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Tout feu, tout flaque ♡ Clayton
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Erwin Stamber
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Tout feu, tout flaque ♡ Clayton

Une douce chaleur régnait dans l'air, une odeur suave chatouillait le nez du demi-dieu tandis que des mains glissaient sur sa peau. L'univers autour de lui n'était que délice pour souligner le murmure entêtant qu'il accueillait avec plaisir au creux de ses oreilles. Il avait l'impression de flotter, de nager dans un ciel cotonneux et tiède. Et d'y être accompagné par ces doigts, ces lèvres, ces regards. L'empreinte des mains sur son corps lui semblaient toujours un peu plus chaudes, un peu plus brûlantes

un peu

plus

bouillantes.

"PUTAIN CLAYTON !"

Erwin se réveilla avec un pied incendiaire collé à sa cuisse. Il ne lui fallut pas plus d'une seconde et demie pour sauter hors du lit et sauver ce qu'il pouvait de ses draps. Les orteils de Clayton, qui grommelait, encore ensommeillé, rougeoyaient de chaleur, tels des charbons incandescents. Une fois complètement tiré des bras de Morphée, le jeune homme laissa échapper un ricanement amusé ponctuant son sourire. Son stupide sourire à la con. Erwin était persuadé qu'il l'avait vu s'élargir lorsque le regard de Clayton s'était posé sur la marque légèrement rouge sur sa cuisse. Le fils de Poseidon attira un peu plus la couverture en boule contre lui comme pour évacuer sa mauvaise humeur du réveil.

"C'est toi qui rachèteras une couette quand celle-ci aura brûlé. C'était quoi cette fois ? Encore un rêve érotique ? Non ! Ne me dis pas, je veux pas savoir pourquoi les pieds."

Dans un geste encore énervé, Erwin attira l'eau qui attendait sagement dans un verre sur la table de nuit et fit glisser la liquide sur la brûlure. Il n'y avait rien de grave, mais s'il pouvait se réveiller contre un homme dont la chaleur se trouvait dans la moyenne, il ne dirait pas non. Adoptant l'attitude d'une diva, il laissa l'eau s'enrouler autour de sa cuisse endolorie, releva la couverture sur son torse et releva le menton.

"Je laisse la belle au bois brûlant se rendormir, moi je vais sous la douche. Mais ne mets pas le feu en mon absence, merci."

Les draps, pour leur part, seraient sauvés. Clayton finirait sa nuit sans rien sur lui. De toute façon, ce n'était pas comme s'il risquait d'avoir froid. Erwin entreprit de mettre les draps dans la machine à laver en espérant que l'oeuvre de son cher et tendre ne serait, une fois de plus, qu'une légère marque de suie. S'il y avait un trou dans la housse, le fils de Vulcain pourrait passer un agréable moment couture pour le raccommoder. En tout cas, Erwin refuserait de réparer ses conneries à sa place.

L'eau de la douche lui fit le plus grand bien. Non seulement sur sa cuisse, mais aussi sur tout le reste de son corps qui avait encore du mal à se débarrasser de la sensation langoureuse des mains contre lui. Et cette impression mélangée à la colère qu'il ressentait contre ces orteils enflammés ne lui était pas plaisante.

Depuis la douche, le demi-dieu entendit plus ou moins des sons provenant de la chambre, ceux d'une personne normale qui se lève. Ce qui l'inquiétait, c'était que Clayton n'était pas quelqu'un de normal. Il manquait quelques chose à ces bruits. Les vibrations étaient trop sages. Il manigançait quelque chose de bon matin, ou alors il glissait au sol tel une larve, ce qui aurait expliqué qu'Erwin ne ressente pas les pas lourds qui ponctuaient habituellement les réveils dans cet appartement. Intrigué, il sortit la tête de la douche.

"Clayton. Je sors de la douche dans deux minutes. Si tu as brûlé autre chose que ta tartine, je te noie."



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Parce que l'art de Matthew vaut de l'or:

Merci Alexis <3:

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Re: Tout feu, tout flaque ♡ Clayton

“Ta confiance en moi est si touchante.”

Amusé, le brun s’affairait paresseusement à retourner l’oreiller d’Erwin du bout de ses orteils encore rougissant. Oreiller qu’il n’était certainement pas en train de regarder prendre feu, la tête au sol, depuis une bonne dizaine de minute. Oreiller dont aucune odeur de brûlé ne s’échappait. Non. Il n’oserait pas. Voilà. Satisfaisait, son pied tapota le bout de tissu. Son crime enterré, il était désormais hors de cause. Dégoulinant du lit dans un grognement, le demi-dieu se laissa tomber, s’étirant de tout son long sur la moquette. Pendant un instant, il se contenta de fixer le plafond en écoutant les petits bruits ténus provenant de la salle d’eau. Les gouttelettes rebondissant contre le bac de douche, la clac du savon qui s’ouvre, Erwin qui chantonne. Une douce mélodie à ses oreilles.

À la réflexion, il pourrait se laisser tenter de le rejoindre sous ce jet d’eau. Rentrer dans ce petit espace en collant son corps contre le sien, murmurer contre sa clavicule, usée d’une myriade de léger baiser. L’aider à effacer cette mauvaise humeur matinale. Bien qu’il ne comprendrait jamais l’attachement maladif de son partenaire à tous les objets de l’appartement, se faire pardonner pour une marque de suie était définitivement son étape préférée de leur processus. Hmm. L’idée était tentante, mais il faudrait se lever pour la mettre à exécution. Cela réclamait bien plus d’énergie que nécessaire. Cela réclamait surtout le contact de l’eau sur sa peau de bon matin. Ils finiraient alors tout deux d’une humeur de chien avant même d’avoir put petit déjeuner. Clayton faisait preuve d’une grande bonté en ne le rejoignant pas.

Perché sur l’îlot central, le fils de Vulcain avait vaincu sa flemme, cédant à l’appel de son estomac. Une tartine en bouche, il appliquait consciencieusement de la confiture sur la suivante, avant d’augmenter le tas dans l’assiette appropriée. Erwin n’était pas doté d’un appétit de moineau. C’était son spectacle matinal de parier sur le nombre de tranches de pain qu’il pourrait avaler. Aujourd’hui ? Disons quatre. Une casserole de lait chauffée contre son pied. Une méthode plus rapide que d’attendre que les plaques de cuisson lui fassent l’honneur de démarrer. Le ting du grille-pain annonça la dernière fournée. Ce petit-déjeuner était par-fait. Quoique le grand dadais puisse insinuer, il ne cramait pas systématiquement les tartines. Ni le lait. Souvent, mais pas toujours. En pensant au loup.

“Le chocolat chaud arrive. Il reste du jus d’orange dans le frigo.”

Il essayait d’apprivoiser la bête avec de la nourriture. Bête qui était particulièrement à son avantage en sortant tout juste de sa douche. Même s'il semait des petites gouttelettes partout dans son sillage. Bête qui, maintenant qu'il lâchait deux secondes son corps du regard, arrivait avec une démarche un peu trop déterminé. Il y avait un air plaqué sur son visage que Clayton n’arrivait pas à entièrement à décrypter, mais qui tinter ses yeux aux couleurs de représailles de malices.

“Ha-”, il pointa le premier objet disponible dans sa direction. C’était compliqué nu sur un îlot de cuisine armé d’une petite cuillère d’être menaçant. “Non. Erwin. Je te préviens, tu m’approches pas à moins de deux mètres avec tes cheveux trempés.”


