Alexis donnait l’impression de flotter. Ses pieds ne semblaient qu’effleurer le sol lorsqu’elle y prenait appui, propulsant son corps comme s’il s’agissait d’un trampoline au lieu d’une terre dure et sablonneuse. Armée de ses deux lames en or impérial, Alexis enchaînait les coups et les parades, ne laissant qu’une fenêtre de manœuvre à son adversaire. Tout était maîtrisé, tout était calculé. Les épées ne faisaient qu’un avec le corps d’Alexis, agissant comme des extensions à ses propres bras.

Pourtant, malgré toutes les prouesses techniques et physiques qu’Alexis enchaînait à ce moment, ce n’était rien comparé à ce sentiment de renaissance qu’Alexis vivait. Pour la première fois depuis des mois, depuis son passage malheureux dans le Labyrinthe, Alexis avait retrouvé ses capacités physiques et mentales. Son corps lui obéissait sans qu’elle n’ait besoin de faire d’effort. Ses mouvements étaient fluides. Ses muscles aiguisés. Sa vitesse et sa force complètement retrouvées. Son esprit était en osmose avec son corps.

Alexis revivait.

Après des mois à lutter contre elle-même, à se battre contre son corps meurtri, à faire d’elle sa propre ennemie, Alexis avait enfin gagné. Petit à petit, Alexis avait réussi à dompter chacune de ses faiblesses pour en faire une force. Ses cauchemars lui permettaient d’affuter ses peurs. Ses lenteurs lui permettaient d’améliorer son souffle. Ses douleurs lui offraient l’opportunité de découvrir d’autres muscles. Plus qu’avant, Alexis était redevenue la guerrière qu’elle n’avait jamais cessé d’être.

Aujourd’hui, Alexis participait à l’un des tournois récréatifs organisé par Alekseï. Alexis avait terassé chacun de ses adversaires et se retrouvaient maintenant en final contre un légionnaire romain qui venait juste de quitter la Légion pour commencer un cursus de chasseur de monstres. Sa technique était parfaite. Son corps était impeccable. Alexis aussi.

Dans un dernier élan, Alexis bondit vers son adversaire, les épées en direction de plastron du romain. Ce dernier lança à son tour l’offensive et utilisa son épée, plus longue et lourde, pour bloquer l’attaque d’Alexis. Cette dernière esquiva le coup, se retrouva à terre et balaya les jambes de son adversaire. Au sol, il n’eut pas le temps de se redresser qu’Alexis était déjà au-dessus de lui, les épées en croix autour de son cou.

Le tournoi terminé, Alexis reçu les acclamations de la foule avant de disparaître dans l’ombre. Son adversaire n’avait pas été une mince affaire et le corps d’Alexis relâcha la pression lorsqu’elle se posa sur un banc, le souffle court. Le tournoi avait commencé quelques heures auparavant et Alexis avait l’impression que son corps allait lui faire payer le lendemain. Pour autant, un sourire radieux s’étira sur les lèvres de la fille d’Arès. Rien n’aurait pu effacer ce bonheur qui irradiait son être. Que c’était bon de pouvoir se battre à nouveau ! Pour de vrai !

Alors qu’Alexis se penchait pour se saisir d’une bouteille d’eau, une silhouette se détacha de l’arène. Portant la bouteille à ses lèvres, les yeux d’Alexis furent irrémédiablement attirés par ce corps qui se rapprochait d’elle. Une gorgée. Trois gorgées d’eau. L’ombre était à contre-jour mais un nouveau sourire radieux se glissa sur les visages d’Alexis alors qu’elle reconnaissait les traits qui peinaient à se dessiner sous ses yeux.

Erwin.

Alexis prit néanmoins le temps de finir sa bouteille d’eau et laissa le fils de Poséidon venir jusqu’à elle. Une fois assez proche, elle se leva et se hissa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur les lèvres de son partenaire. Elle enroula ses doigts autour des siens instinctivement et laissa un demi-sourire arrogant peindre ses lèvres.

« Pas trop déçu de ton classement ? »

Le jour où Alexis avait proposé à Erwin de s'entrainer à nouveau ensemble après leur passage dans le Labyrinthe avait été un jour compliqué. Le fils de Poseidon avait senti son coeur se gonfler de joie à l'idée qu'Alexis se sentait mieux et était prête à repartager ces moments avec lui, puis se briser peu à peu en morceaux en gagnant le combat. Vaincre Alexis lors d'un entraînement lui était déjà arrivé deux ou trois fois. Aussi facilement, jamais. Le reflet de déception dans le regard de la fille d'Arès, son sourire cassé, ses paroles... "On dirait que tu as progressé"... le rire qui avait suivi, rempli de tristesse... Tout restait ancré dans la mémoire du demi-dieu. Alexis avait voulu se montrer forte, Erwin venait de comprendre qu'elle devait le redevenir...

