Alexis était comme parcourue par un courant électrique se propageant dans son corps par vague. Bientôt, il n’existait plus rien d’autre au monde qu’Erwin. Erwin, Erwin, Erwin. Elle ne sentait même plus son cœur battre alors qu’il avait redoublé de rythme. Ce baiser animait en elle un ouragan d’émotions qu’elle n’était pas en mesure de contrôler. Elle dévorait les lèvres d’Erwin, sa langue, sa peau, sa chaleur. Il la serrait encore plus fort contre elle alors qu’elle laissait courir ses doigts sur son dos, dans sa nuque, dans ses cheveux. Aurait-elle seulement assez d’une vie pour tout découvrir ?

Puis, il fallait reprendre son souffle. Alexis pouvait de nouveau entendre les battements de cœur qui tambourinait avec force dans sa poitrine. Elle pouvait sentir la chaleur qui brûlait chaque parcelle de sa peau. C’est ton genre de garçon, les idiots ? Alexis ne put s’empêcher de rire à cette phrase. Elle n’avait qu’un seul genre et c’était Erwin. Alors, pour répondre à sa question, elle se contenta de l’embrasser une nouvelle fois. Se lasserait-elle un jour de ses lèvres ? Probablement pas.

L’électricité qui parcourait le corps d’Alexis se changea lentement en une chaleur nouvelle, désireuse de bien plus que de simples baisers. Doucement, leurs corps se rapprochèrent d’une façon différente. Les doigts d’Erwin parcourant sa peau lui procuraient des vagues de plaisir inattendus. Elle ne voulait pas qu’il se contente de son dos. Elle voulait qu’il aille partout ailleurs, que ses doigts caressent chaque partie de son corps, que sa bouche embrasse absolument tout. Alexis n’aurait jamais cru ça possible, mais il fallait se rendre à l’évidence : elle brûlait de désir pour Erwin chaque seconde un peu plus.

De nouveau, il fallait reprendre sa respiration. À contre cœur, le baiser fut interrompu. Le temps semblait suspendu.

« Je t’aime. »

Comme un écho à sa propre voix, Erwin avait soufflé cette déclaration dans un souffle, en même temps qu’elle. Un frisson de plaisir parcourut le corps d’Alexis qui ne put s’empêcher de sourire. Son cœur avait changé de rythme, offrant des battements toujours rapides mais plus réguliers. Une vague d’apaisement l’enveloppa. Erwin l’aimait ! Le monde pouvait s’arrêter de tourner que rien n’aurait d’importance, tant qu’elle était avec Erwin. Elle aurait pu rater son année que ça ne l’aurait pas fait flancher, tant qu’elle était avec Erwin.

Même dans la pénombre, Alexis pouvait parfaitement distinguer les yeux d’Erwin. Eux, qui jusque-là brillaient, se retrouvaient maintenant teintés par une ombre. Alexis se mordit l’intérieur de la joue. Elle avait déjà vu ce regard des millions de fois. Erwin doutait, Erwin avait des questions, trop de questions. Son cerveau était son pire ennemi. Alors, délicatement, Alexis passa un doigt sur les lèvres d’Erwin.

« Vraiment.
‒ Vraiment ?
‒ Depuis trois ans.
‒ Depuis trois ans.
‒ Pourquoi tu me l'as jamais dit avant ?
‒ Peur que toutes tes approches soient des vannes.
‒ Je ne mens jamais, Erwin. »

Surtout pas à toi, Erwin. Alexis se mordit l’intérieur de la joue. Elle aurait aimé avoir les bons mots, les bonnes tournures de phrase. Elle avait envie de le rassurer plus que tout au monde. Elle avait envie de voir la confiance dans ses yeux, de voir qu’il se sentait bien avec lui-même. Si seulement il pouvait voir comment elle, elle le voyait. Si seulement il pouvait voir à travers ses yeux, pour se redécouvrir d’un point de vue extérieur. Si seulement il pouvait voir à quel point elle l’aimait, à quel point elle le trouvait intelligent, à quel point elle le trouvait drôle, à quel point il était beau, à quel point il comptait pour elle, à quel point personne d’autre au monde ne lui arrivait à la cheville.