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Re: Tout feu, tout flaque ♡ Clayton

Erwin resta encore plus de deux minutes sous la douche. Un mensonge éhonté qu'il proférait tous les matins. Il pouvait se l'autoriser, après tout, ce n'était pas comme s'ils faisaient tous les deux des excès de consommation d'eau, avec ce que Clayton utilisait... Quelques rares fois, Erwin parvenait à l'attirer sournoisement sous le jet brûlant - un peu trop chaud pour le fils de Poseidon, d'ailleurs, mais Clayton méritait quelques sacrifices. Ces moments étaient alors particulièrement délicieux. Au moins pour un des deux.

Délicieuse était également l'odeur qui émanait de la cuisine lorsqu'Erwin se décida enfin à sortir de son repaire. Elle aurait presque pu camoufler l'amère senteur de cendres qui provenait de la chambre. Presque. Le demi-dieu soupira. Il ne savait pas encore ce que son chéri avait incendié et le découvrirait certainement au soir, quand il aurait oublié ce détail... L'envie irrésistible d'étouffer Clayton se mêlait à celle de l'enfermer toute la journée dans la cage de ses bras pour lui faire subir la pire des étreintes.

La première envie se tut lorsqu'Erwin franchit le pas de la cuisine. Un Clayton bien affairé gigotait sur l'îlot, sans aucune once de tissu pour le couvrir. Le fils de Poseidon s'arrêta avant de proférer un reproche quelconque. Son regard détailla chaque parcelle de peau que le sang-mêlé voulait bien lui dévoiler. En dépit de la confiture qui lui ornait le coin de la bouche, il était si désirable. Et si vulnérable.

"Le chocolat chaud arrive. Il reste du jus d'orange dans le frigo."

Erwin ne prêta aucune attention à l'information. Peut-être était-ce une demande sous-entendue, peut-être était-ce simplement une parole attentive. Le fils de Poseidon ne se dirigea pas vers le frigo, mais vers Clayton. Aussi affamé de lui que de vengeance. Le fils de Vulcain dût le comprendre, car il braqua une cuillère à café en direction d'Erwin, qui se retint de rire aux éclats devant une si faible défense.

"Non. Erwin. Je te préviens, tu m'approches pas à moins de deux mètres avec tes cheveux trempés."

Erwin posa un doigt sur la cuillère qu'il abaissa avec un air faussement supérieur. Clayton avait la fâcheuse tendance à faire semblant de résister. L'arme braquée sur lui n'était qu'un prétexte pour avoir l'air prêt à en découdre. Mais Erwin était bien plus fort que Clayton à ce jeu-là.

"Tu es sûr de ça ?"

Son regard devint brûlant. Le fils de Poseidon bloqua les mains de Clayton et se colla à lui aussi fort qu'il pouvait. Clayton se tortillait sur l'îlot de la cuisine, pris au piège, en émettant un râle qui ressemblait aux gargouillis d'une bouilloire. Erwin serra un peu plus fort et prit soin de bien frotter ses cheveux au visage du demi-dieu.

""Est-ce que tu m'as demandé, toi, avant de me brûler la cuisse avec ton pied satanique ? Je t'avais prévenu que je te noierais si tu cramais quelque chose."

Au milieu des cris de douleur qu'il poussait, Clayton hurla qu'Erwin n'avait aucune preuve de ce qu'il avançait. Mais le sourire en coin qu'il avait affiché au mot "cramer" était une preuve à lui tout seul. Le fils de Poseidon relâcha sa victime et s'appliqua à essorer ses cheveux sur son torse avant de s'écarter de lui, tout juste suffisamment pour planter son regard dans le sien.

"Tu m'agaces, sale pyromane."

A nouveau, un rictus fier maquilla le visage de Clayton et Erwin fournit un effort colossal pour résister à l'envie de le dévorer. Au lieu de ça, il porta son dévolu sur les tartines qui avaient, par miracle, à peine sauté de l'assiette quand le fils de Vulcain avait tapé dedans en se débattant. Le fils de Poseidon se délecta de ce déjeuner au goût d'excuses. Le chocolat chaud était à une température idéale - le pied de Clayton était une valeur sûre, quand il ne faisait pas entièrement bouillir le lait. Le jus d'orange était frais. Les tartines étaient grillées dans les règles de l'art - une tâche que Clayton laissait encore à l'électroménager plutôt qu'à son corps, quoiqu'une tartine grillée sur son torse ne devait pas être bien mauvaise. Erwin engloutit sa part en un rien de temps. Son petit combat matinal l'avait mis en appétit. Et, malgré l'attention que Clayton avait portée aux quantités, le ventre du demi-dieu n'était pas complètement satisfait. Erwin prit un air grave et se tourna vers son compagnon qui reléchait la confiture sur ses lèvres.

"Il en manque une."

Clayton haussa les épaules, la bouche pleine de sa propre tartine, et désigna à l'aide de sa petite cuillère le pain qui trônait sur le coin de l'îlot. Fais-la toi-même. Le message était clair. Mais la proposition était moins alléchante que ce qu'Erwin entrevoyait. Il s'approcha de Clayton. Tout près. Très très près. Les gestes du fils de Vulcain restèrent suspendus dans un univers d'attente. Erwin n'était plus qu'à quelques centimètres. Il répéta, plus bas :

"Il en manque une."

Et, sans demander son reste, il croqua à pleines dents dans la tartine entamée de Clayton. Le sang-mêlé fit mine de s'offusquer. Tous deux avalèrent leur morceau de tartine et, alors que le premier ouvrait la bouche pour crier à l'injustice de ce monde, le second plaqua ses lèvres contre les siennes. Erwin se sentit parcouru par une vague de chaleur que le corps de Clayton contre lui rendait brûlante, presque douloureuse. C'était une sensation qu'il avait appris à adorer au fil du temps. L'impression de se consumer littéralement de désir à chaque fois qu'il goûtait à son contact avec un peu trop d'empressement. Ses lèvres dérivèrent, glissèrent de la bouche de Clayton à sa mâchoire, à son cou, puis remontèrent vers son oreille.

"J'ai faim, Clayton Haynes."

Le fils de Vulcain tourna la tête et dévora à son tour les lèvres d'Erwin avec avidité. Une étincelle amusée flambait dans ses yeux mi-clos. Le fils de Poseidon serra son corps contre lui et ne le lâcha qu'une fois arrivé au-dessus du lit.
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    Re: Tout feu, tout flaque ♡ Clayton

    Il y a une odeur de brûlé dans l'appartement.

    Non.

    Il y a une odeur de brûlé qui entre dans l'appartement.

    La nuance est importante, mais tout aussi effrayante. Jaden vient à peine de l'acheter, cet appartement. Elle vient à peine de signer le contrat, de défaire ses cartons, et elle n'est absolument pas prête à se retrouver à la rue, à plus de mille kilomètres de chez ses parents. Alors non, ce n'est pas moins grave que l'odeur de brûlé vienne d'un autre appartement.

    Enfilant son plus beau torchon autour de son nez pour ne pas être asphyxiée par la fumée d'un incendie, elle se sent toutefois l'âme d'une héroïne, Jaden. Elle se dit qu'elle ne peut pas rester là sans rien faire, pas cette fois, c'est trop important pour elle comme pour toutes les autres personnes avec qui elle partage cet immeuble. Elle se souvient d'avoir croisé un de ses voisins du dessus, celui qui est un peu plus grand elle et qui a le sourire d'un ange. Elle ne devrait peut-être pas penser à lui, mais c'est bien de son appartement qu'elle croit sentir l'odeur venir. Peut-être qu'il est juste très mauvais en cuisine ?

