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witching hour ☆ COLE
 :: À travers le monde :: L'espace-temps :: Univers alternatif
June Koldings
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witching hour ☆ COLE

Se réveiller. Prier. Courir. Survivre. Recommencer.

Ce matin ne faisait pas exception à cette rengaine incessante qu’était devenue la vie de June. La jeune fille ouvrit les yeux, perchée sur son arbre, alors que les rayons du soleil chatouillaient à peine l’horizon. Elle récita une prière silencieuse à Hécate, celle qui l’avait encore une fois protégée pendant cette nuit d’hiver, puis détacha les cordes qui la maintenaient à la branche sur laquelle elle s’était endormie.

June ne mit que quelques secondes à refaire son sac. Après tout, elle n’avait pas grand-chose sur elle. Une corde. Une cape. Une fleur séchée. Un collier avec une pierre au milieu. Tout ce qui lui restait de son ancienne vie, de la communauté dans laquelle elle avait grandi, de sa famille qui lui avait été enlevée.

Vingt-et-un jours et trente-six heures.

Vingt-et-un jours et trente-six heures que June était orpheline. Sa famille lui avait été arrachée en même temps qu’une partie de son cœur, de son âme. Depuis, elle parcourait les terres d’Écosse avec un seul objectif : celui de la vengeance. Malheureusement, perdue dans ce monde trop vaste pour elle, elle n’avait pas encore réussi à s’organiser. Elle avait d’abord besoin de comprendre ce qui l’entourait. Petite, elle avait été protégée du monde extérieur. Elle n’était jamais sortie au-delà des limites de sa communauté, respectant le choix des Anciennes. Maintenant, elle n’avait plus le choix. Elle n’avait pas été préparée pour ce qui allait suivre, mais elle le serait bien assez tôt.

June tendit l’oreille. Elle savait que certaines personnes la traquaient encore. Que ce soit pour ses origines ou parce qu’elle avait été aperçue en train de voler une miche de pain dans le village d’à côté. Personne n’aimait les voleuses. Personne n’aimait les orphelines. Mais, surtout, personne n’aimait les Sorcières.

Une fois certaine que personne n’était dans les parages, la jeune fille descendit de son perchoir. Ses pieds, aussi silencieux que ceux d’un chat, se posèrent sur le sol sans aucune difficulté. June n’avait jamais quitté sa communauté avant sa disparition mais elle avait toujours été éduquée pour fuir des potentiels chasseurs. Agilité et rapidité étaient ses maître-mots. Ils lui permettaient de se glisser dans les ombres, de chaparder sans se faire – trop – remarquer et de fuir à la moindre occasion. Ses traces étaient invisibles pour les simples d’esprit. Les plus coriaces, les chasseurs, eux, étaient un peu plus compliqués à fuir. Mais June n’en était pas à sa première journée de fugitive. Elle avait autant appris d’eux qu’ils avaient appris d’elle.

***


June se glissa derrière un arbre, juste à l’entrée du village. Elle laissa courir ses doigts derrière l’écorce de l’arbre jusqu’à y rencontrer ses racines… puis un petit sac mou. Un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres alors qu’elle extirpa un nouveau sac d’une cachette à peine visible à l’œil nu. De là, June y extirpa une coiffe blonde qu’elle n’eut aucune difficulté à placer sur sa chevelure brune pour la dissimuler. Puis, comme si de rien n’était, elle enfila sa cape émeraude et se mêla à la foule qui arrivait lentement pour visiter le marché.

Les jours de marché étaient les préférés de June. Il y avait tellement de monde qu’elle pouvait voler tout ce qu’elle voulait. Sa cape possédait un nombre infini de poches et plusieurs objets de valeur pouvaient s’y glisser sans problème. Néanmoins, June n’était une voleuse que pour sa propre survie. Il n’y avait aucun intérêt pour elle à prendre des bijoux. Elle se contentait de pommes, de pains, de quelques victuailles sans importance – sauf quand il fallait faire tourner en bourrique les chasseurs.

Après avoir passé presque deux heures à déambuler dans le marché, June quitta le village. Elle continua de suivre un sentier jusqu’à que celui-ci se fasse de plus en plus discret. Poussée par sa curiosité, la jeune fille continua son avancée et se retrouva rapidement devant une maisonnette qui semblait presque abandonnée, noyée sous une végétation luxuriante. Elle fit le tour de la propriété et ne remarqua personne. Pas âme qui vive. Par contre, il y avait un petit ruisseau qui coulait non loin de là et June décida de s’y installer pour manger. Elle se dissimula néanmoins dans l’ombre de la bâtisse afin de pouvoir prévenir d’un quelconque danger, puis sortit une pomme de sa poche pour croquer dedans. Un vent frais vint emmêler ses faux cheveux blonds et June soupira de plaisir lorsque le goût acide de la pomme se répandit dans sa bouche.


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    Re: witching hour ☆ COLE

    Cole attendait dans le couloir. Il était, lui avait-on dit, convoqué par son père. Lord Borthwick était rarement au château, il avait plus tendance à passer son temps à la chasse, auprès des divers nobles qui constituaient son entourage, ou encore avec des filles de joie. Il le lui avait dit la dernière fois qu'il l'avait vu, si je te reprends à faire encore des pitreries avec ces paysans, tu seras expédié au monastère.. Mais le jeune garçon n'avait aucune envie ni de renoncer à ses amis, les seuls qui pouvaient bien le comprendre malgré son mutisme permanent, ni de devenir moine, et encore moins de renoncer à sa magie.

    Car Cole était l'œuvre d'un démon, il en avait conscience. Satan lui-même devait sûrement l'avoir confectionné. Personne en ce monde n'était censé avoir ce genre de pouvoirs : sentir la mort arriver était une bien cruelle capacité, pour lui qui était plus proche de ses aïeuls que des enfants de son âge. Il adorait les histoires des anciens, les récits héroïques de la guerre, les anecdotes plaisantes sur l'amour, les histoires inventées de toutes pièces pour le faire rire ne serait-ce qu'un peu. Et quand bien même il aurait préféré la compagnie des jeunes à celle des plus vieux, il n'y avait pas plus grand malheur que celui de voir un proche emporté par la vieillesse ou la maladie. Ça, Cole le sentait à chaque fois, et, à son grand désarroi, ça lui était arrivé plusieurs fois déjà.

