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Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN
 :: À travers le monde :: L'espace-temps :: Univers alternatif
Alexis Nyqvist
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Re: Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

Lassitude.

Si Alexis devait décrire son existence, aujourd’hui, elle choisirait ce mot. Pendant longtemps, elle a ressenti des émotions fortes, trop fortes. Des émotions qui n’étaient pas les siennes, des émotions qui n’auraient pas dû être les siennes. Aujourd’hui, la lassitude qu’elle ressentait, bien qu’elle soit aussi terne que ce diner dans lequel elle travaillait, lui appartenait entièrement. Elle était la seule et unique raison de cette émotion qu’elle ressentait. C’est elle qui avait choisi cette existence morne. Elle qui avait préféré s’enfermer dans l’anonymat le plus total. Elle qui préférait oublier plutôt que d’avancer.

La clochette de l’entrée indiqua l’arrivée d’un nouvel client. Alexis ne le remarqua pas tout de suite, le regard perdu dans la contemplation du vide. Elle fini par détourner son attention du rien pour la porter sur le nouveau venu qui ne bougeait pas de l’entrée. Espérait-il une ovation pour être venu ici ? Alexis soupira et tourna lentement la tête vers lui, avec toute l’indifférence dont elle était capable. Néanmoins, lorsqu’elle croisa son regard, toute indifférence disparue. La tasse qu’elle tenait dans ses mains s’écrasa par terre dans un fracas assourdissant. Pourtant, rien ne fit plus de bruits aux yeux de l’éternelle guerrière que son propre cœur menaçant de s’arracher de sa poitrine.

Erwin.
Erwin.
Erwin.
Erwin.

Peut-être aurait-elle dû ressentir cette rage habituelle, celle qui réchauffait ses nuits les plus solitaires et qui lui donnait l’impression de la maintenir en vie. Au lieu de ça, son corps se mura dans une glace nouvelle, la pétrifiant de terreur. L’hiver enveloppa enfin Alexis de son manteau de neige et, pour la première fois depuis longtemps, elle trembla.

« Qu’est-ce-que… Mais merde ! Cette vaisselle sera prise de ton salaire. C’est dingue d’être empotée pareil ! Comment peut-on être aussi nulle ? Franchement, je ne sais pas pourquoi je te garde encore toi, t’es vraiment une serveuse pourrie. Déjà, ça t’arrive de sourire ? Non. Et maintenant tu sais plus tenir une tasse entre tes mains ! »

La voix du chef n’était qu’un bruit de fond, un brouhaha qu’Alexis ne percevait qu’à peine. Ses yeux ne quittèrent pas ceux d’Erwin. Il la fixait, lui aussi, un sourire aux lèvres. Il savait qu’elle avait abandonné. Que depuis cette nuit, il avait gagné. Qu’elle avait fui et qu’il avait gagné. Il était venu terminer le travail. Avait-elle envie qu’il la tue ? Alexis serra les poings.

« Hé oh Alexis ? Tu m’écoutes ? Oh je te parle ! »

Cette fois, le chef secoua Alexis par les épaules et elle retrouva juste assez de constance pour lui écraser son poing au visage. Une nouvelle fureur vint embraser son corps et une satisfaction malsaine lui brûla le ventre lorsqu’elle remarqua la peur dans le regard de l’homme, suivi par la colère lorsqu’ils remarquèrent tous les deux qu’il saignait du nez. Il se releva prestement et Alexis bloqua la gifle qu’il voulait lui donner.

« Lève encore une fois la main sur moi et tu n’auras bientôt plus de main pour compter ta précieuse caisse. »

La voix froide d’Alexis coulait de ses lèvres comme du poison. Pourtant, lorsqu’elle senti l’aura d’Erwin derrière elle, Alexis frissonna de nouveau. Elle se retourna rapidement, récupéra sa veste sous le comptoir avant de contourner Erwin pour s’engouffrer dans la rue. Le vent hurla dès l’instant où elle franchit la porte et Alexis serra les dents. Si cette tempête de la tuait pas, alors rien ne pourrait jamais.


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Erwin Stamber
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Re: Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

Les bris de céramique au sol eurent un écho étrange. Comme si les vibrations de cette chute se répercutaient à l'infini, quelque part à l'intérieur d'Erwin. L'image de quelque chose qui se rompait sans avoir de réelle importance. Le jeune homme n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Alexis resta muette et figée, comme son reflet dans un miroir. Elle, en revanche, ne souriait pas. La voix aigre qui s'éleva derrière elle, dans un brouillard épais, semblait s'en prendre à l'élue d'Athena. Erwin attrapa quelques mots au vol. Il ne connaissait rien du passé d'Alexis. Il n'en savait que leurs rares rencontres. Et ces rencontres s'étaient écourtées de plus en plus au fil des siècles. Entendre quelqu'un s'adresser à elle comme si elle n'était rien, alors que, pour lui, elle était tout, eut un effet étrange sur Erwin.

L'air froid et volatile devint crépitant lorsque celui qui devait être le patron se dirigea vers Alexis pour la toucher. Erwin ne bougea pas. Il connaissait cette atmosphère. Jamais il n'aurait cru la ressentir alors qu'il n'était que spectateur. Le poing d'Alexis s'écrasa violemment sur la figure de l'homme bouffi qui perdit toute contenance.

"Lève encore une fois la main sur moi et tu n'auras bientôt plus de main pour compter ta précieuse caisse."

Autour de la jeune femme, c'était comme si son aura clignotait, semblable aux néons de l'enseigne de ce diner où ils se trouvaient. Quelque chose était cassé, mais n'avait pas cessé de fonctionner pour autant. Quelque chose qui était prêt à se rallumer. L'homme au visage barbouillé de sang tout frais leva un regard éperdu vers Erwin, comme pour le prendre en témoin de la scène. L'élu de Poseidon ne put s'empêcher de retrousser le nez dans une grimace de mépris. Il cherchait dans ses souvenirs, pourtant il ne trouvait aucun moment de sa vie où il aurait parlé avec si peu de respect à Alexis. Non, jamais. Même dans ses insultes, il y avait une trace de son admiration. Certes, il l'avait détestée comme s'il s'agissait de sa seule raison de vivre. Mais il ne pouvait que la respecter pour la résistance qu'elle lui opposait, pour la lutte qu'elle aussi avait menée, pour les stratagèmes qu'elle avait mis en place aussi bien pour le retrouver que pour le fuir. Il ne pouvait que la respecter parce que, quelque part au fin fond des millénaires, elle était son égale. Les mortels avaient parfois tellement besoin de se sentir supérieurs aux autres... Erwin ne bougea pas d'un centimètre pour s'adresser à l'homme toujours par terre. Il n'avait pas besoin de se sentir supérieur à lui. Il l'était. Les mots qui sortirent de sa bouche pesaient d'indifférence et de jugement.

"Je n'en suis pas entièrement certain, mais je crois bien que vous l'avez mérité. Je suis surpris que vous l'ayez encore, cette main pour compter la caisse."

Sans attendre de réponse, Erwin se détourna. Il ne remarqua qu'alors qu'Alexis était partie. Elle n'était plus là depuis quelques secondes, la porte du diner rebondissait encore, le vent froid s'engouffrant entre ses gonds. L'élu de Poseidon ressentit néanmoins une profonde bouffée de détresse, comme s'il était en apnée au milieu du vide. Il avait cessé de la chercher depuis des années, et pourtant, maintenant qu'Alexis était là, il ne supportait pas l'idée qu'elle puisse s'envoler et disparaître à nouveau. Son coeur battait fort dans sa poitrine. La peur résonnait, différente mais puissante. Alexis était la seule chose qu'il connaissait depuis toujours. Alexis était synonyme de délivrance. D'un pas urgent, Erwin se rua dehors à son tour.

