Margot éclata de rire et des papillons s’envolèrent dans l’estomac de Kidaria. Elle ne pouvait empêcher un sourire béat de se dessiner sur ses lèvres, bien trop charmée par ce son spontané et si agréable. C’était comme si, d’un coup, tout avait changé. Adieu le rôle de centurion, la mémoire oubliée ou quoique ce soit d’autre. Kidaria n’aspirait qu’à une chose : faire éclater Margot de rire, encore et encore. Puis Margot se pencha un peu plus en avant et les papillons redoublèrent d’intensité. T’essaies de me draguer maintenant ? Instinctivement, Kidaria se mordit la lèvre. Est-ce que c’est qu’elle faisait ? Est-ce qu’elle le voulait ? Mais surtout… Est-ce que Margot voulait ?

La main de Margot se glissa dans la sienne et toutes les questions que Kidaria se posait s’envolèrent. Il n’y avait que Margot. Et si on retournait ensemble au Camp Jupiter ? Oui. Oui à tout. Margot aurait pu lui demander de fuir à l’autre bout de pays, se teindre les cheveux en vert, faire le poirier, le corps entier de Kidaria hurlait oui, oui, oui.

Je te promets de rester à tes côtés aussi longtemps qu’il le faudra, et de te présenter la Nouvelle Rome comme si c’était ta première fois. On mangera une glace quand il fera chaud tout en écoutant ces musiciens qui viennent jouer sur la grande place. Kidaria avait le regard qui pétillait. Margot semblait si enthousiaste et c’était contagieux. Kidaria n’avait aucune idée de si elle avait aimé les glaces ou si elle avait aimé la musique qui faisait danser la grande place à une époque, mais c’était soudainement devenu ses activités préférées.

Un apprenti-jardinier passa à ce moment près d’elle et les jeunes filles durent contenir leur joie. Kidaria se racla la gorge, tentent tant bien que mal de reprendre une allure plus sérieuse, à l’image de ce qu’on lui avait dit sur les romains, mais ne put empêcher un demi-sourire quand elle vit Margot faire de même. La situation était ridicule mais rien ne faisait battre son cœur plus vite. Alors que son amie fixait le jardinier avec un air détaché, Kidaria, elle, fixait son amie avec des étoiles dans les yeux.

Une fois le pensionnaire hors du champs de vision, Margot explosa de nouveau de rire et les battements du cœur de Kidaria ne firent que s’accélérer davantage. Existait-il sur cette terre plus beau paysage et plus belle sonorité que ce que Margot lui offrait à cet instant ? Une voix lui soufflait que non, même si elle traversait l’intégralité du globe, il n’y aurait jamais mieux que Margot. Ce fut donc avec un sourire toujours béat que Kidaria se laissa guider par Margot jusqu’à la Grande Maison. Le monde aurait pu s’écrouler que la jeune fille n’en aurait rien eu à faire. Tant qu’elle était avec Margot, plus rien ne comptait.