La douleur de cette révélation s'apaisa au fil des séances suivantes. Au fur et à mesure qu'il se confrontait à elle, Erwin redécouvrait Alexis, un peu plus forte chaque jour. Ses coups étaient toujours un peu plus forts, ses parades toujours un peu plus vives, les attaques toujours un peu plus précises, et Erwin toujours un peu plus fier. Le jour où il tomba au sol avant elle, un sourire lumineux s'était étiré sur son visage. Alexis rayonnait, Erwin l'avait embrassée et ils avaient ri tous les deux.

L'idée du tournoi venait d'Alexis. Elle se sentait désormais suffisamment remise sur pieds pour se lancer dans ce challenge. Et elle avait mis Erwin au défi de participer aussi. Le fils de Poseidon s'était laissé tenter. Le premier combat s'était plutôt bien déroulé. Il s'était retrouvé face à un enfant d'Hermès beaucoup plus jeune que lui et avait failli se laisser berner par cette différence d'âge. Le petit garçon qu'il affrontait lui avait vite montré de quoi il était capable, misant davantage sur la ruse que sur la force. Erwin s'était repris à temps et avait fini par battre le jeune demi-dieu. Le deuxième adversaire d'Erwin lui avait donné un peu plus de fil à retordre, mais le fils de Poseidon avait également fini par s'en défaire, après un moment d'effort considérable.

Venu le moment de son troisième combat, Erwin se retrouva face à une fille de Demeter plus petite que lui et menue, bien que large d'épaules. Il réussit très rapidement à porter un coup efficace à sa jambe, la faisant tomber à genoux dans la terre battue. Au bord de son champ de vision, le fils de Poseidon aperçut Alexis, dans les gradins. Une étincelle brillait dans ses yeux. Le demi-dieu lui adressa un clin d'oeil et mima, dans un mouvement exagéré, l'envoi d'un baiser invisible dans sa direction. Il eut tout juste le temps de voir le rire d'Alexis se transformer en rictus moqueur avant de sentir de longues tiges froides et rugueuses s'enrouler autour de ses jambes. En moins de trois secondes, les tiges - qui s'avéraient être du lierre particulièrement coriace - le tirèrent au sol.

Assis sur un siège dans les gradins, le fils de Poseidon ne pouvait pas détacher son regard du moindre mouvement que faisait Alexis. Elle était si vive, si précise, si puissante ! Erwin la revoyait quelques mois plus tôt et ne pouvait s'empêcher de ressentir une bouffée de fierté. Alexis avait progressé si vite ! Avec une telle détermination ! Elle était désormais en finale d'un tournoi auquel bien des grands combattants avaient participé. Le Romain qui s'opposait à elle n'avait qu'à bien se tenir.

Erwin regarda le combat se dérouler devant ses yeux en retenant son souffle, les yeux brillants. Tout allait vite, tout semblait parfaitement calculé, tout était monstrueusement efficace. Malgré les coups qu'elle recevait, rien n'effaçait le sourire qui ornait le visage d'Alexis. Erwin vibrait à chacun de ses assauts. Lorsqu'elle remporta la victoire et que la foule explosa en acclamations, le demi-dieu se précipita au bas des gradins.

Alexis était assise sur un banc, une bouteille à la main. Des guerriers passaient autour d'elle en la félicitant d'un mot ou d'un sourire. Erwin se précipita vers elle. Arrivé à sa hauteur, il n'eut pas même le temps de lui dire un mot que leurs lèvres se rencontraient déjà. Le fils de Poseidon resserra ses doigts autour de ceux d'Alexis. Il avait envie de la prendre dans ses bras, de la coller à lui et de lui dire à quel point il était fier d'elle. Elle le coupa avant qu'il ait pu esquisser le moindre geste.

"Pas trop déçu de ton classement ?"

Erwin ne s'y trompa pas, le regard d'Alexis trahissait son amusement. Il pris un air faussement modeste.

"Oh, j'aurais pu me retrouver en finale contre toi, tu sais. Mais j'étais d'humeur magnanime aujourd'hui, j'ai préféré laisser cette pauvre demi-déesse gagner. Après tout, je n'ai que faire de la gloire."

La fille d'Arès adressa une petite tape taquine sur le crâne d'Erwin tout en riant. Le sang-mêlé recoiffa quelques mèches qui barraient le front d'Alexis avant d'y déposer un baiser.

"En vrai, je suis pas déçu du tout. Ca m'a permis de t'admirer dans presque tous tes combats. Crois-moi, le spectacle en valait la peine. J'adore te voir à nouveau aussi forte, ça m'avait manqué."

