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Let me jump in your game [Kleman/Paloma]
 :: À travers le monde :: L'espace-temps :: Univers alternatif
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    Let me jump in your game [Kleman/Paloma]


    Paloma fait des ronds autour du panneau d'accueil de la ferme pédagogique. Elle se tient accrochée au poteau et se laisse glisser sur ses patins à roulettes. À chaque tour qu'elle fait, elle espère que sa silhouette apparaîtra de l'autre côté de la rue. Il ne devrait pas tarder à arriver.

    Elle l'a rencontré pour la première fois lors du cross du lycée, ils étaient dans la même équipe. Pourquoi est-ce que c'est celui-là qui a attiré son attention parmi tous ses co-équipiers ? Peut-être parce que c'était le seul à ne pas vouloir jouer le jeu, à participer aux épreuves sans donner l'impression de vouloir que l'équipe gagne. Elle était déterminée à le faire participer, surtout qu'il était doué. Elle ne l'a pas lâché de toute la journée, revenant sans cesse à la charge, à grand renfort de sourires et de gestes de la main.

    Elle n'a réussi à obtenir qu'un prénom, Kleman. Ça n'a fait que renforcer sa curiosité à l'égard de l'adolescent. Elle a mené son enquête auprès de ses amis, qui ont posé des questions à leur tour à leurs amis, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'elle apprenne dans quelle classe il était. Il avait la réputation de quelqu'un de solitaire voire d'un peu bizarre. Léo le connaissait vaguement et ne comprenait pas l'intérêt que Paloma lui trouvait. En fait, elle ne savait pas bien ce qui l'attirait impérieusement chez lui. Peut-être que sa façon de rejeter les autres lui donnait irrésistiblement envie de savoir ce qu'il cachait. Peut-être que la manière dont son regard accrochait le sien la captivait. Peut-être que l'idée d'être la seule à apprivoiser un être indompté lui plaisait.

    Toujours est-il qu'elle a déniché l'emploi du temps de sa classe afin de se poster chaque jour devant sa salle de sciences ou de grec ancien, prête à l'accueillir avec un grand sourire. Elle lui posait des questions, essayant d'en savoir plus sur lui, l'invitait à la rejoindre à la cafétéria ou à la bibliothèque, essayait de lancer la conversation sur les dernières sorties cinéma ou sur leurs activités sportives. Depuis qu'elle l'avait croisé au skate-park, elle s'était mise en tête de lui proposer des sorties en dehors du lycée. Dès qu'elle avait une idée, elle le venait le trouver à son casier pour lui parler d'un festival de courts-métrages, d'un match de hockey, d'une nouvelle boutique de bandes-dessinées... Elle se moquait de ses refus, continuant jour après jour avec persévérance.

    Et cette semaine, sa patience avait finalement payé. Dès qu'elle a entendu parler de la journée portes ouvertes de la ferme pédagogique, elle a pensé à Kleman et lui a proposé de s'y rendre avec elle le week-end. Elle lui a vanté la diversité des animaux qui s'y trouvaient, les balades dans le parc avec les ânes, les ateliers d'initiation avec le club équestre partenaire... Ça faisait depuis l'école primaire qu'elle n'y était pas allée et la perspective d'y retourner l'enthousiasmait. Excitée comme une puce, elle sautillait sur place et battait des mains en décrivant la sortie. Était-ce pour ce que Kleman a accepté cette fois-ci ? Elle ne sait pas.

    Elle ne sait pas non plus pourquoi elle est à ce point excitée à l'idée de sortir un après-midi avec lui. Elle adore se faire de nouveaux amis mais, malgré son côté hyperactif, elle est rarement aussi agitée quand elle les voit. Peut-être est-ce l'idée d'être enfin victorieuse, d'avoir finalement obtenu ce qu'elle voulait de lui. Peut-être est-ce la perspective d'enfin en savoir plus sur ce mystérieux garçon qui l'intrigue tant.

    Elle se pose encore ces questions alors qu'elle trace des cercles et des huits avec ses patins à roulettes. Le trajet pour se rendre jusqu'en périphérie de la ville, près du grand parc où se trouvent la ferme et le club équestre, était trop long pour venir à pied mais elle n'a pas voulu demander à sa mère de la déposer en voiture. Alors qu'elle commence à avoir le tournis à force de faire des tours, une silhouette apparaît de l'autre côté de la rue. C'est lui. Elle s'arrête net et un sourire vient illuminer son visage. Elle lui fait de grands gestes du bras pour l'inviter à traverser.

    Alors qu'il avance vers elle, Paloma décide d'arrêter de se poser des questions. Ce n'est pas son genre de se prendre la tête après tout. Non, elle va profiter pleinement de son après-midi, comme elle le fait d'habitude.
    Kleman Dunn
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    Re: Let me jump in your game [Kleman/Paloma]


    Je me demandais bien pourquoi j'avais fini par céder.

    Ça ne pouvait pas être la perspective de la journée : qui pouvait réellement prendre du plaisir à patauger dans la boue, si tant est qu'il n'y ait que ça, au milieu d'animaux bruyants et puants ?
    Ni la perspective de faire une sortie en dehors des cours, sous-entendu pas tout seul. J'avais l'habitude de passer mon temps hors de la maison, incapable de supporter la froideur de ma chambre. Qu'il pleuve, qu'il vente, si je ne me trouvais pas en cours, j'étais soit au skate-park soit sur la place de l'église les jours de marché. Dans les deux cas, je pouvais me rendre invisible. Personne ne prête attention à un gamin terne qui fait et refait encore la même figure sans jamais être satisfait, terminant constamment le menton sur le béton.
    Et au milieu de la foule, il n'y a pas mieux pour se fondre dans la masse. Quand tout le monde est obnubilé par son propre objectif, à savoir : combien de poireaux faut-il que j'achète pour la quiche de ce soir, ou c'est pas la saison des fraises, mais avec de la Chantilly ça serait top, est-ce que je me laisse tenter, ou encore ça serait vraiment déraisonnable, mais cette paire de boucles d'oreilles est vraiment trop belle, il me les faut ; ça devient un jeu d'enfant de profiter de la confusion pour emprunter quelques pièces par-ci par-là. Oui, emprunter, voler, c'est presque la même chose ça va.
    Donc, non définitivement, ce n'est pas l'idée de sortir accompagné qui m'enchante.

    Alors qu'est-ce que ça peut être ?

    Elle ? Paloma ? Cette fille de mon âge qui avait pris la fâcheuse habitude de me suivre comme mon ombre au lycée ?
    Je ne vois pas pourquoi. Après tout, elle était l'exemple même de ce que je ne supportais pas. Pour commencer : je ne l'avais pas choisi. Je m'étais retrouvé coincé avec elle comme coéquipière lors du cross de mi-année. Tous les ans, la municipalité organisait cet événement opposant les 2 collèges et 2 des trois lycées, et cette fois-ci, c'était notre tour. Nos professeurs avaient jugé bon de mélanger tous les élèves pour qu'on apprenne, je cite, "à chérir ces moments conviviaux de rencontres entre générations d’élèves pour mieux se connaître". Se connaître tout court relevait déjà de l'exploit dans mon cas alors il ne fallait pas trop m'en demander. Sans cet événement annuel, peut-être, ne nous serions-nous jamais rencontrés. Je ne sais pas si cette idée me réjouissait ou non.
    Hyperactive, elle avait zappé mon énergie en moins de deux, nous exhortant à gagner, ce qui ne rentrait absolument pas dans mes plans. Non pas que perdre me plaisait tant que ça. Juste l'idée de devoir faire du sport... Transpirer.... Se fatiguer... Eurk ! Vraiment, je ne comprendrais jamais.
    Même, en faisant la gueule toute la journée, elle n'avait pas consenti à me laisser tomber, sans jamais cesser de sourire.
    Pourtant habituellement ça marchait à tous les coups. Il me suffisait de ne pas coopérer ou d'y ajouter une pointe de sarcasme bien sentit et la plupart des gens renonçaient, me faisant l'immense plaisir de me laisser seul. Mais c'était une coriace cette petite brune. Comme si les nuages noirs n'avaient aucun effet sur l'arc-en-ciel dans ses yeux. Le monde aurait pu s'effondrer qu'elle aurait été fichue d'y trouver quelque chose de positif.