Il avait beau être immortel, l'élu de Poseidon n'était pas insensible au froid, aussi le gel et la neige qui tourbillonnait rageusement dehors lui enserrèrent-ils les membres d'un étau glacial. En dépit de la morsure violente qu'il ressentait dans cette tempête, Erwin avança, cherchant du regard la silhouette solitaire d'Alexis. La rue était changée en plaine couverte de blizzard. Seules les ombres des bâtiments venaient créer du relief dans cette toile grisâtre. La lumière des lampadaires crevait avec peine l'épaisseur des flocons. Erwin parvint tout de même à s'emparer de cette forme humaine, à quelques mètres de lui, qui se découpait dans la nuit blanche. Il courut. A cet instant, il se rendit compte que jamais auparavant il n'avait couru pour la rejoindre. Il avait toujours privilégié la discrétion. Elle non plus, il lui semblait, n'avait jamais pressé le pas vers lui. Entre eux, la course était réservée à la fuite. Comme s'ils savaient qu'ils avaient l'éternité pour s'entretuer.

Erwin tendit la main dans le brouillard gelé. Ses doigts se refermèrent sur le poignet de son ennemie.

"Alexis !"

Malgré la neige qui s'acharnait à tomber entre eux, le jeune homme vit parfaitement le regard d'Alexis lorsqu'elle se tourna vers lui. Il put parfaitement y lire tout ce qu'il connaissait déjà. Colère, peur, haine, incertitude, attente. Depuis tout ce temps, il avait appris à saisir chacune des nuances dans ses iris, chaque mot qu'exprimait le moindre mouvement de ses paupières. Il avait appris tout ça malgré lui, sans le vouloir, sans s'en apercevoir, mais aujourd'hui, il savourait ce savoir qu'il possédait. Avait-il jamais su comprendre quelqu'un aussi bien par le passé ? Ni les rois qu'il avait servis, ni les camarades révolutionnaires avec qui il avait mangé et dormi, ni ceux avec qui il avait partagé la vie dans les tranchées, ni sa femme, ni ses enfants n'avaient jamais réussi à lui faire passer un message aussi vite qu'Alexis. Ce alors même qu'elle ne le voulait sûrement pas.

"Quoi ?"

Sa voix était aussi mordante que le blizzard, sa colère aussi sourde que la tempête. Erwin déglutit. Oui, quoi ? Qu'est-ce qu'il attendait exactement ? Maintenant qu'il était auprès d'elle, il ne savait plus. Voulait-il qu'elle le tue ? La tuer ? Vivre pour toujours ? Au fond, l'élu n'y avait jamais réfléchi. Il avait toujours su. Toujours cru savoir. Il avait une mission, il devait l'accomplir, il ne s'était jamais posé de question. A présent, il n'était plus certain de rien.

"Je voudrais que ça se termine."

La main libre d'Erwin se perdit dans son dos. Par habitude, il possédait toujours une arme sur lui, lorsque cela lui était possible. L'avantage d'être en Amérique du Nord était que cela lui était presque toujours possible. Il tira de l'étui à l'arrière de sa ceinture le colt python qui y résidait, attendant de servir. Saisissant le métal glacial du canon entre ses doigts, il plaça la crosse dans la main d'Alexis.

"Je sais que c'est égoïste. Que je te prive d'une vie éternelle juste parce que je suis fatigué. Mais tu vivras encore longtemps, tu vivras mieux que dans ce trou paumé, je ne serai plus là pour peser sur ton existence parce que la mienne aura pris fin. Si c'est moi qui le fais, ça ne marchera pas, j'ai besoin que ce soit ta main. S'il te plaît, tire."

Chaque mot avait un goût de sang. Mais Erwin ressentait au fond de lui un soulagement qui grandissait. Enfin, il allait trouver le repos. Il condamnait Alexis à compter le nombre d'années qu'il lui restait alors qu'elle avait traversé le temps, mais lui ne pouvait plus se forcer à le faire. L'élue d'Athena restait immobile. Craignant que la tempête ait en réalité avalé ses paroles et qu'elle n'ait pas entendu, il éleva la voix, passant au-dessus du vent.

"Tire."


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Parce que l'art de Matthew vaut de l'or:

Merci Alexis <3:

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Re: Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

« Alexis ! »

Le blizzard grondait dans la ville tel un écho de la tempête qui faisait rage dans le cœur d’Alexis lorsque les doigts d’Erwin se refermèrent autour de son poignet. Elle avait envie de hurler, de le repousser, de fuir, de rester. Elle croisa son regard et se plongea dans la constellation d’émotion qui parsemait ses iris. Combien de fois avait-elle rêvé de ces mêmes yeux, à la fois avec douceur et avec rancœur. Oh, l’envie de se perdre dans ce regard lui comprimait tellement la poitrine qu’une douleur lancinante engourdissait ses membres. Ce n’est que le froid, pensait-elle pour se convaincre. Le froid, le froid, le froid et pas du tout la chaleur qui émanait d’Erwin.

« Quoi ? »

Peut-être qu’en insufflant toute sa rage et toute sa colère dans ce simple mot, il comprendrait qu’elle ne voulait pas qu’il reste ici. Qu’elle voulait qu’il parte. Qu’il la laisse tranquille. Que leur chemin ne se croise plus jamais. Peut-être qu’en insufflant toute sa rage et tout sa colère dans ce simple mot, elle arriverait à se convaincre qu’elle ne voulait pas qu’il reste ici. Qu’elle voulait qu’il parte. Qu’il la laisse tranquille. Que leur chemin ne se croise plus jamais.

« Je voudrais que ça se termine. »

Le cœur d’Alexis battait à tout rompre, menaçant de s’arracher à chaque battement. Puis soudain, le silence. Le silence que même le blizzard peinait à briser. Un silence vieux de plusieurs siècles. Erwin glissa sa main dans son dos et Alexis su que c’était la fin. Elle su à ce moment qu’il allait la tuer, qu’il allait enfin terminer cette mascarade. Une simple larme roula sur la joue d’Alexis. Elle avait eu une éternité pour vivre et elle n’avait jamais vécu. Pourtant, elle ne ferma pas les yeux. Si elle devait mourir aujourd’hui, elle voulait se perdre dans le regard d’Erwin une dernière fois. Ou une première fois. Pour le voir tel qu’il est.

Erwin glissa une arme dans les mains d’Alexis et elle comprit. Elle comprit que ce n’était pas elle qu’il voulait tuer aujourd’hui, mais lui. L’arme était froide mais le métal brûlait la main d’Alexis.

« Je sais que c'est égoïste. Que je te prive d'une vie éternelle juste parce que je suis fatigué. Mais tu vivras encore longtemps, tu vivras mieux que dans ce trou paumé, je ne serai plus là pour peser sur ton existence parce que la mienne aura pris fin. Si c'est moi qui le fais, ça ne marchera pas, j'ai besoin que ce soit ta main. S'il te plaît, tire. »

Chaque mot était comme un coup de poignard dans le cœur d’Alexis. Chaque mot qui sortait de ses lèvres était une pierre qui tombait dans le ventre d’Alexis. Une colère sourde commença à s’enrouler autour d’elle, coulant dans ses veines comme un poison. Ses mains tremblaient. Son corps tremblait. Des années à vivre pour mourir, des années à survivre pour ne jamais vivre.

