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Hands full of flowers [Roman/Cass]
 :: Camp Jupiter et Nouvelle-Rome :: Le Champ de Mars
Cassandre Torrance
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Hands full of flowers [Roman/Cass]



Mardi.
Les mardis étaient les journées les plus épuisantes, mais également les plus satisfaisantes. Les mardis étaient les jours de la semaine où Cassandre passait le plus de temps en compagnie des autres légionnaires du Camp Jupiter.

Réveil à 6 heures pour avoir le temps de filer en douce au Mess sans éveiller les autres demi-dieux de sa caserne et profiter de l’air frais matinal, des tous premiers rayons de soleil, du chant des oiseaux et de l’ambiance ville fantôme du camp. Les étapes toujours dans le même ordre : le thé noir sans sucre, les tartines de pain de seigle sans levain, l’avocat écrasé à la fourchette dans un petit de jus de citron. S’asseoir toujours à la même place, retirer ses chaussures enfilées sans faire les lacets et replier ses jambes en tailleur contre sa poitrine pour ne pas perdre la chaleur de sa nuit. S’accorder un peu de temps pour ne penser à rien en observant le monde.
Mais pas trop non plus, à 7 heures, il faut déjà s’échapper dès les premiers arrivants et s’éclipser à nouveau dans sa chambre. Certains y voient du luxe dans le placard à balais qu’il a obtenu pour lui tout seul, ou du favoritisme. Seuls les membres de sa cohorte n’y voient que le minimum requis pour qu’il ne ruine pas l’entièreté de leurs nuits. Il y fuit les salutations et les grommellements de ses camarades, tête baissée comme un voleur. 7 heures 10. Il peut cocher les premières étapes de sa routine sur son tableau blanc, tarder à refermer le bouchon de son velleda juste pour inspirer l’odeur. Prochaine étape, se laver les dents et s’habiller. Malgré les apparences, il s’agit de l’étape la plus difficile. Il a choisi ses vêtements la veille pour ne pas avoir à se poser la question le matin. Il inspire un grand coup, ses affaires serrées contre lui dans ses bras, devant la porte de la salle de bain commune. À cette heure-là, personne, heureusement. Il suffit de se faire à l’idée de ce qu’il va arriver et tout ira bien. 7 heures 30, il y entre. 8 heures, il est prêt. Son manteau de laine sur le dos, le sac passé en bandoulière, il est planté devant l’entrée du baraquement de la deuxième cohorte, ne reste plus qu’à attendre patiemment qu'Olive et les autres terminent de se préparer pour qu’elle puisse les emmener à l’entraînement.

Habituellement, le groupe passe devant le baraquement de la troisième cohorte pour y récupérer les légionnaires qui partagent le créneau du matin. Habituellement, Atem et Maddox les attendent de pied ferme tout sourire et, malgré lui, Cassandre les imite depuis l’arrière du peloton. Habituellement, tous leurs légionnaires se fondent à leur groupe avec force de conversations et de rires. Ce mardi-là, ils ne sont pas tous là. Rien d’alarmant, juste un peu étrange.
Les mardis, les entraînements sont divisés en deux groupes : offensifs et défensifs. Cassandre s’est fait à l’idée qu’il était impossible pour les centurions de proposer exactement toujours la même chose ou que lui ne rejoigne toujours que le même groupe. Cela fait sens, il serait dangereux de n’aiguiser qu’un seul de ces outils.
Ce mardi-là, il rejoint le groupe défensif, une bonne chose puisqu’il s’y sent plus à l’aise bien qu’il n’ait pas à rougir de véritables faiblesses en attaque. Ce mardi-là, le légionnaire manquant à l’appel n’a pas non plus disparu, juste en avance. Rien qui ne justifie de s’inquiéter, juste un peu bizarre.
Les mardis défensifs sont de grosses session qui épuisent Cassandre. Olive exige qu’il travaille en priorité sur ses pouvoirs, concentrer son esprit si fort pendant si longtemps pour créer l’illusion que le terrain d’entraînement est vide de tout guerrier avec sa Brume pour donner suffisamment de temps à son équipe pour s’organiser et lui offrir l’avantage de la surprise lorsque le groupe adverse franchira son mur imaginaire et brisera l’illusion. Ces mardis-là sont de rares moments où Cassandre se sent utile et intégré aux autres légionnaires de sa cohorte. On lui donne un objectif précis et l’espace de le réaliser du mieux qu’il le peut, et surtout, on le félicite lorsque la simulation cesse. L’autre groupe le considère comme de la triche, le sien comme un atout indispensable et cette idée est plus savoureuse que l’ambroisie. Il rayonne au sens propre du terme dans sa nébuleuse teintée d’un jaune plus pétant qu’Apollon-même. Le jeu en vaut la chandelle comme ils disent, ou du moins ce sentiment vaut le contre-coup qui lui sciera les jambes dans plusieurs heures.

Ce mardi-là, le légionnaire en avance ne joue pas vraiment le jeu, ses couleurs à lui ont changé depuis qu’il est revenu. Les halos mauve et azur que Cassandre visualisait autour de sa silhouette quelques mois auparavant sont maintenant ternes et gras. Peut-être quelque chose de suspect, sûrement vraiment louche. 11 heures et demie. L’entrainement est terminé. Le nuage qui entoure Cassandre se teinte de bulles d’un violet très rosé et de gris pâle. À midi, ils doivent tous avoir rejoint le Mess pour le déjeuner. Cassandre devrait s’éclipser à nouveau pour les devancer, récupérer un plateau léger et retourner dans sa chambre pour manger avant d’enchaîner avec l’après-midi des mardis destiné à l’aide apportée à l’infirmerie suivie de ses cours du soir à l’université. Mais Cassandre reste immobile au milieu du terrain d’entraînement, le cerveau déjà fort épuisé d’avoir tant travaillé. Prendre une décision à ce moment relève du défi herculéen. Ses camarades de cohorte seraient les premiers à déconseiller le descendant de Trivia pour ceux qui cherchent une épaule sur laquelle se reposer. Mais son empathie ne tient pas entièrement du mythe et c’est elle qui le fait s’approcher maladroitement du légionnaire absent.

