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Let me jump in your game [Kleman/Paloma]
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    Re: Let me jump in your game [Kleman/Paloma]


    Au milieu des enfants braillards et des parents débordés, Paloma conserve une bonne humeur inaltérable. Quand Kleman admet qu'il n'a pas suivi les explications avec autant de zèle qu'elle, elle se contente d'un froncement de sourcil désapprobateur avant de hausser les épaules. Elle inspecte l'état du cheval, approchant son visage de son pelage pour noter la poussière et la boue accumulées, et, quand elle relève le nez, elle a la vision d'un Kleman qui s'est prudemment approché pour débarrasser le cheval de quelques brins de paille. Il maintient une distance hésitante avec l'animal. Pour la première fois, Paloma se demande si c'était une bonne idée de l'amener ici. Elle observe attentivement son air circonspect et son attitude pleine de retenue. Ça lui paraissait évident que tout le monde aimait les animaux. Peut-être qu'à force de vivre à la campagne ça a déteint sur sa vision du monde ? Elle déteste d'emblée cette idée et la balaie d'un mouvement de la tête.

    La vérité, c'est qu'elle ne sait pas grand chose de Kleman. Elle est plongée dans un souterrain dont elle explore les grottes et elle entraperçoit des peintures préhistoriques à la lumière de sa lampe-torche, par bribes seulement, sans jamais avoir une vue d'ensemble de l'oeuvre d'art antédiluvienne. Elle aimerait en apprendre plus, que Kleman se dévoile un peu sans qu'elle ait à lui arracher quelques indices à force de patience. Il l'a fait, dans l'enclos des chèvres. Il s'est révélé à elle dans un prodigieux moment de grâce. Elle souhaite si fort que la magie opère à nouveau, elle veut savoir s'il aime les animaux, si c'était une erreur de l'amener ici et, dans ce cas, pourquoi il a accepté de venir. Mais c'est quand on attend trop impatiemment les miracles qu'ils n'adviennent jamais. Alors, elle va continuer comme si de rien n'était, comme si elle ne côtoyait pas une merveille qui la fascine, comme si Kleman était juste un garçon sur lequel elle avait jeté son dévolu par simple curiosité.

    Elle sort de sa rêverie et attrape une étrille. Elle la tend à Kleman et se trouve surprise de voir son attitude changée. Il dégage une énergie et une assurance nouvelles, et lui demande son aide avec entrain. Ça la rassure et elle se lance dans des explications qu'elle espère claires :

    - Comme tu ne l'a jamais fait, on s'occupera des sabots en dernier, on va commencer par le plus simple. Ça, c'est l'étrille, ça aide à enlever la boue séchée collée sur les poils. Ensuite, il faudra enlever la poussière avec la brosse dure, ça s'appelle un bouchon, et on finira par la brosse douce. Tu vois la différence entre les deux ?

    Elle attend un signe de sa part et ils se mettent au travail. Paloma se place d'un côté de la croupe et commence à gratter avec l'étrille. Ses gestes sont assurés et réguliers. Ça fait longtemps qu'elle n'a pas pansé un cheval. Le rythme du travail lui vide l'esprit. À chaque fois, c'est comme si toutes ses expériences à la ferme, passées et présentes, se confondaient en un seul moment hors du temps. Elle baigne dans un sentiment de familiarité réconfortante, comme si le travail et la présence du cheval créaient une bulle rassurante hors du monde.

    Soudain, elle croise le regard de Kleman et elle est presque étonnée de le trouver là. Elle sort de sa bulle et se rappelle qu'elle est venue accompagnée à la ferme, et pas par n'importe qui. Elle secoue ses boucles pour remettre ses idées en place et lui demande :

    - Alors, tu trouves ça comment ?

    Mais il n'a pas le temps de répondre car Courgette émet un bruit étranglé étrange, comme s'il se gargarisait. C'est le début d'un concert de sons étonnants et inédits, de bruits de gorge et de souffles pétaradant. Tout du long, Courgette conserve une mine impassible, vaguement blasée, comme s'il n'avait pas conscience qu'il produisait la plus vulgaire des symphonies.

    Et Paloma rit, elle rit jusqu'aux larmes. C'est un rire sincère et enfantin, comme si au fond de sa gorge elle avait encore sept ans. Certains autour se retournent, intrigués par cet éclat soudain, mais elle s'en fiche éperdument. Elle essuie quelques larmes et, faisant mine d'enlacer le cheval, elle dit :

    - T'es vraiment le meilleur Courgette !

    Comme celui-ci a retrouvé un semblant de calme, se contentant de jeter des regards lourds de menace en silence, elle se déplace du côté de Kleman et inspecte son travail.

    - C'est bien, c'est même très bien pour un début. On va passer aux brosses.

    Elle s'active mais cette fois, pas question d'être dans la lune. Pour éviter de retourner dans sa bulle, elle se met à faire la conversation :

    - Quand j'étais petite, toutes les filles au club d'équitation avaient décidé de travailler avec des chevaux plus tard. Je suppose qu'elles ont changé d'avis depuis, je ne sais pas ce qu'elles sont devenues. Bref, j'étais la seule à avoir d'autres projets. Je voulais être pompier-astronaute. Ce qui n'est pas si absurde que ça je crois, les astronautes doivent bien avoir des formations de premiers secours et de lutte contre les incendies.

    Elle s'arrête de brosser un instant et demande :

    - Et toi ? Tu voulais faire quoi quand tu étais petit ?

