Enfin ! J’avais enfin eu l’occasion de le rendre au Camp Jupiter ! Je me doutais bien qu’il ne me serait pas possible d’y croiser d’anciennes connaissances. Après tout, je suis un peu trop vieille pour eux même si je n’en ai pas l’air. Du coup, je ne me voyais pas trop retourner dans les baraquements des Cohortes. Déjà, je ne suis plus légionnaire. Et ensuite, ces bâtisses ne m’ont pas manqué le moins du monde ! C’est donc avec un sac sur les épaules que j’ai quitté la Colonie pour passer du côté Romain du portail. D’ailleurs, il est surprenant le pouvoir de ce Ian ! Et plutôt utile, même s’il est limité, j’avoue être impressionnée. Enfin toujours est-il que j’avais dû me rendre à la Nouvelle-Rome. Je n’en avais pas vraiment profité jusqu’ici, il était temps non ? Et puis du coup, j’allais pouvoir utiliser une de mes sublimes tenues que je range dans mon placard et que je ne peux pas forcément utiliser comme je le veux. Ma première action a été de trouver un endroit où dormir. Trouver un établissement ne fut pas des plus compliqué. Toujours est-il qu’en étant ici, je redevenais Rhylan Crowe, fille de Jupiter au lieu d’être une Amazone un peu perdue dans la masse des guerrières malgré ses talents de demi-déesse. Il était temps de profiter non ? Bon d’accord, si avec mon physique je sors et qu’on me demande une carte d’identité pour boire comme je ne sais quoi, je serai bien en peine de la donner. Mais heureusement pour moi, je suis à la Nouvelle-Rome ! Et ici, j’aurai sans doute plus facilement la paix.

Il était donc temps de profiter d’une soirée comme il se doit ! De toute façon, j’étais bien capable de sortir toute seule comme une grande fille ! Alors, j’ai enfilé une petite robe rouge, attaché mes cheveux en une queue haute et enfilé une paire de talons. Ah vous pensiez que je n’avais que mes baskets et mes bottes ! Et ben non, bim dans les dents ! Bon d’accord, ils ne sont pas très hauts parce que je suis pas forcément habituée. Et je pense que dans le fond, je ne m’y ferai jamais vraiment. Je suis un peu trop habituée à mes chaussures plus confortables qui me permettent de courir et faire tout ce que je veux. Bon… Par quoi vais-je commencer ? Aller boire un verre me semble pas mal ! J’ai bien envie de savoir ce que ça fait de pouvoir profiter totalement ! Alors, il me semblait logique de prendre la direction du forum. Oui, j’avais fais mon repérage en arrivant, ne me blâmez pas ! Mais du coup, c’est à regret que j’ai dû me séparer de mon arme. Elle me manquait un peu, je ne sentais plus son poids rassurant. Et fil de mes pérégrinations, je finis par croiser un homme qui semblait déjà bien alcoolisé. Il n’est pas tard pourtant, comment il a fait pour réussir à finir dans cet état !? Ou alors il ne tient peut-être pas a boisson ? Ce serait étonnant vu sa carrure. Je réponds à son salut d’un signe de tête et continue mon chemin, mes talons claquants sur le sol. Soudant, je l’entends prononcer mon nom. Je m’arrête net et fais alors volteface. Dans ces moments là, je regrette de ne pas avoir mon poignard, peu importe la forme qu’il prend ! Prudente, je reste à bonne distance de l’homme. Son visage, mangé par de la barbe, ne me dis rien. Enfin il semble avoir dépassé la trentaine, c’est peut-être une vieille connaissance ? Croisant les bras sous la poitrine, je l’observe, tentant de trouver la moindre ressemblance avec un homme ayant appartenu à mon passé. « On se connait ? » Non décidément, il ne me dit rien. Et puis dans cette  rue aussi, ce n’est pas facile de voir quelqu’un comme en plein jour !