« Bonjour Roman. Tu as changé. Tu étais en avance aujourd’hui, c’est différent de d’habitude. Je t’apprécie bien alors je viens demander si tu vas bien.Mais pas ça va ? comme les autres qui n'attendent pas vraiment la réponse. Un ça va ? parce que … je pen-pense que… que ça ne va pas comme d’habitude. Voilà. Et si c’est parce que tu préfères qu’on aille plus aux entraînements des mardis ensemble et que tu veux y aller en avance tout seul à chaque fois, ce n’est pas grave. Ou on peut y aller en avance tous les deux si tu veux. »



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Re: Hands full of flowers [Roman/Cass]

Je ne trouvais plus le sommeil. Somnus, mon grand-père, m’avait abandonné pour de bon, et d’ailleurs ce n’était pas le seul. En tant que fils du dieu des rêves on aurait pu croire que j’étais insensible à la fatigue pourtant, croyez-moi ou non, j’en souffrais bien plus que n’importe quel être. La fatigue c’était ce que je craignais le plus. Bien plus que la mort, l’insomnie était une torture que seul un dieu aussi cruel que Somnus pouvait infliger. Manquer de sommeil c’est voir le temps s’écouler, minute par minute, sans jamais pouvoir rien y faire. Vivre la réalité atroce du monde sans jamais pouvoir s’en évader. Bref, être prisonnier de sa propre existence. Malgré tout, je persévérais à croire que j’arrivais à garder toute ma tête en voyageant dans les rêves des autres. Vous savez comme ceux qui vivent par procuration en faisant tout comme une ou plusieurs personnes. En épiant leur vie et la copiant détails par détails. Pourtant, contrairement à eux, je ne pouvais me satisfaire de ça.

Ce matin-là, la brume enveloppait le camp d’un duveteux manteau. L’obscurité régnait encore sur le plateau car Dies, l’aube peinait à sortir de son lit. La nuit n’avait pourtant que trop durée. Assis sur le bord de mon lit, je contemplais l’image de mon corps nu dans le miroir. La fine couche de chaire qui recouvrait mes muscles et mes os était presque translucide à la lumière de la lune qui caressait mon torse. Je me suis habillé : un simple survêtement, un hoodie noir et une casquette pour couvrir le manque de soin que je prenais à entretenir mes cheveux. J’ai enfilé ma paire de basket que j’utilisais pour les entraînements et je suis sortis courir. Le camp défilait dans ma course effrénée mais je ne voyais rien que mes pensées et mes peines que je tentais d’abandonner dans l’effort monstrueux que je faisais subir à mon corps. Lorsque, éprouvé, mon corps m’a lâché je me suis effondré non-loin du terrain d’entraînement. C’est là que je me suis souvenu : mardi, entraînement.
Les jours étaient devenus similaires si bien que j’avais fini par en oublier mon emploi du temps, bafouant la légendaire discipline routinière de ce camp infernal. Je n’allais quasiment plus à aucune activités ; parce que ça me sortait de l'esprit la plupart du temps ou qu’il s’agissait de côtoyer mes coéquipiers. A priori, on me le pardonnait. Personne ne semblait réellement s’en inquiéter et ça me convenait bien comme ça. Je pouvais entendre les cohortes deux et trois arrivées au loin. C’était raté pour manquer encore une fois.

Comment vous dire que je n’avais aucun envie de produire des efforts. Mes camarades de la troisième cohorte se sont réjouis de me voir. Pas moi. J’ai feins le plaisir partager une milliseconde avant de m’éloigner pour m’isoler. On m’a demandé de rejoindre l’équipe de défense, je me suis retrouvé avec plusieurs autres camarades dont je connaissais plus ou moins le visage. Ils m’ont tous demandés d’utiliser mon pouvoir onirique que j’avais déjà eu l’occasion de mettre en oeuvre auparavant lors d’entrainements. J’ai dit que je n’étais pas très en forme aujourd’hui et que l’inspiration m’avait un peu abandonnée. C’était vraiment et en même temps, je détestais ce genre de jeux. À quoi bon après tout. Est-ce utile de savoir fabriquer un rêve éveillé lorsque la vie de tout un chacun est déjà bercé de faux espoirs ? Faut-il leur donner de nouvelles désillusions ? À quoi bon, nous qui sommes destinés à mourir. Les rêves n’ont plus de sens pour nous qui ne sommes que de la chaire à canon. Se défendre, nous défendre, vous défendre, c’est bon pour ceux qui pensent qu’il y a encore un espoir que nous puissions survivre. Avant l’heure de fin de l’entrainement j’avais déjà fuis pour lire dans mon coin. Personne ne s’en était aperçu puisque j’avais utilisé ce pouvoir qui leur tenait tant à coeur pour les tromper. Jusqu’à la fin plus personne ne m’a embêté.

