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Le silence n'existe pas _ Cassandre
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Cassandre Torrance
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Feuille de personnage
Pouvoirs:
Inventaire:
Défaut fatal: Intransigeance
Cassandre TorranceLe brumeux
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  • MC : Kleman Dunn / Tybalt Auiti / Niamh Talmhach
  • Parent divin : Trivia/Hécate (descendant de Mnémosyne et Asclépios)
  • PP : 1982
  • Messages : 102

Le silence n'existe pas _ Cassandre

Cassandre, TORRANCE
here to kick ass

Age | 19 ans (16 mai) Groupe | Sang-mêlé Romain, 2e Cohorte Parent divin | Trivia "Reine des fantômes" (descendant d'Asclépios et de Mnémosyne) Feat | Lucas Lynggaard Tønnesen

Armes
Un bouclier d'Or Impérial forgé à la Nouvelle-Rome, rétractable en un infinity cube.
Une conception récente d'Albion à la Colonie : un komboloï dont les perles de Bronze Céleste s'assemblent en une longue lance acérée.

Pouvoirs
Aimant à Brume (passif) attire la Brume dans une sorte d'écran de fumée autour de lui sur lequel sont comme projetées en permanence ses pensées/émotions.
Vision des pensées et souvenirs (actif) avec un contact physique qui lui coûte beaucoup d'énergie sur un court laps de temps, il peut faire migrer la Brume qui l'entour pour révéler les pensées, émotions et souvenirs d'autrui.I


Half blood, half human
all heroes

Histoire

YULE spirituel, honneur/fierté, ambition, mélancolie

Île de Læsø, Danemark, 21 décembre 2013 (10 ans)

Brynhild remue la queue loin devant, ses pattes laissant de petites traces sur le sable noir de la baie. Sur la colline battue par les vents le troupeau de moutons grappille de-ci de-là les dernières herbes avant les premières neiges. Cassandre, assis, a laissé l'écume l'appeler et ses pieds grelottent sous les caresses des vagues. C'est un jour spécial, le premier sabbat de la nouvelle année, le solstice d'hiver, la nuit la plus longue de l'année. Même si le soleil décline à vue d'œil derrière les montagnes, même s'il est l'heure de rentrer préparer la fête, Cassandre voudrait rester là à observer l'horizon plat de la mer du Nord. Comme à chaque célébration, il se sent grand, chargé d'une énergie puissante, connecté à tout ce qui l'entour, persuadé que les dieux descendront ce soir partager le repas. Brynhild jappe furieusement à la poursuite d'une nuée d'oiseaux des falaises avant de changer d'idée pour courir dans sa direction. Son museau tout humide de condensation se colle contre sa joue alors qu'elle renifle bruyamment son oreille. Le Brouillard autour de lui se tient tranquille. Quelques touches de violet comme des filaments éthérés et une petite voix qui chuchote. Il est temps de l'écouter et de rentrer. Cassandre ramasse le bouquet de houx qu'il a récolté sur le chemin et son long bâton, ses pieds sécheront en marchant.
La maison est comme toutes les autres du village, de plein pieds, les murs couverts de chaux blanches et la charpente d'algues séchées. Pour y arriver depuis la plage, il faut traverser la colline des pâturages, les champs de la vieille Mimir, longer la rivière aux selkies et passer par-dessus le pont des corneilles, puis couper à travers le bois sacré sans oublier de remercier les huldres de leur tranquillité, remonter le long de la route du village et le contourner par l'est pour tomber sur la grange. Il fait encore un peu jour lorsqu'il y arrive, mais les bougies décorant tout autant l'intérieur que l'extérieur sont déjà allumées. Jackie l'attend près de la grange pour l'aider. En s'approchant d'elle, il fonce dans ses bras l'entourant d'un petit nuage rose tressé de violet. C'est la première fois qu'il s'occupe seul du troupeau et après inspection, c'est une réussite. Grincheuse est prête à mettre bas, il faudra surveiller ce soir malgré les festivités. À l'intérieur de la maison, le feu crépite dans une cheminée croulant sous les bougies de toutes les couleurs. Anka est aux fourneaux, virevoltant entre le traditionnel porc à la poire, les biscuits aux noix, le gigantesque cake aux fruits, le vin épicé au gingembre, cannelle, romarin, bois de cèdre et aiguilles de pin qui embaume jusqu'aux murs. Juste le temps d'apercevoir la petite casserole de lait de poule pour les enfants avant d'être chassés comme des mouches. Tous sauf Brynhild. Avec sa mère, Cassandre a pour mission de décorer la bûche de Yule, celle qui trônera en compagnie de chaque bûche de chaque foyer sur le grand feu. Quelques branches de houx pour la couronne, quelques branches de sapin, quelques tranches d'orange et de pomme séchées coincées sous l'écorce. Il ne restera plus qu'à y apposer leurs sigils.
Les minutes défilent tandis que la nuit tombe. Anka sort de la cuisine les bras chargés le tablier toujours autour de la taille. Un baiser sur les lèvres de sa femme, un baiser sur le front de son fils, une grosse laine sur le dos et les voilà partis. Dehors, toutes les maisons semblent illuminées de petits soleils, et les familles en sortent peu à peu, le sourire aussi rayonnant que leurs voisins. La cheffe du village a dressé la table au centre du cercle de pierres et chacun y pose les victuailles échangeant rires et accolades. Cassandre se faufile entre deux tables pour déposer la bûche gravée au centre du monticule. Dans quelques minutes, ils l'allumeront et ils pourront voir dans la fumée ce que leur réserve la nouvelle année. Mamie Halldòra assise à la table des doyennes le prend sur ses genoux dégageant d'une main encore assurée la fumée qu'il transporte. Celle-ci glisse et s'étale au sol comme une flaque violette engloutissant chevilles et mollets. Cela fait longtemps que plus personne n'y fait attention, il y a bien d'autres choses à critiquer. Comme chaque année, elle lui raconte l'histoire des rois jumeaux, Holly et Oak. Chaque année, ils se relaient pour régner. Le roi de Houx règne depuis Litha jusqu'à Yule, quand les jours raccourcissent, et le roi de Chêne reprend le flambeau depuis Yule jusqu'au Litha prochain, quand les jours rallongent. Les autres petites filles se sont rapprochées pour écouter. Ce n'est que la première histoire de la soirée, mais il faudra attendre après le repas pour se blottir près du feu et se laisser bercer. Et ce soir, Cassandre aura une histoire à leur raconter. Une histoire dont il a rêvé cette nuit. L'histoire d'une déesse loup au pelage rouge chocolat et aux yeux faits de poussière de la lune même. Une déesse plus grande que l'arbre-sorcière accompagnée de sa meute. Une déesse plus terrifiante que Fenrir qui le mangerait s'il n'était pas assez fort et qui lui sommait de rejoindre la maison du loup.