    Et elle ne s'était pas contenté de cette journée désastreuse ! Je ne sais comment, elle avait réussi à trouver mon emploi du temps parce qu'il ne se passait plus une seule journée sans qu'elle ne se pointe devant ma salle quel que soit le cours ou l'heure de la journée. J'en étais à regretter d'avoir donné ma parole au directeur d'arrêter de sécher pour ne pas perdre ma bourse.

    Je ne savais pas de quelle planète elle pouvait bien venir, mais elle faisait obligatoirement partie des Avengers ou des X-men. Être capable de parler autant, sur autant de sujets différents, sans jamais reprendre son souffle était tout bonnement inhumain. Elle sautait sans cesse du coq à l'âne proposant tantôt de déjeuner ensemble (option qu'elle ne me laissait pas vraiment le droit de refuser) tantôt de lui écrire une liste complète de mes musiques préférées. Et rien ne pouvait la décourager. Ni le silence, ni les soupirs, ni les regards agacés. Une vraie petite moule euphorique sur son rocher.

    Au début, je l'avais ignoré royalement, préférant faire la sourde oreille pour qu'elle jette l'éponge. Mais comment faire semblant que tout est normal quand une mouche vient sans cesse bourdonner à vos oreilles toutes les minutes ? Surtout que celle-là, je n'aurai pas eu assez d'une simple tapette en plastique pour la chasser. Pour la première fois, les autres lycéens me regardaient. Du moins, la regardaient. Elle avait cette étrange capacité de colorer tous les endroits où elle passait, si bien qu'il était pratiquement impossible de ne pas faire attention à elle. Je ne savais pas si elle s'en rendait compte, mais c'était comme si elle passait son temps avec un petit soleil personnel planté dans ses cheveux bouclés.
    Alors j'avais décidé de ne plus cacher mon agacement notoire pour refuser sèchement la moindre de ses propositions. Le dernier film d'action en date ? Non. Un petit tour à la librairie au coin de la rue après les cours ? Non. Le concert de truc muche avec ses camarades de classe ? Encore pire !

    Rien à faire, elle avait toujours de nouvelles idées et me les proposait comme si elle était à chaque fois certaine que j'approuverais. Ça faisait limite peine à voir. Et j'avais fini par m'y habituer, n'écoutant plus que d'une oreille, sachant pertinemment que je déclinerais l'offre. C'était devenu presque normal de la voir m'attendre à la sortie de mon cours de grec ou perchée sur le muret de la cantine avant de me rejoindre tout sourire lorsque j'approchais de la queue. Parfois, elle finissait plus tard lorsqu'elle avait des contrôles ou des travaux de groupe alors, je faisais semblant de ne sortir que pile au moment où elle finissait par se pointer. Je ne voulais pas qu'elle s'imagine que je l'attendais, mais j'avais pris l'habitude de parcourir les couloirs sa présence à mes côtés.

    Je ne sais pas pourquoi j'ai fini par accepter cette fois-ci. Peut-être parce que j'avais fini par choisir en jouant à pile ou face ? Peut-être parce que la lumière rougeoyante dans ses yeux avait été plus éclatante que jamais quand elle m'avait proposé de l'accompagner aux portes ouvertes de la ferme pédagogique ? Peut-être que je n'avais pas eu le courage de la rabrouer cette fois et qu'au fond de moi, je voulais lui faire ce cadeau en gage de reconnaissance pour sa persévérance ?

    En tout cas maintenant ça me faisait bien chier.
    Non mais sérieusement, qu'est-ce qui m'avait pris ? J'étais tombé sur la tête ?
    Ferme. Pédagogique.
    Mais surtout Ferme.
    Ce qui signifie animaux, odeurs charmantes et travaux manuels. Parfait. Tout ce que j'aime.
    J'avais vraiment hésité à l'appeler pour prétexter une maladie ou que j'étais punis privé de sortie. Mais j'avais donné ma parole. Styx !
    Du coup, je me retrouvais à avancer aussi lentement que possible debout sur mon skate, traînant la patte pour retarder au maximum le moment fatidique où j'arriverai en bordure de la ville. J'avais rasé les murs tout le long du trajet comme je le faisais toujours et m'étais finalement arrêté à quelques mètres de notre objectif.

    Elle était là, collée à un poteau, les pieds chaussés de patins que je ne lui avais jamais vu, même quand elle venait m'asticoter après les cours au skate-park. J'avais du mal à déterminer si elle ne savait vraiment pas comment tenir dessus ou si elle essayait simplement de tromper l'ennui. Calant mon skate sous le bras, je l'avais observé un moment décrire cercle sur cercle me demandant depuis combien de temps elle attendait vêtue de sa sempiternelle salopette et de son ciré rouge repérable à 10 lieues à la Ronde. Un dernier tour et elle s'était arrêtée, ses yeux venant se planter dans les miens à la vitesse de la lumière même d'aussi loin. J'avais hésité un instant avant de cligner des yeux pour regarder la route que je devais traverser pour la rejoindre. Bien sûr, il n'y avait jamais de circulation dans ce coin-là, mais tout était bon plutôt que de se faire déstabiliser par le sourire immense dont elle me gratifiait.

    Je l'avais approché sans me presser, la saluant un léger geste de la main qui était presque devenu notre signe de reconnaissance, et l'avais vite rangé comme sa jumelle dans la poche de mon pantalon usé par les chutes.
    Pas de "salut, ça va ?" C'était trop banal et bien trop peu naturel pour nous. Je m'étais contenté de grimacer en humant l'air.

    《C'est vraiment en train d'arriver ? Dis-moi que je rêve.》

    J'avais de nouveau happé son regard sans rien y déceler d'autre qu'une profonde joie.
    《Bon. Bon... Je te suis.》 avais-je finis par souffler sachant bien qu'il était inutile se s'opposer à une force de la nature comme elle et que s'il lui prenait l'envie de me forcer à faire du rodéo ou à donner à manger aux chevaux du centre équestre juxtaposé, elle finirait par obtenir ce qu'elle souhaitait à l'usure. J'avais attendu qu'elle fasse quelques pas sur ses patins à roulettes pour la suivre à contre cœur vers la ferme, me demandant si elle avait prévu des chaussures de rechange.
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      Re: Let me jump in your game [Kleman/Paloma]


      Paloma rayonne. Elle répond à son signe de la main et sa grimace la fait rire. Elle balance sa tête sur le côté et dit candidement :

      - Oui, c'est vraiment en train d'arriver et je suis sûre que tu ne vas pas le regretter. Il ne tient qu'à toi de faire de cette sortie un rêve si tu en as envie !

      Assurée qu'il la suivrait, elle s'élance et passe le portail qui ouvre sur une grande cour encadrée de corps de ferme de tailles différentes. Elle repère un banc près du bâtiment d'accueil et s'y dirige. Elle pourrait passer la journée sur ses patins mais elle préfère éviter de les abîmer dans la boue. Elle s'assied et sort de son sac à dos une paire de bottes en caoutchouc assorties à son ciré, puis demande à Kleman :

      - Est-ce que tu veux bien récupérer un programme à l'accueil ? C'est juste à côté, je me dépêche d'enfiler mes chaussures.

      Elle le laisse faire et prend le temps de glisser ses patins dans un sac plastique avant de les ranger dans son sac, qui contient aussi une gourde aux couleurs de la Nouvelle-Zélande, un vieux morceau de pain pour les oies et un ipod sur lequel elle a mis sa playlist préférée parmi celles que lui a envoyé Kleman. Il a suffit qu'il évoque une chanson un jour pour qu'elle ait tout de suite l'idée de lui demander une liste de ses titres préférés. Elle était déjà très contente d'avoir obtenu ça de lui et elle lui a simplement renvoyé d'autres chansons en retour. Elle ne pensait pas que ça allait devenir le début d'échanges réguliers de musique, ce qui la réjouissait.

      Dès que Kleman revient, elle l'invite à s'asseoir à côté d'elle et déplie le programme pour l'étendre sur ses genoux. Tout l'intéresse, le repas des chevaux, la balade avec les ânes, la récole des œufs aux poulaillers, la découverte des ruches, la cueillette aux champs de fraises... Paloma se sent dans son élément dans cette cour de ferme. Elle a longtemps vécu à la campagne avec sa mère et même si elle adore l'animation de la ville grouillante de monde, la nature lui manque parfois un peu. Elle se tourne vers Kleman qui a le visage penché sur le programme, près du sien. Elle n'a aucune idée de s'il aime les animaux comme elle, si il part en vacances à la campagne, si il sait reconnaître les plantes aromatiques comme elle s'efforce de le faire. Elle lui pose une question, puis une autre et retombe dans son charmant babillage habituel.

