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You're part of the dawn where the light comes from the dark | KLEMAN
 :: La Colonie des sang-mêlés :: Les lieux pratiques :: Les écuries
Thea Osborn-Campbell
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You're part of the dawn where the light comes from the dark | KLEMAN

Thea fronça les sourcils en observant les alentours. “Reste ici, je reviens” avait dit Clém. “Ça prendra seulement cinq minutes !”, avait-il ajouté. Puis il avait laissé Thea en plan pendant vingt minutes. La jeune fille n’était déjà pas enjouée de sa présence à la Colonie, mais si en plus son seul point repère était aux abonnés absents… Thea ne se laissa pas abattre pour autant. Elle prit son courage à deux mains et entama seule sa visite. Elle admira (de loin) les bungalows, observa de façon suspicieuse la Grande Maison, failli se perdre dans la forêt jouxtant la Colonie avant de finalement revenir sur ses pas. La seule chose qui semblait plus ou moins digne d’intérêt, c’était l’énorme champ de fraises. Le ventre de Thea gargouilla, comme pour approuver ce sentiment. La jeune fille décida de s’approcher furtivement du lieu dans l’espoir de pouvoir chaparder quelques fruits. Elle évita de justesse quelques sang-mêlé présents sur les lieux puis mangea une, deux, dix, quinze fraises avant qu’une voix ne l’interpelle.

« Hey ! C’est pas en libre-service ! »

Thea se redressa prestement et prit ses jambes à son cou. La voix derrière elle continua de s’égosiller mais Thea se sentait pousser des ailes. Jamais n’avait été aussi rapide et souple dans sa course. Elle esquivait les obstacles avec classe et se félicita d’être aussi vive. Lorsqu’elle s’arrêta, elle n’était même pas essoufflée ! Un grand sourire sur les lèvres, boostée par son propre ego, Thea ne remarqua pas de suite le sang-mêlé qui se tenait non d’elle et qui la fixait de ses grands yeux pendant qu’elle s’auto-congratulait de ses performances.

« C’est quoi au-dessus de ta tête ? »

Thea sursauta lorsque l’enfant qu’elle n’avait pas remarqué lui parla. Elle plissa des yeux puis passa une main au-dessus de son crâne, dans ses cheveux, sur son front.

« Au-dessus de ma tête ?
- Oui, ça brille. »

Plus que perplexe, la jeune fille demanda au jeune garçon s’il avait un miroir. Il haussa les épaules puis l’attira dans l’un de leur bungalow.

« T’es des nôtres. »

Thea ne comprenait rien, ou alors ne voulait pas comprendre. Lorsqu’elle croisa son propre reflet, le doute n’était néanmoins plus permis. Une revendication. En plein milieu de la Colonie. Une panique naissante commença à brouiller ses sens. L’enfant n’existait plus. Elle voyait vaguement ses lèvres bouger mais aucun son ne parvint à ses oreilles. Thea sortie du bungalow en trombe.

« Clém ! »

La jeune sang-mêlé hurla à plusieurs reprises le nom de son frère, les larmes aux yeux. Où était cet abruti quand elle avait besoin de lui ?

« Clém ! »

Le désespoir lui tordait l’estomac. Elle tourna en rond de longues minutes en appelant son frère jusqu’à se retrouver au niveau des écuries. Une voix lui répondit mais ce n’était pas celle de son frère. Désespérée, la jeune fille ne fit pas attention à ce détail. Elle continua d’appeler désespérément son frère et tourna à l’angle des écuries. La silhouette qu’elle trouva là n’avait absolument rien à voir avec son frère, mais peut-être avait-il des ennuis et quelqu’un l’avait maudit ?

« Clém ? »

Cette fois, la silhouette se retourna. Et, alors que Thea pensait que rien ne pouvait être pire que ce symbole au-dessus de sa tête, il s’avérait qu’elle se trompait.
Kleman Dunn
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Re: You're part of the dawn where the light comes from the dark | KLEMAN

Revenir avait été difficile. Auprès de June, dans ce camp de fortune érigé puis déserté par les chasseresses, j’avais fini par accepter et chérir la tranquillité. N’entendre que les oiseaux piailler précédant ses pas légers sur la mousse et les brindilles, ou les petits impacts des gouttes de pluie sur les feuilles, sentir la lourdeur de l’air avant l’orage et se réjouir des picotements de contentement de ma peau sous le soleil. Remplir ses journées d’exercices physiques, de soins aux odeurs multiples, de repas copieux et étrangement bons, ainsi que de joutes verbales avec la sorcière en attendant le soir venu pour s’endormir aux sons des crépitements de son feu de camp. Râler sans conviction de sa monotonie et de la dureté du lit de fortune. Parsemer le tout de bribes de conversations profondes, quelques questions existentielles par-ci par-là et pas le moindre sentiment de rejet excepté le mien. Un équilibre qui me manquait bien plus que je ne l’aurais imaginé maintenant qu’il avait disparu.

Je m’étais réveillé dans un vacarme de gamins hyperactifs, bien trop heureux pour moi d’aller s’entraîner, cultiver les champs ou faire leurs corvées. J’avais rabattu mon oreiller sur mon visage, remonté la couette par-dessus ma tête, maudissant ce foutu camion de ne pas avoir visé mes oreilles plutôt. Encore heureux qu’entre temps, Tyché n’ait eu la mauvaise idée d’envoyer un autre de ses rejetons polluer mon espace jusque dans mon bungalow. Non pas que je n’imagine pas cela possible, ma « mère » restait une déesse comme les autres sans le moindre respect pour sa descendance ou la moindre conscience parentale. Pour des dieux, ils étaient tous aussi pourris les uns que les autres à ce niveau-là. Sauf peut-être Hestia, elle, au moins, avait la décence de ne pas non plus enrôler des jeunes filles dans son armée de chair à canon. J’avais grogné tout seul dans mon pieu, comme si cette journée ne s’annonçait pas déjà assez merdique pour que mes propres réflexions rajoutent de l’huile sur le feu en un rien de temps.

Qu'est-ce qui pouvait bien justifier un tel tapage ? Les demi-dieux n’étaient certes pas connus pour leur calme, mais, ou peut-être était-ce un effet secondaire ? Au camp, j’étais capable de sentir June arriver même dans mon dos peut-être que… non, il ne fallait quand même pas rêver. Et puis putain, ce n’était pas Capture l’Étendard non ? Qu’est-ce qu’ils pouvaient bien foutre à brailler dehors et m’empêcher de passer toute ma journée au lit comme ce que j’avais prévu ? Et voilà que ma couette me donnait trop chaud, et que la taie de l’oreiller grattait. Tout avait fini en boule sur un coin du matelas repoussé le plus loin possible de mon corps tendu. À quoi bon, c’était foutu maintenant. Je m’étais machinalement étiré comme un chat, passé une main dans mes cheveux emmêlés et frotté mes yeux avant de me raviser. Surpris moi-même de ce geste si habituel et anodin qui ne l’était clairement plus, c’était cependant les coups sur la porte du bungalow 19, qui m'avaient motivé à me réanimer.