    Elle se fait déjà des idées, Jaden, des plans pour se familiariser avec le voisinage en lui apprenant. Mais ce qui change tout, ce sont les bruits qu'elle entend provenir de l'appartement. Des bruits de lutte.

    Lutte. Feu.

    Elle craint déjà le pire, elle craint qu'un cambrioleur s'en soit pris à son gentil voisin et qu'une lampe se soit renversée, que le feu ne se propage quelque part, alors c'est sans hésiter plus longtemps qu'elle appuie doucement sur la poignée pour se faire discrète en s'invitant dans l'intimité d'un homme qu'elle ne connait que de visage et un petit peu de voix.

    Et quelle intimité.

    Le rouge la prend immédiatement aux joues, quand elle arrive avec un couteau pris sur la table à manger dans la chambre d'où proviennent les bruits. Quand elle reconnait les grognements et qu'elle visualise bien mieux la scène, puisqu'elle se dérange là sous ses yeux. Deux hommes parfaitement nus, en parfaitement bonne santé, sans le moindre problème dans leur vie. Vie dans laquelle Jaden vient s'incruster en pensant bien faire.

    Le couteau tombe à ses pieds alors qu'elle ne sait pas quoi faire, si ce n'est de tourner les talons et de fuir cet appartement.

    Elle ne pourra plus jamais regarder son voisin dans les yeux. Son sourire d'ange, son pauvre sourire d'ange, perverti à jamais dans ses pensées.

    Peut-être même qu'elle va déjà devoir le revendre, cet appartement, finalement.

    Ou y mettre le feu elle-même pour oublier sa honte. Après tout, le feu est déjà sur ses joues, elle ne serait plus à ça près.
    Clayton Haynes
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    Re: Tout feu, tout flaque ♡ Clayton

    Un instant suspendu, leur regard s’accrochent. Bleu faussement ennuyé contre un brun brûlant. Cette voix, ce ton, ses yeux. Clayton est certain de vouloir faire une autre chose que de petit-déjeuner maintenant. Son corps aussi. Et aussi vite que la tension s’est installée, elle s’enfuit lorsque les mains agiles d’Erwin accrochent sournoisement les siennes. La vengeance débute. La vengeance est terrible. Tandis qu’il gigote en beuglant comme un veau sur l’îlot de la cuisine en tentant d’échapper à des cheveux trempaient contre son visage -erk- le brun ce fait la réflexion qu’à ce prix, il aurait dû cramer le lit. La vision de son conjoint essuyant sa jolie frimousse contre son torse lui arrache un sourire amusé. Qu'il est chou ce con. La chambre. La prochaine fois, c’est certain, la chambre entière y passe.

    Le ronronnement du frigo. Le soleil réchauffant le vieux parquet à travers les rideaux colorés mal refermé. L’odeur ténue mais âpre du cramé s’accrochant à son corps pour ne plus jamais repartir. Le plic plic discret de la douche mal refermée qui résonne depuis la chambre. Ses bruits familiers qui accompagnent leurs journées. Une. Deux. Trois. Quatre. Les tartines défilent à un rythme effréné, complétant les habitudes d’une routine confortable. Juché sur son perchoir, Clayton admire le spectacle sous ses cils tout en grignotant distraitement son bout de pain. Il en manque une, qu’il ose lui réclamer tel un enfant boudeur. Comme si le brun pouvait en avoir quelque chose à faire que Gluttony soit affamé. Il en manque une, qu’il lui répète d’une voix rauque à quelques millimètres de son oreille, envoyant une vague de frisson jusqu’à ses orteils. Proche, très proche, trop proche. Le souffle suspendu dans une bulle, dans leur bulle. C’est indéniable, au jeu de la séduction, Erwin remporte toutes les médailles. Il est également incroyablement doué pour broyer en quelques secondes ce genre d’instant, comme le prouve SES dents dans SA tartine qu’IL s’était préparé. C’est une honte.

    Sa plainte restera pourtant silencieuse, mutinerie étouffée par des lèvres insolentes. Son corps rougeoyant se colle au sien dans une tentative vaine d’être plus proche. Toujours plus proche. Un couinement plaintif lui échappe quand la bouche du fils de Poséidon s’éloigne.

    "J'ai faim, Clayton Haynes."

    Oh qu’il était bon à ce jeu-là. L’heureux désigné ne peut qu’écraser à nouveau ses lèvres contre les siennes dans un grognement gourmand consentent. Pour la satisfaction de le faire taire. Pour la satisfaction de goûter ses lèvres au goût de confiture de fraises. Dans un rire, il sent ses grandes mains agripper pour le déloger de son perchoir, l’obligeant à enrouler ses jambes autour de ses hanches afin de maintenir un semblant d’équilibre. Ses mains s’accrochent à ses cheveux encore humide, sa bouche refusant de laisser la sienne seule ne serait-ce qu’un instant. Tous ses efforts pour traîner sa carcasse hors du lit ce matin, pour se faire embarquer dans le sens contraire une dizaine de minutes plus tard. Quelle ironie.

    Il agrippe la porte en passant. Pour la satisfaction puérile d’entendre Erwin jurer entre ses dents d’impatience. Pour le plaisir de se faire désirer quelque instants de plus, tandis que l’autre le tire sèchement pour le déloger. Pour l’éclat de rire enfantin que ça lui procure de se faire jeter sur le lit comme un malpropre en représailles.

    Le poids de son corps l’écrase immédiatement, le ballet de leur langue reprenant là où il s’était interrompu. Le corps d’Erwin le surplombe, l’enveloppant dans son odeur. Doux mélange de savon, de fraise et de sueur. Gigotant, Clayton effleure ce qui lui passe sous les mains. Cheveux, cou, dos, vêtement. Il tire sur son t-shirt, barrière de tissu inutile. Tire, tire encore. Impatient. Reprenant son souffle, son nez effleurant des lèvres gonflées, réclamant d’un ton ne cachant pas sa frustration. “Retire le”.

    Tandis qu’il est étendu de tout son long, Clayton profite du strip-tease le plus lent qu’il n’est jamais était témoin de sa courte existence. Malgré tout, un sourire satisfait découvre toutes ses dents. La vue est particulièrement plaisante. Bien que ce soit d’une lenteur inutile. La patience est une qualité dont il est dépourvu. Satisfait, il tire sur son boxer dans l’espoir de l’attirer de nouveau sur lui… Clayton rencontre un mur. L’autre n’a même pas la décence de bouger d’un centimètre. Fichu géant. Un froncement de sourcil frustré ombre son visage. Il a toujours été expressif, facile à lire pour les autres.

    Je croyais que tu avais faim Erwin

    Les mots sont susurrés, tentation au milieu des draps. Erwin n’oserait tout de même pas le faire languir maintenant, à cheval sur lui, le plaquant contre le lit. Cette lueur dans ses yeux indique pourtant le contrainte. Il le déteste, lui et son sourire fier. Très bien. Puisque c’est comme ça. Doucement, ses doigts tièdes remontent sa cuisse, haut, plus haut, en petit cercle innocent, réclamant de l’attention. “Erwin”. Un ton suppliant laissant flotter un s’il-te-plaît de quelqu’un qui veut tout, tout de suite, maintenant. Avant de vicieusement passer sous le bout tissu et d’augmenter considérablement la température. Profitant que son partenaire se penche en avant par réflexe, il verrouille un bras autour de son cou, son corps arqué contre le sien, grognant d’un ton animal contre son oreille.