    Elle reprend son geste mécaniquement, continuant de le regarder. Elle essaie d'imaginer. Un petit Kleman, avec des joues un peu plus joufflues et sans la cicatrice sur l'arcade gauche. Un air de défiance dans le regard, comme s'il se doutait que les grandes personnes essayaient de l'embrouiller. Que veut-il faire ? Pâtissier, danseur, pilote d'avion ?

    Cette fois, Courgette n'interrompt pas Kleman. Il se tient étrangement sage, offrant seulement un regard mauvais aux gamins qui passe. Cependant, cela ne dure pas.

    Une fois le brossage terminé, Paloma tend à Kleman un cure-pied et lui dit :

    - Ça sert à enlever les cailloux coincés sous les sabots. La difficulté, c'est de maintenir la patte en place sans prendre un coup. Je vais te montrer.

    Elle se penche et fait mine de placer ses mains au niveau du genou de l'animal, mais celui-ci se met à piaffer et à gesticuler, piétinant le gravier et secouant énergiquement la tête. Paloma ne s'énerve pas mais elle dit sur le ton mécontent d'une mère qui gronde calmement son enfant :

    - Tu arrêtes maintenant Courgette. C'est pour ton bien et tu le sais. Prends exemple sur Trompette veux-tu ?

    Elle désigne du pouce le sixième cheval, qui se laisse gentiment faire par des jumeaux aux anges. Au final, elle parvient difficilement à déloger quelques cailloux, les lèvres serrées et l'air concentré. Elle s'essuie le front du dos de la main et lâche un souffle. Elle tend le cure-pied à Kleman et lui dit avec un sourire qu'elle espère convaincant :

    - Vas-y, essaie, c'est pas si difficile que ça !

    Elle ne peut s'empêcher cependant de froncer légèrement les sourcils en ajoutant :

    - Fais attention à toi quand même.
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    Re: Let me jump in your game [Kleman/Paloma]

     

    J'attrape la brosse qu'elle me tend et l'observe en écoutant ses conseils. Comme les dessins d'aliens dans les champs, l'étrille forme de petits cercles crantés du plus petit au plus grand sur le tour de l'outil. Je passe un doigt dessus. Les crans sont pratiquement ronds et chatouillent ma peau. Enlever la boue séchée ? Il va falloir gratter avec ça ? Mais ça va pas lui faire mal ?  
    Me doutant que ma question est stupide puisqu'autour de nous tout le monde a plus ou moins finit cette étape et qu'aucun des chevaux n'a hurlé à la mort. Je me contente de hocher la tête. Je jette un rapide coup d'œil aux deux autres ustensiles pour en repérer approximativement la couleur et la forme et je me mets au travail.  

    Toutes les deux secondes, je lève les yeux soit pour regarder Paloma et m'assurer de bien l'imiter soit pour vérifier que nous ne prenons pas trop de retard sur les autres équipes. Pardon, familles.  
    Décrivant de petits cercles de plus en plus assurés, je gratte le poil de la bête faisant décoller des nuages de poussière. Comment est-ce possible ? Je lance un regard mauvais mais prudent à l'animal. Ça ne m'étonnerait même pas qu'il se soit roulé exprès n'importe où en attendant notre venue. Mais il semble avoir décidé de piquer un somme sans prendre la peine de nous demander notre avis. Au moins, il arrêtera de bouger et je pourrais l'approcher un peu plus sereinement. Ce n'est pas que je n'aime pas les chevaux. Je n'ai rien contre eux. Je les trouve majestueux. En général, hein. Pas spécialement Courgette. Mais c'est un peu comme tous les animaux, je n'arrive pas à comprendre ce qu'ils ont dans la tête. Alors ils peuvent se contenter d'être très mignons de loin, ça me suffit.  

    Paloma interrompt mes réflexions en accaparant mon attention. Si ça me plaît ? Je ne peux pas dire que je sois au comble de l'enchantement, ni en train de souffrir le martyre. En soit, je découvre un autre univers ici, ce qui semble être le sien. Plus que de savoir si ça me plaît, je suis dans l'expectative. Je veux bien faire, je veux qu'elle passe un bon moment elle aussi, je ne veux pas être un poids lourd enchaîné à sa cheville. Je ne sais pas si ça me plait mais je sais que je vais le faire jusqu'au bout parce que c'est comme ça qu'elle a imaginé la journée. Que même si en général, nos rêves plaqués sur la réalité ne leur donne pas pour autant la vie, je veux lui offrir ce luxe là. Si c'est la seule journée de ce genre entre nous, si l'occasion ne se présente pas de nouveau, je veux lui laisser un bon souvenir. Elle n'est pas obligée de subir ma mauvaise humeur et mon sale caractère.  
    Mais je n'ai pas le temps de construire une réponse qui me convienne que Courgette décide de le faire à ma place. Moi qui croyais avoir acquis une certaine confiance, me voilà à la reposer précipitamment en bondissant de côté d'un sursaut. Dans un concert de bruits chevalienement surprenants que je ne peux qu'observer médusé, le rire de Paloma s'élève léger et gracile. La scène semble toute droit sortie d'un vieux cartoon dont le gag serait bien trop gros pour être réel. Je l'observe les yeux rond, de l'autre côté du canasson, et je me demande si c'est elle ou le cheval que tout le monde observe.
    Tout semble naturel avec elle. C'est comme si tout autour d'elle tout semblait disparaître, les gens, les bruits, les couleurs toutes atténuées par les larmes de joie qu'elle chasse au coin de ses yeux. Elle enlace Courgette à croire que rien ne peut la surprendre ou la déstabiliser.  