Un long soupir et j’écoutais mon corps craquer en me levant pour approcher de l’entrée. Qui se trouvait derrière la porte devrait supporter mon pyjama aka un pantalon gris à carreaux digne des meilleures maisons de retraite et rien d’autre. Les cris qui me semblaient déjà de trop de l’intérieur de ma chambre, s’étaient décuplés porte ouverte et il ne m’était pas difficile de faire semblant d’observer tous les morveux chahutant d’un bout à l’autre de l’embrasure du bâtiment en laissant mon regard vide sauter d’un éclat de rire à l’autre. La voix qui se tenait juste devant moi ne m’était pas inconnue, mais j’aurais donné tout l’or du monde pour ne pas l’entendre ce matin précisément. Il s’agissait du conseiller du bungalow de Déméter, Adrian Newton, venu pour son inspection hebdomadaire.

En tant qu’unique membre du mien, j’étais seul à décider des activités, des plannings, des entraînements de cabine, mais également à m’assurer de la tenue de celle-ci. Or, il n’y avait pas besoin de me connaître sur le bout des doigts pour deviner que ce n’était pas l’un de mes domaines de prédilections. Alors, Adrian, jugé suffisamment responsable, était chargé de régulièrement témoigner du travail fourni. Et comme d’habitude, je m’étais contenter de l’ignorer tandis qu’il déblatérait sur l’importance du maintient de l’ordre et de la propreté au sein de la Colonie, comme si je n’avais pas déjà planifié de mener la révolution, et de marmonner vaguement qu’il pouvait retourner faire mu-muse avec Gabriel ou aller rouler une pelle à Matteo, qu’au moins ça aurait le mérite de le décoincer et de me laisser faire ma vie sans m’emmerder, mais de finir par lui promettre au moins d’aérer et de changer mes draps.

J’avais conclu le tout d’un large sourire aussi faux que sa confiance en ma capacité à tenir mes promesses avant de claquer la porte. Mes épaules étaient retombées d’un coup. Mon dos n’était qu’une immense courbature d’angoisse. Et le bruit incessant de cette foutue Colonie n’y mettait clairement pas du sien. J’avais fait le tour de la pièce, la main gauche toujours posée sur le mur, glissant par-dessus les armoires, les lits, le bureau, pour retrouver ma couchette et sa commode. Le premier tiroir contenait les sous-vêtements. Je ne comptais pas les montrer à personne alors peu importait. Juste en dessous se trouvaient les t-shirts et les pulls. Mes mains parcouraient les étiquettes, les coutures élimées par endroits, complètement défaites à d’autres, essayaient de repérer les motifs en imprimés, les trous, n’importe quel indice permettant de me faire une image mentale de ce que j’allais me mettre. C’était un enfer, tous mes souvenirs se mélangeaient me faisant douter à chaque nouvelle pièce. J’avais fini par choisir un t-shirt qui me semblait le plus basique possible, sans motif, et qui statistiquement devait être noir si tout se passait bien. Pour les pantalons, le seul que je repérais sans soucis était un noir au tissu était et côtelé. J’allais mourir de chaud, mais au moins, je n’allais pas avoir l’air d’avoir choisi mes vêtements complètement à l’aveuglette. De toute façon, à côté de la porte, était accrochée au mur, ma chemise à gros carreaux ainsi que ma veste pour cacher le tout. J’avais passé ma chemise à la taille et la veste sur mes épaules. Puis, frôlant une nouvelle fois les murs, je m’étais résolu à débarrasser les fenêtres de leurs rideaux et à les ouvrir en grand, calant dans leurs fentes des vieux bouts de carton de boîtes de gâteaux pour éviter qu’elles ne claquent avec les courant d’air. Au moins, Adrian me lâcherait les bottes.

J’ignorais quelle heure il pouvait être, et m’étais félicité d’avoir gardé des petites pâtes de fruit de survie dans mon sac à dos. À l’extérieur de mon bungalow, dans ce qui me semblait être une foule gigantesque, j’aurais bien été incapable de me repérer jusqu’au pavillon-réfectoire. Ma tête bourdonnait déjà et je m’entendais mastiquer à l’intérieur par-dessus le brouhaha. Je n’arrivais même pas à me faire une carte mentale de la Colonie. J’avais l’impression qu’en mon absence, ils s’étaient amusés à modifier tous les emplacements rien que pour m’emmerder. C’était réussi. Bien sûr, j’aurais pu demander de l’aide, ou prévoir la veille que June vienne me chercher. Mais plutôt mourir. Aux yeux des pensionnaires, je ne devais être qu’un petit fugueur de merde qui avait été ramené par la peau du cul, rien de plus. Et surtout pas un infirme. June, j’avais une certaine confiance en elle lorsque nous étions au camp de fortune, mais ici, c’était comme si elle était redevenue une étrangère et que les moments passés ensemble à découvrir une autre facette de la chasseresse n’avaient jamais existés.
À la Colonie, j’étais seul et en territoire incertain. Je me devais de me débrouiller sans aucune aide. Une fois en liberté, personne n’allait me tenir la main pour m’emmener au Starbucks le plus proche ou pour aller au petit coin donc j’avais intérêt à ne pas me laisser à la facilité, le plutôt était le mieux. J’étais plein de ressources, j’allais m’en sortir et tout le monde allait me laisser tranquille et tomber dans le panneau, bien gentiment.
J’essayais de me concentrer sur les voix qui m’entouraient avant de faire quoi que ce soit. Des éclats de rire, quelques insultes sans prétention, l’évocation de Chiron qui m’avait filé des frissons dans le dos. Si je pouvais éviter de le croiser, je ne m’en porterais certainement pas plus mal. Puis le rire de crécelle typique des enfants d’Aphrodite. Si puissant, qu’il n’avait pas été compliqué de le repérer dans l’espace, juste à ma droite. Il avait surplombé l’espace pour mon plus grand bonheur. Il s’agissait de deux filles en grande conversation à propos d’un certain Luke aux belles boucles brunes, censé arriver ce matin tout droit du Camp Jupiter. D’après leurs dires, il était célibataire et l’une des deux gamines avait la ferme intention de le prendre dans ses filets et s’inquiétait que sa mère soit de son côté. De quoi me faire vomir. Mais elles indiquaient se rendre aux écuries pour accueillir à dos de pégase pour l’impressionner. Voilà qui me parlait. Sans plus d’hésitation, j’avais quitté le perron de mon bungalow pour leur emboîter le pas, en suivant à distance leur discussion sur les traits divins du jeune homme. Eurk. Pas sur de pouvoir supporter ça longtemps. Mais c’était pour la bonne cause.

