Alexis déglutit difficilement. Qu’est ce qu’il venait de se passer ? Le temps s’écoulait au ralenti, ressassant inlassablement ses actions. Venait-elle réellement de parler avec cette voix ? Alexis pouvait sentir sa peau virer au rouge. Elle avait comme un million de petites aiguilles qui venaient lui piquer les joues. La scène se rejouait en boucle dans sa tête. Elle avec un sourire provocateur. Elle qui tenait Erwin au niveau des reins. Elle qui pouvait sentir son souffle sur sa peau. Si l’eau n’avait pas été déjà aussi chaude, Alexis l’aurait sûrement réchauffée de quelques degrés juste en repensant à ça.

Erwin sortit de l’eau à ce moment-là. Alexis eut qu’une seule image en tête en le voyant nu, émergeant sa tête de l’eau : la petite sirène. Elle dû retenir un nouveau rire, sans pour autant réussir à dissimuler le sourire amusé qui barra son visage. Celui-ci disparut bien vite après qu’Erwin eût déclarer que l’eau était son élément. Oh, oh. Bien vite, le jeune homme se transforma en espace de monstre aquatique, attirant toute l’eau vers lui. Une panique nouvelle prit de cours Alexis quand elle vit le niveau d’eau baisser autour d’elle, ne lui laissant plus que ses genoux immergés. Pétrifiée, la fille d’Arès ne bougea pas. Une sorte d’impression de déjà-vu la prit de court et elle fut incapable de bouger.

Erwin relâcha la masse d’eau qui s’abattit devant Alexis qui eût juste le temps de prendre sa respiration. Le mouvement de l’eau la fit trébucher et elle s’engloutit toute seule avant que la vague ne la fouette de plein fouet. Alexis compta les battements de son cœur qui s’affolait. Cela n’avait rien à voir avec son rêve. Elle n’allait pas mourir. Il n’y avait pas tant d’eau que ça dans les thermes. Il lui suffisait d’attendre encore quelques secondes et elle pourrait ressortir. Dans dix secondes. Dix. Neuf. Huit. Elle n’allait pas se noyer. Sept. Six. Cinq. Elle avait toujours pieds. Quatre. Trois. Deux. Elle pourrait bientôt sortir de cet océan de ténèbres. Un. Zéro.

Alexis émergea de l’eau avec beaucoup moins de grâce qu’Erwin. Ses cheveux étaient plaqués n’importe comment sur son visage. Même en ouvrant les yeux, Alexis ne voyait plus grand-chose. Mais elle était vivante. L’eau avait toujours de forts remous. Elle pouvait sentir l’eau passer de ses hanches à sa poitrine sans difficulté. Mais elle pouvait toujours respirer. Elle pouvait même sentir les rebords du bassin derrière elle. Elle s’était déplacée, certes, mais elle avait toujours la possibilité de s’enfuir. D’une main hasardeuse, elle s’appuya sur le rebord. L’eau se calmait doucement. Elle ne voyait rien, mais elle était vivante. Ok, c’était un moyen comme un autre de se battre contre une peur. Par contre, son cœur continuait de battre à tout rompre.

Alexis, toujours une main sur le rebord, tendit le bras devant elle. L’eau venait et repartait plus doucement qu’avant. Elle était toujours vivante. Elle soupira bruyamment. Elle n’était pas morte. C’était plutôt positif. Ç’aurait été une mort de merde. Alexis poussa un nouveau soupir.

« Ok. Toujours vivante. Pas morte. Très bonne nouvelle. »

Alexis venait de murmurer ça pour elle. Elle sentit doucement un corps se rapprocher près de sa main tendue. Elle ne touchait pas ce corps, qu’elle supposait être celui d’Erwin, mais elle pouvait sentir la chaleur qui en émanait. Sa tentation première était de toucher Erwin, car c’était une assurance qu’il était toujours là, qu’elle était toujours là. Elle rapprocha doucement sa main, puis se ravisa au dernier moment. Elle se contenta de se rendre la vue en glissant une de ses mèches dégoulinantes derrière son oreille. Elle afficha un sourire qui se voulait plein d’assurance.