      - Tu es déjà venu ici ? Peut-être que tu connaissais déjà le parc ? C'est vrai que certaines allée sont pas mal pour le patin, peut-être que ça irait pour le skate ? On pourrait essayer après si tu veux ! Moi, je m'entraîne, je dois gagner en vitesse. Je veux avoir le niveau pour faire du roller derby, même si ma mère n'est pas d'accord, elle trouve ça trop dangereux. Et toi, tu as déjà fait des compétitions ?

      Elle reporte son attention sur le programme. Comment choisir ? Elle fait un effort et limite son choix à deux options, puis elle s'adresse à Kleman :

      - Est-ce qu'il y a quelque chose qui te fait envie ? J'hésite entre donner à manger aux chevaux et observer la récolte du miel aux ruches. Tu veux bien choisir ? Dans les deux cas, ça ne commence pas avant trente minutes, on peut aller à l'enclos des chèvres en attendant !

      Elle se lève d'un bond et lui fait signe de la suivre avant de s'élancer à travers la cour, suivant les panneaux et empruntant le chemin caillouteux qui mène aux enclos. Elle prend de grandes inspirations, respirant avec plaisir les odeurs de la campagne, celles du foin fraîchement coupé, de la terre encore gorgée d'eau après la pluie, du compost déposé autour des plants au potager. Elle jette un œil en arrière et ralentit la cadence pour se trouver au niveau de Kleman.

      - Quand j'étais petite, nos seuls voisins étaient des agriculteurs. J'ai toujours vécu seule avec ma mère et je m'ennuyais sans frère ou sœur, alors j'allais voir les animaux. J'étais très contente quand on a déménagé en ville, d'enfin habiter à côté de mes amis, mais parfois ça me manque un peu. Et toi, tu as des frères ou sœurs ? Tu as toujours vécu ici ?

      Peut-être parce qu'ils ne sont plus au lycée, parce qu'il a accepté de la voir en dehors et que cela marque une évolution de leur relation, elle ose lui poser des questions plus personnelles. Depuis leur rencontre, elle lui demande sans cesse comment s'est passé son contrôle de grec, s'il préfère les haricots aux brocolis à la cantine, quelle chanson il a préféré parmi celles qu'elle lui a envoyé... Mais elle est restée à la surface de l'océan de questions qu'elle voudrait lui poser. Elle espère qu'un jour ils seront assez proches pour plonger au fond et lui demander pourquoi il est si solitaire, qu'est-ce qu'il pense sincèrement d'elle, et est-ce qu'il ressent aussi cette chaleur inhabituelle quand ils se voient.

      Arrivée à l'enclos, elle ouvre le portail, faisant attention à ce qu'aucune chèvre n'en profite pour sortir. Elles sont heureusement toutes occupées à faire des sauts autour des autres groupes de visiteurs. En voyant Kleman passer, elle remarque à quel point il n'a pas l'air dans son élément, fermement accroché à son skate qu'il tient sous le bras. Elle rit, parce que cela signifie qu'il fait un effort pour elle en venant jouer avec les chèvres avec elle, et c'est la chose la plus gentille du monde qu'on puisse faire pour elle. Elle dit avec des yeux brillants :

      - Je suis tellement contente que tu sois venu !

      Et elle referme le portail, prête à prendre autant de photos de bébés chèvres qu'elle jugera nécessaire.
      Kleman Dunn
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      Re: Let me jump in your game [Kleman/Paloma]


      Un rêve ? Il fallait pas pousser Héra dans les orties tout de même. Ça pouvait tout au mieux être un passe-temps sympathique. Disons que je n'en attendais pas grand chose. L'idée était de lui faire plaisir à elle, pas à moi. Alors, je me contentais de la suivre dans la cour principale à pas lents, le temps qu'elle crapahute sur le gravier boueux jusqu'à s'asseoir sur un banc près de l'accueil. À sa demande, j'entrais dans la bâtisse, lui laissant le soin de mon skate, pour y récupérer un programme. Bien que nous ne soyons pas en vacances scolaires, il y avait pas mal de monde déjà. J'avais dû attendre mon tour au comptoir derrière une femme d'une quarantaine d'années à l'air épuisé, mais enjoué.
      Elle était entourée de deux petits garçons en bermuda verts et d'une jeune fille stoïque qui devait avoir un peu plus que mon âge et clairement aucune envie d'être ici. Elle tentait vainement de retenir ses petits frères de courir partout pendant que sa mère discutait avec la femme de l'accueil. Je lui trouvais beaucoup de courage. Malgré son chignon défait, ses légères cernes et son stress évident, elle avait été d'une patience phénoménale avec ses petits derniers. Accroupie à leur hauteur, elle avait fini par leur tendre à chacun un plan du site pour les calmer, leur assurant qu'ils auraient droit à une glace en rentrant s'ils se tenaient bien et sages tout le long de la visite. Je m'étais surpris à sourire. Pas pour les enfants qui avaient mimé presque en même temps de fermer leur bouche à double tour, mais pour elle. Dire qu'ils n'auront sûrement jamais conscience de la chance qu'ils ont d'avoir une mère comme elle. C'était presque injuste pour tous les efforts qu'elle avait l'air de faire.
      Je les avais laissés sortir avant de moi-même récupérer un plan et le programme de la journée avec un timide remerciement.

      Dehors, je m'étais assis aux côtés de Paloma, ses bottes rouges criardes enfilées, qui trépignait d'impatience. Elle avait ouvert le dépliant sur ses genoux et s'extasiait à la moindre information. Je regardais passivement, jetant un œil par-dessus son épaule, incapable d'en lire facilement le contenu avec ma dyslexie, mais en un instant, ce ne fut plus suffisant. L'avalanche habituelle de ses questions me happait de nouveau. Et comme à chaque fois, je ne savais pas si je devais répondre à chacune d'elles. C'était tellement rapide que je n'avais pas le temps d'enregistrer ce qu'elle me disait et les premières questions disparaissaient déjà dans ma mémoire. J'y notais tout de même cette histoire de roller derby. Ce n'était pas courant et assez fascinant que ça lui plaise. Je ne m'y connaissais clairement pas assez pour comprendre pourquoi sa mère refusait de la laisser faire et quelque chose me disais que j'aurais été enchanté de l'entendre babiller sur le sujet.

      Mais elle était déjà repartie sur autre chose. Le nez replongé sur le programme comme si son cerveau pensait à mille et une choses à la fois et qu'il fallait qu'elle évacue ses pensées en mots pour faire de la place pour les suivantes. Moi qui étais d'un naturel posé et taciturne, je me demandais ce que ça pouvait être de se balader dans sa caboche au milieu de ce flot d'idées.

      Elle avait fini par me laisser le choix entre deux options. Honnêtement, je n'avais pas vraiment d'avis. Ni l'un ni l'autre ne me tentait plus que cela et, à vrai dire, je ne me posais pas la question de ce qui pouvait me faire plaisir. Elle en attendant était prête à faire toutes les activités sans exception si elle pouvait se dédoubler. Sans attendre, elle s'était levée d'un bond m'invitant à la suivre le long du chemin menant aux enclos et s'était mise à sautiller gaiement ses cheveux rebondissant sur sa capuche. Mon skate de nouveau sous le bras, je lui emboîtais le pas l'esprit rivé sur ce dilemme qu'il m'incombait de résoudre. Chevaux ? Miel ?