« Tire. »

La voix d’Erwin grondait par-dessus le blizzard et la colère d’Alexis explosa. Elle jeta l’arme au loin et gifla Erwin, la poitrine gonflée de rage et de rancœur. Peut-être espérait-elle un dernier combat, un symbole au milieu de cette tempête pour justifier le blizzard dans son cœur. Mais l’élu de Poséidon ne fit rien. Il la regarda, muet. Une étincelle d’espoir dans le regard. C’est tout ce qu’il voulait, donc. Qu’elle le tue. Qu’elle laisse sa carcasse pourrir au milieu de la rue. Qu’elle vive sa vie seule, sans personne pour comprendre son fardeau, sans personne pour saisir les nuances de son existence.

« Fais quelque chose ! »

La voix éraillée d’Alexis ne servit à rien. Erwin continuait d’être un pantin désarticulé attendant le moment où on couperait enfin ses fils. Chaque seconde qui passait noyait Alexis dans une colère sourde qui prenait le dessus sur elle. Elle leva de nouveau la main, cette fois en forme de poing et frappa en direction d’Erwin. Peut-être n’était-ce qu’un réflexe, peut-être le voulait-il vraiment, mais il bloqua le coup. S’enchaîna alors un combat de rues entre deux être qui se connaissaient par cœur. Des coups de poings, de coudes, de genoux, de pieds. Tout était sale, désaccordé, dégoulinant d’émotions que ni l’un ni l’autre ne comprenait. Alexis fini par prendre le dessus et se retrouva à califourchon sur Erwin, bloquant ses jambes pendant qu’elle le frappait à répétition au visage.

« Tu n’es… Un coup qu’un connard. Un coup. Je te hais. Un coup. Je te hais. Un coup. Je te hais. »

Pourtant, chaque coup était moins fort que le précédent. Le visage strié de larmes, Alexis frappa mollement le torse d’Erwin, hurlant de chagrin et de colère toutes les émotions qu’elle ne savait pas exprimer autrement. Lentement, elle se laissa aller contre lui jusqu’à que son front soit collé contre son torse et que les larmes se mélangent au sang.

« Arrête de me demander ça. Arrête. Arrête. Arrête. »

La voix d’Alexis se perdit dans ses sanglots et dans le vent du blizzard.


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Re: Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

Le temps s'étendait et Erwin, lui avait vécu des millénaires, sentit chacune de ces secondes s'étirer douloureusement. Elle ne voudrait pas. Elle ne le ferait pas. Elle abandonnerait. Comme elle l'avait déjà fait en Espagne. Comme elle l'avait fait en quittant le diner. A l'idée de vivre encore jusqu'à la fin de l'Humanité sans possibilité de s'échapper, Erwin sentit son coeur se serrer. S'il devait vivre, il passerait à nouveau son existence à chercher Alexis, pour une autre raison qu'autrefois, parce qu'elle était sa permission de s'éteindre, mais il ne le voulait pas. Il n'avait aucune envie de cette vie-là. Il avait eu tout le temps de rêver ce moment, celui où l'élue d'Athena lui rendrait une seconde de liberté avant une éternité de sommeil, et aujourd'hui, à cet instant, elle le lui refusait.

Ce refus se cristallisa dans la main furieuse d'Alexis. Erwin sentit sa joue, déjà mordue par le froid, souffrir davantage là où les doigts de la jeune femme laissaient leurs sillons rouges. Sa peau piquait, hurlait de douleur, tiraillée entre la morsure de la neige et la brûlure de la colère. Erwin aurait aimé que cela suffise à le tuer. Que gagnait-il à riposter ? Et elle, que gagnait-elle à lui résister ? Il la regarda. Longtemps. S'il devait la supplier, il finirait par le faire, mais il n'en était pas encore là, il préférait attendre. Mourir, oui. Mais proprement.

"Fais quelque chose !"

Erwin ne savait tout simplement pas quoi faire. Il aurait aimé bouger, réagir. Donner un sens au fait d'être là, avoir une raison de faire face à Alexis. Mais rien ne lui venait, tout était éteint en lui. Il attendait. Et son attente sembla aspirer celle d'Alexis, qui se rua sur lui. Les gestes esquivés, les coups rendus, tout cela était ancré bien trop profondément dans son être pour qu'Erwin reste encore immobile. Le combat était un pur condensé de colère. Rancoeur envers Alexis et envers les dieux d'avoir existé un jour et de lui avoir imposé, à lui, Erwin, de vivre aussi. Alors qu'ils frappait son ennemie, l'élu de Poseidon revoyait les images de son peuple décimé, les flammes lécher les murailles, les cris déchirer l'air, les ombres se fracasser les unes contre les autres et le sang rougir les rues. Si seulement quelqu'un avait pris la peine de l'égorger cette nuit-là... Si seulement il avait eu la chance d'échapper à cette destinée sans fin.

Peu à peu, le poids du passé accabla Erwin. Ses bras n'eurent plus la force de frapper ni de se protéger. Il était l'abandon, Alexis était la colère. Il ne gagnerait pas contre elle et, finalement, c'était ce qu'il espérait. Un regain d'espoir, l'espoir d'enfin être vaincu, creusa sa place dans le coeur d'Erwin. Il ne se défendit plus, se laissa tomber sous les coups tandis que son ennemie hurlait de rage. Il se rappela vaguement avoir été comme elle, autrefois. A des siècles de là. L'élue d'Athena l'insulta à travers les coups de poing comme elle criait à travers la tempête. Erwin ne sentait plus son corps, engourdi par les blessures et le froid, les vêtements alourdis de neige et l'esprit terrassé de fatigue. Il espérait qu'elle lui donnerait bientôt le coup de grâce, mais sa force, à elle aussi, faiblissait. A nouveau, Erwin comprit qu'elle ne l'autoriserait pas à partir. Ses yeux s'embuèrent de larmes qui ne vinrent jamais.

"Arrête de me demander ça. Arrête. Arrête. Arrête."

Ce fut la première fois qu'Erwin sentit véritablement son coeur se serrer de tristesse. Et, dans sa poitrine meurtrie par les coups, cela faisait particulièrement mal. Il avait envie de hurler, lui aussi, comme Alexis le faisait. Mais il n'avait rien à crier. Il voulait juste supplier. Il avait essayé dans la violence. Il avait essayé dans le calme. Il avait essayé dans l'étreinte. Il avait essayé dans la neige et, encore une fois, on ne lui offrait rien. Il ne savait plus comment s'y prendre.

Les larmes d'Alexis coulaient sur lui, mais il ne les sentait pas à travers l'épaisseur mouillée de son manteau. Il sentait seulement les poings crispés de l'élue trembler contre son torse. Aurait-elle la décence d'enfin le frapper pour de bon ? Erwin attendit. La tempête tournait au-dessus de sa tête comme la colère d'Alexis et comme son propre désespoir. Ne voyait-elle pas qu'il n'avait plus envie de jouer ? Erwin ferma les yeux. Il était fatigué. Et depuis tout ce temps, il avait pensé à épargner l'élue d'Athena, à la laisser gagner pour qu'elle fasse ce qu'elle désirait de sa vie après avoir pris la sienne. Ce n'était vraisemblablement pas la bonne approche. S'appuyant sur ses membres brisés, Erwin se redressa, laissant Alexis glisser au sol. Il se releva et s'empara du colt oublié par terre, à deux mètres de lui.

Il le braqua sur Alexis. Ils avaient échangé les rôles. Elle était l'abandon, lui la colère.

"Alors quoi ? Je dois te tuer ? C'est à moi de le faire ?"

