Il n'est plus qu'un vieil homme, aveugle, ivre de ses rêves de planètes, de ces étoiles qu'il observait dans la lentille de sa lunette astronomique. Pointée tout en haut de la fenêtre, il caresse l'œuvre de sa vie. Celle à laquelle il s'est consacré, délaissant femme et enfants, celle pour laquelle il mourra bientôt. Mais encore une fois, ses vieux yeux voilés retournent se poser sur la femme. Il sait qu'elle n'a pas changé depuis le premier jour.

     Il se souvient lorsqu'elle le dépassait de plusieurs têtes, et le regardait courir dans les rues de Pise en direction de l'université. Il l'avait aperçue telle quelle sur un balcon, baignée dans la lumière du soleil. Il lui avait fallu attendre bien longtemps pour la revoir. Il ne l'avait pas reconnu immédiatement. Elle était dans la cathédrale de Pise, assise tout au bout de la nef, emmitouflée dans son brocart, le regard serein et le sourire discret alors qu'il comptait les oscillations de pendules, deux doigts posés sur son poignet. Et lorsqu'il avait retrouvé où il avait déjà rencontré ces yeux gris, elle s'était à nouveau évaporée.

     Elle ne l'avait jamais véritablement quitté. L'observant du coin de l'œil, souriant lorsqu'il travaillait jusqu'à perdre l'appétit, veillant sur ses nuits sans sommeil, se faisant spectatrice de ses doutes. Toujours dans sa belle robe olive, ses cheveux noués en couronne, son sourire mesuré, créature fabuleuse épargnée par le temps. Il s'était approché, avait guetté ses apparitions avec plus d'ardeur, avait cherché à la retrouver. Et elle lui était réapparue, comme si trente années n'étaient rien. Il l'avait aimé très fort, mais n'avait jamais osé la toucher de peur qu'elle ne disparaisse. Elle était une énigme alors il avait entamé la discussion et ne s'était jamais plus arrêté, partageant ses rêves, ses aspirations, ses questions, les incommensurables trous dans ses certitudes et l'entièreté de ses recherches pour les combler. À ses côtés, il s'était gonflé d'un courage certain, s'aventurant là où l'église se refusait à regarder. Toujours prudemment, il l'avait faite confidente de ses peurs, de ses découvertes, et il s'était muni de ses conseils, en avait fait ses armes pour pouvoir se tenir un jour de plus devant elle, comme ce soir.

     Elle avait dit être une déesse et cela n'avait pas paru le désarçonner. Elle était son ange gardien. Il lui avait aveuglément fait confiance, avait quitté Marina Gamba à Padoue, lui avait confié ses filles et Vincenzo lorsqu'il était retourné à Florence. Il l'avait suivie dans sa ville natale, avait accepté son nouveau poste de mathématicien et philosophe du Grand Duc de Toscane et s'était consacré à sa postérité. Transmettre ce qu'il avait découvert et tut depuis si longtemps. Et dans sa Villa le Gioiello, sous le croissant de cette lune qu'il ne connaît que trop bien, dans ces habits payés par ses illustres mécènes, il s'imagine la contempler encore et toujours comme au premier jour.

     Avachi dans son siège, il ne peut que tenir sa délicate main entre ses doigts ridés. Elle vient de le prévenir. Il lui faut partir, retourner auprès d'autres Héros, prodiguer ses conseils. Il sait que son temps touche à sa fin, alors il lui fait promettre de veiller sur les deux enfants qui lui restent. Elle lui sourit comme toujours, comme pour le rassurer, mais il arrive maintenant à lire ce qui se cache derrière ses silences. Ils ne lui survivront pas bien longtemps. Elle caresse sa joue. Elle ne va pas le quitter sans rien en retour. Elle a une dernière mission à lui confier, un présent pour qu'elle reste à ses côtés jusqu'à son dernier souffle. Une raison d'accomplir ce qu'il a passé sa vie entière à construire. Un enfant. Dans sa voix, il reconnaît un léger trouble. Pour une femme si assurée, il se demande ce qui peut la déstabiliser. Mais elle n'en dit rien. Elle se contente de caresser ses cheveux si fins, si gris. Elle le berce tout doucement en lui racontant une histoire. Une histoire qu'il devra transmettre à son tour, à propos d'un lieu magnifique tout près de Florence et d'un berceau d'or porté par Zéphyr lui-même.


Cavallina, Barberino di Mugello, Italie – 1644, 17 mars

     Evangelista Torricelli a laissé une lettre. Durant les deux dernières années de la vie de son maître et ami, il a pris soin de retranscrire ses volontés, d'assurer la promesse qu'il avait faite, et de tout remettre entre les mains de Renatta deux ans plus tard. Cette dernière vient de quitter Florence, un lange tressé de fils d'or dans les bras, boitillant dans ses habits de domestique. La lettre que lui a remise Torricelli, sur le pas de l'Académie d'Expérimentation des Médicis, est brûlante dans sa poche. Elle n'a qu'une hâte qui presse ses sabots fourchus dissimulés sous les plis de sa robe. Quitter Florence, partir vers le nord-est rejoindre les montagnes et, non loin, le hameau de Cavallina. Profiter de la tranquillité relative des routes pour décacheter cette lettre, savoir enfin qui est ce petit bout de choux endormi. Les neiges s'accrochent encore sur la terre gelée, la charrette semble patiner par moment et glisser alors que les chevaux continuent de tirer. Elle s'est assise à l'arrière d'un chargement de blé qui retourne les sacs pleins des florins qui feront vivre les régions alentour. Au loin, l'éclat des torches au sommet des tours du Palazzo Vecchio et du Bargello s'éloigne peu à peu, tandis que l'on entend encore errer les marins et dockers le long de l'Arno. L'odeur fétide du fleuve est emportée loin à l'est pour son plus grand soulagement. Elle ne souhaite pas que l'enfant se réveille. Elle l'a emmailloté tout contre sa poitrine pour avoir les mains libres et le réchauffer.

