« Tu sais bien que je ne fais que des choses peu recommandables, Alexis. »

Solan avait répondu ça après avoir toisé Alexis de la tête aux pieds. Elle pouvait sentir son regard brûler chaque parcelle de sa peau, la déshabiller mentalement… Dans n’importe quel autre contexte, Alexis aurait sûrement abusé de cette situation, n’écoutant que son corps et ses pulsions. Mais Alexis était rancunière, alors elle se contenta de lever les yeux au ciel au soupirant.

Tel un prédateur devant sa proie, Solan s’approcha doucement d’Alexis, un sourire carnassier sur les lèvres, une étincelle perverse dans le regard. Tout à fait le genre de comportement qu’Alexis désirait d’habitude. Amusée pendant une seconde, elle le laissa faire. Elle le laissa s’approcher. Elle laissa son regard fourbe glisser sur peau. Elle laissa ses émotions lui exploser au visage. Haine, rancœur, désir, jalousie, envie. Tout brûlait dans le regard de Solan, dans ses gestes, dans son attitude.

Il n’y avait plus que quelques centimètres qui séparaient leurs corps. Alexis pouvait sentir son immonde haleine se mélanger à la sienne, elle pouvait sentir sa chaleur se déployer autour d’elle. Un frisson d’excitation parcourut le corps de la jeune femme lorsque Solan se pencha vers elle, effleurant de ses lèvres son oreille. Alexis se délectait de cette situation bien plus qu’elle ne l’avouerait.

« Au cas où tu sois pas entièrement repue de ton cher prince des Chimères, tu sais qu’il y a toujours moyen…d’aller ailleurs… »

C’était comme ça qu’Alexis préférait Solan. Elle l’aimait dégoulinant de désir, esclave de ses pulsions animales. Mais plus que ça, elle l’aimait jaloux, envieux. Elle aimait les inflexions de sa voix quand il parlait d’Erwin, elle l’aimait l’entendre ployer le genou face à ses propres émotions. Oh oui, il détestait la relation qu’Alexis entretenait avec Erwin parce qu’il savait pertinemment qu’il ne pourrait jamais occuper la même place pour Alexis. Si Solan et Erwin étaient tous les deux en danger, tout le monde savait qu’elle choisirait le fils de Neptune. Et cela bouffait Solan. Que d’amusement pour Alexis qui dû s’empêcher de rire tant la situation était hilarante.

Lentement, délicatement, Alexis laissa courir ses doigts au creux des reins de Solan. Elle glissa ses lèvres sur la joue de Solan jusqu’à son oreille qu’elle mordit presque trop doucement. Elle pouvait sentir ses mains à lui se glisser dans son dos, sur son ventre, remontant avec hargne… Puis Alexis stoppa la course de ses doigts et approcha de nouveau ses lèvres de l’oreille de Solan.

« Mon prince m’a repu, mais je saurai revenir vers toi quand j’aurai besoin d’un bouffon, Solan. »

Puis Alexis recula et lui fit un clin d’œil. Elle disparut dans la nuit sans demander son reste, un sourire complètement tordu sur le visage, signe de son hilarité. Décidément, les concours de testostérone… Tout à fait son genre. Dommage que Solan soit le seul participant… Erwin ne jouait clairement pas dans la même cour.

Solan pouvait sentir les doigts d’Alexis parcourir son dos, son souffle sur sa joue lorsqu’elle glissa jusqu’à son oreille, qu’elle mordilla avec presque trop de douceur à son goût. C’était le signal qu’il attendait, néanmoins, et il passa ses mains dans le dos de la fille d’Arès, puis sur son ventre, remontant le long de son corps avec une intensité non feinte. Et Alexis stoppa son geste avant de lui murmurer à l’oreille :

‘’Mon prince m’a repu, mais je saurai revenir vers toi quand j’aurai besoin d’un bouffon, Solan.’’