Sans surprise, le chemin avait été loin du long fleuve tranquille. Outre les gens qui avaient la fâcheuse manie de me défoncer les épaules en me rencontrant, j’avais l’impression de redécouvrir la Colonie. Sans les deux jacasseuses, je n’aurais pas été foutu de dire où je me trouvais. Les surfaces sous mes chaussures ne me disaient rien, tous les espaces de mes souvenirs me semblaient infiniment plus étroits que dans la réalité, les trous trouvaient systématiquement mes chevilles, et j’avais dû m’excuser maladroitement à je-ne-sais-qui pour m’être affalé dessus à plusieurs reprises. Mes pas qui s’étaient enfin trouvés larges et assurés aux côtés de June près de sa rivière, étaient redevenus petits, ridicules et craintifs. Je luttais pour ne pas mettre mes mains devant moi pour chercher des doigts les obstacles, ne pas sursauter comme un beau diable au moindre bruit et griller définitivement ma couverture. Je devais également me rappeler de cligner des yeux régulièrement et de ne pas les ouvrir en grands dans l’espoir d’y faire pénétrer plus de lumière. Le spectacle devait être assez pathétique pour qui me regardait de loin. Mais j’étais tout de même parvenu aux écuries en un seul morceau.
Posé contre le mur du bâtiment, j’avais laissé mes deux caqueteuses de guides poursuivre leur épisode personnel des feux de l’amour.
Comme je m’y attendais, les écuries étaient l’endroit le plus tranquille du camp. Mis à part les bêtes et les pensionnaires de corvée, pratiquement personne ne venait ici. Les gens préféraient n’être que de passage, s’harnacher pour pratiquer, faire un tour, ou profiter du soleil en bonne compagnie. Le reste du temps, les locaux apportaient fraîcheur et calme. Et au moins, les pégases se fichaient pas mal de savoir si je les voyais ou non.
Ce n’était pas dans mes habitudes de passer du temps ici, mais ça pouvait bien le devenir. Peut-être était-il même possible de finir ma nuit dans l’un des box vides. La paille n’était pas si désagréable, l’odeur des canassons plutôt rassurantes, et personne n’aurait idée de venir me chercher ici. J’aurais pour compagnons les hennissements expressifs des animaux, leurs souffles puissants sur mes mains et la chaleur de leurs poils lustrés sous mes doigts. Ils étaient presque amusants à fouiller de leurs naseaux l’intérieur de ma veste dans l’espoir d’une friandise. Et je me promettais d’en amener la prochaine fois. Piquer des carottes au pavillon réfectoire ne devait pas être si insurmontable.
Je commençais à bien me plaire ici. L’étable était vide de toute forme humanoïde, et caresser les encolures équines avait quelque chose de particulièrement relaxant.

Mais le plaisir, comme toujours, était de courte durée. Même à travers les murs du bâtiment et la clameur de la vie des pensionnaires, il n’avait pas été compliqué de comprendre distinctement ce cri. Une jeune fille hurlait mon prénom à en réveiller les morts. Mais qu’est-ce que June pouvait bien me vouloir ? Même si le camp était attaqué ou en proie aux flammes des enfers, la chasseresse aurait préféré m’attaquer sournoisement par-derrière que de s'égosiller sur tous les toits.

《Putain ferme-là June ! Je suis dans les écuries !  》 Mon propre aboiement avait fait sursauter le pégase à qui je frottais le front.

Des pas précipités avaient crissés sur le ravier de l’entrée des écuries.
« Clém ? »
《Oh ça va oui ?! Je suis devenu av...  Je suis pas sourd. 》 Ma phrase était morte dans ma bouche. Un doute légitime venait de faire son chemin dans mes pensées. Il était possible que ça ne soit pas June. Elle n’aurait jamais crié mon prénom de la sorte, ce n’était pas son genre et de ce que je croyais connaître d’elle, il n’existait aucune raison sur terre pour que cela se produise. Ses pas ne lui correspondaient pas exactement non plus. Plus denses, plus paniqués, clairement pas son genre de grande dame érudite de mes deux. Et l’indice le plus gros : sa voix. Le prénom était le bon, mais l’intonation étrange, comme teintée d’un accent que je ne lui connaissais pas.  

《  Tu n’es pas June toi.  》Avais-je marmonné pour moi sans pourtant avoir de réponse à la question : si ce n’est elle qui est-ce ? En attendant, je devais bien répondre pour ne pas éveiller le moindre soupçon.
《Quoi ? Qu’est-ce que tu me veux ? Et si c’est Adrian qui t’envoie qu’il aille se faire voir, j’ai ouvert mes fenêtres donc lâchez moi la grappe.  》


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Re: You're part of the dawn where the light comes from the dark | KLEMAN

Face à elle, le fantôme d’une autre vie. Même avec dix ans de plus, même défiguré, Thea l’aurait reconnu entre tous. Kleman. Kleman, Kleman, Kleman. Cet imbécile de Kleman. Cet abruti de Kleman. Balancée d’un souvenir à l’autre, Thea avait l’impression de revivre en simultanée toute une partie de sa pré-adolescence. Elle se revoyait rire, elle se revoyait pleurer, elle se revoyait crier. Elle revoyait Kleman, elle se revoyait elle, elle se revoyait eux. Une douleur sourde lui broya la poitrine, des larmes silencieuses glissèrent sur ses joues. Elle avait envie de le serrer dans ses bras et de s’enfuir en même temps.

« Oh ça va oui ?! Je suis devenu av... Je suis pas sourd. »

Un silence aussi pesant qu’une enclume enveloppa les deux adolescents. Le regard de Kleman la fixait, ou du moins regardait dans sa direction. Le reconnaissait-elle ? Elle n’avait pas tant changé : ses cheveux étaient plus courts, elle portait un peu plus de maquillage… Mais elle restait la même. Pourtant, le regard de Kleman était vide de toute émotion. Il continuait de fixer l’espace entre eux comme s’il attendait quelque chose d’elle mais qu’il n’était pas sûr de savoir quoi.

Il marmonna quelque chose. Thea n’entendit que ce qu’elle supposait être le prénom de quelqu’un. Julie ? June ? Kleman fronçait les sourcils. Il ne semblait pas en proie aux mêmes tourments que Thea. Est-ce qu’il lui en voulait ? Faisait-il exprès de rester de marbre, de l’appeler par un autre prénom, de la regarder comme si elle n’existait pas vraiment ? Tout au plus, Kleman semblait agacé. Son corps entier hurlait une seule chose : dégage de là, qui que tu sois.

