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Long time no see, sis' | Artemisia
 :: À travers le monde :: L'espace-temps :: Passé
Kidaria-Scheddar Kiliala
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Long time no see, sis' | Artemisia

Kida était arrivée à la Colonie des Sang-mêlés depuis seulement quelques heures. Le voyage avait été éreintant et presque effrayant. Fort heureusement, les romains ne reculaient jamais devant un peu de difficulté et ça n’allait pas commencer avec quelques hallucinations dans un Labyrinthe !

La première chose qui frappa Kida, quand elle sortit de la forêt, fut le côté complètement désordonné de la Colonie. Ce n’était en soit ni une critique ni un reproche, mais la Centurion était habituée à des choses beaucoup plus ordonnées. Par exemple, le Camp Jupiter n’avait que deux rues perpendiculaires qui ne connaissaient aucune courbe. Les bâtiments étaient parfaitement alignés sur les bordures, ne laissant rien au hasard. Alors qu’en arrivant à la Colonie… Tant de chemins ! Tant de possibilité ! Tant de bâtiments posés de façon arbitraire çà et là ! Kida était fascinée. Subjuguée !

La deuxième chose qui frappa Kida fut le regard des autres. Au début, elle n’y prêta guère attention. Ces grecs n’avaient jamais rencontré des romains et cela avait de quoi surprendre. Après tout, Kida et ses légionnaires avaient tout d’une armée. La Légion ne laissait rien au hasard ! Mais quand la Centurion remarqua que les regards appuyés venaient également de ses rangs, elle fut surprise. Après un échange bref de regard avec sa seconde, Seraphina, Kida leva les yeux pour voir… une chouette ?

Le reste fut assez flou. La confusion – ce mot semblait avoir été crée pour les grecs – s’empara d’un peu tout le monde et Kida eu bien du mal à se contenir. Est-ce qu’elle venait sérieusement de se faire revendiquer par une déesse grecque après seulement dix minutes à la Colonie ? En parfait contrôle de ses émotions et de son corps, Kida haussa les épaules comme si cela l’indifférait. Après tout, cela ne changeant pas sa nature profonde, non ? Elle restait romaine, non ?

La visite des lieux se fit assez courte. À vrai dire, Kida aurait pu rester des heures à écouter Chiron leur raconter la vie à la Colonie, le planning, comment s’occuper des pégases – des pégases !! – mais le regard des autres avait commencé à peser un peu sur la Centurion. Elle avait un million de questions à se poser et pas une minute à elle pour respirer. Il fallait qu’elle reste droite et fière, le tout avec une aura argentée autour d’elle et une chouette transparente au-dessus de la tête. Niveau discrétion, on faisait mieux…

Finalement, elle avait réussi à fausser compagnie à son groupe pour reprendre ses esprits. Elle n’avait besoin de personne, juste de tranquillité. Elle s’installa par terre, en tailleur, juste derrière la Grande Maison, là où personne ne venait trop. Les grecs étaient tous occupés par leurs activités diurnes, et s’intéresser à la romaine assise dans l’ombre n’était pas dans leur planning. Kida ferma alors les yeux et prit de profondes inspirations. Une foule de question lui trottait dans la tête et pas une seule réponse ne faisait sens… Finalement, peut-être qu’elle aurait vraiment eu beaucoup de quelqu’un ?


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    Re: Long time no see, sis' | Artemisia

    Si je devais dresser la liste des façons ignobles de mourir pour demi-dieux, la vaisselle à la lave en compagnie des harpies arriverait en tête de liste.

    Dans le sous-sol, la chaleur était telle que j’avais l’impression d’inhaler du feu liquide. Mon t-shirt mouillé adhérait à ma peau et j’avais l’impression que mes cheveux avaient été graissés à l’huile de moteur. Je portais un tablier et des gants en amiante pour me protéger de la lave – élimine 99,9% des bactéries, et sans doute un demi-dieux imprudent de temps en temps. Les trois harpies du camp, qui répondaient aux charmants prénoms d’Aello, Celaeno et Ocypete, travaillaient peu mais passaient beaucoup de temps à me surveiller d’un air mauvais pendant que je récurais des casseroles en essayant d’éviter de me carboniser par accident. Une gouttelette de lave avait atterri sur mon bras, au-dessus du gant de protection, et la brûlure cuisante ne me mettait pas de bonne humeur. La présence des dames-poulets non plus. Elles devaient posséder un sixième sens qui leur permettait de sentir que j’avais, un jour, mis fin à la vie de deux harpies d’un coup de statuette en or impérial, car elles étaient particulièrement désagréables à mon égard. Il n’y avait aucune façon de deviner l’heure, dans la lumière rougeoyante du sous-sol, et cela rendait la tâche plus pénible encore.

    Vous vous demandez peut-être pourquoi moi, fille d’Athéna, je faisais la vaisselle alors même que la première délégation romaine rendait visite à la Colonie. En tant que conseillère en chef de mon bungalow, j’étais censée accueillir les Romains et leur montrer le camp en compagnie des autres conseillers. De plus, la vaisselle à la lave est une tâche particulièrement déshonorante qui est généralement réservée aux demi-dieux qui ont fait des bêtises. Et je ne faisais jamais de bêtises. Presque jamais.