« Nota bene, ne pas se battre près d’une étendue d’eau. »

Alexis n’était pas plein d’assurance. Elle était terrorisée. Mais elle n’eût pas le temps d’en dire d’ajouter ou de jouer davantage la comédie car une voix tonitruante se fit entendre. Quelque chose comme « si je chope celui qui vient de POURRIR mon BAIN, je le BUTE ». Alexis tourna la tête, prit une serviette qui tenait sur le rebord pour la tendre à Erwin.

« Je pense que le coup de la machine à laver n’a pas plu à tout le monde, peut-être que nous devrions fuir. »

Le sourire fier d'Alexis disparut une fraction de seconde avant que son visage soit englouti à son tour dans la vague. Les premiers remous cachèrent la fille d'Arès un instant, puis des bras crevèrent la surface et s'agitèrent de manière hasardeuse. Lorsqu'elle sortit la tête de l'eau, Erwin crut d'abord qu'elle lui tournait le dos, jusqu'à ce qu'une main vienne soulever une lourde mèche de cheveux pour dévoiler un oeil brillant. Le fils de Poseidon étouffa un rire et s'avança en direction d'Alexis qui s'était adossée au bord du bassin.

"Nota bene, ne pas se battre près d’une étendue d’eau."

Malgré le sourire qu'elle lui offrit, Erwin vit que la main qu'Alexis avait posée sur le bord était crispée. Elle s'agrippait à ce rebord comme si sa vie en dépendait. Son bras tremblait légèrement, comme si ses muscles avaient fourni un très gros effort en trop peu de temps. Les doigts sur le bord du bassin frémirent. Le demi-dieu crut que cette main tremblante s'approchait de lui. Cette impression ne dura pas, il avait sûrement laissé son cerveau imaginer n'importe quoi. Ou Alexis avait simplement bougé sa main pour avoir une meilleure prise sur le bord. Il y avait des tas d'explications possibles.

Erwin allait prendre la parole, demander à Alexis si tout allait bien. Il fut coupé dans son élan. Les deux Grecs tournèrent la tête dans un même mouvement en direction du bout du bassin. Quelqu'un grommelait là-bas. Quand bien même Erwin aurait connu tous les Romains du camp Jupiter, il n'aurait pas su reconnaître cette personne qu'il avait apparemment dérangé. L'obscurité et la vapeur qui s'élevait doucement des bains ne lui permettaient de distinguer qu'une silhouette très vague. En entendant cette voix râler, le fils de Poseidon retint un sourire, cependant trahi par une étincelle amusée dans ses yeux. Alexis lui avait complètement fait oublier que, malgré l'heure tardive, ils n'étaient pas totalement seuls dans le bassin. La fille d'Arès se tourna vers lui.

"Je pense que le coup de la machine à laver n’a pas plu à tout le monde, peut-être que nous devrions fuir."

Un essuie apparut soudainement devant les yeux d'Erwin. En l'attrapant, ses doigts se posèrent sur ceux d'Alexis. Elle lâcha prise d'un seul coup. Ce geste n'avait rien d'étonnant avec Alexis-renfermée, mais après la démonstration d'Alexis-confiante, le demi-dieu ne sut pas trop que penser. Est-ce que la fille d'Arès avait réussi à lui cacher sa bipolarité depuis leur rencontre ? Sans se poser plus de questions, il sortit du bassin en enroulant l'essuie autour de ses hanches. Alexis l'avait devancé et se trouvait quelques pas devant lui. Elle ne s'était pas retournée, elle ne semblait pas l'attendre.

Erwin eut toutefois l'impression qu'un frisson secouait les épaules de la Grecque, comme si le tremblement de son bras après sa petite séance d'apnée n'avait pas cessé. Le fils de Poseidon avança rapidement jusqu'à elle. Il oublia momentanément la règle tacite du non-contact physique et posa une main sur l'épaule d'Alexis. Elle s'arrêta, il eut peur d'avoir franchi une limite et de se faire tacler en un éclair. Mais elle le regarda simplement.