    Ce qui n'est pas tout à fait applicable dans mon cas. Je secoue la tête tentant de reprendre une certaine contenance. Et la regarde passer de mon côté en inspectrice des travaux finis. Une pointe de fierté vient animer mon être en entendant son compliment. Suivant ses ordres, j'attrape le bouchon qui ressemble à s'y méprendre à une tête de balais pour gratter le pont des bateaux, passe la main dans la lanière aux couleurs de l'arc-en-ciel et me met à décrire de grands mouvements rectilignes dans le sens du poil pour finir d'enlever la poussière et les saletés soulevées par l'étrille. Cette fois, j'attrape un conseil du moniteur destiné à la famille juste derrière moi, et passe donc la brosse également sur ses jambes et sa colonne vertébrale.  
    Courgette se tient étonnamment tranquille, se contentant d'agiter les poils drus de sa queue de droite à gauche pour chasser les mouches. Il a même arrêté de soupirer.  

    J'ignore si c'est le silence qui s'est réinstallé qui la dérange ou si elle a juste envie de se confier. Et c'est bien ce qui me semblait, elle était trop à l'aise pour que ce soit également sa première fois. J'aimerais bien savoir à quoi ressemblait sa vie avant qu'elle atterrisse ici. Je ne la vois pas seule et solitaire, elle transpire trop l'énergie et la joie pour que personne ne se soit jamais intéressé à elle. Qu'elle ait eu tout un groupe de copines ne me surprend pas, pompier-austronaute ça par contre c'est quelque chose. Ça me fait sourire légèrement. L'imaginer sauver des immeubles en feu engoncée dans sa tenue lunaire. Et bizarrement ça ne me surprend pas que cette invention vienne de sa petite tête à elle.  

    Sa question me prend légèrement de court. Je m'étais mis en mode automatique, brossant mécaniquement la robe du cheval jusqu'à ce que les poils de la brosse forment de petits sillons parallèles au son de sa voix. Alors me replonger dans mes souvenirs me demande un effort. Je ne me souviens pas avoir beaucoup imaginé et projeté le futur. C'était plus facile d'être surpris de voir un nouveau lever de soleil chaque jour plutôt que d'être paumé dans son propre rêve en refusant la réalité glaciale qu'il ne sera jamais réalisable.  
    Je suis tenté d'inventer quelque chose. Ne pas rester bredouille face à elle. Peut-être même trouver quelque chose qui la fasse rire. Personne ne pourra vérifier si je dis la vérité. Mais ça me tord le ventre de baffouer mes principes. La brosse entre mes mains s'est arrêtée.  
    Une bribe de souvenir est remontée à la surface. Je l'attrape au vol comme un fil de barbe à papa qui spectral nous laisse les doigts tout collants et les lèvres roses.  

    《Je crois que je voulais être cuisinier à un moment. Ou avoir mon propre hôtel. Et puis j'ai vite abandonné. Même maintenant, je ne sais même pas pourquoi je continue à aller en cours. Après le bac, j'arrêterai sûrement les études. Je me trouverai un boulot dans le supermarché du quartier, je tondrai les pelouses, laverai les carreaux pour pouvoir m'occuper de mon père. De toute façon je serais incapable de me payer une école de formation.》  

    Kleman, professionnel du cassage d'ambiance depuis 1873 à votre service.

    《Mais c'est pas grave.》 dis-je en lui souriant du mieux possible. 《Ça me va comme plan de carrière et puis qui sait, un jour, à force de jouer au loto je gagnerai un million d'euros et je le ferai ce tour du monde. Moi j'y crois.》  

    Elle ne dit rien et je ne sais pas si ma tentative de camouflage a fonctionné ou si elle se doute que j'ai un peu menti pour arrondir les angles. Elle me passe une sorte de crochet métallique surmonté d'un manche en plastique vert d'eau. Je passe de son côté pour pouvoir observer la marche à suivre. Je prends cependant soin de faire un bien grand détour pour ne pas risquer de me prendre un coup de patte en frôlant la croupe de Courgette. Il s'est tenu tranquille jusque là mais prudence est mère de sûreté.  

    J'avais raison de me méfier quand je le vois se mettre soudainement à piaffer refusant de... donner la patte ? Mais Paloma ne se laisse pas faire, le gronde gentiment et retente de soulever son sabot pour le nettoyer sommairement. Elle se redresse épuisée mais ravie. S'essuie le front en m'encourageant. Elle a raison ça doit pas être si sorcier, non ?  
    Pas beaucoup plus rassuré que cela, je lui demande si elle peut tenir le licol du cheval le temps que je m'occupe de mon côté. Je me retourne dos à la tête de l'animal et tout doucement vient passer ma main contre sa jambe. Pour l'empêcher d'avoir envie de bouger je colle mon épaule contre la sienne et le pousse de toutes mes forces. Le nez à quelques centimètres de son ventre je respire l'odeur pestilentielle mais si caractéristique du crottin mélangé à la paille. Avec une grimace de dégoût, j'attrape son pied sans qu'il n'oppose de résistance et me met à gratter frénétiquement l'amas de saletés formant une bouillie à l'aspect filandreux. Je respecte tout de même les conseils de ma camarade en évitant les zones sensibles et repose aussi délicatement que possible la patte au sol. Je me redresse immédiatement pour respirer un peu d'air pur.  