    Mais il n'avait pas pu se retenir, pas quand on lui avait proposé un bout de tarte aux pommes avec une gentillesse qu'il n'avait jamais vraiment trouvé ailleurs qu'avec les anciens. Cole n'était pas malheureux, mais il n'était pas heureux non plus. Il s'ennuyait, la plupart du temps. Ses rares escapades lui valaient souvent d'être tiré par l'oreille en se faisant incendier par la servante qui avait pris l'habitude de le suivre presque partout. Quand il arrivait à la semer, il se retrouvait avec ses deux amis, Alexander et Margaret dans les bois, où alors il allait simplement respirer loin des courbettes et des révérences que l'on attendait de lui.

    Cette fois Marie, la servante, l'avait retrouvé avant qu'il ne puisse sortir du château de Borthwick. Furieuse, elle avait immédiatement fait prévenir le Lord, qui avait donc souhaité recevoir son fils dans son officine. Alors Cole attendait patiemment. Il savait que son père n'aurait pas la force de l'envoyer au monastère. Enfin, il le croyait. La porte s'ouvrit soudainement pour laisser place à un homme imposant. Si Lord Borthwick avait de la prestance, il en était tout autre de son fils, qui se faisait tout petit face à son air sévère. Finalement, il entra dans la pièce et se laissa choir sur la chaise en bois face au bureau tandis que son père s'asseyait à sa place. Il acquiesça en silence lorsqu'il entendit tu partiras dans quatre semaines.

    Cole aurait voulu pleurer. Mais aucun sanglot ne sortit de sa gorge, et il se fit raccompagner par Marie qui, bien qu'un peu désolée pour lui, le sermonnait encore selon l'idée qu'il l'avait bien mérité. Ça, c'était certain, Cole ne l'oublierait jamais. Mais il était trop tard désormais. Il ne pourrait plus jamais, une fois le délai écoulé, revoir ses amis, ses anciens, ses plantes. Ses chères plantes. Les seules qui lui apportaient un peu de réconfort lorsque la sensation étouffante de la mort approchait, encore, pour venir l'envelopper. Il ne l'avait jamais montré à personne, ce talent. Il l'avait gardé pour lui, toujours, jugeant qu'il était plus prudent de garder cela secret, presque sacré. C'était là bien la seule chose acceptable que Satan lui eût légué, s'il était bien une créature façonnée par ses mains.

    Cole pouvait à sa guise façonner les plantes. Les faire croître, pousser, grandir selon son bon désir. S'il voulait que les pétales des fleurs prennent une couleur particulière durant leur croissance, elles le faisaient. S'il voulait qu'elles restent naturelles, elles le faisaient. S'il voulait qu'elles fanent, elles le faisaient. Les plantes lui obéissaient, tout simplement. Et garder cela secret était aussi un défi dans la vie de tous les jours. Ne pas se mettre en colère, où la nature autour de lui prendrait le dessus. Ne pas perdre pied lorsqu'il était dans la cour du château. Résister à l'envie de faire pousser les légumes et céréales lors de l'hiver pour satisfaire tous les estomacs vides du domaine du château.

    Non, Cole n'avait pas une fureur explosive, mais dans ce moment difficile, il lui était ardu de résister à l'envie de tout lâcher. Alors, quand la nuit vint enfin, il s'endormit, jusqu'au matin, et à l'aube, il se faufila hors de sa chambre pour aller se promener. Rien de bien méchant, aujourd'hui était jour de marché. Il ne croiserait personne qui le connaissait, à part peut-être le boulanger, et rentrerait sans faire d'histoire. Et puis de toute façon, qui le punirait encore plus qu'il ne l'était déjà ? Il était condamné au monastère.

    Le cœur lourd, Cole se glissa loin des regards, et marcha jusqu'au hameau voisin. Passant entre les paysans et les éleveurs de bétails, les marchands et artisans qui s'activaient à installer leurs étales de fruits, légumes, pain, œufs, viande, ou fourrure, il attendit que tout soit installé pour se promener parmi les tables et échangea une pomme contre une pièce d'argent, au moment où une main agile entreprenait de chaparder une pomme à son tour. Cole n'y prêta pas attention. Il se dirigea, son bien en main, vers la boulangerie pour acheter une demie-miche de pain, qu'il glissa dans la poche de son manteau avant de prendre le chemin du retour. Mais il était bien loin d'avoir l'envie de rentrer.

    Alors il emprunta son sentier habituel, là où il avait l'habitude d'aller pour rester tranquille avec ses pensées, là où il pouvait user et abuser de ses pouvoirs, tant que ça ne dérangeait personne. Au bout du sentier, il y avait un ruisseau. Et pas très loin de ce ruisseau, il y avait une maison abandonnée depuis longtemps. Maison qu'il avait entreprit d'ensevelir sous le lierre et les fleurs, en hommage à son ancien propriétaire. L'ancien, Robert MacFarlane, avait été un véritable ami pour Cole. Il était mort de vieillesse, comblé et accompagné. Il n'avait que des bons souvenirs d'ici et c'est avec une joie presque palpable qu'il suivit le sentier tout en croquant dans sa pomme.

    Arrivant enfin silencieusement, comme toujours, aux abords de la maison, Cole effleura le lierre du bout des doigts. Il avait envie de tout laisser sortir. Mais qui sait ce qu'il était bien capable de faire avec la tristesse au creux de ventre ? Il ne savait pas, alors il laissa tomber l'idée et… Un craquement de branche sur laquelle on marche. Des pas précipités. Cole se retourna pour faire face à une jeune fille d'environ son âge, qui portait vraisemblablement une perruque blonde, avec des yeux à la couleur indescriptible. Elle était fine, peut-être trop pour une gamine de son âge, elle avait l'air effrayée, et Cole ne pouvait rien dire pour la rassurer. C'était dans ces moments-là qu'il se maudissait d'être muet. De plus, il n'avait rien pris pour noter où dessiner, si elle ne savait pas lire.

    Alors il recula d'un pas, ouvrant les mains devant lui pour lui montrer qu'elle n'avait rien à craindre.
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    Re: witching hour ☆ COLE

    Un craquement de branche.

    June se redressa immédiatement, tous les sens en alerte. Sa pomme glissa par terre avant de tomber lamentablement dans le ruisseau devant ses pieds. Le cœur battant, June récupéra son sac à dos, prête à quitter immédiatement ce lieu. On l’avait retrouvée. On l’avait retrouvée. Le cœur battant, June eu bien du mal à contenir la panique qui la submergeait. Comment avait-elle pu se laisser berner aussi facilement ?! Évidemment que cette maison abandonnée noyée dans la végétation était un piège ! Un piège dressé pour elle dans lequel elle avait sauté à pieds joints.