Le pistolet trembla dans la main d'Erwin, qui ne sut dire si c'était à cause de ses doigts émiettés ou de ses émotions confuses. Il sentait à son tour la rage bouillonner en lui. Elle était restée tapie bien longtemps, mais elle se levait à présent. Plus pour les mêmes raisons, mais toujours aussi forte. Les yeux rougis par la colère et les coups, Erwin éleva la voix.

"Est-ce que tu veux vraiment mourir, Alexis ? Parce que si je tire, ce sera terminé pour toi. Et peut-être que ça ne me rendra même pas mortel. Peut-être que je vais quand même rester là, alors que je veux partir. Mais j'y arrive pas ! On m'interdit de crever d'une autre main que la tienne, et j'en peux plus, j'en ai marre de cette vie ! C'est même pas une vie, j'ai essayé, j'ai voulu voir ce que c'était, et j'ai jamais trouvé, jamais réussi à construire une existence qui ait du sens !"

De colère, Erwin pointa le pistolet vers lui et se tira une balle dans la poitrine. Du sang s'écoula paisiblement, comme les autres fois où il avait vainement tenté de s'offrir la mort. Une larme coula le long de sa joue bleuie. Suivie par d'autres, toutes gorgées de rancoeur.

"La seule raison pour laquelle je suis là, c'est pour te tuer. Est-ce que c'est vraiment une bonne raison de vivre ? Est-ce que ça te paraît noble, beau, propre, éthique ou n'importe quelle autre valeur mise en avant par les mortels depuis qu'on est là ? Je veux pas te tuer, je peux pas. Je peux plus. Et si je peux pas te tuer, alors je voudrais me tuer, moi."

L'expression de colère qui tortura le visage d'Erwin à cet instant était sans égale. Rageur, il pointa son arme et son regard vers le ciel enneigé, défiant les dieux, pour peu que ceux-ci aient encore connaissance de leurs enfants-soldats maudits.

"Et même ça, on me le refuse !"

Une dernière fois, Erwin tendit le colt python vers Alexis.

"Alors on fait quoi, maintenant ? Pourquoi tu ne veux pas me rendre ce service ? Ca te permettrait de continuer à vivre sans cette malédiction qui pèse sur nous. Ca te permettrait d'être fière, de venger ton peuple. Poseidon a mal choisi, j'ai pas ta volonté. Ce que je veux, c'est partir, s'il te plaît. Comment veux-tu que j'arrête de te le demander alors que tu es la seule personne qui peut me l'offrir ?"

Le blizzard continua de souffler, gelant les larmes sur les joues d'Erwin. Le froid s'insérait dans son corps par le petit puits rouge sanglant en face de son coeur sans parvenir à imiter le froid de la Mort.


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Parce que l'art de Matthew vaut de l'or:

Merci Alexis <3:

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Re: Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

La lassitude, la colère, la tristesse, la colère, la colère et encore la colère. Certaines personnes semblaient capables de vivre des myriades d’émotions alors qu’Alexis n’en ressentait que quelques-unes, comme prisonnière d’une cage dans laquelle elle ne pouvait jamais étendre ses ailes. Connaitrait-elle un jour d’autres émotions que les trois mêmes ? Le bonheur lui était-il destiné d’une façon ou d’une autre ? Parfois, elle avait touché du bout des doigts quelque chose de semblable. La joie avait balayé la tristesse, les rires avaient effacé la colère, l’excitation avait remplacé la lassitude. Pour autant, Alexis était toujours retourné aux mêmes émotions, comme si elle n’existait que pour elles et vice versa.

Erwin semblait similaire. Elle vit la colère peindre sa noirceur sur le visage de l’immortel, s’insinuer entre ses pores, enlaidir son corps entier. Était-ce à ça qu’elle ressemblait lorsqu’elle laissait la haine prendre le dessus ?

« Alors quoi ? Je dois te tuer ? C'est à moi de le faire ? »

Alexis le fixait comme on fixe une œuvre d’art : silencieuse, immobile. Qu’avait-elle à répondre à ça ? Allait-il tirer si elle bougeait ? Lui qui ne s’était pas débattu quand elle lui demandait, espérait-il d’elle la même attitude ou bien enrageait-il de voir son propre reflet dans cette Alexis assise par terre, couverte de neige, de boue et de sang ?

« Est-ce que tu veux vraiment mourir, Alexis ? Parce que si je tire, ce sera terminé pour toi. Et peut-être que ça ne me rendra même pas mortel. Peut-être que je vais quand même rester là, alors que je veux partir. Mais j'y arrive pas ! On m'interdit de crever d'une autre main que la tienne, et j'en peux plus, j'en ai marre de cette vie ! C'est même pas une vie, j'ai essayé, j'ai voulu voir ce que c'était, et j'ai jamais trouvé, jamais réussi à construire une existence qui ait du sens ! »

Les mots d’Erwin trouvaient leur écho dans le vécu d’Alexis. Elle aussi avait donné une chance à cette vie éternelle dans laquelle elle était prisonnière. Elle aussi avait essayé de se fondre parmi les humains et faire comme si elle pouvait aspirer à plus grand qu’elle. Mais elle aussi n’avait reçu que le goût amer de la déception.

Le sang s’échappait du ventre d’Erwin sans que rien n’entache son désespoir alors que sa colère se transformait en quelque chose d’autre, alors que les larmes coulaient le long de ses joues pour se mélanger à la neige.

« La seule raison pour laquelle je suis là, c'est pour te tuer. Est-ce que c'est vraiment une bonne raison de vivre ? Est-ce que ça te paraît noble, beau, propre, éthique ou n'importe quelle autre valeur mise en avant par les mortels depuis qu'on est là ? Je veux pas te tuer, je peux pas. Je peux plus. Et si je peux pas te tuer, alors je voudrais me tuer, moi. »

Plus la rage enlaidissait Erwin, tordant ses traits dans une expression qu’elle ne connaissait que trop bien, plus Alexis avait du mal à détacher son regard de lui. Une fascination morbide, nouvelle, obsessionnelle, broyait ses intestins.

« Et même ça, on me le refuse ! »

Erwin ne pouvait pas tuer Alexis.
Alexis ne pouvait pas tuer Erwin.
Pour autant, aucun d’eux ne pouvait mourir autrement que de la main de l’autre. L’ironie de la situation était si ridicule qu’Alexis aurait pu en rire si elle n’était pas paralysée par ses propres émotions, les habituelles, celles qui torturaient son existence depuis la nuit des temps.

« Alors on fait quoi, maintenant ? Pourquoi tu ne veux pas me rendre ce service ? Ça te permettrait de continuer à vivre sans cette malédiction qui pèse sur nous. Ça te permettrait d'être fière, de venger ton peuple. Poseidon a mal choisi, j'ai pas ta volonté. Ce que je veux, c'est partir, s'il te plaît. Comment veux-tu que j'arrête de te le demander alors que tu es la seule personne qui peut me l'offrir ? »

Alexis se releva doucement et pris l’arme des mains d’Erwin. Elle ne le braqua pas vers lui mais réduit la distance entre eux. Elle laissa ses doigts courir sur le ventre d’Erwin, mélangeant son sang au sien. Puis elle rapprocha ses mains de son visage, comme si elle le découvrait pour la première fois – ce qui était le cas, d’une certaine façon, chassant une mèche qui s’était collé à son front.
Les larmes et la neige.
Le sang et la boue.
Alexis et Erwin.

« Je préfère vivre un million d’année en sachant que tu es quelque part que de vivre une seule seconde en ton absence. »

La vérité de ses propos la surprit. Vivre sans Erwin, c’était perdre une moitié d’elle. Même dans la rage, même dans la haine, il était son âme sœur. Si ce n’était pas lui, qui d’autre ? Il était la seule personne à pouvoir la comprendre, à pouvoir ressentir de ce qu’elle ressentait, à pouvoir saisir la nuance de ses trois pauvres émotions. S’il mourait, alors elle éteignait le dernier espoir qui lui restait, la dernière chance qu’elle avait de réellement vivre.