« Bonjour Roman. Tu as changé. Tu étais en avance aujourd’hui, c’est différent de d’habitude. Je t’apprécie bien alors je viens demander si tu vas bien.Mais pas ça va ? comme les autres qui n'attendent pas vraiment la réponse. Un ça va ? parce que … je pen-pense que… que ça ne va pas comme d’habitude. Voilà. Et si c’est parce que tu préfères qu’on aille plus aux entraînements des mardis ensemble et que tu veux y aller en avance tout seul à chaque fois, ce n’est pas grave. Ou on peut y aller en avance tous les deux si tu veux. »

Puis sans crier garde, il y a eu ce garçon. Il s’est approché et m’a absorbé dans son flot de paroles sans que je ne m’en aperçoive. Cassandre. C’était ça son nom. Je suis resté hébété devant lui sans trouver de réponse à lui donner qu’un :

« Salut à toi aussi »

Qu’est-ce qu’il avait dit déjà ? « Ça ne va pas comme d’habitude » bien sûr que ça n’allait plus comme d’habitude. Plus rien ne ressemblait à ce que j’ai connu ici. Cet endroit avait perdu sa superbe depuis que j’étais revenu. Que pouvais-je faire pour cela ? Rien d’autre que prétendre que rien n’avait changé pour ceux qui persistaient à rêver. Je ne voulais pas qu’eux aussi perdent leurs rêves. Qu’ils aient à subir le monde comme j’avais eu à le faire. Alors j’ai souris après quelques secondes d’hésitations, lui servant mon discours habituel:

« Ça va, pas de panique. J’ai juste pas très bien dormi cette nuit. C’est sûrement le temps de me réhabituer au camp. Tu sais ça fait beaucoup de changements d’un coup. Merci de t’inquiéter pour moi. »

Parfois, moi aussi je croyais en mon propre mensonge. Un jour, peut-être que ça ira de nouveau  « comme d’habitude ».  
Cassandre Torrance
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Re: Hands full of flowers [Roman/Cass]



« Salut à toi aussi »

Mince, il l’a dérangé. Les doigts de Cassandre rampent dans ses poches pour y trouver le confort rassurant du bois. Mince. mince. Comme si elles souhaitaient le faire disparaître et que cette interaction avorte, les volutes de Brume s’enroulent autour de ses chevilles, de ses cuisses et engloutissent les épaules de son manteau jusqu’à lui manger les oreilles, de pulsations d’un vert sombre et profond. Elles susurrent discrètement les mots qu’il aurait dû prononcer, les phrases moins directes qui ne viennent que maintenant effleurer ses pensées, elles caressent ses tympans avec malice pour alimenter les étincelles de culpabilité qui germent déjà dans son estomac.

« Ça va, pas de panique. J’ai juste pas très bien dormi cette nuit. C’est sûrement le temps de me réhabituer au camp. Tu sais ça fait beaucoup de changements d’un coup. Merci de t’inquiéter pour moi. »

Cassandre ne résiste pas à la démangeaison et arrache ces bourdonnements d’un revers de manche dans ses cheveux. La seule idée qui échappe à son sursaut s’accroche à son col tandis que Roman sourit sans ses yeux, ni ses pommettes. L’enfant de Trivia résiste à l’envie d’attraper la main du jeune homme juste pour voir si cette idée est juste. Un frisson lui parcourt l’échine en imaginant leur contact et sa bouche prend le relais faute de mieux.

« Je ne suis pas paniqué. Un peu stressé, certes, mais c’est parce que je ne suis pas doué pour parler avec d’autres personnes et que je ne veux pas rater cette conversation-là. Mais je ne suis pas en train de paniquer. Et je ne suis pas inquiet non plus. Je veux juste dire qu’il y a quelque chose de différent chez toi. Je ne sais pas quoi, mais c’est différent. Tes couleurs ont changé. Et je comprends ce que tu veux dire, je n’aime pas les changements non plus. C’est pour ça que je suis venu te voir. Mais tu es pas obligé de sourire si tu n’en as pas envie, contrairement aux autres gens d’ici, ça m’est égal si tu n’en as pas envie. Je trouve ça mieux de ne pas faire semblant, ça évite que les gens comprennent de travers. »

Rompant d’un coup sec le contact avec le nez de Roman, les yeux de Cassandre viennent chercher le cadran de sa montre cachée au creux de son poignet gauche. 11 heures 51. Le nuage de sa Brume, en grande traîtresse de ses pensées les plus intimes et les plus futiles, s’agglutine dans le dos du légionnaire aux boucles blondes et se modèle lentement comme une vieille télévision cathodique. L’image n’est pas belle, pas bien définie, aux couleurs inadéquates, instables. Dans son dos, le Cassandre de ses pensées raye d’un trait soigneux la ligne du déjeuner sur son planning mental. Plus le temps. Tant pis. Dommage. Pas faim de toute façon. Faudra-t-il rattraper ça plus tard ? Pas de place dans l’emploi du temps. Ce soir, pas grave. Pas grave ? Pas important. Plus le temps. Plan B ? Y a un plan B ? Pas prévu de plan B. Pas bon ça.



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Re: Hands full of flowers [Roman/Cass]

Le pouvoir de Cassandre était troublant. Il ouvrait la voie à une lecture pleine et complète de son âme. J’étais habitué à ça avec les rêves, pourtant, lui il modelait involontairement sa réalité de couleurs qui trahissaient ses pensées les plus intimes. L’incompréhension avait été remplacée par une sorte d’admiration qui m’incommodait. J’éprouvais de l’empathie pour ce garçon qui avait comme moi à subir le fardeau de son ascendance. La responsabilité d’un tel pouvoir devait être une expérience horrible que je ne pouvais m’imaginer subir. Si le mien m’obligeait à affronter la triste réalité des autres, j’avais la chance de pouvoir dissimuler qui j’étais. Plus que ça, j’avais fait le choix de m’effacer au profit des autres parce que c’était ce à quoi étaient destinés les rêves. Ils n’avaient pas d’existences propres, n’existaient que pour les autres jusqu’au jour où il sera oublié.  Je pense que c’est pour cela que mon père n’a pas de forme ; parce qu’il n’existe pas pour lui-même. Il n’est que ce que les autres ont décidés pour lui.