      《Je suis fils unique aussi. Et ouais, mon père n'a jamais déménagé après que ma mère soit partie. On n'est jamais allé plus loin que le bout du jardin, même pour les vacances. Mais je crois que je ferais le tour du monde un jour. Y a forcément des endroits plus beaux qu'ici sur cette fichue Terre. Et toi ? Tu as déjà pris l'avion ou visité un autre pays ?》

      Sa question m'avait surpris et ma réponse encore plus. J'avais lancé la mienne après une légère hésitation, une fois arrivés à l'enclos des chèvres. J'ignorais si c'était une bonne idée, mais j'avais répondu par réflexe sans vraiment réfléchir ou faire attention au fait que c'était la première question qu'elle me posait qui sortait du pack découverte superficielle qu'on adoptait tous au lycée. Après tout, n'était-ce pas la suite logique ? L'atmosphère légère et le fait que nous soyons pratiquement les seuls gamins de notre âge ici, y était pour beaucoup. Quelque chose en moi me poussait à lui faire plaisir, et si répondre à ses questions la rendait joyeuse alors je pouvais bien faire ça au moins pour aujourd'hui. J'étais bien conscient de lui mener la vie dure jusque-là, je lui devais bien ça. Je n'étais ni un connard, ni un monstre, et je n'avais pu résister ni à son rire ni aux étoiles qui avaient brillé dans ses yeux.

      J'en avais presque oublié sa première interrogation. Chevaux ou miel ? Je n'avais toujours aucune idée de quoi choisir. Alors j'avais fouillé au fond de l'une des poches de ma veste pour en sortir une pièce que je lançais en l'air prenant soin de ne pas la laisser tomber dans le foin qui tapissait l'enclos. Je préférais faire confiance au destin. Au moins, je ne pourrais pas me tromper.

      Lancer de dé

      《Que dirais-tu de commencer par les chevaux ?》 lui avais-je proposé en m'approchant d'elle et se faisant du petit groupe de chèvres. Celles-ci amusaient la galerie en effectuant des sauts de cabri parmi les visiteurs. Regardant Paloma sortir son téléphone portable, j'avais posé mon skate au sol en équilibre contre ma jambe.

      《Tu comptes tout photographier ?》

      Ma question était un peu idiote. Telle que je l'imaginais, je la voyais bien prendre chaque animal sous à peu près tous les angles possibles et inimaginables puis s'attaquer aux bâtiments, aux gens, même si ce n'est pas correct de photographier les personnes qu'on ne connait pas, et elle s'en prendrait pour finir aux brins d'herbe des pelouses et aux mousses foisonnantes sur les quelques places de parking improvisé. Elle serait même capable de recréer la ferme entière dans les moindres détails avec tout ce qu'elle aurait capturé.
      Cette idée me faisait rire si bien que je n'avais pas fait attention au poids étrange que je sentais sur ma jambe à répétition.

      Trop occupé à observer Paloma s'affairer, je n'avais pas remarqué les deux chevreaux qui avaient discrètement quitté le groupe pour s'approcher de nous. Intrigués, ils avaient d'abord reniflé mon skate avant que l'un d'eux se mette en tête de s'en servir comme tremplin pour sauter sans dessus dessous, fonçant dessus tête la première. Le deuxième moins joueur avait entreprit de grignoter le bord de ma planche usé par les mauvaises chutes, décidant sans mon accord de s'y faire les dents à ma plus grande stupeur.

      《Eh oh! Nan, ça va pas la tête ? C'est pas fait pour ça ! Lâche !》 m'étais-je écrié, essayant de ne pas élever la voix pour ne pas les effrayer.

      Trop hébété, je tentais maladroitement de lui faire lâcher prise en agitant la main devant son nez, hésitant à lui arracher sa prise de peur de lui faire mal. Mais bien décidé, à garder son nouveau jouet, l'autre bébé chèvre ripostait en me donnant des petits coups de ses petites cornes sur les doigts. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ça fait vraiment mal ces trucs-là ! Ce n'était vraiment pas l'idée de chercher à me faire remarquer, mais là, j'étais parti pour devenir l'attraction de cette matinée.
      Pitié sauve moi criaient silencieusement mes yeux en direction de ma photographe.
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        Re: Let me jump in your game [Kleman/Paloma]


        En entrant dans l'enclos des chèvres, Paloma enregistre toutes les informations que lui donne Kleman. Elle ne veut rien oublier. Elle a des questions, bien sûr – est-ce que sa mère est partie de la même façon que son père à elle est parti, un jour quand elle était encore toute petite, sans prévenir et sans laisser de trace – mais elle les garde pour elle, pour le moment. Elle sait bien qu'elle est exubérante, débordante, envahissante. C'est presque un petit miracle si Kleman, assailli par toutes ces questions, ne se referme pas comme une huître. Elle fait de son mieux, mais elle ne peut pas s'en empêcher, les mots lui viennent si facilement, comme s'ils ne demandaient qu'à s'échapper. Mais elle va faire un effort, elle ne veut pas l'effrayer en lui posant des questions inappropriées trop tôt. Alors elle ne fait pas de remarque et se contente de répondre :

        - J'ai passé mon enfance en Nouvelle-Zélande, on a déménagé ici il y a quelques années. Ma mère choisit souvent de bouger, je n'ai habité que dans deux pays mais elle, elle en a vu des dizaines ! Par contre, je ne sais pas pourquoi on s'est toujours installé à la campagne... ça ne fait que depuis cette année qu'on est à la ville. Mais ça me plaît, ça change !

        Sur ces mots, elle rejoint un groupe de petites chèvres et dégaine son téléphone portable pour les prendre en photo. Elle passe la main dans leur pelage dru, suit la courbe de leurs cornes du bout des doigts, essaie en vain d'en maintenir une en place pour la prendre en photo... Paloma s'amuse. Elle se retourne vers Kleman et lui dit :

        - D'accord, va pour les cheveux !

        Puis elle se concentre à nouveau sur les petits animaux bondissant autour d'elle. Sans quitter des yeux une grosse chèvre brune qui s'approche – elle arrache une poignée d'herbe qu'elle lui tend pour l’appâter – elle répondre distraitement à Kleman au sujet des photos :

        - Seulement les choses mignonnes.

        Un fois qu'elle s'est approchée, Paloma laisse prudemment la chèvre brune lui manger au creux de la main, qu'elle retire prestement dès que la poignée d'herbe a disparu, elle se méfie des coups de dents. Maintenant qu'elle mâche paisiblement à ses pieds, elle s'accroupit et tend son téléphone portable devant elle, veillant à ce que sa tête et celle de la chèvre soient toutes deux dans le champs. Au moment où elle baisse son téléphone, son regard tombe sur Kleman en face d'elle. Qu'est-ce qu'il fait, planté là, il ne joue pas avec les animaux ? Est-ce qu'il la regardait ? Mais très vite son attention est attirée par le mouvement au niveau de ses jambes. Il y a deux chevreaux autour de lui, l'un fait des bons et l'autre a entrepris de mordre avec beaucoup d'application son skate. Kleman a l'air de se réveiller, il s'exclame, surpris et un peu agacé, mais sans avoir l'air de savoir comment réagir.

        Il lui lance un appel au secours silencieux quand leurs regardes se croisent et elle rit de bon cœur. Le voir comme ça, si éloigné de son élément habituel, est si amusant : il a l'air vraiment déstabilisé par deux petites chèvres, ça créé un décalage complet avec l'image qu'il semble donner de lui d'habitude au lycée. Et ça lui fait tellement plaisir de le voir se laisser embarquer volontairement dans une situation pareille pour qu'ils passent un bon après-midi ensemble.

        Elle se relève mais ne range pas tout de suite son téléphone : elle le brandit à à nouveau et mitraille Kleman, pour être sûre d'obtenir la photo parfaite. C'est seulement après qu'elle le glisse dans la poche de son ciré et qu'elle s'avance vers lui, affichant un sourire absolument pas désolé. D'un geste vif, elle passe un bras sous l'un des chevreaux et le soulève. Mécontent de ne plus pouvoir donner des coups de ses petites cornes à l'adolescent, il gigote en tous sens et manque de s'échapper. Mais elle raffermit sa prise, elle n'en a pas pour longtemps, elle veut juste s'éloigner un peu... là, elle le lâche et lui donne une tape au derrière. Tout heureux d'être libéré, il bondit immédiatement et tout de suite attiré par un autre groupe, il s'élance vers eux. Elle recommence l'opération avec le second chevreau, bien que celui-ci lui donne du fil à retordre, refusant de lâcher le skate qu'il mordillait si vaillamment. Mais avec l'aide de Kleman, elle parvient à le détacher et l'envoie se balader un peu plus loin avec ses congénères. Puis elle lui fait signe et dit simplement :

        - Viens !