« Quoi ? Qu’est-ce que tu me veux ? Et si c’est Adrian qui t’envoie qu’il aille se faire voir, j’ai ouvert mes fenêtres donc lâchez moi la grappe. »

Kleman ne parlait pas, Kleman aboyait. Thea l’avait souvent entendu utiliser ce ton sur les autres personnes. Les adultes. Les enfants qui lui cherchaient des poux. Mais jamais Ô grand jamais sur elle. Était-ce vraiment son Kleman ? Ou bien… Non, cette idée la faisait frémir d’horreur. Était-il l’une de ces victimes dont Celmis avait effacé la mémoire ? Cette simple supposition lui brûlait la gorge. Elle refusait qu’il l’oublie. Elle, elle ne l’avait jamais oublié.

« Non, je- C’est- »

Thea se mordit l’intérieur de la joue. Elle avait toute une multitude d’excuses pour justifier sa présence ici mais l’horreur de la situation l’empêchait de formuler correctement ses pensées. Elle tenta de reprendre sa respiration, de reprendre le contrôle de la situation mais son corps entier tremblait. Tout ce temps… Tout ce temps Kleman avait été ici ? Tout ce temps… Il avait été un sang-mêlé, comme elle ? Cet endroit qu’elle avait fui toute sa vie… Tout ce temps, elle avait fui Kleman ?

« Thea ? Thea ? La voix de Clément était loin, très loin. Anthea Osborn-Campbell ! Je me faisais un sang d’encre, qu’est-ce que tu- »

Clément venait de poser une main sévère sur l’épaule de sa sœur adoptive lorsqu’il remarqua plusieurs choses : le symbole au-dessus de la tête de Thea, les larmes sur ses joues, le garçon brun en face d’elle.

« Qu’est-ce qui se passe ici, par tous les dieux ? »

La voix sévère de Clément donna juste assez de force à Thea pour qu’elle pointe Kleman du doigt et qu’elle prononce d’une voix forte et distincte mais non dénudée de tremblements :

« Kleman. »
Kleman Dunn
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Re: You're part of the dawn where the light comes from the dark | KLEMAN

« Non, je- C’est- »

Et merde. À tous les coups, c’était l’une des jumelles de Déméter qu'Adrian avait envoyé dans l’espoir de m’amadouer. L’une des gamines qui passaient leurs temps dans les champs de fraises. Celle avec les cheveux bruns habituellement tressés en couronne sur son front, ou celle qui avait une collection impressionnante de robes à pois. Quel crétin ce mec. Maintenant, j’allais devoir me retrouver à consoler une morveuse qui n’avait rien demandé à personne et à qui j’avais aboyé de foutre le camp. Tout ça parce que mônsieur j’aime-les-plantes flippait de venir me parler. Je le savais, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure et je dois avouer que c’était un petit plaisir coupable de faire mine de lui mettre des coups de pression avant. Par contre, là, il était certain que Chiron allait me tomber dessus pour me remonter les bretelles. Moi qui voulait l’éviter, c’était un sacré fiasco.

M’attendant à un déluge de larmes, de hoquets mouillés et de mots à peine articulés noyés dans les reniflements, je m’étais mis en tête de m’approcher pour la prendre dans mes bras. Je n’avais aucune foutue idée de comment m’excuser, mais je savais que les enfants aimaient tous, sans exception, les câlins, comme de véritables pots de colle, et que dans quelques minutes, elle aurait retrouvé sa bonne humeur versatile. Mais d’autres pas m’avaient coupé l’herbe sous les pieds et freiné mon avancée.

« Thea ? Thea ? Anthea Osborn-Campbell ! Je me faisais un sang d’encre, qu’est-ce que tu- »

Au début, je n’avais pas du tout calculé le prénom qu’avait prononcé ce nouvel arrivant. Je n’allais pas le retenir alors il aurait très bien pu l’appeler Pomme ou Kilimandjaro sans que ça ne me pose le moindre problème. J’étais seulement emmerdé de ne pas pouvoir gérer rapidement la situation avant que ça ne s’ébruite et qu’un pensionnaire plus âgé n’aille vendre la mèche auprès du centaure. J’avais dû casser un miroir, ouvrir un parapluie à l’intérieur ou passer sous une échelle en venant. Ou peut-être que nous étions le vendredi 13 de je-sais-pas-quel-mois-et-de-toute-façon-ça-change-rien-à-la-supersition ? En-tout-cas, un vieux gars venait casser l’ambiance et de la meilleure des manières.
Oui, parce qu’il avait fallu un peu de temps pour que l’information monte à mon petit cerveau. Il n’avait pas prononcé Renesmée ou Vaïana, mais un putain de bordel de prénom qui n’avait rien à foutre ni dans sa bouche ni à la Colonie ni nulle part d’ailleurs. Si j’avais été un de ces rejetons d’Héphaïstos, je me serais enflammé plus vite qu’une forêt du Canada en été. Soit June avait été une sacrément belle connasse pour en parler à tout le monde, et ce mec méritait mon poing dans la tronche, avec supplément bronze céleste, on est pas radin ici. Soit je n’étais tout simplement pas réveillé, ce qui étrangement, me paraissait le plus plausible.

« Qu’est-ce qui se passe ici, par tous les dieux ? »
Par contre, même s’il était un rêve, la voix de ce type ne me revenait pas et son accent chelou me faisait grincer des dents. Mon cerveau n’avait jamais manqué d’imagination, mais s’il commençait à me filer des acouphènes même pour de faux, on n’allait pas rester potes très longtemps.

« Kleman. »

La flamme qui s’était allumée quelques secondes plutôt dans mon estomac et qui m’avait filé des sueurs froides venait de se transformer en un rire large, gras et très légèrement nerveux. Mes épaules se secouaient comme sous l’effet d’un puissant tremblement de terre et mes yeux s’étaient plissés. Dans le silence des deux autres pensionnaires, mon fou rire avait duré juste assez longtemps pour que ça en devienne gênant. Mes abdos me faisaient mal et des larmes perlaient aux coins de mes joues. Retenu à l’une des portes des box, je peinais à me redresser.

