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Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN
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Alexis Nyqvist
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Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

« Alexis, pupille de la Cité, lève-toi et accueille la bénédiction de notre Déesse Patronne. »

L’enfant se leva, apeurée et confuse. La perte de la précédente Bénie avait été un choc pour le monde, mais d’autant plus Alexis pour qui elle représentait ce qu’il y avait de plus proche d’une mère. L’enfant ne s’attendait pas à être la suivante. Elle ne s’attendait à rien à part retrouver son statut d’orpheline recueillie au Temple.

Brave, l’enfant se mordit la langue et avança silencieusement jusqu’à l’Autel où l’attendait la Grande Prêtresse. Elle sentait le regard brûlant des autres membres de la Cité, à la fois admiratif et confus. Pourquoi la Grande Patronne avait-elle choisi une enfant si jeune ? Sans aucune affiliation avec une famille importante ? Personne n’aurait osé faire un seul commentaire et remettre en doute Sa parole alors tout le monde se tut et s’inclina largement lorsque l’enfant arriva aux côtés de la Grande Prêtresse.

« Tu as été Choisie pour nous représenter. Pour représenter la Cité et son Peuple. Tu es maintenant à notre Service autant que nous sommes au tiens. Embrasse la vue de ton Peuple à genoux pour toi et souviens-toi des liens qui nous unissent. »

Le cœur battant à tout rompre, Alexis détourna son regard de la Grande Prêtresse et regarda son Peuple, à genoux, les yeux rivés sur le sol. Une véritable terreur emplissait son petit corps d’enfant mais la main forte de la Grande Prêtresse sur son épaule la maintenait en place, non pour l’empêcher de fuir (personne de censé n’aurait fuit dans ces circonstances) mais pour lui donner un peu de sa force. Tu es une enfant, je le sais. Je suis là.

« Maintenant, bois et accueille la Bénédiction. »

Ce fut au tour d’Alexis de s’incliner lorsque la Grande Prêtresse recula de quelques pas pour récupérer la Calice qui se trouvait à quelques centimètres d’Alexis. La Grande Prêtresse leva bien haut la coupole, comme pour prouver au Peuple et aux Dieux qu’elle respectait le protocole. Puis elle s’approcha de l’enfant, lui pris le menton, et versa le contenu de la Calice entre ses lèvres tremblantes.

***


Alexis ouvrit les yeux, une chaleur étouffante la faisait suffoquer. Elle cligna des yeux à plusieurs reprises, confuse quant à la situation dans laquelle elle se trouvait. Finalement, ce fut lorsque les mains robustes de la Grande Prêtresse l’arrachèrent à son lit qu’elle prit conscience des flammes qui léchaient l’intégralité du Temple dans lequel elle se trouvait. L’impression fugace d’être de nouveau une enfant qui venait d’être Appelée, Alexis resta tétanisée. Encore une fois, la Grande Prêtresse prit les choses en main et secoua Alexis juste assez pour que cette dernière réussisse à fonctionner correctement, tout du moins pour sa propre survie. Ses jambes, faites pour l’endurance et le combat, n’eurent aucun mal à la traîner jusqu’au sommet de la colline de laquelle elle put voir les flammes réduire à néant la Cité qui l’avait vue grandir.

Il lui fallut de nombreuses heures avant de sortir de l’état de choc dans lequel elle se trouvait ; de nombreuses heures durant lesquelles elle réussit malgré elle à avoir des bouts d’information pour comprendre ce qu’il s’était passé. La Cité Ennemie avait attaqué pendant leur sommeil et avait tout ravagé sur leur passage. Ils n’étaient pourtant plus très nombreux depuis la dernière bataille qu’ils avaient menée contre eux, cette bataille durant laquelle la Cité d’Athéna avait vaincu grâce à l’ingéniosité et à la rapidité de leur Bénie. Une fois le choc passé, Alexis sentit une colère noire gronder dans son ventre. Ils avaient réduit leur Cité à un tas de cendres ? Elle allait réduire leurs vies à un tas d’os fumants.

***


« Ta Cité m’a honorée de bien des façons, Alexis. Tu la représentes à toi seule et je vais t’offrir les clés pour que tu puisses l’honorer à ton tour. Grâce à moi, tu seras maintenant immortelle. Une demi-divinité parmi les hommes. Tu n’auras alors aucune difficulté à faire vivre nos traditions à travers ta longue existence. Trouve ton chemin, Alexis. Trouve-le et fais-en bon usage. »

***


Alexis s’extirpa de son sommeil avec douleur. Les vestiges de son passé ne quittaient jamais sa mémoire, mais Morphée prenait plaisir à lui en offrir des kaléidoscopes, comme si revivre le cauchemar de son existence une nouvelle fois pouvait rallumer la flamme qu’elle avait éteinte depuis longtemps. Des coups violents à la porte suffirent à la sortir de son lit et ce fut avec un grognement qu’elle se leva pour l’ouvrir.

« La Reine exige votre présence. Seule vous avez le talent nécessaire pour la préparer à ce qui l’attend. »

À une époque, dans un autre temps, de tels mots pouvaient réveiller en elle l’excitation du combat, l’adrénaline d’une mission. Aujourd’hui, des dizaines d’années plus tard, cela signifiait simplement qu’Alexis - ou plutôt Anna -, simple servante d’une Reine dont le nom était sans importance, avait besoin de quelqu’un pour lui faire des tresses et l’aider à mettre sa robe après avoir pris son bain aux pétales de rose. Lassée, Alexis enfila sa tenue et rendit rapidement dans la chambre de la Reine qui ne se fit pas prier pour lui partager ses moindres pensées d’éternelle insatisfaite. Le lit était trop confortable ce soir. Le bain un poil trop chaud. Le repas manquait d’épices. Alexis ne saurait dire pourquoi cette Reine s’était prise d’affection pour Alexis, mais au moins avait-elle un toit et un repas chaud tous les soirs, ce qui changeait de ses mois d’errance d’avant.

Aujourd’hui, la Reine recevait le Prince d’un Royaume voisin, le frère du Roi qui venait demander une alliance en l’épousant. Les alliances politiques n’intéressaient pas Alexis qui n’écoutait que d’une oreille distraite les ragots et autres rumeurs qui venaient jusqu’à ses oreilles concernant ce Prince inconnu mais qui serait d’une grande beauté. Lorsque le milieu d’après-midi sonna, le palais était en pleine ébullition et Alexis se tenait, droite comme un I, aux côtés de la Reine elle-même assise sur son trône, lorsque les portes s’ouvrirent sur le Prince et sa Cour.

Le choc cloua Alexis sur place qui oublia de faire une révérence - heureusement qu’elle n’était qu’une servante qu’il était facile d’oublier. Alors que tout le monde s’extasiait sur la beauté de ce prince à la peau basanée et au regard émeraude, Alexis, elle, fixait le jeune homme à ses côtés dont l’éternelle aura autour de lui faisait écho à la sienne.

Finalement, Alexis n’avait pas besoin de Morphée pour réveiller sa flamme. Les Parques avaient trouvé un tout autre moyen et l'avaient tout simplement placé sur sa route.