    June n’eut même pas le temps de faire trois mètres qu’une silhouette se retrouva sur son chemin. Pendant un instant, la jeune fille resta immobile. Il n’y avait rien d’intimidant chez le garçon qui se dessinait devant ses yeux. Ils devaient faire la même taille pour un âge similaire. De nouveau, elle se détesta. Elle porta la main à sa hanche où une dague s’y trouvait. Le garçon leva les mains au même moment, comme pour indiquer qu’il venait en paix. June hésita. Elle sortit néanmoins sa dague de son fourreau et la pointa en direction de l’inconnu. June n’était peut-être pas une as du couteau mais elle n’hésitera pas à en faire usage si l’inconnu se montrait être dangereux.

    « Qui es… »

    Un frisson remonta le long de l’échine de June. Tous ses poils se dressèrent. Son cœur redoubla ses battements. Son sang battait si fort dans ses temps qu’elle en fut déséquilibrée pendant un instant. Elle resserra néanmoins sa prise autour de la dague. Elle avait été suivie. Ils arrivaient. Elle n’avait pas besoin de les voir pour le savoir. Leur aura destructrice lui parvenait sans difficulté.

    June était prête à fuir, à partir à l’instant, abandonnant le garçon sans un regard pour lui. Mais un doute subsistait. Les chasseurs n’étaient pas connus pour leur tendresse. S’ils ne trouvaient pas June, ils s’en prendraient à lui. Il l’avait vue. Ils le sauraient. June hésita un instant. Peut-être que le garçon était avec eux. Peut-être qu’il faisait parti du piège.

    Néanmoins.

    Néanmoins, est-ce que June serait prête à sacrifier la vie d’un possible innocent ? Cela allait à l’encontre de tout ce qu’on lui avait enseigné. Malgré la mort de sa famille. Malgré son cœur qui avait été piétiné. Malgré tout, June ne pouvait s’abaisser au même niveau que les monstres qui la pourchassaient.

    Rapide comme l’éclair, June rangea son poignard et se saisit du bras du jeune garçon. Elle le traîna sans le ménager et se glissa dans une espèce de trou entre la maison et le ruisseau qui devait servir de garde-manger à son ancien propriétaire. Avec toute la végétation autour, ils seraient probablement invisibles. Par réflexe, June cala sa main sur la bouche de l’inconnu et fronça les sourcils. Au même moment, une botte se posa juste devant leur nez.

    La peur glaça le sang de June. Elle était complètement pétrifiée. Depuis leur cachette, elle ne pouvait voir aucun visage et c’était tant mieux. Les rumeurs racontaient que voir le visage d’un chasseur, c’était signer son arrêt de mort. June était en apnée.

    Une minute. Deux minutes. Trois minutes. June n’entendait que deux choses : son propre cœur et les pas des chasseurs autour de leur cachette improvisée. Enfin, une voix tonitruante perça le silence :

    « Elle était là. »

    June n’avait pas besoin de voir pour savoir. L’un d’eux avait trouvé sa pomme. June avait l’impression de suffoquer. Elle serra instinctivement plus fort sa main contre la bouche de l’inconnu. Survivre. Il fallait survivre. Survivre jusqu’à la prochaine étape. Survivre jusqu’au moment où elle serait assez forte pour leur faire face. Pas maintenant. Elle en comptait six. Six de trop. Il fallait survivre.


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      Re: witching hour ☆ COLE

      Les mains devant lui, Cole attendait. La jeune fille avait l'air réellement paniquée. Elle sembla hésiter un instant, la main sur la hanche, puis dégaina une dague, qu'elle pointa sur lui. Surpris, il resta immobile, le souffle écourté par la peur. Qui était-elle donc pour pointer une arme sur lui, la terreur dans les yeux ? Qu'avait-elle fait qui méritait tant de peur ?

      "Qui es…"

      Elle tangua sur place, puis se reprit, resserrant ses doigts autour du manche de sa dague, toujours pointée sur lui. Décidément… Toujours immobilisé par la peur, Cole ne bougeait pas. Il attendait qu'elle daigne baisser son arme. Puis doucement, l'aura de la mort s'approcha de lui. La faucheuse semblait se rapprocher de plus en plus de cette fille. Et elle semblait l'avoir senti également. Elle hésita, le regard confus, les yeux remplis d'une émotion indescriptible. Elle tremblait, comme si elle savait que son heure était venue.

      Puis brutalement, elle rangea son arme dans son fourreau et l'entraîna par le bras avec la sauvagerie du désespoir. Dérouté, Cole se laissa faire et se fit traîner dans ce qui avait servi à Robert de garde-manger. Ainsi sous terre et recouverts par la végétation que Cole avait fait pousser, l'aura de la mort sembla se dissiper un peu. La jeune fille déposa sans aucune douceur sa main contre sa bouche en fronçant les sourcils. Et une botte se posa sous leurs yeux effrayés. Elle ne respirait plus. Lui non plus.

      Des bruits de pas qui s'agitaient dans tous les sens, le simple bruit de son cœur qui tambourinait contre sa poitrine, le poids des secondes qui s'écoulaient. Cole avait compris qu'elle était recherchée. Qu'elle se cachait. Qu'elle fuyait. Son cœur se serra dans sa poitrine. Qui était-elle donc pour fuir de la sorte, à son âge ? Qui était-elle pour se faire rechercher par pas moins de cinq ou six hommes adultes ? Qui était-elle pour…

      "Elle était là."

      La lumière du jour perçait à travers les plantes, éclairant faiblement le visage de la fille. S'ils étaient découverts, ils étaient tous les deux morts. Cole le savait, Cole le sentait. La faucheuse était là, toute proche, trop proche. La main pressa plus fort sur sa bouche. Il se dégagea sans un bruit, et fit agita sa main sous sa gorge pour lui faire comprendre qu'il ne parlerait pas. Il était terrifié, mais se déplaça silencieusement, juste assez pour vérifier que les chasseurs ne regardaient pas dans leur direction. Ils étaient tous réunis près du ruisseau et marmonnaient à voix basse. Cole fit la seule chose qui lui restait à faire pour les dissimuler un peu mieux. Il effleura le lierre du bout des doigts et celui-ci s'épaissit un peu plus, lentement, sans bruit.

      Il pouvait sentir le regard de la fille sur lui, tétanisée de peur. Mais il n'avait pas le choix. Pour la première fois, il avait montré son pouvoir à quelqu'un d'autre que lui. Il ne savait juste pas encore si c'était une bonne idée. Aussitôt plongés dans l'obscurité, il regagna sa place dans le silence le plus complet. Ils attendirent tous les deux, puis les bruits de pas se firent entendre à nouveau. Agités, les hommes passaient devant leur cachette sans les remarquer. Puis l'un deux, peut-être le même que tout à l'heure, lança :

      "Elle n'a pu fuir que par-là. Elle n'est plus très loin, elle ne nous échappera pas cette fois."

