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Giants [June/Kleman]
 :: À travers le monde :: Lieux mythologiques :: Le campement des Chasseresses
Kleman Dunn
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Re: Giants [June/Kleman]

« C’est bon. »

Sa voix était froide et ses doigts gelés m’avaient surpris. Elle n’avait baissé sa garde que quelques minutes, ou plus, je m’étais trop perdu dans ses pensées pour en avoir une bonne idée. Sa peau contre la mienne se réchauffait. Je n’aimais pas ce terme. Baisser sa garde. Pas maintenant en tout cas. Il n’y avait rien de martial dans ce moment et je ne voulais pas lui donner ce ton, bien qu’elle avait sûrement pensé sa phrase en ce sens. Il s’était passé quelque chose d’étrange et j’avais visiblement assisté à quelque chose que je n’étais pas censé voir. Et ô combien il m’était facile de comprendre cette main sur mon poignet et la dureté de ses mots. Elle n’avait pas bougé. Pas immédiatement. Elle aurait tout aussi bien pu replonger dans le sommeil sans que je ne m’en aperçoive si je n’avais pas à mon tour doucement assuré ma prise sur elle.
Puis elle s’était soudainement activée. Elle avait cette habitude de se mettre en mouvement de manière imprévisible comme si Artémis elle-même venait la secouer ou lui mettre une pichenette divine sur le front pour l’empêcher de sombrer dans la paralysie dont elle était privée depuis des années, voire des siècles. Quel âge avait June ? Tout le monde s’accordait à dire que c’était la mamie des Chasseresses, mais depuis combien de temps ce repos lui était-il confisqué ?
Le lien physique s’était brisé instantanément, comme trop futile, trop nouveau, trop fragile pour supporter nos impulsions. Mais je ne l’entendais pas ni se lever ni se préparer à rentrer. L’air frais se faisait pourtant insistant et je commençais à sentir ses dents profondément dans ma colonne vertébrale.
Il ne fallait rien dire. Je n’étais pas le mieux placé pour cette conversation. Elle n’avait sûrement pas envie que je pose mes questions ou que je prononce le prénom qu’elle avait enfoui dans son propre jardin. Je savais bien l’effet que cela faisait lorsque des visiteurs s’approchaient des fleurs que j’avais mis au-dessus du mien. Même si ce jardin n’avait plus rien de secret, et que j’y avais vu les roulottes et les herbes folles, je pouvais avoir la décence de m’y considérer comme aveugle là aussi.
Je ne voulais cependant pas quitter cette sensation. Celle douce et apaisante de ce moment trop fugace. Mon volcan se faisait si silencieux pour une fois, comme si la terre dessous avait cessé de trembler. Je ne voulais pas qu’il reparte simplement parce que son poignet avait quitté le mien en une fraction de seconde. Simplement parce que ce repos-là, je ne voulais pas m’en faire dérober également. Pendant cette fraction de seconde, j’avais estimé que j’y avais droit, qu’on y avait droit tous les deux. Et qu’aucune déesse égoïste n’avait l’autorité pour nous en priver là maintenant, tout de suite, sur les berges de ce lac, cette nuit.
Mais je n’avais pas la moindre idée de comment l’exprimer. Je voulais retrouver son poignet, lui dire que quoi qu’elle avait envie d’en dire ou non tout était okay, que je pouvais ne jamais le mentionner ou prétendre ignorer comme je le lui avais demandé pour mes yeux un matin où l’on avait évoqué le fait de revenir à la Colonie. Qu’on pouvait prendre le temps qu’il faudrait pour qu’elle s’épanche ce soir, ou n’importe quel autre moment dès qu’elle se sentirait prête, qu’on était pas obligé non plus de mettre des mots dessus et qu’un câlin pouvait être exactement ce dont elle avait besoin. Je voulais lui exprimer tout ce que je voulais qu’on m’exprime, car pour une fois, je ne la voyais plus comme la Chasseresse hautaine et acariâtre qu’elle prétendait être, mais comme la Chasseresse hautaine et acariâtre que je prétendais être.

《 Il faudrait que tu te changes et que tu sèches bien tes cheveux, sinon tu vas tomber malade. 》

C’était maladroit, je me sentais ridicule et je devais sûrement bien trop compter sur ses capacités à lire entre les lignes pour comprendre mon intention. Ma voix avait légèrement déraillé en tentant de se faire douce entre deux grelottements.
Entre le bruit du vent, des vaguelettes du lac, des oiseaux nocturnes et des insectes de sortie, il n’y avait pratiquement aucune chance qu’elle ait entendu cette tentative lamentablement soufflée.