Alexis sentit les mains d’Erwin se glisser avec un peu plus d’ardeur sur sa taille. Peut-être qu’elle avait réussi à le convaincre, au moins pour aujourd’hui. L’incendie se propagea de nouveau dans son corps alors qu’Erwin s’approcha d’elle, la dévorant du regard.

« Et quand tu parlais de la ‘vraie version’, tu ne mentais pas non plus ? »

Alexis fronça les sourcils pendant une seconde ou deux. De quoi parlait-il ? Inlassablement, il continuait d’attirer le corps d’Alexis toujours plus de lui, ravivant le brasier de désir qui brûlait en elle. Oh. Cette vraie version. Un sourire provocateur se dessina sur les lèvres d’Alexis alors qu’elle glissait ses doigts sous le t-shirt d’Erwin.

« Oh que non. »

Alexis remonta ses mains sur le visage d’Erwin pour l’attirer près du sien et l’embrassa avec passion. Lentement, elle se glissa au-dessus d’Erwin qui se redressa juste assez pour continuer de l’embrasser. Elle profita de cet instant pour retirer le t-shirt d’Erwin avant de reprendre les baisers avec plus d’ardeur encore. Visiblement boosté par le désir, ou par une nouvelle confiance en soi, Erwin ne laissa pas le temps à Alexis de profiter de spectacle et inversa les rôles. Rapidement, c’était Erwin qui était au-dessus d’Alexis en train de lui enlever le peu de vêtement qu’elle avait.

Alexis avait l’impression de redécouvrir son corps sous les baisers et caresses d’Erwin. Elle frémissait de plaisir à chacun de ses gestes et en demandait toujours plus. Ses mains à elle eurent vite fait de débarrasser Erwin du peu qu’il lui restait et elle se délecta de ce corps qu’elle prenait plaisir à découvrir. Les trois ans d’attente valait le coup songea-t-elle entre deux respirations. Néanmoins, ce n’est pas trois ans qu’elle allait attendre avant de recommencer. Tout au plus, trente minutes. Jamais elle ne se lasserait du corps d’Erwin.

***

Un rayon du soleil réveiller Alexis dans une caresse douloureuse. Elle grogna avant d’enfoncer sa tête sous son oreil… où était son oreiller ? Alexis se redressa difficilement. Quelle heure était-il ? Avait-elle dormi plus de deux heures ? Sa tête était si lourde. Ses yeux la piquaient. Son regard se posa sur Erwin qui dormait toujours et tout disparu. Erwin ! Comment avait-elle pu oublier, ne serait-ce que deux secondes, tout ce qu’il s’était passé ? Le rouge vint discrètement colorer ses joues. Il faisait chaud non ?

En évitant soigneusement de réveiller Erwin, Alexis tenta de sortir du lit. Elle attrapa le premier vêtement qu’elle trouvât, c’est-à-dire une robe tout simple, et l’enfila par principe. Elle chercha des yeux son téléphone mais ne vit que celui d’Erwin. Elle s’en saisit pour regarder l’heure. 10h02. Et 10 messages d’Andrew. Meh. Alexis reposa le téléphone et se dirigea vers la cuisine. Après avoir avalé un verre d’eau, elle retourna dans la chambre où Erwin, visiblement avare de place, s’était étalé dans tout le lit, ne laissant plus de place à Alexis pour se réinstaller. Elle choisit donc de s’assoir au pied du lit et prit un livre au hasard pour s’occuper. De temps en temps, elle lançait des regards en arrière et sentait son cœur fondre. Erwin était définitivement parfait.

"Oh que non."