    Dépêche-toi de me dévorer”.

    Il n’est pas aussi bon qu’Erwin pour séduire, mais il sait définitivement quel bouton tourner pour avoir ce qu’il désire. Oh et il l’a eu. Pleinement. Et il voudrait pouvoir dire qu’il n’a pas cramé la moitié du protège matelas et fait roussir la peau de son partenaire pendant les minutes suivantes, sincèrement, mais ça ne serait pas honnête. De même qu’il voudrait pouvoir faire remarquer à Erwin qu’ils ont de la compagnie, petite brunette sur le pas de leur porte qu’il entraperçoit vaguement par-dessus ses épaules musclées. Mais Clayton a perdu la capacité de formuler des phrases ou d’avoir la moindre pensée cohérente, transformé en petite pelote de plaisir sous les mains d’Erwin.

    La tête sur l’oreiller qui croustille, Clayton caresse distraitement les cheveux d’Erwin, blottissant son nez contre son cou. Il sent son pouls, petite symphonie trouble. Le petit-déjeuner a laissé place au déjeuner et les deux n’ont pas trouvé l’envie de quitter le lit après la quatrième manche. Ou alors c’était la cinquième. Hum. Ce n’est pas bien important. Ils sont bien là, à moitié ensommeillé, entrelacé dans un amas de jambes et de bras, dans la moiteur de la chambre, sur un lit qu’il n’a pas du tout bousillé. Ils peuvent rester là autant qu’ils veulent, sans obligation pour un jour de repos. L’esprit cotonneux, le sommeil tout proche, Clayton a cette sensation désagréable d’avoir oublié quelque chose. Un truc important. Il a encore oublié le lait ? Ha non, il utilisait son pied. Ha oui, il doit taquiné Erwin avec la fille de tout à l’heure… Jade ? Jarden ? Est-ce que ça le gênerait d’avoir été épié ? Peut-être. Surement. Oh oui. Il ne peut empêcher un grand sourire contre la gorge du concerné. Est-ce qu'il deviendra tout rouge ?

    Tout à l’heure, il y avait la voisine de l'appart d'à côté, la fille-

    OH PUTAIN

    Ce redressant d’un coup, manquant de donner un coup de boule au corps à ses côtés, le brun se précipite sur son téléphone. L’appareil indique un appel manqué. Il est mort. Il est sacrément mort. Si elle a prit la peine de l’appeler une fois, il est définitivement mort. Sans perdre une seconde, il roule de l’autre côté du lit, piétinant son partenaire au passage. Clayton s’extrait du matelas avec une énergie nouvelle, courant jusqu’à la salle de bain pour se jeter sous la douche. C’est une situation nécessitant une douche.

    Je devais déjeuner avec Raemilia. Elle va me dé-fon-cer” qu’il prend la peine d’expliquer en criant à Erwin entre les gouttes d’eau.

    Son téléphone émet d’autres couinement, signal de plusieurs messages reçus.


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    Erwin Stamber
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    Re: Tout feu, tout flaque ♡ Clayton

    Le temps fila entre les gémissements de Clayton, si bien qu'Erwin se retrouva plus vite qu'il ne l'aurait cru essoufflé sur le bord du lit, dans la chaleur ambiante d'un drap brûlé. Il fallait évidemment que le fils de Vulcain brise le silence paisible.

    "Tout à l’heure, il y avait la voisine de l'appart d'à côté, la fille-"

    Erwin ouvrit des yeux effarés. Il ne sut dire ce qui le frappa le plus entre cette révélation et le bond digne d'un ressort que fit Clayton pour déguerpir du lit sans crier gare. Le jeune homme n'en était pas à sa première réaction étrange et inexpliquée, mais il y avait tout de même de quoi se questionner. Et puis cette pauvre voisine. Mais enfin, qu'est-ce que... comment était-elle apparue ? Erwin ne pouvait se résoudre à imaginer une inconnue entrer chez lui sans prévenir, encore moins pendant un moment torride avec son abruti d'amoureux. Abruti qui gigotait en traversant l'appartement pour se ruer sous la douche avec l'élégance d'un asticot.

    "Je devais déjeuner avec Raemilia. Elle va me dé-fon-cer."

    A l'évocation de Raemilia, Erwin sentit ses muscles se crisper. Clayton n'avait jamais consenti à lui expliquer clairement quel rôle la jeune femme jouait dans sa vie, s'autorisant à lui dévoiler quelques informations au compte-goutte, jamais davantage. Cette situation frustrait profondément le fils de Poseidon, d'un naturel jaloux. Il n'était maître de rien dans cette histoire et Rae était pour lui un personnage en trop dont il ignorait l'intérêt. C'était comme ajouter une cuillère de poivre dans la pâte d'un gâteau au chocolat. Qui qu'elle soit pour Clayton, cette Rae avait l'honneur de profiter d'un fils de Vulcain lustré et savonné. Tout pressé qu'il fût, Clayton s'attardait tout de même sous la douche, chose assez surprenante venant de lui. Et d'autant plus amère pour Erwin.

    La mélodie de l'eau fut interrompue par les vibrations répétitives sur la table de nuit. Les notifications éclairaient l'écran de manière intempestive. Ce n'était pas le genre de Clayton d'activer les notifications de toutes ses applis. La curiosité envahit la tête d'Erwin, qui céda et finit par se pencher vers le petit écran allumé. Des messages, une dizaine au moins, qui s'empilaient rageusement, à l'étroit dans cet écran de verrouillage délaissé. Tous étaient de la même personne - sauf un, de l'opérateur, indiquant que le forfait 4G de Clayton était dépassé. Erwin ne pouvait lire que le début des messages, et bien qu'il lui sembla étrange de voir quelqu'un harceler ainsi son compagnon, rien ne semblait suspect dans ces textos. Il s'agissait probablement d'une autre personne conviée par Raemilia et qui s'inquiétait pour Clayton, si on en croyait la ponctuation abusive utilisée dans certains messages.

    Clayton finit enfin par s'extirper de la salle de bains, brillant comme jamais, vaporeux comme à son habitude. Le demi-dieu se rua vers son téléphone, survola les notifications tout en enfilant un jeans peu coopératif et adressa un sourire assorti d'un clin d'oeil plus qu'évocateurs à Erwin avant de disparaître par la porte de l'appartement. Le fils de Poseidon se retrouve seul, un goût de sel dans la bouche à l'idée que Rae et la personne-qui-envoyait-des-messages avaient droit à un moment privilégié avec sa moitié. L'amertume occupa son esprit quelques longues minutes avant de se laisser absorber par autre chose. La pensée de la voisine resurgit alors. Erwin rumina cet épisode gênant toute la journée.

    Lorsque Clayton rentra enfin, plus tard en début de soirée, Erwin était en train de cuisiner. Il avait passé la journée à s'occuper tant bien que mal. Il avait hésité plusieurs fois à aller frapper chez la voisine pour s'excuser. Mais qu'aurait-il dit ? "Bonjour, c'est moi, le voisin à poil. Je suis désolé que tu nous ai vus coucher ensemble, mais si tu veux, je t'invite à dîner pour nous excuser." Pire plan. Si Erwin voulait faire fuir chaque habitant de l'immeuble, il tenait la bonne stratégie. Au lieu de quoi, il avait tenté de contacter Clayton sur son téléphone pour savoir où il en était dans son ReNdEz-VoUs AvEc RaE. Il n'avait entendu que la voix du répondeur. Tant pis. Le fils de Poseidon ne manqua donc pas de houspiller son compagnon lorsqu'il franchit le seuil de la porte.

