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Make a wish - Calypso
Calypso se réveille d’un bond, aspirant une grande bouffée d’air. Ses poumons sont en feu, sa bouche et sèche, une fine couche de sueur s’est créée sur sa peau. Son cœur tambourine dans sa poitrine, comme si elle avait réellement failli se noyer. Caly’ ne faisait plus autant de cauchemars qu’avant. Parce qu’elle avait reçu l’aide d’Eidan. Parce que sa relation avec Léo avait évolué et semblait l’apaiser. Mais parfois, elle faisait encore quelques mauvais rêves concernant son premier séjour dans le Labyrinthe. Et celui-ci, particulièrement vivace, l’avait terrifié. Elle était encore un peu perturbée de son dernier passage dans le Labyrinthe. Elle avait osé y retourner parce qu’elle était accompagnée. Et finalement, elle ne semblait pas avoir subi plus de séquelles que cela. Mais la demi-déesse avait l’impression d’avoir été totalement manipulé. Comme si la première fois n’avait pas été suffisante, elle s’était laissée bernée par des illusions, se retrouvant à une époque qui n’était pas la sienne. Certes, son lien avait le fils d’Hadès, bien que naissant, semblait être ce qui l’avait sorti de cette illusion grotesque. Mais elle n’en oubliait pas le fait qu’elle se soit tout de même laissé prendre dans les filets du Tortionnaire, une nouvelle fois. Oh elle avait pourtant conscience de s’en être bien mieux sorti que d’autres, qui en étaient revenus avec des blessures. Elle pensait notamment à Rhylan et Paloma, qui étaient partis avec elle... Et à l’Amazone qui était revenue avec des séquelles physiques. Mais chacun vit les choses différemment et pour la petite brune, les séquelles psychologiques risquaient bien de ne jamais disparaitre. Il fallait qu’elle apprenne à vivre, elle le savait. Mais son rêve venait de la perturber, sans doute bien plus que de raison.
La fille d’Amphitrite fut alors prise d’une irrépressible envie de se rendre sur la plage. Même si elle n’osait toujours pas aller nager de son plein gré, les remous de l’eau avaient retrouvé leur effet apaisant sur elle. Mais en pleine nuit, cela pourrait s’avérer risqué... Quitte à choisir, la sang-mêlé préférait autant ne pas se retrouver face aux harpies, ce qui lui vaudrait une punition. Certaines étaient plus douces que d’autres évidemment et même si le nettoyage de la salle d’art ne la dérangerait par exemple pas plus que cela, s’occuper des armes et armures la rebutait clairement. Mais elle savait déjà qu’elle ne pourrait pas se rendormir. Se mordillant la lèvre inférieure, Calypso hésita encore un peu avant de finalement se décider. Rester ici ne servirait pas à grand-chose de toute façon. Elle ne pouvait pas se permettre d’aller tambouriner à la porte du bungalow d’Hadès non plus, même si la présence de Léo aurait sans doute pu l’apaiser. Alors, elle s’habilla rapidement. La Colonie avait beau être protégée, les nuits restaient un peu plus fraiches en cette saison. La jeune fille enfila donc un jeans et un sweat noir avant d’enfiler ses tennis noires. Elle esquissa un petit sourire en se voyant ainsi vêtue. A croire qu’un certain demi-dieu commençait à déteindre sur elle, au-delà du fait qu’elle devait rester discrète. Prudente, Caly’ plaça quand même son pique à chignon dans ses cheveux avant de cacher le tout sous la capuche de son sweat. Puis, le plus silencieusement possible, elle sorti de son bungalow, priant les Dieux de ne pas croiser de harpie ou de monstre en passant par la forêt, même si elle doutait d’être exaucer à ce sujet. Il fallait surtout qu’elle ne traine pas.