Pas déboussolé pour deux sous, Solan laissa Alexis lui échapper, encore une fois. Elle disparut dans la nuit après lui avoir lancé un clin d’œil moqueur, voire pire que ça, vicieux. Elle jouissait de la situation. Il savait pertinemment qu’elle lui préférerait toujours son foutu héritier de merde. Mais Solan avait quelque chose qu’Erwin n’avait pas. Des couilles. Alors, avec un sourire complètement fou, Solan se précipita dans la direction opposée, rejoignant les dortoirs pour une bonne nuit de sommeil aux côtés de Kieran.

***

Le temps était particulièrement clément, cette après-midi. Solan se baladait son sac sur l’épaule, sa hache reposée sur l’autre. En ville, il semait sur son passage un peu trop de chaos, comme s’il était une voiture qui avait une fuite d’huile et que Kieran y avait foutu le feu avec son fidèle briquet. Finalement, ses pas le menèrent hors de la Nouvelle -Rome, en passant par l’Arcanum, comme d’habitude. Il rangea sa hache encore dégueulasse de sa mission rondement menée, puis déposa son sac avec délicatesse sur le sol, à côté de son siège. Maxine sur les genoux, il avala son verre de liqueur.

L’armurière lui proposa bien de faire un tour dans l’arrière-boutique, mais Solan, une fois n’était pas coutume, refusa poliment, et après une bonne heure passée à discuter de choses toutes plus futiles qu’inintéressantes, il se leva sans sommation, faisant chuter la fille de Vulcain, et sortit sans un regard en arrière, prenant son sac avec lui pour se diriger vers le lac. Une fois arrivé, il sortit précautionneusement un livre d’une des nombreuses poches de son sac à dos, et s’installa contre un tronc d’arbre pour commencer sa lecture. Rien de réellement passionnant en fait, mais il n’y avait que ça à faire en attendant qu’Alexis se décide à se pointer.

Ce qu’elle finit par faire, au bout d’une petite demi-heure. Il la regarda s’approcher de lui, un air suspicieux dans les yeux, puis Solan se releva, tout sourire. Après tout, il comprenait le scepticisme, ce n’était pas avec lui qu’elle avait rendez-vous, mais avec son très cher prince, Erwin. Le corps complètement hors de contrôle, Solan tremblait de joie et trépignait d’excitation. Par les dieux, il avait tellement hâte ! Alors il sortit de son sac un paquet mal emballé, encore dégoulinant et l’ouvrit sous les yeux d’Alexis.

‘’C’est cadeau, me remercie pas.’’

Puis il jeta la tête fraîchement tranchée d’Erwin au sol, ou la poussière s’agglutina sur la chair à vif. Dans les yeux morts du fils de Neptune, on pouvait encore y lire la terreur. Le combat avait été jouissif. Bon, Solan avait failli crever, il s’était pris des sacrés coups, mais un petit carré d’ambroisie avait suffi à le remettre d’aplomb. Le plus dur avait été de convaincre Erwin de le rejoindre à l’usine désaffectée qu’il affectionnait tant. Le simple fait de dire qu’Alexis était en danger avait été suffisant pour le faire venir. Il ne comprenait pas, Erwin, il avait froncé les sourcils, Erwin, puis il avait eu peur, Erwin. Et enfin, il était mort, Erwin.

Un sourire mauvais étira ses lèvres. Désormais, il n’y avait plus que lui.

TW: violence

Alexis s’avançait en direction de l’Arcanum, plutôt détendue. Pour la première fois depuis une éternité, elle avait réussi à dormir convenablement, sans faire de rêves dérangeants. Même si elle ne voulait pas l’admettre, la compagnie d’Erwin l’apaisait beaucoup que plus raison. Alexis se retrouvait même à avoir des pensées cohérentes, à se nourrir convenablement et à ne plus partir dans des crises de fou rire inexplicables au milieu de conversations sérieuses. Grâce à Erwin, Alexis se sentait généralement mieux. Ça n’effaçait pas tout le reste, mais c’était un progrès qu’elle n’avait pas vu venir.