    "Relax."

    Erwin était tout sauf relax, à cet instant. Mais Clayton connaissait la parade. Il s'empressa de tremper un doigt dans la casserole de sauce bouillonnante pour goûter la préparation, ce qui avait le don d'indigner Erwin. Interdiction de toucher à ça, ce n'était pas encore prêt ! A nouveau, le fils de Vulcain savait comment passer entre les barreaux. Il étala un doigt de sauce sur la joue du fils de Poseidon et s'approcha lentement pour lécher la tache d'un air provocateur. Erwin ne se laissa pas hypnotiser, pas cette fois. Mais il accepta de laisser tomber colère et jalousie pour le moment et profiter d'un repas avec Clayton.

    ***

    Le fils de Poseidon traversait précipitamment la rue, un carton à dessin sous le bras, l'autre lui servant de parapluie. Il faisait encore beau lorsqu'il s'était rendu chez l'éditeur à qui il devait présenter des planches d'aquarelle et n'avait pas prévu un tel déluge pour son retour. Lui qui aimait la pluie, il s'en serait, pour une fois, largement passé. Son rendez-vous avait pris fin plus tôt que d'habitude, aussi n'avait-il pas attendu que Clayton vienne le chercher. Après tout, ça lui ferait une occasion de surprendre le fils de Vulcain.

    La porte de l'immeuble franchie, Erwin s'affala contre un mur en laissant tomber ses cartons. Il n'avait plus couru ainsi depuis des lustres ! Et il était trempé, par dessus le marché - mais ce détail était bien le moins dérangeant à son goût. Il osa jeter un regard inquiet à ses planches. Peinture à l'eau, d'accord, mais il ne fallait pas pousser... Dans un soupir de soulagement, il constata qu'elles étaient intactes. Il se contenta donc d'attirer les dernières gouttes du carton vers sa main pour sécher son travail.

    La besogne terminée, Erwin se releva, attrapa ses dessins sous le bras et entreprit de monter les escaliers - foutu ascenseur toujours en panne ! Il avait la chance de ne pas habiter au dernier étage, c'était non-négligeable. Mais l'ascension donnait chaud, si bien que le fils de Poseidon prit le temps de déposer ses peintures et de recoiffer ses cheveux mouillés et emmêlés avant de faire son entrée surprise dans l'appartement. Soudain, il suspendit son geste.

    Qu'était donc ce bruit inhabituel ? Ou plutôt... familier ? Erwin sentit son coeur s'emballer peu à peu avant même de coller son oreille à la porte d'entrée. Il manqua un battement lorsqu'il eut la certitude d'avoir bien entendu.

    La voix de Clayton, ses gémissements, ses mots, tels qu'ils étaient lorsqu'ils atterrissaient dans l'oreille du fils de Poseidon, dans tous ces moments d'oubli et d'excitation. Mais pas seulement. Une voix plus aigue aussi, féminine sans doute. Inconnue. L'échange de cris étouffés était ponctué par les grincements si caractéristique de la table du salon. Erwin se sentit poignardé par l'invasion de ces sons qu'il connaissait si bien sans oser les reconnaître. Et l'image spontanée de Clayton et de leur voisine vint s'imprimer sur sa rétine sans qu'il s'y attende. Non, non, non ! Comment serait-ce possible ?

    La douleur, la peur mais aussi l'espoir de se tromper montèrent, encore, jusqu'à franchir le barrage qu'Erwin avait érigé en quelques secondes. Le demi-dieu se redressa brusquement et ouvrit la porte dans un mouvement violent mais silencieux. Il dut faire quelques pas dans l'appartement pour voir ce qui se déroulait dans le salon, comme il l'avait deviné, et qu'il espérait ne pas voir. Clayton était bel et bien en plein effort sur un corps qu'Erwin ne connaissait pas. A l'exception du visage. Ava-May ??? Au moins, ce n'était pas la voisine.

    "Tu te fous de ma gueule ?"

    Clayton suspendit son mouvement de reins et tourna la tête presque au ralenti. S'il n'avait pas l'air particulièrement coupable, il sembla tout de même comprendre que, quelque part, il avait merdé. Le ton froid et dangereux d'Erwin n'y était peut-être pas pour rien. Le fils de Poseidon resta là quatre secondes. Quatre secondes qui parurent interminables et durant lesquelles personne ne bougea, pas même Ava qui ne devait pas être dans la situation la plus confortable de sa vie. Durant ces quatre secondes, Erwin sentit qu'il avait très envie d'étrangler Clayton, que cet enfoiré ne méritait rien de plus que de s'étouffer ou de faire une crise cardiaque pendant l'acte. Une mort violente et ridicule, quelque chose qui lui conviendrait. S'il avait eu un objet tranchant sous la main, Erwin aurait pu blesser quelqu'un - Clayton ou Ava, ou même le voisin d'en face pourvu que sa colère décroisse. Mais il ne fit rien. Au bout de quatre secondes de regard déçu et haineux, Erwin tourna les talons et sortit dans le couloir de l'immeuble.


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    Re: Tout feu, tout flaque ♡ Clayton

    “Dans vingt minutes…Je sais, je sais… Si si je m’en veux tellemeeent, tu peux pas savoir… Mince, il faudra que je trouve un moyen de me fasse pardonner alors”

    Esquivant un piéton, Clayton rigole avec son interlocutrice, le téléphone coincer entre sa joue et son épaule. En retard, encore. Toujours. Ce qui n’était plus une surprise pour son entourage. Ils s’inquiéteraient davantage s’il était ponctuel. Ava faisait semblant d’être indignée à l’autre bout du fil, Clayton en était persuadé. Quelle actrice. Le brun a toujours été facilement distrait, tête en l’air, attiré par tout avec la force magnétique d’un papillon par sa fleur. C’est sa nature. Et puis, le spectacle de ce matin valait tous les oublis du monde. Oui, même de subir le regard transperçant de reproche que Raemilia lui adressera quand il débarquera pour le déjeuner. C’est pour dire. Après un énième rire, et la promesse de faire au plus vite, le fils de Vulcain raccroche. Avant de balancer l’appareil sur le siège passager, il sélectionne une musique quelconque, remplissant l’habitacle des premières notes joyeuses du morceau. Un espagnol enjoué à propos d’une certaine Sofia. À tous les coups, Erwin a encore trifouillé dans ses playlists pour ajouter ses musiques pop étrange. Battant la mesure de l’index, Clayton ne lui en tiendra pas rigueur. Pour cette fois.

    ***

    “Ava, chérie, si tu pouvais prendre une décision avant que mes bras ne tombent”

    Perché dans un équilibre précaire tout en haut de la plus haute échelle du musée, Clayton grogne. Du bout des doigts, il tient le dernier -et immense et très lourd- tableau de son amie. Une sorte de… Une… Une chose ? Est-ce que c’est un visage déformé de douleur ou le nuage d’un enfant de quatre ans ? Le doute est permis. Le brun n’a jamais compris l’art de son amie. L’art dans sa globalité. Habituellement, il laisse le soin à Erwin de papillonner sur le sujet, bien plus passionné que lui par le sujet. Ce qui ne n’empêche pas Clayton d’encourager Ava. Et de lui répéter à la moindre occasion que ses productions sont hideuses. Affectueusement… Sincèrement ? Il a toujours aimé l’atypique. Elle aime les esprits dérangés. Ils ont trouvé un terrain d’entente idyllique.