Lorsqu’elle arriva sur la plage, la demi-néréide eut enfin l’impression de réussir à respirer correctement. Comme si l’air marin aidait ses poumons à s’emplir d’air sans la faire souffrir. Elle ferma les yeux et pris une grande bouffée de cette air iodé, qu’elle expulsa par la bouche. Elle se retrouva alors à sourire doucement. Elle enleva ses chaussures et marchant dans le sable frais, écoutant le ressac presque régulier des vagues. Elle osa même marcher tout au bord de l’eau, frissonnant quand l’eau fraiche frôlait sa peau. Et finalement, la demoiselle décida de s’installer sur le sable. Elle posa ses chaussures et ramena ses jambes contre sa poitrine. Lâchant un petit soupir, elle se retrouva alors à observer la voute céleste, repérant les quelques constellations qu’elle pouvait connaitre. Elle fut tout de même surprise lorsqu’elle vit passer une étoile filante. Mais Calypso se repris bien vite et se retrouva à formuler un vœu. Un vœu simple mais complètement fou : celui de voir sa mère. Elle savait bien que c’était totalement idiot, que les Dieux étaient beaucoup trop occupés pour se soucier de leurs progénitures. Ils étaient rares, ceux vivants à la Colonie qui avaient eu la chance de rencontrer leur parent divin. Mais Caly’ n’était encore qu’une enfant et en cette instant, elle avait désespérément besoin de sa mère, de cette présence féminine qui lui a toujours manqué au fond. Elle lâcha finalement un petit soupire. Evidemment qu’Amphitrite ne viendrait pas la voir, juste parce qu’elle en faisait le vœu au passage d’une étoile filante... Alors, Calant son menton sur ses genoux, la sang-mêlé reporta son regard sur le ressac des vagues.
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Re: Make a wish - Calypso
Calypso
Fille du titan Atlas, Calypso est une nymphe que les dieux ont exilée sur l’île d’Ogygie. Elle est incapable de quitter cette prison dorée. De temps en temps, un jeune héros en difficulté s’échoue sur l’île, et Calypso en prend soin jusqu’à ce qu’il reparte – en lui brisant le cœur au passage.
Image par Fernanda Brussi
Elle est un nom aussi doux qu’une brise marine. Elle est un visage aussi parfait qu’une statue antique. Elle n’est qu’un chapitre dans l’histoire des autres et sa version des faits importe peu aux dieux.
Elle est la tempête qui déferle furieusement sur le rivage. Elle est le cri de la mouette dans le vent. Elle est la séduction scintillante des vagues où se reflète le soleil. Elle est la timidité d’une île cachée dans un recoin paisible du monde. Elle est tout cela, et bien plus encore.
Elle est Calypso. Immortelle. Inchangée. Délaissée et pourtant toujours prête à aimer.
Ogygie est sa prison, elle en a fait son sanctuaire. Elle porte le poids de son exil comme une couronne de pierres précieuses, avec la nonchalance et l’élégance qui accompagnent l’habitude. Sur cette terre qui n’appartient qu’à elle, elle s’occupe de tout ce qui vit et l’encourage dans sa croissance. La pousse lente d’un arbre exerce sur elle la même fascination que le vol rapide d’un colibri. Le temps n’a plus aucune signification: mille ans passent comme une heure, une heure paraît parfois durer mille ans.
Alors Calypso chante. Calypso danse. Calypso tisse des tapisseries colorées. Calypso jardine. Calypso contemple la mer. Calypso existe. Et parfois, Calypso aime. Elle aime ces hommes qui échouent sur son île, portés par un destin plus fort que le courant. Elle les aime jusqu’à ce qu’ils la quittent, et elle continue à les aimer longtemps après que son visage ait été remplacé par celui d’une autre dans leur cœur. Et à la fin, Calypso reste seule. La solitude est devenue une vieille amie, un manteau qui la protège de la fraîcheur indifférente de la nuit, une mélodie aussi familière que sa propre respiration. Elle l’a apprivoisée et ne la craint plus.