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Re: Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

Les sons de cavalcade résonnaient entre les murs des maisons de pierre pâle. Chaque coup porté par les sabots contre le marbre des ruelles trouvait son écho dans un nouveau cri. Sous les yeux d'Erwin, la Cité se tintait de rouge, reflet du sang qui s'écoulait lentement en véritables ruisseaux entre les pavés. Les hennissements furieux écrasaient de leur note inquiétante les hurlements du Peuple de Poseidon. Dissimulé par une colonne aux taches écarlates, l'adolescent rassemblait les morceaux épars de son courage, les yeux rivés sur les corps qui gisaient non loin de lui.

L'Ennemi avait mené l'assaut, encore. Mais avec une telle efficacité, cette fois...

Sous ses yeux horrifiés, Erwin contemplait le combat qui opposait son plus proche parent à un adversaire redoutable. Et il n'osait pas se jeter dans la mêlée. Une lame à la main, les doigts crispés sur le manche, il ne pouvait se résoudre à risquer sa propre vie. La peur le paralysait. Quoi qu'il m'arrive, ne t'en mêle pas. Reste en vie. Un tel conseil ne pouvait mener qu'au désastre.

Sous ses yeux horrifiés, la Cité était décimée.

Les aboiements vainqueurs du Peuple d'Athéna montaient vers le ciel en une clameur morbide. Un dernier chant macabre pour accompagner les défunts vers leur ultime demeure. Une dernière insulte à leur mémoire. Erwin sentait les larmes couler, brûlantes, sur ses joues. Et ses phalanges blanchir autour de sa dague.

La myriade de claquements secs des sabots s'atténua doucement. De multitude, il redevinrent quelques pas ténus. La colère bouillonnait à nouveau dans le sang d'Erwin, faisait palpiter ses veines en se mélangeant étrangement à la douleur. Il n'oubliait pas sa Cité. Jamais. Comme il n'oubliait pas non plus le privilège et la responsabilité qui lui avaient été confiés en recevant l'immortalité de son dieu. Il se devait d'être digne, fort, et de ne jamais perdre de vue sa destinée. Pour Poseidon. Pour son Peuple.

"Eloi."

Erwin s'extirpa de ses souvenirs pour se tourner, bien droit et attentif, vers son Seigneur. Le Prince ne prit pas la peine de se tourner vers son écuyer. Il le savait tout à sa disposition.

"Bientôt, nous arriverons. Je souhaite que tu fasses bonne impression. Je ne veux pas d'un vulgaire laquais à mes côtés : je désire renvoyer l'image la plus propre jusque dans les détails. Est-ce clair ?"

Erwin hocha la tête en prononçant les quelques mots d'usage que son souverain réclamait implicitement. Très clair, Votre Altesse. Il était naturel que le Prince fasse une telle ordonnance à Erwin. Son plus propre valet, son écuyer, ne pouvait renvoyer une image ternie de cette noblesse. Son Seigneur en avait pleinement conscience, tous les regards, après s'être posés sur lui, vérifieraient les effectifs de la suite princière, et Erwin était en tête de file.

Comme le Prince l'avait annoncé, sa délégation atteignit bientôt les portes du Royaume qu'il était venu faire sien par alliance. La Reine de ce territoire était, disait-on d'un caractère indéchiffrable. Erwin priait silencieusement son dieu pour que la rencontre et le mariage se déroulent sans aléas. Dans les rues, la foule se formait peu à peu sur le passage du Prince. Un étranger, des montures anoblies d'armoiries, des étendards. Tel spectacle méritait un public. Pourtant, Erwin voyait bien que son Seigneur n'en avait cure. Il se dirigeait avec détermination vers le palais royal, menant sa monture d'une main assurée et ferme.

Les lourdes portes de la cour s'ouvrirent dans un grincement épais. Là encore, une foule s'amoncelait. Les visages étaient peints, les habits étaient plus colorés, les postures plus soignées. La noblesse se montrait curieuse. Si curieuse qu'Erwin sentit effectivement les regards se poser sur lui à peine la muraille franchie. Il avait beau s'y attendre, le poids de cette inquisition lui aurait presque donné envie de baisser la tête. Mais il devait conserver un air fier et confortable, à l'image de son Prince. Aussi releva-t-il le menton et imprégna-t-il son regard d'aisance.

C'est alors qu'il crut tomber de son cheval.

Là. Elle.

Ca ne pouvait être personne d'autre. Personne ne pouvait déverser en lui une rage aussi instantanée, une colère plus foudroyante. Il le ressentait au creux de son coeur, qui battait à tout rompre. Il ne quitterait pas ce château sans avoir vengé son Peuple.


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Re: Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

« Va-t-en. »

Sa voix n’avait été qu’un murmure.
La terre sous les ongles. Les yeux rouges. Les joues trempées.

« Dégage d’ici ! »

Un hurlement. Aussi déchirant qu’un éclair zébrant un ciel d’orage.
La voix éraillée à force d’avoir pleurer et crier.

« Trêve. Une trêve. Juste aujourd’hui. Juste cette nuit. »

Le corps d’Alexis n’était que tension, comme l’était la corde d’un arc avant qu’on ne la lâche. Sauf qu’aucune flèche ne fila dans les airs. La corde craqua et Alexis s’effondra.
Perdre sa Cité avait été un coup.
Perdre son Peuple en avait été un autre.
Perdre la Grande Prêtresse en avait été dernier.
Devoir continuer d’avancer et de vivre alors qu’il n’y avait plus rien pour la rattacher à son passé, alors qu’elle était désormais seule face à l’univers, c’était trop.
Personne n’aurait dû connaître de si grands chagrins, de si grande douleur. Les humains étaient mortels pour une bonne raison : ils n’étaient pas faits pour encaisser tant de peine, tant de perte.
Les genoux dans la terre qui l’encerclait, celle-là même qu’elle avait creusé pour son propre cimetière, Alexis aurait aimé être celle qui se trouvait en-dessous.

« Si tu es venu m’achever, fais-le maintenant qu’on en finisse. »

Erwin fit un pas.
Puis un autre.
Et lorsqu’il fut assez près pour lui trancher la gorge, il tomba à genoux à son tour et pleura avec elle tous les morts qu’il avait connus et toutes celles qu’il allait connaître.
Alexis n’était pas seule.
Elle était bien pire.
Elle était avec lui.

***


À l’instar du Prince et de la Reine, Alexis et Erwin se dévoraient des yeux. À la différence que les premiers brûlaient de désir là où les seconds brûlaient d’une haine qui faisait crépiter l’air entre eux. Ils n’avaient pas pu se sauter à la gorge au milieu de la salle du trône. Ni à l’angle des couloirs. Encore moins pendant le repas. Et toujours pas en serrant la selle de leurs chevaux alors qu’ils accompagnaient leur royal maître pendant une balade champêtre. Ils n’avaient pas pu et ils ne pouvaient toujours pas alors que des gardes les entouraient, prêts à brandir leurs épées à la moindre étincelle de violence.

Ils ne comprenaient pas. Ils ne comprenaient rien. Ils ignoraient que la haine qui brûlait dans le corps d’Alexis dépassait tout ce qu’ils pouvaient concevoir. Ils n’auraient jamais assez de temps pour ne serait-ce qu’apercevoir une millième des émotions qu’Alexis avaient appris à affûter avec les années. Et pourtant, Alexis devait se contenir. Elle devait fixer son pire ennemi et sourire docilement à la Reine quand elle se rappelait de son existence. Va m’attraper ce pichet de vin. Apporte donc le cadeau au Prince. Que penses-tu d’une balade équestre ? Viens donc m’aider à me changer ! Alexis courbait l’échine mais jamais assez bas pour lâcher du regard Erwin. Qui sait de quoi il serait capable si elle osait détourner son regard de lui ?