    Après avoir déposé Erwin chez l’éditeur, Clayton a reçu un coup de fil pour passer à la galerie aider Ava. Elle sait qu’il passe ses journées à larver dans l’appart. Après tout, son coin du musée est installé depuis belle lurette. Il ne reste qu’à attendre l’exposition. Possédant une expertise dans la manipulation du métal et le feu, le petit brun réalise des commandes techniques pour diverses occasions et clients ; musée, ville, artistes, expertises, bijoux, armes, particuliers. Il n’a qu’à tendre les bras pour choisir un contrat. À l’exception d’aller chercher Erwin au travail, les obligations ne font pas partie de son quotidien. Ce qui lui convient parfaitement. Clayton peut bien aider une amie. À droite, non l’autre droite, plus haut pour voir. Clayton peut pas aider une amie s'il l'étrangle d'abbord.

    ***

    Ava se tient là, à moitié trempée dans le salon de l’appartement. Dans son jean désormais sombre, son chemisier blanc qui laisse peu de place à l’imagination, ses cheveux noirs plaqués sur son crâne. Un chat. Elle ressemble à un chat angora que l’on aurait abandonné dehors. Il est certain de renvoyer la même image, une sorte de rat mort dégoulinant d’eau dans la cuisine. C’est drôle. Sa bonne amie qui a trouvé refuge chez lui. Parce que l’averse est tombée sans prévenir. Parce qu’ils étaient dans le coin, à vouloir célébrer la fin de la mise en place de la galerie et que son appartement était le plus proche. Clayton hausse une épaule, balayant son embarras d’un simple sourire. Reste autant que tu veux, qu’il lui dit et un sourire en coin orne le visage de son amie. Au travail, qu’il confirme et elle rayonne Ava, en buvant son thé, perché sur le tabouret de l’îlot de cuisine. C'est la ridicule tasse girafe d'Erwin qu'elle tient entre ses petites mains.

    "Tu te fous de ma gueule ?”

    Hein ?

    Une goutte de sueur perle de ses cheveux, dévalant son front. Sa peau est moite. Ava semble avoir arrêté de respirer. Il pivote doucement sa tête vers la voix. Voix qu’il connaît extrêmement bien, voix qui lui est familière. La même que celle qui a murmuré son nom ce matin, qui a rigolé dans la cuisine, qui lui a souhaité une bonne journée. En même temps, ce n’est plus la même voix. Clayton n’est pas sûr de l’avoir déjà entendu chez Erwin. Ce n’est pas exactement pareil que d’habitude. Oui, ils se sont criés dessus dans le chaos qu’est leur quotidien. Souvent.

    Et putain, pourquoi il fait cette tête ? Clayton a du mal à comprendre ce qu’il lit sur ce visage. De la rage principalement. De la colère pure. De la tristesse peut-être ? Une grande fêlure qui est là, à l’air libre, devant lui. Pourquoi fait-il cette tête ? Il plisse les yeux. Clayton ne sait pas exactement ce qui ne tourne pas rond, mais il y a définitivement un truc qui ne tourne pas rond. On dirait bien que, quelque part, il a… merdé ? Ava n’a toujours pas l’air de respirer et il faudrait songer à vérifier si elle a toujours un pouls, mais Clayton ne détourne pas son regard de celui de son conjoint. Non vraiment, pourquoi il fait cette tête ? Il y en a des choses qui passent dans ses grands yeux bleus.

    Pendant un temps qui semble infini, ils restent là. Sans un mot. A se fixer dans le blanc des yeux. Bleu iridescent de sentiment contre bleu troublé.

    Et le temps finit par reprendre son cours.

    Il voit le dos d’Erwin, avec son t-shirt gorgé d’eau, lui moulant ses jolies omoplates, qui s’éloigne. Le bruit sourd de la porte qui manque de sortir de ses gonds faisant sursauter Ava.

    Ava qui recommence à respirer. Clayton baisse les yeux pour découvrir que, petit un, l’expression “mourir de honte” n’est peut-être pas une expression quand il entraperçoit le visage de la brune cachée entre ses mains. Petit deux, il est exactement dans le même état qu’avant l’intervention d’Erwin. C’est-à-dire particulièrement excité et ayant l’envie de continuer là où ils en étaient. « Bon » un grand sourire carnassier aux lèvres découvre ses canines, le regard malicieux, un léger coup de hanche « On en était où ? »

    Clayton entend la porte claquer pour la seconde fois de l’après-midi. Cette fois-ci par Ava. Une Ava très rouge. Seul, dans un appartement silencieux, un bout de tasse girafe cisaillant son pied, à moitié à poil, une trace de mains sur la joue, à fixer une porte qui refuse de s’ouvrir pour la troisième fois. Il fronce les sourcils.

    “Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?”


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    Re: Tout feu, tout flaque ♡ Clayton

    Erwin fit des allers et retours dans le couloir en ruminant. Trois fois, il s'arrêta pour s'en prendre au mur de la cage d'escalier. Puis, comme la colère et la morsure de la trahison ne disparaissaient pas, il monta et descendit les étages comme si bouger pouvait lui permettre d'oublier. Mais il fallu se rendre à l'évidence : toutes les marches du monde ne pourraient avoir raison de la crise que vivait Erwin. Et cet abruti de Clayton qui n'avait même pas la décence de sortir à son tour pour au moins tenter de s'expliquer ! Mais quel connard !

    Même Ava semblait de son avis. Du moins, c'était l'idée que renvoyait son expression lorsqu'elle passa à son tour dans le couloir après avoir fait claquer la porte à en fissurer les murs. Elle passa à hauteur d'Erwin, qui s'était décider à cesser de trépigner pour s'asseoir sur les marches de l'escalier. Leurs regards se croisèrent. Dans celui de la jeune fille, une honte sans borne. Dans celui du fils de Poseidon, une rage non dissimulée. Pourtant, tous les deux comprirent qu'ils étaient d'accord. Clayton était con.

    Au bout d'une éternité de rancoeur, Erwin se leva et ravala son amertume pour franchir à nouveau la porte de l'appartement en sens inverse. Rentrer dans cet appart qui était le sien provoqua à Erwin un haut-le-coeur. Il avait l'impression de sentir la présence d'Ava-May partout alors même qu'il l'avait vue de ses yeux s'enfuir de l'immeuble. C'était comme si Clayton cachait quelqu'un d'autre qu'il ne pourrait dissimuler plus longtemps. Cette simple idée piqua le demi-dieu au coeur.

    Le fils de Vulcain était assis dans le canapé - probablement souillé lui aussi - et ne sembla pas remarquer tout de suite que son compagnon était revenu. Sans doute en prit-il conscience lorsqu'Erwin passa tel un ouragan devant lui pour se rendre dans leur chambre. Alors qu'il était penché sur un tiroir ouvert, le fils de Poseidon entendit les pas et la voix de Clayton. Cet imbécile dont il ne comptait pas partager la vie plus longtemps.