Alexis recula de deux mètres. Elle resserra sa prise autour de l’arme et la pointa contre sa propre tempe. Un sourire sincère s’étira sur ses lèvres, un sourire chaleureux, un sourire qu’elle aurait pu lui offrir dans d’autres circonstances, un sourire qui aurait pu signifier le début plutôt que la fin.

« Cela ne me tuera pas. Mais ça m’assommera assez pour que ça en ait l’air. Tu n’auras qu’à finir le travail. Tu deviendras mortel. Et tu me rejoindras à ton tour. Peut-être que cette fois, on pourra… »

Alexis ne finit pas sa phrase, laissant la suite en suspens. On pourra quoi ?
Alexis tira.


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Re: Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

Depuis une éternité, Erwin n'avait eu qu'un seul but : couper le fil d'une vie. Celle d'Alexis d'abord, la sienne ensuite. Cet objectif avait irradié une lumière semblable à celle du soleil dans la nuit qu'était cette existence vengeresse. Rien n'avait jamais été aussi radieux et agréable que l'idée de trouver la mort, de l'un ou de l'autre. Pendant des années, des décennies, des siècles, des millénaires... Erwin se revoyait enfant, grandissant dans les milieux influents ou violents pour espérer s'endurcir et se rendre aussi dangereux qu'intouchable. Cette dureté, il avait passé le reste de son insipide errance à la regretter, à vouloir s'en débarrasser comme on se débarrasse d'un manteau défraîchi. L'insensibilité était un prix qu'il devenait douloureux de payer. Quant à une telle existence, Erwin maintenait qu'elle n'avait de valeur que si la Faucheuse attendait à la fin.

Depuis l'Antiquité, l'élu de Poseidon avait vécu en suivant un objectif, un seul. La Mort. Alexis. Qu'elle soit celle à tuer ou l'arme qui mettrait fin à ses jours, il l'avait cherchée. Pourtant, alors qu'il était là, face à elle, et qu'elle lui arrachait le colt des mains pour mimer un geste funeste, Erwin ne ressentait rien. Pas de joie, pas de peine. Ce n'est que lorsqu'il se trouva seul, une Alexis inerte à ses pieds, que le monde sembla s'écrouler.

Et à cet instant seulement, les mots prononcés et déjà envolés prirent une consistance.

"Je préfère vivre un million d'années en sachant que tu es quelque part que de vivre une seule seconde en ton absence."

C'était nouveau, cette sensation de sentir son coeur se remplir et se déchirer à la fois. S'il cherchait bien dans ses souvenirs, Erwin pouvait retrouver cette douleur d'avoir tout perdu, tous ceux qu'il connaissait. Une vague de nostalgie aurait pu l'engloutir, sans cette impression nouvelle. Celle de ne plus rien vouloir d'autre qu'être avec elle. Alexis. Qui gisait par terre, dans une mare sanglante s'étendant, rouge éclaboussure de vie gâchée, dans la neige.

Erwin eut soudain envie de crier. De hurler. S'arracher la gorge, les poumons et le coeur. Même lors de la guerre qui avait anéanti sa cité, il n'avait pas ressenti un tel besoin de déchirer son être et le ciel. L'univers basculait. L'élu n'avait jamais été si près de recevoir ce qu'il cherchait depuis tout ce temps et, à ce moment, il se rendait compte qu'il ne voulait plus de ça. L'image d'Alexis inconsciente le heurta de nouveau. Une porte s'ouvrait en lui, les mots s'y engouffrèrent. Vivre un million d'années en sachant que tu es quelque part. Vivre un million d'années en sachant qu'elle était quelque part. Le cri dans la gorge d'Erwin enflait, de plus en plus difficile à contenir. L'élu en avait la nausée, mais il ne pouvait libérer ce hurlement qui l'étouffait. Il se sentait profondément démuni. La douleur grandit, grandit encore, jusqu'à le faire ployer. Erwin se laissa tomber à genoux contre ce corps perdu au milieu du froid.

"On pourra quoi, Alexis ?"

Le colt scintilla sous la lumière crue des réverbères perdus dans le blizzard. A l'absence de réponse se mêlèrent les larmes, et déchirant le silence, le cri, enfin s'échappa. Une clameur de souffrance que la tempête emporta dans la grêle. Une détonation dans l'air glacial de la nuit.

***

Erwin n'avait pas dormi de la nuit. Cela ne l'avait jamais dérangé : le manque de sommeil lui coûtait, mais il n'altérait pas sa santé. Des nuits blanches, il en avait vécu bien d'autres. L'adrénaline de la traque ou la peur de l'ennemie l'avaient souvent gardé éveillé. Cette fois-ci, il se sentait tout simplement trop anéanti pour fermer l'oeil, et la fatigue lui semblait plus pensante. Comme si son corps avait brusquement décidé de vieillir. Il n'appréciait pas cette sensation. Tout son être lui semblait vulnérable à présent, lui qui avait si longtemps tenté de déjouer son immortalité. Depuis tant d'années, Erwin n'avait connu aucun réel changement, aucune nouveauté. Oh bien sûr, il avait vu naître et mourir des personnalités dont parleraient les livres d'Histoire, apparaître des inventions qui repoussaient toujours un peu plus les limites de l'imagination. Mais jamais il n'avait ressenti de vrai bouleversement au fond de lui. Rien de comparable à ce qu'il vivait à cet instant, tandis que l'aube de l'hiver se levait sur sa nouvelle vie. Et sur le visage d'Alexis, étendue dans son canapé.

Erwin était irrésistiblement attiré par elle, il avait eu un réel besoin de la regarder dans la nuit, et pourtant il ne pouvait se résoudre à dévorer la distance qui les séparait. Chaque instant qui s'écoulait dans l'attente du réveil d'Alexis était une seconde de plus où le jeune homme envisageait de s'enfuir. Tant pis si c'était son appartement, ses meubles, des affaires. Son instinct le poussait malgré lui à s'éloigner de l'élue d'Athena tandis que le brasier nouveau crépitant au sein de son être lui susurrait de rester. Il attendait donc fébrilement que la plaie se referme dans la tête de la jeune fille pour la laisser enfin émerger de son état comateux. Et si, en ouvrant les yeux, elle avait oublié ? Et si la balle avait perforé une amnésie profonde dans ce cerveau immortel ? Et si tout recommençait ?

Les questions devinrent muettes dans l'esprit d'Erwin lorsque, enfin, les paupières d'Alexis se soulevèrent. Il fallut quelques instants avant que leurs regards s'accrochent à travers la pièce qui les séparait. L'élu de Poseidon sentit sa gorge s'assécher.

"Va pour le million d'années."


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Re: Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

Alexis naviguait dans les eaux troubles de ses propres songes, incapable de comprendre les images que lui renvoyait Morphée. Parfois, elle se disait qu’il ne s’agissait que de souvenirs de son autre vie, celle où elle n’avait qu’une vie devant elle au lieu d’une éternité. Était-ce les visages de gens qu’elle avait aimé et dont elle ne souvenait plus qu’elle voyait dans les recoins de son esprit endormi, ou bien était-ce les dieux qui se jouaient d’elle en lui montrant une vie qu’elle n’avait jamais eu ?