« Oh, j'aurais pu me retrouver en finale contre toi, tu sais. Mais j'étais d'humeur magnanime aujourd'hui, j'ai préféré laisser cette pauvre demi-déesse gagner. Après tout, je n'ai que faire de la gloire. »

Alexis ne put s’empêcher de rire en revoyant la scène d’un Erwin distrait qui lui envoie un baiser invisible dans les gradins avant de se faire avoir par une adolescente beaucoup plus concentrée. Peut-être aurait-il pu aller plus loin, en effet, mais si la gloire ne l’intéressait pas alors Alexis ne pouvait rien pour lui.

Les doigts d’Erwin glissèrent sur le front d’Alexis afin d’y replacer quelques mèches rebelles. Puis il se pencha en avant pour y déposer un baiser, aussi fugace qu’agréable. Un sourire sincère remplaça alors le rictus moqueur qui avait pris possession de ses lèvres quelques minutes plus tôt.

« En vrai, je suis pas déçu du tout. Ça m'a permis de t'admirer dans presque tous tes combats. Crois-moi, le spectacle en valait la peine. »

Alexis baissa les yeux, quelques rougeurs décorant ses joues. Elle connaissait sa valeur au combat mais il y avait toujours une grande différence entre reconnaître sa puissance et se faire complimenter par la personne qu’on aime. Alexis ne put s’empêcher de sentir une bouffée de fierté à l’idée de ravir les pupilles d’Erwin par son art.

« J'adore te voir à nouveau aussi forte, ça m'avait manqué. »

Alexis releva la tête. Dans d’autres circonstances, peut-être aurait-elle mal pris que quiconque insinue qu’elle avait été faible, mais elle savait très bien où voulait en venir Erwin, lui qui l’avait soutenue et épaulée pendant tout ce temps passé à lutter contre son propre corps. Une reconnaissance énorme enveloppa Alexis qui ne trouvait pas les mots pour le remercier et lui partager toutes ses émotions lui broyaient agréablement le cœur.

Alexis, ignorant la sueur poisseuse qu’elle avait sur le corps et l’odeur nauséabonde qui devait émaner d’elle, entoura Erwin de ses bras pour le serrer contre elle. L’étreinte ne dura pas longtemps, quelques secondes tout au plus, mais pendant ce moment éternel, il n’y avait plus rien qu’Erwin, ses bras autour d’elle, son odeur chatouillant ses narines, ses lèvres dans son cou.

« Merci, Erwin Stamber. »

Peut-être était-ce étrange d’utiliser le patronyme entier d’Erwin mais Alexis s’en fichait. Elle voulait qu’il comprenne que ces mots étaient pour lui et lui seul. Il n’y avait personne d’autre qu’Alexis avait envie de remercier à ce point, personne qui méritait ces mots plus que lui.

Puis Alexis recula et attrapa la bouteille vide qu’elle avait laissé sur le banc. Elle la jeta dans une poubelle un peu plus loin puis reprit un air sérieux en posant une main sur son menton, les sourcils froncés. Erwin dû sentir ce qui allait suivre car il s’installa sur le banc et fixa Alexis qui commençait à faire les cent pas devant lui.

« Ma technique manque encore un peu de précision quand je vais trop vite. J’ai eu de la chance de ne pas connaître cet adversaire, sinon il aurait facilement pu retourner la situation contre moi. Mes jeux de pieds n’étaient pas assez bons. Je n’ai pas assez utilisé mon environnement à mon avantage, ce qui aurait pu m’être fatal dans un endroit moins homogène… »

Alexis continua son monologue pendant bien cinq minutes, en parlant toute seule et dans sa barbe, faisant la liste de tous les points faibles dont elle avait fait preuve durant ses combats. Ce fut seulement au moment où Erwin lui effleura la main pour qu’elle arrête de bouger qu’elle se calma. Elle releva alors la tête et croisa le regard d’Erwin avec toujours la même expression :

« Et toi, tu dois rester concentré pendant tes combats ! »

Les bras d'Alexis entourèrent Erwin. Elle était encore brûlante et en sueur de son combat de finaliste, mais le fils de Poseidon n'hésita pas une seconde à l'étreindre en retour. Cet instant s'étira encore et encore, indéfiniment. Erwin n'aurait jamais fini d'être aussi fasciné par la puissance que pouvait dégager Alexis en plein duel et la douceur qu'elle pouvait mettre dans ses gestes la minute suivante. Ce contraste était toujours un délice à savourer.

"Merci, Erwin Stamber."

Un sourire étira les lèvres du demi-dieu contre la peau d'Alexis tandis qu'un frisson de bonheur lui parcourait le dos. La fille d'Arès se détacha finalement de lui pour aller jeter sa bouteille vide quelques pas plus loin. Lorsqu'elle fit volte-face pour revenir près du banc, les traits de son visage s'étaient durcis, son regard était plus lointain. Le visage critique. Erwin s'installa aussi confortablement que possible sur le banc afin d'écouter sagement. C'était l'heure du bilan.