Plus elle s’approchait de l’Arcanum, plus Alexis sentait son cœur se broyer, son estomac se compresser. Elle n’avait qu’une seule pensée en tête : s’enfuir, courir le plus loin possible, ne jamais revenir. Sans s’en rendre compte, elle s’était mise à gratter furieusement son avant-bras, s’arrêtant juste avant de pénétrer dans l’Arcanum. Elle se claqua alors les joues, pris une grande respiration, et pénétra dans le bar. Ses instincts continuaient de lui déchirer l’intérieur du ventre, mais elle décida de ne pas y prêter attention. Ce n’était pas aujourd’hui qu’elle allait commencer à écouter quand son corps grondait sans raison.

En arrivant dans le bar, Alexis eu la désagréable surprise d’y trouver Solan qui la fixait avec un air mauvais sur le visage. Qu’est-ce qu’il foutait là ? N’avait-il pas une mission top secrète dont il ne pouvait parler à personne ? La douleur dans son ventre se décupla à mesure que Solan s’approchait d’elle. S’était-elle un jour sentie menacée par l’enfant de la peur ? Pas vraiment. Pas depuis longtemps. Alors pourquoi son cerveau entier lui hurlait de partir maintenant ?

Sans un mot, Solan glissa son sac devant Alexis et l’ouvrit, tremblant d’excitation. Plus par réflexe que par réelle curiosité, Alexis baissa les yeux. Puis un vide total se fit dans son esprit. Elle n’entendit même pas les mots de Solan. Elle ne sentait même plus les battements de cœur qui s’étaient accélérés ou la bile qui commençait à lui remonter dans la gorge. Non, Alexis ne sentait plus rien, n’entendait plus rien, elle ne faisait que voir, voir le regard d’Erwin qui la fixait sans la voir, mort de terreur.

Alexis sortit de son corps. Elle ne se vit pas exploser de rire. Pourtant elle riait, elle riait comme une folle, tous les regards braqués sur elle. Non, Alexis ne se vit pas rire, elle ne se vit pas ignorer Solan qui exaltait en lui parlant, elle ne se vit pas sortir une dague de sa poche et la planter dans la main du gars qui lui demanda si ça allait. Elle ne se vit pas se faire traîner en dehors de l’Arcanum, toujours hilare. Alexis ne vit rien de tout ça, car elle était toujours obnubilée par la tête détachée d’Erwin, prenant la poussière par terre, l’effroi dessiné dans ses iris.

Alexis s’était réjouie d’avoir passé sa première nuit correcte depuis une éternité.
Alexis n’allait plus connaître le repos avant une autre éternité.
Alors elle continua de rire.
Pendant des heures.
Pendant des jours.
Jusqu’au moment où ce n’était plus l’heure de rire.
Pourtant le sourire ne s’effaça pas.
Le sourire ne s’effaça plus jamais.

***

Alexis était seule sur un toit, debout, tordue dans une position douloureuse pour le dos. Elle avait encore deux poignards dans ses mains, du sang sur le visage, dans les cheveux. Oh, le sang n’était pas frais. Cela faisait un moment qu’Alexis n’était pas passé à la douche. Elle avait mangé quelques trucs, çà et là, mais sa maigreur faisait peine à voir. Pourtant, elle ne s’était jamais sentie aussi bien ! Elle leva la tête vers le ciel alors que le soleil était à son zénith, l’éclairant d’une lueur morbide alors qu’elle souriait toujours, le regard fou. Finalement, son invité arriva. Il ouvrit la porte à la volée, comme si ce toit lui appartenait, comme si la ville lui appartenait, comme si Alexis lui appartenait.