C’est aussi pour cette raison que j’admirais Cassandre à ce moment même. Malgré la malediction de son ascendance qui le privait d’intimité, il réussissait à exister.

« Je ne suis pas paniqué. Un peu stressé, certes, mais c’est parce que je ne suis pas doué pour parler avec d’autres personnes et que je ne veux pas rater cette conversation-là. Mais je ne suis pas en train de paniquer. Et je ne suis pas inquiet non plus. Je veux juste dire qu’il y a quelque chose de différent chez toi. Je ne sais pas quoi, mais c’est différent. Tes couleurs ont changé. Et je comprends ce que tu veux dire, je n’aime pas les changements non plus. C’est pour ça que je suis venu te voir. Mais tu es pas obligé de sourire si tu n’en as pas envie, contrairement aux autres gens d’ici, ça m’est égal si tu n’en as pas envie. Je trouve ça mieux de ne pas faire semblant, ça évite que les gens comprennent de travers. »

« Personne n’est doué pour parler aux autres. C’est sûrement le plus difficile des exercices qui existe dans ce monde. ».

Je le pensais vraiment, malgré le fait que j’avais visiblement bien plus de facilités que lui à ce jeu. Mon empathie pour ce garçon grandissait de plus en plus. Quoi de plus difficile de parler avec d’autres personnes lorsqu’ils savent déjà tout ce que tu penses. Quoi de plus difficile de parler sans pouvoir mentir. Quand on ment, on se protège soi-même et pas la personne qui est en face de nous. On ment parce qu’on a du mal à affronter soi-même la vérité. Ceux qui disent le contraire sont des menteurs parce qu’un mensonge est plus difficile à entendre qu’une vérité mais plus facile à dire que la vérité. Lorsqu’on commence à mentir, on se perd soi-même dans sa propre vérité. Est-ce que cette vérité est-elle bien celle qu’on a envie d’avoir ? Où est-ce plutôt le mensonge qu’on envie ? On ment parce qu’on est perdu. C’est pour ça qu’on dit « se perde dans son mensonge ». À partir du moment où on ment, on est perdu. On perd la vérité et la confiance qu’on nous apporte. Tout le monde ment parce que tout le monde aimerait vivre une autre réalité que celle dans laquelle il se trouve.

Pourtant, Cassandre, si tu restes, ne te méprends pas, je continuerai à te mentir. Me retrouver dans une autre réalité, le temps d’un instant. Loin de celle où je suis né parce qu’à chaque fois que j’essaye de vivre cette vérité, je ne m’y retrouve pas.

« J’ai changé. Tout le monde change sans cesse. C’est vrai. Je pense que c’est l’une des seules réalités sur laquelle on peut encore s’appuyer. Est-ce pour le mieux ou le pire ? Je n’en ai pas la moindre idée… »

J’étais plutôt lent à parler. J’aimais prendre mon temps. Cassandre lui était stressé et l’effluve de ses émotions me faisaient ressentir une certaine pression. Quoi de plus Romain qu’un légionnaire à cheval sur son emploi du temps. Ça m’a fait un peu sourire de voir qu’il paniquait à l’idée de louper le déjeuner. J’étais pris de sympathie.

« Tu veux aller déjeuner ? »

Je n’étais pas certain d’avoir très faim mais ça m’évitait plus d’anxiété de sa part. J’avoue que ça faisait un moment que je ne me montrais plus en public. J’allais où mes obligations me forçaient, bien sûr, mais pas plus.
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Re: Hands full of flowers [Roman/Cass]



Un autre jour que le mardi, rien ne l’aurait dérangé. Non, c’est faux. Juste un peu moins dérangé. Parce qu’il est 11 heures 58 et que le légionnaire mauve et azur mais terne parle lentement. Comme si chacun de ses mots tombait à l’infini dans la terre et qu’il attendait de ne plus pouvoir le discerner pour laisser le suivant glisser dans le précipice. Comme s’ils pesaient bien plus lourd que ce qu’ils ne laissaient paraître ou qu’ils étaient bien plus précieux. Et qu’il fallait les observer à la lumière du soleil tels des joyaux délicats, les manipuler prudemment un à un de peur que la vitesse ne les entrechoque, ne les fissure, ne les brise et lui avec.
Mais Cassandre est un enfant face au maître bijoutier. Il trépigne d’impatience. Non pas que les reflets de ces trésors ne l’émerveillent pas, mais il préfère se nourrir de la fascination qui se peint sur le visage de l’artisan à chaque nouveau diamant et se consume lorsqu’elle se fane jusqu’à ce que la suivante la remplace. Par moments, il se peine de ne pas voir l’éclat dans les yeux de Roman lorsqu’il lui présente ses propres trésors. Des verres polis de bouteille, des morceaux de faïence, des galets, ramassés sur la plage, empruntés à d’autres, tout sauf resplendissants. L’envie lui serre un instant le bras devant les rubis et les émeraudes de Roman puis le relâche sèchement, chassée par l’habitude. Ses breloques ne seront sans doute jamais les parures de Roman, l’étincelle dans ses yeux ne s’éveillera sans doute jamais dans les siens, mais il pourrait continuer à regarder ce jeune homme parler et se contenter de lui offrir en retour ses mosaïques gauches et bigarrées.
Cependant, l’artiste se perd dans sa contemplation et l’enfant dans ses couleurs. L’un face à l’autre, ils pourraient être dans deux mondes inverses. Séparés d’une mince ligne de terre et de sable, l’un assit son livre à la main, l’autre debout les mains agitées dans les poches de son manteau. Ils pourraient être à des lieues l’un de l’autre ou l’autre de l’un. Comme si rien qu’un fin lien de soie les reliaient à ce assit et à ce debout, à ce face à face, à ce 11 heures 58.