"Alexis, ça va ? J'y ai été trop fort ? Tu t'es pas cognée au bord du bassin au moins ?"

Alexis n’avait qu’une idée en tête : sortir. Elle était vivante, certes, mais elle avait besoin de sentir le vent sur son visage, de respirer de l’air frais. Une fois la serviette hors de ses mains, la fille d’Arès se mit en marche. Il fallait d’abord qu’elle récupère ses vêtements. Qu’elle se sèche. Ou alors, elle ferait tout une fois dehors ? Non, elle ne pouvait pas sortir comme ça. Elle dégoulinait d’eau. Ses cheveux en étaient si gorgés qu’ils semblaient ne jamais pouvoir être essorés. Un frisson parcourut Alexis. Qu’est ce qu’il lui avait pris de jouer à un jeu aussi dangereux dans une étendue d’eau ? Un nouveau frisson la parcourut. Elle avait besoin de sortir d’ici.

Plus que cette simple expérience de fausse-noyade, Alexis se sentait écrasée par le poids de tout ce qu’elle voulait oublier. Elle avait tendance à se réfugier dans les entraînements pour oublier. Dormir. Manger. S’entraîner. Répéter. Mais à cet instant, elle se sentait sur le point de craquer. La fatigue avait baissé toutes ses barrières avec Erwin, mais avait également baissé les barrières qu’elle mettait autour d’elle-même. Alexis se sentait étouffée, comme si elle se trouvait toujours dans cette eau qui la recouvrait entièrement.

Une main se posa sur l’épaule d’Alexis à ce moment. Elle ravala les sanglots qui avaient commencé à faire ses briller ses yeux et se retourna. Erwin se tenait là, à la fois si proche et si loin. Elle ne voulait pas le regarder dans ses yeux et voir ce qu’il pouvait y penser. Elle ne voulait tout simplement pas. Alors elle fixa son épaule. Elle se concentra sur sa peau, sur ses muscles, sur tout. Elle ignora la sensation de chaleur qui l’envahissait à l’endroit où il avait posé sa main.

Alexis, ça va ? J’y ai été trop fort ? Tu t’es pas cognée au bord du bassin au moins ? De nouveau la gorge d’Alexis serra. Elle ferma les yeux quelques instants, décidant de se concentrer finalement sur cette chaleur qui l’irradiait sur l’épaule. Est-ce qu’Erwin méritait qu’elle se ferme comme elle en avait l’habitude ? Dans une autre situation, elle aurait sûrement dit oui. Elle ne méritait pas qu’on s’inquiète pour elle. Elle était plus forte que ça. Mais ce soir, quand elle rouvrit les yeux, elle décida de montrer un petit bout de ce qu’il se passait dans sa tête :

« Non. Je. C’est rien. Rien à voir avec toi. »

Commença-t-elle en regardant un point au loin, dans la brume. Finalement, elle n’avait pas le courage de s’ouvrir, alors elle se réfugia dans le demi-mensonge. Elle se mordit la lèvre et détourna son regard pour les planter dans ceux d’Erwin. Il savait qu’elle ne disait pas complètement la vérité.

« Il y a quelques mois, j’ai rêvé de ton frère. Alexander. On était tous deux, quelque part. Je me souviens quasiment de rien. À part que je me suis noyée. On était coincés pour je sais plus quelle raison. Et je me souviens que je mourais. Je sentais l’eau dans mes poumons. Puis je me suis réveillée avec l’impression d’avoir l’intégralité de mon corps encore dans l’eau. »

Alexis ferma les yeux quelques instants, pris la main d’Erwin pour la déplacer de son épaule et la relâcha à contre-cœur pour qu’Erwin ne la touche plus. Elle essaya d’afficher une mine confiante, détachée de ce qu’elle venait de dire.