IMBOLC amical/social, demande de l'attention, joueur, embarras

Champ de Mars, Camp Jupiter, Californie, 1 février 2017 (13 ans)

En tailleur, ses mains s'affairent dans les longues tiges de blé. Une à une, il les aligne, les tord, les tresse, forme une sorte de poupée primitive. Le vent secoue ses cheveux bouclés, atténue tous les sons autour de lui. De la surface, on ne voit que son nuage confus de bouts de phrases émerger de cet océan d'épis. Par dessus ses psalmodies liturgiques, des bouts de prières, les mélodies de quelques chants de son île, ne pas oublier de lustrer son armure avant de la rendre, porter quelque chose de présentable à la cérémonie des probatios, la joie de la chaleur sur sa peau, le picotement qui annonce le coup de soleil, les formes de la lumière à travers les tiges sur son pantalon, la terre coincée dans les crans de ses chaussures, le réveil de Gaïa, la pointe de mauve pâle qui s'ajoute à la palette, une grosse envie de soupe et d'y tremper ses morceaux de pain avec les doigts, l'odeur de cannelle et la couleur des clous de girofle, il manque un nœud pour faire le pied de la poupée. Ce n'est pas véritablement une poupée, c'est Brigid, la déesse des arts, de la guerre, de la magie et de la médecine. C'est une offrande. Mais les choses sacrées ne sont pas toujours respectées. La voix qui crie son nom est celle d'une jeune fille à l'air autoritaire, la Centurion de la deuxième Cohorte. Ils sont à quelques mètres de lui pourtant, leurs visages tous tournés dans sa direction le mettent terriblement mal à l'aise. Le flot de pensées se tarit pour n'être plus qu'une masse orange brûlante bourdonnante comme un essaim d'abeilles. En plein milieu d'une réunion stratégique d'attaque pour les jeux de guerre, il doit sûrement donner l'impression d'être un gamin, un boulet, un piètre soldat irrespectueux. Comment leur expliquer ? Cette offrande est pour Minerve, pour qu'elle les guide, pour qu'elle assure leur victoire. Comment leur expliquer que ces pratiques étranges sont la sorcellerie dans laquelle il a grandi et qu'il faut avoir foi ? Comment leur montrer ? Mais la Brume s'empare de ses mots et se déverse en images. Les perce-neige près de la rivière gelée, les renards rôdant près du poulailler de la voisine, d'autres renards rôdant au détour d'une ruelle de la Nouvelle-Rome, leurs murmures amplifiés, leurs visages déformés de sourires cruels, d'yeux inquisiteurs exorbités, de sourcils si froncés qu'ils en deviennent des ailes de corbeaux qui viennent picorer son crâne, il n'est que parce que les autres sont obligés. Empêtré dans cette purée orange, il s'y débat comme pour l'attraper l'enfermer dans un bocal et l'enterrer au plus profond de la terre, cesser ainsi d'apparaître sur toutes les lèvres qui se plaignent.
Sa lance est plantée dans le sol et il se réfugie derrière croyant échapper à l'essaim en vain. Les rires moqueurs qui l'accompagnent ne l'amusent pas. Mais ils se lassent et lui ne peut plus bouger de peur de réveiller de nouveau la bête. Pour qu'ils l'acceptent, il faudrait qu'il leur prouve. Si seulement cette lance ridicule pouvait être le drapeau ennemi par exemple. S'il pouvait leur ramener sur un plateau, ils ne pourraient plus le détester, non ? Et comme une dévouée servante, sa Brume accroche ses longs filaments à la hampe de son arme et se déploie aux couleurs ennemies flottant fièrement au vent. Les mailles du tissu paraissent presque réelles dans son souvenir, mais un coup de main à travers et l'illusion est perdue.
Perdue pour Cassandre, mais pas pour une paire d'yeux qui ne l'a pas lâchée. Celle de la Centurion, ses pupilles brillant du même sourire que celui malicieux qui se dessine sur sa bouche. Ça y est, elle le croit. Minerve est de leur côté, ils gagneront, elle en est certaine.




OSTARA calme, jalousie, fiable, tristesse/regrets

Colonie des Sang-mêlés, Long Island, New York , 21 mars 2020 (16 ans)

Aujourd'hui aurait dû être une belle journée. Ostara, Vénus et Perséphone, déesses de la fertilité, gardiennes du renouveau et protectrices de la vie. Une fête aux belles couleurs chatoyantes, aux parfums enivrants de fleurs, aux petits soleils gravés sur les portes et sur la terre pour l'inviter dans nos vies, aux longues promenades, aux légumes du jardin, à l'air pur et nouveau. Pourtant, aujourd'hui, Cassandre s'était retrouvé en mission. Il avait passé la semaine précédente à méditer, se laisser porter par sa Brume pour qu'elle lui montre la voie. Dans ces moments-là, c'est comme s'il sentait son poids, l'air s'écarter ou plier pour lui faire de la place. Il la sentait bouger doucement, changer de forme et de couleur, il sentait les courants et la force nécessaire pour les remonter. Une fois l'un des fils entre ses doigts, il était alors facile de retracer la pelote jusqu'à son origine. Chose particulièrement utile ces derniers mois. On l'avait envoyé à la Colonie trouver les portes du labyrinthe. Il n'avait jamais eu le droit d'y entrer cependant, ravalant le vert qui polluait son jugement, il comprenait l'importance de la tâche.
Et c'est ainsi qu'il se retrouvait en tailleur, au milieu des champs de fraises, les yeux clos mais l'esprit kaléidoscope. Impossible de se concentrer. Une équipe de sauvetage a été dépêchée au lieu qu'il a indiqué. La purée de pois marron qui le surplombe ne laisse aucun doute sur le sien. Et s'il s'était trompé ? S'il les avait envoyé dans un piège ? Toujours les mêmes questions. Il faut qu'il marche, qu'il se change les idées. C'est Ostara après tout, pourquoi ne pas aller faire un brin de ménage au bungalow qu'on lui prête ?
L'ambiance est bien différente du Camp Jupiter ici. Tellement plus... vibrante, chaotique. C'est assez agréable par moments. Mais pas tout le temps.
Ça ne l'est absolument pas quand, par exemple, des cris s'élèvent à sa droite et un petit groupe mal en point apparaît attirant tout les autres comme des moutons de Panurge. Deux gamins ouvrent la voie pour que les trois autres puissent s'asseoir. Deux garçons, les corps couverts de blessures, les yeux presque vitreux, et une jeune fille blonde la jambe gauche refusant de toucher terre. Sans une hésitation, entouré d'un léger Brouillard parfaitement bleu, Cassandre s'approche d'elle. Ses yeux gris supplient et c'est bien plus qu'il ne lui en faut pour poser délicatement ses mains sur le genoux de la fillette. Ses lèvres s'agitent à peine mais c'est sa Brume qui psalmodie :
Silencieuse est la nuit, noire est la lune,
Je demande à Trivia, reine des fantômes, de reprendre son trône.
Dors, ma sœur, dors, n'ai pas peur,
Car la Grande Déesse te tient dans son cœur.