      Cole pouvait presque l'entendre sourire. Un sourire qui faisait froid dans le dos. Les bruits de pas s'éloignèrent, il ne restait que Cole et l'inconnue, terrés dans leur trou comme du gibier que l'on chasse. Sa main trouva la sienne, et la pressa un court instant avant de la relâcher. Ils attendirent longtemps, sans un mot, peut-être une demi-heure, peut-être une heure, peut-être deux. Cole avait perdu la notion du temps. Mais il poussa un soupir de soulagement en constatant que la présence singulière de la mort s'était dissipée.
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      Re: witching hour ☆ COLE

      June ne savait pas ce qui était le plus bruyant. Les bottes qui piétinaient autour de leur cachette improvisée ou son cœur qui menaçait de s’arracher de sa poitrine tant la peur la submergeait. June était complètement paralysée par cette terreur. Chaque bruissement de botte lui arrachait une douleur aigue dans la poitrine. Ils allaient finir par être découverts, ils allaient finir pas être découverts, ils allaient finir par être découverts. Si June avait pu voir ce trou, les chasseurs le trouveraient à leur tour. June avait été si stupide, si stupide de se cacher plutôt que de fuir. Et pourquoi au juste ? Pour un parfait inconnu. Si elle mourait maintenant, son clan aurait été décimé pour rien. Cette idée terrorisait June encore plus qu’elle ne l’était déjà.

      Le garçon à ses côtés remua. June était pétrifiée. Elle le regarda repousser sa main. Elle le regarda pointer sa propre gorge. Elle le regarda s’approcher discrètement de la sortie de leur cachette. June pouvait presque sentir les larmes venir lui piquer les yeux. Alors elle avait eu raison ! Le garçon était un traitre ! Il était avec eux ! Il allait sortir de sa cachette et indiquer à tout le monde où elle était. June était foutue. Foutue, foutue, foutue. Évidemment, elle pouvait toujours sortir sa dague de son fourreau et lui planter dans le cœur dès qu’il bougerait mais June n’avait jamais tué d’être humain. Elle sentait au fond d’elle-même qu’elle ne le pourrait pas, même si sa vie en dépendait. June se détestait.

      Pourtant, alors que la sorcière s’attendait à une trahison de la part du garçon, ce dernier se recula légèrement. D’un mouvement fluide de la main, il toucha le lierre qui… se mit à grandir. La stupéfaction, pendant un instant, pris le dessus sur la peur. Est-ce que les plantes étaient en train de la protéger ? De les protéger ? June pria silencieusement Diane, la déesse lunaire de la nature. Était-ce sa protection qu’elle recevait à l’instant ?

      Le garçon recula et le lierre cessa de pousser. Alors, June comprit. Elle comprit que ce qu’elle venait de voir n’était pas l’œuvre des dieux – en tout cas, pas directement. Le garçon avait-il reçu la bénédiction d’une divinité ? June avait envie de lui poser un million de questions mais le mouvement des bottes autour d’eux n’avait pas disparu. La peur reprit alors possession du corps de June qui se terra un peu plus dans son trou, suffoquant silencieusement. Les allers et venus au niveau de leur cachette, s’ils n’étaient pas si effrayants, avaient quelque chose de ridiculement drôle. Ils ne la voyaient pas. Ils ne la voyaient vraiment pas. Comme un écho à ses pensées, l’un des chasseurs gronda :

      « Elle n'a pu fuir que par-là. Elle n'est plus très loin, elle ne nous échappera pas cette fois. »

      Un frisson glacial parcourut le corps de June qui se liquéfia de peur. Même la pointe de soulagement ne suffisait à la calmer. Son cœur, finalement, s’était presque arrêté de battre. June tremblait de tout son être. Comment faisaient-ils pour ne pas la voir ? June avait presque envie de sortir de sa cachette, là, maintenant, afin de faire cesser cette lente agonie qui l’enveloppait. Au moins, si les chasseurs la voyaient, elle n’aurait plus les griffes de la Mort autour d’elle. Elle serait juste morte.

      Une éternité passa. Les chasseurs étaient partis. June pouvait le sentir. Pourtant, elle n’osait toujours pas respirer. La main du garçon était toujours proche de la sienne mais bien que son contact fût rassurant, June n’osait pas bouger. Combien de temps restèrent-ils immobiles, terrés comme des lapins, dans un garde-manger désert ? Une heure ? Deux heures ? June ne comptait plus. June ne respirait plus.

      Jusqu’au moment où l’inconnu poussa un soupir de soulagement. La voie était libre. June le regarda s’extirper de leur trou, toujours silencieusement. June y resta un instant de plus. Elle prit une énorme inspiration suivie par une longue expiration, avant de daigner sortir à son tour. Son corps continuait de trembler mais June arrivait plus ou moins à le contrôler.

      Instinctivement, la jeune fille regarda partout autour d’elle. Elle ne flairait plus aucun danger, mais être à la vue de tous dans cette clairière la tétanisait. Et s’ils faisaient demi-tour ? Et s’ils revenaient chercher d’autres indices ? Un horrible effroi la paralysa l’espace de quelques instants avant qu’elle ne reprenne le contrôle. Avec prudence, June se dirigea vers la maison abandonnée. Les chasseurs avaient fait sauter le verrou et la porte était grand ouvert. June se glissa à l’intérieur de la bâtisse, à l’abri des regards.

      Le jeune homme, visiblement, la suivait. June ne fit aucun commentaire. Elle se laissa simplement choir entre deux meubles, profitant de cette quiétude pour laisser échapper un sanglot douloureux. Cela ne dura que quelques secondes, son corps profitant de cette accalmie pour évacuer la pression. Quant au garçon, il s’était tout simplement installé dans une chaise près de la table, à quelques mètres de June. Cette dernière frotta ses yeux puis se redressa. Elle prit une chaise au hasard et se mit à califourchon dessus, le dossier contre sa poitrine. Sa perruque, dans le mouvement, venait de tomber. Les faux-semblants ne servaient, pour l’instant, plus à rien.