C'est hallucinant de voir à quel point les rues de la Nouvelle-Rome peuvent sembler malfamées ! C'est sûr que ce n'est pas en restant chez les Amazones qu'on m'aurait hêlé de la sorte ! Mais que voulez vous, les mentalités ne semblent pas du tout être les mêmes. Il faut dire aussi que chez les Amazones, les hommes et les femmes ont des positions bien particulières. Ce sont les femmes les guerrières. Alors franchement, aucun homme ne se permettrait d'agir comme... Je ne sais même pas de qui il s'agit ! Mais étrangement, lui semble me connaître. Mais je ne nie pas qu'il soit possible que j'ai connu ce type alors que j'étais encore dans la Légion. Alors franchement, après vingt ans il avait clairement eu le temps de prendre quelques rides non ? Mai je ne vais pas me dévoiler pour autant. C’est lui qui m'a plus ou moins aborder, c'est donc à lui de s'expliquer à mon sens. Je fronce légèrement le nez en voyant la fumée s'échapper de ses lèvres. Beurk, le tabac. C'est bien un truc qui ne m'a jamais attiré pour le coup. Mais bon, oublions ce détail. Il fini par répondre à ma question en se présentant. Et là, je me retrouve à écarquillez les yeux. Temps mort, laissez moi réfléchir !

Cet homme dit s'appeler Priam Lancaster. Et franchement, je ne pense pas qu'il y en ait des dizaines de Priam Lancaster qui peuvent se balader comme ça ici. Encore un peu sous le choc, mes bras retombe le long de mon corps. Et ben... ça lui a pas vraiment réussi de vieillir ! Mais je retrouve mes esprits. « Par tous les Dieux, Priam ! » Me moquant bien de l'odeur de tabac mêlée à celle de l'alcool, je me jette à son cou. Que je vous explique : Priam c'est mon cousin, un fils de Neptune. En terme d'années, on a quasiment le même âge, on s'est connu à la Légion. Et j'étais en mission avec lui quand j'ai rejoins les Chasseresses. Je finis par m'écarter de lui pour l'observer. Evidemment, il avait vieilli contrairement à moi. Enfin j'avais repris mon vieillissement mais ce n'était pas comparable. Je mimais une grimace dégoûté en l'observant. « Et ben... C'est franchement pas beau de vieillir ! » J'avais toujours aimé le taquiner. Ça avait toujours été un peu différent avec Priam, peut-être parce que je ne retenais encore moins qu'avec tous les autres d'être moi. « J'y crois pas, t'es resté ici pendant tout ce temps ? Je sais pas comment tu supportes le choc ! » J'avais tant de choses à lui raconter et tant de questions à lui poser ! Et qu'il soit rond comme une barrique ou non, je n'en avait strictement rien à faire !

Il n'y a vraiment qu'ici que j'aurai pu le retrouver visiblement. Je ne voyais pas d'autre lieu possible pour me retrouver à nouveau face à Priam. Et encore, si lui ne m'avais pas reconnu, je ne lui aurai sans doute même pas prêté attention. Mais là, c'était différent. Parce qu'il m'avait reconnu et c'était présenté. Et des Lancaster, je n'en connaissais pas beaucoup, pour ne pas dire que je ne connaissais que lui avec ce nom de famille. Alors évidemment, avec mon énergie habituelle je m'étais jetée à son cou, prenant le risque de finir chauve. Mais même ça, alors que je suis si fière de ma chevelure, ça n'avait pas grande importance. Parce que je venais de retrouver mon cousin, par le plus grand des hasards ! Faur dire ce qui est, des gens de mon âge je n'en avais pas croisé des masses depuis que j'avais rejoins la Colonie des Sangs-mêlés de l'autre côté du portail. Quand je parle de gens de mon âge, je parle bien évidemment d'hommes et de femmes d'âge mûr, qui ont la trentaine bien tassée comme moi. Même si franchement, je dois avoir beaucoup plus d'énergie qu'eux, mon corps n'ayant pas encore subit le poids de toutes ces années que j'ai pu vivre. Franchement, c'est drôle de se dire que quand j'aurai leur âge physiquement, j'approcherai dangereusement des cinquante ans ! Alors évidemment, je n'ai pas pu m'empêcher de faire remarquer à Priam qu'il est vieux. Non mais regardez nous, on a approximativement le même âge et j'ai l'impression qu'il a pris des rides pour nous deux ! Bon allez, c'est pas beau de se moquer des personnes agées. Puis le Lancaster me le rend bien !