« Tu vois Solan… »

Sa propre voix la surprit. Depuis combien de temps n’avait-elle pas prononcé de mots, de phrases complètes ? Alexis pouffa de rire juste à entendre l’écho de sa voix dans le désert qui l’entourait. Puis elle se reprit, faisant sautiller le couteau dans ses mains.

« J’ai compris ce que tu voulais. Je t’en veux pas, finalement. Tu me voulais juste pour toi tout seul. Je comprends. J’apprécie. C’est presque… romantique, tu vois. »

De nouveau, Alexis explosa de rire. L’écho se propagea tout autour d’elle tant elle y mettait de la force. Puis, avec une rapidité surhumaine, elle se retrouva derrière Solan, et dessina un trait biscornu avec son poignard sur la gorge de Solan avant de reculer. Il se retourna, elle lui sourit.

« Tu voulais juste qu’il n’y ait plus que toi… uniquement toi… tu as réussi ! Félicitations. »

Alexis s’approcha de nouveau de Solan et déposa un baiser sur ses lèvres. Baiser qui fut rendu avec fougue. Les langues de mélangèrent et Alexis mordit si fort dans la sienne que le goût de son sang se répandit dans sa bouche. Alexis recula, explosa de nouveau de rire, le sang dégoulinant de sa bouche.

« Je ne savais pas par où commencer, mais j’ai décidé de suivre ton plan. Tu voulais qu’on soit seuls ? Alors on va être seul. Tu aimes mon pouvoir ? J’adore mon pouvoir. J’ai découvert il y a peu que je pouvais même l’étendre aux humains. JE PEUX FAIRE EXPLOSER DES CORPS ENTIERS, SOLAN. Oh, c’était fabuleux. J’ai commencé sur Rae, puisqu’elle était là. Ses jambes, ses bras, son ventre. C’ÉTAIT SI DRÔLE. Puis après, Kieran. Il s’est débattu le bougre. Je comprends pourquoi tu l’aimes. Désolée, je n’ai pas de présent, j’ai explosé son crâne, ahaha. Maxine était la plus coriace. Mais si facile… Tu aurais vu ses yeux… Oh, elle aurait préféré que tu crèves, dommage, c’est tombé sur elle. Ciryon aussi, je l’ai explosé. Ses entrailles recouvrent les murs de ton usine. Alors dis-moi Solan, tu veux que ce soit qui le prochain ? »

Tout en parlant, Alexis s’était décalé de Solan. Elle marchait maintenant sur les bords du toit, toujours en train de jouer son couteau. Elle était hilare. Oh, qu’est-ce qu’elle rigolait ! Elle commençait presque à avoir mal aux joues à force de sourire et de rire. Et pourtant, elle vivait sa meilleure vie.

Après de longues journées passées à ne pas faire grand-chose, Solan avait finalement été convoqué par Alexis. Enfin. Il longea l’immeuble jusqu’à arriver à l’entrée, puis trouva les escaliers de secours qui menaient aux toits. Ouvrait la porte comme si les lieux étaient les siens, le jeune homme apparut finalement aux yeux de la fille d’Arès, un sourire triomphant aux lèvres. Il s’adossa au mur, attendant qu’elle parle la première. Les yeux pétillants, il l’écouta parler d’une voix rocailleuse :

‘’Tu vois Solan…’’

Puis elle se mit à pouffer comme une ado sans cervelle, sans qu’il ne comprenne bien pourquoi. Mais après tout, était-ce réellement important ? N’était-ce pas ce qui comptait le plus, de la voir rire ? Bien sûr que si. C’était ça le bonheur, non ? Si ! Alexis cessa de rire et jouait avec son couteau entre les mains.

‘’J’ai compris ce que tu voulais. Je t’en veux pas, finalement. Tu me voulais juste pour toi tout seul. Je comprends. J’apprécie. C’est presque… romantique, tu vois.’’