《 Wohou, pardon, pard... 》 Je n’étais pas tout à fait capable de respirer convenablement pour faire une phrase complète sans l’entrecouper de soubresauts. 《 J’en ai vu des trucs foireux dans ma vie, mais vous … Attendez, j’m’incline même ! 》 Faisant mine de retirer un chapeau à plumes, je me penche dans leurs directions avant de me laisser reprendre par mon rire. 《 Ah non mais là, on atteint des sommets wou ! Magnifique ! 》 Essuyant les plis de mes paupières, je parviens à me calmer petit à petit. 《 Franchement merci les gars, bon délire, ça m’a fait beaucoup de bien. 》


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Re: You're part of the dawn where the light comes from the dark | KLEMAN

Salut Klem !
Joyeux anniversaire. Je suis désolée, je suis je dois partir. Un couple veut bien m’adopter mais ils habitent un peu loin. Qui sait, je serai peut-être de retour demain ! En tout cas, si jamais tu passes aux alentours de San Francisco, n’hésite pas à me faire un coucou. J’aurai aimé te voir J’espère que tu trouveras vite un foyer aussi.
Je t’embrasse,
Thea.

PS - Je te note leur adresse derrière si jamais tu veux qu’on devienne pen pal ! Au cas où.


Thea était à deux doigts d’hyperventiler. Clément, d’un naturel pourtant si calme, était à deux doigts d’hyperventiler. Son regard passait de Thea à Kleman comme s’il essayait de comprendre ce qui se passait. Ses yeux hurlaient ”Ce Kleman ?!” pendant que ceux de Thea répondaient ”Fais quelque chose, je panique !” Tout aurait pu mieux se passer, songea Thea. Ils auraient pu se croiser en ville, boire un café de retrouvailles et après s’avouer qu’ils étaient sang-mêlé. ”Quelle coïncidence de dingue !” Mais non, évidemment que non ! Il fallait qu’ils se croisent en plein milieu de la Colonie alors que Thea était déjà au bord de l’apoplexie.

Ce fut à ce moment-là, alors que les Campbell étaient en totale panique, que Kleman décida d’intervenir. Non pas pour calmer tout le monde ou demander des explications. Non, pas du tout. Kleman explosa de rire. Clément et Thea cessèrent leurs échanges silencieux pour porter toute leur attention à Kleman qui partait carrément en fou rire. Sur le coup, Thea ne comprit guère la raison de cette attitude. Était-ce ces nerfs qui lâchaient ? Ou bien… Ou bien était-il en train de se moquer de Thea parce qu’elle avait les joues striés de larme, un visage paniqué et le symbole d’Hermès au-dessus du crâne ?

« Wohou, pardon, pard... Pause. J’en ai vu des trucs foireux dans ma vie, mais vous … Attendez, j’m’incline même ! Pause. Mouvement ridicule. Ah non mais là, on atteint des sommets wou ! Magnifique ! Nouvelle pause. Franchement merci les gars, bon délire, ça m’a fait beaucoup de bien. »

Thea fronça les sourcils et tourna la tête vers son frère dont les yeux étaient ronds comme des billes et la bouche légèrement entrouverte. Non, elle ne rêvait pas. Kleman était littéralement en train de se foutre de sa gueule. Le sang de Thea ne fit qu’un tour. Elle réduisit la distance qui la séparait de Kleman et le gifla.

« T’es vraiment qu’un sombre abruti, Kleman Dunn. »

Clément s’approcha de Thea et voulu l’interrompre mais la jeune femme n’en avait pas fini avec Kleman. Une main sur la hanche, l’autre à quelque centimètre du visage de Kleman.

« Pas une lettre ! Pas un message ! Aucune nouvelle ! Est-ce que tu es mort ? Est-ce que tu as trouvé une famille ? Est-ce que les monstres qui m’ont attaqué t’ont trouvé parce que tu puais mon odeur et t’ont bouffé ? J’en sais rien ! Parce que Kleman Dunn est trop bien pour donner des nouvelles ! »

Thea sentait que Clément gesticulait dans son dos et elle avait soudainement envie de lui hurler dessus. Pourquoi était-elle entourée d’abrutis finis ?!

« Il fallut que je mette les pieds UNE HEURE dans cette foutue colonie pour que des ANNÉES de psy soient ruinées. À cause de ces abrutis de dieux, à cause du sombre abruti que tu es et à cause de- QUOI Clément ? »

Thea se retourna brusquement vers Clément qui leva les mains en signe de reddition. Il ouvrit grand les yeux et pointa du doigt Kleman.

« Il est aveugle. »
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Re: You're part of the dawn where the light comes from the dark | KLEMAN

L’ascenseur émotionnel était rude. Très très rude.

Je m’attendais bien à avoir déstabilisé ces deux abrutis qui se croyaient drôles, mais j’étais loin de penser à ce genre de réaction. L’avantage, c’est que je pouvais m’arrêter de chercher à deviner où ils se situaient dans l’espace juste avec leurs voix. Mais j’aurais aimé l’apprendre autrement. Sa main avait percuté ma joue, son poignet rencontrant ma mâchoire et mon oreille vibrant comme une cymbale. J’avais trébuché en arrière sous l’impact. Et il m’était difficile de savoir si je venais de perdre une partie de mon audition, si la fille s’était barrée juste après, ou si elle m’avait sonné suffisamment pour que ses mots me parviennent comme un lointain mélange de syllabes.

Mon cerveau n’était clairement pas en état de comprendre, interpréter ou digérer les informations. Comme si toute pensée avait déserté mon esprit, que toute fonction avait été mise sur pause et que j’étais devenu une ville fantôme en à peine quelques secondes. Mon corps, lui, réagissait hors de contrôle. Mes jambes n’étaient pas d’accord dans quel sens fuir, mes bras agrippés à la porte du box cherchaient désespérément à me redresser, mes yeux s’agitaient dans le futile espoir réflexe d’apercevoir quelque chose dans le noir, ma bouche avait perdu tout sens de coordination et mon cœur se croyait sur le dancefloor de l’Ushuaïa Club.

Les informations se croisaient et s’entremêlaient sans que je ne puisse y accéder. Tout fusait beaucoup trop vite. Abruti. Ça, il y avait débat, mais, jusque-là, je suivais ce qu’elle me racontait. Est-ce qu’elle venait vraiment de me frapper ? Un pic d’angoisse soudain. Était-il vraiment si facile de m’atteindre ? Et s'ils étaient des monstres ? Je pouvais activer mes poings américains si j’arrivais à connecter mes neurones. La Colonie avait une brèche ? Mais c’était leur problème pas le mien donc je pouvais simplement me tirer. De toute façon, j’avais déjà dit à June que je voulais débarrasser le plancher le plus tôt possible. Mes objectifs n’avaient pas changé et personne ici ne pouvait me retenir de retourner une nouvelle fois chercher T--. Lettre. Quoi ? Non, bah non, c’était littéralement impossible que les Dieux soient à ce point des merdes. Famille. Bah si! Oh que si ! Bien évidemment qu’ils pouvaient être de gigantesques étrons ! Puais. Héhé . J’en sais rien. Et bah moi non plus ma pauvre fille, je comprends que dalle. Foutue colonie. Ah, là, je te suis. Là, on est d’accord. Par contre, quel est le rapport ? Psy. Quoi ? Qu’est-ce que c’était que cette merde encore ? C’était forcément un nom de créatures des enfers. Est-ce qu’elle était vraiment en train d’exposer son super plan machiavélique de monstre du Tartare et j’avais rien écouté ? Merde. Sombre abruti. Encore une fois, il y avait débat. Clément. C’était qui celui-là ? Je croyais qu’elle me parlait à moi. Si ça avait été Théa, genre ma Théa, impossible qu’elle le prononce aussi mal. On aurait dit Alicia, là.