    C’était une idée de Chiron, bien entendu. Ce premier contact avec les Romains était d’une importance vitale, et il ne voulait pas que quoi que ce soit vienne perturber ce moment. Comme par exemple mon apparition. Ma disparition de la Nouvelle-Rome n’était pas passée inaperçue, d’après mes parents adoptifs, et Chiron voulait éviter de mettre les Romains à cran en faisant ressurgir des disparus. Pas dès le premier jour, en tous cas. Parfois, j’aurais voulu ne pas être une fille de la déesse de la sagesse. Ça m’aurait évité de faire certaines choses sages mais particulièrement pénibles. Comme cette vaisselle mortelle en sous-sol alors que, là-haut, une rencontre historique avait lieu.

    C’est avec un grand soulagement que j’ôtai mon tablier et mes gants après avoir nettoyé la dernière assiette. Je saluai les harpies d’un hochement de tête avant d’émerger du sous-sol. Immédiatement, l’éclat vif du soleil m’éblouit, mais la fraîcheur de l’air sur ma peau me fit l’effet d’une gorgée d’ambroisie. Je mourrais d’envie d’aller prendre une douche, mais je craignais de me faire repérer par les Romains. Je sortis ma montre de ma poche. A cette heure-ci, d’après le planning de Chiron, les Romains devaient se trouver quelque part entre le mur de lave et l’amphithéâtre. Ensuite, le goûter serait servi au pavillon réfectoire. Je décidai de m’installer près de la rivière à l’arrière de la Grande Maison. Les Romains n’avaient aucune raison de s’aventurer de ce côté-là. J’attendrais l’heure du goûter – servi, sans aucun doute, dans des assiettes particulièrement propres, à mes dépens – avant d’aller prendre une douche. Ensuite, je rejoindrais mon bungalow. Comme les Romains avaient déjà visité cette partie-là du camp, je ne craignais rien. Le lendemain matin, si tout se passait comme prévu, Chiron organiserait une rencontre avec la personne à la tête de la délégation pour lui montrer Artemisia Carter, brebis égarée, ancienne romaine devenue grecque. J’avais l’impression que ce serait un moment particulièrement pénible et embarrassant.

    Je me sentais mal à l’aise à l’idée de me cacher comme une criminelle. J’ignorais s’il y avait des personnes que je connaissais bien dans cette délégation de Romains. D’anciens amis, peut-être… Ou d’anciens ennemis.

    Plongée dans mes pensées, je n’avais pas remarqué la présence d’une personne assise dans l’herbe à l’endroit même où j’avais projeté de m’installer. Le halo argenté qui l’entourait était horriblement familier… Un frisson me parcourut l’échine. Une fille d’Athéna. Qui venait d’être revendiquée. Mais que faisait-elle là, seule ? Je m’approchai d’elle. Elle se retourna. Et mon cœur manqua un battement. C’était Kidaria. Kida, mon amie, ma protégée malgré la différence d’âge minime entre nous. Une insigne de centurion brillait sur sa poitrine. Elle avait l’air en pleine forme, quoique un peu secouée.

    Après plusieurs tentatives, je réussis enfin à parler. Ma gorge était sèche comme du parchemin, mais l’émotion faisait perler des larmes au coin de mes yeux. « Kida. C’est toi. » J’hésitai entre l’envie de me jeter dans ses bras et celle d’éclater en sanglots. « Tu es… On dirait que tu es vraiment ma sœur maintenant. » Je souris, un pauvre sourire contrit. Après tout, Kida faisait partie des personnes que j’avais abandonnées au Camp Jupiter… « Bienvenue à la Colonie, Kida, fille d’Athéna. »
    Kidaria-Scheddar Kiliala
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    Re: Long time no see, sis' | Artemisia

    Kida resta en tailleur par terre un moment, à méditer sur tous les choix de vie qui l’avaient menée précisément à cet instant. Elle était romaine. Elle était grecque. Cette dualité était quelque chose de merveilleux, fascinant et même temps si terrifiant ! Est-ce que sa mère était au courant depuis le début ? Ou est-ce qu’elle serait surprise à son tour ? Un sourire espiègle se dessina sur les lèvres de Kida. Évidemment que sa mère savait. Il n’y avait pas un secret sur cette terre qu’Elena Kiliala ne connaissait pas.

    Après cet instant de repos bien mérité, Kida se releva et épousseta son short. Elle fit quelques étirements, pris plusieurs inspirations, et afficha de nouveau cette expression assurée qu’elle arborait à longueur de journée. Elle était prête à retourner parmi les siens. Enfin… Dès que ce halo argenté aura disparu d’au-dessus de sa tête. Kida, une moue boudeuse sur le visage, balaya au-dessus d’elle cette chouette qui continuait de la narguer. Cela ne changeait évidemment rien et Kida abandonna rapidement.

    Une présence se fit sentir non loin de Kida. La Centurion reprit alors son expression de d’habitude et se retourna, prête à saluer cette arrivée avec autant de chaleur et d’assurance qu’elle le pouvait. Cependant, lorsqu’elle se retourna, elle vit la dernière personne au monde qu’elle penserait croiser ici, à l’autre bout des États-Unis. Le moment fut comme figé dans le temps alors que les deux jeunes filles se dévisageaient. Artemisia.