Silencieuse est la nuit, noire est la lune,
Toi qui a donné la vie et connaît la mort, accorde l'une et l'autre point encore.
Dors, ma sœur, dors, n'ai pas peur,
Car la Grande Déesse te berce de sa douceur.

Le silence qui s'en suit teinte le Brouillard de orange. Cassandre est plutôt pudique avec ça, il aurait dû s'abstenir d'exhiber ses croyances en attendant que les enfants d'Apollon arrivent, mais c'est à cela qu'il a été entraîné chez les Romains, comme ça qu'il a été éduqué : soulager, aider, même si ce ne semble n'être que des mots. C'est une voix remplie de larmes qui dissipe le malaise. Pendue au cou du jeune homme de droite, elle fond en remerciements, sa petite sœur est sauve. Elle veut le remercier mais le fils de la Fortune écorché de toute part aurait besoin de bien autre chose que ceci.
Le reste des pensionnaires est arrivé et comme chaque fois, Cassandre se perd dans la foule, invisible dans son nuage multicolore.



BELTANE compassion, romantique, excitation, espoir

Île de Læsø, Danemark , 1 mai 2008 (6 ans)

La musique battait fort dans ses petites oreilles. Les vibrations des tambours et des pieds nus frappant la terre, les harmonies infinies des voix de toutes ces femmes réunies. Entre leurs doigts, de longs fils de tissu coloré et sur leurs têtes des couronnes de fleurs rouges. Leurs robes reflétant le soleil et leurs peaux zébrées de l'ombre des arbres. Leurs cimes plongées par-delà les nuages dans l'immensité du ciel, les clochettes nouées à leurs troncs, les échos des chants des oiseaux des falaises venus spécialement pour l'occasion, l'odeur de la mousse, le bruit des fougères. Tout semble gigantesque pour de si petites mains accrochées aux cheveux roux de leur mère, et pour de si petits pieds refusant encore un peu de toucher sol. Tout autour de l'arbre-sorcière les jeunes femmes en devenir dansent comme un tourbillon de pétales d'été. Mamie Halldòra est sur le côté avec les chanteuses. C'est l'honneur que l'on réserve aux femmes qui ne sont plus mères. Ces dernières, comme Jackie, restent avec leurs enfants, pour les plus jeunes, ou pour les autres, comme Anka, s'affairent à la préparation du feu de joie de ce soir. Petites et grandes, toutes dormiront à la belle étoile ce soir. Le temps est aux réjouissances, l'été arrive à grands pas. Il faut célébrer Gaïa gardienne du cycle de la vie, la bénédiction de Vénus, la protection de Diane et l'abondance de Pan. Le bois sacré est en fleurs, les esprits curieux s'approchent, même les selkies ont quitté la rivière pour les rejoindre. Mais les regards ne sont pas tous toujours bienveillants.
C'est à leur tour de recevoir la bénédiction des doyennes. Le pinceau et l'œil se font hésitants avant de tracer sur sa peau fine de bébé les runes sacrées. Le soleil entre les clavicules, la Triple Lune sur le front, en descendant le long des bras Ansuz, Jera, Perthro, Berkano, Inguz, Othila, et pour finir Gebo, au creux des paumes. Cassandre est trop jeune pour s'en rendre compte, mais Anka, qui les a rejoints, ne peut ignorer la désapprobation dans les yeux de la femme. Elle n'est pas la seule avec ces yeux-là. Ce petit être encore innocent ne fait pas l'unanimité. Il intrigue, il est craint, mais il n'est pas le bienvenu dans la Famille. Après tout, un garçon. Comment accepter sa présence sur cette île ? Mais ce n'est pas n'importe quel garçon et c'est ce qui les empêche de dire quoi que ce soit. Anka les comprend, mais son instinct l'incite à les provoquer. Si Jackie n'était pas là pour apaiser ses ardeurs, elle aurait lancé le feu aux poudres sans plus attendre.
Ce n'est qu'un enfant. C'est même encore un tout petit bébé qu'elles ont tant attendu. Et Beltane est le jour où célébrer la vie. Cette année encore, elles pourront accrocher aux branches de l'arbre-sorcière leurs rubans de soie scellés de leurs vœux, remerciant la Grande Déesse pour son cadeau.
Mais Cassandre ne semble pas intéressé. Sur les genoux de sa mère, il préfère nouer les fils autour de ses poignets aussi fins que des branches de bouleaux. Un bleu pour l'Eau, un jaune pour l'Air et le vert foncé qu'il convoite est de l'autre côté de la grande table. Mais avant qu'il ne tire complètement la nappe blanche, ses pieds touchent le sol et une pluie colorée tombe à ses pieds. Il n'a que faire des soupirs et des excuses d'Anka, le ruban vert est entre ses mains. Sous ses pieds, la terre est meuble et les ondes des tambours chamboulent son estomac. De ses mains, il caresse les cheveux de la terre, la musique lui donne envie de sauter partout, émerveillé par ses rubans. Il court, il saute, il tourne sur lui-même pour les faire voler, admirer leur façon de retomber doucement dans l'air, de capturer l'éclat du soleil, et de suivre chacun de ses mouvements. Il voudrait qu'ils se déploient comme des ailes, qu'ils fassent s'élever le vent et chanter les clochettes. Il voudrait rejoindre les danseuses et faire comme elles. Il se sent flotter. Il se sent grandir comme si ses cheveux s'étiraient pour plonger eux aussi entre les nuages. Il sent ses pieds lourds comme si ses orteils s'allongeaient pour creuser au plus profond entre les racines. Ses yeux subjugués par les constellations, ses bras pouvant embrasser le monde, les vibrations de leurs voix emportant son esprit, et celle de la terre, son corps. Comme les jeunes filles, il tourne, tourne, tourne à l'infini.
Mais lorsque la dernière note éclate, son pied se prend dans l'un des fils et il tombe à la renverse. Le monde continue de tourner et les larmes montent. Mais un visage s'approche. L'une des danseuses. Une couronne d'arums blancs, de renoncules jaunes, de primevères et de glaïeuls rouges s'emmêle dans ses cheveux blonds dont les boucles tombent délicatement devant ses fines épaules. Sa robe fait comme un bouquet de nuages à ses pieds. Ses yeux comme la mer du Nord s'animent d'inquiétude et ses lèvres roses lui posent une question.
Serait-ce Freya, descendue du ciel sur son char ? Qu'est-ce qu'une déesse si puissante pourrait bien trouver à son existence pour veiller ainsi sur lui ?
Une voix étouffée s'élève dans le semblant de silence de la nature. Elle appelle sa mère, de plus en plus fort. Freya n'est plus la seule à le regarder maintenant. Tout le monde s'est tu pour regarder d'où vient la voix.
Jackie et Anka ont les larmes aux yeux. Est-ce que Cassandre vient de dire ses tout premiers mots ? Elles attendent depuis si longtemps. Leurs sourires sont plus éclatants que la beauté de Freya, mais Cassandre n'a d'yeux que pour la danseuse. Il ne comprend pas la lueur de peur qui vient polluer les vagues de ses océans. Mais tout autour de lui, le Brouillard de la forêt s'étale comme une ombre virant au rose pâle. La voix se met à trembler d'incompréhension. Et Cassandre jette un œil terrifié à ses mamans. Elles n'osent faire un pas. La voix continue de les appeler en pleurs. Mais Cassandre n'a pas ouvert la bouche une seule fois.




