C’est à toi que je me raccroche. La voix d’Erwin n’avait été qu’un souffle dans le silence qui les enveloppait. Pour peu, Alexis aurait pu se demander si elle l’avait réellement entendu ou si ça n’avait été que son imagination. Alors elle recula légèrement la tête, juste pour croiser le regard d’Erwin. Ses yeux étaient toujours embués, ses joues étaient toujours humides, mais il y avait une nouvelle étincelle des yeux. Erwin appuya son front contre le sien. Alexis pouvait sentir son cœur s’emballer, alternant entre une empathie trop forte qui lui tordait l’estomac dans la douleur et un amour trop profond lui écorchait la peau dans une vive brûlure.

Erwin ouvrit de nouveau la bouche. Parfois, je mélange tout. J'ai l'impression d'y être encore. Quand je suis seul, quand je me réveille, quand je laisse aller mes pensées. Je confonds la vie avec un cauchemar, je me demande si tout est vrai. L’empathie pris le dessus, faisant tambouriner le cœur d’Alexis avec une force douloureuse. Elle avait envie de serrer Erwin encore plus fort dans ses bras, ne jamais le laisser partir, ne jamais partir. Elle avait envie de lui prendre toute la douleur, de la garder pour elle, pour qu’il n’en ressente plus jamais les effets. Alexis ravala les larmes qui menaçaient de venir et étouffa un sanglot silencieux. Elle n’avait pas le droit de pleurer. Pas maintenant. Pas ici.

Mais c'est quand tu fais ça que je sais que c'est réel. Depuis que tu viens me voir et que tu me parles de tout et de rien, ça va mieux. L'autre Alexis, elle a pas ta voix, ton regard ou tes gestes. Elle a ton apparence mais c'est pas toi. Cette fois, l’amour prit le dessus. Son cœur entamait un rythme qui lui était propre, hurlant à qui voulait bien l’entendre toutes les émotions qu’il ressentait, battant à tout rompre. Comment Erwin faisait-il pour ne pas entendre cette cacophonie qui résonnait dans le corps d’Alexis ? Elle avait l’impression que chacun de ses muscles tremblaient, résistant encore et toujours à l’envie de serrer Erwin davantage.

La main d’Erwin se perdit pendant un instant dans les cheveux d’Alexis. Bien malgré elle, un frisson de plaisir se répandit dans son corps, l’inondant d’une délicieuse chaleur. Depuis quand avait-elle atteint ce degré d’intimité avec le fils de Poséidon ? Ce geste pourtant si anodin suffisait à redoubler le rythme endiablé sur lequel son cœur dansait.

La vraie Alexis, c'est mon point de repère. Elle empêche le noir d'envahir mes dessins. Alexis dû se faire violence pour ne pas embrasser Erwin. Tout son corps hurlait à l’envie de faire ça. Alexis dû se mordre la langue, l’intérieur de la joue. Elle dû même fermer les yeux pour tenter de retrouver un semblant de contrôle sur elle-même. Son cœur battait si fort que c’en était devenu douloureux. Tout se mélangeait dans son esprit, dans son corps. Une tornade d’émotions et de sensations avaient pris le dessus, décuplant chacun de sens. Elle sentait le souffle d’Erwin sur sa peau. Elle sentait ses doigts sur son dos, dans ses cheveux. Elle sentait son odeur. Et quand elle ouvrit les yeux, elle pouvait se perdre dans son visage.

Alexis glissa sa tête du front d’Erwin pour la poser dans son cou, évitant ainsi ses lèvres qu’elle ne cessait de fixer. Elle ferma de nouveau les yeux et serra Erwin un peu plus fort contre elle, laissant courir distraitement l’une de ses mains dans cheveux. Alexis prit plusieurs inspirations pour essayer de calmer le maelstrom d’émotions qui brûlait son cœur, mais rien n’y faisait. À chaque inspiration, c’était l’odeur d’Erwin qu’elle sentait. Chaque mouvement que son corps faisait lui rappelait celui d’Erwin pressé contre le sien. Elle aurait aimé que ce moment dure éternellement, que plus rien d’autre n’existe. Chaque seconde était à la fois un instant de délectation et une torture.