Villa Gioiello
Firenze
In gennaio MDCXLII

Mio caro figlio,

Je déplore le jour où tes yeux pourront se poser sur cette lettre, car je croyais pouvoir tenir plus longtemps pour te dire ces mots de vive voix. Malheureusement, les simples mortels ne peuvent aller à l'encontre du destin et je m'en vais bientôt rencontrer le Seigneur. Mais toi, peut-être, pourras-tu y échapper. Car, vois-tu mon doux enfant, j'ai une histoire à te raconter. Une histoire qui me vient de ta mère, et que je confie à mon fidèle ami, Torricelli. Je lui ai délégué le soin de s'occuper de toi, de t'assurer protection et confort, et d'être pour toi, celui que je n'aurai pas le temps de devenir.
C'est ta mère, mia civetta, qui a choisi ton prénom. Elle me l'a dit le dernier soir avant qu'elle ne s'en aille. C'était le nom d'un personnage, dans une histoire d'amour à Vérone, qu'elle avait inspiré à un dramaturge anglais, un amant de son frère. Tybalt. J'aurais aimé que tu viennes au monde plus tôt pour aller voir le royaume d'Angleterre ensemble. Peut-être aurions-nous même embarqué pour les Amériques. Mais d'après ta mère, les Moires avaient tracé nos destins bien avant notre venue sur Terre.
J'ai encore un peu de mal à croire que Botticelli, Cellini et Raphaello avaient vu juste. Je suis un vieil homme, difficile de me faire changer d'avis, mais je crois en elle. C'est une femme merveilleuse. Plus qu'une femme, c'est una dea. Elle m'a dit que tu aurais un destin spécial, que tu étais un enfant différent et que pour cela, tu ne pouvais pas vivre la même vie que tous les autres bambins. Je tremble en imaginant ce qu'elle m'a raconté. Des monstres, des épreuves, des choix, mi amore… Mais elle m'a aussi dit que tu ne serais pas seul. Qu'il existait un lieu pour les enfants comme toi, où vous seriez protégés, entraînés, aimés. Et c'est tout ce que je te souhaite.
Ta famille veillera toujours sur toi depuis les étoiles, nous ne serons jamais loin, mais chéris celle qui prendra soin de toi ici bas. Ne sois jamais cruel, ne sois jamais lâche. N’oublie pas : la haine est toujours stupide et l’amour est toujours sage. Essaie à chaque fois d’être gentil, mais n'échoue jamais à être bienveillant. Les choses les plus insignifiantes, parfois, mio cuore, mènent aux plus grandes découvertes. Alors ne cesse jamais de t'émerveiller, regarde ce monde et trouves-y la beauté même dans la plus sombre des nuits. Sois fort, fier et courageux, mais rappelle toi que le courage n'est pas de ne jamais avoir peur, c'est d'être terrifié et faire tout de même ce que l'on doit faire. Parfois, les seuls choix que l'on a sont mauvais et il faut pourtant choisir. Et la douleur ne peut être évitée. Mais la douleur est un cadeau, sans elle, nous ne pourrions reconnaître celle que l'on inflige aux autres. Certains jours seront noirs et terribles. Un noir profond et sublime, sans lequel on ne pourrait jamais voir les étoiles briller.

Ti amo

Tuo padre
Galileo Galilei


     Renatta replie soigneusement la lettre. Sa main droite caresse machinalement du bout des doigts le dos de l'enfant. Elle aussi est mère de deux petits satyres. De véritables petits diables qui lui faisaient des cheveux blancs il n'y a encore pas si longtemps. Mais l'aînée a pris son envol et le plus jeune passe son temps avec les autres demi-dieux. Pendant un instant, elle eut envie de garder le petit garçon avec elle. De lui transmettre tout l'amour qu'elle lisait dans les mots de ce père fantôme. D'en faire un jeune et beau garçon, un véritable héros plus heureux et espiègle que Hermès, lui-même. Ce n'était pas une idée farfelue, encore fallait-il l'accord de Chiron. Une question qui n'attendrait pas longtemps avant d'être posée, puisque la charrette s'était arrêtée et qu'il lui fallait descendre pour remercier le brave paysan. Derrière, les montagnes s'élevaient et en leur sein, cachée aux yeux des mortels, la Colonie des Sang-mêlées.


Piazza San Marco, Venise, Italie – 1651, 19 février


     Le siège de Candie ne semblait pas affecter la Sérénissime. Malgré la guerre que menaient ses hommes, la cité ne perdait ni de son éclat ni de son charme. Au milieu de la Piazza San Marco, la foule se pressait pour ne rien rater. Entre les murs de briques rouges de la place, parés de mille couleurs, bien à l'abri derrière leurs masques de bauta et de moretta, les Vénitiens baignaient dans une effervescence qui réchauffait l'air. Sous les arcades, accroché au chapiteau d'une colonne, un gamin affublé d'une tenue d'Arlequin les scrutait de ses grands yeux bleus. Sous lui, un autre garçon au teint olive et aux longs cheveux bruns, retenus par un lien de cuir, écrasés sous son tricorne, engoncé dans un amas de tabarro, de jabot et de chemise blanchâtre bien trop larges pour lui, soupirait bruyamment. Malgré leurs efforts, ils étaient noyés dans cet attroupement de curieux. Dans leur malheur, les rires et les musiques résonnant dans l'enceinte couvraient leur conversation, et personne ne semblait se soucier d'eux. Tous les visages dissimulés étaient tournés vers le clocher de San Marco.

     De son perchoir, Tybalt observait le cortège des douze Maries terminer sur l'estrade son périple depuis San Pietro Castello. Les demoiselles d'honneur, les soldats, les musiciens s'attroupaient à leur suite fermant la marche. Au-dessus d'eux, tout en haut du campanile, dans son costume rouge bouffant, l'Ange allait s'élancer. La silhouette tant convoitée était perchée sur le rebord attendant la fin du défilé pour ouvrir la stagione di Carnevale. L'impatience des garçons égalait au moins celle des habitants de la Cité des Doges. Enfin, sous les cris de surprise et d'admiration de l'assemblée, l'Ange s'était élancée. Semblant flotter dans l'air comme par magie, elle saluait la foule en extase, faisant pleuvoir sur elle une cascade de confettis. Les applaudissements, les cris de joie et la musique masquaient les deux enfants qui s'étaient écrits "Là !" en même temps. Tybalt avait pointé l'Ange du doigt, ou plus précisément ses chevilles, avant que son ami ne le tire par le bas de ses frusques pour le faire redescendre à terre. Et tandis qu'ils filaient se frayer un chemin dans la parade, l'on pouvait entrevoir dans les plis volatiles les chevilles ailées de la colombe.