Bientôt, les rêves paisibles et confus se dissipèrent au profit de cauchemars plus vifs, plus réels. Alexis revivait de façon complètement tordue des scènes qu’elle connaissait déjà. Des moments historiques vécus aux premières loges. Des visages familiers morts sous ses yeux. Encore, et encore, et encore. Et surtout, Erwin. Erwin, qu’elle traquait. Erwin qui la traquait. Erwin qui ne mourait pas. Erwin qui voulait la tuer. Erwin qu’elle voulait tuer. Erwin qui ne mourait pas.

Erwin.
Erwin.
Erwin.

Je préfère vivre un million d'années en sachant que tu es quelque part que de vivre une seule seconde en ton absence.

Erwin qui ne mourait pas.

Alexis ouvrit les yeux péniblement, un mal de tête atroce faisait battre le sang dans ses tempes. Pendant un court moment, elle ignorait tout de ce qui l’avait conduit ici. Avait-elle bu la veille ? Avait-elle atterri dans l’appartement d’un parfait inconnu sans souvenir de la veille ? Allait-elle devoir partir et changer de ville dans l’espoir de ne jamais croiser cette personne ?

Une sensation désagréable, encore plus que son mal de tête, tira Alexis de ses pensées. Quelqu’un la fixait, quelque part dans cette pièce. Lentement, elle tourna la tête vers une silhouette à quelques mètres d’elle. Son cœur rata un battement et une douleur sourde résonna en elle lorsqu’elle reconnut Erwin. Son corps, par habitude, se figea, comme une proie face à son prédateur. Avait-elle une arme sur elle ? Était-elle attachée ?

« Va pour le million d'années. »

Un long silence s’étira entre les deux immortels durant lequel Alexis fut frappée par ses propres souvenirs. La tempête, le sang, la sueur, l’arme à feu. Peut-être que cette fois, on pourra… Alexis souffla fort du nez et un sourire s’étira sur ses lèvres. Elle remonta son bras pour cacher ses yeux et soupira de contentement. Une étrange chaleur enveloppa son corps alors qu’elle fermait les yeux.

« Va pour le million d’années. »

Sa voix n’était qu’un murmure, à peine fort pour qu’Erwin puisse l’entendre à l’autre bout de la pièce où il se tenait. Alexis n’était pas sotte et une partie de son esprit attendait le coup de couteau dans le dos, mais elle s’y était résignée malgré tout. S’il ne le faisait pas maintenant, qu’il le fasse plus tard. Comme elle l’avait déjà, elle ne le tuerait pas. S’il voulait en finir, il n’avait qu’à le faire de lui-même.

***


Alexis fronça les sourcils. Elle qui avait connu des guerres et des famines, la mort et la torture, la peur et la soif, elle qui n’avait connu qu’une vie de colère et de rancune, avait les mains qui tremblaient et venait de louper, non pas une fois ou deux fois, mais bien trois fois sa serrure. Alexis fixa sa clé avec autant de haine qu’elle le pouvait avant de se reprendre. Derrière elle, l’aura d’Erwin se faisait discrète. Il y avait toujours une certaine distance entre eux depuis ces quelques jours et aucun n’avait visiblement envie d’être physiquement trop proche de son ennemi mortel, comme s’ils étaient deux aimants dont la polarité les empêchaient de s’effleurer. Pour autant, ils semblaient incapables de se passer de la présence de l’autre et faisaient toujours en sorte d’être dans leur champs de vision respectif dès qu’ils le pouvaient. Crainte de voir l’autre sortir une arme ou crainte que ce moment fugace de paix ne s’évapore ?

Un miaulement attira l’attention d’Alexis qui se concentra à nouveau sur le moment présent. Elle ouvrit la porte sans plus attendre et fut accueilli par deux chats qui la fusillaient du regard. « Ça fait trois jours que tu n’es pas venue, tu n’as pas honte ? » semblaient-ils dire silencieusement. Alexis leva les yeux au ciel et se hâta vers la kitchenette où elle servit des croquettes aux félins qui étaient loin de mourir de faim puisqu’il y avait des gamelles pleines dans tout l’appartement. Lorsqu’elle tourna la tête, elle vit qu’Erwin était toujours dehors, fixant l’appartement minuscule d’Alexis depuis l’extérieur.

« Tu peux… rentrer, tu sais ? »

De nouveaux miaulements attirèrent l’attention d’Alexis alors que la chatte noire se frottait contre ses jambes sans s’intéresser à la gamelle qu’elle venait de poser par terre. L’immortelle suivit des yeux l’animal qui se dirigea lentement vers le lit, lançant des regards appuyés à Alexis qui se résigna à s’avancer à son tour dans cette direction. Lorsqu’elle comprit ce qu’essayait de lui montrer l’animal, Alexis resta pantoise.

« Ah. »

Là, au milieu de ses oreillers : du sang, une matière visqueuse et trois petits chatons endormis.


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Re: Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

Alexis et Erwin se regardaient-ils constamment parce qu'ils avaient besoin d'un contact permanent l'un avec l'autre, ou pour s'assurer de toujours surveiller leurs gestes mutuels et parer tout coup de poignard inattendu ? L'élu de Poseidon n'était pas capable de le savoir lui-même. En quelques jours, la présence d'Alexis était devenue une habitude dont il ressentait qu'il ne pourrait plus se défaire. Pour autant, elle n'était pas toujours rassurante. La petite voix qui, toute sa vie durant, avait susurré à son oreille que la mort d'Alexis était la seule chose qui valait la peine de vivre ne se taisait pas tout à fait. Même si Erwin avait changé d'avis. Il ne tuerait pas la jeune femme, il ne lui volerait pas son éternité pour mettre fin à la sienne. Il n'en avait plus envie. Mais elle ? Quelques jours avaient eu raison d'un mode de vie sans âge, mais pas de la méfiance éternelle qui régissait les moindres pensées de l'élu.

Tandis qu'Alexis tentait d'ouvrir la porte de chez elle, cette méfiance était là. Elle tournait autour des deux immortels et transparaissait dans les mains hésitantes d'Alexis ainsi que dans les oeillades en coin d'Erwin. Lorsque la porte s'ouvrit enfin et que deux chats apparurent, l'élu de Poseidon fut surpris. Il n'y avait pas de raison justifiant qu'Alexis vive complètement seule, pas de règle imposée par les dieux ordonnant que tous deux s'isolent pour toujours. Pourtant, Erwin n'avait jamais réussi à s'accrocher réellement à un autre être vivant. Il lui avait semblé évident, toutes ces années, qu'Alexis devait mener la même vie de solitude que lui. A l'évidence, les chats, eux, n'avaient pas apprécié rester seuls dans l'appartement.

"Tu peux… rentrer, tu sais ?"

Erwin frémit. Ses pensées encore tournées vers sa vie sans attache, il perçut la voix d'Alexis comme une intruse. L'idée d'entrer ]chez elle – et sur invitation contrairement à la visite d'Alexis chez lui qui s'inscrivait plutôt dans la case des urgences – était aussi dérangeante qu'apaisante. Tout son corps fourmillait d'indécision. Il avait envie d'entrer. Mais un instinct de survie qui remontait à des siècles le clouait sur place en dépit de sa volonté. Aller. Maintenant. Erwin fit un pas en avant. Le deuxième suivit et, en quelques secondes, il fut à l'intérieur. Aucun piège ne se referma sur lui et un nouveau souffle dans sa tête lui murmura qu'il n'y avait rien d'étonnant à ça. L'élu avait envie d'y croire.

"Ah."