« Tu veux aller déjeuner? »

La proposition est soudaine. D’un coup, les fils de soie les ramènent au sol. Cassandre trébuche dans ses pensées qui deviennent des mots dans sa Brume. Il n’a pas vraiment répondu. Ses mots joyaux ne disent pas tout. Ils brillent et reflètent le soleil sans montrer leur couleur. A-t-il dit quelque chose de mal ? Peut-être, lui, ne voulait-il pas être dérangé ? Peut-être avait-il trop envie de le déranger ? Besoin ? Comme lui le dérange ? Pourquoi l’inviter à manger ? A-t-il lu dans sa Brume ? Il ne doit pas faire attention. Si, fait attention. Pas important. Il faut être honnête pour les gens qu’on apprécie.

« C’est gentil de ta part de le proposer, mais j’ai déjà dépassé l’heure. Je ne peux plus aller manger, à moins d’attendre ce soir. Je n’ai pas le droit de manger avec les autres : je fais trop de bruit, je prends trop de place et je n’aime pas déranger mes amis. » Camarades. Collègues. Je ne sais pas. Ce n’est pas grave. C’est son choix. Ne pas parler à Roman et suivre le planning. Pas de regret. Assumer. Penser à prévoir quelque chose à la caserne pour la prochaine fois. Le prochain mardi. La prochaine fois qu’il choisira de parler à Roman plutôt que de manger. Plan B.



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Re: Hands full of flowers [Roman/Cass]

«  C’est gentil de ta part de le proposer, mais j’ai déjà dépassé l’heure. Je ne peux plus aller manger, à moins d’attendre ce soir. Je n’ai pas le droit de manger avec les autres : je fais trop de bruit, je prends trop de place et je n’aime pas déranger mes amis. »

« S’ils te traitent de la sorte alors ce ne sont pas tes amis. » avais-je répondu sur un ton sec.

J’avais tendance à être trop sec avec ceux que j’avais envie de protéger. C’était plus fort que moi, j’avais l’impression qu’avec ça, ils deviendraient plus fort. C’est en prenant des coups qu’on devient plus fort, non ? Ça avait marché pour moi. Pourtant on dit aussi qu'il vaut mieux élever son langage plutôt que la voix car c’est la pluie qui fait pousser les fleurs, pas le tonnerre. Il y a de cela quelques instants j’ignorais presque son existence pourtant parmi tant d’autres légionnaires, Cassandre s’était préoccupé de mon sort. C’était sûrement le premier depuis mon retour de quête. Il savait voir au-delà de sa propre personne. C’était une qualité que j’appréciais. Je lui devais plus que cette simple et triste réalité. Je devais l’aider. Je comprenais bien pourquoi ce garçon était en proie à ce type de comportements immatures, c’était naïf de sa part. Savoir que d’autres pouvaient profiter d’une telle dévotion me mettait hors de moi. Moi je chérissais les joyaux du monde. Tout ceux qui avaient l’inconscience de la pureté étaient bien plus merveilleux que n’importe quels joyaux sertis par la superficialité du monde. Mon âme s’animait face à l’implacable dévotion de ce garçon qui pourtant n’en menait rien. Sa sincérité et son humilité m’impressionnait. Comment pouvait-il subir autant de haine sans rien perdre de tout cela ? Moi, j’avais cette rage au fond de moi qui ne mourait pas, qui jamais ne s’arrêtait de grandir. Quand lui à la place de l’hostilité, il avait l’amour. Cette tendresse absolue et aveugle, qui jamais ne se fane comme Vénus l’aurait voulue. Alors je voulais préserver cette bonté et j’avais surtout envie de percer à jour ce mystère.

« Tu sais Cassandre, je ne pense pas que tu devrais te soucier de ces gens. Tu devrais faire ce que tu as envie de faire toi pas ce que les gens veulent que tu fasses. Tu vaux bien plus que ça. »

Sans chaleur, mes paroles étaient monotones. J’avais beau essayé de donner à mon discours un quelconque soupçon de compassion, ça m’était impossible. J’avais perdu cette capacité — ou peut-être ne l’avais-je jamais eu, quoiqu’il en soit, je n’étais pas quelqu’un de très expressif alors imaginez bien que donner du caractère à mes paroles était quelque chose de presque impossible. Tout au contraire de lui, j’étais dépourvu de tendresse mais ma compassion n’avait pas de limite. Peut-être était-ce finalement cela ma malédiction ? Ce paradoxe qui faisait barrage à la flamme qui brûlait au fond de moi. Je voulais créer un monde meilleur où tout le monde pourrait se sentir bien et rêver grand, rêver beau, rêver tout simplement mais sans identité, sans voix, sans âme, comment pouvais-je atteindre mon but ? À cet instant même, je pensais sincèrement que Cassandre pouvait peut-être m'aider à aller mieux. J'ai forcé un sourire ce qui n'avait rien de mon habitude. Un sourire maladroit qui se voulait amical.
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Re: Hands full of flowers [Roman/Cass]