Finalement, au bout d’une éternité, Alexis détacha son corps de celui d’Erwin. Elle glissa sa main le long de son bras, effleurant la sienne du bout des doigts. Elle resta ainsi en suspens, entre un contact assumé et une caresse timide. Son regard se dirigea vers la fenêtre où le ciel avait pris une teinte violette, signifiant le début de la nuit. Alexis n’avait pas envie de partir. Elle soupira discrètement et ses yeux glissèrent jusqu’au carnet de dessin qui traînait.

« Peut-être que la solution serait juste de changer de tête. »

Alexis fit une moue incertaine. Elle ne tenait pas spécialement à ses caractéristiques physiques, mais l’idée lui paraissait tout de même saugrenue. Elle afficha un demi-sourire.

« Certains Aphrodite sont connus pour faire des miracles. »

Alexis racontait n’importe quoi. Elle ne voulait juste pas partir. Elle ne voulait pas laisser Erwin tout seul. Elle ne voulait pas être toute seule. Elle ne voulait pas relever la tête et croiser le regard d’Erwin. Peut-être qu’il avait eu sa dose de « physique d’Alexis » pour la journée et qu’il voulait être au calme ? Alexis se répétait en boucle ses paroles. Sa logique lui soufflait qu’Erwin ne voulait peut-être pas qu’elle parte non plus. Mais une petite voix dans sa tête lui rappelait sans cesse le dessin qu’il avait fait d’elle.

C'était si facile de douter. De croire que l'horreur continuait, que le sommeil et l'éveil se côtoyaient d'un peu trop près, que le brouillard enveloppait le monde. De croire qu'Alexis n'était pas Alexis. Et pourtant, plus les bras de la fille d'Arès se resserraient autour de lui, plus Erwin reprenait pied. Comme si l'étreinte de la demi-déesse était une barrière qui le protégeait de ses cauchemars.

Sans réfléchir, sans tenter de suivre le fil de ce qui se passait, Erwin profitait des bras d'Alexis autour de lui, de ses mains et de son souffle contre sa peau. Combien de temps passa-t-elle contre lui ? Combien de temps avant que ses doigts se détachent des siens ? Une éternité. Pas assez. Lorsqu'Alexis détourna son attention vers la fenêtre, le regard lointain, Erwin se sentit à la fois immensément distant et pourtant très proche d'elle.

"Peut-être que la solution serait juste de changer de tête."

La solution ? A quoi ? Le carnet sembla s'illuminer de lui-même dans le champ de vision d'Erwin. Ah oui. La solution à ça. A cette image qu'elle avait désormais d'elle, qu'elle pensait être celle gravée dans l'esprit du demi-dieu. Si cette Alexis noircie au crayon sur du papier avait les mêmes traits généraux que l'Alexis bien réelle qui se trouvait dans la chambre, elles étaient pourtant toutes les deux bien différentes. La vraie Alexis rayonnait, elle était colorée, elle était belle. L'Alexis de papier n'avait rien à voir.

"Certains Aphrodite sont connus pour faire des miracles."

Erwin sourit. Alexis avait parfois des idées bizarres. Il la regarda et écarta ses mains des siennes pour les amener à ses cheveux. D'un mouvement léger, il ramena la masse de mèches lisses un peu en dessous du menton de la file d'Arès. Il fit mine de l'admirer avec un air pensif.

"Pas besoin de faire de la chirurgie, ton visage me plaît. Par contre, t'avais pas parlé de couper tes cheveux pour éviter qu'un idiot s'y accroche en tombant ?"

Le fils de Poseidon se concentra sur l'image qu'il se faisait d'une Alexis aux cheveux courts. Il le faisait plus pour éviter de repenser à ses séances d'entraînement que pour réellement visualiser la future tête de la sang-mêlé. Il gardait de ses entraînements avec Alexis de bons souvenirs. Mais il ne parvenait pas à s'imaginer en reprendre le cours. Le labyrinthe était encore trop proche...

"Ça t'irait bien."

Des pensées formulées à voix haute, un murmure. Alexis resterait belle de toute façon.