Je n'aurai pas cru qu'il resterait ici... Et il me confirme que, effectivement, il n’est pas restée. Je croise les bras sous la poitrine en l'écoutant. Alors comme ça, lui aussi est parti à l'aventure ? « Au moins, tu as tenu jusqu'à la fin de ton service ! » Au moins un de nous avait tenu le coup. Moi je n'aurais pas pu dans tous les cas et même sans les chasseresses, je serai partie. Bon d'accord, je n'aurai peut-être pas survécu, faut pas se leurrer. J'étais une gamine quand je suis partie, avec seulement trois ans de Légion dans les pattes... Il aurait suffit qu'un monstre un peu trop coriace passe par là et je me serais faites bouffer toute crue ! « Bon, si t'es pas encore trop dans un état pitoyable, je te propose qu'on aille ailleurs. Parce que je sais pas toi mais discuter en pleine rue, c'est pas trop mon truc ! » Oui ben je vais pas rester en plein milieu de la chaussée pour taper la discute ! On va dire que ça le fait pas vraiment. Puis je pense pas que les gens ici soient habitués à voir une ancienne Chasseresse donc ça pourrait sembler bizarre, un type qui approche tranquillement de la quarantaine avec une petite nana qui fait à peine ses vingt ans... Arborant un sourire moqueur, je toisais légèrement le fils de Neptune. « J'ai comme l'impression que tu connais les coins sympas par ici, j'me trompe ? »

Revoir mon cousin après aussi longtemps, ça pourrait être anodin. On pourrait aussi croire que depuis le temps, j'aurai totalement rejeté mon côté romain. Certes, je n'aime toujours pas la Légion. Trop militaire, pas assez de liberté. Mais c'est différent. Sans doute parce que c'est Priam en fait, parce qu'il est de ceux qui m'ont vu en dernier alors que j'abandonnais le camp Jupiter pour rejoindre les Chasseresse. Un peu la honte de quitter un camp du nom de son père non ? Quoique, je voyais ça comme une pression supplémentaire d'une certaine manière. Parce que je suis la fille d'un des trois Grands et que du coup, j'avais cette impression qu'on en attendait encore plus de moi, comme si je devais diriger. Beurk, très peu pour moi ce genre de chose. 'Fin donner des ordres c'est pas forcément ça qui me dérange. Mais je n'aurai pas été au dessus de tout. Puis je me sens plus à mon aise avec l'autorité dans d'autres groupes visiblement. Mais pour en revenir au Lancaster, j'étais curieuse de savoir ce qu'il avait fait depuis que je l'avais plus ou moins abandonné au détour d'une quête. Boire un verre pour parler de nos aventures respectives me paraissait être une pas si mauvaise idée. Mais s'il était déjà rond comme une barrique, je n'allais pas en rajouter une couche ! Ce serait trop bête de le faire rouler sous la table quand même non ?

Je roule des yeux lorsqu'il parle d'alcooliques cherchant de la petite jeune, croisant les bras sous ma poitrine. « Ils seraient déçus avec moi ! Ils s'attendent sans doute à croiser une pauvre petite chose sans expérience alors que j'en ai possiblement plus qu'eux. » Quoi ? Je ne vais pas me cacher concernant ce genre de chose. On est fille de Jupiter ou on ne l'est pas ! J'ai juste... Plus ou moins rattrapé mes quinze ans de chasteté. Je hausse un sourcil avec un sourire amusé en entendant le fils de Neptune. Sa deuxième maison ? Je le suis alors sans broncher... Et en arrivant devant le bar, je me retiens de rire. « T'es sûr que c'est pas ta première maison ? » Ben quoi, je l'ai croisé avec une bouteille à la main après tout. Je me retrouve alors installée à une table, face à un Priam qui a ramené deux verres et une bouteille. Rien que ça ! « Ah ouais, carrément la bouteille toi ! T'es comme ça ! » J'aime bien le charrier mais j'ai l'impression d'avoir un peu perdu la main. Puis j'ai vingt ans de retard, faut que je me rattrape ! Il risque de se prendre encore plus d'une boutade avant la fin de cette soirée. « Bon alors. T'as foutu quoi en vingt ans l'ancêtre ? » Qu'est ce que je vous disais !