"Ma technique manque encore un peu de précision quand je vais trop vite. J'ai eu de la chance de ne pas connaître cet adversaire, sinon il aurait facilement pu retourner la situation contre moi. Mes jeux de pieds n'étaient pas assez bons. Je n'ai pas assez utilisé mon environnement à mon avantage, ce qui aurait pu m'être fatal dans un endroit moins homogène…"

Erwin écouta Alexis durant toute son auto-critique. Les premières fois, lorsqu'elle avait repris les entraînements de manière régulière, il avait tenté de lui exposer ses points forts. Il avait vite compris que cela ne servait à rien et que la sang-mêlé était bien trop focalisée sur son niveau à retrouver pour apprécier sa force. Peut-être se valorisait-elle, quelque part, au fond d'elle-même... Mais elle n'en disait rien, n'en montrait rien. Elle listait ses défauts sans aucune pitié pour la demi-déesse blessée qu'elle était encore à ce moment-là et reprenait l'entraînement plus durement le lendemain. Erwin avait détesté ça, au début. Puis, il avait compris. Il avait compris qu'Alexis avait besoin de se dépasser, encore, toujours. Même avant de se retrouver dans le Labyrinthe. C'était cette envie de se dépasser qui l'avait tirée vers le haut aussi vite. C'était cette envie de se dépasser qui avait émerveillé Erwin jour après jour.

Alors il n'essayait plus de lui faire entendre ce qu'elle avait fait avec brio. Elle n'avait pas besoin qu'il lui dise, elle le savait. Cen n'était tout simplement pas ce qui comptait le plus. Erwin se contentait de l'arrêter dans son élan quand commençait à tourner en rond et à ruminer des critiques qu'elle s'était déjà faites. Comme c'était le cas à cet instant. Le fils de Poseidon se releva et glissa ses doigts contre ceux d'Alexis.

La sang-mêlé stoppa immédiatement son sermon personnel. Son regard croisa celui d'Erwin. Ses sourcils se froncèrent légèrement plus qu'avant.

"Et toi, tu dois rester concentré pendant tes combats !"

Le regard sévère d'Alexis ne laissait pas de place au rire. Du moins, il n'en aurait pas laissé si elle s'était adressée à quelqu'un d'autre. Erwin, s'il savait très bien où elle voulait en venir, ne pouvait pas la laisser jouer les professeurs sans lui mettre de bâton dans les roues.

"Je comprends pas ce que tu veux dire. J'étais super concentré ! J'avais les yeux rivé sur cette fille, que dis-je, cette fille... Cette créature sublime, cette apparition divine, là, en haut des gradins ! J'étais focalisé sur elle, attentif à ne jamais détourner mon regard, à saisir l'occasion parfaite pour lui envoyer un baiser pouvant renfermer tout mon amour ! Parce que c'est elle qui fait battre mon -"

La main d'Alexis s'aplatit sur la bouche d'Erwin pour mettre fin à son envolée lyrique. Le regard de la fille d'Arès cachait toujours une ombre d'autorité professorale même si elle ne fronçait plus les sourcils. Le demi-dieu forma un coeur avec ses mains en laissant échapper un rire étouffé. Alexis secoua la tête et le lâcha. Le fils de Poseidon lui attrapa les joues et déposa un baiser sur son nez.

"Ok, j'y ferai attention, cheffe."

Alexis ne plaisantait pas. Du moins, pas au début. Le sérieux dont elle pouvait faire preuve lorsqu’elle critiquait des combats ne laissait pas place à la plaisanterie. Néanmoins, Erwin étant Erwin, il parvenait toujours à fendre le masque qui se peignait sur le visage d’Alexis lorsqu’elle était trop concentrée. La posture du fils de Poséidon indiqua à Alexis qu’il n’allait pas jouer dans son jeu et Alexis eut bien du mal à retenir un sourire qui menaçait de s’étirer sur les lèvres dès qu’il commença à se justifier de façon grotesque.

« Je comprends pas ce que tu veux dire. J'étais super concentré ! J'avais les yeux rivé sur cette fille, que dis-je, cette fille... Cette créature sublime, cette apparition divine, là, en haut des gradins ! J'étais focalisé sur elle, attentif à ne jamais détourner mon regard, à saisir l'occasion parfaite pour lui envoyer un baiser pouvant renfermer tout mon amour ! Parce que c'est elle qui fait battre mon - »

S’il ne se taisait pas maintenant, Alexis finirait par rire et rougir. Elle dû donc employer la manière forte et plaqua sa main sur la bouche d’Erwin, tentant tant bien que mal de maintenir son sérieux. Erwin ne pouvait pas venir faire son Erwin et ruiner la conversation comme ça ! Ah, ça, non ! Pourtant, c’est bien ce qu’il venait de faire et Alexis dû se mordre les joues pour ne pas éclater de rire. Si elle lui montrait maintenant que sa technique pour la faire rire fonctionnerait, il recommencerait tout le temps… Ce qu’il faisait déjà, certes, mais ce n’était pas la question.