Alexis continuait de fixer un point invisible dans la chambre. L’obscurité investissait les lieux à une vitesse folle, noyant petit à petit le mobilier qui était pourtant si distinct quand Alexis était arrivée. Erwin détacha ses mains de celles d’Alexis au moment où la jeune fille commençait à y prendre goût. Elle dû se faire violence pour ne pas afficher une moue déçue et se contenta de plisser les yeux davantage, comme si cela pouvait l’aider à deviner la porte qui était mangée par les ténèbres. S’il n’y avait plus de porte, elle n’avait plus à partir… Elle serait coincée ici pour le restant de ses jours. Dommage.

Alexis sentit quelque chose lui chatouiller le menton alors elle reporta son attention sur Erwin qui se tenait toujours près d’elle. Il avait ramené une de ses mèches de cheveux devant son visage et semblait la contempler avec fascination. Alexis, quant à elle, ignora ses cheveux pour se plonger dans la contemplation d’Erwin. Pour peu, elle avait envie de laisser courir ses doigts sur sa peau, son front, son nez, ses joues, son menton. Elle avait envie de marquer dans sa mémoire chaque millimètre de son visage pour ne jamais l’oublier.

Pas besoin de faire de la chirurgie, ton visage me plaît. Le rouge vint légèrement piquoter les joues d’Alexis qui tenta de chasser cette phrase d’une main invisible. Par contre, t'avais pas parlé de couper tex cheveux pour éviter qu'un idiot s'y accroche en tombant ? Alexis fronça les sourcils, se faisant violence pour se balader dans ses propres souvenirs. Puis l’image lui revint et un sourire amusé se dessina sur les lèvres. C’est vrai, elle avait dit ça. Le souvenir de cette période si innocente lui réchauffa le cœur, mais l’ombre du Labyrinthe planait au-dessus, menaçante.

Ça t’irait bien. Alexis pouffa discrètement de rire puis secoua la tête. Ce n’était pas pratique de se couper les cheveux. Après, ils étaient plus compliqués à attacher. Ils tombaient toujours dans les yeux. Pourtant, quand la fille d’Arès croisa le regard d’Erwin, elle oublia complètement tous les arguments qu’elle avait en tête.

« On verra. Quand je retournerai au Camp Jupiter, peut-être. »

Les pensées d’Alexis fusèrent rapidement jusqu’à Elliot, qui s’y trouvait, et l’estomac de la fille d’Arès se retourna dans une position douloureuse. Elle détourna le regard d’Erwin, une culpabilité la rongeant de l’intérieur. Devrait-elle être au chevet d’Elliot plutôt qu’à celui d’Erwin ? Aurait-elle dû faire un choix plutôt que considérer que Cal était le candidat idéal ? Alexis se mordit la lèvre et serra les poings. Puis, elle expira lentement, consciente qu’elle ne devait pas montrer d’émotions négatives devant Erwin. Il avait souffert bien assez et elle n’avait pas le droit de faire tourner ça autour d’elle. Alors, elle afficha un sourire plus timide.

« On aura qu’à y aller ensemble. »

Le regard d’Alexis fuyait de nouveau vers la fenêtre où le ciel avait revêtit sa robe noire. Elle pouvait sentir ses paupières qui se faisaient lourdes, son corps qui se relâchait. Elle inspira discrètement, consciente qu’elle ne pouvait plus reculer l’échéance.

« Je vais te laisser te reposer… »

Alexis continuait de fixer dehors sans bouger, comme subjuguée par la voûte stellaire qui dansait sous ses yeux, se délectant de la proximité d’Erwin à ses côtés. Elle détestait toujours les moments où elle devait partir mais d’habitude, il ne se tenait pas si proche d’elle. Elle pouvait encore sentir ses bras autour de son corps qui hurlait doucement, affamé de ce contact nouveau.

"On verra. Quand je retournerai au Camp Jupiter, peut-être."

Erwin avait complètement oublié, l'espace d'un instant hors du temps, qu'il était à la Colonie. Il avait d'ailleurs complètement oublié l'existence de deux camps pour les demi-dieux. Cloîtré dans cette chambre, il ne vivait ni sa vie du camp romain ni celle du camp grec. Il regardait simplement défiler les secondes, les minutes et les heures. Et il écoutait la voix d'Alexis remplir cet espace immense pour un seul demi-dieu.