     Continuant sa descente vers l'estrade centrale de la place, l'Ange saluait les Maries de baisers et les soldats de roses. De son point de vue, Venezia respirait l'opulence et la frivolité. Les soies les plus douces, les satins les plus brillants, les masques les plus sophistiqués et les couleurs les plus resplendissantes. La ville entière rayonnait et l'eau des canaux se paraît de mille reflets joyeux. L'hiver n'était pas encore terminé, mais le cœur des Vénitiens brûlait déjà de hardiesse. Délicatement, ses pieds avaient rencontré le tapis rouge de l'estrade et elle s'était posée. Puis les demoiselles d'honneur s'étaient empressées de l'aider à retirer le long manteau pourpre qui lui donnait des airs de déesse. Elle avait ensuite troqué sa robe et ses chaussures ailées pour un somptueux ensemble doré. Et sous les applaudissements de l'armada venue assister à la fête, le long manteau avait été posé sur les épaules de l'Ange de la prochaine saison. L'ovation générale avait permis aux deux gamins de se faufiler derrière l'estrade. L'Ange devenue Dama d'Oro, avait fendu la foule en direction du Ponte di Rialto. Restés derrière, les soldats faisaient barrage, mais l'enfant d'Héphaïstos s'était faufilé, profitant du mouvement de foule, pour attraper les chausses à rosettes ailées avant de s'enfuir en courant suivit de son acolyte.

     Vite repérés, ils s'étaient fait poursuivre jusqu'au Canal Grande, et avaient sauté de gondole en gondole sous les cris indignés des arsouilles. Se fondre dans la masse, retrouver le rythme pesant des pas des habitants oisifs, s'arrêter un instant, l'air de rien, devant Santa Maria della Salute pour un spectacle de danse, piquer deux parts de tourte au banquet annuel des Sartelli le long du Palazzo Contarini dal Zaffo et filer droit jusqu'à l'Arsenal. La quête s'était avérée plus aisée qu'ils ne se l'étaient imaginée. Mais c'était sans compter sur la Dama d'Oro, le visage déformé, de la fumée s'échappant entre ses dents et des gouttes de lave tombant sur le ponton où elle les attendait.

     Elle n'avait plus rien de l'Ange, c'était un géant affublé de la riche robe dorée qu'ils avaient vu plutôt. Les yeux plein de flammes, il n'avait pas l'air de vouloir les laisser partir avec l'objet fétiche de sa collection. Posant la main sur sa schiavona en bronze céleste pendue à sa taille, Tybalt s'était approché avec un demi-sourire. De sa douce voix, il n'avait pas quitté des yeux le monstre, l'enjoignant à la discussion plutôt qu'à un rustre combat. Étrangement, il n'avait pas été difficile à intriguer, et ils s'étaient retrouvés tous deux l'un en face de l'autre, à distance raisonnable mais enclins à la conversation, tandis que l'autre demi-dieu s'était éclipsé à bord d'un bateau pouvant les ramener sur le continent. Du coin de l'œil, Tybalt n'avait cessé de le surveiller alors qu'il prenait peu à peu le large, s'affairant, de l'autre, à calmer la confiance bancale de la créature qui s'épanchait en confidences. Et lorsque l'embarcation s'était assez éloignée, Tybalt s'était confondu en excuses avant de plonger dans les flots, emportant avec lui l'aura de paix qui avait saisi le géant. Et Cacus avait retrouvé sa hargne et l'écume brûlante à ses lèvres, mais trop tard.


Londres, Angleterre – 1666, 2 septembre

     Cachés sous une large table de chêne retournée, de légers rires s'échappaient de la boulangerie de Pudding Lane presque silencieuse. La nuit tombait lentement sur la capitale. Pour les deux jeunes hommes, ce n'était que le début. Malgré la mauvaise posture qui se profilait à leur horizon, ils trouvaient de quoi rire. N'ayant toujours pas renoncé à la mode du tricorne, Thomas Faynor s'adonnait à son jeu préféré. Faire sortir son ami de ses gonds en pointant l'accent florentin qui s'accrochait avec persistance malgré les années. Feindre de ne pas le comprendre alors que celui-ci tentait vainement d'exposer sa stratégie. Depuis les berges du Royaume de France, les Nosoi n'avaient cessé d'attaquer la Colonie, forçant ses relocalisations répétées. Et ils s'en prenaient maintenant au cœur de Londres, dispersant les demi-dieux aux quatre coins de la capitale. Les dieux semblaient sourds à leurs appels. Ce n'était pas simplement pour le plaisir de l'embêter, Thomas avait les foies. Il savait qu'ils avaient tenu tous deux jusqu'à cet âge bien avancé pour des enfants de sang-mêlé grâce aux charmes de Tybalt, qui leur évitait un certain nombre d'ennuis. Mais il avait ce soir un mauvais pressentiment qui refusait de le quitter comme de la suie sur sa peau humide. Une prophétie qu'il connaissait depuis plusieurs années maintenant et qu'il craignait de voir se réaliser, et contre laquelle l'apaisement qui émanait de son ami ne pouvait rien.

     Et son impression allait se confirmer noir sur blanc lorsqu'un Nosos entrerait par la fenêtre dont les volets fermés ne pourraient retenir son corps de fumée. Humant l'air, il allait s'approcher doucement de leur cachette faisant accélérer à chaque pas son cœur et grandir ses pupilles encadrées par ses cheveux bruns toujours plus longs. Derrière les tissus cachant le bas de leurs visages dans un espoir dérisoire d'échapper au destin, ses joues se creuseraient des marques profondes de ses dents. Et d'un coup, de ses mains tremblantes, il trancherait le corps brumeux du monstre de son épée ne rencontrant que son sourire cruel épargné de toute entaille.