      June planta un regard d’acier dans les yeux du garçon. Elle avait une multitude de questions qui lui brûlait les lèvres à commencer par sa capacité à influencer la pousse des plantes. Néanmoins, elle se contenta que d’une seule phrase, qui s’échappait de ses lèvres avec une froideur à glacer le sang :

      « Qui es-tu ? »


      witching hour ☆ COLE O5qt
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        Re: witching hour ☆ COLE

        Cole décida finalement de dégager la voie. Il écarta la lierre du bout des doigts pour s'assurer que le passage était libre, que personne n'était encore là, puis creusa un passage dans la végétation avant de sortir. Il se retourna pour regarder l'inconnue, qui se contentait d'essayer de respirer, avant de lui emboiter le pas. De toute façon, elle n'avait pas le choix, elle ne pouvait pas rester indéfiniment dans ce trou si elle voulait survivre.

        Comme une bête traquée, elle observa les alentours sans faire de bruit. Cole avait toujours un peu peur. À vrai dire, il était encore tétanisé, et il tremblait de tout son corps. Des chasseurs. Pourquoi en avaient-ils après elle ? Qu'avait-elle fait qui méritait de se faire chasser de la sorte ? Tant de questions, et pourtant, aucune réponse n'était prête à venir. Il continuait de la scruter, curieux de la connaître. Au moins son nom. Mais aucun son ne franchit ses lèvres.

        L'inconnue avait fini de regarder autour d'elle, et après un instant à trembler sur place, elle se décida à aller se mettre à l'abris. Les chasseurs avaient défoncé le verrou de la porte de la maison de Robert, et Cole ne put retenir un soupir. Il était en colère. Traquer une gamine, et souiller la maison de son ami ? C'était indécent. Cole ne comprenait pas. Il se contenta de la suivre, silencieusement, à l'intérieur de la bâtisse, puis il s'installa sur la chaise qu'il avait l'habitude de prendre à chaque fois qu'il venait voir le vieux MacFarlane.

        Il ne quittait pas des yeux la fille qui, à défaut d'être encore terrorisée, semblait maintenant en proie au désespoir. Elle laissa échapper un sanglot de sa gorge, et pleura un peu. Il ne pouvait pas imaginer l'enfer qu'elle traversait pour être dans un pareil état. Il hésitait à s'approcher d'elle, mais n'en fit rien. C'était son choix de s'ouvrir à lui. Elle se frotta les yeux puis se releva, attrapant une chaise et s'assit dessus à califourchon, appuyée contre le dossier. Son regard était dur comme de la pierre désormais, rien à voir avec ce que le garçon avait cru déceler en elle quelques minutes auparavant. Toute peur s'était évaporée de ses yeux, ne laissant plus qu'une pluie d'éclairs.

        "Qui es-tu ?"

        Son ton était froid et tranchant comme une lame bien affûtée. Le sang de Cole ne fit qu'un tour dans ses veines. Sa voix n'invitait aucunement à une conversation chaleureuse entre deux personnes qui venaient de vivre un moment relativement important. Non, rien de tout cela. Elle exigeait une réponse. Mais Cole demeurait muet. Silencieux, il planta son regard dans le sien. Le vieux Robert savait lire, mais pas écrire. Cole le lui avait bien proposé, de lui apprendre, mais il avait toujours refusé en ronchonnant, prétextant qu'il était trop vieux pour ça. Dans cette maison, il n'y avait aucun parchemin, ni aucune plume, ni aucun bocal d'encre pour l'aider à se faire comprendre, à supposer qu'elle sache lire.

        Il soupira longuement avant de se lever. Il devait trouver un moyen pour qu'elle comprenne qui il était. Encore une fois, il répéta le signe qu'il lui avait fait dans le garde-manger vide. Un simple geste au niveau de la gorge, qui voulait dire qu'il ne pouvait pas parler. Puis il se leva, et chercha un meuble avec suffisamment de poussière dessus pour lui permettre de tracer son prénom, et le blason familial dedans. Une fois cela fait, il invita la jeune fille qui n'avait pas détaché son regard de lui une seule seconde, à le rejoindre. Elle lorgna le dessin et les quelques lettres tracées dans la poussière du coin de l'œil.

        Puis il pointa l'index vers elle, comme pour lui demander et toi ?
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        Re: witching hour ☆ COLE

        Le garçon restait muet. June aurait pu en pleurer de frustration. Pourquoi n’avait-elle droit qu’à son silence ? Est-ce qu’elle était à ce point misérable en tant qu’être humain pour ne pas mériter aucune réponse claire ? Peut-être qu’il savait qui elle était. Peut-être qu’elle avait un signe distinctif malgré tout. Ses cheveux noirs, ses yeux perçants, sa peau pâle. Peut-être possédait-il d’autres pouvoirs. Peut-être qu’il pouvait voir son aura, son âme, et percevoir le dessein horrible que lui réservait son avenir. Ou alors, peut-être était-ce un peu tout ça. Dans tous les cas, le silence demeurait.

        Il y avait quelque chose dans son regard, quelque chose d’innocent malgré tout. June avait envie de voir le mal partout, avait envie de percevoir un potentiel traitre sous ces traits. Elle avait besoin de se sentir seule face au monde pour justifier tout ce qu’elle avait vécu jusque-là. Pourtant, dans les yeux qui la fixaient, June voyait autre chose. Elle voyait de la souffrance, de la tristesse mais également de la détermination. June pouvait sentir son cœur qui s’accélérait sans qu’elle n’en comprenne tout à fait l’origine. Ce n’était ni totalement de la frustration face à ce silence, ni vraiment de l’excitation face aux mystères qui entouraient le jeune garçon. Il y avait autre chose. Peut-être que, finalement, la solitude lui pesait plus qu’elle ne l’aurait cru.

        Finalement, le garçon se leva après avoir soupiré. June avait envie de le retenir, de le faire se rassoir. Elle avait besoin de ce contact humain plus qu’elle ne l’aurait cru. Elle avait besoin d’entendre sa voix, d’entendre son nom, de tout savoir de lui. Ses mains se firent à trembler alors qu’elle s’empêcher de bouger. Si l’inconnu voulait partir, qui était-elle pour le retenir ? De toute façon, elle n’avait besoin de personne. Des contacts humains, elle en avait lorsqu’elle foulait les marchés pour voler et se renseigner. Un parfait inconnu qui faisait pousser du lierre ne lui apporterait rien de plus, rien de moins.

        L’inconnu, au lieu de quitter les lieux, sembla chercher quelque chose autour de lui. Le silence devenait pesant pour la jeune fille qui commençait à sentir sa patience la quitter. Pourtant, lorsqu’il la regarda pour porter la main à sa gorge, June resta silencieuse. Elle ne hurla pas. Elle ne le menaça pas. Elle ne bougea pas. Elle le regarda se mouvoir dans cette maison comme s’il la connaissait par cœur. June le suivait toujours du regard lorsqu’il s’arrêta devant un meuble pour y faire glisser son doigt. L’impatience continuait de faire trembler le corps de la Sorcière mais elle ne bougea pas jusqu’au moment où il lui fit signe de s’approcher.