Alexis abandonna le combat lorsqu’Erwin fit un cœur avec ses mains et elle lui laissa de nouveau la bouche libre. Le fils de Poséidon ne reprit néanmoins pas le cours de son monologue et déposa un baiser sur le nez d’Alexis, avec une tendresse qui lui était propre.

« Ok, j'y ferai attention, cheffe. »

Un sourire satisfait s’étira sur les lèvres d’Alexis. Erwin ne ferait pas attention, pas tant qu’il pourrait la faire rire, mais elle se contenta quand même de cette mini-victoire. Jusqu’à la prochaine fois, évidemment. Alexis joua la carte de la fierté, feignant de ne pas savoir qu’Erwin ne tiendrait sûrement pas parole.

« Bien. »

Confiante, Alexis prit le bras d’Erwin dans le sien et l’attira vers elle alors qu’elle se dirigeait vers la sortie de l’arène. La fierté rayonnait d’elle. Fierté, évidemment, d’avoir fait taire Erwin, mais également fierté pour elle-même. Elle n’avait pas retrouvé ses aptitudes d’avant, mais elle avait gagné tant depuis ! Des frémissements de plaisir parcouraient son corps à cette constatation. Néanmoins, autre chose faisait vibrer son corps et il s’agissait de la faim.

« C’est l’heure de manger maintenant. »

Il était trop tôt, ou tard, pour les repas à la Colonie. Mais ce n’était pas un problème. Alexis abandonna Erwin à son bungalow puis se dirigea vers le sien ; puis les douches ; et de nouveau son bungalow où elle se saisit d’un sac qu’elle dissimulait sous son lit. Enfin, elle retourna devant le bungalow des Poséidon et attendit à peu près trois secondes avant d’y entrer pour découvrir Erwin en train de parler avec Bubulle. Alexis se glissa dans son dos et se colla à lui. Elle attendit encore quelques secondes puis finit par murmurer :

« Les tomates cerises n’attendent pas. »

"Bien."

Erwin aimait quand Alexis disait ça : quand un ordre de sa part sonnait comme une note de musique, quand elle prenait ce ton intraitable alors qu'il connaissait en détail le sourire qu'elle cachait, quand toute son assurance explosait en une syllabe assaisonnée d'une pincée de bonheur.

"C'est l'heure de manger, maintenant."

Erwin aimait aussi quand Alexis disait ça. Sur n'importe quel ton, d'ailleurs. Il se laissa entraîner jusqu'aux bungalows par la fille d'Arès qui le laissa sur le pas de la porte du bungalow de Poseidon. Après avoir déposé un baiser sur le front de la sang-mêlé, Erwin emporta des affaires propres jusqu'aux douches où il se rinça en vitesse. Il retourna ensuite dans son bungalow en attendant qu'Alexis revienne. En combattante sérieuse, elle ne manquait sûrement pas de s'étirer méticuleusement sous sa douche et de prendre le temps de se repasser ses combats mentalement pour mieux s'analyser.

Le fils de Poseidon, lui, avait une méthode de debriefing différente. Il s'assit sur son lit et se pencha vers le bocal immense qui trônait sur une commode. Bubulle apparut derrière un petit rocher d'ornement et laissa échapper cinq bulles minuscules de sa bouche ronde. Sa tache-sourcil froncée lui conférait une expression concentrée qui convenait tout à fait à la situation.

"Coucou Bubulle. Devine qui vient te raconter le tournoi d'aujourd'hui !"

Après une réponse muette, Erwin se mit à décrire à Bubulle les prouesses d'Alexis. Qui elle avait eu en face d'elle, comment elle s'était débarrassée de ses adversaires, en combien de temps elle avait clôturé chacun de ses duels, quel avait été le coup fatal pour chaque pauvre demi-dieu qui s'était trouvé devant elle... Bubulle, toujours très concentré, se laissait porter par les bulles émises par un tuyau en plastique dans son aquarium et nageait ensuite vers le bas quand la surface se rapprochait trop. Erwin était persuadé que ce petit manège l'aidait à suivre le fil des histoires qu'on lui racontait. C'était une technique de poisson, tout simplement.

"Elle est encore très critique avec elle-même. Je sais qu'elle est fière d'elle, ça se voit. Et je sais qu'elle voit autant ses points forts que ses points faibles, mais c'est rare qu'elle se vante. Je pense qu'elle sortira pas une seule critique positive à voix haute tant qu'elle sera toujours en-dessous de son niveau d'avant. Mais elle progresse tellement ! Un jour, j'amènerai ton aquarium près du terrain d'entraînement, Bubulle. Tu jugeras par toi-même."