     La prophétie que Thomas espérait contourner commencerait par une étincelle dans ses yeux remplis de terreur et enflammerait tout son corps rongeant sol et plafond de ses flammes. Le feu courrait sur sa lame restée en travers du spectre de la créature et l'emporterait en même temps que le reste de la boulangerie. Forcés de quitter les lieux, les deux amis secoués rejoindraient le pont de Londres par les toits, évitant les rues étroites et sales encombrées de pestiférés et bientôt de fuyards, laissant derrière eux l'incendie entrer doucement dans l'Histoire. Et sur les rives de la Tamise reflétant, déjà, les couleurs chatoyantes du massacre, sur ce navire marchand remplit des rescapés les plus fortunés, ils rejoindraient Chiron dans sa chaise roulante ainsi que les derniers pensionnaires. Ils quitteraient dans la nuit le Royaume d'Angleterre par l'Atlantique Nord vers des terres nouvelles sous un vent noir de cendres et de braises.


New-York, Nouvelle-Angleterre, Amérique – 1667, 9 juillet

     Le bateau avait rejoint les côtes des Treize Colonies quelques mois auparavant. Chiron avait guidé les pensionnaires sur un bras de terre près de la nouvelle ville de New York, les rives de Long Island. Ils s'étaient satisfaits de ce petit bout de terre qui n'avait connu des combats que des légendes de peuples inconnus. Cachée au fond d'une vallée, la Grande Maison était enfin prête à offrir aux enfants des dieux le refuge dont ils manquaient. Ce n'était qu'un début, tout restait à faire et le sommeil n'était pas encore un luxe qu'ils pouvaient s'octroyer.

     À l'extérieur, Tybalt se surprenait à y trouver beaucoup de ressemblances avec les villages qui entouraient Florence quand il était petit. Des forêts, des champs, des cours d'une eau claire et pure. Des maisons rudimentaires de bois, suffisamment légères pour être démontées dès que le voyage reprendrait, mais qui commençaient déjà à se remplir d'une envie de rester pour toujours aussi tenace de la boue sous les ongles. Chacun s'était accaparé un terrain, posant les fondations d'une nouvelle vie et d'une longue lignée, n'attendant ni pour cultiver ni pour semer des enfants partout sur cette nouvelle terre fraîche. Ce continent de tous les possibles faisait briller des étoiles dans les yeux de tous ceux qui foulaient son sol, que l'on soit demi-dieu ou mortel. Ces visages désespérés qui descendaient par dizaines des navires, retrouvaient espoir devant l'immensité qui s'offrait à leur vue. Un soleil radieux et un port qui foisonnait sans difficulté des merveilles du monde et en exportait ses secrets. Le traité qui serait bientôt signé à Breda semblait donner des ailes aux colons. Et pour le bonheur des Sang-mêlées, les monstres autres que ceux que créait l'appât du gain, se faisaient assez rares.

     Cette vie simple, insouciante, en devenait trop belle pour être vraie. Et malgré la vigilance de leur mentor, comment empêcher des enfants meurtris de vouloir en profiter ? Les guerres d'Europe les avaient obligés à fuir d'un bout à l'autre de la planète pour enfin pouvoir souffler, panser leurs plaies, reconstruire un foyer, reprendre confiance. Était-il possible de leur reprocher de s'amuser à courir entre les plantations, de jouer à cache-cache dans le port, de prêter main-forte aux habitants ou d'aller rire aux célébrations et aux mariages publics ? Peut-être pouvait-on blâmer les plus vieux, chargés de la surveillance, qui se découvraient d'autres passions. Ils étaient quatre à avoir dépassé la majorité. Katharina, une fille d'Apollon haute comme trois pommes et aussi indépendante et vive qu'un écureuil de Calabre, qui les avait rejoints à Londres depuis Amsterdam ; Landouillette, surnommé pour son accent français à couper au couteau, René de son prénom, fils d'Arès et portrait craché de son père ; Thomas et Tybalt, difficilement séparables. Kathy rentrait plus dans la case des surveillés que des surveillants. Landouillette passait la plupart de son temps près du port, là où les soldats se croisaient avec leurs histoires de batailles navales et de conquêtes, leurs pichets de mauvais rhum et leurs descriptions douteuses des indigènes qu'ils repoussaient plus à l'ouest dans les terres. René s'y plongeait avidement, se baignait dans leurs paroles avec une déférence qui frisait l'indécence. Les deux plus vieux pensionnaires l'accompagnaient quelques fois pour d'autres plaisirs. Les marins et les soldats, au-delà de leur arrogance et de leur désintérêt notoire pour les travaux agricoles, avaient en commun de savoir comment s'amuser. Et il n'avait pas fallu longtemps pour qu'aux bords les plus au sud de la ville, s'ouvre une grande bâtisse de bois brut. Sur la route de Philadelphie, tous les hommes s'y retrouvaient tôt ou tard, sans que jamais personne n'en parle. Elle lui faisait penser aux petites maisons vénitiennes retirées, tranquilles, bien loin du centre-ville, propices à la retraite, au repos, et réservées aux riches notables. Tybalt avait passé de nombreuses heures appuyé aux fenêtres à envier les tapis brodés, les sièges sculptés de bois brillant, les couleurs extravagantes des mets apportés sur des plateaux de bronze, les éclats de rires gutturaux des joueurs de cartes et les musiciens plus richement vêtus que n'importe quel enfant de la Colonie.