    Cette rencontre improbable débloqua une foule de souvenirs dans l’esprit de Kida. Elle se revoyait, petite, en train de gambader dans les rues de la Nouvelle-Rome à la recherche d’un nouvel ami, d’une nouvelle rencontre. Kida n’était jamais épuisée, surtout quand il s’agissait de découvertes ! Alors, quand elle croisa le regard d’Artemisia, elle avait tout de suite su qu’elles devaient devenir amies ! Et, effectivement, elles le devinrent. Kida ne ratait jamais rien, assurément.

    Puis, Artemisia avait disparu. Celle qu’elle avait considéré comme sa sœur, avec qui elle se faisait une joie de rentrer dans la Légion… volatilisée. Finalement, même en y mettant tout son cœur, Kida n’avait jamais pu prévoir le départ de son amie… Ni son retour. Pourquoi son amie d’enfance était devant elle, à cet instant précis ?

    « Kida. C’est toi. »

    Cette voix. Sa voix. Tout cela réveillait un million d’émotions, un milliard de questions. Rien ne faisait de sens. Est-ce que Kida hallucinait ? Est-ce qu’elle était perdue entre une nostalgie dévorante et une hallucination bien trop réelle ? La Centurion fut tentée de faire un pas en avant, mais elle en était incapable.

    Le regard d’Artemisia passa sur Kida, l’auscultant de la tête aux pieds. Elle semblait être coincée dans le même entre-deux, partagée entre plusieurs émotions. Joie, gêne, peur… Artemisia était un livre ouvert pour Kida, mais lorsque ses yeux se posèrent au-dessus de sa tête, Kida était incapable de savoir ce qu’elle pensait.

    « Tu es… On dirait que tu es vraiment ma sœur maintenant. »

    Le sourire d’Artemisia était figé, comme si elle ne savait pas sur quel pied danser. De ce fait, Kida était incapable de comprendre le sens de ses mots. Une sœur ? J’en étais une avant que tu disparaisses…

    « Bienvenue à la Colonie, Kida, fille d’Athéna. »

    Cette phrase lui fit l’effet d’un électrochoc remontant l’intégralité de son corps. Kida fit un pas en avant, les sourcils froncés. Elle s’approcha d’Artemisia et la jaugea sans aucune gêne, incapable de savoir si elle était heureuse ou furieuse par cette rencontre fortuite.

    « Artemisia, est-ce que c’est toi ? »

    Kida n’attendait évidemment aucune réponse de son amie. Elle lui tourna autour et lui attrapa une mèche de cheveux qu’elle ausculta sans scrupule. Puis elle se retrouva de nouveau face à elle, beaucoup trop près pour quiconque ayant un minimum de décence. Elle posa son doigt presque sur le nez d’Artemisia, et garda ses sourcils froncés.

    « Si t’es Artemisia, pourquoi t’es ici ? »

    La vérité semblait pourtant si évidente… Mais Kida refusait de l’admettre. Cela aurait soulevé beaucoup de questions. Et pourtant…


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      Re: Long time no see, sis' | Artemisia

      J’aurais dû me douter qu’un après-midi qui avait commencé par une montagne de vaisselle aussi haute que l’Empire State Building ne pouvait pas bien finir.

      Kidaria. Un nom, tant de souvenirs. Celle que j’appelais ma petite sœur. Toujours partante pour explorer les rues de la Nouvelle-Rome à mes côtés, pour s’entraîner au combat, pour faire des bêtises. Notre amitié s’était forgée à travers l’action. Mais elle s’était scellée à travers nos confidences et nos rêves communs. Entrer dans la légion ensemble. Servir Rome. Et, plus précisément, trucider un paquet de monstres et devenir de véritables héroïnes. Nous n’imaginions pas que cette amitié pouvait prendre fin un jour, tout simplement parce que nous n’imaginions pas une vie en dehors du Camp Jupiter. Bien qu’étant moi-même assez ambitieuse, je savais que Kida me dépassait de loin dans ce domaine. Elle rêvait de devenir préteur, et cela ne m’étonnait pas, car cette fille n’était pas faite pour rester anonyme. Kida était une étoile qui n’avait besoin de l’autorisation de personne pour briller.

      Ma petite sœur, peut-être, mais elle n’avait nullement besoin de mon aide pour casser la figure à ceux qui étaient assez téméraires ou stupides pour la vexer. Elle était comme ça, Kida, et ça me faisait un bien fou. J’attendais toujours avec impatience de la revoir, le week-end, quand j’étais au Camp Jupiter, et je savais que c’était réciproque. Car si tout le monde la connaissait, elle avait peu de véritables amis. Ce qu’il y avait au fond de son cœur, la peur de ne pas être à la hauteur par exemple, elle le cachait bien, mais pas à moi. Et moi, en retour, je lui racontais mes doutes et cette impression désagréable de ne jamais réussir à être une parfaite petite romaine.

      Puis j’avais quitté le Camp Jupiter pour la Colonie. Soudainement. Sans un mot, sans un au revoir. Mon serment sur le Styx se dressait entre moi et mes anciens amis. J’avais pleuré. J’avais rêvé de les revoir. J’avais imaginé nos retrouvailles. Mais rien ne m’avait préparée à la réalité.