Sa voix est montée d’un cran. Et dans la Brume du fils de Læsø, le visage du Romain se déforme progressivement l’espace d’un instant. Les volutes mauves se crispent et le bleu azur se fait aussi glacial que le vent du nord. Ça lui arrive souvent. Et cette fois, il prie les dieux de son enfance pour que Roman n’ait rien vu. Parfois, il remercie ses mères d’avoir fait de son espace le messager de ce que sa bouche est incapable de prononcer. D’autres moments, il voudrait avoir le courage de poser ses mains sur les paupières des autres pour qu’ils ne voient pas ce que son imagination craint et crée. Mais au lieu de se poser sur le visage du demi-dieu, elles balaient frénétiquement l’air autour de lui, déplaçant sa nébuleuse, brouillant les images comme l’on ruine les châteaux de cartes du bout du doigt sans même y toucher. Et malgré la fatigue de l’entraînement, il ferme son esprit, se concentre, les ongles rentrés dans la chair de ses paumes. Les yeux fixés sur la colline aux temples au loin, il l’imagine fort, perd le fil de la discussion pour diriger toutes ses pensées vers elle, la faire apparaître dans sa Brume. Masquer ce qu’il ne faut pas voir.
Remplacer les sourcils encrés, froncés comme s’ils allait y pousser des forêts, par de beaux vallons herbacés. Remplacer la bouche prête à engloutir Cassandre tout entier par une mer de coteaux bondissants. Remplacer les dents serrées devenues crocs ou griffes par des piliers de temples ivoire ou des bas-reliefs d’ornement. Remplacer ses couleurs ternies par l’éclat doux du soleil qui se reflète dans le petit Tibre à ses pieds. Faire vivre dans sa Brume les demi-dieux venus déposer leurs offrandes à Mars Ultor, ceux venus récolter les sages paroles de l’Augure au temple de Jupiter sous sa coupole d’Or, le champ de lances devant celui de Bellone, ou les quelques familles venues depuis la Nouvelle-Rome pour déposer leurs cadeaux aux vestales en soutient à leur dévotion. Hérisser un peu plus les muscles de ses épaules, de son dos pour y puiser de quoi faire souffler le vent sur la colline et fleurir quelques bleuets et coquelicots de printemps pour faire valser les papillons.
12 heures. Se concentrer si fort au fur et à mesure que le terrain d’entraînement se fait vide jusqu’à voir au loin, entre l’austère temple de Pluton et le plancher des vaches, sur le chemin menant au pont par-dessus de petit Tibre, un visage que le paysage tentait d’esquiver. Des sourcils mauves et des dents azur et une bouche au sourire améthyste. Mélancolique ?
Il était loin dans la Brume et si proche devant lui. Sur une autre planète incapable de sombrer ou de se faire éclipser. Une planète bien moins différente qu’en apparence. Où la végétation n’est pas tout à fait la même, mais où les chaises, posées pour observer le soleil, sont tournées l’une vers l’autre. S’observer de loin. S’apprivoiser. Se faire rose l’un à l’autre ou renard. Se manquer par moment, quitter trop tôt son observatoire et laisser l’autre dériver seul dans l’immensité. Se saluer parfois, d’un hochement de tête, d’un geste maladroit, d’une erreur, juste pour dire « Bonsoir ».
Alors Cassandre lui sourit en retour, par mimétisme, maladroit ou mélancolique. La colline disparaît peu à peu, les couleurs se brouillent à nouveau pour redevenir son fantôme de Céphée, celui de Cassiopée ou de Marian.

« Pardon. »

Il ne sait pas pourquoi il s’excuse. Par réflexe. Pour ce qu’il voulait cacher. Pour l’avoir fait. Pour toutes les fois où la chaise de Roman n’avait personne à saluer au coucher de soleil. Ou pour toutes les fois à venir.

« Mon pouvoir est envahissant, alors je peux comprendre que peu de gens aient envie que je déjeune à leur table, que je dorme dans leur dortoir ou juste passer du temps en ma compagnie. Je ne les blâme pas. Ce que j’ai envie de faire, c’est juste exister. Je n’ai pas beaucoup d’autres ambitions. Avoir des amis peut-être, mais même si je les crée, je ne me fais pas d’illusions pour ne pas souffrir qu’elles ne se réalisent pas. Je prends ce qui vient, laisse ceux qui partent, lutter contre ferait trop mal



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Re: Hands full of flowers [Roman/Cass]

Les images étaient parfois difficiles à interpréter. Je le savais mieux que quiconque parce que je vivais dans un monde d’images. Le royaume des Oneiroi était fait de toutes les images du monde ; celles façonnées par l’inconscient de chacun. Elles étaient le fruit d’un imaginaire mais aussi d’inspirations et de connaissances. Plus que cela, une image était le résultat de cette rencontre fortuite entre notre imaginaire, notre culture et nos convictions. Je n’avais pas la prétention de dire que je comprenais tout ce que la Brume de Cassandre me disait. C’était parfois bien trop difficile à suivre. Toutes ces images, je les voyais défiler et j’en faisais ma propre interprétation. Toute les sensations directes apportées par son imaginaire n’était qu’inférée par ce que je connaissais moi-même. Ces images en les voyant n’appartenaient qu’à moi et pourtant étaient créées par l’imaginaire d’un autre. Comprenez ou pas la logique de ce procédé mais j’avais dû mal à m’y fier pleinement. J’avais un esprit bien trop romantique pour pouvoir penser que les émotions et les pensées pures d’un être aussi complexe que Cassandre pouvaient se réduire à l’état d’images.

Ce qu’il faisait avec sa Brume, c’était de l’art. L’art était beau et puissant, il induisait cet état émotionnel et contemplatif mais jamais il ne pouvait retransmettre justement ce que ressentait l’artiste au moment de jeter sur sa toile toute cette peinture. Jamais aucun artiste ne s’est entièrement sentit compris lorsqu’il a présenté son tableau au monde. L’art est personnel, il n’est pas l’intermédiaire de l’artiste au monde mais l’intermédiaire du monde envers l’artiste. Je me souviens de ces mots de Marcel Duchamp « C’est le regardeur qui fait l’oeuvre ». C’était exactement ça.