Ainsi attablée dans un bar avec une bouteille et des verres entre mon cousin et moi, je ne pouvais m'empêcher de le taquiner. Parce qu'il y allait directement avec la bouteille et parce que ça faisait bien vingt ans qu'on ne s'était pas vu. On avait tous les deux vieilli, même si ça se voyait beaucoup plus chez lui que chez moi. Personnellement, j'avais... Gagné en expérience si on peut le dire comme ça. Parce que je ne pouvais pas vraiment parler de vieillir dans mon cas, étant donné que j'étais presque aussi jeune que lorsqu'on s'était quitté avec Priam. Je roulais des yeux en riant quand il m'annonça qu'on était là pour picoler, non pour faire semblant. Bon, je sens que je vais avoir besoin d'alcool dans tout les cas parce qu'il s'apprête visiblement à me raconter une histoire avec pas mal de rebondissements. Je ne prends d'abord qu'une petite gorgée dans mon verre, il ne faudrait pas non plus que je finisse par rouler sous la table. Je ne suis pas fille de Bacchus et je n'ai pas non plus l'expérience de la beuverie que semble avoir le fils de Neptune. Oh ne vous y trompez pas, je ne suis pas une petite fille sage. Mais je l'ai tout de même trouvé en pleine rue avec un comportement un peu douteux. Il est clair que ce soir, il a déjà bu une bonne quantité d'alcool et je me demande clairement comment il fait pour en ingurgiter encore. Je hausse un sourcil quand il m'annonce avoir tenté la fac. « Genre, toi t'as tenté la fac. T'en avais clairement pas la tête quand je suis partie déjà ! »

J'écoute alors la suite de son récit sans broncher. La Mer des Monstres, rien que ça ? Enfin ça ne me surprenait pas vraiment qu'il soit parti en mer. Même s'il a fini ses années de Légion, il a toujours eu ce petit côté esprit libre. Son histoire le prouve, il n'a par exemple pas voulu reprendre les titres familiaux qui lui revenaient pourtant de droit. Sur ce coup, je ne pouvais que le comprendre. Sauf que moi, je n'avais pas eu le même genre de famille que lui. Nous étions deux opposés, deux enfants des Grands-Dieux. A la fois si semblables et si différents pourtant. Je ricane quand il parle des Cyclopes qu'il an renvoyé au Tartare. Je ne lui ferai pas l'affront de lui annoncer la liste des monstres qui ornent mon tableau de chasse. J'ai tout de même participé à la Chasse pendant quinze ans donc il est clair que je ne suis pas en reste face au Lancaster. Je prends une nouvelle gorgée dans mon verre, gorgée que je manque de lui recracher à la figure quand il m'annonce qu'il est devenu maitre d'armes et professeur à la fac en prime. J'avale de travers et me retrouve prise d'une quinte de toux. Il me faut une bonne minute pour me remettre et reprendre mon souffle. Ça fait mal, l'alcool qu'on avale de travers. Je vous jure ! » Tu te fous de moi ? Toi qui enseigne à des jeunes, j'y crois pas une seule seconde ! » J'avoue que je le charrie à moitié. Après tout, si Lupa lui a demandé de revenir c'est qu'il en a la carrure. Je me demande quand même ce que ça peut donner ses cours ou ses entrainements. « J'espère quand même pour tes élèves que t'arrive pas rond comme une barrique à chaque fois ! » Rieuse et un brin moqueuse, je lui tire alors gentiment la langue.