      Lorsque je prononçai son nom, Kida pâlit, comme si elle voyait un fantôme. La scène avait quelque chose d’irréel. Dans mon imagination, nos retrouvailles étaient synonyme de joie pure. Kida me voyait et se jetait dans mes bras en riant et pleurant à la fois. Ensuite nous nous racontions nos vies respectives depuis toutes ces années. Et nous redevenions les amies que nous étions par le passé, comme ça, d’un claquement de doigts. Mais ce n’était pas réaliste, bien sûr. J’avais abandonné Kida contre mon gré, pour suivre mon destin, mais elle l’ignorait. Elle ne savait qu’une seule chose : que j’avais disparu sans laisser d’adresse… Et elle devait m’en vouloir pour ça. Connaissant Kida, elle n’allait pas laisser passer l’occasion de me dire ses quatre vérités.

      Mais la chose qui m’emplit le plus d’émotion en voyant Kida, ce n’était pas elle. C’était le symbole qui brillait au-dessus de sa tête. Une chouette. Athéna. Kida était vraiment ma sœur.

      « Tu es… On dirait que tu es vraiment ma sœur maintenant. »

      Elle me regarda avec incompréhension, comme si je parlais une langue étrangère. Bien sûr. Elle ignorait que j’étais une fille d’Athéna, moi aussi. Il fallait le lui dire, mais d’abord, je lui souhaitai la bienvenue.

      « Bienvenue à la Colonie, Kida, fille d’Athéna. »

      Cette phrase, enfin, fit sortir Kida de son hébétude. Elle fronça les sourcils et fit un pas en avant. Elle me regarda de la tête aux pieds, et j’avais péniblement conscience de mon t-shirt trempé de sueur et de mes cheveux crasseux après la vaisselle à la lave. Kida, elle, portait un t-shirt pourpre impeccable. Un insigne de centurion brillait sur sa poitrine. La petite Kida était devenue une vraie femme, et je n’avais pas été là pour voir cette métamorphose. Et moi ? A quel point avais-je changé à ses yeux ?

      « Artemisia, est-ce que c’est toi ? »

      Une question purement rhétorique, à laquelle je ne répondis pas. Kida me tourna autour, me détaillant comme si j’étais une machine dont elle tentait de comprendre le fonctionnement. Elle attrapa une mèche de mes cheveux poisseux et l’examina avant de retourner face à moi. Près de moi. Tout près. Je pouvais voir chaque détail de son visage, mais je ne pouvais pas deviner ses pensées. Nous étions assez proches pour qu’elle se jette dans mes bras ou qu’elle me gifle. Ou les deux à la fois. Elle approcha son index de mon nez, et j’eus la désagréable impression d’être un élève incapable de répondre à la moindre question face à un examinateur sévère (une première dans ma vie en tant que fille d’Athéna).

      « Si t’es Artemisia, pourquoi t’es ici ? »

      J’avais envie de franchir la distance entre nous pour serrer ma sœur retrouvée dans mes bras, mais connaissant le caractère fougueux de celle-ci, je n’osais pas. J’avais envie de lui dire de s’asseoir, de prendre un verre. Envie de lui raconter tout dans l’ordre et calmement. Mais je savais que ce n’était pas ce qu’elle voulait.

      « Je suis ici parce que c’est ici que je suis à ma place… Parce que je suis une sang-mêlé grecque. A mon arrivée ici, moi aussi j’ai eu droit à la chouette scintillante. Je suis une fille d’Athéna, comme toi, Kida. »

      Ma voix était hésitante. Je ne savais pas quoi dire, comment le dire, par où commencer.

      « En un sens, je l’ai toujours su. Toujours senti que je n’étais pas vraiment romaine. Alors, quand un satyre est venu me trouver dans le monde des mortels pour m’emmener ici, j’ai enfin trouvé un endroit où je pouvais pleinement être moi-même. Mais tu m’as terriblement manqué, Kida. J’aurais tellement voulu te voir, te parler, mais je ne pouvais pas, pas tant que chaque camp ignorait l’existence de l’autre. »

      Je lui souris, malgré ses sourcils froncés, malgré son doigt accusateur pointé vers moi ; le premier vrai sourire de cette rencontre, qui montrait tout mon bonheur à la revoir.


      « Et maintenant te voilà, et je suis tellement… par les dieux, tu es devenue une adulte, et tu es centurion... »


      Je me tus, incapable de continuer. Allait-elle m’agonir d’injures ou me sauter dessus pour un câlin ? Avec Kida, impossible à prévoir.
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      Re: Long time no see, sis' | Artemisia

      « Je suis ici parce que c’est ici que je suis à ma place… Parce que je suis une sang-mêlé grecque. À mon arrivée ici, moi aussi j’ai eu droit à la chouette scintillante. Je suis une fille d’Athéna, comme toi, Kida. »

      Rien ne faisait de sens. Ou bien, tout en faisait ? Kida, gardant son visage neutre, avait un million de choses qui se passaient dans sa tête. Artemissia était grecque. Vraiment grecque. Et elle était également une fille d’Athéna. Si la situation n’était pas si choquante, Kida aurait pu en rire. Quelle coïncidence ! Elles étaient, finalement, destinées depuis le début, liées par un lien de sang indéfectible.