« Il est aveugle. »

Cette fois, mon sang était monté en flèche jusqu’à ma tête au point d’en colorer ma peau. Mais de quoi il se mêlait l’autre ?!

«  Putain, mais ta gueule toi, on t’a rien demandé ! Et puis d’abord, vous êtes qui ? Ou vous êtes quoi ?! »

J'avais fini par adopter une posture défensive, les mains devant mon visage, poings serrés sur mes bagues comme si je me préparais à un combat de boxe. Cette idée-là avait mis un bon moment pour s'exécuter. Je sentais encore ma joue brûler et je l'imaginais facilement cuisante et rouge. Et ma tête était à nouveau remplie d'un gros bordel saturé de pensées incohérentes entre lesquelles essayaient de survivre des cartes mentales des écuries faites à la va-vite pour tenter d'imaginer un moyen de replis.


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Re: You're part of the dawn where the light comes from the dark | KLEMAN

« Putain, mais ta gueule toi, on t’a rien demandé ! Et puis d’abord, vous êtes qui ? Ou vous êtes quoi ?! »

Thea contemplait Kleman, la bouche légèrement entrouverte. Elle leva la main et fit des mouvements lents de droite à gauche. Elle arriva à la conclusion que oui, il était aveugle et regarda Clément avec des yeux ronds comme des billes. Une partie d’elle était soulagée, car cela signifiait qu’il y avait encore une chance, une mini-chance, qu’il ne l’ait juste pas reconnue. Devait-elle reprendre les présentations depuis le début ?

Clément poussa un long soupir, le regard fixé sur Kleman. Ce dernier avait porté ses mains près de son visage, près à en découdre. Que se passait-il dans son crâne pour qu’il se considère à ce point en danger dans la Colonie ? Outre la baffe de Thea, évidemment. Finalement, Clément passa une main dans ses cheveux :

« Je vous laisse tous deux, j’ai vraiment pas votre énergie. »

Thea regarda Clément partir. Elle aurait aimé hurler qu’il avait tout intérêt à ne pas partir très loin car elle avait un million de choses à lui dire sur ce symbole au-dessus de sa tête mais elle compartimenta ce problème dans un coin de sa tête. Chaque chose en son temps, n’est-ce pas ?

« Je- je vais juste reculer de quelques pas. »

Joignant le geste à la parole, Thea s’éloigna un peu de Kleman avant de s’assoir par terre, le long du box en face de lui. Une fois le choc et la colère passés, Thea prit le temps d’observer son ami d’enfance. Pendant une fraction de seconde, elle se demanda même si c’était vraiment lui. Il y avait des choses qui ne correspondaient pas du tout au jeune garçon qu’elle avait connu mais il dirait sûrement la même chose s’il pouvait la voir. L’ironie était cuisante, dans cette situation.

« T’es pas en danger, tu peux arrêter cette position ridicule, Klem. »

Ses sourcils froncés, sa colère, ses poings serrés : ça, c’était son Kleman. Celui qui s’énervait, celui qui hurlait à l’injustice. Il y avait évidemment un million de versions de lui mais elle n’était pas certaine d’avoir de nouveau l’occasion de les voir d’aussi près qu’avant. Thea soupira. Cette rencontre ne s’était pas du tout passée comme elle l’aurait voulu. Évidemment, elle avait imaginé une centaine de scénarios de retrouvailles. Elle les avait imaginé se courant les bras (raté), se retrouvant autour d’un monstre qu’ils auraient tué ensemble (raté), le défendant d’un monstre (raté). Jamais Ô grand jamais elle n’aurait imaginé qu’ils se retrouveraient en se hurlant dessus autour dans une écurie qui puait la merde.

Thea décida de reprendre depuis le début.

« Bonjour, je m’appelle Thea. N’était-ce pas comme cela qu’elle s’était présentée la première fois ? Je suis une sang-mêlé, fille de je ne sais pas quel abruti de dieu. C’est la première fois que je viens à la Colonie. Peut-être aurais-je dû m’écouter et rester loin de ce trou à rat, finalement. »

Thea jouait avec une brindille de foin. Elle n’avait aucun intérêt à dissimuler ses émotions derrière un masque d’assurance puisque Kleman ne la voyait pas. Son regard à elle était perdu dans le vague. Même si elle en avait rêvé un million de fois, elle ne pensait revoir un jour Kleman et encore moins dans ces circonstances. Elle avait aujourd’hui la chance de renouer avec une partie de son passé, la seule qui compte vraiment. Et s’il refusait ? Ah, Ce ne serait pas la première fois que quelqu’un lui fermerait une porte au nez, elle vivrait avec.
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Re: You're part of the dawn where the light comes from the dark | KLEMAN