    "Aller, Erwin, qu'est-ce que tu-"

    Erwin se retourna, furieux, un sac dans les mains. Son regard lançait des éclairs. A y regarder de plus près, Clayton vit peut-être que le sac se remplissait doucement de vêtements et d'affaires de toilette. Son regard parcourut Erwin d'un air presque habituel, comme légèrement envieux. Et ce regard, pour la première fois, révulsa Erwin. Est-ce que le fils de Vulcain ne voyait vraiment pas le problème ? Alors que celui-ci ouvrait la bouche, le fils de Poseidon lui fit signe d'avance de se taire.

    "Ta gueule. Je me casse. Je viendrai chercher le reste plus tard, là je veux pas te voir. Y a plus de nous deux, tu vivras ta vie tranquille et moi je serai bien de mon côté. T'iras faire tes conneries quand tu veux."

    Une paire de chaussettes trouva à son tour une place dans le sac avant qu'Erwin disparaisse dans une autre pièce pour achever ses affaires. Dans le fond, peut-être que ce n'était pas à lui de quitter l'appartement, mais il savait que, même en arrivant à mettre Clayton dehors, il ne parviendrait pas à regarder cette table, ce fauteuil et ce tapis d'un oeil serein. Il irait sonner chez Elliot, il lui ouvrirait certainement sa porte. Pour l'heure, Erwin fut bientôt à nouveau dans le couloir de l'immeuble. Cette fois-ci, Clayton daigna passer son nez dans l'encadrement dans un semblant de supplication pour retenir son ex-compagnon.

    Erwin se retourna brusquement et lui cracha presque au visage.

    "Je veux plus avoir quoi que ce soit à voir avec toi. Tu te rends pas compte, putain ! Ca allait pas toujours bien, c'était le foutoir, mais j'ai essayé de laisser couler. J'ai essayé de mettre de l'eau dans mon vin avec toi, je voulais qu'on vogue tranquillement sur un long fleuve paisible, qu'on nage dans le bonheur, qu'on soit dans une bulle rien qu'à nous. Mais non. Tu étais toujours trop à penser à ton petit plaisir. Tu te rends même pas compte que je brûle de colère à chaque fois que tu crames un drap. J'en ai marre que tu réduises tout en cendres, y compris mon énergie. J'ai aimé que tu fasses des étincelles dans ma vie, j'ai aimé tes déclarations enflammées, mais c'est terminé ! Notre couple, je le jette au bûcher. Je te laisse le soin de le brûler comme tout le reste ! T'as déjà craqué l'allumette, le reste devrait pas te prendre trop de temps."

    Le fils de Poseidon se retourna et avança dans le couloir tandis que Clayton le fixait, hébété, sur le pas de la porte. Sur son passage, la porte voisine s'ouvrit devant Erwin. Il découvrit le visage immédiatement empourpré de leur voisine. Jaden Wagner, s'il se rappelait bien le nom écrit sur la sonnette du hall d'entrée. Elle ne bougea pas et le demi-dieu ne lui en laissa pas le temps. L'envie soudaine - et particulièrement puérile - de rendre Clayton jaloux comme lui-même l'avait été face à Ava l'envahit. La rancoeur toujours bien présente dans sa tête disparut au moins de son visage pour laisser place à un sourire et un regard doux. Un très rapide regard en coin indiqua à Erwin que son stupide ex était toujours à la porte de son propre appartement. Décidé et n'ayant rien à perdre, le sang-mêlé se pencha vers Jaden.

    "Salut. Tu tombes bien, j'allais partir, mais j'aurais trouvé ça dommage de ne pas te croiser avant. j'avais envie de te dire que j'adore ton parfum. Il reste un peu derrière toi quand tu passes la porte, c'est pour ça. Ca me manquera un peu, j'avoue."

    Sur ces mots, sans aucun contexte, sans que Jaden paraisse comprendre le moindre mot, Erwin sortit de sa poche une carte de visite, sa carte pro d'illustrateur. Il n'avait pas le temps de sortir un papier et un bic, heureusement qu'il avait de quoi faire sa promo. Il tendit la petite carte à sa voisine-bientôt-plus-voisine et indiqua son numéro du bout de l'index. Puis il mima un combiné de téléphone.

    "Au plaisir d'entendre ta voix."

    Sur un clin d'oeil charmeur à Jaden et un doigt d'honneur discret dans son dos à destination de Clayton, Erwin descendit les escaliers, un sourire amer sur les lèvres.


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      Re: Tout feu, tout flaque ♡ Clayton

      Elle est habituée à faire attention aux bruits qui l’entourent. Aux sons de l’immeuble, aux conversations qu’elle ne comprend pas mais dont elle entend les basses lorsqu’elle tend bien l’oreille. C’est souvent comme ça, quand elle est chez elle sans sa musique. Ça l’apaise, d’une certaine manière, tout en pointant du doigt sa solitude quand elle se rappelle que ces conversations, elles ne viennent jamais de son appartement à elle. Elle ne peut rien y faire pourtant. Rien de concret.

      Mais la dernière fois qu’elle s’est mêlée de ce qui ne la concernait pas après avoir entendu des bruits suspects, elle a surpris un couple en plein ébat. Ce jour-là, elle s’était promis de ne plus se mêler de la vie de ses voisins. Des mois de travail sur elle-même réduits à néants et un retour à la case départ pour la timide Jaden qui se prépare maintenant pour aller donner son cours du soir aux quelques enfants qui veulent bien l’écouter parler.

      Elle pensait vraiment ne pas s’en mêler. Elle pensait vraiment pouvoir ignorer tout ça, en sortant de chez elle foulard en main et prête à partir. Elle n’y peut pourtant rien lorsque le voisin – celui qu’elle a déjà reconnu plusieurs fois et qu’elle aurait aimé ne plus jamais voir – se tourne vers elle. Il avait l’air hors de lui et pourtant, quand il la regarde, c’est avec une douceur surprenante. Elle ne sait pas s’il lui parle au premier abord, s’il lui a dit quoi que ce soit, parce qu’elle a l’impression que ses oreilles sifflent et que son cerveau va exploser. Elle est rouge, plus que rouge, écarlate en se souvenant de la dernière fois qu’elle l’a vu. Morte de honte.

      Pourtant elle capte ses premiers mots. Les suivant aussi. Il parle de son parfum, il parle de lui manquer et il lui glisse une carte dans la main qui tenait bêtement son écharpe en le regardant sans comprendre. Ou plutôt, en comprenant à retardement, puisqu’elle a l’impression qu’il se passe une éternité entre le départ d’Erwin et le moment où Jaden recule pour rentrer chez elle et fermer sa porte, le regard dans le vague et les pensées en morceaux.

      Est-ce que… ?

      Elle n’est pas sûre de comprendre alors elle retourne ses pensées et les paroles d’Erwin – à en croire sa carte de visite – un millier de fois dans sa tête. Sûrement que ses élèves auraient aimé être prévenus, qu’elle ne viendrait pas donner cours ce jour-là. Elle ne sait pas elle-même combien de temps elle reste assise dans l’entrée à regarder la carte de visite en s’imaginant un millier de scénarios. Des heures ? Des jours ?