      « En un sens, je l’ai toujours su. Toujours senti que je n’étais pas vraiment romaine. Alors, quand un satyre est venu me trouver dans le monde des mortels pour m’emmener ici, j’ai enfin trouvé un endroit où je pouvais pleinement être moi-même. Mais tu m’as terriblement manqué, Kida. J’aurais tellement voulu te voir, te parler, mais je ne pouvais pas, pas tant que chaque camp ignorait l’existence de l’autre. »

      Kida gardait le silence, le visage fermé. Le seul mouvement de son visage provenait de ses sourcils, légèrement froncés, témoignant de la confusion dans laquelle Kida baignait. Elle venait à peine d’apprendre sa double-ascendance, qu’elle devait maintenant revoir son amie longtemps disparue ? Beaucoup trop d’information en peu de temps. Kida aurait bien aimé faire une pause, aimé que le monde s’arrêter tourner. Elle avait besoin de réfléchir à tout ce qui venait de se passer, à tout ce qui entrait en ligne de compte. Mais non, la terre continuait de tourner et Artemissia continuait de parler.

      « Et maintenant te voilà, et je suis tellement… par les dieux, tu es devenue une adulte, et tu es centurion… »

      Les deux filles étaient toujours terriblement proches et Kida ne détachait pas son regard de celui d’Artemissia. Un court silence s’installa entre les deux filles d’Athéna, seulement brisé par leur respiration. Finalement, brisant cet instant, Kida recula. Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres.

      « Évidemment, tu attendais moins de moi ? »

      Une seconde de flottement et les deux jeunes filles pouffèrent de rire. Centurion n’était qu’une étape de plus vers le trône que Kida convoitait. Encore quelques années et elle pourrait prétendre à la place de Préteur. Même si les regards des légionnaires avaient été durs aujourd’hui, Kida saurait parfaitement bien gérer cette double-ascendance. D’ici là, les rapports entre les grecs et les romains seraient apaisés, et Kida sera la parfaite représentante pour cette entente. Penser à cette alternative ne fit qu’agrandir la flamme d’ambition qui brûlait en elle.

      Le calme revint entre les deux jeunes filles. Kida ne détachait pas son regard d’Artemissia, s’attendant presque à ce qu’elle disparaisse de nouveau. Elle n’était pas sûre de savoir comment agir avec elle. Est-ce qu’elle devait la serrer dans ses bras ? Est-ce qu’elle devait lui en vouloir ? Une partie d’elle-même était d’accord avec les deux propositions, opposant ainsi deux forces contradictoires dans l’esprit de la jeune fille. Finalement, Kida opta pour une stratégie neutre, bien qu’elle ne puisse effacer complètement la gêne présente entre les deux amies.

      « Fille d’Athéna eh… Ça explique mes pouvoirs. Et les tiens ? »


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        Re: Long time no see, sis' | Artemisia

        Il devrait exister un manuel pour nous expliquer comment gérer certains moments étranges de notre vie. Comme de revoir une ancienne amie après avoir disparu sans laisser d’adresse. Ou de se rendre compte que l’amie en question est en fait ta sœur. Les livres, je pouvais les apprendre par cœur. Les schémas, les décortiquer. Mais un être humain... Comment savoir ce que Kida pensait, elle qui avait fait de l’impassibilité sa spécialité ? J’avais devant moi, non pas mon amie d’enfance, mais un centurion de la légion romaine. Une personne avec de l’autorité et des responsabilités, un chef habitué à masquer ses émotions face à ses soldats. Elle m’écoutait parler, sans montrer d’émotions autrement que par le froncement de ses sourcils. De mon côté, je ne pouvais pas cacher que j’étais secouée et bouleversée par cette rencontre.

        « Et maintenant te voilà, et je suis tellement… par les dieux, tu es devenue une adulte, et tu es centurion…»

        Un bref silence, une tension dans l’air. L’espace d’un instant, j’eus l’impression que Kida allait me frapper. Au lieu de quoi, elle recula et sourit d’un air narquois.

        « Évidemment, tu attendais moins de moi ? »

        Cette réponse, c’était du Kida tout craché. Ambitieuse et sûre d’elle. Un rire m’échappa, et Kida rit aussi, et c’était tellement bon de rire de nouveau ensemble.

        « Eh bien, je dois dire que je suis déçue… Je pensais que tu serais déjà au moins préteur… ou qu’ils auraient fait de toi une déesse. »

        Une vieille taquinerie, qui ne dissipa pourtant pas entièrement la gêne entre nous. Trop d’eau avait coulé sous les ponts. Mais j’étais déjà très heureuse que Kida se soit abstenue de me bouffer le nez…

        « Pour ma part, » dis-je en tapant fièrement sur ma poitrine, « je suis conseillère en chef du bungalow d’Athéna. Un poste extrêmement prestigieux, bien entendu, que de veiller à la propreté d’une maisonnette remplie d’ados aussi intelligents que crasseux et qui ont élevé l’habileté à esquiver la corvée de nettoyage au rang d’art… »

        Si mes paroles étaient joyeuses, mon ton était encore hésitant. La Kida que j’avais devant moi était-elle la même qu’avant ? Pourrions-nous reprendre notre amitié, cette complicité indestructible qui nous liait ?

        « Fille d’Athéna eh… Ça explique mes pouvoirs. Et les tiens ? »

        Ses pouvoirs… Intéressant. De quoi pouvait-il s’agir ? Reconnaître les points faibles de ses adversaires, comme Auxence ? Ou plutôt un pouvoir comme le mien ?

        « Je peux manipuler les pensées des gens…. Enfin, je veux dire, de mes ennemis. Comprendre leurs plans, leur stratégie, et puis les embrouiller pour qu’ils fassent tout foirer. »

        Je n’avais pas vraiment envie de parler de ça. Le dernier ami à qui j’avais parlé de mes pouvoirs était Kaiden, et la dispute qui avait suivie me hantait encore à ce jour.