La tension dans l’air s’était apaisée. Je m’apprêtais à me battre, à sentir sur mon autre joue un deuxième coup incandescent ou le frôlement d’une lame contre ma pomme d’Adam avant qu’il ne soit définitivement trop tard. Mais mon éclat de voix n’avait obtenu que le silence. Ni réplique salée, ni grondement agacé. Même les pégases s’étaient arrêtés de gesticuler dans leurs alcôves. Comme si l’électricité de l’air qui s’était mise à bourdonner à la manière d’une centrale nucléaire quelques secondes plus tôt, s’était à nouveau complètement éparpillée sans laisser de traces. C’était long et inquiétant. J’entendais mon sang pulser désagréablement à mes oreilles. Le calme avant la tempête. Comme si d’un coup, cette fille allait venir planter ses crocs dans mes mollets telle un serpent.
Le type avait remarqué, et elle était loin d’avoir l’air d’une idiote. Je ne savais pas quoi faire pour dissiper les soupçons. Mise à part fixer à tour de rôle les deux sources dont j’avais entendu s’élever leurs voix, j’étais incapable de penser à quelque chose d’autre. Faire un geste ou mimer une potentielle réaction étaient exclus. Me retrouver à faire des gestes incohérents si eux n’avaient pas bougé, ne ferait que confirmer leur idée et me faire passer pour un abruti. Je regrettais d’avoir demandé à June de revenir si vite ici. De ne pas lui avoir demandé comment me défendre, ou comment bien faire semblant pendant que le monde était encore calme et que se sentir en sécurité n’étais pas complètement un luxe. Si je n’avais pas fait ma tête de mule, peut-être aurait-elle accepté. J’avais pensé aux monstres, à la casquette d’invisibilité, au fait que je n’étais pas vraiment un demi-dieu et qu’ils ne viendraient pas me chercher une fois dehors. Mais je n’avais pas pensé avoir assez de malchance pour tomber sur deux directement à la Colonie pendant mes quelques jours avant mon départ. Je n’avais pas non plus du tout songé au fait de devoir me défendre contre d’autres humains. Ce monde était tellement perché, loin dans son délire, qu’il était simple de se déconnecter de la réalité et d’oublier que le monde réel avait ses propres dangers, bien à lui, et bien plus menaçants.
Et ici, la menace ne respirait pas assez fort pour que je suive ses mouvements, ne traînait pas des pieds au sol, ne faisait craquer aucune brindille. Rien qu’un silence qui dit : je réfléchis et tu n’es pas en position avantageuse, mon petit.

Je m’étais senti infiniment ridicule dans les choses qui avaient suivi. Mon violent sursaut qui m’avait fait mal dans la poitrine lorsque le garçon avait soupiré, sa phrase qui n’était clairement pas celle d’un monstre ce qui foutait un peu plus le bordel dans ma tête, celle emplie de pitié de la fille qui m’avait serré les entrailles de honte, mon cou crispé qui avait semblé grincer en tournant la tête vers là où les pas de la fille l’avaient emmené tel un animal apeuré, et sa manière de prononcer mon prénom comme si l’on se connaissait et que ce simple constat attristait beaucoup. Mais le pire avait été de lui obéir sans hésiter. Relâcher les bras sans trop savoir qu’en faire, desserrer avec difficulté les poings, laisser les rides de mon front reprendre leur jeunesse. Lui faire confiance.
Être si misérable, si dépendant, au point de se sentir soulagé de ne pas avoir été frappé, de se sentir fiévreux de devoir croire ses paroles uniquement et de ne pas les remettre en question une seule seconde comme si la vérité était l’unique option. J’avais l’impression d’être devenu un labrador, incapable de comprendre son maître tout en mettant un maximum d’efforts pour le satisfaire et s’assurer d’être bien traité en retour. Elle avait glissé le long de la porte de l’étable d’en face, et je l’avais imité comme un enfant, m’écrasant au sol quelques secondes à sa suite.
J’attendais ma sentence.

« Bonjour, je m’appelle Thea. Je suis une sang-mêlé, fille de je ne sais pas quel abruti de dieu. C’est la première fois que je viens à la Colonie. Peut-être aurais-je dû m’écouter et rester loin de ce trou à rat, finalement. »

N’était-ce pas comme cela qu’elle s’était présentée la première fois ?
Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire.

Les larmes s’étaient mises à couler toutes seules. Je ne les avais pas du tout senties au début, dévaler mes joues et s’écraser sur mon t-shirt, mon pantalon et le béton gris clair de l’écurie. Puis mon nez s’était joint en reniflant et les gouttelettes s’étaient transformées en torrent que je n’avais pas la moindre envie de retenir. Je serrais mes genoux contre ma poitrine secouée de sanglots.  

Si je pouvais y croire.


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Re: You're part of the dawn where the light comes from the dark | KLEMAN

Thea se répétait en boucle qu’elle était prête à tout. Si Kleman fermait la porte entre eux, ce serait tout à fait acceptable. Oui, parfaitement. C’était une grande fille, elle avait une famille aimante, des amis à la pelle, des pouvoirs cool. Non, elle ne serait pas dévastée de perdre une deuxième fois son meilleur ami. L’eau avait coulé sous les ponts, le temps était passé, ils étaient maintenant deux personnes tout à fait différentes et leur amitié n’avait pas besoin d’être celle d’avant.

Je peux tout supporter, je peux tout supporter, je peux tout supporter, je peux tout supporter, je peux tout supporter.

S’il se levait et partait, ce serait tout à fait acceptable.
S’il refusait de renouer avec elle, ce serait tout à fait acceptable.
S’il décidait qu’il n’y avait rien à tirer de cette amitié, ce serait tout à fait acceptable.

Je peux tout supporter, je peux tout supporter, je peux tout supporter, je peux tout supporter, je peux tout supporter.

Kleman pouvait partir, Kleman pouvait se taire, Kleman pouvait parler. Thea pouvait tout supporter. Elle avait supporté bien pire que ça. Elle n’était pas à sa première amitié bafouée, ah, ça non. Les gens vont et viennent dans la vie, c’est comme ça, on n’y peut pas grand-chose. Kleman avait sûrement des tas d’amis dans cette Colonie, des tas de personne qui l’avaient remplacée et c’était tout à fait acceptable.

Tout à fait acceptable.
Tout à fait acceptable.
Tout à fait acceptable.

Thea serra les poings. Si c’était si acceptable que ça, si elle était si forte que ça, alors pourquoi son cœur menaçait de sortir de sa poitrine ? Pourquoi son estomac était tout retourné ? Pourquoi son corps entier tremblait ? Pourquoi la boule dans sa gorge était-elle si grosse ? Thea tenta de contrôler sa respiration.

Je peux tout supporter, je peux tout supporter, je peux t-

Kleman renifla et Thea leva la tête juste à temps pour le voir Kleman éclater en sanglots. La tête enfouie dans ses genoux serrés contre sa poitrine, Kleman n’avait plus rien de l’adolescent énervé que Thea venait de rencontrer. Non, face à elle, elle retrouvait le Kleman de son enfance, le Kleman secoué par ses propres émotions, ce Kleman qui aurait préféré se jeter par la fenêtre plutôt que quiconque le voit pleurer… Enfin, quiconque sauf elle.

Thea éclata en sanglots aussi, mimant la position de son meilleur ami. De quoi avaient-ils l’air là, tous les deux l’un en face de l’autre, à pleurer toutes les années de silence qu’ils avaient connu ? Thea pleurait son meilleur ami à qui elle n’avait jamais pu dire au revoir, elle pleurait ses lettres sans réponse, elle pleurait pour cette absence béante dans sa vie qu’elle n’avait jamais pu remplacer. Elle pleurait pour leurs retrouvailles, pour cette étincelle d’espoir qu’elle entrevoyait.