« C’est juste stupide. C’était un rêve stupide. Ça m’a juste surprise. J’avais oublié que tu avais ce pouvoir. J’oublie les pouvoirs des gens. C’est plus facile. »

Elle laissa échapper un petit rire qui se voulait bon-enfant mais l’amertume brûlait sa gorge. Si elle pouvait ne plus être une fille d’Arès, tout serait plus facile. Alexis tourna les talons, l’air de dire « on devrait vraiment y aller ahaha » alors que les larmes menaçaient de couler à tout moment. Pitié qu’il ne remarque que rien. Elle avait déjà fait assez d’efforts en s’exprimant librement, elle ne voulait pas de sa pitié.

"Non. Je. C'est rien. Rien à voir avec toi."

Après la pudeur renouvelée d'Alexis, son élocution décomposée semblait être une étape logique de l'Alexis-confiante à l'Alexis-renfermée. Néanmoins, Erwin arqua un sourcil face à cette réponse peu convaincante. Qu'est-ce qu'elle voulait dire ? C'était vague? Le fils de Poseidon voulait en savoir plus. Rien à voir avec lui, d'accord, mais alors ? Alexis semblait garder quelque chose pour elle, le cacher loin, très loin de la surface, du monde, des autres. Elle adressa finalement un regard à Erwin. Comme si ce geste lui avait donné une force nouvelle, elle reprit la parole.

"Il y a quelques mois, j'ai rêvé de ton frère. Alexander. On était tous les deux, quelque part. Je me souviens quasiment de rien. À part que je me suis noyée. On était coincés pour je sais plus quelle raison. Et je me souviens que je mourais. Je sentais l'eau dans mes poumons. Puis je me suis réveillée avec l'impression d'avoir l'intégralité de mon corps encore dans l'eau."

Erwin fut d'abord surpris à l'entente du nom de son frère. Qu'Alexis rêve de lui était plutôt étonnant, elle n'avait pas l'air d'éprouver une amitié particulière envers lui, ni même d'inimitié d'ailleurs. Juste de l'indifférence. Rêve-t-on souvent des gens qui nous rendent indifférents ? Pas le temps de se questionner plus longtemps, les informations affluaient aux lèvres d'Alexis, une barrière semblait avoir cédé, pour un court instant, comme souvent. La fille d'Arès parlait d'un rêve... non. D'un cauchemar. En l'entendant parler, raconter sa mort comme si elle l'avait réellement vécue, Erwin ne put s'empêcher de faire le rapprochement avec son propre cauchemar. L'herbe à perte de vue, la nuit, le cri, le minotaure. Et Aqua, qui mourait encore et encore jusqu'à ce que lui-même se décide à tenter le tout pour le tout.

Un frisson parcourut le dos du demi-dieu. Des craquements sinistres résonnaient dans sa tête, il ferma les yeux une seconde pour empêcher les images de lui revenir. Il comprenait parfaitement ce qu'Alexis pouvait ressentir après avoir cru revivre sa peur. Il avait envie de dire quelque chose, de la rassurer, mais les mots ne venaient pas. Il frémit lorsque la Grecque toucha sa main. Il avait presque oublié qu'il l'avait posée sur son épaule. Entre les doigts d'Alexis, le contact cessa. Un nouveau regard et une mine approximativement souriante accompagna les propos de la fille d'Arès.

"C’est juste stupide. C’était un rêve stupide. Ça m’a juste surprise. J’avais oublié que tu avais ce pouvoir. J’oublie les pouvoirs des gens. C’est plus facile."

Il y eut un rire. Et pourtant, quelque chose se brisa  dans cette voix en apparence assurée. Erwin voulut serrer Alexis contre lui. Pas de contact physique. L'idée s'envola aussi vite qu'elle était venue. Enfermer la Grecque entre deux bras tel un animal dans une cage n'était pas la solution. Pas maintenant. Peut-être qu'un jour, cette étreinte serait plus efficace que la fuite. Mais pas maintenant. Le fils de Poseidon vit qu'Alexis tournait le dos. Elle allait partir. Il ne pouvait pas la laisser s'en aller sans lui dire quelque chose, sans la rassurer. Il ne pouvait pas la laisser se répéter ce mauvais souvenir toute la nuit. Il s'approcha d'elle. Sa bouche frôla l'oreille d'Alexis.