J’avais donc décidé de me fier à la personne plutôt qu’à son fardeau. À celui que j’avais en face de moi plutôt qu’à ce qui trahissait toutes ses pensées. Si on se mettait à apprécier les gens, ce n’était pas pour savoir ce qu’ils pensaient directement, c’était justement pour ce suspense insoutenable d’apprendre petit à petit à les connaitre, espérant chaque fois un peu plus d’être surpris par celui qu’on pensait connaître. Pour beaucoup, Cassandre ne devait pas avoir beaucoup de surprise à leur apporter parce qu’ils préféraient se fier à ce qu’ils voyaient directement. C’était sûrement de ces gens-là dont il parlait, ceux qui ne voient que ce qu’il y a en surface.

« Pardon. »

Un pardon, milles excuses, des remords pleins les poches. Cassandre avait définitivement souffert de la méchanceté du monde. Je voyais en lui toute la culpabilité sans avoir à lire dans la Brume. Je connaissais ces gens qui s’excusent sans cesses pour rien ; c’était ceux que le reproche d’être né était plus fort que l’envie d’exister. Il aurait sûrement préféré s’effacer du monde mais moi je voyais bien qu’il avait plus à offrir.

« Mon pouvoir est envahissant, alors je peux comprendre que peu de gens aient envie que je déjeune à leur table, que je dorme dans leur dortoir ou juste passer du temps en ma compagnie. Je ne les blâme pas. Ce que j’ai envie de faire, c’est juste exister. Je n’ai pas beaucoup d’autres ambitions. Avoir des amis peut-être, mais même si je les crée, je ne me fais pas d’illusions pour ne pas souffrir qu’elles ne se réalisent pas. Je prends ce qui vient, laisse ceux qui partent, lutter contre ferait trop mal.»

« Je n’ai pas besoin de lire dans ta Brûme pour te connaître Cassandre. Tu penses être coupable de ta propre existence dans ce monde parce que des gens trop ingrats t’ont sûrement menés à y croire. J’espère qu’un jour tu réaliseras que le monde est autant le tien que le leur. Alors peu importe la place que tu prends, prend la. » j’ai repris mon souffle, quelques instants de silences étaient parfois une bonne chose. «  Moi, en attendant, je vais manger. Si tu veux venir t’asseoir à ma table, ou n’importe où ailleurs, tu seras toujours le bienvenue et celui qui a quelque chose à y redire verra de quel bois je me chauffe. »

J'ai pris mon sac à dos et l'ai regardé d'un air de défis. Me suivra-t-il ?
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Re: Hands full of flowers [Roman/Cass]



Les mots de Roman mettent du temps à lui parvenir. Ils errent dans sa Brume comme des satellites, avec sa voix basse, lente et dure. Ils se croisent, s’entremêlent, entrent en collision, fusionnent parfois, forment de nouvelles phrases qu’il n’a jamais prononcé mais auxquelles Cassandre pense. Ils échappent aux lèvres du légionnaire pour devenir la propriété d’une version de lui qui n’existe que dans les pensées du jeune homme. Une version inachevée, coincée entre ces quelques phrases, manquant de mots pour inventer les siennes, pour s’exprimer sans frustration, pour se détacher presque complètement de son origine, et lui emprunter son nom, son visage, son regard sec et distant. Une version qui hantera ses rêves ce soir lorsque seul dans la petite pièce où trône son lit, il fixera le plafond en repensant à cette journée. À ce 11 heures 58. À cette conversation. Aux mots qu’il regrette et ceux qu’il aurait aimé dire. Aux gestes qu’il aurait préféré faire, ceux qu’il aurait souhaité comprendre plus vite. Au regard de Roman qu’il aurait voulu scruter pour en définir la couleur et la cartographie, pour y lire le fil de ses pensées sans avoir à le toucher, sans prendre le risque de lui faire peur. À ce visage déformé transformé en paysage juste à temps ou peut-être trop tard. À la curiosité qui ne cesse de grandir et de ronger les astres qui composent son nuage, brûlant de répondre à la question : l’a-t-il vu ? A-t-il remarqué son reflet distordu dans sa Brume ? A-t-il choisi de ne rien dire ou est-ce la dernière fois que Cassandre pourra s’approcher de lui sans qu’il ne le fuit ? Sur son plafond, la Brume envahira l’espace, rejouant les scènes, se modifiant à loisir pour en imaginer mille scénarios, dérobant pour la nuit Roman tout entier pour inventer toutes les choses que cette conversation n’a pas été et ne sera jamais. Jusqu’à ce que Lewis ouvre la porte. A-t-il toqué ? Ou le bruit de ces conversations illusoires l’a-t-il recouvert ? Sa Brume fait trop de bruit. Alors il s’excusera, tentera de se concentrer sur les douces mélodies des femmes de son village, près du feu, les soirs de fête. Il forcera son esprit à se replonger dans ces souvenirs jusqu’à ce que la fatigue l’emporte à nouveau et que, dès ses paupières closes, sa chambre retrouve les couleurs flamboyantes de ce 11 heures 58 au Champ de Mars et que Roman reprenne sa place au plafond au-dessus de son sommeil éreinté.