« Allez Anna, ne traîne pas, on y va ! »

À contre-coeur, Alexis détacha son regard d’Erwin pendant une demi-seconde, le temps de faire le tour de son cheval pour aider la Reine à grimper sur le sien. Puis elle grimpa sur sa jument, consciente des mouvements d’Erwin dans son champ périphérique. Elle tenta de rester le plus près possible de sa Reine mais celle-ci semblait vouloir échanger quelques messes-basses avec le Prince alors Alexis recula de quelques mètres. Bien malgré elle, elle se retrouve juste à côté d’Erwin, derrière la Reine et le Prince, et devant des gardes bien trop armés.

« Ne t’avise pas de croire que je ne pourrais pas te réduire à néant si tu oses faire un geste dans ma direction. »

La tenue d’Alexis était celle d’une servante plutôt classique et ne semblait posséder aucune arme. Ce serait évidemment mal connaître l’enfant d’Athéna qui avait plusieurs dagues dissimulées le long de son corps. Bien sûr, ce ne serait probablement d’aucune utilité face à une épée de garde, mais Erwin ne semblait pas plus armé qu’elle. Elle avait néanmoins appris à se méfier de l’eau qui dort.


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Re: Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

Erwin trouvait insupportable de devoir côtoyer Alexis heure après heure sans pouvoir dépasser la feinte amitié qu'il s'efforçait d'afficher devant quiconque. Alexis était partout. Si son visage n'assombrissait pas le décor, les résidus de sa présence s'entassaient dans chaque couloir. Une ombre, un nom dans la bouche d'une servante, l'un de ses rares effets personnels. Erwin n'arrivait tout simplement pas à détendre ses muscles lorsqu'il parcourait le château. L'idée de croiser - encore - l'élue d'Athéna faisait fuser dans ses veines une cascade d'adrénaline : ou il devrait profiter de l'instant de flottement pour la tuer, ou il devrait sauver sa propre vie.

Ce petit jeu était devenu une routine, jusqu'à sembler plutôt lassant, d'ailleurs. Mais Erwin ne parvenait pas à noyer cette tension que ressentait tout son corps. Porter le coup de grâce à Alexis était le seul moyen pour lui d'offrir le repos à son peuple. Ainsi que faire taire la voix qu'il entendait constamment, effacer l'image de ce soir empli de tristesse. Et de colère. Les émotions mélangées avaient imprimé leur marque indélébile profondément sous sa peau. Si profond que seul l'accomplissement de son ultime mission aurait la force de refermer cette plaie.

Erwin avait peu dormi. Le fait d’avoir conscience de la présence d’Alexis dans l’une des chambres alentour, quelque part entre les murs de ce château, avait pesé sur lui comme une succube. L’idée qu’il était en terrain inconnu tandis que la jeune femme connaissait probablement chaque recoin au sein des murailles ne l’avait pas aidé à trouver le sommeil. Bien au contraire, Erwin s’était senti soulagé de ne pas réussir à dormir. Une lame sous son oreiller, il veillait.

Les ballottements de son cheval lui permettaient de rester alerte en suivant le Prince. De là, il pouvait regarder Alexis, s’assurer qu’elle ne glissait pas dans son dos. Puis elle ralentit. Le pas de sa monture se fit plus lent et, s’il n’y avait eu cette cohorte de gardes derrière lui, Erwin aurait commandé à sa propre bête d’en faire de même afin de conserver sa place stratégique. Mais voilà qu’il se retrouvait au côté d’Alexis.

“Ne t’avise pas de croire que je ne pourrais pas te réduire à néant si tu oses faire un geste dans ma direction.”

Erwin haussa un sourcil, affichant l’air dédaigneux qu’il réservait à l’élue d’Athéna. Pensait-elle réellement le surprendre ou l’intimider par de telles paroles ? Le jeune écuyer aurait presque été déçu si Alexis n’avait pas porté d’arme sur elle. Quel manque d’implication cela aurait été à ses yeux…

“Considère-moi comme un idiot si tu veux, mais à ta place, je ne gaspillerais pas mes mots pour des menaces si insignifiantes.”

Erwin, le regard rivé droit devant lui, remarqua que le couple royal avait pris un peu d’avance. Il talonna légèrement sa monture, juste assez pour mettre de la distance entre Alexis et lui sans empiéter sur l’intimité de son maître. Dans le reflet d’une pièce d’argent ornant le harnais de son cheval, il s’appliqua à garder l’image de la jeune servante. Le moindre de ses mouvements ne pourrait lui échapper. Il n’avait pas gardé l’oeil ouvert toute la nuit pour se laisser étriper une fois le soleil levé.

***

Le froid du métal l’avait réveillé avant même le contact brûlant de la lame. Son corps tout entier s’était raidi et il avait ouvert les yeux, tous les muscles en état d’alarme. Son regard avait accroché celui d’Alexis, penchée au-dessus de lui. Son geste était resté suspendu, la dague à quelques millimètres de sa gorge. Il n’avait pas fallu plus de temps à Erwin pour attraper le poignet de la jeune fille et retourner l’arme contre elle, se tordant le bras pourvu que cela lui sauve la vie. Les minutes avaient cessé de s’égrener, comme spectatrices de cette confrontation. Cette nuit-là, Erwin avait frôlé la mort pour la première fois. Mais il avait également infligé sa première cicatrice à son ennemie.

Et il avait ressenti au plus profond de lui qu’il serait prêt à recommencer autant de fois que Poseidon le lui demanderait.


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Re: Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

La lame contre sa gorge. Il n’aurait suffi à Alexis qu’une simple pression pour que le sang d’Erwin se déverse sur les draps soyeux qui l’entouraient. Une seule et petite pression pour que sa lame, aussi aiguisée que sa rage, ne la libère de ce poids qui lui écrasait les épaules. Pour autant, le geste d’Alexis resta suspendu, immobile, comme prisonnier d’une hésitation qu’elle ne connaissait pas. Une seconde durant laquelle Erwin se réveilla et empoigna la jeune femme. Hébétée par sa propre surprise, Alexis resta immobilier et l’hérétique enfant de l’océan n’eut aucune difficulté à retourner l’arme d’Alexis comme elle-même.

Le sang perla sur les draps soyeux qui l’entouraient, mais il ne s’agissait pas de celui d’Erwin. Seulement le sien, le sang de celle qui avait hésité, le sang de celle qui aurait pu gagner mais qui avait fait perdre de nouvelles années à son immortelle vengeance. Combien de temps avant que sa route ne croise de nouveau celle d’Erwin ? Combien d’années avant qu’une telle opportunité ne se dresse devant elle ? Athéna lui avait offert la mort d’Erwin sur un plateau d’argent mais personne ne lui avait donné le courage d’ôter la vie du seul qui pouvait comprendre sa peine.

La main sur son omoplate, Alexis laissait le sang filer entre ses doigts. La blessure n’était que superficielle mais cela n’empêchait pas les larmes de couler le long de ses joues et de se mélanger au sang. Combien de fois regarderait-elle le soleil se coucher et se lever pendant que son peuple se faisait dévorer par les vers de terre à cause d’Erwin ?