        June se leva sans se précipiter. Elle observa la posture du garçon, elle observa ses gestes. Il n’y avait aucune menace. Aucune agression. Lorsqu’elle fut assez proche du meuble pour y voir les lignes qu’il y avait dessiné, June comprit. Elle comprit que le garçon était muet. Elle comprit que s’il ne parlait pas, ce n’était pas par choix mais par obligation. Il ne pouvait tout simplement pas. June comprit également une chose : elle ne saurait jamais d’où il venait, ni qui il était.

        June ne savait pas lire.
        Le dessin à côté des lettres était inconnu.

        Lorsqu’elle reporta son attention sur le jeune homme, elle essaya tant bien que mal de dissimuler sa frustration. Cette fois, elle n’était pas dirigée contre le garçon mais contre elle-même. Elle n’avait jamais appris à lire. Les traditions de son clan étaient orales. Il n’y avait aucun livre, aucun grimoire, aucun socle de lecture. Tout se passait par la voix, par la mémoire. June portait seule le poids de son passé.

        L’index pointé vers elle, l’inconnu semblait retourner la question à June. Contrairement à elle, l’inconnu n’était ni agressif, ni menaçant. Il était doux, presque bienveillant. Une petite voix derrière la tête de June continuait de lui répéter que tout cela était un piège. Pourquoi serait-il gentil avec elle ? Pourquoi quiconque serait gentil avec elle ? Elle était l’ennemi pour la plupart des gens de ces terres. June aurait dû fuir maintenant. Elle aurait dû partir sans demander son reste. Que pouvait-elle espérer de la part d’un muet ? Soit ils restaient ensemble jusqu’à la fin des temps et ils mouraient tous les deux ; soit elle l’abandonnait rapidement et il en saurait trop pour rester en vie. Dans tous les cas, le garçon s’était condamné à la seconde où il avait croisé son regard.

        « June. »

        Le son de sa propre voix la surpris et fit taire toutes celles qui bataillaient dans son esprit. June se mordit la lèvre. Son honnêteté venait de sceller à tout jamais la vie de ce garçon. S’il avait eu une seule chance de s’en sortir, il n’en avait plus maintenant. June secoua la tête et tenta de retrouver une attitude froide et distante.

        « Tu devrais partir. Fuir. Ne parle… June fronça le nez, agacée par elle-même. Ne mentionne jamais ce que tu as vu aujourd’hui. Ni moi. Ni eux. »

        Un frisson remonta l’échine de June à la simple mention des chasseurs. Instinctivement, elle croisa ses bras sur sa poitrine, comme pour se protéger d’un froid invisible. Dans un murmure, détournant son attention du garçon, elle ajouta :

        « C’est pour ta propre survie. Personne ne doit vivre comme moi. »

        Comme une fugitive.


        witching hour ☆ COLE O5qt
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          Re: witching hour ☆ COLE

          Cole attendait. La fille semblait en proie à une détresse à en broyer le cœur, et il se sentit triste pour elle. Elle semblait en colère, aussi. En colère contre lui, peut-être ? Le ton de sa voix dans son questionnement était dur et froid lorsqu'elle lui avait demandé qui il était. Elle regarda ce qu'il avait tracé dans la poussière, puis elle redirigea son regard vers lui. La colère froide avait laissé place à quelque chose d'autre. Il en déduit qu'elle ne savait pas lire. Cole s'en sentit frustré, sans trop savoir pourquoi. Elle avait beau vouloir savoir, elle ne saurait donc rien de lui… Son index toujours pointé vers elle, avec une pointe de tristesse dans les yeux, il attendait encore. Puis, enfin, elle murmura :

          "June."

          Elle se mordit la lèvre aussitôt, comme si elle avait fait quelque chose de mal. Elle secoua la tête, sûrement dans l'espoir de chasser de bien sombres pensées, puis reprit d'un ton qui se voulait froid, mais tout chez elle trahissait la détresse, encore une fois.

          "Tu devrais partir. Fuir. Ne parle… June plissa le nez et s'interrompit. Ne mentionne jamais ce que tu as vu aujourd'hui. Ni moi. Ni eux."

          Elle resserra ses bras autour d'elle, comme si elle avait froid. Elle avait peur. Peur des chasseurs, peur de se faire attraper, peur de mourir. Et Cole avait peur aussi, pour lui, mais surtout pour elle.

          "C'est pour ta propre survie. Personne ne doit vivre comme moi."

          Cela, Cole voulait bien le croire. Et pourtant, pourtant, il scella son destin en lui prenant la main, doucement, presque pour la rassurer, et il sourit. Cole n'irait nulle part. Dans ce garde-manger vide, il avait tissé un lien invisible avec elle. Un lien qui les unirait jusqu'à la fin. Non, Cole n'irait nulle part sans elle. Alors il le lui avait fait comprendre avec un regard appuyé lorsqu'elle lui avait demandé de partir. Il avait le choix : soit fuir avec elle, soit être condamné au Monastère. Le choix était vite fait. Il observa June remettre sa perruque, sa cape, puis il la suivit en silence jusqu'au village voisin.

          Au hameau, Cole s'était fait reconnaître par le boulanger qui l'avait intercepté en l'appelant par son nom. June derrière lui, perruque blonde sur la tête, s'était fait prendre pour Margaret avec sa capuche sur la tête. Heureusement, il pleuvait, et elle n'eut qu'à garder le visage baissé. Ils repartirent avec deux miches de pain offerte par le boulanger, et Cole paya de quoi se nourrir pour quelques jours, de la viande séchée, des fruits... Il troqua son long manteau pour une cape épaisse à capuche, et acheta un sac assez grand pour y mettre la nourriture avec ce qui lui restait d'argent. Puis ils partirent, cette fois, pour ne plus jamais revenir.

          ***


          Des semaines que cela durait. Peut-être un mois. Cole s'en était allé sans un regard en arrière. Ils avaient fui ensemble, sans qu'il ne se pose la moindre question. Parfois, il regrettait. Pas souvent. Seulement quand ils devaient se cacher derrière une végétation luxuriante pour échapper aux chasseurs, ce qui arrivait plus régulièrement qu'ils ne l'auraient pensé. Mais les pouvoirs de Cole leur donnaient chaque fois une longueur d'avance. Sentant la mort approcher – autrement dit les chasseurs et leur instinct meurtrier – il s'empressait de trouver une cachette dans laquelle il poussait June sans ménagement, et s'y fourrait aussi, puis faisait pousser les plantes jusqu'à ce qu'elles les recouvrent totalement.