La voix d'Alexis venait d'une pièce à l'écart. Erwin s'y dirigea, ne sachant que faire d'autre dans cet appartement inconnu. Quand son regard se posa sur les petits corps qui jonchaient les draps salis, il resta sans voix. Au milieu de cette omniprésence du danger et de la mort, trois petites boules de vie respiraient en silence. Alexis traversa l'appartement pour trouver une boîte, y mettre une montagne de tissus, puis y déposer soigneusement les chatons qui couinèrent, à moitié endormis. Tant de douceur dans les gestes de l'élue d'Athena avait quelque chose de surprenant. Cela détonnait. Erwin la regarda attentivement. Dans son coeur gonflait l'espoir que les liens entre eux pouvaient être faits d'autre chose que de la violence et de la rancoeur.

Alexis entreprit ensuite de changer ses draps poisseux. A ce moment, Erwin cessa d'être immobile et proposa de l'aider. Il apporta les draps sales dans le panier à linge que lui indiqua l'élue tandis qu'elle apportait des housses propres. A eux deux, ils agitèrent les draps pour les installer. Ce geste si anodin prit une dimension immensément douce pour Erwin. L'odeur de la lessive était agréable, l'air concentré peint sur le visage d'Alexis était beau, la tâche effectuée à quatre mains était nouvelle. A travers les plis de tissus pâle qui cachaient à intervalles réguliers les yeux de la jeune femme, Erwin l'observait. Il se prit à sourire tendrement.

* * *

"Ils auront un nom, j'imagine ?"

De toutes les choses qu'il avait pu observer en une vie si longue, Erwin n'avait jamais prêté attention aux formalités qui concernaient les animaux de compagnie. Les humains se liaient à ces derniers, ils leur donnaient un nom. Mais au bout de combien de temps ? Alexis était-elle censée avoir déjà trouvé un nom pour chacun des chatons endormis au creux de la boîte posée au sol ? Ou existait-il un rituel spécifique à effectuer à un moment précis de la vie de l'animal pour le nommer ? Plongé dans son incertitude et son ignorance, Erwin passait doucement un doigt sur le dos d'un des chaton qui, dans son sommeil, réagissait aux caresses en tendant chacun de ses muscles miniatures. L'élu était fasciné par cette vie qui déferlait d'un si petit être inconscient. Depuis qu'il était arrivé dans l'appartement, il avait regardé Alexis, l'avait suivie, était resté debout. Ce n'était qu'une fois les draps remis en place et les chatons lovés dans la boîte près de leur mère qu'Erwin avait décidé de s'asseoir. Il y avait autour de lui une force apaisante, désormais. Il se sentait en sécurité, pour le moment, et il voulait en profiter.

Alexis semblait réfléchir à cette question de noms, les yeux vaguement tournés vers les chatons. La naissance surprise n'avait pas dû l'aider à se préparer à de telles formalités. Trois noms à trouver, une responsabilité qui paraissait bien étrange et futile en comparaison avec l'immortalité et le moyen de s'en débarrasser. Erwin avait envie de dire qu'il avait connu plus grave comme problème au cours de sa vie, qu'elle pouvait oublier sa question et se concentrer sur autre chose que des noms à donner à ces chatons. Au lieu de ça, il cessa de caresser le petit animal sous sa main et s'adossa au mur en regardant dans le vide.

"Je n'ai jamais eu d'animal de compagnie. Est-ce que c'est comme ta famille ?"


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Re: Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

« Ils auront un nom, j'imagine ? »

Assise par terre, Alexis jouait doucement avec le chat roux qui lui donnait des coups de pattes paresseux, sans sortir les griffes, vautré au sol entre elle et le panier improvisé pour chatons. Était-ce lui le géniteur ? Alexis n’avait jamais pris le temps de regarder avec attention ce genre de détails. Ou de leur donner des noms, puisque c’était le sujet de la question d’Erwin. En regardant l’animal tenter d’attraper mollement sa main, Alexis se demanda quel genre de nom elle aurait pu lui donner, à lui. Croquettes ? Bandit ? Sherlock Holmes ? L’Écossais ? Alexis secoua légèrement la tête. Non, elle n’était définitivement pas faite pour nommer des animaux.

« Je n'ai jamais eu d'animal de compagnie. Est-ce que c'est comme ta famille ? »

Perdue dans ses pensées, Alexis n’avait pas pensé à répondre à Erwin qui enchaînait avec une autre question qui fit légèrement froncer les sourcils d’Alexis. La notion de famille était floue dans son esprit. Avait-elle déjà eu une famille ? Était-ce comparable ? D’aussi loin qu’Alexis puisse se souvenir, elle était incapable de définir ce qu’était une famille ou les émotions qui étaient rattachés à cette notion. Elle avait passé une éternité à fouler cette terre et avait pu observer pas mal de schéma familial au cours de son existence : de celles qui ne se justifiaient que par le sang à celles qui n’acceptaient que ceux qui avaient des âmes similaires.

Un long miaulement attira son attention et Alexis baissa les yeux sur le rouquin qui la fixait passablement agacé. En s’égarant dans sa réflexion, elle avait cessé d’agiter ses doigts, au grand damne du félin qui se releva et partit bouder un peu loin. Alexis réalisa qu’il n’était pas le seul à qui elle n’avait donné aucun signe de réponse depuis plusieurs minutes. Elle reporta son attention sur Erwin qui ne semblait pas s’en formaliser. Enfin, supposait-elle car elle était bien incapable de lire ce genre d’émotions sur le visage de son éternel ennemi. Elle lui connaissait la rage, la colère, la haine, la tristesse, l’ambition, le désespoir, la surprise… mais ce genre de chose ? Non, définitivement non.

« Je sais pas, peut-être qu’ils le sont à leur façon. Ils sont généralement rejetés, seuls et à la rue. Ils passent par le toit et viennent jusqu’ici. Je n’allais pas les virer alors ils sont restés… D’autres vont et viennent parfois mais ces deux-là sont ceux les… les réguliers, on va dire. »

Alexis réalisa que ça ne répondait pas vraiment à la question d’Erwin mais elle s’en fichait. Une fois les vannes ouvertes, elle avait bien du mal à se taire. Depuis combien de temps n’avait-elle pas pu parler librement à quelqu’un ? Erwin était probablement la seule personne à qui elle pourrait parler de tout ça, de toute façon. S’il la poignardait dans son sommeil, autant qu’elle parte l’esprit tranquille.

« Et puis, il y a quelque chose de plus naturel avec les animaux. C’est normal qu’ils meurent avant moi. Alors je m’en occupe. Ils vivent leur vie et moi aussi, et on se croise et on s’apprécie. Enfin je suppose ? Je les apprécie, moi, en tout cas. Et quand ils meurent, que ce soit de vieillesse ou d’accidents, c’est… c’est normal. Les animaux ont une vie plus courte. Et c’est moins- moins- moins bizarre. »

Alexis fixa les petits chatons qui dormaient dans la petite boîte. La mère s’étira et quitta le panier pour aller manger quelques croquettes avant de finalement s’affaler contre les jambes d’Erwin en ronronnant. Il y avait quelque chose d’extraordinaire dans cette scène, quelque chose d’onirique, quelque chose d’étrange. Erwin, les chatons, sa chambre. Alexis soupira et perdit son regard dans le vague en repensant à la première question d’Erwin au sujet des noms. Peut-être était-ce une façon de se protéger que de ne pas les nommer, une façon de se préserver elle aussi. Si les chats restaient des chats et qu’ils n’étaient qu’une masse informe de compagnons dans son éternelle vie alors la perte était moins dure. D’une certaine façon. Peut-être qu’il était temps de fonctionner autrement. Alexis tourna la tête vers Erwin.