***

Les rues de Londres étaient vastes mais cela n’empêchait pas à Alexis de s’impatienter à force de piétiner dans la foule. En pleine révolution industrielle, l’humanité grouillait, puante et sale. Elle aurait voulu pousser tout le monde et passer sans regarder en arrière. Qui étaient-ils, si ce n’étaient des parasites, pour se tenir entre elle et sa vengeance ? Erwin se trouvait quelque part par ici et elle le trouverait, lui arracherait le cœur et le regarderait mourir.

Il avait fallu plus d’un siècle pour qu’Alexis ne recroise sa route mais aucune opportunité de lui avait ouvert la Voie de la vengeance. Puis un autre, mais ils avaient dû lutter ensemble pour se sortir d’une impasse. Encore une fois et la flèche qu’il avait tirée l’avait manquée de peu. Le temps s’étirait, tel le fil interminable qui la reliait à Erwin. La mâchoire serrée, les poings fermés, Alexis avançait, déterminée à en finir avec cette malédiction. Lui seul pouvait la libérer de ce fardeau.

Vêtue d’une redingote et d’un pantalon sombres, Alexis avait tout de l’homme moyen. Sans être pauvre, il n’attirait pour autant pas le regard par la richesse de ses vêtements. Il était, somme toute, d’une banalité affligeante et les regards filaient sur lui comme s’il n’était personne. Alexis appréciait ce sentiment d’invisibilité au moins autant qu’elle le détestait : les gens l’ignoraient et ne lui permettaient pas d’avancer comme elle ne voulait. Si elle avait opté pour un déguisement d’enfant des rues, elle aurait pu plus facilement se faufiler entre les passants qui évitaient plus que possible d’être en contact avec de potentiels voleurs, mais hélas, même avec sa petite taille, Alexis ne pouvait plus se faire passer pour une enfant depuis longtemps.

Lasse de se faire piétiner par la foule, Alexis s’accorda une pause en se faufilant dans une petite ruelle déserte. Là, elle s’appuya contre un mur et souffla, le visage à demi-dissimulée par la casquette qu’elle avait emprunté quelques heures plus tôt après des regards trop appuyés sur ses traits féminins. Un bruit attira son attention et les sens en alerte, la jeune femme posa la main sur la dague dissimulée dans sa redingote. Après de longues secondes, un petit chaton sorti de sa cachette et lui feula dessus. Surprise, Alexis s’accroupit et tendit sa main vers le félin qui, le dos rond, la fixait. Amie ou ennemie ? semblait-elle lire dans son regard.


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Erwin Stamber
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Re: Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

Les traits d'Erwin étaient tirés sous l'ombre de son haut-de-forme. Ces années de relations, d'extraversion, de flatterie et de services l'avaient amené au rang bourgeois qu'il occupait à présent, mais elles avaient fatigué son corps. Dans son long manteau, tout juste assez sombre pour se fondre dans les quartiers moyens de la ville mais trop propre pour réellement appartenir à un pauvre, Erwin filait à travers la foule. Son pas sur le pavé sale claquait dans le bruit ambiant. Il savait ce qu'il voulait et arborait une expression confiante et froide.

L'avantage qu'il possédait sur Alexis résidait dans ses relations qui l'avaient propulsé au-dessus d'elle dans la société londonienne. Et, si un simple statut social ne lui importait pas, les possibilités qui lui étaient assorties étaient plus intéressantes. Contrairement à l'élue d'Athena, qui ne pouvait que voler de grossiers déguisements pour s'élever faiblement ou se cacher, Erwin pouvait sans difficulté troquer ses costumes fastueux contre de vulgaires guenilles. Son camouflage était aisé. Bien plus. Et il n'avait pas hésité à s'en servir depuis qu'il avait eu vent de la présence d'Alexis dans la ville de Londres. Tantôt noble exubérant pour se laisser entrevoir, tantôt vagabond anonyme pour observer à son tour. La jeune fille pensait avoir un coup d'avance. Erwin, lui, pensait, pour une fois, réussir à la duper.

Elle aussi se déguisait. Les premières fois, l'élu de Poseidon n'avait pu se fier qu'à son instinct, des impressions devenues familières à force de les rêver et de les craindre. L'aura d'Alexis était un tourbillon de noirceur dans lequel il se noyait s'il ne nageait pas dans le bon sens. Un tourbillon dont il ressentait les remous plusieurs mètres aux alentours. Elle l'avait certainement repéré comme il l'avait repérée. Une fois encore, leur destin se scellerait dans une course de vitesse.

Alexis pensait le suivre, sans doute. Mais Erwin la distinguait nettement, il voyait une parcelle de son dos ou une main agile fendre les corps devant lui. Si rien, dans la tenue de cette silhouette, ne laissait entendre qu'il s'agissait bien de sa rivale, l'élu de Poseidon n'était pas dupe. Il avait eu plus que le temps d'apprendre par coeur les mouvements de cette fille, sa respiration et la longueur de ses cils. Il s'était si souvent trouvé à quelques centimètres de sa mort.

Dans la foule de corps ternes, Alexis disparut. Erwin devina l'angle d'un mur. C'était là qu'il devait aller. Là qu'il trouverait enfin le repos. Il était si fatigué ! Epuisé de courir, de se battre dans cette lutte d'endurance. Mais la rage faisait battre son coeur et pulser le sang dans ses veines. Les passants s'écoulaient autour de lui comme un flot impassible autour d'un rocher. La valeur de son manteau agissait comme une bulle d'espace vital. Et elle lui permettait d'avancer à grandes enjambées décidées dans la ruelle malsaine qui abritait Alexis.

La vision d'une jeune femme penchée vers un petit chat, face à un mur, serra l'âme d'Erwin dans une sorte d'écoeurement étrange. Toujours sur ses gardes, ne sachant pas s'il avait affaire à de la pure naïveté ou à un piège, l'élu de Poseidon avança à pas muets jusqu'à sa rivale.

"Vas-tu enfin mourir ?"

La colère, la rage et la haine de ces mots trouvèrent leur reflet dans le regard d'Alexis qui se retourna d'un geste vif, presque imperceptible, une lame apparue entre ses doigts.

Geste immédiatement suspendu. Les yeux d'Alexis reflétèrent encore un instant colère, rage et haine, mais s'y mêla également une lueur de remord.

Le pistolet prolongeant la main d'Erwin, qui tenait la jeune fille en joue, était dissuasif. Il ne tira qu'une fois.

Le nuage de fumée sorti du canon n'était pas encore dissipé qu'Erwin avait disparu. Le chat avait fuit, effrayé par cette détonation et ce coup parti droit à côté de lui, le plomb fiché dans le corps d'un rat ayant eu le malheur de passer par-là.

Au milieu de la rue, la foule se fendait devant Erwin au manteau trop propre pour appartenir à ce quartier, et se refermait derrière lui comme l'aurait fait un banc de brouillard. La tempête faisait rage sous le crâne du jeune homme. Les mots refusaient de se poser sur ce qu'il pensait. Qu'avait-il vu en cette Alexis ? Une jeune fille innocente prenant soin d'un chat ? Une âme capable de douceur ? Une enfant de Cité n'ayant pas eu le droit de grandir ? Pourquoi tout cela refusait-il de se dissiper ? Erwin avait envie de hurler, cracher sa colère bouillonnante. Il avait traversé les siècles pour venger son peuple, écumé les civilisations pour retrouver Alexis et accomplir sa vengeance. Trouver la paix. Enfin.