     C'était une revanche personnelle d'être suffisamment vieux pour ne pas se voir refuser l'entrée. Les tapis étaient humides d'air marin, les murs n'étaient pas décorés de fresques, mais les tables étaient recouvertes de velours rouge et le bar bien fourni. Thomas et lui se faufilaient parmi les habitués et passaient l'intégralité de leurs quartiers libres en bonne compagnie. Thomas attirait facilement les jeunes demoiselles et les moins jeunes, et Tybalt s'assurait qu'ils ne perdent pas leurs biens bêtement sur une mauvaise main malheureuse. On pariait tout. Des habits les moins endommagés, des caisses de sucre aux tabatières sculptées d'Ivoire. Puis avec les nouvelles vagues de colons, New York s'était agrandi, l'établissement avait cédé son terrain pour s'installer toujours plus au sud-ouest loin de l'agitation et des regards indiscrets. Thomas y avait délaissé son ami pour les doux yeux d'une brune ou d'une blonde. Il ratait alors les nouvelles décorations d'intérieur, les ajouts de peintures importées du Vieux Continent, les commodes à la mode Louis XIII et les coupes de nacre dans lesquelles Tybalt se délectait des boissons offertes par la maison. Il aimait y perdre, se confronter à l'échec et le comprendre, retrouver les mêmes têtes jeunes ou vieilles et laisser le temps filer entre ses doigts. Et était-il possible de trouver ailleurs pareil endroit que la casa di Loto ?


Colonie des Sang-mêlées, Long Island, USA – 2022, 27 décembre

     Amelia s'arrêta en trombe devant la Grande Maison, manquant de faucher une petite enfant de Déméter au passage. Son sac de randonnée aussi large qu'un cyclope projetait une ombre menaçante à la lumière des torches, mais son visage exprimait un mélange de désemparement et de fatigue. Ses faux ongles rouges tintèrent lorsqu'elle frappa à la porte bleue.  La voix de Chiron résonna depuis l'intérieur et elle prit machinalement le temps de déchausser ses sabots avant d'entrer. Le centaure se tenait seul face à la cheminée, le veston bouclé sur son torse, ses mains perdues entre son coude et sa barbe fournie et son corps de cheval occupant la grande majorité de la pièce. Il semblait tout aussi éreinté que la jeune satyresse et ses yeux encore plus vieux qu'à l'ordinaire. Ou était-ce le feu dans l'âtre qui projetait ses ombres sur lui. Son visage sembla cependant s'éclairer en voyant la nouvelle venue, quittant le salon pour lui proposer un siège. La théière était pleine mais froide, juste le temps de la laisser tiédir pour chercher quatre tasses. Amelia n'hésita pas une seconde pour laisser son sac faire un trou dans le plancher en tombant de son dos et sauta par-dessus l'accoudoir du premier fauteuil venu. Elle ferma un instant les yeux, étalée de tout son long en travers, elle donnait l'impression d'avoir traversé le pays à pied. Ce qui n'était pas loin de la vérité. Son premier soupir de soulagement fut pour l'inquiétude de Chiron quant à leur mission. Rien de plus aisé que de le rassurer, lui assurer que Tyler s'occupait de la petite Apollon, mais qu'ils les attendaient aux portes de la Colonie. L'interrogation suivante était légitime. Pourquoi n'étaient-ils pas venu jusqu'ici avec elle ? La réponse en revanche n'était toujours pas claire dans la tête rousse de la satyresse, malgré le temps qu'elle avait eu pour y réfléchir.

     Avec ses mots maladroits, s'emmêlant les pinceaux, se contredisant pour rectifier, fourrant le tout d'une belle dose de détails inutiles, elle tenta de lui raconter. Ils s'étaient rendus comme convenu à Tulsa dans l'Oklahoma. Ils s'étaient inscrits comme pions à la Patrick Henry Elementary School. Ils étaient restés plus de six mois, à surveiller la venue d'éventuels petits demi-dieux. L'information s'était avérée juste puisqu'ils y avaient eu deux candidates d'à peine 7 ans. Deux jeunes filles d'Apollon qui se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. Ils avaient été prudents comme à leur habitude et tout s'était déroulé sans encombre si on omettait un léger détail concernant la nature myrmeke couverte de Brume liquide de l'une des deux jumelles. Ils s'étaient mis en route pour retourner à la Colonie lorsqu'ils avaient fait une rencontre étrange. Le sauvetage de la jeune enfant en disait long sur ce qu'Amélia pouvait trouver étrange. Chiron lui avait tendu une tisane camomille et tilleul qu'elle s'était retrouvée à engloutir, la tasse en guise de biscuit.

     Ils s'étaient perdus en plein territoire Cherokee parce que Tyler refusait d'avouer qu'il avait oublié l'emplacement de la voiture. Et après avoir tourné en rond pendant une bonne heure, ils avaient décidé de se poser près du lac. C'est là qu'ils avaient rencontré un type tout droit sorti d'un film. Et ça pouvait presque être littéral, du moins Amelia n'aurait eu aucun souci à le croire. Il était assis au pied d'un arbre dans une tenue qui aurait eu sa place dans un musée. Il n'avait absolument pas été surpris par les épaisses cornes dépassant de ses longs cheveux roux, ni par les pattes poilues sous le bermuda camouflage de Tyler. Il s'était même paré d'un sourire en se levant pour s'incliner avec courtoisie. La première fois, ils n'avaient juste pas compris un traître mot. Il parlait, faisant des gestes pour accompagner son discours, sans que rien de tout cela ne fasse de sens. Quelques mots ressemblaient à du très vieil anglais mais son accent rendait la communication presque impossible. C'était la gamine qui avait fini par lui donner de quoi écrire et dessiner. Et les bizarreries ne s'étaient pas arrêtées. Amelia s'était réajustée sur le bord de son siège, les yeux plantés dans ceux de Chiron, elle faisait un effort pour tout retransmettre le plus fidèlement possible. Il avait dessiné une vieille bâtisse rudimentaire, comme on en trouve dans les reconstitutions historiques, dans laquelle il était entré, puis la devanture outrancière d'un casino surmonté d'une enseigne dont il avait mélangé les lettres 《Otel & Kasonu Lotis 》. Il avait ensuite esquissé une magnifique chouette aux yeux d'or qu'il avait suivi hors de la ville. Elle ne laissait aucun doute sur son identité et la nature du jeune homme. Et d'après lui, elle lui avait conseillé d'attendre ces trois compagnons de route dans leur voyage pour retourner à la Colonie des Sang-mêlées.