          Les deux fugitifs avaient finalement réussi à trouver une manière de se comprendre, au bout de deux longues semaines d'absence de communication totale. Cole faisait des signes avec ses mains, et June se lançait dans un véritable interrogatoire pour deviner à quoi ça correspondait. Elle avait bien du mal à trouver parfois, et ça faisait rire Cole. Le seul son qu'il était capable d'émettre. Et ça la faisait rire aussi, June. Son sérieux la quittait dans ce genre de moment. Au final, ils avaient trouvé plus d'une trentaine de mots utiles et une dizaine de phrases complètes à se dire, dans un langage qui ne leur appartenait qu'à eux.

          Ce jour-là, ils étaient tranquilles, comme depuis trois jours. Le garçon s'était habitué à dormir dans les arbres, il s'était habitué à la faim, il s'était habitué à la peur. Et aussi à la compagnie de la jeune fille. Elle ne lui avait toujours pas dit d’où elle venait. Il n'avait jamais posé la question. Alors il lui demanda dans leur langue qu'elle seule pouvait comprendre :

          D'où tu viens ?
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          Re: witching hour ☆ COLE

          June observait les alentours. Cela faisait trop longtemps qu’ils n’avaient pas croisé la route des Chasseurs. June en était à la fois soulagée – les pouvoirs et les intuitions de Cole n’étaient pas étrangers à leurs jours de repos – et angoissée. Plus les Chasseurs mettraient de temps à retrouver leur trace, plus leur colère serait grande. En contrepartie, plus June était tranquille, plus elle avait de temps pour peaufiner sa vengeance. Les deux sentiments contradictoires peinaient à trouver un équilibre chez la Sorcière mais elle fut rassurée lorsqu’elle ne remarqua que la présence de Cole à ses côtés.

          June se laissa retomber au pied d’un arbre. D’ici quelques minutes, elle devrait commencer à grimper et aider Cole à faire de même. Le jeune garçon avait beaucoup appris en l’espace de quelques semaines, entre le moment où il avait pris la main de June et maintenant. June ne comprenait toujours pas très bien comment les choses avaient pu évoluer de cette façon. Un instant, elle mange une pomme, celui d’après elle se fait un allié dans une vendetta dont il ne sait rien.

          June laissa courir son regard sur le jeune garçon. Il avait beaucoup maigri depuis qu’elle l’avait rencontré. Il avait également pris en muscles. En assurance. La peur, même si elle était toujours là, le rendait plus fort. Il y avait quelque chose de fascinant dans sa façon de fonctionner, de vivre. De ce que June avait pu comprendre, il était un fils de noble. Il n’avait cependant pas hésité un seul instant pour rejoindre June dans sa course contre la montre. À quel point s’était-il senti misérable dans sa vie pour penser que le chemin de June était un meilleur choix ? Parfois, June se demandait s’il regrettait, s’il n’aurait pas préféré rester chez ses parents, plutôt que de la suivre sur un coup de tête.

          June leva les yeux vers le ciel qui commençait à s’obscurcir. Les motivations de Cole n’importaient que peu, finalement. Il avait fait son choix et elle le respectait. Et même si elle ne voulait pas se l’avouer, Cole lui avait probablement sauvé la vie. Pas seulement lors de leur rencontre, mais chaque jour passé à ses côtés. Il lui avait réappris à rire. Elle avait réappris à communiquer avec quelqu’un d’autre – même si c’était une langue étrange. June avait appris à être de nouveau humaine à ses côtés. Et juste pour ça, elle lui était probablement redevable pour l’éternité.

          Cole interrompit le flux de ses pensées en agitant sa main dans la direction de June qui lui porta toute son attention. Il fit quelques mouvements rapides que June mit quelques secondes à interpréter. Leur langue, bien que possédant des bases qu’ils avaient réussi à solidifier, demandait un peu de réflexion à la sorcière qui devait parfois réfléchir au sens que Cole mettait dans ses mots.

          D’où tu viens ?

          June plissa légèrement les yeux. Puis, elle désigna vaguement la forêt et tout ce qui l’entourait.

          Ici et là-bas.

          June n’était pas encore prête pour cette question et pour toutes celles qui suivraient. Cole avait choisi de la suivre mais elle pouvait encore le sauver si elle ne s’ouvrait pas trop. Après tout, en temps que fils d’un noble, elle pourrait juste dire qu’elle l’avait kidnappé pour une rançon. De ce fait, s’ils étaient trouvés ensemble, Cole aurait la vie sauve.

          La réponse de June ne sembla pas satisfaire Cole. Avec le temps, June avait appris à décrypter toutes ses petites mimiques qui étaient souvent bien plus parlantes que ses gestes. Actuellement, il semblait en proie à un dilemme intérieur. Frustration et curiosité se battaient, mais ce fut finalement le respect qui l’emporta. June ne parlerait pas. Cole respectait. Un sourire sincère s’étira sur les lèvres de la sorcière qui se leva.

          « Installons le campement. »

          June sortit une corde de son sac à dos et grimpa la première. Cole avait beau apprendre vite, elle préférait s’assurer qu’il ne tombe pas lors de son escalade. Une fois certaine que sa prise était bonne, elle envoya la corde au jeune garçon qui s’y agrippa pour grimper.

          Après des semaines de fuite, June et Cole étaient arrivés dans une zone plutôt escarpée, avec beaucoup de relief. Les arbres y étaient plus épais, plus solides mais l’air y était aussi plus froid, plus sec. June regarda Cole s’attacher à sa branche puis s’installa sur celle d’à côté. Un vent glacial vint leur annoncer que la nuit allait longue, très longue. June frissonna malgré elle.

          « Il y a un village à quelques heures de marche. On ira faire le plein là-bas. »

          ***


          June n’avait pas très bien dormi. Ses vêtements étaient beaucoup trop légers pour l’hiver qui s’installait et les nuits étaient trop longues. Une fine pluie diluvienne avait achevé de réveiller la sorcière qui, après s’être assurée que Cole dormait toujours, s’était glissée par terre. De là, elle avait entamé une chasse. Elle cueillit plusieurs baies et plantes qu’elle savait comestibles puis repéra les traces d’un gibier plus nutritif. Lentement, furtivement, June s’attaqua à la traque de l’animal.