"Ton rêve n'a rien de stupide. Ta peur n'a rien de stupide. Moi aussi, j'ai fait un rêve de ce genre, il y a peu de temps. J'ai vu ma soeur mourir, plusieurs fois, je suis mort aussi. Je me suis réveillé et mes poumons brûlaient comme si je respirais pour la première fois. Mais je te passe les détails. Enfin tu vois, c'est pareil, et ça n'a rien de stupide."

Alexis eut comme un léger hoquet, comme si elle retenait quelque chose pour elle. Devant cette apparence forte et vulnérable à la fois, Erwin sentit le besoin de montrer à cette demi-déesse qu'elle était désormais en lieu sûr, qu'elle était hors de l'eau, qu'elle n'avait pas à s'en faire. Ses lèvres se posèrent doucement sur la joue d'Alexis. Tendrement. Brièvement. Une caresse qu'il ne pouvait pas faire avec les mains.

"Aller, je vais me rhabiller. Si on se recroise pas jusqu'au baraquement, tente de plus penser à ça. Dors bien. Et encore désolé pour tout ça."

Le fils de Poseidon se dirigea vers les vestiaires, un sourire timide sur les lèvres.

Erwin se rapprocha d’Alexis. Un frisson parcourut le corps de la fille d’Arès. Elle pouvait sentir sa chaleur, sentir son odeur. Puis il se pencha en avant, dans sa direction et Alexis resta figée. Elle ne savait pas si elle devait bouger, si elle devait respirer, si elle devait partir. Toute notion d’espace semblait floue. Elle avait envie de se retourner pour lui hurler de partir et en même temps, elle voulait se rouler en boule par terre. Elle voulait sa peau et en même temps elle ne voulait pas qu’il fasse un centimètre de plus dans sa direction. Une larme roula le long de la joue d’Alexis. Combien de temps allait-elle encore souffrir de sa propre indécision ?

Alors Erwin parla. Il fit un monologue digne de lui. Mais sa voix n’était qu’un murmure au creux de l’oreille d’Alexis. Comme une caresse orale pour la rassurer. Pendant un instant, ça marchait. Alexis recommença à respirer. Les larmes ne menaçaient plus de se déverser. Il n’y avait qu’Erwin et cette voix. Alexis laissa les paroles du fils de Poséidon venir à elle, elle se laissa être vulnérable encore quelques instants. Erwin avait connu la même expérience qu’elle. Il avait vu sa sœur mourir en boucle. Et même si cela était une expérience horrible, Alexis se sentit un peu mieux. Elle ravala ses larmes et un tremblement incontrôlé parcourut son corps.

Un court silence s’installa entre les deux sang-mêlés. Alexis ne savait pas quoi dire. Elle n’avait rien à dire. Alors, comme pour clôturer cette rencontre improbable, Erwin fit quelque chose d’improbable. Il déposa doucement, brièvement, ses lèvres sur la joue d’Alexis. D’un point de vue extérieur, ce n’était rien qu’une embrassade. Mais pour Alexis… Et bien, disons que c’était surprenant. Erwin prit rapidement la fuite après ça, parlant d’une voix plus forte pour l’informer que leurs chemins se séparaient ici. Alexis avait envie de dire quelque chose. De réagir. Mais elle était enfermée dans son propre mutisme.

Le reste de la soirée fut assez rapide : Alexis se sécha, enfila des vêtements propres, et courut jusqu’à son baraquement. Elle se blottit dans sa couette, ne laissant qu’un mince filet d’air passer pour respirer. Si elle en avait eu la force, elle aurait sûrement ouvert les vannes pour pleurer tout ce qu’elle se retenait de pleurer depuis les derniers jours. Au lieu de ça, ses yeux fatigués décidèrent de clore ce chapitre.