Le poisson ouvrit la bouche sur une bulle d'exclamation. Erwin continua à lui raconter les combats d'Alexis en détails, comme si Bubulle savait parfaitement en quoi consistaient les différents mouvements que le demi-dieu lui décrivait. Au bout d'un moment, Erwin sentit le sol crisser à quelques mètres du bungalow. Même ses pas débordaient d'assurance. Peu de temps après, la porte s'ouvrit et les pas se dirigèrent vers le fils de Poseidon qui termina tranquillement sa conversation avec Bubulle tandis qu'une chaleur familière dont il ne se lasserait jamais vint réchauffer son dos. Erwin serait bien resté là des heures si

"Les tomates cerises n'attendent pas."

Le demi-dieu tourna la tête vers Alexis, des étoiles dans les yeux. Ca aussi, il aimait quand elle le disait. C'était toujours sur le même ton. Erwin salua Bubulle, lui laissa quelques confettis de nourriture à la surface de son bocal et regarda la fille d'Arès. Elle était toujours aussi radieuse et semblait complètement détendue maintenant qu'elle s'était douchée et changée. C'était comme si le tournoi n'avait jamais eu lieu et qu'aucune fatigue ne pouvait atteindre la sang-mêlé. Le fils de Poseidon glissa doucement sa main dans celle d'Alexis et vint chatouiller son oreille.

"Dites-moi, mademoiselle, où est-ce que vous avez prévu de savourer ces fameuses tomates cerises, si vous n'avez pas déjà tout mangé ?"

Naïvement, Alexis avait tendance à croire que la personne qui en savait le plus sur elle, c’était Erwin. Après tout, c’était à lui qu’elle se confiait le plus, à lui qu’elle avait appris à s’ouvrir, avec lui qu’elle avait appris et continuait d’apprendre. Erwin représentait une constante dans sa vie, malgré tous leurs petits accrochages, malgré tous les malentendus et les quiproquos. Ils se poussaient mutuellement à être la meilleure version d’eux-mêmes, à aller de l’avant.

Pourtant, ce n’était pas Erwin qui en savait le plus sur elle.

Non.

C’était Bubulle. Bubulle et sa bouche en O qui ne la quittaient pas du regard. Bubulle à qui Erwin racontait les moindres détails de son existence comme s’il s’agissait d’un journal intime aquatique. Bubulle à qui Alexis s’était déjà retrouvée à confier des choses aussi, en attendant qu’Erwin revienne dans son bungalow. Bubulle qui, s’il pouvait parler, en saurait probablement plus sur Alexis que n’importe qui dans ce monde. Bubulle, quoi.

« Dites-moi, mademoiselle, où est-ce que vous avez prévu de savourer ces fameuses tomates cerises, si vous n'avez pas déjà tout mangé ? »

Alexis détacha ses yeux hypnotisés de Bubulle et croisa le regard d’Erwin avant de chasser cette main baladeuse qui était venue lui chatouiller l’arrière de l’oreille. Elle secoua la tête et se leva, un sourire amusé derrière son visage maquillé d’autorité et d’assurance. Elle se leva alors d’un coup.

« Dans un monde où seuls les braves peuvent survivre, Erwin. »

L’amusement quitta définitivement ses traits lorsqu’elle posa violemment son pied sur la table de nuit la plus proche et qu’elle porta ses mains à ses hanches dans une posture vaillante. Son regard se perdit dans l’horizon, comme s’il voyait des choses au-delà du mur du bungalow, comme s’il pouvait apercevoir le futur terrible dont parlait Alexis.

« Un endroit où les ténèbres peuvent t’engloutir à chaque instant, menaçant le monde de leur aura destructrice. »

Alexis, debout sur le lit, une jambe sur table de nuit, détourna son regard du mur en face d’elle et croisa le regard d’Erwin, un peu plus bas que le sien. Elle ferma un poing en face d’elle, synonyme de la flamme qui brûlait en elle et planta ses yeux dans ceux d’Erwin.

« Es-tu prêt pour ce risque, Erwin Stamber, fils de Poséidon et de Iris Stamber ? »

Une longue seconde de silence s’écoula avant qu’Erwin ne daigne lui répondre. Le visage d’Alexis retrouva alors ses traits habituels et elle descendit du lit dans un petit saut contrôlé. Elle attrapa son sac et s’exprima, d’une voix posée :

« Direction la plage. »

Alexis caressa furtivement le bocal de Bubulle, comme pour lui dire au revoir sans totalement l’assumer, puis se dirigea vers la porte du bungalow.

Alexis emprunta un masque de sérieux qui ne suffisait pourtant pas à cacher entièrement son sourire taquin. Elle se dégagea de la main d'Erwin avec sa rapidité de guerrière et se dressa sur le lit comme un enfant s'apprêtant à bondir sur le fantastique trampoline qu'était n'importe quel matelas. Mais elle ne sauta pas. Erigée en statue massive, telle un colosse de bronze, la fille d'Arès prit une intonation grave et une voix profonde.