     C'était Tyler qui avait tranché. Il s'était chargé de le surveiller et avait pris la décision de l'emmener jusqu'ici, voir Chiron. Le jeune homme avait tracé ce nom en réponse à la question du satyre concernant le sien. Il avait fallu attendre plusieurs jours de marche pour commencer à établir un contact plus ou moins fluide à base de dessins, de mimes, d'onomatopées et de quelques mots qu'Amelia avait fini par reconnaître comme de l'italien. La queue de Chiron avait fouetté l'air tandis qu'il commençait à s'impatienter. L'histoire avait piqué son attention,  mais la satyresse digressait à la moindre occasion. Ses soupirs étaient cependant suffisamment éloquents pour la rappeler à l'ordre. Ils avaient appris que c'était un enfant d'Athéna comme ils le soupçonnaient, mais également, que pendant que la Colonie et le Camp Jupiter se démenaient avec Celmis, il s'était échappé du repère des Mangeurs de Lotus. Mais le plus étrange était qu'il disait avoir découvert leur piège peu de temps auparavant, lorsque la Colonie venait de s'installer sur la terre du nouveau monde, en 1667.

     Amelia s'inquiétait de voir le visage de Chiron passer d'une émotion à l'autre sans rien dire. Elle s'était redressée, proposant d'aller jeter directement un coup d'œil plutôt que de gamberger. Et s'était retrouvée à se dandiner d'un pied sur l'autre devant son absence de réaction. Puis d'un coup, il l'avait à nouveau fixé et s'était précipité hors de la Grande Maison. Sa queue fouettant l'air derrière lui, elle s'était rechaussée en vitesse pour le suivre. Se frayant un chemin parmi les demi-dieux à peine réveillés pour le pavillon-réfectoire et les vestiges des fêtes de Noël, il l'assommait de questions bien qu'elle n'eut pas les réponses. Elle trottait pour se maintenir à sa hauteur. La seule interrogation à laquelle elle sut répondre s'était posée juste avant d'atteindre la barrière de protection. Tyler, la petite et le jeune inconnu l'avaient traversée sans peine. Mais avant de les apercevoir enfin, Chiron lui avait demandé s'il avait fini par dire comment il s'appelait. Et le nom qu'il avait pratiquement deviné accrocha un immense sourire sur son visage avant que l'inconnu ne coure dans ses bras.


Physique
Josh se brossait tranquillement les dents en bon lève-tôt du bungalow d'Aphrodite lorsqu'il l'aperçut. D'habitude, il appréciait ce temps passé seul à se bichonner sans témoin. Or, pour témoin, il y avait un grand type qu'il n'avait jamais vu auparavant, engoncé dans un costume crasseux datant du moyen-âge au moins. L'odeur était parfaitement raccord avec son allure : les traces de boue, d'herbe, les taches de toutes les couleurs sur sa longue chemise de lin bouffante qui avait dû être blanche à une autre époque ; son gilet brun usé dont les coutures ressortaient et qui semblait avoir rencontré de très près nombre de murs de crépi ; ses hauts-de-chausses ridicules dont les motifs floraux ne masquaient pas l'acidité du parfum ; même ses chaussures et ses collants tenaient plus d'une seconde peau de croûtes, de corne ou d'écailles. Josh avait retenu un haut-le-cœur en l'observant de ses yeux devenus ronds comme des ballons. Visiblement, l'homme ne savait pas plus que lui ce qu'il pouvait bien faire ici. L'enfant d'Aphrodite avait craché, d'une grimace, son dentifrice avant de lui pointer le côté droit réservé aux hommes comme s'il fallait être sacrément idiot pour ne pas déchiffrer le pictogramme sur le mur. Il n'avait pas fait attention à son visage, ni à qui il pouvait être. Il s'en était juste fait une image mentale d'ours pataud, et à bien y réfléchir, l'idée que ce type rôde ici avait de quoi inquiéter. Mais son cri, étonnamment aigu, lorsque l'eau chaude l'avait aspergé après de longues minutes, l'avait fait glousser naïvement. Et sous le bruit de fond de l'eau, Josh avait entrepris d'appliquer sa crème de jour en sifflotant.

  Près d'une demi-heure plus tard, Josh commençait à souffler d'agacement. Les douches étaient étouffées d'une vapeur épaisse qui l'empêchait de se voir clairement dans le miroir. Qui que soit cet inconnu, il allait épuiser le ballon d'eau chaude plus vite que si son propre bungalow y passait tout entier. Sentant ses efforts pour prendre soin de sa peau sue le point d'être ruiné, il avait frappé à grands coups sur la porte de la cabine et le silence s'était fait immédiatement. Légèrement intimidé par l'effet qu'il avait eu, Josh avait tenté d'expliquer à travers la paroi qu'il fallait en laisser pour les autres, mais elle s'était ouverte en grand avant qu'il n'ait fini sa phrase. L'ours pataud avait laissé place à une tout autre personne. Sa figure sombre avait retrouvé son éclat une fois ses longues boucles noir poussière dégagées de son front et presque aussi épaisses qu'une crinière de lion. Sa barbe était encore trop longue pour son âge, mais faisait contraste avec son nez court et ses yeux tempête et ouragans d'un bleu-gris foncé. Malgré la dureté de son regard, son visage inspirait une forme de calme, d'apaisement étrange. Josh avait dévié l'espace d'une seconde vers le reste de son corps et, dieux merci, il avait trouvé une serviette dans laquelle s'enrouler comme un manteau d'hiver. L'enfant d'Aphrodite avait cependant l'œil pour remarquer ce genre de détails physiques, comme la ligne de ses épaules qui gardaient la trace d'une musculature fondue, celle de sa taille qui laissait entrevoir des jours heureux où la faim ne le préoccupait pas, ou celle incroyable de ses mollets de marathonien et de ses mains fines mais puissantes et étrangement calleuses. Le reste de sa peau semblait immaculé d'anciennes blessures, décoré de simples bleus et d'égratignures récents. Les seules couleurs qui s'y invitaient, étaient son collier de cuir au nombre impressionnant de perles dont il n'avait encore jamais vu les motifs auparavant. Il avait l'air d'un jeune trentenaire à cheval entre deux versions de lui-même : celle vieille et sage que ses mèches et ses yeux semblaient porter tels Atlas, et celle encore jeune et alerte trahie par la fermeté de ses bras, et la finesse de ses jambes encore prêtes à parcourir l'univers.