    Me retournant vers elle je l'interroge du regard. J'ai l'impression d'en avoir enlevé une sacrée couche. Peut-être que les sabots sont comme des Lego et que j'ai retiré des pièces importantes ? Ça ressemble vachement à de la crasse mais on ne sait jamais. Je lui demande confirmation l'air légèrement inquiet.  Je lui rends le cure-pied renonçant à faire les pattes arrières et jette un coup d'œil à la ronde. Nous avons plutôt bien rattrapé le retard mais certains ont déjà commencé à harnacher leurs montures. Zut.  

    《Ça c'est un truc que je peux faire ! Je vais chercher son matos, la selle et tout le reste !》  

    Je n'ai peut-être pas écouté les instructions du moniteur qui a l'air toujours aussi débordé mais j'ai bien observé l'environnement. Et j'ai repéré la petite cabane accollée aux boxes. La porte de bois clair est ouverte et j'entraperçois les filets de cuir, les tapis de selles et tous les matériels de protection des cavaliers. Tous surmontés d'une petite étiquette décorée au nom des chevaux. Je repère facilement Courgette affublé d'une étiquette verte aux fleurs jaunes. Hop un tapis au hasard, rouge et plein de poils, un petit escabeau. Et je monte récupérer sa selle posées sur l'un des crochets les plus hauts. Dis donc elle pèse son poids la cocotte ! Je redescends les trois marches, avise une paire de casques. Est-ce que je les prends ? J'imagine qu'ils doivent être bien adaptés donc il va falloir les essayer ? Avec ses boucles quelle taille lui faut-il ? Ça va peut-être m'encombrer pour rien si je les prends maintenant, non ?  
    Réflexion faite, j'attrape le filet prenant soin que les rênes ne trainent pas par terre et ressors de la cabane. Je manque de percuter le moniteur en sens inverse. Celui-ci en profite pour vérifier mon matériel et me fait un signe de tête approbateur comme s'il maîtrisait parfaitement la situation. Je ris intérieurement de voir les grosses gouttes de sueur sur ses tempes en retournant auprès de ma partenaire.  Je pose le tout sur l'un des rondins qui constituent la barrière de la carrière couverte.  

    《Tu sais comment ça se met j'imagine ?》  


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      Re: Let me jump in your game [Kleman/Paloma]


      D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, Paloma a toujours eu des rêves. Dans les albums photos de sa petite enfance, qu'elle soit en train de grimper dans l'avion aux couleurs acidulées du manège ou en train de souffler les bougies multicolores de son cinquième anniversaire, on peut voir briller dans son regard son rêve de s'envoler à bord d'un véritable aéroplane ou de recevoir enfin le cheval Barbie sur lequel elle fantasme depuis des mois. À sept ans, elle rêvait d'avoir son propre cheval : elle l'appellerait Kiwi et ferait de longues balades avec lui, chapeau de cowboy vissé sur la tête. À neuf ans, elle rêvait d'être prise dans l'équipe de football de son village, exclusivement composée de garçons. À onze ans, elle rêvait de sauver la planète, surtout l'Amazonie qu'il fallait défendre face à la déforestation. À treize ans, elle rêvait que sa mère recommence à voyager et l'emmène avec elle dans ses périples. Maintenant qu'elle habite la ville, elle rêve d'avoir des meilleurs amis pour l'explorer avec elle, manger des sundae et prendre des photos idiotes.

      Alors, quand elle entend que Kleman a vite abandonné son rêve d'enfant, elle a un pincement au cœur. Elle aimait bien l'image de petit Kleman avec une toque de chef, elle l'imaginait bien en jeune lobby boy qui gravit les échelons jusqu'à posséder son propre hôtel. Elle peut comprendre que tout le monde n'a pas les mêmes moyens pour les études, et les métiers qui paraissent plus simples ne sont pas pour autant dénués de valeur. Mais abandonner ses désirs pour autant... Il parle de gagner au loto avec un sourire qui manque de conviction. Elle voudrait qu'il dise qu'il rêve d'avoir un chien qu'il appellerait Lucky, qu'il rêve de visiter les cinquante États en faisant du stop, qu'il rêve de rencontrer une fille épatante pour la faire monter au sommet d'une grande roue. Les rêves ne sont pas tous destinés à se réaliser, elle en a conscience. Mais ce sont des boussoles qui pointent vers le nord de nos vies et nous guident vers la concrétisation de nos désirs. Rêver, c'est mener une vie parallèle qui nous est vitale comme l'oxygène. Alors, imaginer Kleman sans rêve pour l'avenir, c'est le voir avec un creux au niveau de l'abdomen, comme si il lui manquait un organe essentiel dans le torse. Si elle pouvait s'inscrire sur une liste de donneurs pour lui, elle le ferait tout de suite sans hésiter.

      Elle ne dit plus rien jusqu'à ce qu'il faille passer aux sabots. Après sa démonstration, Kleman s'essaie au maniement du cure-pied. Elle doit admettre qu'il apprend vite, il s'en sort bien. Heureusement, Courgette a l'air d'être un cheval assez passif malgré la première impression désastreuse qu'il tend à laisser aux gens et sa tendance aux braillements aussi inattendus qu'intempestifs. Elle accepte avec le sourire de s'occuper des deux derniers sabots. Elle n'a pas le temps de lui proposer d'aller chercher le moniteur pour qu'il vérifie le pansage qu'il est déjà parti chercher le matériel. Elle qui le trouvait un peu réticent tout à l'heure et craignait qu'il ne regarde le filet comme une autruche qui aurait trouvé un peigne, elle n'avait en fait pas de raison de s'inquiéter.