Ce soir, pourtant, tout est différent. Ce soir, tout est possible. Il y a dans l’air quelque chose d’inexplicable. Un parfum de fleurs sauvages et de liberté. Calypso s’avance sur la plage, jusqu’à l’endroit où la mer embrasse le rivage. Les pieds nus dans l’eau, elle lève les yeux vers le ciel et ne ressent aucune surprise lorsqu’une étoile filante déchire la toile sombre du ciel. Elle ferme les yeux et formule un vœu.
***
La plage de la Colonie des Sang-mêlé. Calypso ne s’y trouve pas vraiment ; une partie d’elle reste toujours enchaînée à Ogygie, jusqu’au jour où les dieux décideront de la libérer. Elle flotte au-dessus des vagues, pâle et immatérielle. Puis elle la voit. Une jeune fille dont les yeux grands ouverts boivent la nuit. Calypso n’a besoin d’aucune explication pour savoir qui elle est : une fille d’Amphitrite. Une demi-néréide qui partage son nom. Bien que son île soit isolée de tout, la nymphe reçoit régulièrement des nouvelles du monde. Et elle se tient particulièrement au courant des aventures des enfants de l’océan.
Lentement, pour ne pas l’effrayer, Calypso s’avance jusqu’à flotter au-dessus du sable mouillé. Son regard croise celui de la jeune fille et un sourire très doux s’épanouit sur ses lèvres. Voici ce qu’elle a souhaité en regardant l’étoile filante. Retrouver de la famille. Un sentiment d’appartenance. Alors qu’elle s’approche de la demi-néréide, son apparition gagne en consistance, comme si le regard de la jeune fille l’ancrait dans la réalité. Elle s’arrête face à elle, le cœur débordant d’émotion.
« Calypso. »
C’est son identité et celle de la jeune fille. C’est ce qui les lie : l’océan qui coule dans leurs veines.
« Comment vas-tu ? »
Elle est sûre d’une chose : cette rencontre a une signification particulière. Au-delà de son propre vœu, quelque chose l’a appelée vers la demi-néréide, l’a transporté vers cet endroit. Le regard de la jeune fille est troublé, rempli de peurs informulées. Ce soir, Calypso a été attirée vers la Colonie pour aider. Pour guérir.
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Re: Make a wish - Calypso
La petite brune ne comprend pas pourquoi tout cela a refait surface spécifiquement cette nuit. C’était peut-être le signe que quelque chose l’attendait ? D’autant plus qu’elle n’a pas croisé la moindre Harpie sur tout le trajet allant de son bungalow à cette plage. Comme si, finalement, les Dieux avaient prévu un petit quelque chose pour elle. Evidemment, la O’Hara trouve rapidement cela ridicule. Parce que les Dieux sont beaucoup trop occupés pour avoir quoi que ce soit à faire d’une petite demi-déesse descendante d’une divinité mineure de surcroit. Elle doutait même qu’ils aient pu avoir quoi que ce soit à faire d’un enfant d’un des trois Grands. Calypso avait de quoi se sentir inférieure. Entre ses démons, ses capacités au combat et le fait que sa mère ne fasse pas partis des Douze... Il y avait de quoi se sentir minuscule dans cet univers qui l’avait pourtant privilégié d’une certaine manière. Ce n’est pas donné à tout le monde que d’avoir du sang divin dans les veines ni même de pouvoir possiblement se hisser au rang de héros. Caly estime pourtant ne rien avoir d’une héroïne, contrairement à d’autres de ses camarades qui sont bien meilleurs combattants qu’elle ou, tout simplement, plus utile qu’elle sur un champ de bataille. C’est avec ces sombres pensées que la jeune fille aperçoit une silhouette. Ses muscles se tendent légèrement, elle fronce les sourcils et attend. Elle ne sait pas à quoi s’attendre dans un premier temps et en viendrait presque à redouter le pire. Et si quelqu’un décidait de se prendre à elle ici ?