Caractère
Si Tybalt avait un frère jumeau, ils n'auraient pu fêter leur premier anniversaire sans déclencher une guerre mondiale. Mais heureusement pour la planète, il n'y en a qu'un seul et personne pour lui ressembler. Non pas que ce soit quelqu'un de terrible ou de peu recommandable, mais disons qu'il y a des facettes qu'il a plus ou moins de facilité à accepter, comme tout un chacun. Toutes les qualités que d'autres lui trouvent, ont tendance à lui apparaître d'une exaspération sans borne.
  Il y a plusieurs étapes dans la découverte de cet individu, mais pas nécessairement dans cet ordre.

Si vous ne lui avez jamais adressé la parole, si vous n'avez jamais eu à faire à lui, alors comme beaucoup, vous aurez tendance à suivre les rumeurs et votre instinct. Certains disent que c'est un homme froid, arrogant, qui ne vous accorde pas même un regard autre que le jugement si vous ne faites pas partie de ses intimes. D'autres disent que c'est un incorrigible mauvais perdant, incapable de ne pas avoir le dernier mot, dont la confiance est une faveur plus précieuse que celles d'Héra. D'autres encore lui cracheraient volontiers à la figure, le traitant de manipulateur vicieux, en s'éloignant le plus possible pour ne pas être victime. Car en effet, qu'il le contrôle ou non, son pouvoir passif à un impact non-négligeable qui pourrait en effrayer plus d'un. Mais il ne s'en formalise pas. Comme pour tout le reste, l'opinion des autres ne l'intéresse guère si elle n'est pas fondée sur des raisons valables et des arguments dignes de le faire changer d'avis. C'est ce dont peuvent être témoins ceux qui croisent sa route.

  La vie est un rébus enveloppé d'un mystère à l'intérieur d'une énigme. Et l'expression 《rat de bibliothèque》 n'est pas née après lui par pur hasard. Sa curiosité est comme un petit moteur au fond de son cœur, qui le pousse toujours en avant pour comprendre l'univers. Sceptique par nature, il se penche sur le monde avec l'œil inquisiteur des chercheurs et le flair juvénile des enthousiastes. C'est à ce moment-là que certains choisissent de bifurquer, de séparer les routes. Le plus souvent par frustration ou par exaspération. C'est ce que ce regard provoque. Un regard qui ne s'arrête jamais de fouiner vers ce qui retient son attention, et des mots qui ne font pas toujours du bien à ceux qui écoutent. Ceux qui les entendent grincent de ce 《je-sais-tout》 dont le sport favori est le Je vous en prie, prouvez-moi le contraire. Ceux qui les écoutent ne s'attendent pas généralement à être touchés si près du centre. Encore une fois, deux visions qui ne s'approchent pas encore de la vérité.

  Pour ceux qui choisissent de rester, une nouvelle facette se dévoile. Celle flatteuse, influencée par son pouvoir. Il a la douceur intransigeante des mentors. Celle qui vous enveloppe dans une couverture bien chaude au coin du feu, qui vous berce lentement et vous laisse vous épancher. Une oreille attentive, une épaule pour pleurer, des bras bienveillants prêts à vous accueillir. Mais aussi celle qui vous abreuve de conseils, qui vous pousse discrètement, mais sans jamais faiblir à avancer, à donner le meilleur de vous-même, à vous dépasser et à grandir. Un joueur droit et loyal, doublé d'un code moral puissant, qui navigue sur un jeu d'échecs gigantesque, distribuant et rebattant sans cesse les cartes, pipant les dés sans rien dire à personne, dans un seul but : que tous continuent la partie du mieux possible. Cela pourrait s'apparenter à de la manipulation, mais ce terme ne trouve pas grâce à ses yeux. Pas plus que le rôle de leader qui semble aisé de lui attribuer.

  C'est un caméléon. Comme un as du poker, il sait se fondre dans la masse, observer pour mieux s'adapter. Se faire miroir ou contraste, jongler tel un magicien avec les cadres et les lumières pour refléter l'attente de l'autre. Derrière tout être humain se cache une énigme que l'on a envie ou pas de découvrir. L'amour pourrait peut-être naître de cette curiosité que suscite le mystère de l'autre. Se faire clef, passe-partout du cadena de chaque être pour en comprendre l'essence. Un pouvoir dangereux, qu'il sait brûlant en de mauvaises mains, et qu'il s'efforce de ne jamais utiliser à mal. Il ne saurait se le pardonner. Une aptitude qu'il se garde bien d'avertir la terre entière, une épée à double tranchant qu'il manie avec prudence, une bombe à retardement qui l'amène souvent à se questionner sur l'authenticité des relations, leur nécessité ou leur importance. C'est la face cachée de la lune qu'il se refuse même à observer. Car malgré sa proximité tendre avec les autres et leurs natures profondes, il s'y sent isolé et souvent mal compris. Bien sûr, il ne s'attend pas à ce qu'on lui rende l'appareil, mais se surprend régulièrement à espérer vainement, avant de vite se reprendre et de garder la tête froide.