        « Et toi ? » J’étais véritablement curieuse.

        Comparer nos pouvoirs… ça me faisait penser à nos discussions interminables quand nous étions gamines. Nos rêves, nos aspirations pour le futur. Quand nous serions grandes… eh bien, grandes, nous l’étions à présent. Et si Kida suivait la voie qu’elle avait choisie dès l’enfance, je m’avançais sur un chemin plus inattendu.
        Kidaria-Scheddar Kiliala
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        Re: Long time no see, sis' | Artemisia

        « Je peux manipuler les pensées des gens…. Enfin, je veux dire, de mes ennemis. Comprendre leurs plans, leur stratégie, et puis les embrouiller pour qu’ils fassent tout foirer. »

        Kida resta silencieuse un instant, sa poitrine se gonfla de fierté. Elle dû se faire violence pour ne pas laisser un sourire arrogant se dessiner sur ses lèvres, bien trop contente d’entendre qu’Artemisia, comme beaucoup d’autres, ne pourrait jamais vraiment utiliser ses pouvoirs sur elle. Kida avait si longtemps été considérée sans-pouvoir que l’idée de faire perdre cette aptitude à quelqu’un sur elle la laissait toujours gonflée d’égo.

        « Et toi ? »

        Une étincelle mystérieuse se dessina dans les iris de Kida alors qu’un sourire provocateur s’étendit sur ses lèvres. Elle aurait pu tout simplement lui dire, lui expliquer… mais à quoi bon ! Il s’agissait d’Artemisia, alors autant y aller à fond. La bouche toujours figée dans son rictus, Kida activa son pouvoir de télépathie.

        « Je peux contrer les attaques psychiques des gens. Personne n’entre dans ma tête. Personne n’influe ma volonté. Personne ne me manipule. »

        La surprise sur le visage d’Artemisia accentua davantage le sourire de Kida, mais de provocateur il passa à terriblement amusé. C’était si marrant de voir la tête des gens quand il entendait une voix qui ne provenait pas de la bouche de leur interlocuteur. Puis, comme si tout cela n’était qu’un jeu, Kida enchaîna de vive voix :

        « Ah et je peux faire de la télépathie aussi. »

        Kida balaya cette information comme s’il s’agissait d’une banalité. La Centurion n’utilisait que rarement ce don, préférant de loin sa résistance naturelle aux attaques sur son cerveau. D’ailleurs, dès qu’elle avait découvert ses pouvoirs, elle avait toujours favorisé ce dernier à l’autre. De toute façon, Kidaria n’avait jamais été du genre discrète quand elle voulait s’exprimer, alors la télépathie ne lui était pas d’une grande utilité.

        « Mais c’est beaucoup moins marrant que de voir les gens essayer sans relâche d’influencer ton esprit alors que tu y es insensible. Tu aurais dû voir la tête des autres quand ça s’est déclenché ! »

        Kida éclata d’un bref rire avant de se reprendre, les yeux plantés dans ceux d’Artemisia. Elle trépignait à l’idée d’entendre la réaction de son ancienne amie. Est-ce qu’elle allait être fascinée ? Intriguée ? Ou allait-elle jouer la carte de l’indifférence ? Il y avait tant d’années de séparation entre elles que Kida était bien incapable de prédire les réactions de l’ancienne romaine.


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          Re: Long time no see, sis' | Artemisia

          Imaginez : deux jeunes mortelles qui se retrouvent après des années. De quoi vont-elles parler ? De leur vie d’adulte qui débute ? De la relation parfois difficile avec leurs parents ? Du dernier livre qu’elles ont lu ou du nouveau chanteur en vogue ? De leurs histoires amoureuses ?

          Puis imaginez les retrouvailles entre deux jeunes demi-déesses. Vie d’adulte ? Être centurion responsable du sort de nombreux soldats ou réaliser des quêtes pour tuer des monstres sanguinaires par paquets de dix, ça peut compter. Parents ? Sûr que ça secoue d’être reconnue par la déesse de la sagesse à l’aide d’une chouette lumineuse et passablement inquiétante. Livres ou musique ? Là, rien à redire, les filles d’Athéna assurent. Histoires amoureuses ? Sujet à éviter à tout prix sous peine de mort, me concernant.

          Donc, finalement, de quoi parlions-nous ? De nos pouvoirs. Un peu macho, comme sujet, mais absolument délicieux. Nos pouvoirs, notre fierté. La partie agréable de notre héritage divin.  

          « Je peux manipuler les pensées des gens…. Enfin, je veux dire, de mes ennemis. Comprendre leurs plans, leur stratégie, et puis les embrouiller pour qu’ils fassent tout foirer. Et toi ? »

          Je m’attendais à voir de la désapprobation ou du jugement dans le regard de Kida. Manipuler les pensées, ce n’est pas toujours un pouvoir apprécié, car certaines personnes craignent que je ne l’utilise contre eux. Mais Kida… elle avait un air chafouin et les yeux qui brillaient.

          « Je peux contrer les attaques psychiques des gens. Personne n’entre dans ma tête. Personne n’influe ma volonté. Personne ne me manipule. »

          Je sursautai comme si quelqu’un m’avait piquée. Elle n’avait pas ouvert la bouche. Sa voix avait résonné à l’intérieur de ma tête. Devant mon air médusé, le sourire de Kida s’élargit.