LITHA impatience, optimisme/joie

Camp Jupiter, Californie, 21 juin 2017 (14 ans)

Bon ça ne sera pas de l'eau de mer, mais ça fonctionnera tout autant, même plus. Cassandre plonge le petit flacon dans le Petit Tibre. Si, comme les légendes le disent, il s'en va jusqu'aux Enfers, peut-être que Trivia le sentira si elle est de passage là-bas. Les pouvoirs de protection qu'il renferme ne seront pas de trop. De son sac, il sort une grosse boîte en bois. À l'intérieur, une bonne vingtaine de petits sachets blancs reliés de liens d'écorce de bouleaux, tous soigneusement étiquetés, une boîte de longues allumettes ainsi qu'une petite poignée de bougies chauffe-plat de toutes les couleurs possibles. De l'un des sachets, il verse dans le flacon encore humide de la poudre de coquille d'œufs, et d'un autre une pincée de sel rose de l'Himalaya. Refermant soigneusement le flacon de son bouchon de liège, il le pose tout contre ses lèvres et la Brume autour de lui se rassemble comme un cocon.
C'est sa première quête et il devient de plus en plus difficile de contenir les fleurs jaunes qui menacent d'envahir son Brouillard. Son sourire en atteste, collé sur son visage depuis l'annonce. Le plus difficile a été de choisir quoi emmener. Les vêtements, les armes, presque trop facile, mais ses outils ? Comment savoir à quoi s'attendre ? Des clous rouillés pour le bannissement, quelques calendula pour la guérison, un peu de cerfeuil pour contacter les esprits, que prendre ? Impossible de partir avec tout son autel. Si seulement l'oracle pouvait être plus précis. Mais c'était comme supplier Diane de l'enrôler dans la Chasse : impossible et dangereux.
Alors s'il ne pouvait prévoir ce qu'il allait se passer, il pouvait au moins s'assurer que les dieux veilleraient sur leur chemin. Et ce petit flacon allait les y aider, comme une sorte de signal GPS. Du moins c'est comme cela qu'il visualisait les choses. Les coquilles d'œufs pour la protection et la purification de ses intentions, le sel rose pour l'assurance, la compassion et le bannissement des mauvaises énergies. Il glisse le petit objet dans sa poche, range sa boîte et se dirige vers le parking. Le reste de l'équipe ne devrait plus tarder à arriver. Juste le temps pour lui de faire trois fois le tour de la voiture dans le sens des aiguilles d'une montre. Sa Brume fait comme des pétales de tournesol tout autour de lui. C'est à peine s'il peut empêcher ses mains de jouer avec tout ce qu'elles ont sous la main pour l'aider à réguler.

Alors que je voyage ici et là,
Je te confie la protection de cette voiture, Ô Mercure
Alors que je voyage ici et là,
Guide-nous jusqu'au retour au travers de tes chemins obscurs.


Tout en remerciant le soleil de Californie, il s'arrête devant les pare-brise avant et arrière à tour de rôle. Dans la poussière accumulée de pluie et de sable, ses doigts s'agitent pour y tracer deux runes Algiz, la protection de tout être ou toute chose, et Raidho, une sorte de guide spirituel qui assurera un voyage sans embûches. Avec ceci, ils seront parés.
Cassandre ne peut attendre plus longtemps, c'est à peine si sa peau ne devient pas jaune tellement la Brume s'est épaissie. Heureusement pour lui, les deux autres demi-dieux font leur apparition tels deux mirages danse désert. Assis sur le siège passager, ses jambes ne tiennent pas en place et sa Brume se met à fredonner une mélodie qu'il se sent obligé d'accompagner de percussions sur les accoudoirs. Et avant même qu'ils se soient engagés sur la route, les fenêtres sont grandes ouvertes pour chasser le Brouillard et le conducteur grommelle avant de lancer sur le pare-brise un coup de produit et d'essuie-glace pour y voir plus clair, arrachant des cris de stupéfaction aux voix dans la Brume. Non !