Pourtant, la fille d’Amphitrite sent son corps se relâcher doucement à mesure que la silhouette approche. Comme si elle sentait une certaine bienveillance, comme si elle était bien certaine que cette présence n’avait rien de néfaste, bien au contraire. La petite brune ne la lâche pas des yeux, désormais curieuse de connaitre l’identité de la visiteuse. Au fond d’elle, elle le sait sans doute déjà. Calypso ne bouge pas pour autant. Elle est dans l’attente, l’attente de cette confirmation qu’elle espère. Son nom ainsi prononcé empli son cœur d’une vive émotion. Pas de peur cette fois, pas de douleur malgré celle qui habite sans doute encore son regard. Juste un débordement de joie, comme si elle se sentait chez elle. Oui, Caly ressent un fort sentiment d’appartenance. Evidemment, elle le ressent en vivant ici à la Colonie. Mais face à la nymphe, ce sentiment semble décuplé, comme si cet océan qui les lie amplifiait cette appartenance. Mais la simple question qui lui est posé fait remonter les larmes. Alors, la demi-néréide commence par se mordre la lèvre inférieure, tentant de retenir ce qu’elle a envie de hurler. Elle aurait envie de hurler que rien ne va, qu’elle voudrait pouvoir oublier, qu’elle voudrait pouvoir être une simple humaine, ne jamais avoir été entrainé dans le Labyrinthe, ne jamais avoir rien su des demi-dieux et de tout ce qui y est lié. Ce serait cependant un mensonge. Parce qu’ici, elle a des amis, elle a retrouvé son amie d’enfance. Ey puis il y a Léo... Mais tout cela ne suffit pas, ce soir, pour chasser ses démons. Une larme finie par rouler doucement sur la joue de la petite brune, avant que des mots ne passent la barrière de ses lèvres. “Je... Je ne sais pas... Je crois que je me suis perdue...”
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Re: Make a wish - Calypso
Calypso
Fille du titan Atlas, Calypso est une nymphe que les dieux ont exilée sur l’île d’Ogygie. Elle est incapable de quitter cette prison dorée. De temps en temps, un jeune héros en difficulté s’échoue sur l’île, et Calypso en prend soin jusqu’à ce qu’il reparte – en lui brisant le cœur au passage.
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Calypso peut sentir le chagrin qui hante son homologue mortelle. Son corps entier hurle en silence de toutes les émotions que son âme porte en secret. Pour autant, il n’y a qu’une seule larme qui s’échappe de son contrôle pour glisser le long de sa joue. Une larme qui dit tout et qui ne dit rien.
« Je... Je ne sais pas... Je crois que je me suis perdue... »
Calypso, l’immortelle, s’approcha doucement de la demi-déesse et s’assoit à ses côtés, comme pour lui montrer que ce soir au moins, elles sont égales. Le sang divin qui coule dans leurs veines pourrait les séparer sur bien des niveaux, mais le chagrin et la solitude qu’elles ressentent les unissent bien plus que raison. La mélancolie qui enveloppe l’immortelle résonne en écho à celle qui habille l’enfant mortelle.
« Ah, ne le sommes nous tous pas un peu… »
Le regard de l’immortelle, perdu dans l’océan et la nuit, témoigne de sa propre histoire lorsqu’abandonnée de tous, une fois la colère et la rancœur passées, elle avait dû tout réapprendre sur elle-même et sur la vie. Jamais elle ne s’était sentie aussi perdue, aussi seule, aussi triste.
Pour autant, aujourd’hui, bien que la mélancolie soit toujours présente, l’immortelle Calypso ne se sent plus aussi perdue. Elle a appris à se connaître et à tirer de la force dans tout ce qu’elle a vécu. Mais il lui a fallu beaucoup de temps, d’échec et de larmes. La mortelle Calypso n’avait pas autant d’années devant elle pour suivre le même chemin que son aînée.
L’immortelle Calypso détacha son regard de l’obscurité des vagues et se fixa sur la jeune demi-déesse à ses côtés. Aucun sourire n’habilla le visage de la divinité, mais les faux-semblants n’avaient pas leur place ici. La demi-déesse n’avait pas besoin de voir les dents de la Nymphe pour savoir que celle-ci ne lui voulait que du bien.