          « Ah et je peux faire de la télépathie aussi. » Ajouta-t-elle, tout à fait inutilement, à voix haute. Apparemment, elle trouvait ce don moins intéressant. « Mais c’est beaucoup moins marrant que de voir les gens essayer sans relâche d’influencer ton esprit alors que tu y es insensible. Tu aurais dû voir la tête des autres quand ça s’est déclenché ! »

          Elle éclata de rire et je ne pus pas m’empêcher de rire aussi. J’imaginais très bien, oui. Et connaissant Kida, ceux qui s’y risquaient devaient se faire botter les fesses…

          « Je peux essayer ? » Demandai-je, excitée comme une gamine. Lorsque Kida hocha la tête, je me concentrai et me projetai mentalement vers elle. Ce pouvoir marchait mieux sur des ennemis, mais même chez mes amis, j’arrivais ordinairement à percevoir quelque chose. Mais là… rien. Non, pas rien… Je percevais la présence mentale de Kida, mais j’étais incapable de détecter la nature de ses pensées à cet instant, et encore moins de les influencer. Son esprit était comme entouré par un mur, un mur parfaitement lisse, où je ne trouvais aucune prise. Je cessai mes efforts et clignai des yeux. Tout cela n’avait pris que quelques secondes, la vitesse de la pensée.

          « Pratique, comme pouvoir. » Dis-je, admirative. « Honnêtement, je pense que je préfère ton pouvoir au mien. Bien sûr, c’est utile en situation de combat, mais dans la vie de tous les jours, c’est plutôt mal vu. Dès que je me dispute avec quelqu’un, il me reproche de vouloir l’influencer… » Je levai les yeux au ciel. Puis je me souvins de la fois où j’avais vraiment influencé un ami, et où tout avait fini horriblement mal, et mon sourire s’effaça.  « Je suis contente de savoir qu’au moins, avec toi, je n’aurai pas ce problème. »

          Pas ce problème-là, peut-être, mais rien n’était facile. Le mur n’existait pas qu’autour de ses pensées, il était là, entre nous, un mur fait d’absence et de questions sans réponse. Je regardai celle qui avait été une sœur pour moi bien avant de le devenir officiellement. Qui qu’elle soit maintenant, j’avais envie d’apprendre à la connaître de nouveau. J’avançai la main et touchai brièvement le bras de Kida, une pression amicale.

          « Je suis désolée, tu sais » dis-je d’une voix douce. « Pour ces années de silence. J’aurais voulu que les choses se passent différemment, soror mea

          Ma sœur… cela faisait du bien de l’appeler de nouveau comme ça, comme avant. Comme si rien n’avait changé. La petite Artemisia et la petite Kida, courant main dans la main dans les rues de la Nouvelle-Rome, toujours à la recherche d’une nouvelle aventure.
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          Re: Long time no see, sis' | Artemisia

          « Je peux essayer ? »

          Kida hocha la tête avec toujours le même sourire étiré sur ses lèvres, une étincelle de malice glissé dans le regard. Elle sentit Artemisia presque aussitôt dans sa tête. À chaque fois, Kida avait cette sensation étrange qui l’enveloppait. C’était comme un effleurement, une caresse à peine dissimulée. Kida pouvait sentir quand les gens tentaient de pénétrer son esprit. Parfois, cela l’amusait. Mais plus généralement, Kida était fascinée. Fascinée de voir des gens échouer, fascinée de sentir quelque chose qui ne l’atteignait pas vraiment, fascinée par ses propres pouvoirs.

          Un battement de cil plus tard, et Artemisia était de nouveau concentrée sur autre chose, laissant l’esprit de Kida tranquille. L’expérience, aussi courte fut elle, ne fit qu’agrandir le sourire des lèvres de Kida. Elle aurait pu faire ça toute la journée ! Si seulement Artemisia avait été avec elle au Camp Jupiter, Kida aurait eu beaucoup moins de mal à entraîner son pouvoir…  

          « Pratique, comme pouvoir. Honnêtement, je pense que je préfère ton pouvoir au mien. Bien sûr, c’est utile en situation de combat, mais dans la vie de tous les jours, c’est plutôt mal vu. Dès que je me dispute avec quelqu’un, il me reproche de vouloir l’influencer… »

          Kida hocha les épaules, feignant une indifférence à peine dissimulée, comme si cela ne l’atteignait pas plus que ça. Pour être honnête, Kida préférait aussi son pouvoir à celui d’Artemisia pour les exactes mêmes raisons. Et puis, après l’histoire avec Kaiden… Un frisson remonta l’échine de Kida mais elle ne le montra pas, continuant de fixer son amie dans les yeux, avec toujours le même sourire.

          « Je suis contente de savoir qu’au moins, avec toi, je n’aurai pas ce problème. »

          De nouveau, un court silence s’installa entre les deux jeunes femmes. Kida ne savait pas quoi dire. Elle se faisait violence pour ne pas balancer son poids de corps de gauche à droite, puis de droite à gauche. Elle resta stoïque, laissant vagabonder son regard au loin. Une brise vint entremêler ses cheveux et Kida se surpris à adoucir son sourire, comme si pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait apaisé.