Mais il est 12 heures 3 déjà. Roman est encore bien réel face à Cassandre, ses mots lui appartiennent encore pour quelques heures. Des mots que l’enfant de Trivia voudrait arrêter, pour une fois qu’ils ne tombent pas à l’infini dans la terre. Il voudrait les retenir dans ses bras, leur apporter un à un quelques touches de couleurs, quelques nuances. Les comprendre pour savoir ce qu’ils attendent de lui, ne pas les décevoir. Inconsciemment, il reprend son souffle avec lui. Il ne s’était pas rendu compte qu’il avait arrêté de respirer, en apnée, les yeux à l’affût du moindre détail dont pouvait se composer Roman. Est-ce une invitation ? Un défi ? Un ordre ? Et si celui qui a quelque chose à y redire se trouve être Cassandre ? Doit-il s’asseoir à la même table ? À côté ? En face ? Sur une autre table ? Les règles préconisant de manger avec sa propre cohorte, cela n’est-il pas une infraction ? Un test ? Est-il déjà coupable de ne jamais répondre à cette règle, ainsi sa peine n’en serait pas changée en allant manger avec Roman ? Devront-ils parler comme le fond les autres ? Penser à des sujets de conversation ? Être intéressant ?

Son sac est déjà posé sur son épaule, reposant à l’endroit habituel où il s’est creusé un lit dans la laine de son manteau au fil des ans. Ses mains ne sortent pas de ses poches de peur de ne plus pouvoir les surveiller. Debout, ils font la même taille et leurs yeux se croisent avant que Cassandre ne hoche la tête non sans incertitude pour lui emboîte le pas. Une colonne de feu replace ses nerfs. Ce soir, l’image de Roman aura des iris d’un brun acajou chaud et cuivré, plus riche que le reste de sa pâle copie.



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Re: Hands full of flowers [Roman/Cass]

Jamais je n’avais été aussi sur de moi-même. À vrai dire, j’étais généralement celui qui hésitait à tout. Le temps m’avait pourtant appris que les choix ne se faisaient pas, ils se prenaient. Appeler ça de la sagesse ou de la stupidité, comme vous voudrez. Je suis de ceux qui pensent que les choix sont le fruit de la destinée alors à nous de les saisir lorsqu’ils passent devant notre porte, ou  bien de les laisser s’enfuir. Malgré tout, j’étais d’une lenteur sans pareil lorsqu’il s’agissait de choisir quoique ce soit ; je pense que j’aimais l’illusion que me donnait cet instant d’hésitation. Comme si réfléchir à ce choix me permettait mieux de le contrôler, d’avoir en mains toutes les conséquences inimaginables de ma décision. La vérité c’est qu’on ne peut rien prévoir. Pas même moi qui suit capable de voyager dans le plus sombre de l’esprit humain ; l’inconscient.

Cette fois-ci, c’était assez différent, j’étais comme qui dirait forcé de faire les choix. Impressionné par tant d’hésitation, Cassandre me surprenait de plus en plus. Sa volonté de s’effacer, cette horrible habitude à tout questionner, ça me donnait presque la nausée. Au-delà de tout ça, j’étais surtout intrigué. Je sais, je crois que je me répète mais c’était un sentiment qui ne me quittait pas. J’ai cette horrible habitude d’être en boucle lorsque quelque chose m’obsède. J’avais même réalisé que mon regard divaguait un peu trop sur lui lorsque nous marchions vers le Mess. Je l’observais silencieusement comme si un simple regard pouvait me dire tout ce que je voulais savoir sur lui. C’était dingue ! J’avais très certainement en face de moi la personne la plus ouverte que la Terre aie pu connaître, affliger d’un fardeau qui l’empêchait de tout cacher, mais j’arrivais à être intrigué. En réalité, son affliction me barbait, elle était superficielle. Connaître les émotions de gens, oui — connaître la raison de ces émotions, je veux dire celles qui sommeillent dans le noir : c’était l’expérience la plus fascinante qu’on puisse avoir. Je connaissais bien ça en voyageant dans les rêves. Toute le paradoxe de Cassandre c’était qu’il était à la fois indéchiffrable et intelligible. La surface de son être était un livre ouvert qui n’attendait qu’à être lu et c’est sûrement pour cela que personne ne prenait réellement la peine de venir réellement s’y intéresser. C’est une technique de marketing très connue après tout : ce qui est rare est précieux et ce qui est précieux est désiré. Le désir, Cassandre ne l’attirait pas, puisque son être n’avait rien de précieux considérant l’abondante démonstration émotionnelle qu’il subissait. Je pouvais pourtant dire qu’il était bien plus précieux que ce qu’on pouvait le penser. Que son être tout entier était un trésor qu’on aurait dû chérir plutôt que d’enfouir par l’ignorance.

***

« Pourquoi tu es toujours si seul ? Je veux dire, la vraie raison. », perçant finalement le silence qui ne faisait que trop lourd. Je lui avais poser cette question avant d'entrer dans le Mess bien que j'avais déjà quelques éléments de réponses.

Je n’avais pas réellement attendu sa réponse pour aller m’installer à l’endroit où je mangeais habituellement. Le Mess était un espace bruyant et étouffant alors je ne déjeunais pas réellement avec ma cohorte. Je m’isolais dans un coin là où on ne me dérangerait pas, non-loin de l’espace réservé à ma cohorte pour manifester ma présence de temps à autre, en général je faisais vite pas plus de vingt minutes. Cette fois-ci, j’étais au même endroit que d’habitude mais je pense que le déjeuner allait prendre un peu plus longtemps. Les tables de la troisième cohorte étaient vides aujourd’hui. Probablement allaient-ils arrivés plus tard ou avaient-ils déjà déjeuner. Quoiqu’il en soit, je comptais pas m’éterniser avec eux. Je fixais Cassandre à la traîne.
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