« Dis m’en plus, jeune sang-mêlé. »
Sa voix n’était pas forte. À peine plus qu’un murmure. Il n’y avait que Caly pour l’entendre. Et il n’y avait qu’à Caly que cette phrase était destinée.
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Re: Make a wish - Calypso
La demi-néréide se triturait les mains tandis que la nymphe vint s’asseoir à ses côtés. Elle changeant légèrement sa posture, s’installant en tailleur. La petite brune ne put s’empêcher d’observer son homologue immortelle, de commencer à la détailler comme si elle voulait graver son souvenir dans sa mémoire. Elles auraient pu rester ainsi, sans rien dire de plus, pendant des heures sans que la mortelle ne s’en rende compte. Elle sursauta pourtant légèrement lorsque Calypso posa son regard sur elle. Certes, il n’y avait pas de sourire que le visage de la nymphe. Mais son regard n’avait rien d’effrayant, bien au contraire. Et la voilà qui demandait à en savoir plus. La voix n’était que murmure, l’ordre n’avait rien de violent. Il n’y avait aucune animosité dans cette phrase et Calypso se sentait suffisamment en confiance pour pouvoir parler. Oui, elle pouvait dire sereinement tout ce qui pesait sur ses épaules, tout ce qui emplissait son cœur, le bon comme le mauvais. Alors elle commença à conter, à expliquer pourquoi elle se sentait à ce point désoeuvrée ou perdue.
Elle parla d’abord de son séjour forcé dans le labyrinthe, de ce dont elle se souvenait. Elle reporta son regard sur l’eau en prononçant une phrase pourtant. “Une fille d’Amphitrite qui a peur de son propre élément, ça la fout mal quand même...” Elle avait bien conscience de raconter sa vie à une divinité millénaire. Mais qui pourrait lui en vouloir de parler comme une adolescente de son âge. Elle continua, parla du garçon qu’elle avait failli tuer. Elle parla pendant un moment de ce garçon, suffisamment pour que n’importe qui comprenne que non, il n’était pas un inconnu. Elle parla de la fois où elle l’avait sauvé et où, malgré lui, il l’avait forcé à renouer avec l’eau. Elle parla de ses entrainements, du moment où elle avait commencé à prendre conscience qu’il fallait qu’elle soit capable de se défendre par elle-même. Les muscles de la jeune fille se tendirent pourtant quand elle en vint à parler du moment où elle avait osé retourner dans le labyrinthe, entourée d’autre demi-dieux qui la mettaient suffisamment en confiance. Elle gardait en mémoire quelques bribes de souvenir de ce moment, cet instant où elle s’était sentie particulièrement forte, où elle n’avait peur de rien. Elle acheva son récit en lâchant un soupir. “Et maintenant, je ne sais plus qui je suis... Est-ce que je suis celle qui a eu peur de l’eau ? Ou est-ce que je suis celle que m’a fait devenir le Tortionnaire la dernière fois ? Parfois, j’ai l’impression de n’être tout simplement aucune des deux...”
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Re: Make a wish - Calypso
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Un court silence accompagna la jeune mortelle. L’immortelle Calypso ne la pressa pour autant, laissant les mots se former d’abord dans l’esprit de son interlocutrice avant qu’ils ne s’échappent de ses lèvres. Elles avaient toute la nuit, après tout.
« Une fille d’Amphitrite qui a peur de son propre élément, ça la fout mal quand même… »
Un fin sourire se glissa sur les lèvres de l’immortelle. Certains se seraient parés de mille manières pour faire bonne figure mais l’adolescente laissa parler son cœur avant tout. L’immortelle Calypso écouta patiemment, attentivement, toutes les fêlures qui habillaient l’âme de sa cadette. Combien de chagrins les mortels pouvaient-ils endurer avant de craquer ? Parfois, les dieux se plaignaient de leurs immortelles peines mais elles étaient dérisoires comparées à celles que les mortels pouvaient ressentir alors qu’ils comptaient les années qui les séparaient de leur mort certaine.