      Elle est très fière d'avoir réussi à le persuader de sortir avec elle un week-end, car il arrive exactement ce qu'elle espérait : elle découvre de nouvelles facettes de sa personnalité. Le voilà motivé, travailleur et, elle irait même jusqu'à dire compétitif (à moins qu'elle ne se trompe ?). Combien de traits de son caractère lui reste-t-il à découvrir ? Elle ne sait pas. Elle ne veut pas savoir. Elle préfère imaginer qu'il y en a une infinité et que chaque jour contient la promesse d'une nouvelle découverte.

      Elle s'occupe de nettoyer les deux sabots restant. Courgette n'oppose de résistance que pour la forme, histoire de rappeler que c'est un dur à cuire qui n'accepte pas les règles. Finalement, il se laisse faire plutôt docilement. Elle se plante devant sa tête pour lui faire des papouilles, le caressant doucement entre les naseaux, quand le moniteur débordé débarque. On dirait qu'il vient de se rappeler qu'il fallait passer derrière le cinquième cheval et que cette nouvelle tâche à effectuer le mettait un peu plus en retard sur son planning déjà serré. Il retient un soupir de lassitude, soulève sa casquette pour s'essuyer le front et se lance dans l'inspection de Courgette. Son examen n'est pas très approfondi et au bout de trente secondes il déclare que tout a été fait correctement et repart pour séparer deux gamins qui ont commencé une bataille de poignards avec les cure-pieds.

      Peu après son départ, elle voit Kleman revenir, les bras croulant sous le matériel de Courgette. Elle répond à sa question par un hochement de tête affirmatif, toute souriante. Elle sent bien que le simple fait de le voir réapparaître dans son champ de vision la met en joie, elle réagit comme un tournesol à la lumière. Il se pourrait que Kleman soit, plus que le soleil, un conducteur de lumière.

      - On va commencer par mettre le filet. Je vais le faire en t'expliquant mes gestes et tu pourras l'enlever tout à l'heure. Je défais le licol et je le passe au-dessus de la tête. Je passe aussi les rênes par dessus l'encolure, sans les croiser. Je maintiens sa tête pour lui passer le mors dans la bouche. Je positionne le filet au-dessus des oreilles et je finis par attacher ça, la muserole, et ça, la sous-gorge.

      Si elle a quelques hésitations parfois en se remémorant les gestes, elle ne le montre pas. Elle veut être à la hauteur et être une bonne professeure pour Kleman.

      - Tiens, tu vas m'aider pour la selle. On reste du même côté, tu peux placer le tapis sur le dos, en faisant attention aux poils, on veut éviter les frottements donc on fait attention au sens. Regarde, tu peux utiliser la bosse là pour le positionner, c'est le garrot. Ça, c'est l'amortisseur, tu le poses pareil, en protégeant le garrot. Attends, je m'occupe de la selle, il faut la poser délicatement. Je fais encore attention au garrot. Je passe juste de l'autre côté pour descendre la sangle et comme ça je peux l'attacher, sans trop serrer. Voilà !

      Courgette a le ventre un peu gonflé, elle resserrera tout à l'heure. Satisfaite, elle attrape un des deux casques et fait signe à Kleman de s'approcher pour qu'elle le lui mette.

      - C'est juste pour que je l'ajuste correctement.

      Elle fait attention à ne pas le toucher, ne sachant pas comment il réagirait au contact. Elle aurait pu lui poser la question avant mais le geste de lui passer le casque sur la tête lui est venu si naturellement qu'elle n'a pas réfléchi. Elle se mordille la lèvre, signe qu'elle est concentrée en ajustant la fermeture. Elle enfile son propre casque au moment où le moniteur appelle les groupes pour les rassembler.

      Elle se joint au cercle et, avec les familles réunies, elle observe le moniteur fébrile fouiller dans les multiples poches de sa veste, qui lui donne l'air d'un pêcheur. Il en sort tour à tour une pomme, un sifflet, un badge et son cordon puis, finalement, ce qui semble être un organiseur débordant de papiers et de post-its. Il en tire une feuille qu'il déplie longuement pour la leur présenter. Il s'agit d'un plan de la balade. Paloma ne connaît pas le coin, elle repère l'étang, le but de la sortie. Tandis que des tensions émergent dans les familles pour savoir qui montera en premier, elle se tourne vers Kleman et lui dit sur un ton encourageant :

      - Vas-y toi ! Je monterai au retour.

      Elle glisse innocemment les mains dans les poches, où elle a rangé son téléphone. Elle a hâte d'immortaliser ce moment historique : Kleman sur un cheval.
      Kleman Dunn
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      Re: Let me jump in your game [Kleman/Paloma]