« Tu veux leur donner des noms ? »


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Re: Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

Alexis mit du temps à réfléchir avant de répondre à Erwin. L'élu de Poseidon ne la pressa pas. Entendre le son de sa voix proférer autre chose que des menaces ou des insultes était encore nouveau, trop inhabituel, et il ne ressentait aucune urgence à réitérer l'expérience à chaque fois qu'ils échangeaient tous deux quelques paroles.

"Je sais pas, peut-être qu’ils le sont à leur façon. Ils sont généralement rejetés, seuls et à la rue. Ils passent par le toit et viennent jusqu’ici. Je n’allais pas les virer alors ils sont restés… D’autres vont et viennent parfois mais ces deux-là sont ceux les… les réguliers, on va dire."

Un sourire amer étira les lèvres d'Erwin. Du plus profond de ses souvenirs, il ne parvenait pas à retrouver quiconque ayant les mêmes réflexions qu'Alexis. Les mortels s'attachaient ; ils s'encombraient d'animaux domestiques pour cette raison, les contraintes que cela générait ne les freinaient que rarement dans leur décision. Cependant, les autres, les errants, les sauvages, ces animaux-là ne trouvaient que rarement attrait à leurs yeux. L'élu avait bien croisé, au cours de sa vie, quelques vieilles dames un peu folles et surtout un peu trop seules qui s'étaient laissées attendrir par des chats à l'image de ceux qu'Alexis accueillait. Elles y gagnaient la compagnie sans le fardeau des soins vétérinaires. Mais non, personne ne lui avait jamais tenu le discours de l'élue d'Athena. "Je n'allais pas les virer..." Bien des humains ne s'en seraient pas privés.

"Et puis, il y a quelque chose de plus naturel avec les animaux. C’est normal qu’ils meurent avant moi. Alors je m’en occupe. Ils vivent leur vie et moi aussi, et on se croise et on s’apprécie. Enfin je suppose ? Je les apprécie, moi, en tout cas. Et quand ils meurent, que ce soit de vieillesse ou d’accidents, c’est… c’est normal. Les animaux ont une vie plus courte. Et c’est moins- moins- moins bizarre."

A ces mots, la gorge d'Erwin se serra. Mourir avant elle. Mourir avant lui. Tout le monde mourait avant eux. L'immortel avait appris à ne plus s'en émouvoir. A ne plus tisser de lien pour ne plus souffrir de leur rupture, à ne plus s'accrocher pour ne pas risquer de s'arracher les doigts, à ne plus donner son coeur pour ne plus le voir partir au loin. Jamais il ne s'était demandé ce que ça lui ferait de voir un être disparaître naturellement avant lui, mais les mots d'Alexis creusaient un profond sillon dans sa chair. Il les ressentait avec la même peine mêlée de fatalité. Son regard se posa, pour la première fois compatissant, sur Alexis.

"Tu veux leur donner des noms ?"

Cette question retentit avec l'accent de la surprise. Aux yeux d'Erwin, ce n'était pas à lui de donner des noms à ces petites boules de poil qu'il ne connaissait pas et pour lesquelles il n'avait pas d'attache. Légèrement mal à l'aise, le jeune homme se gratta machinalement la nuque en regardant par la fenêtre.

"Si tu comptes sur moi pour les nommer, on va rester sur Le Roux, Le Tigré et Le Noir et Blanc. Je suis pas d'une inventivité débordante en la matière. C'est probablement... le manque d'expérience. Je veux dire... de compagnie."

Il ne sut dire si le son qui lui parvint tenait du rire étouffé, du soupir de lassitude ou d'un simple courant d'air impromptu. Mais il ne quitta pas la fenêtre des yeux.

***

Le temps passait, l'hiver tempétueux s'estompait pour laisser place à des gelées mordantes mais passagères, et Erwin se laissait apprivoiser peu à peu. Ou était-ce lui qui apprivoisait Alexis ? Il ne savait trop le dire. Toujours était-il que les tensions qui déchiraient son être à chaque fois qu'il la voyait s'envolaient doucement. Il se réveillait un matin en ressentant la disparition d'une parcelle de haine dans son coeur, la place libérée par un brin de colère dans son corps. Le lendemain, il se sentait un peu plus apaisé que la veille. Il avançait à pas de souris sur le long chemin à parcourir, mais il était de plus en plus sûr qu'Alexis l'attendait au bout, toute rage dissipée.

Il ne la voyait pas tous les jours. Il avait encore besoin de moments de solitude pour assimiler les nouveaux sentiments qui se faisaient une place au fond de lui. Et il ressentait encore trop d'insécurités aux côtés de l'élue d'Athena. Alors qu'il pouvait désormais s'autoriser quelques sourires avec elle, il lui arrivait encore de ressentir une menace, comme si, en se retournant vers elle, il allait trouver Alexis penchée vers lui, un poignard à la main. On n'effaçait pas des millénaires de méfiance en quelques semaines.

Lorsqu'ils décidaient de se retrouver, ils choisissaient parfois de le faire dans un lieu extérieur. Erwin en était rassuré. Il se sentait moins pris au piège, toute issue possible pour prendre la fuite. Il n'avait pas encore eu recours à cette option, mais le fait de savoir qu'il pouvait disparaître sur un coup de tête était réconfortant. Cela lui permettait d'aborder ses moments avec Alexis de manière plus sereine. Les éclairs de méfiance qui le foudroyaient de temps à autres n'étaient pas suffisants pour le faire rebrousser chemin, sachant qu'il était maître de ses échappatoires. Comme en cet instant, sur un banc miteux à moitié abandonné, soigneusement éloignés d'un bon mètre l'un de l'autre. Ils s'étaient assis là parce que le parc était calme et relativement désert, et que ce banc était caché par quelques buissons alentours. Ils étaient d'accord sur une chose : les cris des enfants qui s'amusaient dans le module de jeu, dans l'espace ensablé au milieu du terrain, étaient plus que désagréable. Plus éloignés ils s'en tenaient, mieux ils se portaient.

Et, comme il le leur arrivait de nombreuses fois encore, la conversation n'en était pas tout à fait une. De longs silences ponctuaient souvent leurs dialogues, leurs réponses étaient parfois lacunaires ou en décalage avec la question qui précédait. C'était ainsi qu'ils apprenaient à discuter. S'autorisant à ne dévoiler que ce qu'ils étaient prêts à dévoiler, et à ne demander que ce qu'ils étaient enclins à demander. Dans leurs silences, ils se comprenaient mieux qu'ils ne voulaient bien l'admettre.

"Je me demande si nos vies auraient eu la même couleur sans cette malédiction."

Le vent souffla dans les branches dégarnies des arbres comme pour combler le vide dans ces paroles. Alexis écouta. Elle n'en disait rien, mais Erwin était persuadé qu'elle savait qu'il avait autre chose à ajouter. Elle n'écoutait pas seulement. Elle attendait.

"Je veux parler de nos personnalités. Ce qu'on a au fond. Pas cette colère, ni cette haine que je ressens encore parfois, mais le reste. Ton attention pour tes chats. Mon goût pour les promenades sous la pluie. Je me demande... comment on aurait grandi et vieilli dans nos cités antiques. J'ai parfois l'impression de ne pas avoir ma place ici, dans ce monde-ci, à cette époque. Je suis en trop et c'est comme si j'avais vécu plusieurs vies, avec plusieurs personnalités. Laquelle est la vraie ?"

Le regard d'Alexis se plongea dans la contemplation d'un tronc d'arbre un peu plus loin, les lèvres toujours fermées sur son mutisme. Erwin s'engouffra dans ce nouveau silence.

"Je n'ai plus envie de te tuer, mais je pense encore à chercher un moyen de mourir, parfois. Pas toi ?"


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Parce que l'art de Matthew vaut de l'or:

Merci Alexis <3:

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