LAMMAS modestie, curiosité, admiration, doute

Île de Læsø, Danemark, 1 août 2022 (19 ans)

Le cimetière de bateaux paraît si calme à cette saison. L'eau de la mer du Nord les recouvre sans tumulte, laissant dépasser à marée basse des mâts déchirés, des coques éventrées, des proues rescapées. L'air est à peine plus chaud qu'au printemps, mais chargé de sel. Ses doigts humides passent dans les cheveux ondulés de Cassandre les rendant un peu plus cassants. Il n'a plus l'habitude et ses lèvres se sont gercées depuis qu'il est revenu. Cette année, il sera présent. Il pourra aider pour les premières récoltes, il pourra s'occuper du troupeau, après la pêche du matin. Anka, comme toujours, est au fourneau, mais hier elle a bien accepté qu'il l'assiste dans la fabrication du pain au miel et à la lavande pour Lughnasadh. Une grande première. Jackie a fait la tronche, se plaignant que cette fois-ci, il n'avait même pas ramené sa jolie amie pour lui faire de la compagnie. Cette évocation s'était soldée d'un filet rouge dans sa Brume et d'un silence collectif.
Après la mort de Brynhild, Jackie avait refusé catégoriquement de reprendre un chien, ce qui lui compliquait grandement la tâche dans les pâturages et entretenait une solitude morose, mais même Anka était incapable de la faire changer d'avis. Pas difficile de dire d'où Cassandre avait hérité de sa tête de mule. Il avait essayé de compenser en l'accompagnant au marché, en l'aidant à la fromagerie malgré son aversion totale, en l'assistant dans la cueillette des herbes rituelles, et en lui racontant ses aventures. Seulement alors, ses yeux se remettaient à briller. Cela lui rappelait ses jeunes années avant qu'elle ne rencontre l'amour de sa vie. En retour, elle lui racontait son histoire. Il adorait l'entendre expliquer à quoi ressemblait la Colonie à son âge, comment elle avait trouvé refuge ici lors de l'une de ses quêtes, comment elle avait rencontré sa future femme et comment elles avaient prié et imploré Trivia de leur accorder un miracle. Il aimait l'écouter parce qu'elle avait toujours été son héroïne, c'était elle qui l'avait entraîné, qui avait convaincu les autres femmes du village qu'il était une exception, qui l'avait aidé à surmonter son bégaiement et ses angoisses, qui le rendait fort et confiant. Et ça le déchirait de voir au fil de ses escales, les rides se creuser traits par traits sur son visage et ses cheveux revêtir le manteau de l'hiver.
Il était content d'être rentré à la maison pour Lammas. C'était une fête douce, réconfortante, chaude. Une journée où "merci" serait sur toutes les lèvres. Et il avait besoin de les remercier l'une et l'autre d'être ses mamans, d'être ses étoiles, ses guides, surtout dans ces heures troubles. Il ne voulait pas les inquiéter, mais il n'était pas si compliqué que de le regarder dormir pour lire tout ce qui se passait comme sur un écran de télévision. Le Tortionnaire était mort mais à quel prix. Il en avait soigné des demi-dieux perdus dans les méandres des illusions. Et il en soignait encore. Ce n'était pas toujours une réussite. Certains n'en sortaient pas malgré ses efforts, certains mouraient, certains refusaient de vivre avec ces souvenirs. Et il ne pouvait rien contre. Il aurait voulu pour une fois parler à sa mère divine, lui poser des questions. Bien sûr, personne ne lui répondrait, mais il avait besoin de leur demander comment, tout dieux qu'ils étaient, avaient-ils pu laisser cela arriver ? N'étaient-ils pas censés veiller sur leurs enfants, leurs guerriers, leurs petits héros ? Il avait la foi, ce n'était pas la question. Mais il ne pouvait pas empêcher sa Brume de répéter la même question en boucle dès qu'il était seul. Est-ce que tout ceci en valait la peine ?
Et c'est dans les bras d'Anka qu'il finissait par tomber. Au lieu de ses habituels petits paniers, elle lui faisait une couronne de chanvre, le serrait tout contre son cœur, le berçait lentement en fredonnant une comptine, jusqu'à ce qu'il se calme et que l'orage bleu foncé au-dessus de leurs têtes se dissipe. Avec elle, il n'avait pas besoin de mots. Elle comprenait ses maladresses, ses bizarreries, sa façon de manger ses aliments dans l'ordre sans jamais les mélanger, de trier ses piles de vêtements par couleurs et motifs, de découper toutes les étiquettes de ses vêtements et de ne pas supporter certains contacts, de sourire bêtement à une blague sans jamais dire qu'il n'a rien compris, de calquer tout son être sur ses interlocuteurs comme un miroir, de dérouter les gens avec son pragmatisme et son empathie étrange, son obsession pour le vert sapin, l'odeur du feu de bois et la broderie, son intransigeance universelle. Elle avait toujours été là dans les mauvais moments. Les crises de tétanie, les angoisses, les burnout, les meltdown et les shutdown. Elle avait vu les mauvais côtés et arrivait à les sublimer avec une chanson, une petite brioche à la cannelle, un petit panier tressé où y ranger ses petits trésors, un sigil rassurant tracé en essuyant du pouce ses larmes.
Même Éros, lui-même, ne pourrait égaler l'amour qu'il leur porte. Et le feu de la cheminée de cette maison brille plus fort que celui de Vesta. Et depuis le cimetière des bateaux, sur la dune de Dantzigman, entre les marais salants, le phare et l'océan, le soleil s'élève sur cette journée si précieuse. Il est temps d'embarquer, le poisson ne va pas se pécher tout seul et il reste encore beaucoup à faire avant ce soir pour que cette journée soit parfaite.