Thea ne saurait dire pendant combien de temps ils pleurèrent. Parfois, l’un d’eux marmonnait quelque chose, des excuses, des accusations, des choses incompréhensibles derrière la couche de morve qui les empêchait d’articuler. Puis le silence revint. Les larmes se tassèrent. Les reniflements se firent plus rares. Thea frotta ses yeux et se fit la remarque qu’elle devait ressembler à un panda. Puis elle se rappela que Kleman ne pourrait rien lui dire puisqu’il ne la voyait pas. Thea eut de nouveau envie de pleurer mais se fit violence.

« Je suis désolée de t’avoir crié dessus. Je pensais que tu faisais semblant de pas me reconnaître. Je savais pas que tu… que tu… me vois pas. »

Thea fit un geste inutile en direction des yeux de Kleman avant de laisser retomber sa main sur sa cuisse. Elle avait un million de questions à lui poser sur ce qu’il était devenu, sur ce qu’il avait fait, sur comment avait-il appris pour sa condition de sang-mêlé, sur sa vie ici, sur comment il avait perdu la vue. Un million de questions qui restèrent bloquées dans sa gorge face à la fragilité du moment. Elle avait l’impression d’avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Kleman allait-il rester vulnérable ou bien allait-il se renfermer dans sa forteresse et pousser Thea loin ?
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Re: You're part of the dawn where the light comes from the dark | KLEMAN


Je pleurais.
Toutes les larmes que j’avais si bien séquestrées durant ces trois dernières années inondaient les écuries.
Je pleurais parce que Théa était vivante. Qu’elle allait bien. Que sa vie ne s’était pas arrêtée en quittant Boston. Et que cette simple constatation suffisait à retirer des épaules d’Atlas tout le poids du ciel.
Je pleurais parce que, de sa vie, je n’en avais plus fait partie alors qu’on se l’était promis, yeux dans les yeux, petits doigts entremêlés, dès le premier jour de son arrivée au foyer.
Je pleurais parce que je m’en voulais de lui en vouloir pour une ridicule promesse d’enfants, qu’il aurait été de toute façon impossible à tenir.
Je pleurais de lui reprocher de ne pas avoir été surhumaine, de ne pas avoir défié l’impossible et de ne pas lui avoir triomphé. Je pleurais qu’elle ne soit pas la super-héroïne dont je rêvais.
Je pleurais parce qu’après tout ce chemin, c’était elle qui me retrouvait ici, à la Colonie. Pas moi. Elle. Au seul endroit que je fuyais plus que moi-même. Au seul endroit auquel je n’aurais jamais pensé chercher. J’aurais pu la rater.
Je pleurais parce que ce n’étaient pas les retrouvailles que je m’étais imaginées.
Je pleurais parce que je me sentais nul d’être frustré que ces fantasmes n’en soient jamais plus que cela. Et frustré que tout soit allé aussi vite et aussi mal. Qu’il n’y ait pas de seconde chance de rendre cela plus poétique. Et d’éprouver ce besoin de rendre ça poétique.
Je pleurais de pleurer. D’être une telle bouse en face d’elle. De ne pas être le héros dont je rêvais. De n’être que normal. D’une banalité affligeante.
Je pleurais d’avoir été si pathétique dans chacune de mes lettres. Et je pleurais également qu’elle n’en ait jamais lu une seule.
Je pleurais en repensant aux réponses de mon inconnue, aux espoirs qu’elles avaient fait naître en moi et au soulagement qu’elles m’avaient apporté.
Je pleurais de remords en me sentant soudainement l’avoir trahie, trompée, salie par les mots d’une autre.
Je pleurais de l’avoir abandonné. De l’avoir négligé quelques fois en riant avec Paloma. De l’avoir momentanément délaissé pour sauver Eidan. D’avoir maintes fois préféré m’en prendre à Léo que de partir à sa recherche. De l’avoir oublié dans chacun des silences aux côtés de June.
Je pleurais de ne pas l’avoir trouvé plus tôt. De ne pas avoir mis fin à ce cauchemar dès ma première escapade. Je pleurais qu’elle ait dû attendre si longtemps.
Je pleurais d’imaginer qu’elle n’en avait peut-être pas souffert. Je pleurais à l’idée qu’elle n’avait peut-être jamais envisagé que je sois le paladin que je croyais devenir. Je pleurais qu’elle ne pleure pas. Que je sois seul avec toutes ces émotions. Je pleurais que cette idée puisse s’avérer réalité. Et de devoir vivre avec.
Je pleurais de ne plus pouvoir la voir pour me rassurer. Je pleurais que ce camion m’ait percuté ou qu’il ne m’ait pas achevé. Je pleurais d’avoir changé. Je pleurais de devenir une preuve de ce temps gâché. Je pleurais d’être à ce point perdu.

Puis, peu à peu, je ne pleurais plus. Mon corps était toujours secoué, mais je m’étais vidé comme un poisson. Les tripes à l’air. Plus rien à l’intérieur qu’un vide immense.

« Je suis désolée de t’avoir crié dessus. Je pensais que tu faisais semblant de pas me reconnaître. Je savais pas que tu… que tu… me vois pas. »

Mon sourire tenait plus de la grimace. L’entendre dire était glaçant. Même June n’avait jamais véritablement osé le prononcer. Quelque chose dans le fait qu’elle le sache me donnait envie de disparaître sur-le-champs, de n’avoir jamais existé, d’être effacé de sa vie.

« Ne t’excuse pas pour ça. » Je ne voulais pas aborder ce sujet. Pas tout de suite. Pas comme ça. Pas avec elle. Pas tout seul. C’était trop d…  « Ça m’avait manqué de t’entendre me crier dessus. », avais-je donc tenté de relever avec légèreté. « Je pensais pas avoir l’occasion d’en profiter avant ... plus longtemps que ça … »

Parler d’elle était plus facile. Parler de moi ne l’était pas. Alors je souriais doucement pour éviter les questions, pour m’éviter. Et ce n’était qu’en pleine manœuvre, lors d’un virage sentimental risqué, que je me retrouvais face à moi. Ce n’était pas beau à voir, mais c’était beau à lire. Alors je continuais à m’éviter pour mieux me rentrer dedans, créer un carambolage au fond de moi, un chaos de phares et d’essuie-glaces qui remettra certaines choses en place à force de les secouer. Sans trop savoir pour qui ou pour quoi.

« Attends. Commençons par le commencement : comment ça se fait que -? Qu’est-ce que tu fais ici ? Quand est-ce que tu es arrivée ? Il me semblait que la Colonie était équipée d’une barrière qui empêchait les mortels d’entrer. Est-ce que tu es une … ? »


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