      En tous cas, elle a presque l’impression qu’il s’est passé des mois entiers avant qu’elle n’envoie un message au numéro indiqué sur la carte, quelques jours seulement après cette rencontre beaucoup trop étrange à laquelle elle n’a toujours rien compris.
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      Re: Tout feu, tout flaque ♡ Clayton

      Clayton enclenche le frein à main. Front collé contre le volant, le regard fixe, le brun prend un instant pour écouter les dernières notes de la mélodie. Sin tu mirada, Sofía. Entêtant, dynamiques, les paroles restent en tête et refusent de se laisser oubliées. La prochaine musique est déjà bien entamée quand Clayton coupe le contact. Dans un grognement, il explore quelques minutes les tréfonds de la bagnole pour récupérer son téléphone avant de s’extirper de l’habitacle. Son téléphone lui indique ce qu’il peut déjà observer. Un, il est bien trop tôt pour ses conneries. Deux, il est arrivé à destination. Une grande résidence s’élève devant lui, haut, très haut dans le ciel. Un sifflement admiratif s’échappe de ses lèvres. C’est que ça rapporte d’être un docteur. Peut-être qu’il est grand temps de changer de domaine d’activité. Ce n'est pas avec leur revenu qu'ils arriveraient à se loger dans cet immeuble moderne. Pas que ça le tente ; trop neuf, trop blanc, sans charme.

      Une journée. Il y a une journée qui s’est écoulé entre maintenant et le moment où le sommet du crâne d’Erwin a disparutn en descendant les marches aux bouts du couloir. En réalité, il y a moins d’une journée. Il y a une très longue fin de journée et aujourd’hui. Moins de 24h. Très exactement 17h. Le jeune homme est conscient du temps qui s’est écoulé, temps s’égrenant avec une lenteur qui serait des plus fascinantes s’il n’en était pas irrité. Ça le fait chier. Toute cette situation le fait incroyablement chier. Il ne sait même pas pourquoi ça le fait chier, cela l'énerve davantage. Clayton à l’intuition de le fils de Poséidon ne fait pas tout ce cinéma que pour des draps. Mais il a beau retourner le problème dans tous les sens, faire tourner son cerveau, pas moyen de trouver une autre explication. Aurait-il pris à la légère le matérialisme de son compagnon ? De tardives recherches sur internet lui ont appris qu’être matérialiste augmenter les troubles anxieux et les symptômes dépressifs. De grands mots pour des cons qui s’attachent à des meubles. Cela dit, Erwin était très remonté. En retraçant la journée d’hier, son conjoint a commencé à dérailler quand il l’a vu avec Ava. Mais- Non ça ne peut pas être ça. Clayton a rapidement écarté cette possibilité, arrivant à l’évidente conclusion que ce n’était pas la source de sa colère. Évidemment. Il y avait autre chose. La tasse girafe peut-être ? Clayton passe à côté d’un élément, c’est une certitude. Pourtant, impossible de mettre le doigt dessus, de rassembler cette pièce du puzzle.

      Alors le voici un samedi de bon matin, prêt à entrer dans cette résidence chic, pour avoir des réponses. La patience, l’intelligence émotionnelle ou les relations, ça n’a jamais été son fort. En revanche, la motivation et l’acharnement ne sont pas ses points faibles. Et c’est bien mal le connaître que de croire qu’il ne se bougera pas pour obtenir ce qu’il souhaite. Son plan est d'une simplicité enfantine : trouver un moyen d’entrer et ressortir avec Erwin. Consentant. De préférence. Il se voit mal traîner son grand corps. Cela dit, n’étant jamais trop prudent, l’espace dans la voiture devrait être suffisant.

      “Avec plaisir, madame” qu'il répond avec légèreté, posant des sacs de courses sur une table en chêne massif. Avec grand plaisir. Toutes ses dents sont de sortie, créant son sourire le plus charmant. Celui qui ne ressemble pas à un requin affamé, merci beaucoup Erwin. Oh-voyons-appelez-moi-Charlotte lui offre une sucette de remerciement, déballant ses courses, tout en continuant de se plaindre des ascenseurs en panne à cause des nouveaux venus déménageant des meubles trop lourds. Clayton ne peut qu’acquiescer, occupé à caresser un chat en obésité morbide. Ses jeunes mal éduqués, un véritable fléau. Après un thé, il réussit à prendre congé dans un coucou d'au revoir à Charlotte. Clayton, le charmeur de grand-mère. Définitivement une ligne à ajouter dans son CV. À grande enjambée, le fils de Vulcain traverse le couloir en direction des escaliers. “Wainford E.” appartement 601, d'après la boîte aux lettres du hall d'entrée.

      “Qu'est-ce que-”

      “Salut Wainfort, géniale la coupe sortit du lit, j'adore”. Clayton se glisse sans ménagement dans l'encadrement de la porte, avec l'agilité d'une anguille, mettant à profil son corps de crevette. Sans laisser au propriétaire le temps de réagir, le petit brun investit les lieux, continuant son monologue vide de sens ou de réel intérêt. “C'est sympa chez toi, très moderne”. Pas dans la chambre, pas dans la deuxième chambre, ha, la salle de bain. Des bruits de pas résonnent derrière lui et une voix s'exclame, s'insurge peut-être. Faudrait-il que le fils de Vulcain en ait quelque chose à foutre pour le savoir. Clayton commence à penser qu'il s'est trompé, qu’il n'est pas chez Elio, il n’est pas là, pas là, pas- quand il l’aperçoit dans la dernière pièce. Assis à une table, les cheveux en pagaille, un bas de pyjama, une tartine figée à mi-chemin entre le bol et sa bouche. La barbe du matin, le visage froissé, du rouge au coin de ses yeux irrités.

      Il ne saurait pas dire ce qu'il voit sur le visage d’Erwin ; surprise, manque de sommeil, tristesse, colère, fureur. Clayton à l’étrange sensation de marcher sur des œufs et ça ne lui plaît pas du tout. Ce n’est pas son fort ce genre de situation ; ça ne l’a jamais était et ça ne le sera jamais. C’est trop délicat de mettre des mots sur des émotions, des sensations, parler en disant autres choses que des conneries. Lui, il est doué pour papoter de tout avec n’importe qui. Doué pour faire rire, pour agacer, pour charmer. Des mots sans profondeurs, sa spécialité.

      Avant que quiconque ne puisse faire le moindre geste ou émettre le moindre son, Clayton tire une chaise et s’installe en face d’un Erwin éberlué.

      “C'est à cause des draps ? Dit moi que c’est pas à cause des draps.” De but en blanc, Clayton pose la conclusion aux questions qui l’ont maintenu éveillé toute la nuit. “Tu sais que j’ai un boulot hein ? On dirait pas comme ça, mais je gagne de l’argent, assez pour acheter tous les draps que tu souhaites.” Clayton déballe ses mots à toute vitesse avant d’être interrompu. Ou d'être jeter dehors. Son compagnon, pour une raison inconnue, semble à ça de le balancer par la baie vitrée du sixième étage. Ou de le noyer dans la baignoire. Maintenant qu’il y pense, le fils de Poséidon lui a affirmé ne plus jamais vouloir le voir. Hmm, oui, il semble capable de le noyer. C’est une grande baignoire. Y’aurait la place. Penché en avant, avec son t-shirt trop grand - sentant étrangement Erwin - ses cheveux en bataille, sa mine tirée par la fatigue, Clayton ressemble à un maniaque. Un poids contre sa cuisse le sort brutalement de l’observation du visage de son compagnon. Comment c'est possible de ne pas remarquer un aussi gros chien ?

      Dans un soupir, le brun s’appuie contre le dossier de la chaise, une main occupée à caresser la bête, le regard emprunt d'une détermination atteignant ses paroles.

      “Écoute, je ne comprends pas pourquoi tu voudrais plus qu’on fasse des conneries ensemble, va falloir que tu m’expliques”.


      Tout feu, tout flaque ♡ Clayton Tuzo
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        Re: Tout feu, tout flaque ♡ Clayton

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