MABON honte, frustration, maturité, justice, déception

Sénat, Nouvelle-Rome, Californie, 21 septembre 2018 (15 ans)

Le sol de l'amphithéâtre baigne dans un tapis vert clair. Assis face à son amie, Cassandre la regarde sans sourciller. Ses yeux sont rouges, ses poignets visés à leurs accoudoirs, elle aurait bien besoin de soutien. Mais celui qu'elle cherche reste impassible tandis que les Prêteurs énoncent les accusations. Une voleuse. Ça serait mentir que de dire que Cassandre s'y attendait. Ils s'étaient rencontrés dans les gradins d'une course de chars, ils avaient fait leur première quête ensemble. Elle lui parlait de son nombre incroyable de petits copains, de ses parents à Perth, et l'avait invité sur son île. Au cœur de chez lui, dans son paradis, son refuge. Une voleuse. Comment en était-elle arrivée là ? Quels étaient ses choix pour prendre cette voie ? Elle était plutôt drôle dans son genre, très intelligente, peut-être un peu trop pour son propre bien.
Mais il n'était là ni pour la défendre, ni la juger ou même réfléchir. Il était là parce qu'on avait besoin qu'il fasse son travail. C'est tout ce qu'on attendait de lui.
À son tour, il avance la main et agrippe l'avant-bras de la jeune fille. Le tapis se retrouve comme aspiré par ce contact, disparu. Cassandre ferme les yeux sentant la résistance. C'est comme essayer de courir dans l'eau et sentir son corps bouger au ralenti quelle que soit la force des mouvements. Il faut qu'elle accepte de le laisser entrer ou il forcera le passage qu'importe ce que cela lui coûte. Il se voit à travers ses yeux, il les voit s'agiter, balayer l'assemblée de visages inquisiteurs, s'attarder avec insistance sur les Prêteurs avant de revenir sur son ami. Il la sent se concentrer pour ne penser à rien. Il la sent tirer sur ses bras pour l'empêcher de la toucher, tirer sur ses cheveux, ses yeux, il la sent se rebeller. Mais dans le domaine des pensées, il a plus d'expérience et d'endurance et ne penser à rien, méditer est presque un sport en soi.
La porte cède. Il est entré. La bibliothèque est ouverte, comme il aime l'appeler. En réalité, cela ressemble plus à la voie lactée. Une immensité noire couverte de pensées toutes plus brillantes les unes que les autres. Un million de nébuleuses et de supernovae. Une palette infinie de couleurs en constant mouvement. Mais l'accusée n'a pas dit son dernier mot et voilà que des étoiles filantes s'abattent sur lui. Des idées inachevées, des pensées inutiles pour la plupart, des parasites mentaux pour camoufler l'étoile du berger. Des souvenirs de moments ennuyeux au Camp Jupiter, des photos de famille, une liste de course, un rendez-vous chez le médecin à ne pas oublier, une mélodie idiote qui refuse de tomber dans l'oubli.
De l'intérieur, il sent ses larmes rouler sur ses joies et le sang battre furieusement à ses tempes. Il devrait avoir pitié et arrêter, ne pas lui infliger cette lutte. Ils étaient amis avant qu'il n'attrape son bras. Et son vert, mêlé de gris, s'immisce hors de lui tel un bouclier pour écarter les projectiles. Comme toujours, c'est un échange. Peu équitable, certes, mais un marché. Un peu de lui, contre ses souvenirs. Ses propres sentiments comme leurre pour mieux atteindre son but. Et c'est à peine s'il l'effleure, que la Brume s'étend tout autour d'eux dans l'air de l'amphithéâtre, affichant le décor de ce premier souvenir.
Il est elle. Dans un entrepôt, une torche à la main. Les étagères semblent remplies de caisses de toutes tailles, la poussière conserve les traces de pas de deux autres personnes. Au centre de la pièce une table autour de laquelle se tiennent d'autres personnes. Impossible de voir leurs visages. Leurs ombres dansantes se projettent sur les objets étalés devant eux. Tout cela ne ressemble à rien de connu pour Cassandre mais ce sont des objets de valeurs à n'en pas douter. Peut-être des reliques, des trophées, des armes. L'un des participants brandit une montre. Il est l'heure. Marchant dans ses jambes, Cassandre emprunte le chemin de la voleuse, parcourant les allées, laissant sa torche traîner sur les étagères. De temps à autre, sa main se saisit d'un des trésors pour l'enfouir dans un sac.
Sa vision se trouble. Elle résiste encore. Mais tant qu'on ne lui demande pas d'arrêter, il n'est pas question de battre en retraite. Faire le tri, écarter les étoiles futiles, s'accrocher à celles qui semblent coller. Où est la suite ? Qu'a-t-elle fait d'autre dans l'entrepôt ? Où est le sac ? Il faut gratter la surface, descendre de couche en couche. Mais les pellicules se font plus épaisses, la croûte plus dure. Elle semble continuer à se battre mais surtout prendre peur. Ce n'est plus la rage qui envoie ses pensées comme des astéroïdes, c'est la peur qui fait trembler tout l'édifice. Sa voix murmure et se fait de plus en plus dure au fur et à mesure qu'il creuse. Il faut qu'il trouve ce qu'elle cache. Où est le sac ? Des murs, une lumière tamisée et une odeur d'alcool qui fait tourner la tête. Un bar ? Sa voix devient une tempête le suppliant d'arrêter. Mais il n'écoute pas. Où peut bien être ce bar ? La plaque qui recouvre cette pensée est lourde, d'un seul tenant, collée.  Cassandre passe ses ongles dessous pour tirer dessus. La voix résonne dans sa tête comme si l'univers entier avait pu l'entendre. STYX !
Comme un coup de fouet en plein visage, Cassandre percute le fond de sa pensée. La connexion est rompue. Sa main lui fait mal comme brûlée, ses yeux peinent à la regarder et son ventre crie famine. Le Brouillard est à nouveau amassé autour de lui comme une couverture de survie. Est-il le seul à l'avoir entendu ou tout le monde fait semblant ?
Le silence meurt quelques instants plus tard. On le remercie et l'invite à sortir pour se reposer. Le Sénat est prêt à rendre son jugement.