      Ses mots sont magiques. Elle déroule ses explications accompagnants ses gestes comme une danse ancestrale. Je suis certain de ne pas retenir la moitié de ce qu'elle me dit mais voir ses longs doigts fins s'agiter en parcourant le cuir force l'admiration. Elle a l'air sûre d'elle, comme si elle avait définitivement fait ça toute sa vie, comme si cette passion pour l'animal était tout. Son aura change comme une aurore boréale alors que son engouement la rend encore plus fascinante. J'en suis presque jaloux. J'aimerais connaître cette étincelle qui s'allume dans sa voix, son dos qui se redresse, ses joues qui se rehaussent et son ton qui prend des accents de miel et de cannelle. Je voudrais moi aussi être animé d'une telle puissance qui la rend plus grande et plus brillante que tous les autres. Je voudrais que quelque chose me fasse autant vibrer et autant me sentir vivant. Puis je me rappelle mon chez-moi, la vieille porte en bois à la peinture rouge bordeaux toute écaillée, les garde-fous couverts de mousse et de lichen, les volets à rabats constamment fermés et les bruits suspects qui s'échappent des murs la main sur la poignée la clé tremblant pour trouver la serrure en rentrant des cours. Et je me dis que je n'en ai peut-être pas besoin. Ma vie n'est pas si mal après tout. J'ai un toit, une famille, à manger, des responsabilités et une idée de mon futur. Tout ce qu'un jeune de mon âge peut espérer, non ? Je n'ai pas besoin de m'inventer des paysages, des millions d'existences différentes et des passions, j'ai un chemin tout tracé qui est le mieux pour moi. J'ai un père qui m'aime et qui m'offre une vie de rêve. J'ai mon skate, pas besoin de jeux, de fringues, d'amis. Soudain, je me sens à des années lumières de cette fille aux boucles sauvages et de tout ces enfants du lycée. Ses mots ne me touchent plus. Je vogue au dessus du sol, hors de mon corps. Je ne suis plus qu'une âme vieille de mille ans qui observe le monde tourner. Je sens les nuages, la rotation de la terre et la puissance de la gravité. J'entends les plantes pousser et je distingue chacun des rayons solaires toucher le sol comme une pluie brillante. Et avant que mon esprit ne formule ces mots que je refuse d'écouter, je suis brutalement ramené dans mon enveloppe, contraint de forcer ces muscles qui me brûlent pour retenir entre mes mains le tapis qu'elle me tend.

      J'ai un goût de sable dans la bouche et le renforcement de cotton me paraît peser une demi tonne. Je me secoue de l'intérieur pour raccrocher les wagons et retrouver le fil de ses paroles. Concentré, je suis ses instructions à la lettre préférant me focaliser sur les millions de peluches de poussières sur le tissu plutôt que sûr ce que j'évite soigneusement de m'avouer. Je la laisse passer les languettes de cuir dans les anneaux et régler la sangle sous l'abdomen du cheval. Ses doigts graciles me donnent l'impression d'être vivants, animés de leur propre énergie, répétant des gestes mécaniquement appris. C'en est presque effrayant. Je marque un léger mouvement de recul quand ces mêmes êtres s'abattent sur mon visage munis du casque de protection. Ils ne me touchent pas mais le frottement de la lanière synthétique sur ma gorge me crispe. Je retiens ma respiration de peur que le souffle de mon nez effleure leur peau et lui signale ma présence. La bombe me serre le crâne mais je souris comme si tout allait bien. Puisque c'est vrai. Tout va bien. Le clic sur ma joue gauche et elle recule pour attacher la sienne devant mon visage harnaché.

      L'appel du moniteur me donne une bonne excuse pour quitter mon immobilisme, passer deux doigts entre ma machoire et la courroie pour tenter de la desserrer légèrement et lâcher du regard la jeune fille.

      Qu'est-ce que je fais ? Ce n'est que maintenant, au pied du mur, que je ne réalise ce qu'il se passe. Qu'est-ce que c'est que cette journée ? Étais-je en train de rêver ou tout était bien réel ? Je me pinçais le bras avec espoir mais l'odeur de crottin et la foule n'étaient pas décidés à m'accorder ce répit. Est ce que j'allais réellement devoir monter sur Courgette ? Cette phrase m'aurait fait rire hors contexte mais là je n'en n'avais absolument pas le cœur. Peut-être que le trajet serait suffisamment court pour qu'en distrayant Paloma, elle finisse par passer toute la balade à cheval ? Le plan que nous montrait l'organisateur ne pouvait pas m'aider. Ses dessins approximatifs nous montraient l'entrée de la ferme, les champs alentours, la route nationale qui croisait le chemin menant à l'étang puis la forêt qui était sensée nous ramener vers le centre. Rien n'était à l'échelle, aucun moyen rapide de calculer le temps de trajet. Cette fois-ci l'employé semblait revenir sur son terrain de prédilection et contrairement à sa dernière intervention, il ne bégaya pratiquement pas et son discours fut bref. J'étais à court de solution.
      Et avant qu'un début de plan se forme dans mon esprit, Paloma s'était tournée vers moi, me proposant de démarrer le roulement. Dans la cohue générale je lui souris ne réussissant pas à cacher mon malaise.

      《 On ne peut pas tirer à pile ou face ? Ça serait plus juste non ?》

      Me raccrochant à cet espoir rassurant, je n'attends pas sa réponse pour fouiller dans ma poche.

      《 Pile c'est toi, face c'est moi.》

      Lancer de dés

      Merde !

      《 Je suppose que tu avais déjà lu dans le futur.》 dis-je avec un rire teinté de nervosité.

      Je range ma pièce et retourne auprès de Courgette. Cherchant l'approbation dans le regard de Paloma, je décroche le licol du cheval et attrape les rênes. Une fois passées par dessus ses oreilles, je me poste à sa gauche, tenant les deux rênes comme le guidon d'une moto. Normalement c'était ce qu'avait rapidement montré le moniteur. Enfin, lui m'était sa main droite bien plus près du menton de l'animal mais le notre s'était mis à baver et j'avais, soyons honnête, très moyennement confiance en lui. Il fallait qu'on sorte à pieds en file indienne jusqu'à l'entrée de la ferme en gardant les distances de sécurités. Ainsi, je traînais Courgette à suivre les pas de Paprika. Et il n'y mettais pas du tout du sien. Je tentais tant bien que mal de l'obliger à m'obéir en tirant sur son mors tout en gardant mes pieds à bonne distance de ses sabots. La balade s'annonçait si mal.