"On aura qu'à y aller ensemble."

Un petit sourire étira les lèvres d'Erwin tandis qu'un frisson de plaisir parcourait son dos. C'était la première fois depuis longtemps qu'il pensait à plus tard. Il se replongea dans les souvenirs qu'il avait de son passage chez les Romains et il n'était pas contre l'idée d'y retourner. C'était là qu'il avait retrouvé le goût de l'entraînement et c'était là qu'il avait appris à découvrir Alexis.

Les mots d'Alexis tournèrent quelques secondes en boucle dans la tête du demi-dieu. Elle voulait retourner au Camp Jupiter. Ensemble. Avec lui. Oui, pourquoi pas ? Retrouver cet environnement qu'il n'avait pas eu le temps de découvrir complètement, cette atmosphère si spécifique, cette impression de grandeur que la Colonie ne procurait pas. Même le planning détaillé de chaque journée, Erwin était prêt à le retrouver.

Mais il avait le temps avant tout ça. Il avait d'abord d'autres choses à faire, comme se remettre des événements même si, contrairement à d'autres, il ne paraissait pas si affecté, extérieurement. Mais Alexis le savait. Elle n'était sans doute pas pressée de retourner là-bas. Elle ne le laisserait pas seul, il en était sûr. Il avait confiance en elle. Il avait besoin d'elle.

"Je vais te laisser te reposer…"

La voix d'Alexis tira Erwin de ses pensées. Se reposer ? Le demi-dieu tourna la tête vers la fenêtre. Il n'avait même pas remarqué que la nuit prenait peu à peu sa place dans l'air. Le temps avait filé tellement vite ! Alexis était là depuis longtemps. Pas assez longtemps. Il ne voulait pas qu'Alexis s'en aille, il avait besoin d'elle près de lui, il avait besoin qu'elle reste là pour que ses peurs et ses doutes se reviennent pas. Il n'y avait qu'Alexis pour mettre des couleurs dans sa vie.

Doucement, tout doucement, Erwin avança vers Alexis qui n'avait toujours pas bougé. Il la voyait à travers l'obscurité comme si elle étincelait face à lui. Il distinguait chaque détail de son visage tant il avait cherché à les marquer dans sa mémoire. Il sentait son parfum, pouvait imaginer la douceur de ses cheveux et de sa peau sous ses doigts, croyait entendre la mélodie de sa voix encore et encore.

"C'est vrai, il est tard. J'ai pas vu le temps passer."

Est-ce qu'il fallait vraiment qu'elle parte ? Est-ce qu'il fallait à nouveau se retrouver seul dans cette chambre remplie de monstres ? Erwin n'en avait pas envie. Silencieux, il resta un instant immobile, aussi immobile qu'Alexis face à lui. Leurs regards s'évitaient. Mais était-ce de la gêne ? Il y avait quelque chose de différent, ce n'était pas comme avant. Erwin rapprocha son visage de celui de la fille d'Arès.

"Alexis..."

Ses mains se glissèrent le long des bras de la demi-déesse. Encore, encore ce contact contre sa peau, encore cette caresse délicate qui procurait tant de bonheur et de réconfort. Laissant courir ses doigts avec la délicatesse d'un courant d'air, Erwin inspira doucement, profitant de l'odeur rassurante d'Alexis. Peut-être qu'elle partirait malgré tout ? Il ne voulait pas.

"T'es pas obligée de partir... J'ai envie que tu restes avec moi."

Erwin s’approcha, de façon presque imperceptible. Alexis tenta d’ignorer les battements de son cœur, se perdant toujours dans la contemplation de l’obscurité, habituant lentement ses yeux à une pénombre dévorante. Elle pouvait sentir le corps d’Erwin près du sien et cela lui procurait des frissons de plaisir. Elle était à la fois terriblement mal à l’aise et dévorée par une chaleur apaisante. Comme à son habitude, Erwin provoquait en elle des émotions aussi diverses que variées, dont elle se délectait autant qu’elle en était effrayée.