Alors pourquoi cette peur dévorante de découvrir la mort s'emparait-elle de lui à cet instant ?

Le soir tombait, engloutissant les quartiers modestes de Londres. L'obscurité opaque laissa les réverbères crever sa surface de leur halo cadavérique. La brume suffocante des ateliers et celle moite de la Tamise se mêlèrent peu à peu pour ne former qu'un lourd rideau trouble recouvrant la ville. Et faisant disparaître Erwin dans un siècle qui lui appartiendrait encore.

***

Le son d'un bombardement lointain fit vibrer Erwin. Au bout du ciel, les volutes des tirs de mortiers s'élevaient. Les autres révolutionnaires s'éveillèrent autour de lui. Le matin pointait à peine, et déjà les soldats franquistes écorchaient l'Espagne de leurs assauts. Bien qu'enrôlé dans cette résistance, tel le jeune homme qu'il était, Erwin ne témoignait pourtant que peu d'intérêt pour ce conflit. Des guerres, il avait eu l'occasion d'en voir d'autres. Et une en particulier qui lui marquait, jour après jour, le coeur au fer rouge. Au milieu du chaos, l'élu de Poseidon rêvait de vengeance.

Et de paix.


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Re: Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

Alexis avait souvent rêvé de la mort. De celle de son peuple. De la sienne. De celle d’Erwin. Beaucoup de celle d’Erwin. Elle avait passé toute son éternité à le traquer dans l’optique de le tuer, s’imaginant toutes les possibilités qui s’offraient à elle. La lame. Le poison. L’arme à feu. La dague avait toujours eu sa préférence, plus discrète, plus facile à manier. Pour autant, depuis peu, plus ou moins un siècle, Alexis ne chassait plus Erwin. Elle le fuyait. Elle fuyait ce qu’il représentait. Elle fuyait ce qu’elle avait vu dans son regard lorsqu’il l’avait volontairement raté quelques dizaines d’années plus tôt. Elle se fuyait elle-même, surtout.

Alexis n’était pas restée longtemps à Londres. Elle avait voyagé. Découvert de nouveaux pays. Goûté de nouveaux plats. Elle avait tenté de se convaincre qu’elle pouvait recommencer une nouvelle vie, se redécouvrir elle-même. Elle s’était liée à d’autres. Elle avait adopté des animaux. Elle avait appris à aimer, à détester. Elle avait eu l’enfance et l’adolescence qu’elle n’avait jamais connu à cause de la destinée qui lui avait été imposé. Mais elle ne pouvait nier l’évidence, nier qui elle était vraiment : une Élue. Une Choisie des dieux. Un être immortel, bénie par le pouvoir de dieux oubliés, ayant tout perdu et n’ayant rien à gagner. Un instrument de vengeance dans un combat qu’elle n’avait jamais contrôlé.

Depuis quelques années, Alexis était retournée à ses vieux démons : la solitude, la rancœur, la colère. Elle avait tenté de mettre fin à son agonie, mais la vie continuait de couler dans ses veines, moqueuse. Alexis entendait les murmures des Parques dans son sommeil. Erwin, Erwin, Erwin. Il était sa malédiction. Il était sa bénédiction. Devait-elle mourir de ses mains ou bien connaîtrait-elle pire exil en l’achevant elle-même ? Le tourbillon de ses propres pensées lui faisait perdre le fil du temps. Elle avançait sans comprendre où elle allait, comme si elle n’était que spectatrice de sa propre existence. Ce qu’elle était depuis le début, si elle y réfléchissait bien. Spectatrice et pantin d’une vie qu’elle ne comprenait pas.

Alexis avait fui la plupart des guerres mais lorsque ses pas la ramenèrent en Europe, elle sentait qu’elle était aux portes d’un nouveau conflit, aussi vain que les précédents. Pourtant, alors qu’elle se retrouva en Espagne, Alexis reconnu la silhouette d’Erwin au loin. Le cœur serré, elle retomba dans une nouvelle rengaine qu’elle avait oublié : celle de la traque. Elle passa de longs mois à l’espionner et se renseigner sur le contexte dans lequel elle évoluait. Elle ne s’approchait jamais trop près, persuadée qu’il allait la sentir arriver si elle se montrait trop imprudente. Puis un soir, elle frappa.

Alexis avait repéré où Erwin dormait et avait choisi spécifiquement un soir où elle l’avait vu se laisser un peu trop aller sur la boisson en compagnie d’autres de ses camarades révolutionnaires après un coup réussi. Elle attendit qu’il ronfle et s’introduisit dans sa chambre. Alors qu’il ouvrait les yeux sur une Alexis penchée au-dessus de lui, Alexis l’assomma avec la crosse de son arme avant de le ligoter à une chaise. À partir de là commença une longue et agonisante attente durant laquelle la jeune femme essaya à plusieurs reprises de loger une balle dans le crâne d’Erwin avant de reculer. Il fallait qu’il la regarde. Il le fallait, essayait-elle de se convaincre.

Vas-tu enfin mourir ? lui avait-il hurlé avant de tirer volontairement à côté d’elle. Elle aussi avait envie de lui cracher ces mots au visage. Peut-être qu’elle le fit, le visage déformé par la haine alors qu’elle collait son arme à feu sur les tempes d’un Erwin assommé, inconscient du danger dans lequel il se trouvait. Pourtant, à aucun moment Alexis ne chargea son arme, comme si elle ne voulait pas risquer de tirer pour de vrai.

Au bout d’une nouvelle éternité, Alexis croisa le regard d’Erwin alors qu’elle était assise sur une chaise face à lui, le dossier collé contre son ventre, la haine brûlante dans ses yeux comme ses veines. Le jeune homme ne feinta pas la surprise, ne hurla pas, ne prononça pas un seul mot. Alexis avait prévu tout un speech d’adieu. Elle avait prévu de prendre un air hautain, de cracher sa victoire à son visage et d’être sûre d’être la dernière personne qu’il verrait avant de rejoindre les Enfers où son Peuple devait se trouver. Pour autant, alors qu’elle se leva pour terminer le travail, le souffle chaud et la main moite, Alexis n’appuya toujours pas sur la détente. Elle fini par hurler de frustration et de rage avant de baisser l’arme.

« Merde. Mais pourquoi, pourquoi, pourquoi t’existe, putain. Pourquoi tu veux pas crever. »

La haine, la rage, la colère. Alexis faisait les cent pas, tremblante de toutes les émotions qu’elle n’arrivait pas à exprimer, que personne ne pouvait pas comprendre. Personne à part lui, évidemment. Combien de temps avait-elle passer à vivre, à vraiment vivre ? Avait-elle déjà vraiment vécu ? Pouvait-elle parler de ses dix premières années comme une véritable vie, elle qui n’avait connu que la misère et la pauvreté ?

« Ta vie n’est rien. Tu n’es rien. Tu n’es personne. Non. Non. Tu es tout. »

Alexis avait tout d’une démente. Elle marmonnait, puis se mettait à crier. Elle s’approchait d’Erwin, lui collait son arme contre la tempe et reculait, encore plus énervée qu’avant.