Erwin frémit. Les mains d'Alexis se glissèrent hors de son t-shirt pour passer derrière sa tête. Elle l'attira vers lui et l'embrassa. Dans le corps d'Erwin, c'est une véritable explosion de sensations qui répondit à l'ardeur de ce baiser. Alexis glissa peu à peu au-dessus de lui, il refusa de lâcher ses lèvres une seule seconde. Appuyé sur un coude, il suivit le mouvement, puis finit par se redresser un peu plus. Ses mains pressées au creux des reins d'Alexis, il profitait de la moindre parcelle de peau qui lui était offerte.

Sans même s'en rendre compte, Erwin se retrouva déshabillé par Alexis. Il ne se fit pas prier pour l'imiter. Toute gêne oubliée, il renversa Alexis et se pressa contre elle, l'embrassant encore et toujours. Ses lèvres, sa joue, son cou, sa peau. Il entendait sa respiration de plus en plus rapide. Les battements de son coeur suivaient ce rythme qui s'accélérait. Couvrant Alexis de caresses toujours plus brûlantes. Il détacha finalement ses lèvres des siennes, il la regarda, les yeux brillant de tendresse et d'envie mêlées. Et il redécouvrit ces sensations qu'il avait oubliées.

°°°

Erwin mit du temps à s'endormir. Redressé sur son coude, il regardait Alexis dans l'obscurité qui s'atténuait peu à peu. Sa respiration régulière l'apaisait. D'un geste hésitant, il écarta une mèche de cheveux emmêlés qui barrait son visage endormi. Il tenta de remettre de l'ordre dans tout ce qui s'était passé. Il avait du mal à croire qu'il n'avait pas rêvé. Peut-être que sur les trois souvenirs qu'il avait, deux étaient des rêves ? Ou un seul ? Une petite voix au fond de lui lui soufflait la réponse. Aucun rêve, tout s'est réellement passé.

°°°

Lorsqu'il émergea d'un sommeil venu le happer d'un seul coup, Erwin eut d'abord du mal à reconnaître l'endroit où il se trouvait. Puis des images lui revinrent. Il sentit le moindre centimètre de son corps commencer à brûler. Il cligna trois fois des yeux et tourna la tête sur le côté. Il aperçut Alexis, dos à lui, la tête baissée. Le jeune homme se glissa lentement vers elle et passa ses bras autour de ses épaules. Il la sentit frémir, il sourit. L'infime parcelle de doute qui menaçait de s'agrandir dans sa tête disparut. Si elle n'avait pas voulu de lui, elle n'aurait pas retenté l'expérience à plusieurs reprises dans la nuit.

Timidement, Erwin embrassa le cou d'Alexis. Un baiser tout en légèreté, plein de douceur. Alexis tourna la tête et leurs regards se croisèrent. Cette fois, c'est sa bouche que les lèvres d'Erwin rencontrèrent. Alexis souriait. C'était une image qu'Erwin adorait. Il était si proche d'elle. Il la serra un peu plus dans ses bras, enfouissant son visage dans ses cheveux décoiffés. Ses yeux fatigués se fermèrent, il profita de ces images qui lui revenaient, de ces odeurs qui l'entouraient, de ces sentiments qui éclataient au fond de lui.

Les mots tournaient dans sa tête. Fallait-il dire quelque chose ? Risquer de briser ce moment si agréable ? Erwin garda le silence. Alexis tourna la tête vers lui et il l'attira alors dans le lit, près de lui. Elle posa le livre qu'elle tenait dans ses mains et se colla contre lui. Ils sourirent tous les deux. Alors ça faisait trois ans qu'Erwin ratait cette sensation de bonheur absolu ? Il effleura Alexis du bout des doigts, comme si le moindre contact risquait de la faire disparaître. Ses yeux étincelaient de bonheur et d'amour.

"Est-ce que tous les matins peuvent être aussi agréables qu'aujourd'hui ?"