        Paloma fait le tour de l'enclos et trouve un coin un plus au calme, où seule une large chèvre est étalée dans la paille, l'air somnolant. Elle grimpe sur la barrière et une fois qu'elle est sûre de tenir, assise en équilibre sur la planche en bois, elle sort son téléphone et prend une photo du paysage qu'offre la ferme depuis ce point de vue. Sur son écran, elle voit la silhouette de Kleman qui la rejoint. Elle le suit du regard jusqu'à ce qu'il soit tout proche. Alors seulement elle baisse son appareil et il se tient là, près d'elle. Elle lui dit sans préambule :

        - Si je pouvais aller n'importe où sur terre, là, maintenant, j'irais au Mexique. C'est de là que vient ma mère mais on y est jamais allé. Et toi ? Puisque tu dis qu'il y a forcément des endroits plus beaux qu'ici sur cette Terre, tu irais où ?

        Elle s'était promis de ne plus jouer à l'Inquisition espagnole avec lui mais elle est trop curieuse, elle a toujours envie d'en savoir plus sur lui. Mais cette fois, elle fait un effort et attend sa réponse avant de déverser sur lui toutes les autres questions qui apparaissent sans cesse dans son imagination.
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        Re: Let me jump in your game [Kleman/Paloma]

        Ma sauveuse ? Tu parles. Elle perdait pas le nord la maligne et avait brandit son téléphone pour me mitrailler alors que je lui servais ma plus belle grimace, absolument pas satisfait de la situation. Enfin bon. Elle avait finit par me débarrasser des petits diables avec l'air le moins désolé au monde. Je n'aimais vraiment pas les photos. Ce n'était pas naturel dans ma famille de capturer des images de notre vie. Même ma mère n'avait pas le droit à un cadre sur la cheminée, ni photos de leur mariage planquées dans la cave. Pas la moindre trace si ce n'est les faire-parts écrits en lettres d'or que je conservais dans le tiroir de ma table de chevet. A vrai dire, j'ignorais totalement à quoi elle pouvait bien ressembler mis à part ce que m'en racontait mon père quand il n'était pas assez torché pour oublier ma présence. Mais "une vraie déesse" n'était pas une description suffisante pour me l'imaginer.
        J'avais toujours séché les journées de photo de classe, ou les fêtes de fin d'années organisées par l'école. Le plus dur à éviter restait le journal non-officiel du lycée mais là encore, il y avait toujours moyen de fuir les appareils photos ou de menacer le photographe. J'étais à peu près certain comme ça, que personne ne pourrait se rappeler de moi une fois loin, le Bac en poche. Pourtant là, d'une part je me voyais mal la menacer d'effacer ses clichés devant tout le monde, et de l'autre, quelque chose me disait de ne pas m'inquiéter, qu'elle n'en ferait rien, que ce n'était pas son genre.

        Après avoir relâché le deuxième chevrot, Paloma m'avait simplement fait signe de la suivre. Trop heureux de quitter le centre de l'attention générale, je l'avais suivis sans rechigner longeant les barrières de l'enclos. Un léger coup d'oeil m'avait permis de constater les dégâts de l'animal sur ma planche et, la chance était de mon côté, c'était à peine si on voyait les marques de ses petites quenottes sur le bois. J'y tenais vraiment beaucoup. Sans trop savoir pourquoi d'ailleurs. Mais j'en prenais toujours grand soin. Peut-être parce que c'était la seule véritable chose que je possédais légalement ? En tout cas, j'étais presque né dessus et je comptais bien finir ridé, gâteux et aigris avec lui. Je la rejoignais dans un coin de l'enclos, me méfiant tout de même de la maman chèvre qui donnait l'air de faire une petite sieste bien méritée entre deux ballots de paille, enfin débarrassée de ses petits. La surveillant du regard, je m'approchais de ma camarade qui s'était assise en équilibre sur les planches de la barrière, son téléphone brandit devant ses yeux.

        Ignorant si elle jouait encore les photographes en herbe, je me dépêchais quand même de sortir du cadre pour éviter une nouvelle salve. Je m'approchais de son perchoir pour en tester la solidité avant de passer par dessus, sortant de l'enclos. Sa question me titillait. J'avais furieusement envie de partir dans une tirade sur ce sujet qui me passionnait mais une petite voix dans ma tête me disait que céder maintenant lui donnerait peut-être l'illusion que j'étais quelqu'un d'assez bavard en définitive. Je ne voulais pas lui faire de faux espoirs. Je n'étais ni la meilleure compagnie qui soit, ni le pote idéal. Même si elle avait été persévérante au point de me faire venir jusqu'ici ces dernières semaines, ce n'était pas une journée à la ferme qui allait me faire changer d'avis sur les relations en général. Mais chaque chose en son temps j'imagine. Peut-être que viendra le moment de parler de tout ça. Pour l'instant elle me lançait sur un sujet qui éveillait instinctivement mon intérêt et je pouvais peut-être laisser libre cours à mes pensées.

        Je m'étais accoudé sur la planche qui lui servait de siège en ruminant ma réponse. Puis je me lançais.

        《 Quand j'étais petit, mon père m'avait acheté un livre pour mon anniversaire. C'était un énorme bouquin avec une couverture super rigide, le genre de livre que seuls les adultes achètent. Il était même trop grand pour rentrer dans mon étagère alors je le glissais sous mon lit. Il n'y avait pas beaucoup de texte alors je ne me suis jamais vraiment intéressé à l'histoire mais il y avait des photos. Des images d'endroits magnifiques. Tout d'abord, le plus près d'ici : au nord de l'Arizona. “The Wave”. Ça ressemble à une espèce de vague rocheuse striée aux couleurs du soleil. Enfait, c'étaient des eaux souterraines qui ont laissées des minéraux et des matériaux oxydants sculpter la pierre. On dirait une mer de sable rouge figée dans le temps comme si on pouvait se balader au cœur d'une tempête. Il faut aussi y voir l' "Antelope Canyon" mais surtout pas d'en haut ! C'est dans le lit de l'ancienne rivière que la magie opère. Si on reste aux états-unis, on a la Grand Prismatic Spring. C'est une source d'eau chaude dans le Midway Geyser Basin, au parc national de Yellowstone. Elle fait à peu près 75 mètres sur 90 et 49 mètres de profondeur si je me souviens bien. En moyenne, 2 000 litres d'eau à 85°C sont libérés chaque minute par la source, autant dire qu'on peut pas s'y baigner. L'eau est tellement pure qu'elle a une couleur bleue qui contraste avec le orange des côtes. C'était écrit que ce changement était provoqué par des bactéries qui vivent dans les nattes microbiennes sur les bords de la source, où la température de l'eau est suffisamment refroidie. Mais tu t'en fous et tu as bien raison.
        Bref, ensuite, on fait un tour à la corne de l'Afrique. Juste en face, pour être exact. C'est un petit archipel de l'océan indien du nom de Socotra où l'on trouve les arbres les plus surprenants. On les appelle les dragonniers parce qu'avant, on imaginait que leur résine était du sang de dragon. En réalité ils n'ont absolument rien en commun. Ils ressemblent juste à d'immenses parasols végétaux.
        Dans le sud-ouest de la Bolivie, on peut trouver le deuxième plus grand désert de sel. 12 000 km² environ. Le Salar de Uyuni. Je ne sais pas pourquoi mais ça m'a toujours fasciné ces gigantesques étendues nacrées mais peut-être que je serais déçu une fois sur place ? Y a pas grand chose à y faire.
        Pas comme en Turquie ! Non seulement pays merveilleux mais en plus, la nature y fait des choses vraiment bizarres. Par exemple, là-bas, depuis des milliers d'années, l'eau d'une source calcaire s'écoule depuis un rocher sur des petites plateformes qui, au fil du temps, se sont mises à ressembler à une seule et même chute d'eau blanche et rocheuse. Et elle est bonne ! Il paraît qu'elle est à 35°C toute l'année. Ça a donné son nom à la colline : Pamukkale signifie "château de coton" en turc.
        Y a pas mal de beaux endroits en Chine aussi. Rien que les rizières en terrasses du volcan Batukau.... Ah non merde ça c'est à Bali. Je me trompe. En Chine, il y a la plage rouge de Panjin ( c'est juste à cause d'une algue mais c'est fichtrement stylé même si on a pas le droit de s'y balader) et le Grand Bouddha de Leshan (sensé calmer les flots de la rivière Min).
        Mais mes préférés, même s'ils ne sont pas les plus impressionnants, sont liés à des mythes.
        Le premier se trouve en Irlande du Nord. La légende dit qu'un géant aurait voulu construire un chemin à travers la mer pour rejoindre l'Écosse et y affronter son ennemi, créant ainsi la Giant's Causeway à Bushmills, de plus de 40 000 colonnes de basalte. Le sentier fait de roches volcaniques se termine à Fingal's Cave, sur l'île de Staffia. C'était la première photo du livre. Sous un coucher de soleil on aurait dit que les pierres flottaient dans les nuages.
        Le deuxième est pour moi, la plus belle voie ferrée au monde. C'est à Klevan dans l'ouest de l'Ukraine. On dit que chaque couple qui traverse le "Tunnel de l'amour" en marchant peut faire un vœu. Si son amour est fort et sincère, le vœu se réalisera. Je crois qu'il est encore en activité. On s'y croirait tellement hors du temps et de l'espace comme si on entrait dans le monde de Narnia ou sur les abords de Foncdombe. 》