« Je te hais. Je te hais. Je te hais. Tu représentes tout ce que je hais. Tu es celui qui a tué mon peuple. Tu es celui qui a tué ma famille. J’attends ta mort depuis des siècles. Des millénaires ? Je ne sais même plus. Je n’arrive plus à imaginer depuis combien de temps tu me pourris la vie. Ton visage… ton visage… »

Alexis, obnubilée par sa propre rage ne remarquait ni les larmes qui coulaient sur ses joues, ni Erwin qui parvenait doucement à se défaire de ses liens.

« Ton visage représente… Ton visage représente la mort de mon peuple. Littéralement. Métaphoriquement. Je ne me souviens plus de leurs visages à eux, mais je me souviens du tien. De ton stupide et ridicule visage. Je te hais. Tu les as effacés. Tu devrais crever. Je te hais. Je me hais. »

Alexis hurlait sur Erwin, sur la nuit, sur la lune, sur elle-même. Finalement, dans un nouvel accès de rage, elle jeta l’arme à travers la fenêtre. C’est à ce moment qu’elle remarqua la corde qui tomba par terre.

Peut-être qu’elle n’avait jamais été celle qui devait gagner.
Peut-être qu’elle ne trouverait sa délivrance que lorsqu’il la tuerait.


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Le sommeil se prolongea comme naturellement dans l’inconscience. L’image d’Alexis n’avait pas eu le temps de s’encrer sous ses paupières qu’Erwin avait sombré. Elle avait frappé fort. Il n’aurait pas cherché à résister.

Depuis tant d’années, Erwin avait vu défiler des visages, s’était entouré de silhouettes inconnues et éphémères. Jamais une attache. Depuis tout ce temps, il ne faisait que déambuler en déroulant le fil interminable d’une vie sans saveur. Aussi longtemps qu’il s’en rappelait, Erwin n’avait vécu que pour trouver Alexis et enfin être sûr de mourir. Ce terrible constat le rongeait inlassablement.

Lorsqu’il sentit ses idées se réveiller, Erwin voulut revenir en arrière. Replonger dans la nuit et se noyer dans un esprit vide, inondé d’obscurité. Mais Alexis était là, en face de lui. Lui offrant, comme depuis toujours, le visage de la Mort. Le mélange si caractéristique de haine et de colère déposa son goût sur la langue d’Erwin. Un arrière-goût étrange se mêlait toutefois à cet arôme familier. Tristesse.

Durant un instant, Alexis ne bougea pas, Erwin non plus. Peu à peu, l’élu de Poseidon se senti las plus qu’en colère. Il était attaché à une chaise. Il semblait avoir perdu la partie. Et cette pensée ne lui faisait finalement pas si mal que ça. Certes, son peuple ne serait jamais vengé, mais une éternité d’errance était-elle justifiée par une guerre d’autrefois orchestrée par des adultes quand lui n’était qu’un enfant ? Le canon de l’arme qu’Alexis tenait fermement venait heurter sa tempe de manière presque régulière, comme un spectacle répété. Erwin resta impassible. Dans un recoin de son esprit, cette menace se transformait en caresse.

“Merde. Mais pourquoi, pourquoi, pourquoi t’existes, putain. Pourquoi tu veux pas crever.”

Là encore, Erwin ne cilla pas. Le cri d’Alexis faisait exploser son coeur tant il y résonnait fort. Mais il ne montra rien. Une rage dévorante glissa dans son être, mais elle était différente de celle qu’il connaissait. Il n’était plus en colère contre Alexis. Il était en colère contre l’univers.

“Je te hais. Je te hais. Je te hais. Tu représentes tout ce que je hais. Tu es celui qui a tué mon peuple. Tu es celui qui a tué ma famille. J’attends ta mort depuis des siècles. Des millénaires ? Je ne sais même plus. Je n’arrive plus à imaginer depuis combien de temps tu me pourris la vie. Ton visage… ton visage…Ton visage représente… Ton visage représente la mort de mon peuple. Littéralement. Métaphoriquement. Je ne me souviens plus de leurs visages à eux, mais je me souviens du tien. De ton stupide et ridicule visage. Je te hais. Tu les as effacés. Tu devrais crever. Je te hais. Je me hais.”

Plus Alexis hurlait, plus Erwin retenait sa respiration. Il trouvait en ces mots ses propres pensées. Il regardait l’élue d’Athena. Il l’avait longtemps traquée, il l’avait épiée, il l’avait suivie, il l’avait étudiée, il l’avait pistée, il l’avait fuie. Mais, pour la première fois, il la regardait. Erwin découvrait un visage qui exprimait la même chose que le sien, un corps qui se tordait de la même douleur. Douleur, colère, fatigue, tristesse. Chaque mot coulait dans la gorge d’Erwin tandis que, lentement, il frottait la corde à ses poignets contre la pointe d’un clou dépassant de sa chaise.

Lorsqu’Alexis défenestra son pistolet, les liens d’Erwin étaient tombés depuis longtemps. Mais il voulait écouter. Tout était si vrai, dans cette voix enragée. La colère d’Erwin palpitait dans son coeur, sa lassitude dans ses veines. Depuis toujours, il avait été seul. Au milieu des ruines, au milieu des morts, au milieu de la foule, au milieu des arbres, au milieu de la nuit. Jamais personne n’avait été là pour lui, et il n’avait jamais été là pour personne. Son objectif avait tissé des oeillères qu’il portait comme une armure. Erwin n’avait jamais regardé plus loin. Il avait été seul, mais seul avec Alexis. Elle était comme lui. Quand elle eut fini de crier et que son regard s’accrocha à la corde jonchant le sol, Erwin se leva enfin. Lentement.

“Ça, c’était stupide.”

Et, lentement toujours, il tira un couteau de l’arrière de sa ceinture. Ses yeux parcouraient l’élue d’Athena. Il tenta de lire en elle des émotions nouvelles. Il ne trouva que le même abattement qu’en son propre corps.

Ses doigts s’écartèrent. La lame émit un tintement clair en touchant le sol. En deux enjambées, Erwin franchit la distance qui le séparait d’Alexis. Ses bras se refermèrent autour de sa silhouette semblant vidée d’énergie.

“Comme notre existence.”

Erwin refusa de laisser couler une larme. Au creux de son étreinte-prison, Alexis ne bougeait pas. A peine un frémissement. L’élu de Poseidon aurait presque espéré qu’un poignard se plante enfin dans son dos et que le supplice se termine ici. Il n’osa resserrer son piège de douceur alors même que tout en lui souhaitait prolonger ce moment. Aussi loin qu’il s’en souvenait, Erwin n’avait pas connu la tendresse. Il goûtait à présent au réconfort de sentir la haine s’évaporer avec lenteur sous la chaleur de ce contact.

“Ça n’aurait pas dû être toi. Ça n’aurait pas dû être moi. Je te déteste. Je te déteste. Je le sais, je… J’ai appris à te détester. Je veux ta mort depuis toujours, j’ai parcouru le monde et le temps pour ça, tu m’as volé tout ce que j’avais, tu m’as empêché de dormir, tu m’as empêché d’aimer, tu m’as empêché de sourire. Pourtant, maintenant, j’arrive pas à savoir si c’est vraiment toi. Je te déteste. Je crois.”