"Dans un monde où seuls les braves peuvent survivre, Erwin."

La table de nuit se souvient certainement de l'impact du pied d'Alexis. Un impact violent qui laisserait une marque dans le bois du meuble mais qu'Erwin ne ferait pas remarquer à la sang-mêlé.

"Un endroit où les ténèbres peuvent t'engloutir à chaque instant, menaçant le monde de leur aura destructrice."

Alexis se prenait tellement au jeu qu'Erwin ne pouvait que mimer l'effroi en l'écoutant, prenant une nouvelle pose dramatique à chaque nouveau mot qui franchissait les lèvres de la fille d'Arès. Elle mettait tant de vigueur dans son discours que le demi-dieu se retenait de lui demander d'en dire plus. Ce n'était plus une réplique épique pleine de suspense, c'était une harangue passionnée qui motivait bien plus qu'elle n'angoissait. Après tout, il y avait des tomates cerises à la clé. C'était tout juste si le fils de Poseidon ne se serait pas levé sur le lit à son tour pour achever cette table de nuit. Mais Alexis l'interpella.

"Es-tu prêt pour ce risque, Erwin Stamber, fils de Poseidon et de Iris Stamber ?"

Le demi-dieu plongea ses yeux dans ceux, brillants, d'Alexis. Il y resta piégé un court instant, avant de se rappeler qu'il devait prouver sa détermination s'il voulait manger des tomates. Et il voulait manger des tomates. Il répondit à la fille d'Arès par un "oui" implacable et puissant, comme si sa vie en dépendait. Son sourire rejoignit celui d'Alexis juste après qu'elle ait annoncé la destination de leur quête.

° ° °

Le vent soufflait plus fort sur la plage, rafraîchissant l'air et portant avec lui l'odeur de sable et d'iode que le fils de Poseidon adorait. A pied nu sur la plage, il courait pour échapper à Alexis qui ne se laissait visiblement pas éclabousser à l'eau de mer sans se venger. Elle avait les cheveux dans les yeux, plaqués à son visage par les bourrasques, et trébuchait dans le sable, mais elle gagnait indéniablement du terrain sur Erwin. Le sang-mêlé courut en riant vers la mer, sa seule chance de ne pas se faire enterrer vivant. S'il l'atteignait à temps.

Il fut atteint par Alexis bien avant. Erwin savait désormais que le sable n'avait pas bon goût. Plaqué au sol par une fille d'Arès assise sur son dos, le demi-dieu tenta tant bien que mal de la distraire tout en riant toujours.

"Je voudrais pas déranger Votre Grandeur, mais on était venu manger des tomates cerises, si je me souviens bien ?"

C'était lui qui avait commencé et il avait mérité ce qui lui arrivait, mais l'appel des tomates cerises devrait faire l'affaire pour qu'Alexis oublie l'éclaboussure salée qu'elle s'était prise en plein visage quelques minutes plus tôt.

Erwin avait réussi à convaincre Alexis de se tremper les pieds avant de manger. Naïve, amoureuse, appelez ça comme vous voulez, elle avait cédé sans grande difficulté. Elle avait retiré lentement ses chaussures, ses chaussettes, puis avait glissé un orteil ou deux dans l’eau. Erwin, quant à lui, s’était presque immergé entièrement. Alexis, oubliant l’eau salé qui se glissait entre ses orteils, regarda le fils de Poséidon dans son élément. Ses cheveux mouillés plaqués en arrière, ses yeux brillants d’excitation, l’eau de mer l’habillant comme une seconde peau. Pendant une seconde, une seconde délicieuse, Alexis admira Erwin comme s’il n’existait plus que lui. Et d’une certaine façon, c’était vrai.  

Puis la trahison eut lieu. Erwin projeta une vague sur Alexis – enfin, elle ressenti comme telle la petite éclaboussure qu’il envoya dans sa direction. Plusieurs options s’offraient à elle à cet instant mais elle choisi de rester indifférente. Elle laissa même échapper un petit rire avant de décider qu’il était l’heure de manger. Elle sorti de l’eau, suivi par un Erwin toujours aussi exalté. Une fois assez loin de la mer, Alexis se retourna, une lueur vengeresse dans les yeux.

« Qui arrivera à l’eau en premier, à ton avis ? »

Erwin ne mit pas longtemps à comprendre que sa sentence allait tomber. Il bafouilla quelques mots puis Alexis le coupa d’une voix froide, presque sadique.

« Je te laisse trois secondes d’avance. »

Erwin resta immobile.