C’est vrai, il est tard. J’ai pas vu le temps passer. Cette phrase avait été prononcé dans un murmure. Le cœur d’Alexis se serra légèrement. Elle devait partir. Devait-elle partir ? Sûrement. Elle songea à faire un pas de côté. Le reste suivrait naturellement. Mais Erwin s’approcha de nouveau, rapprochant son visage de celui d’Alexis. Son cœur reprit sa terrible danse alors que la chaleur d’Erwin se diffusait sur sa peau. Elle voulut fermer les yeux pour apprécier davantage cette proximité, mais elle n’était pas sûre de pouvoir partir un jour si elle faisait ça.

Alexis… Les mains d’Erwin glissèrent le long des bras d’Alexis comme une caresse discrète. Dévorée par ses émotions, Alexis ferma les yeux quelques instants pour en profiter davantage. Elle avait l’impression que partout où Erwin passait, il laissait une trace lumineuse, chaleureuse. Alexis expira discrètement, cachant tant bien que mal tous ses sentiments qui menaçaient de s’envoler au grand jour. Elle se mordit l’intérieur de la joue, prête à quitter la chambre, prête à laisser tranquille Erwin, prête à le voir se faire dévorer par l’obscurité, encore et encore.

T’es pas obligée de partir… Alexis rouvrit les yeux, surprise. Un demi-sourire se dessina sur ses lèvres. J’ai envie que tu restes. Avec moi. Est-ce que le cœur pouvait s’arrêter de battre à force de trop le faire ? Alexis avait l’impression que le sien venait de s’arracher de sa poitrine. Elle leva les yeux vers Erwin, puis tourna la tête vers la fenêtre, puis vers le lit, puis de nouveau vers Erwin. Elle ne voulait pas partir mais elle n’avait pas à songé qu’Erwin non plus ne voudrait pas… Et à toutes les conséquences de tout ça. Elle baissa les yeux pour regarder ses propres vêtements. Puis, la fatigue s’abattit plus violemment sur les épaules d’Alexis, effaçant d’un revers de main les questions sans intérêt qu’elle se posait.

« Ok. »

Délicatement, elle enroula ses doigts à ceux d’Erwin, comme pour s’assurer que tout était réel. Puis, elle se retourna pour regarder le lit. Elle plissa de nouveau les yeux, tentant d’analyser la place qu’il y avait. Mais à la place, elle se contenta de bailler. Elle délia ses doigts de ceux d’Erwin et lui fit de nouveau face.

« Pas beaucoup de place. Mais ok. »

Alexis se garda bien de regarder les expressions qui traversaient le visage d’Erwin, préférant se cacher en lui tournant le dos. De nouveau, elle bailla. Elle cru entendre le fils de Poséidon dire quelque chose mais quand elle se retourna il n’était plus derrière elle mais à côté du lit. Alexis se frotta les yeux puis retira ses chaussures.

Quelques minutes plus tard, le silence avait rejoint l’obscurité pour noyer la pièce. Une petite voix dans la tête d’Alexis lui hurlait des questions en boucle. Pourquoi avait-elle accepté ? Pourquoi était-elle là, maintenant ? Est-ce qu’Erwin regrettait ? Est-ce qu’elle prenait trop de place ? Alexis fixa le plafond, tentant d’apaiser sa respiration et son cœur. Elle essaya de se décaler pour laisser plus de place à Erwin, mais elle ne pouvait pas faire mieux que ce qu’elle faisait déjà, alors elle étendit ses mains le long de son corps, impassible, immobile. L’avantage c’est que même si elle n’arrivait pas à dormir, elle pouvait s’assurer qu’Erwin était vivant et bien là. Ça valait bien tout le reste.

Les paupières lourdes mais le cœur battant, Alexis essaya d’entamer une séance de méditation pour s’endormir. Elle se concentra sur des souvenirs joyeux, sur des moments heureux du passé. Elle s’imagina en Suède, chez elle. Puis le bras d’Erwin effleura le sien et elle fut ramenée à la réalité.

Qui d’elle ou d’Erwin fit le premier pas, elle n’en sut rien, mais quand elle s’endormit, sa main était de nouveau lovée dans celle du fils de Poséidon.