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        Re: Let me jump in your game [Kleman/Paloma]


        Il fait bon sur le chemin de terre qui traverse le parc et Paloma se sent bien. Elle respire à fond pour mieux sentir les odeurs de l'herbe séchée par le soleil et du fumier des écuries toutes proches mêlées au parfum odorant des buissons de jasmin plantés le long du chemin. Ces odeurs si familières... Certes, elle en veut à sa mère de l'avoir élevée jusqu'à présent si loin de la ville et de son animation constante. Mais elle reconnaît maintenant que c'est en vérité un beau cadeau qu'elle lui a fait car, désormais, les odeurs de la campagne lui sont si familières qu'elles la font se sentir à la maison. Ainsi, où qu'elle aille sur le globe, il lui suffira toujours de s'éloigner un peu de la ville et de retrouver la nature pour se sentir chez elle, à sa place et en sécurité. Ça ne change rien au fait qu'elle adore le centre-ville, surtout depuis le déménagement. C'est simplement qu'elle sait où aller si elle a besoin de se retrouver avec elle-même, et cet endroit est là où les chevaux et les brebis sont. Là, d'où elle vient, à où elle a tout son univers, tous ses souvenirs avec sa mère. Mais désormais, il y a un nouvel élément dans son univers, une nouvelle personne sur les photos souvenirs, un nouvel ami à associer au bonheur simple de la campagne.

        Elle se retourne vers Kleman en souriant. Depuis le début de la balade, elle menait devant, guidant le cavalier et sa monture pour empêcher Courgette de s'arrêter de grignoter et chemin. Mais cela fait maintenant cinq minutes et elle trouve que Kleman se débrouille plutôt bien. Elle ralentit un peu le pas pour se trouver à sa hauteur et elle le regarde faire, veillant toutefois du coin de l'œil à éviter les branches trop basses ou le crottin des autres chevaux devant.

        - Un peu moins raide au niveau des bras, pas besoin d'être tendu, tu t'en sors bien.

        Paloma lui trouve une certaine prestance, son visage encadré par les feuillages au-dessus d'eux, droit sur son cheval, en dépit de la bave de Courgette. Maintenant qu'elle y pense, il dégage aussi quelque chose quand il est sur son skate. Quelque chose de profondément libre, comme si les contraintes de la réalité et les contingences du quotidien n'avaient pas de prises sur lui. Il a cette même aura quand il lui décrit les merveilles du monde qu'il veut voir. Alors, même s'il lui dit qu'il compte enchaîner des petits boulots insignifiants, quand le soleil passe à travers les feuilles des marronniers et éclaire son visage moucheté de lumière ou quand il fend la foule anonyme sur son skate en faisant défiler le béton gris et triste, elle sait ce qu'il a au fond de lui. Une fureur de vivre. C'est peut-être ça qui l'attire chez lui, comme un aimant, cette chose qui fait qu'elle l'attend inlassablement après les cours malgré sa mine renfrognée. Car elle sait que derrière ses airs blasés, il y a la volonté de ressentir quelque chose de vrai dans ce monde cynique.

        Cependant, cela n'explique pas les nombreux mystères qui entourent Kleman. D'ailleurs, à ce propos...

        - Dis, tu as lancé une pièce tout à l'heure pour prendre une décision, c'est quelque chose que tu fais souvent ?

        Elle en a d'autres, des questions, mais elle n'ose pas les poser tout de suite, elle a peur que sa curiosité dévorante l'effraie. Ce n'est pas son genre de se retenir mais pour Kleman elle essaiera.

        Le petit groupes de cavaliers et leurs accompagnants arrivent en bordure du parc, où le moniteur ouvre la barrière en bois pour les laisser passer. Paloma constate qu'ils ont atteint les champs, parmi lesquels le sentier équestre continue. Elle pépie comme un oiseau :

        - Sais-tu quelle est la différence entre un champs et un pré ? Il y a toujours une culture dans un champs, c'est pour ça qu'on ne fait paître les animaux que dans des prés.

        Les blés dorés et les hauts épis de maïs créent avec le bleu du ciel un cadre coloré dans lequel le visage de Paloma rayonne. Elle sifflote un air puis chantonne distraitement, sans parole, avant de se lancer vraiment. C'est d'abord doux, elle parle parfois plus qu'elle ne chante, sans se prendre vraiment au sérieux, sautant parfois une note ou deux.

        - Jimmy won't you please come home, Where the grass is green and the buffaloes roam, Come see Jimmy, Your uncle Jim and your auntie Jim and your cousin Jim, Come home Jimmy 'cause you need a bath, And your grandpa Jimmy is still gone daft.

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        Re: Let me jump in your game [Kleman/Paloma]

        Tout le premier quart d'heure de la balade, une seule question faisait des loopings dans ma tête : qui est l'odieux monstre qui a inventé l'équitation ?
        Puis une douce inquiétude : était-il possible de ne plus pouvoir marcher ? Et si Paloma me posait une question ? Tous les mecs de ma classe se moquaient de la voix trop aiguë de Sam, est-ce qu'il avait fait trop de cheval ? Est-ce que c'était réversible ? Est-ce que c'était pareil pour les deux gamins un peu plus haut dans la file qui s'étaient chamaillés tout à l'heure ? Et pour les filles était-ce aussi peu agréable ?
        J'étais tendu comme une flèche sur la selle, seul mon regard dérivait de temps à autre et de plus en plus souvent vers la jeune fille. Elle avait clairement l'air d'adorer les chevaux, est-ce que cet... inconfort ne lui posait pas de problème ?