        Je marquais enfin une pause. Mal assuré, me demandant si je n'avais pas complètement perdu ma pauvre interlocutrice. Je n'osais pas même lever les yeux vers elle. Mon discours repassait en boucle dans ma tête. Ce que j'étais crétin. Elle n'avait pas demandé une encyclopédie sur patte. Et encore moins une encyclopédie approximative. J'avais tout appris par cœur après des heures de déchiffrage et d'arrachage de cheveux tard le soir n'aidant en rien les mots qui s'amusaient comme toujours à s'envoler de la feuille pour y danser la gigue. Je n'étais moi-même pas certain de mes chiffres ou de mes localisations. Et c'était quoi ces références bidon ? Impossible qu'elle connaisse. Les minutes qui allaient suivre s'annonçaient pesantes.

        《 Si je pouvais aller n'importe où sur Terre, je choisirai de me retrouver dans une montgolfière pour être libre et du sol et du temps. J'aurais tout le plaisir de visiter chacun de ses lieux à mon rythme (bon peut-être pas le Canyon) et je pourrais redécouvrir le monde sous un autre angle. Qui sait ? Peut-être n'est-il pas aussi déplaisant vu du dessus ?》

        Je me rongeais les lèvres. Décidément. Je parlais beaucoup trop. Je résistais à l'envie de grignoter nerveusement mes ongles en suppliant mentalement tous les dieux que je connaissais pour que Paloma ne me laisse pas dans ce silence gênant.
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          Re: Let me jump in your game [Kleman/Paloma]


          Paloma regarde distraitement les photos qu'elle a prises sur son portable. Kleman fait la grimace dessus, comme s'il n'attendait qu'une chose, pouvoir sortir du cadre et s'échapper. L'image d'un Kleman prisonnier de son écran, qu'elle pourrait balader dans sa poche pour l'emmener avec elle à sa guise, la fait sourire. Elle ne veut pas le capturer, non. Elle ne fait pas la chasse aux garçons étranges pour les épingler dans un album. Non, elle voudrait plutôt l'apprivoiser. Le convaincre de la rejoindre, l'encourager à venir avec elle de son plein gré.

          Aussi, elle le suit à peine du regard quand il passe de l'autre côté de l'enclos. Assise sur la barrière, elle sent son poids venir s'appuyer contre le bois mais ne le regarde pas. Une sorte de pudeur après l'avoir mitraillé. Et puis, elle veut lui laisser de l'espace pour répondre, ne pas l'effrayer avec un regard trop insistant.

          Elle ne sait pas trop à quoi elle s'attendait en lui posant cette question. Mais certainement pas à ça.

          Elle est d'abord surprise par ce flux de paroles. Chaque fois qu'elle a l'impression qu'il va s'arrêter, il repart de plus belle. Elle n'a jamais entendu Kleman parler autant d'une seule traite. Elle ne le pensait pas capable de s'exprimer comme ça. Et puis, elle se laisse peu à peu bercer par ses paroles. Elle ferme les yeux et elle imagine, enveloppée par le son de sa voix. Un livre à la couverture rigide, un de ceux qui l'intimident, à cause de ses problèmes en lecture qui la découragent de s'embarquer dans d'aussi gros bouquins. Elle voit les vagues minérales couleur ocre de The Wave, elle reconstitue le parc de Yellow Stone d'après ce qu'elle en sait. Elle sent l'ombre rafraîchissante des arbres de l'océan Indien sur sa peau, le craquement du sel dans un désert des Andes sous ses pieds, la chaleur d'une source chaude cascadant dans un paysage blanc en Turquie. Sous ses paupières fermées défilent des rizières en terrasse, des plages rouges et un Bouddha géant.

          Mais quand il évoque une légende irlandaise, ses sourcils se froncent. Elle l'a déjà entendue quelque part. Soudain, elle n'a plus besoin d'imaginer les colonnes de basalte car un souvenir lui revient : une des nombreuses photos de voyage de sa mère affichées dans l'entrée de leur maison, sa robe rouge contrastant avec le gris anthracite de la chaussée des géants. Il paraît que c'est son père qui a pris la photo. Il prenait toujours les photos, c'est pour ça qu'il n'est jamais dessus. Elle ouvre les yeux et se tourne vers lui, elle voudrait lui dire qu'elle le connaît, ce lieu-ci. Mais il n'a pas fini. Alors elle se contente de le regarder tandis qu'il mentionne son deuxième endroit préféré.

          Elle le regarde sans vraiment le voir car elle visualise une voix ferrée et, autour, elle imagine quelque chose à la hauteur de Narnia ou de Fondcombe... Ce sera les ruines végétales de l'île volante dans le château dans le ciel, le film japonais. Si elle espère aller en Ukraine pour de vrai un jour, elle ne s'imagine pas y aller avec un amoureux pour y faire un vœu. Elle ne se préoccupe pas vraiment de l'amour et de ces choses-là, contrairement à certains lycéens collés par paires comme des sangsues. Mais il y a la voix enveloppante de Kleman qui parle mieux qu'un conteur. Il est déjà présent dans ce paysage imaginaire, sur cette voie ferrée avec elle, et quelque part, ça lui va comme ça.

          Il s'arrête mais ne rencontre pas son regard. Paloma n'ose pas briser la magie, elle voudrait que ça continue et que ça ne s'arrête jamais. Kleman a donc le pouvoir de convoquer un globe terrestre magique par le pouvoir de sa voix et c'est avec elle qu'il a choisi de partager ce don. Elle se sent toute chose. Depuis qu'elle l'a rencontré, elle le pousse gentiment mais assurément à s'ouvrir un peu à elle. Les échanges de musique étaient déjà des petites victoires. Le convaincre de venir avec elle à la ferme pédagogique en était une grande. Mais là, c'était autre chose. Il a fait bien plus que de répondre à sa demande. Il lui a fait un magnifique cadeau. Il lui a offert le monde entier. De lui-même, sans qu'elle le pousse. Dans ce flottement pudique où ils ne se regardent pas directement, Paloma sent quelque chose pousser dans sa poitrine. Est-ce que c'est ça, l'amitié dont elle rêvait mais qu'elle ne réussissait jamais à construire à force de suivre sa mère dans ses déménagements ? Ou est-ce que c'est autre chose ? Elle ne saurait pas dire.

          Kleman reprend la parole et cette fois, il convoque une montgolfière. Paloma l'imagine orange. Parce que les machines volantes ont fait partie de ses innombrables lubies, elle a un modèle précis en tête, un peu ancien mais robuste. Elle embrasse le rêve de liberté que fait Kleman tout éveillé. Les mots lui échappent :

          - En tous cas, il n'est pas déplaisant en ta compagnie. Je pourrais venir ?

          Même elle qui si candide, elle se rend compte que c'est un peu niais comme truc à dire. Enfin, c'est dit, elle ne peut pas revenir en arrière. Elle continue.

          - Je ne connaissais pas tous ces endroits. Ma mère a beaucoup voyagé et je connais tous les endroits qu'elle a visité mais je ne sais pas pourquoi elle n'est jamais allée dans tous ces endroits cools. Elle est trop attirée par les campagnes où il ne se passe rien je trouve.