Les dieux soient loués, elle ne lui en voulait pas ! Il avait mis tellement de cœur dans le meurtre d’Erwin, ç’aurait été dommage qu’elle soit rancunière. Et elle se remit à rire, presque en hurlant, un cri destructeur qui aurait pu rendre sourd si elle l’avait un peu poussé plus loin. Sans qu’il puisse la voir venir, Alexis se dressait finalement derrière lui et lui lacéra la peau de la gorge de la pointe de son couteau avant qu’il ne se retourne pour mieux la distinguer, un sourire mielleux accroché au visage. Sourire qu’elle lui rendit, évidemment.

‘’Tu voulais juste qu’il n’y ait plus que toi… uniquement toi… tu as réussi ! Félicitations.’’

A nouveau, Alexis s’approcha de lui et l’embrassa. Solan du se faire violence pour ne pas lui planter ses ongles dans le dos tant il mettait de cœur à lui rendre son baiser. Alexis elle, ne se retint pas et mordit dans sa langue, répandant un goût de sang dans sa bouche. Un frisson de plaisir lui parcourut l’échine, mais elle s’éloigna bien vite et se mit à rire encore plus fort qu’avant.

‘’Je ne savais pas par où commencer, mais j’ai décidé de suivre ton plan. Tu voulais qu’on soit seuls ? Alors on va être seul. Tu aimes mon pouvoir ? J’adore mon pouvoir. J’ai découvert il y a peu que je pouvais même l’étendre aux humains. JE PEUX FAIRE EXPLOSER DES CORPS ENTIERS, SOLAN. Oh, c’était fabuleux. J’ai commencé sur Rae, puisqu’elle était là. Ses jambes, ses bras, son ventre. C’ÉTAIT SI DRÔLE. Puis après, Kieran. Il s’est débattu le bougre. Je comprends pourquoi tu l’aimes. Désolée, je n’ai pas de présent, j’ai explosé son crâne, ahaha. Maxine était la plus coriace. Mais si facile… Tu aurais vu ses yeux… Oh, elle aurait préféré que tu crèves, dommage, c’est tombé sur elle. Ciryon aussi, je l’ai explosé. Ses entrailles recouvrent les murs de ton usine. Alors dis-moi Solan, tu veux que ce soit qui le prochain ?’’

Durant tout ce monologue, Alexis riait. Elle était désormais au bord du gouffre, et jouait avec son fidèle couteau. Ainsi, Kieran était mort ? Lui, et tous ceux qu’il avait daigné aimer un jour. Un sourire fou se dessina sur ses lèvres, complètement tordu. Il était ivre de rage, mais également plus comblé qu’il ne l’avait jamais été. Il était furieux, mais heureux. Alexis et lui étaient seuls, enfin. Il éprouvait un besoin viscéral de lui faire mal, si mal qu’elle en crèverait, mais que ferait-il sans elle après ça ? A moins que…

‘’Moi. Moi, Alexis. Je veux être ton prochain.’’

Il se rapprocha d’elle, sauta sur le rebord du toit à son tour, et avec un air tout ce qu’il y a de plus sérieux, il prit son visage entre ses mains et l’embrassa. S’il avait pu la bouffer, il l’aurait fait avec plaisir.

‘’Je veux être ton dernier.’’

Le vent soufflait fort autour d’eux, mais rien ne semblait perturber Solan, trop occupé à regarder Alexis dans les yeux. Il la défiait du regard. Il voulait disparaître avec elle, il l’aimait tellement qu’il voulait en crever. Etait-ce vraiment de l'amour ? Il en doutait. De la passion, certainement. Toujours était-il qu'il voulait définitivement terminer sa vie avec elle. Tout ce qu'il avait à faire, c'était de donner une petite, une toute petite impulsion pour les faire basculer dans le vide. Alors il rirait autant qu'elle.