SAMHAIN colère, déterminé, menace, submergé, peur, culpabilité

Mont Hood, Oregon, 31 octobre 2021 (18 ans)

La pluie menaçait de noyer le sol de la petite crevasse. À l'intérieur, Cassandre grelottait de froid. De ses mains tremblantes, il avait retiré son armure, déposé son sac dans un coin pas trop humide, et s'efforçait d'allumer un feu, mais les allumettes se cassaient une à une entre ses doigts. Il claquait furieusement des dents et s'il ne trouvait pas un moyen de se sécher, il tomberait sûrement en hypothermie. Les trois géants qui habitaient ces volcans n'avaient été d'aucune pitié. Et il se retrouvait là, seul, trempé jusqu'aux os, répétant ses prières à Vulcain comme un automate défectueux. Il les avait prévenus pourtant, ça porte malheur de partir en quête à plus de trois. Il leur avait dit et personne n'avait écouté. Il leur en voulait, mais le chagrin polissait les défauts de l'amertume.
Une flamme s'éleva dans l'air éclairant son sourire couvert de boue et de sang séché. Le feu vacilla un instant au gré des courants d'air mais réchauffa rapidement le creux de ses mains. Il déposa son plastron et son long manteau face à l'entrée pour faire barrage. Et tandis qu'Apollon repartait sur le char du soleil, la grotte se radoucissait doucement. Il alluma trois autres de ses bougies : une rouge, une noire et une orange. Bientôt, il retira son haut et ses chaussettes pour les suspendre au-dessus sur sa lance posée sur son bouclier. De son sac, il tira cinq gamelles et une brique de soupe de potiron. Il les disposa en cercle.
Le Destin pouvait avoir un sens de l'humour particulier. Mais qu'importe, c'était ce soir et il voulait ou plutôt il avait besoin de leur dire au revoir. Dans un mandala de rouges plus ou moins orangés, il s'affaira à fouiller son sac. Son t-shirt de rechange passé sur le dos, l'ancien ira pour l'autel. L'étalant au sol soigneusement pour retirer les plis, il y disposa les trois bougies tout autour. À l'Est, la fumée d'un bâton d'encens planté dans le sol pour l'Air, à l'Ouest, un petit flacon transparent rempli de la pluie au-dehors pour l'Eau, au Sud, la bougie rouge pour le Feu, et au Nord, un peu d'humus de la grotte pour la Terre. Que pourrait-il ajouter de plus ? Quelques feuilles mortes battues par la pluie, une pomme qu'il mangera plus tard, quelques noix décortiquées au fond de sa poche. De sa boîte, il déposa au centre du cercle quelques aiguilles de pin et de romarin, une feuille de laurier et d'ortie avec précaution, une poignée de clous de girofle et de calendula, et une grosse pincée de cannelle. Si seulement il avait quelques graines de citrouille, un petit os ou une plume de corneille. Mais c'était déjà très bien, du moins, il s'efforçait de s'en persuader.
La fumée de l'encens mélangée à la Brume lançait de grandes ombres cramoisies sur les parois humides. On pouvait y apercevoir les souvenirs encore vifs derrière les paupières qu'il a fermées. Samhain a toujours été un moment à part, spécial dans l'année. La seule soirée que l'on partageait avec l'au-delà, où les frontières se faisaient fibres de verre et l'on invitait les morts à partager le repas. Un repas dans le silence le plus total. Les vivants se taisaient enfin et laissaient la place aux défunts.
Mais Cassandre avait beau se concentrer sur sa respiration, s'imaginer refermer une à une les vannes de ses pensées, son dos tendu de froid refusait de coopérer. Le Brouillard carmin tourbillonnait furieusement contre le plafond bas de la crevasse. Les épées s'y brandissaient, et les mains rocailleuses des géants fendaient l'air déplaçant la poussière de Brume d'un bout à l'autre. Et plus il luttait, plus les voix s'élevaient. Pas les siennes, pas celles habituelles de ses pensées, mais des échos de voix, des vestiges de phrases, des souvenirs d'accents, de rires. Des réminiscences qui s'échappaient de son esprit par vagues. Toutes ces voix bourdonnaient, se superposaient maladroitement, se noyaient puis hurlaient, refusant de l'écouter. Les flammes des petites bougies vacillèrent. La grotte était remplie d'un brouhaha infernal, perçant à travers la pluie. Il était un phare dans la nuit. Un phare chaotique de regrets entremêlés et d'une colère profonde qui lui retournait l'estomac. Être si énervé à en avoir envie de vomir.
Énervé contre cette quête, contre ses camarades, contre les dieux ! Énervé encore plus contre lui-même, ce manque cruel de contrôle, l'irrespect flagrant pour Samhain, toutes ces voix, ses dents qui claquent, ses chaussures totalement ruinées, être obligé de porter le deuil et leur en vouloir pour cela. Les larmes coulaient sur ses joues pour ne pas arranger les choses. De ses mains, il tentait vainement de chasser la fumée, de la purifier avec l'encens, de détruire les images qui s'imposaient devant ses yeux. Il se balançait d'avant en arrière espérant retrouver l'équilibre.
Mais la réalité était devant ses yeux. À la caserne comme en mission, personne ne voulait dormir avec lui, on l'engueulait régulièrement lors des réunions, les avertissements du Sénat avaient dépassé la limite autorisée, il était nul en infiltration ou pour les missions de reconnaissance, peu de gens supportaient sa compagnie. Il était un chaos ambulant. Et le silence n'existait pas.


Physique
Hey, vous là ! Oui, pardon, excusez-moi je cherche mon fils. Non, oui je sais, les mortels ne peuvent pas entrer mais ça fait déjà une heure que je poireaute en haut de cette colline. Vous pouvez aller me le chercher ? Ou envoyer quelqu'un à votre place ?
Il s'appelle Cassandre. Mais si je suis certaine que vous le connaissez, il est pas du genre à passer inaperçu (rire).
Attendez ! C'est bien la, le, rohh... la Colonie machin là ?! (soupir) Franchement... ça aurait été plus simple qu'elle vienne à ma place...
Il m'avait dit qu'en ce moment il travaillait ici. Toute façon, j'arrive plus à suivre moi, avec tout ces aller-retours ! Vraiment ça ne vous dit rien ? Un blond, à peu près grand comme ça, des yeux bleu-gris, quelques taches de rousseurs. Dernièrement il s'est laissé pousser les cheveux. Oh et il porte toujours son vieux manteau long bleu marine du surplus de la RAF.
Faites un effort, y en a pas trente-six des gamins comme ça ! Maigrichon même s'il mange pour quatre, non ? Toujours pas ? Il a un tatouage de la Légion sur l'avant br— mais non enfin, je ne suis pas un monstre, je suis sa mère ! C'est pire croyez-moi. Et vous commencez sérieusement à me courir sur le haricot. Nous avions rendez-vous, j'exige de voir mon fils, alors bougez vous les fesses et allez me le trouver !
Oui. Oui. Ça sera madame Torrance pour vous, pas juste m'dame.
Et bien quoi ? Oui Torrance.
Comment ça ? Personne ne l'appelle jamais par son prénom ? Qu'est-ce que c'est que cette hist— bah oui ! Allez  hop hop on s'active !