          Elle n'a pas d'anecdote passionnante à raconter, elle aimerait avoir autre chose à dire que de mentionner sans arrêt sa mère. Et elle ne parle pas aussi bien que lui, les mots dans sa bouche à elle paraissent immatures et maladroits. Mais ce n'est pas sa faute si elle n'a pas eu de vie trépidante ! Un peu gênée, elle sort son téléphone par réflexe, pour avoir quelque chose à faire. Son regard est attiré par l'heure.

          - C'est bientôt l'heure de l'atelier aux écuries, on y va ?


          Elle se tourne de l'autre côte de l'enclos et descend de sa barrière d'un saut. Maintenant qu'elle est du côté de Kleman, elle prend le chemin des écuries. Elle est encore un peu ivre de ses paroles. Elle veut à nouveau l'écouter. Est-ce que si elle lui pose une autre question, il recommencera son tour de magie ? Elle veut essayer. Elle veut lui poser toutes les questions du monde.

          - Tu as parlé de Narnia. Tu aimes bien les mondes imaginaires ?

          Voilà. Ils traversent le portique de la ferme, près de l'enclos. Ce n'est pas une ligne de chemin de fer magique en Ukraine, mais est-ce que son vœu d'écouter à nouveau ce Kleman merveilleux se réalisera ?
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          Re: Let me jump in your game [Kleman/Paloma]



          Sa proposition de venir me seconder dans ce tour du monde me prend de court. Qu'étais-je sensé répondre ? Si je la regardais je pourrais déchiffrer un indice dans ses yeux. Mais faire face à ses pupilles-feu follet donnerait un sens à tout cela. Je ne pourrais plus ignorer la question, faire semblant de ne pas l'avoir entendue. Et quel était le sens qu'elle y m'était ? Était-elle sérieuse ? Ou rentrait-elle dans le jeu imaginaire de ce voyage idyllique ? Voulait-elle la réalité aussi froide et pluvieuse que cette ville où je me savais condamné jusqu'à la fin de mes jours ? Ou voulait-elle un peu de rêve, de suppositions jetées en l'air sans arrière pensées, sans attente ?

          Et alors que j'agonisais intérieurement à trouver une réponse adéquate ma sauveuse vola de nouveau à mon secours, reprenant la parole. Avais-je trop longtemps hésité ? Était-elle déçue ? Ou n'avait-elle jamais rien attendu de moi ?

          Mais elle change de ton et sa voix à quelque chose de triste ou de mélancolique. Un grain étrange que je ne détermine pas mais qui me donne envie de la réconforter. Je ne sais pas ce qui la chagrine : sa mère ? Ses voyages ? La campagne ?

          J'ai envie de la rassurer, lui dire à quel point les campagnes où il ne se passe rien sont cools aussi. Que si sa mère a beaucoup voyagé mais n'est jamais allée visiter ces endroits, peut-être que cela peut devenir un objectif familial. Un super voyage mère-fille pour la changer de la campagne et que son visage n'ai plus l'air si frustré quand elle l'évoque. Qu'à sa place j'aurai donné cher pour ces villages vides et ces champs monotones.

          Mais je ne dis rien, les mots ne franchissent pas mes lèvres. Et la voilà qui saute du haut de son perchoir. C'est déjà l'heure ? Je n'aime pas ça, comme si mon monologue lui avait rappelé de mauvais souvenirs. Quelque chose qui avait fait baissé la lumière de son halo.

          Nous marchons en silence vers la partie de la ferme qui abrite les écuries. Je ne veux pas la brusquer. Si ce silence lui fait du bien alors je ne veux pas le briser. Je me contente d'observer son épaule, ses cheveux qui s'y promènent, juste devant moi.
          Derrière nous, les gens se mettent en route au fur et à mesure, remplissant l'espace sonore de bruits de gravier, de frottement de sable et de discussions enjouées. Distraitement je me branche sur la famille de l'accueil qui nous dépasse.
          Les deux gamins font des allers et retours en courant essayant de persuader leur sœur de presser le pas. Juste derrière leur mère n'a plus du tout l'air fatigué. Comme si elle avait eu droit à une seconde jeunesse, elle s'amuse à menacer de les attraper s'ils s'approchent trop près. Les chants de leurs rires sont interrompus temporairement par la voix de la jeune fille. Elle se plaind qu'ils lui fichent tous la honte et comme si elle l'avait sentit, son regard vient percuter le mien. Je décroche automatiquement tandis que Paloma m'interpelle.

          Elle à l'air d'avoir repris un peu son soleil habituel. Alors je tente quelque chose.

          《 Ouais, c'est toujours mieux que la réalité non ?》

          J'esquisse un sourire, espérant lui redonner pleinement sa lumière. Ce que je dis n'est pas si drôle mais je réponds honnêtement en essayant tout de même de ne pas plomber l'ambiance.

          Nous avons atteint l'espace dédié aux chevaux et un jeune homme d'une trentaine d'année nous interpelle. Nous devons nous regrouper pour qu'il puisse nous expliquer le programme. Les choses sérieuses commencent.


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            Re: Let me jump in your game [Kleman/Paloma]


            Kleman ne répond pas. Elle reprend son babillage. Qu'est-ce qu'elle espérait ? Une réponse immédiate et enthousiaste ? Un cri du cœur qui fasse écho au sien ? Elle commence à le connaître et elle devrait savoir pourtant qu'elle n'obtiendra probablement jamais rien de tout ça avec lui. C'était une question embarrassante à poser, c'était gênant de sa part d'espérer une réponse sincère, gorgée de familiarité et d'intimité, de la part de quelqu'un de taciturne et renfermé. Elle a dû le mettre dans une position inconfortable... Et pourtant, est-ce inopportun de se prendre à rêver au jour où leur amitié naissante aura atteint un degré de confiance et d'affection tel qu'il pourra lui répondre en toute honnêteté et sans hésiter ? Serait-ce cela, faire des plans sur la comète ?

            Elle y pense encore sur le chemin des écuries. Comment faire pour que son désir de fonder une amitié profonde avec ce garçon s'accomplisse ? Quel sésame lui ouvrira la porte de ses pensées intimes, quels mots le feront à nouveau sortir de sa coquille pour la faire voyager encore une fois dans son monde merveilleux dont il détient seul les arcanes ? Elle se raccroche à la mention qu'il a faite de Narnia. Elle se sent comme dans le premier Harry Potter, seule au milieu d'innombrables clés virevoltantes, se demandant laquelle sera la bonne. Elle lui pose la question sur les mondes imaginaires, pleine d'anticipation.

            Sous le portique de la ferme, il lui répond brièvement. Perdu, ce n'est pas ce qu'elle espérait. Pas de long monologue magique. Il lui faudra donc essayer les quelques milles autres clés pour trouver la bonne. Cependant, il a un léger sourire. Ce n'est pas rien, c'est déjà quelque chose. Quelque chose qui lui réchauffe le cœur, lui redonne du courage et de la confiance. Ils ont encore beaucoup de chemin à parcourir et elle ne sait pas trop si cette amitié naissante les mènera dans la direction qu'elle espère. Mais elle est tenace, elle s'accroche comme une moule et elle a décidé que Kleman serait son rocher.
            Selon lui, l'imaginaire serait meilleur que la réalité ?

            - Tu vas voir, la réalité ne t'a pas encore dévoilé tout ce qu'elle réserve de merveilleux. Mais heureusement pour toi, je suis là !

            Ils sont une quinzaine rassemblés devant les écuries. Il y a surtout des familles, des grands-parents avec leurs petits enfants, une mère seule et ses jumeaux, des frères et sœurs qui se courent après, et puis quelques membres de la ferme pédagogique. L'un d'eux, un homme coiffé d'une casquette, la trentaine, annonce le programme : pansage des chevaux puis promenade avec eux dans le parc. Il y en a six, ce qui correspond à peu près au nombre de famille présentes. Ils sont attachés à une rambarde en bois, grands et élancés, tous de robes différentes. Paloma ne les lâches pas du regard pendant les explications, qu'elle écoute distraitement, déjà familiarisée avec le soin aux animaux. C'est qu'elle en a repéré un qui a l'air très chouette, elle espère qu'ils vont tomber sur lui. Elle s'oblige à retourner son attention sur le moniteur quand celui-ci distribue les seaux en fer qui contiennent peignes et brosses, en rappelant l'ordre dans lequel il faut les utiliser. Elle passe le seau à Kleman et ferme ses poings, impatiente. Enfin, le moment de la répartition ! Le jeune homme désigne chaque groupe de visiteurs un à un et leur assigne un cheval. Défilent ainsi Cacahuète, Framboise, Tournicoti, Paprika... Quand arrive le tour du cheval brun qu'elle a retenu. Le moniteur a à peine le temps de dire "Courgette" que sa main file dans les airs, accompagnée d'un regard insistant et d'un sourire écrasant. Devant tant d'enthousiasme, il n'a pas d'autre choix que de leur confier Courgette. Il ajoute : "Après tout, c'est peut-être mieux de le confier à des plus grands, il est un peu irascible, faites attention."