« Moi. Moi, Alexis. Je veux être ton prochain. »

Solan s’approcha d’elle, une lueur malsaine dans les yeux. Alexis pouffa de rire. Elle le ferait exploser avec plaisir. Avec beaucoup de plaisir. Le fils de Metus sauta sur le rebord de l’immeuble pour la rejoindre et l’embrassa avec une fougue dévorante. Alexis fut à la fois dégoûtée et excitée. Oh, qu’est-ce qu’elle le détestait ! Le goût de ses lèvres, de sa chair, de son sang… tout était répugnant. Pourtant, elle lui rendit le baiser avec au moins autant d’ardeur.

« Je veux être ton dernier. »

Un frisson parcourut l’échine d’Alexis. Solan la fixait dans les yeux, sondant jusqu’à son âme. Il se mit à rire alors que les vents se déchaînaient autour d’eux. Alexis pencha la tête sur le côté, incapable de contrôler les spasmes qui envahissaient son corps. Elle tremblait, hoquetait. Elle n’était qu’excitation. La mort de Solan… Cela la comblerait bien plus que n’importe quelle autre mort. Il n’y avait qu’un mouvement à faire, une seule petite impulsion…

« Si c’est là ton choix… »

La voix d’Alexis avait retrouvé toutes ses inflexions habituelles, comme si elle était de nouveau normale pour la première fois depuis des semaines. Un sourire doux se dessina sur ses lèvres alors qu’elle caressa délicatement le visage de Solan. Puis, elle recula et le poussa dans le vide. Le sourire sur ses lèvres se déforma, ses yeux brillèrent d’une folie nouvelle.

Évidemment, elle ne s’était pas éloignée de Solan. Pas assez. Il lui faucha les jambes dans sa chute, riant plus que jamais. Quant à Alexis, elle était indifférente. Elle regarda sous elle le sol qui se rapprochait à une vitesse monstre… puis elle sortit l’une de ses dagues de sa poche, provoqua une explosion sur la façade de l’immeuble et se servi de la destruction pour enfoncer sa dague dedans et s’empêcher de chuter. À quelques mètres plus bas, le sol.

Solan, dans un dernier mouvement, la fixa avec un regard qui la fit hurler de rire. Il se sentait trahi. Il ne connaissait rien de la trahison. Rien. Alexis se mit à rire alors que le corps de Solan s’explosa par terre, alors que le crack de ses os résonna dans toute la rue. Alexis ri alors que la vie quittait les yeux de Solan. Alexis ri en se laissant tranquillement tomber par terre. Une douleur irradia sa jambe mais elle était vivante, elle. Alors elle continuait de rire.

Alexis s’approcha de Solan et s’accroupit. Il était mort. Ses yeux étaient vides. Son cœur ne battait plus. Alexis le fixait, indifférente. Elle ne riait plus. Elle déposa un baiser sur son front… Puis enfonça sa dague dans sa poitrine. Elle s’acharna, éclaboussant tout, pendant de longues minutes. Puis finalement, un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’elle arrachait de Solan son cœur.

Alexis se laissa tomber terre, admirant l’organe sous toutes ses formes, en rigolant. Le calme revint rapidement alors qu’Alexis était allongé à côté du cadavre de Solan. Elle resta inerte pendant un long moment, respirant à intervalles irréguliers. Enfin, elle se redressa. Elle se pencha vers Solan et déposa un nouveau baiser sur ses lèvres.

« Tu m’as pris le mien, alors je te prends le tien. J’espère que tu m’en voudras pas. Promis, tu seras quand même mon dernier. De toute façon, je n’ai plus personne à blesser… »

Un sourire sur les lèvres, Alexis se releva pour de bon. Sautillant en s’avançant, couverte de sang, elle faisait peine à voir. Pourtant, elle était heureuse. Elle était bien. Dans sa folie, une chanson lui vint à l’esprit. Elle avait dû l’entendre une fois ou deux. Enfin, peu importait… Alexis était heureuse, alors Alexis chantonnait.

« You don’t own me
I’m not just one of your many toys
You don’t own me
Don’t say I can’t go with other boys
Don’t tell me what to do
And don’t tell me what to say… »