Les muscles d’Erwin étaient tendus. Il n’avait d’autre envie que refermer le livre de leur destin et enfin s’endormir après cette longue histoire. L’épuisement avait gagné la course, le visage d’Alexis n’était même plus un motif suffisant pour se battre. Il décevrait Poseidon. Il décevrait son peuple. Il décevrait le Erwin qu’il avait laissé derrière lui. Mais il serait enfin délivré. Il relâcha Alexis.

“Tue-moi.”


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Re: Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

« Ça, c’était stupide. »

La voix d’Erwin resonna dans le silence qui les entourait, enveloppant Alexis d’une chaleur moite. Le couteau qu’il tira de son pantalon la fit frissonner. Elle releva le menton, à la fois fière et terrifiée à l’idée de ce qu’il allait se passer mais l’arme rencontra rapidement le sol dans un bruit assourdissant.

« Comme notre existence. »

Le souffle d’Erwin sur sa peau lui arracha un frisson qui remonta le long de son corps alors que les bras de son ennemi l’entouraient. Allait-il la poignarder dans le dos, évitant ainsi de croiser son regard lorsque la vie la quitterait ? L’étreinte dura comme une douce agonie, laissant Alexis suffoquante et immobile. Voulait-elle se perdre dans les bras d’Erwin ou désirait-elle qu’il recule pour ne plus jamais vivre une telle déchirure dans son âme ?

« Ça n’aurait pas dû être toi. Ça n’aurait pas dû être moi. Je te déteste. Je te déteste. Je le sais, je… J’ai appris à te détester. Je veux ta mort depuis toujours, j’ai parcouru le monde et le temps pour ça, tu m’as volé tout ce que j’avais, tu m’as empêché de dormir, tu m’as empêché d’aimer, tu m’as empêché de sourire. Pourtant, maintenant, j’arrive pas à savoir si c’est vraiment toi. Je te déteste. Je crois. »

La déchirure qu’elle ressentait s’accentua. Où était la vérité ? Le bien ? Le mal ? Les larmes ne coulaient plus mais les braisiers de la douleur continuaient de brûler assez pour la maintenir en vie. Connaitrait-elle un jour un autre fonctionnement ? Pouvait-on vivre avec autre chose que de la rancœur et de la haine dans nos veines ? Elle n’en était pas certaine, puisqu’elle n’avait rien connu d’autre depuis le début de son existence.

Erwin recula juste assez pour la libérer mais pas assez pour qu’Alexis ne se défasse de la chaleur qui l’entourait. Instinctivement, elle remonta les bras sur sa poitrine comme pour se protéger du froid qu’elle sentait venir, de la mort qui s’approchait lentement. Alexis pouvait le sentir venir, ce moment où les Parques levaient leurs ciseaux pour couper le fil de son existence. Elle avait envie de fermer les yeux, comme une enfant qui voulait se protéger de l’inévitable, mais elle se força à les garder grand ouvert. Elle fixa Erwin comme jamais elle ne l’avait fait auparavant, dévorant chaque détail qu’elle n’avait jamais pris le temps de remarquer. Ses yeux. Ses joues. Ses cheveux. Ses lèvres.

« Tue-moi. »

Le temps s’inversa, plongeant Alexis dans les multiples passés qu’elle avait vécus. Ceux où elle traquait Erwin, ceux où elle rêvait de voir sa tête sur un piquet, ceux où elle fantasmait à l’idée de voir son sang couler le long de ses bras. Ceux où elle se terrait dans la peur, ceux où elle était chassée, ceux où elle avait peur. Alexis repensa à toutes les raisons qui l’avaient poussé à haïr Erwin au point d’en devenir malade, d’en devenir folle à lier à l’idée insoutenable qu’il puisse encore respirer.

Et Alexis retourna au présent, celui même où elle était à quelques centimètres de son ennemi, alors même qu’elle venait de goûter à la chaleur de sa peau, celui où elle était prête à se sacrifier pour en finir avec tout ça. Alexis fixa Erwin un long moment, ressassant le passé qui l’avait forgée. J’ai appris à te détester. Alexis frissonna et recula. Elle fixa une dernière fois Erwin dans les yeux avant de disparaître dans la nuit.

Alexis ne remis plus jamais les pieds en Espagne.

***


La guerre avait éclaté à nouveau, mais Alexis se trouvait déjà loin lorsque cela arriva. Elle avait néanmoins suivi les horreurs qui en découlaient depuis les radios américaines. Puis la fin du conflit. Puis le début d’un nouveau, plus subtil mais tout aussi dangereux. Alexis tenta de quitter les États-Unis à deux reprises, mais les conflits internationaux l’avaient rendue suspecte aux yeux de certains américains. Elle avait alors décidé de faire profil bas et de quitter les grandes villes pour se perdre dans le Dakota du Nord, non loin de la frontière canadienne. Elle espérait pouvoir la traverser lorsque les choses se tasseront, mais en attendant elle se fondait dans la masse. Elle avait trouvé un emploi en tant que serveuse dans un diner miteux qui payait à peine le loyer de l’appartement tout aussi moisi qu’elle louait à quelques rues de là.

Alexis aspirait à plus grand. Elle avait été l’Élue d’un peuple puissant. Elle avait été Choisie par une déesse ancestrale. Elle avait servi des rois, des reines. Elle avait participé à des révolutions, elle avait vu des civilisations éclore et faner sous ses yeux, des guerres ravager des paysages entiers. Elle avait traqué sans relâche son pire ennemi, faisant de lui son ultime but dans la vie. Pourtant, aujourd’hui, elle n’avait plus rien. Ni envie de lutter, ni envie d’avancer. Son cœur lui parlait d’aventure mais son corps ne demandait que le repos. Elle avait trop vu, trop vécu et elle était vaincue par le temps qui s’étirait face à elle, infini, interminable.

Dehors, comme un écho à ses propres sentiments, une tempête de neige envahi les rues, noyant l’horizon sous un blizzard menaçant. Le vent hurlait, faisant claquer les volets et les fenêtres. Le peu de clients présents dans le diner s’enfonçaient dans les canapés en vinyle, préférant de loin profiter de leur café brûlant plutôt que d’affronter la météo. Alexis, elle, fixait les aiguilles sur l'horloge murale. Plus qu'une heure avant la fin de son service.


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Re: Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN

La fuite d'Alexis fut la dernière image qu'Erwin imprima consciemment dans sa mémoire. Lorsque la jeune femme eut disparu, l'élu de Poseidon se sentit terriblement seul. Un profond sentiment d'abandon se déversa sous sa peau comme pour le noyer de l'intérieur. La douleur pulsait dans tout son être. Vivant. Encore.

***

Après avoir quitté l'Espagne, alors que le conflit n'était pas terminé, quelque chose changea chez Erwin. Lui qui avait toujours vécu seul, sans ancrage, ne supportait plus l'idée de toujours être un inconnu aux yeux de tout le monde, de ne jamais se confier réellement à qui que ce soit ou de ne pas avoir d'objectif autre qu'Alexis. Arrivé en France, l'élu n'avait plus l'intention de chercher son ennemie. Pour la première fois depuis des siècles, il tenta de nouer des liens. Mais ceux-ci n'avaient jamais réellement de saveur, ils semblaient constamment insipides et artificiels. Peut-être les mortels se contentaient-ils en réalité de se raccrocher les uns aux autres sans accorder d'importance à la solidité de ces attaches... Erwin, immortel contre sa volonté, ne pouvait comprendre cela. Il persévéra néanmoins, trop effrayé à l'idée de retomber dans la solitude qui, jusqu'alors, avait été le décor immuable de son existence.