Caractère
Teiwaz
Grave la à l'intérieur de ton bouclier s'il te plaît. Elle te portera chance sur le champ de bataille. Je l'ai choisie pour toi, elle te ressemble bien. Elle est lié au dieu Tyr, comme Chronos il était le chef des dieux avant que Odin ne le détrône. Comme toi, il avait des valeur très fortes : l'honnêteté, l'ouverture d'esprit, la patience, la résilience. Ses aspirations et ses pensées étaient comme une lance : elles touchent toujours leur cible sans dévier. C'était un leader né, même s'il n'en avait pas la volonté, il incarnait la justice, la victoire, la bonne direction à prendre et l'accomplissement de tout ce qu'il entreprenait. C'est une protection qui te donnera la force et le cap. Elle t'aidera à voir clair tant que tu es digne de confiance et droit. Mais tu sais que même si elle peut te promettre le succès, il ne se passera jamais rien sans travail, acharnement et constance : rien ne vient sans sacrifice. Garde la toujours avec toi, elle te sera d'une grande aide pour ordonner, structurer tout ce chaos de pensées et rester déterminé à faire ce qui est juste.

Thurisaz
Marque celle-ci sur ton front, que ton esprit soit toujours connectée aux forces de la nature. Déploie ton énergie, ne fait qu'un avec le monde, laisse la Terre Mère, Gaia, te donner la force d'avancer. La force mentale d'une multitude d'éclairs traversant les cieux pour initier le mouvement de la vie ou la détruire. Garde cette confiance en toi, en ta foi, en les dieux, en ta magie où que tu sois. Tu sais qu'il faut parfois prendre du recul lorsque les choses semblent hors de contrôle, comme toujours, réfléchis, concentre-toi, quelque soit l'importance de ta décision. Tu es un avec l'univers depuis le premier jour. Tes cheveux et tes pieds sont les racines de l'arbre de vie. Rien ne peut ébranler ta conviction.

Mannaz
Et cette dernière sur ton cœur pour te rappeler qui tu es, d'où tu viens et qui marche à tes côtés où que tu sois. Je sais que la neurodivergence n'aide pas, que tu doutes mais tu te souviens le conte des trois frères ? Ve, Vili et Odin, qui rencontrairent deux arbres au bord de la mer. Ve leur donna la forme, la parole, l'ouïe et la vue, Vili - le mouvement et l'intelligence, et Odin - l'âme. C'est ainsi que sont nés les deux premiers humains - Ask et Elm. Pas plus différents que toi et moi. Les rôles à jouer ne sont pas compliqués : l'enfant, le chef, le subordonné, le membre du groupe, de la communauté. Tu les connais par cœur maintenant, ne reste plus que l'engagement, les dettes et les responsabilités qui vont avec ; l'éthique, la morale, les principes, les habitudes, les croyances. Tu trouveras ta place, mon ange. J'en suis certaine. Tu as toujours été une petite boule de joie, de maturité, d'intelligence, de curiosité, capable de créer une atmosphère si paisible ; tout ira bien là-bas.


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Re: Le silence n'existe pas _ Cassandre

Oh dis donc bonjour toi !

Bon courage pour la rédaction de ta fiche ! Hâte de voir ce demi-dieu beaucoup trop stylax en action ! Le silence n'existe pas _ Cassandre 1727267972 Le silence n'existe pas _ Cassandre 4091734426


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Re: Le silence n'existe pas _ Cassandre

Rebienvenue parmi nous le plus beau ♥


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    Re: Le silence n'existe pas _ Cassandre

    Bienvenue par ici bg, je me devrai d'exiger des liens, j'adore le peu que je lis, ses pouvoirs sont trop cools et ont trop de potentiel Le silence n'existe pas _ Cassandre 2947816253 Le silence n'existe pas _ Cassandre 2947816253
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    Re: Le silence n'existe pas _ Cassandre

    Quel feat de qualité supérieur, je valide fortement Le silence n'existe pas _ Cassandre 2951701998
    Bienvenue à nouveau, hâte d'en découvrir plus sur Cassandre !
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    Re: Le silence n'existe pas _ Cassandre


    Validation

    Te voilà validé avec ce personnage fort intéressant ! Hâte de voir ce que va donner Cassandre inrp ! Tu connais le blabla de validation habituel mais je t'invite à le lire quand même !

    À partir de maintenant, ta fiche n'est plus modifiable. Si tu souhaites changer quelque chose, il faudra passer par un•e admin. Si tu as des questions, n'hésite pas ! Et surtout, amuse-toi bien sur le forum !


    guide du validé


    Tu as maintenant accès à l'entièreté du forum. À toi les balades à dos de pégases, les escalades du mur du lave, les sessions du Jeu de siège et autres amusements divers et variés ! Le monde est grand, alors pour ne pas te perdre, voici un petit guide qui te mènera vers les beaux plus endroits du forum :

    ▬ Les annexes te sont accessibles à n'importe quel moment si un détail t'échappe. Tu y trouveras, entre autre, les descriptions des espèces, le fonctionnement des camps et même un lexique !
    ▬ Les journaux intimes te sont vivement conseillés si tu désires faire le point sur tes relations avec les autres ou voir un peu qui est ami avec qui. Ils te permettront également d'organiser tes rps !
    ▬ Pour bien commencer dans ce forum, il faut rp. Les demandes de rp sont donc ouvertes à tous ! Va jeter un coup d’œil aux demandes en cours ou ouvre la tienne ! Qui sait, tu trouveras peut-être quelqu'un pour partir en quête avec toi...
    ▬ Tu as peur d'avoir trop de PP et de crouler sous cette puissance inutilisée ? Viens augmenter ton pouvoir ou acheter des objets magiques !
    ▬ Envie de pimenter un peu tes rps ? Tu peux faire un tour sur nos lancers de dés pour essayer de jouer un peu avec le destin. Après tout, la chance sourit aux audacieux...
    ▬ Après toutes ces émotions, tu as peut-être envie de te détendre ? Le Casino Lotus ouvre ses portes juste pour toi ! Et si ce n'est pas suffisant, viens lire les précédentes éditions du Satyre Déchaîné, le journal fait par et pour les êtres mythologiques !
    ▬ Et enfin, n'oublie pas de t'amuser ! Au plaisir de te croiser sur le forum, jeune padawan.





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