        Je maudissais ma pièce. J'étais bien loin de me douter à quel point j'aurais aimé qu'elle préserve le peu de dignité que je m'apprêtais à perdre dès qu'il faudrait échanger nos rôles. Le moniteur avait bien parlé d'une technique pourtant : s'asseoir le plus en arrière possible et surtout, surtout, suivre les mouvements de l'animal avec son bassin. Mais j'étais définitivement trop gêné pour ne pas ressembler à un plasmodium de l'inexistence de souplesse musculaire à l'expression plastique peinte sur le visage.

        Si Paloma m'avait vendu l'équitation comme la plus merveilleuse des activités, j'étais maintenant même incapable d'apprécier le bord des chemins de terre couverts de nuances de verts, les arbres qui nous protégeaient par moment du plat de leurs feuilles, les couleurs douces et lumineuses du ciel des nuages aux formes énigmatiques et de l'horizon blond comme les blés, celles chatoyantes et éparses des fleurs, goûter à l'air chargé de soleil à chaque inspiration et regarder les abeilles et les papillons danser à chaque expiration, admirer le reflet dans ses boucles dorées et l'étincelle fugace des anneaux du filet, écouter la symphonie de la campagne et ses instruments naturels, le rythme irrégulier des sabots, le chuchotement de la brise et des voix confondues, le pépillement discret des oiseaux, quelques rires, quelques hénissements et le bruit constant du vivant.

        À la place, je ne voyais que mes mains crispées sur les rênes, je n'entendais que le crissement du parc d'attraction que constituaient mes questions sous mon crâne et je ne sentais que le goût amer de l'anxiété entre mes dents.

        Bien heureuse était la salopette marchant près de Courgette. J'entrapercevais parfois son sourire flottant au coin de ses lèvres et les formes inconnues que suivaient ses yeux dans l'air. À quoi pouvait-elle bien penser ? Est-ce que ses pensées faisaient aussi du rodéo ? Écoutait-elle la conversation joyeuse de la famille juste devant nous ? Est-ce qu'une blague qui m'aurait échappé serait la raison de ce sourire ? Je n'arrive même pas à me concentrer sur ce qu'ils se disent pour tenter de deviner.

        C'est une autre voix fluette qui me parvient, mais je n'ai pas entendu ses mots. Je me suis fait happer par ses yeux qui ont arrêté de vagabonder. Avec les rayons du soleil, ils ont l'air d'avoir le goût de pâte à tartiner à la noisette. J'ai arrêté de contrôler un instant, mon corps et ma bouche a instinctivement tenté de s'allonger en une grimace souriante.

        Courgette donne un coup de tête vers le sol pour tenter de chiper quelques brins d'herbe, mais Paloma veille au grain et le rappelle à l'ordre tandis que je me redresse pour soulager mes bras endoloris. L'intervention de l'équidé aura au moins eu le mérite de me faire oublier la partie de pétanque particulièrement serrée entre mes deux étriers suffisamment longtemps pour que je capte cette fois sa question. J'espère que je ne l'ai pas fait répéter, je ne voudrais pas donner l'impression de ne pas l'écouter.

        《 Ouais 》, je réponds en haussant les épaules.
        《 Je ne sais pas prendre de décisions rapidement. J'aime pas faire des choix, alors je laisse le hasard décider. C'est plus simple et des fois y a de bonnes surprises. 》 à commencer par cette balade à cheval !

        J'essaie d'avoir l'air le plus naturel possible et Courgette ne m'aide absolument pas en donnant un nouveau coup de filet qui m'emporte pour la deuxième fois. Mais je tente tant bien que mal de tendre l'oreille. Je me demande comment elle sait tout ça. Les champs, les prés. La nature lui semble si familière. Une Nymphe qui se fond à l'orchestre du monde en sifflotant une mélodie inconnue. Comme une sorte de berceuse douce et lente. Non comme une danse timide aux froufrous rose pâle un soir éclairé à la bougie sur les planches usées de la tente de bal du village, aux bottines à petits talons lacées jusqu'en haut de la cheville, aux chapeaux fleuris accrochés d'un fin tulle sous le menton délicat d'une jeune pousse rayonnante, et aux costumes pauvres de flanelle élimés par les champs et les matins poussiéreux.

        J'ignore ce qu'elle entonne, sa voix est jolie, douce, mais claire et les mots coulent comme une rivière fraîche. Elle s'arrête distraitement alors que j'aurais voulu qu'elle continue de chantonner sans méfiance. Que les notes continuent innocentes à tourbillonner dans l'air. Qu'elle continue à me conter l'histoire de Jimmy.
        Je ne veux pas la mettre mal à l'aise en laissant s'échapper tous les compliments qui me viennent à l'esprit. Alors je me contente de lui demander ce que c'est, mais je me risque cependant à savoir qui lui a appris à chanter.
        Elle m'intrigue, je voudrais qu'elle reprenne sa chanson, qu'elle me raconte d'où elle vient, je voudrais qu'elle monte derrière moi pour que sa voix ne soit qu'un filet de sirop pour mes oreilles et que je n'ai pas à le partager.



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