De lien en lien, il apprit à connaître les gens. A s'intéresser à eux et à entrevoir les différences de relation qu'il pouvait vivre. Certains étaient des amis, d'autres des connaissances. Il découvrit comment ressentir de la colère envers quelqu'un d'autre qu'Alexis, comment se sentir léger auprès d'une nouvelle personne. Tout était nouveau, tout avait un goût particulier. Pourtant, Erwin avait conscience de ne ressentir toutes ces choses que de manière atténuée, comme si son être était anesthésié.

Il s'entoura, perdit des amis, en retrouva d'autres, et finit par fonder une famille. La jeune femme avec qui il partageait sa vie n'était pas la plus chère de ses connaissances. Il n'était pas certain de l'aimer et elle ne l'aimait probablement pas réellement non plus. Elle était une solitaire, détachée de tout, rejetée par tous. Erwin et elle n'étaient que deux âmes destinées à être seules, qui avaient donc décidé de vivre leur solitude ensemble. Bien sûr, il y avait entre eux ce qui pouvait ressembler à de la tendresse. Leur quotidien était rythmé par certaines habitudes. Leurs phrases se ponctuaient de certaines expressions qui leur appartenaient. Erwin avait vécu suffisamment longtemps, auprès de suffisamment de couples pour savoir comment s'y prendre. Ce qu'il fallait faire ou dire. Mais, au fond, il sentait qu'il jouait un rôle.

Lorsqu'un premier enfant naquit, Erwin ne ressentit aucune fierté particulière, aucun amour inconditionnel comme il l'avait déjà entendu dire. Ni pour ce petit être tout neuf ni pour sa femme. Il ne ressentit rien de plus lorsqu'un deuxième enfant vint agrandir le foyer. Contrairement à lui, leur mère changeait, se découvrait une fibre parentale qu'il ne connaissait pas. Elle prenait de l'âge aussi, physiquement. Une année lui coûtait tantôt une ride, tantôt un cheveu blanc. Elle n'était pourtant pas si vieille. Cette pensée replongeait systématiquement Erwin dans des considérations existentielles. Après tout, que savait-il de la vieillesse ?

Le jour arriva où il fut engagé dans les forces armées françaises. Sa femme le regarda partir, le visage fermé, ses enfants pleurèrent. Mais Erwin, lui, avait l'impression de reprendre une vieille habitude. Il les regarda avec autant de tendresse qu'il pouvait en exprimer et ne se retourna plus.

Sur le champ de bataille, tout était sombre. Dans les rangs, dans les tranchées, dans les combats, il y avait de jeunes hommes. Trop jeunes, Erwin le savait, mais pas autant qu'il ne l'était lorsque son peuple avait été décimé. Pour cette raison, il éprouvait une certaine empathie envers ces soldats qui n'étaient encore que des enfants, mais une barrière invisible l'empêchait de la leur exprimer. Un soir pourtant, alors que les avions déchiraient le ciel et que les obus faisaient exploser la terre, il tendit à un garçon près de lui le dernier carré de chocolat de sa ration. Les yeux du jeune soldat s'illuminèrent, ses tremblements cessèrent pour quelques secondes, et Erwin sentit son coeur se gonfler un peu plus que d'ordinaire.

Trois jours plus tard, le garçon fut ramené du no man's land sur une civière, les membres arrachés et les yeux fermés à tout jamais. Plusieurs fois, Erwin se prit à jalouser les hommes pour qui mourir semblait si facile, alors même que ceux-là l'enviaient de ne jamais subir une égratignure. L'injustice de l'univers flottait constamment autour d'Erwin, et il ne parvenait pas à s'en émouvoir. Il avait vécu trop longtemps pour réussir à valoriser les battements de son coeur.

Il essaya pourtant de mourir. Mettre fin à cette vie qui n'en finissait pas. Il prenait des risques, se portait volontaire pour toutes les tâches hautement dangereuses, ne faisait attention à aucune embuscade... Quelque chose parvenait toujours à le sauver. A lui arracher des mains le droit de regarder la Mort dans les yeux et d'enfin s'en aller. Et, un beau jour, la guerre s'acheva. Au lieu de rentrer chez lui, Erwin décida de disparaître. Sa famille ne saurait jamais qu'il était encore en vie. Elle le croirait enterré quelque part sous les décombres d'une ferme bombardée ou éparpillé avec les débris d'un obus au milieu d'un champ calciné. L'élu de Poseidon savait à quel point il était égoïste de faire croire une telle chose à sa femme et ses enfants, qui avaient la chance de ne pas avoir perdu l'homme de leur famille, quand d'autres maris ou pères ne rentreraient jamais chez eux. Mais il ne pouvait plus supporter l'idée de vivre à nouveau dans cet amour factice en regardant vieillir ses proches. Dans quelques dizaines d'années, sa femme ne serait plus de ce monde, ses enfants auraient tellement grandi et lui si peu changé qu'ils ne le reconnaitraient pas.

Le lendemain de l'armistice, Erwin prit le large pour l'Amérique.

***

Erwin avait laissé derrière lui les envies de vengeance. En avait-il seulement eu envie ne serait-ce qu'une fois dans sa vie ? Il ne cherchait plus à trouver Alexis. Par moment, il réussissait même à l'oublier. Puis elle revenait à lui, surtout la nuit. Quand tout était noir, quand tout pouvait à nouveau surgir parmi les ombres. Il n'éprouvait toutefois plus la même chose qu'avant en dessinant son visage. Cette image était, à vrai dire, le seul moment de douceur qu'Erwin s'octroyait de temps à autre dans son existence fade et remplie de vide. Il avait renoncé à tisser des liens. Il regardait à nouveau les silhouettes mortelles flotter devant lui sans y accorder d'importance, rêvant seulement de posséder un jour leur fabuleux pouvoir de s'éteindre pour l'éternité.

Après une journée de travail au milieu de tant d'autres ouvriers comme lui - travail qu'il pratiquait plus dans le but d'occuper son temps qu'autre chose - Erwin erra longtemps dans les rues. Il n'avait aucune envie de rentrer dans un chez-lui qui changerait d'ici quinze ans tout au plus. Aucune envie de continuer à être témoin du caractère éphémère du monde. Quand la neige se mit à tomber et le vent à souffler, l'élu de Poseidon était à des kilomètres de chez lui. Il poussa donc la porte du premier diner qu'il croisa.

Elle n'avait plus son aura guerrière d'antan. Et peut-être était-ce pour cela qu'il lui fallu une minute pour la reconnaître. Peut-être qu'elle aussi, en le voyant, ne le reconnut pas immédiatement. Mais il n'y avait aucun doute, Alexis était là. Pour la première fois, Erwin la rencontrait vraiment par hasard. Et cela lui procura un sourire. C'était la première fois également qu'il souriait. Qu'il souriait réellement.


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Parce que l'art de Matthew vaut de l'or:

Merci Alexis <3:

Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN Dp0zTime to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN Bmv6Time to put my medals on, whose neck to cut? • ERWIN Xab3
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