《 Merci pour…  》


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June Koldings
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Re: Giants [June/Kleman]

« Il faudrait que tu te changes et que tu sèches bien tes cheveux, sinon tu vas tomber malade. »

Kleman.
Sa voix se superposa à celle d’Aiden, puis à celle de sa famille, avant de redevenir celle qu’elle était. À la fois similaire et différente de celle que June avait l’habitude d’entendre. C’était bien sa voix, son intonation, mais il y avait quelque chose d’inhabituel. Cette simple constatation attira June loin de son propre naufrage et elle posa son regard sur le jeune garçon à ses côtés. Kleman semblait fixer devant lui mais ses sourcils froncés trahissaient bien des émotions. Était-ce ça qui différait de d’habitude ? Étaient-ce ces émotions qu’elle voyait maintenant sur son visage, celles-là même qui n’étaient ni colère ni désespoir ? June aurait aimé toucher son front juste pour pouvoir lire ce qui s’y passait derrière. Un vent glacial lui remit les idées en place et June réalisa que, trempés comme ils l’étaient, ils allaient finir tous les deux malades. June serra ses bras plus fort autour d’elle comme si cela pouvait la protéger de tous les maux ; ceux du monde comme les siens.

« Merci pour… »

June fixait Kleman, sa bouée de sauvetage dans la douleur de ses souvenirs. Elle était pendue à ses lèvres attendant… attendant quelque chose, n’importe quoi. De l’empathie ? De l’affection ? De la compassion ? Depuis combien d’années June s’était-elle refusé ces choses-là ? Un nouveau vent fit redoubler les grelottements de son corps, le tremblements de ses dents. Elle serrait si fort sa peau entre ses doigts que ses jointures en devenaient blanches. Les lèvres de Kleman avaient remué à nouveau mais June n’avait pas entendu la suite. Que lui avait-elle dit ? Qu’avait-elle si désespérément envie d’entendre que ça en devenait douloureux ?

Une dernière larme glissa sur la joue de June sans qu’elle ne s’en rende compte avant qu’elle ne vienne lui chatouiller la commissure des lèvres. La sorcière ferma les yeux et prit une lente et profonde inspiration. Elle desserra l’étreinte qu’elle se faisait à elle-même et calma les tremblements de son corps - avec ce froid, elle ne pouvait pas espérer des miracles.

« Allez, rentrons. »

Les mots qui se glissaient entre ses lèvres n’avaient plus rien à voir avec les phrases acerbes ou froides que sa bouche avait l’habitude de sortir. Il y avait une fêlure visible, une plaie ouverte dans les nuances graves de sa voix. Demain, demain elle remettrait son armure. Elle doublerait l’épaisseur de sa forteresse. Elle envelopperait son cœur sous une nouvelle couche de givre. Demain. Ce soir, elle était lasse. Lasse d’être une Chasseresse, lasse d’être une sorcière, lasse d’être quelqu’un d’autre, d’être autre chose qu’une enfant blessée et seule.

June tendit son bras à Kleman pour l’aider à se relever. Elle s’accrochait à lui autant qu’il s’accrochait à elle avec toute la fierté qu’il lui restait. Elle fixait devant elle comme si elle pouvait oublier son passé, effacer ses traumatismes. Pourtant, chaque pas lui rappelait ce qu’elle avait vécu et ce qu’elle n’avait pas vécu. Chaque mouvement de son corps se juxtaposait à ceux d’un passé flou, lointain, douloureux. Où finissait la réalité et où commençaient les faux-souvenirs, ceux qu’elle avait changés pour embellir ou enlaidir ses blessures ?

La chaleur de la tente enveloppa June dans un cocon doux-amer. Elle attrapa des serviettes et ils se séchèrent en silence avant de se changer dans des vêtements plus confortables et secs. Lorsqu’ils s’allongèrent dans leur lit respectif, June faisait face à Kleman. Elle le regardait fixer le vide, les lèvres scellées dans un silence presque confortable. Qu’avait-il vu lorsqu’elle avait emmêlée leurs vies ? Qu’avait-il ressenti lorsque la douleur de ses souvenirs l’avait assaillie ? Avait-il senti les champs de fleurs sous ses pieds ? Avait-il senti le sang poisseux entre ses doigts ? Avait-il vu les rires et les peines ? Avait-il ressenti le fardeau de ses choix ? Les avait-il… compris ?

June serra les dents. Il n’avait probablement rien ressenti de tout ça. Il en savait probablement plus que la plupart des gens mais il n’était qu’un mortel. Un mortel trop jeune pour comprendre tout ça. Un mortel trop immature pour connaître l’empathie. Un mortel trop blessé pour avoir la place d’entrevoir les fêlures des autres. Un mortel trop égoïste pour son propre bien. Un mortel miroir d’elle-même, somme toute.

« Bonne nuit, Kleman. »

Il tourna son regard vers elle et elle décida de fermer les yeux avant d’y lire quoique ce soit. Demain, son armure serait de nouveau là. Demain, elle ferait comme si rien n’avait changé entre eux. Demain, elle ferait comme s’il ne s’était rien passé du tout. Demain, demain, demain. Cette nuit, en attendant, ses rêves se chargeront de lui rappeler pourquoi elle devait maintenir cette distance entre elle et le monde. Et demain elle sera comme neuve. Chasseresse. Sorcière. Sorcière-Chasseresse. Immortelle. Intouchable.


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