            Toute excitée, Paloma bat des mains et sautille. Avec un geste impulsif, elle attrape le poignet de Kleman et le tire avec elle jusqu'à se retrouver face au cheval brun qui leur a été attribué. Celui-ci les regarde avec une mine patibulaire, pas vraiment étonné et franchement agacé. Elle lâche sa main pour désigner largement la créature et déclare avec emphase :

            - Je voulais qu'on ait celui-là car il a l'air aussi renfrogné que toi ! Il est mignon, n'est-ce pas ?

            Courgette lâche un souffle bruyant et peu engageant. Paloma sourit, rayonnante. La journée se passe à merveille.
            Kleman Dunn
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            Re: Let me jump in your game [Kleman/Paloma]



            "Je suis là" ?
            Cette promesse me fait peur. Je la trouve presque présomptueuse de la lancer à tout va. Mesure-t-elle seulement le poids de ces sons qui glissent entre ses lèvres sans le moindre obstacle ? Cette phrase aurait du me réchauffer le cœur, me faire sourire et envisager la suite de façon plus sereine. Pourtant rien ne me fait me questionner plus que ces trois petits mots.
            "Je suis là"... mais pour combien de temps ? Me faire découvrir une réalité plus heureuse c'est bien beau mais le restera-t-elle une fois que tu seras partie ?
            Je ne veux pas voler près du soleil aussi resplendissant et chaleureux soit-il. Je ne veux pas brûler des nouvelles ailes de papier. Je ne veux pas avoir la chance de voir le monde d'en haut, d'y découvrir les paillettes et les rubans multicolores si, lorsque la lune prend le relais, je perds cette légèreté pour retomber sur terre à l'aveugle, lourd, froid et vide de sens.

            Je préfère l'observer de loin ce phare dans la nuit. L'admirer, imaginer suivre cette lampe torche n'importe où, parcourir des kilomètres de route sous ses ailes de luciole mais uniquement dans mes rêves. Les rêves ne me déçoivent jamais.
            Alors je la regarde, oubliant totalement le programme, la petite foule tout autour et les instructions du moniteur. Je la regarde et je m'interroge comme chaque fois. Que cherche-t-elle réellement ? Je ne m'étais jamais posé la question mais il devait bien y avoir une raison pour que d'un coup elle décide de venir m'enquiquiner à chaque fin de cours. Voulait-elle sincèrement quelque chose ou simplement se gargariser d'avoir un nouveau jouet tout réparé à son tableau de chasse ?

            Je secoue discrètement la tête, essayant de dérider mon front inquiet. Peut-être ne dois-je pas être aussi méfiant, mais il faut avouer que ses motivations sont assez obscures et je ne peux m'empêcher d'être un peu suspicieux. Surtout face à de tels engagements. Non, non. Je m'emporte. Si ça se trouve pour elle, ces mots ne signifient rien. Ce n'est peut-être qu'une suite de lettres dont le sens est aussi creux que le seau qu'elle vient de lâcher entre mes mains.

            Un seau ? Mais que diable veut-elle que je fasse avec ça ? A l'intérieur se trouvent brosses et peignes à l'aspect bien trop rugueux pour être d'un quelconque confort pour ces pauvres canassons. D'ailleurs à quoi peuvent-ils bien ressembler ?

            Tout le long de ce qui ressemble à un enclos couvert plein de sable, six poneys sont attachés, dormant à moitié sur place. A première vue, ils ont l'air sympathiques ce qui me rassure légèrement. Le premier me tente bien. De son joli petit nom de Cacahuète, - collant parfaitement avec son pelage brun clair - il a l'air curieux, essayant de chatouiller les cheveux d'une petite fille accompagnée de son grand-père. Malheureusement, il se trouve attribué à un autre groupe, ravi de l'avoir.
            Bon tant pis. J'observe le deuxième qui ne bouge pas d'un poils. C'est le plus petit de la bande et sûrement le plus calme. Pas comme son voisin accaparé à ronger soigneusement la barrière à laquelle il est relié. Tout deux se retrouvent à se partager le plus grand groupe composé majoritairement d'enfants braillards.
            Mon regard se porte donc sur les deux suivants. Paprika ne semble pas apprécier son colocataire et lui dirige nonchalamment son arrière train. Et je le comprends. L'autre est un grand brun au regard vide. Comme si la simple idée de sortir de son box le fatiguait au plus haut point.
            Perdu dans mes pensées, je ricane en entendant son prénom. Courgette. Vraiment aucun effort. Tu m'étonnes qu'il fasse la tronche cette pauvre bête. A sa place je n'en ferais pas moins avec un prénom pareil. Et vu la remarque de l'employé de la ferme, je plains sincèrement ceux qui vont être obligés de se le coltiner.
            Je regarde le dernier que je suppose être le notre. Et franchement, il semble plutôt cool et pas prise de tête. Calme, d'une agréable couleur beige et d'un air assez câlin. Ça va être pas si mal cette séance de dada finalement.

            Paloma attrape mon poignet avant que le moniteur ne nous autorise à rejoindre le bout du peloton. Pris par surprise, je la suis avec un enthousiasme un peu plus modéré. Elle s'arrête devant... Courgette. Nan vraiment, ce nom je vais pas y arriver.
            Et avant que je ne puisse la corriger et nous diriger un cran plus loin vers notre cheval. Elle me coupe en désignant d'un large mouvement la bestiole franchement pas emballée d'être là.

            Aussi renfrogné... bon je peux l'admettre. Mais mignon ? Y a rien de mignon dans ce truc ! Avec ses yeux mauvais, son air flegmatique et sa crinière toute pleine de paille. Est-ce qu'elle vient vraiment de me clasher sans vergogne ?

            Je soupire... de concert avec le cheval ce qui achève de me faire grincer des dents. Je le foudrois du regard le menaçant mentalement ne serait-ce que d'oser me mener la vie dure aujourd'hui. J'avais manifestement tout autant envie que lui de faire cette balade alors il n'avait pas intérêt à ce que ça se passe mal entre nous. Solidarité des gens blasés oblige.

            Et pis merde, non je ne lui ressemble pas et c'est pas mignon!
            Je tends le seau à mon bourreau bouclé, spécifiant que je n'ai absolument rien écouté des consignes et que je n'ai jamais approché de cheval de ma vie.

            Par ailleurs, un petit tour d'horizon me fait dire que je ne dois pas être le seul. Le calme qui s'était quelque peu installé pendant la présentation avait vite laissé place à un brouhaha infernal. Je n'étais pas expert mais quelque chose me disait que ce n'était pas forcément ce qu'il y avait de mieux pour nos montures. Au milieu de la joyeuse cohue, le moniteur en casquette et gilet assortis aux couleurs de la ferme, semble boire la tasse dans cet océan de remontrances à faire. De toute évidence c'est la première fois qu'il fait cela. Peut-être un remplaçant. En tout cas, il peine à faire respecter le calme et les quelques règles qu'il rappelle en boucle. C'est drôle à voir. Il a l'air d'un apprenti musicien qui, incapable de jouer un air, souffle bien fort dans sa trompette dans l'espoir que, dans une minute, ça devienne de la musique.

            Au moins de notre côté, ce n'est ni la panique, ni la cacophonie. J'ai fait l'effort de m'approcher suffisamment pour retirer quelques brins de paille accrochés dans ses poils. Peu à peu tout le monde semble trouver un rythme et chacun s'affaire à frotter, gratter et chouchouter son bestiau. Avec un air espiègle, cela pique mon ego et mon esprit compétitif qui reprend le dessus.

            《Attend... Montre-moi comment faire. Faut qu'il soit nickel. Le plus propre de tous les canassons !》



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              Re: Let me jump in your game [Kleman/Paloma]

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