          « Je suis désolée, tu sais. Pour ces années de silence. J’aurais voulu que les choses se passent différemment, soror mea. »

          La voix douce d’Artemisia rattacha Kida à cette réalité et la Centurion reporta son regard sur son amie. Les mots qu’elle prononça furent comme une mélodie dans son cœur. Une multitude de souvenirs happèrent Kida qui se fit projeter dans son propre passé. Puis, finalement, elle glissa sa main dans celle d’Artemisia et la tira à ses côtés, commençant à marcher dans une direction aléatoire.

          « Allez, t’en fais pas pour moi, je suis plus solide que ça. »

          La phrase de Kida resta en suspens, comme si elle voulait rajouter quelque chose. Par contre Kaiden… Les mots se firent avaler par le silence des non-dits et Kida se mordit la lèvre inférieure. Heureusement pour elles, elle tournait le dos à Artemisia. Kida secoua la tête et retrouva son sourire habituel et son entrain enjoué.

          « Présente-moi ta Colonie alors, voyons ce qu’elle a plus intéressant que le reste. Maintenant que cette chouette a arrêté de planer au-dessus de ma tête… »


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            Re: Long time no see, sis' | Artemisia

            Après tant d’années de séparation, enfin, ces paroles douloureuses que je gardais en moi précieusement, comme un trésor maudit, pouvaient sortir.

            « Je suis désolée, tu sais. Pour ces années de silence. J’aurais voulu que les choses se passent différemment, soror mea. »

            Je m’attendais presque à ce que Kida se fâche – je voulais presque qu’elle se fâche, car je savais que je le méritais. Au lieu de quoi un léger sourire flotta sur ses lèvres et elle me prit la main. A ce contact, à ce geste si simple et naturel, je sentis la tension entre nous se dissiper. La jeune femme commença à marcher, me tirant derrière elle.

            « Allez, t’en fais pas pour moi, je suis plus solide que ça. »

            Sa phrase resta en suspens, comme si elle voulait ajouter quelque chose, puis ce bref moment de gêne passa et elle reprit, d’une voix enjouée peut-être un tantinet forcée :

            « Présente-moi ta Colonie alors, voyons ce qu’elle a plus intéressant que le reste. Maintenant que cette chouette a arrêté de planer au-dessus de ma tête… »

            Je souris et serrai sa main un peu plus fort avant de l’entraîner dans une direction différente.

            « Je pourrais te montrer la cave charmante où je viens de faire la vaisselle à la lave en compagnie des harpies, mais je pense que c’est une mauvaise idée. Je vais plutôt te montrer mon nouveau chez-moi… Le bungalow d’Athéna. »

            Comme tout le monde était au pavillon-réfectoire, nous ne croisâmes pas âme qui vive, et cela me convenait parfaitement. J’ouvris la porte du bungalow avec fierté et m’écartai pour que Kida puisse entrer. Le milieu de la pièce était entièrement occupé par des tables recouvertes de livres, de papiers, de maquettes de bâtiments ou d’engins de guerre, et il y avait là assez de crayons pour fournir une armée de dessinateurs dopés au café. Le mur du fond était occupé par une bibliothèque qui montait jusqu’au plafond et où il ne restait pas un seul centimètre de libre pour un nouveau livre. A divers endroits dans la pièce, des vitrines exposaient des armes antiques ou des rouleaux de papyrus jaunis par le temps. Les lits étaient repoussés contre les murs, comme s’il s’agissait plutôt d’une salle de travail que d’un dortoir. Mon espace se trouvait tout au fond de la pièce. Mes livres et objets personnels étaient rangés sur une étagère fixée au mur, mes vêtements dans le tiroir sous le lit, et tout était parfaitement aligné, parfaitement propre.

            « Bienvenue dans mon royaume. » J’ouvris grand les bras dans un geste accueillant. « En ce moment, nous travaillons sur une série de pièges à monstres pour placer à l’entrée du Labyrinthe – nous préparons les plans et les Héphaïstos vont les construire. » Je lui montrai les maquettes et dessins qui se trouvaient au bout de la table. « Chiron craint toujours qu’un monstre égaré réussisse à entrer dans la Colonie par-là. Maintenant, le défi, c’est de concevoir des pièges qui sont à la fois efficaces, bien camouflés… et qui ne se déclencheront pas par mégarde si un pauvre Romain innocent pose le pied dessus. » J’eus un petit sourire ironique.  Kida, apparemment fascinée, examinait les maquettes de près, et je lui donnai quelques explications supplémentaires avant de conclure :

            « Voilà, c’est donc à ça que j’occupe mes journées… Je me rends utile pour la Colonie pendant que certains – fils de Poséidon, par exemple – sont en vacances permanentes. Je passe aussi pas mal de temps sur le terrain d’entraînement, le mur d’escalade, et dans la forêt, parfois, quand j’ai envie de dégommer quelques monstres. Je te montrerai, si tu veux. »

            Montrer l’endroit où je vivais à mon amie d’enfance était à la fois agréable et étrange, mais si Kida était intéressée par la Colonie, je brûlais moi aussi d’impatience de découvrir ce qu’elle avait fait pendant toutes ces années au Camp Jupiter.

            « Mais toi… Dis-moi, comment va la deuxième cohorte ? Tu es centurion depuis quand ? Et qui est devenu l’autre centurion ? »

            Je regardais Kida avec intensité, comme si je pouvais lire les réponses sur son visage. Ma sœur… Je n’arrivais pas à croire qu’elle était vraiment là.
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              Re: Long time no see, sis' | Artemisia

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