Toi ! Salut l'ivrogne !

Retrouver Priam, c’était quelque chose. Et comme par le passé, voilà qu’entre nous ça finissait en défis. C'était plus fort que nous, on était toujours à se lancer des défis, à jouer à qui a la plus grosse comme disent les mortels. Alors forcément, je n’avais pas pu m’empêcher de proposer un jeu. La conversation avait été beaucoup trop sérieuse et j’avais besoin de revenir à quelque chose de beaucoup plus léger. Ce serait dans tous les cas un bon moyen de lui prouver qu’il n’est pas le seul à tenir l’alcool ici ! Ça fait beaucoup trop longtemps qu’il ne m’avait pas vu alors ce n’était pas particulièrement étonnant qu’il puisse me sous-estimer. C’est donc moi qui me proposais d’aller chercher une nouvelle bouteille. Je me moquais bien de ce qu’on pouvait boire, je ne suis pas du genre difficile. Vous vous doutez bien que je profitais tout de même de mon âge physique pour lancer quelques œillades à des demi-dieux qui ne manquaient pas de me regarder sans la moindre discrétion. Mais si vous saviez mon âge ou ma fonction mes mignons, je pense que je vous ferais fuir ! En même temps, ce n’était pas comme si les hommes avaient une place de choix chez les amazones et je ne serai pas surprise que ce simple détail les fasse fuir. Mais pour le moment, je peux bien m’amuser un peu. Et en revenant en direction de ma table, je constate que je ne suis visiblement pas la seule à jouer la carte de la séduction.

Alors, je me plante devant le fils de Neptune, pose les verres et la bouteille sur la table... Et ne me gêne pas pour lui faire comprendre, à ma manière, que le banc où il a posé ses pieds est à moi. Sans être le moins du monde gênée par ma robe, je repousse vigoureusement ses jambes à l’aide de mon pied. Non mais il s’est cru où le vieux ? Au moins est-il partant pour un jeu, ce qui aurait tendance à me ravir. M’installant à ma place, je prends le temps de préparer les verres puisque Priam n’a pas perdu de temps pour déboucher la bouteille. Le but sera évidemment de le faire boire. Mais ça me permettra aussi de lui poser plus ou moins quelques questions, le tout sans en avoir l’air. J’arbore ensuite une petite moue de réflexion et commence à jouer avec une mèche flamboyante. Qu’est ce que je vais bien pouvoir demander à mon cher cousin ? Et soudain, l’idée me vient. “Je n’ai jamais... été à deux doigts de la mort depuis qu’on s’est perdu de vu !” Certes, j’avais forcément pris quelques risques. Mais de là à dire que j’avais failli y passer, il y avait un monde. Et dans tous les cas, ça donnerait une aventure à raconter à ce vieux pirate.