          Une heure plus tard, June retrouva le chemin jusqu’au campement. Cole était debout et attendait le retour de June, appuyé pensivement contre le tronc de l’arbre. Il ne fit aucun commentaire lorsque son amie revint couverte de sang avec la carcasse d’un animal trop lourd sur les épaules. Il ne fit pas non plus de commentaire quand elle lui demanda d’allumer un feu. Et il resta toujours silencieux lorsqu’elle commença à dépecer l’animal.

          « On pourra peut-être revendre ce qu’on mange pas. »


          witching hour ☆ COLE O5qt
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            Re: witching hour ☆ COLE

            Ici et là-bas.

            June avait répondu en désignant la forêt tout autour d'elle. Dubitatif, il arqua à peine un sourcil. June ne voulait pas lui répondre. June ne voulait pas en parler. Ça se voyait dans ses yeux, qu'elle hésitait, qu'elle refusait de lui ouvrir cette porte là. Cole se sentait frustré. Bientôt un mois qu'ils étaient fourrés ensemble, et pourtant, aucune réponse ne semblait se frayer un chemin jusqu'à lui. Malgré tout, comme toujours quand elle n'était pas à l'aise, Cole décida de respecter son silence. Il n'y avait qu'avec le temps qu'il finirait par obtenir des réponses à ses questions, qu'avec le temps qu'il apprendrait à la connaître, si elle le laissait faire. Telle une fleur, elle ne s'ouvrirait qu'à force de patience et d'un peu de soleil. Sauf que Cole ne pouvait décemment pas utiliser ses pouvoir pour accélérer le processus. Il pencha la tête sur le côté, et elle sourit tout en se levant, comme pour le remercier de ne pas insister :

            "Installons le campement."

            Sortant une corde de son sac, la jeune fille entreprit de grimper à un arbre gigantesque, puis lui envoya la corde à son tour, et il s'y accrocha pour monter. Cole s'attacha à la branche sous les yeux attentifs de June, puis elle changea d'endroit pour s'attacher à son tour. L'endroit n'était ni confortable, ni particulièrement bien placé, mais il avait l'avantage d'être perdu dans une clairière abondante de végétation, et Cole pouvait facilement les dissimuler aux yeux de tous. Le vent soufflait fort, et le garçon enfonça un peu plus la tête dans sa capuche en fermant les yeux :

            "Il y a un village à quelques heures de marche. On ira faire le plein là-bas."

            Il acquiesça avant de fermer les yeux. Il lui serait dur de dormir avec un temps pareil. Cela étant, il s'endormit en silence, et se réveilla le lendemain pour constater que June avait encore disparu. Il se détacha de sa branche, humide de pluie et glissante, puis descendit de l'arbre. De là, il attendit simplement qu'elle revienne, ce qui ne tarda pas à arriver. Adossé contre le tronc d'arbre, Cole imaginait mille scénarios possibles et imaginables à propos de June quand cette dernière revint, les épaules chargées d'un jeune sanglier, couverte de sang. Il ne trouva rien à lui dire, et il obéit lorsqu'elle lui demanda de faire un feu, la regarda faire avec attention lorsqu'elle se mit à dépecer la bête.

            "On pourra peut-être revendre ce qu'on mange pas."

            Un sourire furtif sur les lèvres, Cole se hâta de trouver des branches fourchues pour pouvoir y suspendre la viande à cuire, et tapota l'épaule de June qui se retourna vers lui, une fois son travail achevé.

            Va te laver. Je fais cuire la viande.

            Elle était bien trop contente de pouvoir se débarrasser du sang qui souillait autant sa peau que ses vêtements et ne discuta pas bien longtemps avant de se diriger sous le regard de Cole en direction du ruisseau qu'il y avait non loin de là. Cole, de son côté, embrocha les morceaux de viande sur des branches assez solides et les suspendit au-dessus du feu. Une fois la viande cuite, il commença à trouver le temps bien long, aussi se décida-t-il à partir à la recherche de son amie. Le visage impassible, il suivit simplement les traces qu'elle n'avait pas camouflées, et la trouva près du ruisseau, presque nue.

            Il détourna immédiatement le regard, tant par pudeur que par respect, et se dépêcha de ramasser une pierre qu'il lança à l'aveugle non loin d'elle pour attirer son attention. Du coin de l'œil, il l'aperçut s'agiter, et il repartit donc sans se retourner pour rejoindre le campement ou la viande les attendait. June ne tarda pas à le rejoindre, habillée proprement, la peau nette, les cheveux humides et ses vêtements lavés en boule. Elle les étendit sur une branche pour les faire sécher, et ils mangèrent en silence. Cole n'avait pas pu s'empêcher de s'attarder sur un détail chez June. Il lui avait semblé voir une marque sombre sous sa clavicule, une sorte de croissant de lune.

            ***

            Cole avait réussi à vendre ce qu'il restait de leur chasse au lapin, puis était revenu dans la petite grotte qui leur servait de refuge. Encore un mois s'était écoulé, et ils étaient désormais au cœur de l'hiver. La neige tombait à corps perdu, ils étaient tous les deux frigorifiés malgré les fourrures qui constituaient leurs manteaux, et le feu que le garçon avait fait ne suffisait plus à la réchauffer. Mais au moins, ils avaient un peu d'argent. Collés l'un à l'autre, les deux adolescents n'échangeaient pas un mot. Cole avait fini par comprendre d'où venait June. Ses marques sur son corps, les prières récitées à la va-vite, discrètement, quand elle croyait qu'il était affairé à autre chose… June était comme lui. Sauf qu'elle ne semblait pas avoir de pouvoirs visibles. Et que lui n'avait pas de marque. Mais il avait entendu les rumeurs, comme tout le monde.

            Une sorcière, voilà ce qu'elle était. Elle ne lui avait rien dit, mais il avait fini par trouver. Ils n'en n'avaient jamais parlé, pas une seule phrase, pas un seul mot, rien. Parce que c'était son jardin secret, parce qu'il la respectait trop pour insister, parce qu'elle ne voulait pas aborder le sujet avec lui. Du moins elle ne le voulait pas il y a quelques semaines. Du bout de son bâton, Cole se décida et dessina un croissant de lune dans la poussière. Il sentit June se figer à côté de lui. Puis sans la regarder, il désigna le dessous de sa propre clavicule du bout de ses doigts, conscient qu'elle le fixait. Si elle ne souhaitait pas en parler, ils n'en parleraient pas. Si elle souhaitait ignorer ce qu'il venait de lui dire, il n'insisterait pas. Il détourna le regard du dessin tracé au sol pour le planter dans celui de June, l'air grave. Cole avait beaucoup de défauts, mais l'impatience n'en faisait pas partie.
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              Re: witching hour ☆ COLE

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