« Trois. Deux. »

Erwin s’élança sans demander son reste. Courir dans le sable n’était pas une tâche aisée. Alexis était considérablement ralentie mais elle restait toujours plus rapide que le fils de Poséidon. Tant qu’il ne touchait pas l’eau, elle gardait un avantage. Alors elle couru sans se plaindre, malgré sa lenteur, malgré la sensation désagréable sur ses pieds. Puis elle vaincu. Elle tacla Erwin dans les jambes et le fit tomber par terre comme le vieux sac à patate qu’il était devenu. Fière gagnante, Alexis s’appuya sur le dos d’Erwin comme s’il s’agissait de son trophée de chasse.

« Je voudrais pas déranger Votre Grandeur, mais on était venu manger des tomates cerises, si je me souviens bien ? »

La vengeance quitta le corps d’Alexis aussi vite qu’elle l’avait enveloppée. Elle se releva et tendit une main vers Erwin pour l’aider à se relever. Un demi-sourire amusé s’étira sur les lèvres de la sang-mêlé lorsqu’elle croisa le regard d’Erwin :

« Désolée, j’ai dû me battre contre un traitre. Mais me voilà fin prête pour notre festin. »

Ne lâchant pas la main d’Erwin, elle l’attira vers le début de leur course. Là, elle glissa sa main dans le sac qu’elle avait abandonné quelques instants plus tôt et sorti une serviette de plage aussi grande qu’une nape. Elle disposa alors une bouteille d’eau au milieu et trois bols qu’elle rempli de tomates de cerises, chips et encore des tomates cerises. Enfin, elle fit une petite révérence vers Erwin :

« En espérant que ces victuailles apaisent votre estomac. »

Alexis referma son sac afin de dissimuler les gâteaux qu’elle avait emprunté dans les cuisines et s’installa en même temps qu’Erwin sur la serviette.

Le poids de la fille d'Arès s'envola du dos d'Erwin et une main tendue apparut dans son champ de vision. Les doigts s'entrelacèrent et le demi-dieu se retrouva debout, à moitié couvert de sable mais rayonnant face au sourire taquin d'Alexis.

"Désolée, j'ai dû me battre contre un traitre. Mais me voilà fin prête pour notre festin."

Alexis avait pensé à tout, de la serviette de plage au buffet à volonté. Le regard d'Erwin passait avec plaisir de la fille d'Arès à la double ration de tomates cerises - qui éviterait certainement un nouveau combat dans le sable - puis de nouveau à la fille d'Arès. Cette dernière mima une révérence bien trop exagérée une fois le repas installé.

"En espérant que ces victuailles apaisent votre estomac."

Erwin prit un air snob et fit mine d'épousseter la serviette de plage avant de s'y asseoir.

"C'est bien aimable à vous. Vous pouvez disposer pour me laisser profiter de mon repas."

Il ne tarda pas à ramasser une poignée de sable envolée jusqu'à sa figure accompagnée d'une protestation gourmande d'Alexis. Le fils de Poseidon attira la sang-mêlé contre lui et l'embrassa en riant. Il s'installa plus confortablement sur la serviette de plage, les bras toujours autour d'Alexis, et il rapprocha un bol de tomates.

Tous deux se mirent à déguster leur festin, picorant distraitement dans le bol. Erwin avait le nez caché dans les cheveux d'Alexis et ne prenait la peine de les écarter que lorsque le vent ramenait un peu trop de mèches devant ses yeux. Ils ne parlaient pas. Le bruit du vent, de la mer, des mouettes et des quelques plantes sèches qui s'agrippaient aux dunes derrière eux faisait la conversation seul. Ils n'avaient pas besoin de mot, là, à cet instant-là.

Erwin respirait avec délice l'air marin mélangé au parfum de la fille d'Arès. Il la revoyait briller dans l'arène quelques heures plus tôt, et il contemplait le contraste entre cette Alexis guerrière et l'Alexis sereine qu'il serrait désormais contre lui. C'était impressionnant qu'une personne si peu imposante et si calme puisse renfermer une furie invincible dès qu'on lui mettait une arme entre les mains. Ou l'inverse, qu'une bombe à retardement comme elle puisse être prévenante au point de prévoir un plan plage-tomates-cerises en amoureux. En parlant de tomate cerise, Alexis venait d'en faire apparaître une devant le visage du demi-dieu pour la lui proposer. Erwin attrapa la tomate et resserra légèrement ses bras autour de la sang-mêlé.

"Je t'aime. J'aime tout toi."

Ca paraissait sans doute surprenant, sorti de nulle part. Mais c'étaient les seuls mots qu'Erwin avait trouvé pour exprimer à quel point il aimait Alexis douce, Alexis ouragan, Alexis qui rit, Alexis qui dort, Alexis forte, Alexis fragile, Alexis courageuse, Alexis maladroite, Alexis qui le plaque dans le sable, Alexis qui s'entraîne jour et nuit contre elle-même, Alexis qui l'encourage dans un tournoi perdu d'avance, Alexis qui mange des tomates, Alexis. Tout entière. Il voulait la serrer contre son coeur encore et toujours plus fort. Et ne jamais la lâcher.