  Ainsi donc, ceux qui creusent un peu plus, s'approchent peu à peu de ce qui apparaît comme des défauts. Sous ce nouveau jour, l'arrogance et le jugement deviennent de l'intérêt sincère, de la curiosité ; sa froideur et sa détermination exacerbée prennent les couleurs de la morale et de sa volonté de ne pas toujours laisser les sentiments prendre le dessus dans les moments difficiles ; ses pouvoirs ne sont que la conséquence de son pacifisme, facilement dégoûté par la violence quelle que soit sa forme, il choisira toujours les mots aux actes, et autant dire que les enfants d'Arès l'ont souvent mauvaise lorsqu'ils se retrouvent en séance de psychanalyse plutôt que sur le champ de bataille où ils sont censés se trouver ; et sa réticence à laisser le dernier mot n'est rien d'autre qu'un esprit farouchement compétitif, qui trouvera autant de plaisir dans les défis les plus simples que dans les débats d'idées ou les complots stratégiques, tant que cela donne à son esprit de quoi se nourrir. Seuls ceux qui le connaissent assez ne se risquent pas à le confronter, car si c'est une force tranquille profondément altruiste, il vit selon un credo bien particulier 《Pardonne toujours, n'oublie jamais》. Bien qu'il ne se considère pas comme rancunier et n'ait jamais perdu de vue les conseils de son défunt père, il serait fort intrépide de s'en faire un ennemi. Parce que les hommes sages et bons n'ont pas besoin de règles, et il n'est pas une bonne idée de découvrir pourquoi il en a tant.

  Les choses sont assez bien faites, cependant, de lui avoir donné le jour sous le côté grec du Panthéon. Il est comme un lion incapable de rester en cage. Ce n'est pas qu'il se joue des lois ou défie le trône par jeu ou par ennui, mais plutôt qu'il ne peut se résoudre à se plier à des ordres absurdes, se fier aveuglément à n'importe quelle figure d'autorité, ne pas remettre en question l'absurdité des traditions. C'est un allié fidèle, mais dont les motivations vont vers la logique du cadre nécessaire plutôt que vers le chaos total de la liberté. Et dans le cercle le plus proche de lui, sous toutes les couches traversées, il pourrait ne pas résister à céder à la fatigue et à l'impuissance autant qu'il ne peut s'empêcher d'être maladroit et de s'encastrer dans à peu près toutes les portes. Il pourrait même vous parler de sa peur profonde de faire face à son défaut fatal : l'hubris. L'idée ou l'utopie dont il rêve à chaque instant de son existence, d'être, un jour, parfait. De surpasser les dieux en étant des humains plus justes, droits et aimants.


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Re: Trasecolato ~ Tybalt Aiuti da Firenze

Trasecolato ~ Tybalt Aiuti da Firenze 2616333476 Trasecolato ~ Tybalt Aiuti da Firenze 4118816442

Je te l'ai déjà dis mais Incredibile !!!!!

Hâte de rp avec ce nouveau perso !!


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Re: Trasecolato ~ Tybalt Aiuti da Firenze

Rebienvenuuuue ! On s'occupe de toi dès que possible, pardon pour le délais !! Trasecolato ~ Tybalt Aiuti da Firenze 73120010


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Re: Trasecolato ~ Tybalt Aiuti da Firenze

Hello again @Tybalt Aiuti,

Tout d'abord, j'adore ta plume (comme d'habitude) et ton histoire ! J'ai vraiment hâte de voir ce petit italien tenter de communiquer avec le 21e siècle. Mais avant ça ! Petit détail : ton pouvoir actif ressemble plutôt à un passif. Que dirais-tu de commencer ton aventure parmi nous avec deux passifs au lieu d'un passif+un actif ? Trasecolato ~ Tybalt Aiuti da Firenze 2559500981



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Re: Trasecolato ~ Tybalt Aiuti da Firenze

Merci beaucoup tout les deux pour vos retours, c'est un plaisir de vous présenter ce nouveau personnage et cela me fait chaud au cœur qu'il vous plaise.
J'ai modifié la fiche pour inclure ton idée June qui me semble excellente.
J'ai terriblement hâte de vous croiser inrp pour un bon gros choc culturel avec plus ou moins de douceur Trasecolato ~ Tybalt Aiuti da Firenze 2559500981
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Re: Trasecolato ~ Tybalt Aiuti da Firenze


Validation

Te voilà maintenant validé ! Ton traumatisme au sein du XXIe siècle peut enfin commencer librement.  Trasecolato ~ Tybalt Aiuti da Firenze 1859837862

À partir de maintenant, ta fiche n'est plus modifiable. Si tu souhaites changer quelque chose, il faudra passer par un•e admin. Si tu as des questions, n'hésite pas ! Et surtout, amuse-toi bien sur le forum !


guide du validé


Tu as maintenant accès à l'entièreté du forum. À toi les balades à dos de pégases, les escalades du mur du lave, les sessions du Jeu de siège et autres amusements divers et variés ! Le monde est grand, alors pour ne pas te perdre, voici un petit guide qui te mènera vers les beaux plus endroits du forum :

▬ Les annexes te sont accessibles à n'importe quel moment si un détail t'échappe. Tu y trouveras, entre autre, les descriptions des espèces, le fonctionnement des camps et même un lexique !
▬ Les journaux intimes te sont vivement conseillés si tu désires faire le point sur tes relations avec les autres ou voir un peu qui est ami avec qui. Ils te permettront également d'organiser tes rps !
▬ Pour bien commencer dans ce forum, il faut rp. Les demandes de rp sont donc ouvertes à tous ! Va jeter un coup d’œil aux demandes en cours ou ouvre la tienne ! Qui sait, tu trouveras peut-être quelqu'un pour partir en quête avec toi...
▬ Tu as peur d'avoir trop de PP et de crouler sous cette puissance inutilisée ? Viens augmenter ton pouvoir ou acheter des objets magiques !
▬ Envie de pimenter un peu tes rps ? Tu peux faire un tour sur nos lancers de dés pour essayer de jouer un peu avec le destin. Après tout, la chance sourit aux audacieux...
▬ Après toutes ces émotions, tu as peut-être envie de te détendre ? Le Casino Lotus ouvre ses portes juste pour toi ! Et si ce n'est pas suffisant, viens lire les précédentes éditions du Satyre Déchaîné, le journal fait par et pour les êtres mythologiques !
▬ Et enfin, n'oublie pas de t'amuser ! Au plaisir de te croiser sur le forum, jeune padawan.





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