« Et maintenant, je ne sais plus qui je suis... Est-ce que je suis celle qui a eu peur de l’eau ? Ou est-ce que je suis celle que m’a fait devenir le Tortionnaire la dernière fois ? Parfois, j’ai l’impression de n’être tout simplement aucune des deux... »
Le silence de la nuit enveloppa à nouveau les deux Calypso. La plus jeune, perdue dans les méandres de ses pensées, continuait de revivre en boucle les événements qui l’avait amenée ici pendant que l’aînée, plongée dans sa réflexion, pris le temps de former les mots qui allaient suivre.
« Tu es toi. »
Les mots, pourtant simples, portaient le poids d’une vie éternelle à se chercher. Mais comment comprendre lorsque notre vie n’était qu’un grain de sable dans le sablier du temps ?
« Tu es toutes les versions de toi-même en même temps. Tout ce que tu as vécu et ce que tu n’as pas vécu font de toi qui tu es aujourd’hui. Les obstacles de la vie ont renforcé certains morceaux de toi pendant que d’autres se sont fracturés. »
Calypso fit une courte pause, laissant ses mots couler sur l’enfant pour qu’elle s’en imprègne. Beaucoup disaient que les traumatismes formaient la force d’une personne, mais c’était faux. La personne forgeait sa force toute seule et n’avait pas besoin de traumatisme pour la créer. La force n’était jamais puisée de nulle part.
« Mais tu n’es pas radicalement différente de qui tu aurais été dans une vie. Le noyau qui te forme est toujours le même. Tu aurais peut-être mis plus de temps à développer certains éléments qui font ta force aujourd’hui, mais d’autres éléments attendent que tu sois prête pour se développer. Car qui tu es ne dépend pas des autres mais uniquement de toi. Le Tortionnaire, ce Léo, ils t’ont peut-être poussée dans certaines directions que tu n’aurais pas prises naturellement, mais c’est toi qui tiens la barre. Tu es ta propre capitaine et ta boussole est dans ton âme. Même si tu t’égares ou que tu prends le temps d’admirer les paysages, tu retrouveras toujours ton nord, à ton rythme. »
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Re: Make a wish - Calypso
Calypso sait bien qu’un jour, il lui faudra affronter ses démons. Elle sait que repousser l’inévitable ne sert à rien. Mais elle le fait quand même, fait de son mieux pour s’améliorer au combat et surtout, pour ne pas montrer ce qui la blesse dans cette situation. Elle essaie de toujours garder le sourire, d’aider tout le monde dans n’importe quelle circonstance. C’est sans doute tout cela qui l’a conduite ici, sur cette plage après ses cauchemars. La voix de son homologue lui fait tourner la tête dans sa direction, pencher légèrement la tête sur le côté au passage. Une simple phrase, qu’elle comprend sans vraiment la comprendre. Calypso n’est qu’elle. Juste elle, une fille d’Amphitrite un peu paumée, amoureuse sans vouloir vraiment l’admettre, essayant d’être toujours bienveillante, pas très douée au combat même si elle fait de son mieux pour s’améliorer. Mais la petite brune écoute ce que lui dit la nymphe et voilà qu’elle se retrouve à réfléchir à ce qu’elle vient de lui dire, se mordillant la lèvre inférieure. Et si... Elle n’avait pas besoin d’être tout à la fois ? Elle pouvait bien être qui elle voulait quand elle le voulait, après tout. Calypso pouvait bien être une gamine d’ascendance divine, une combattante, une pirate. Ou tout simplement une adolescente qui découvre les choses de la vie, les premiers émois et qui grandi comme n’importe qui ou presque.
Tout ce que Calypso peut lui dire la pousse à réfléchir, à se questionner sur elle-même. Ce n’est pas forcément évident de faire son introspection de la sorte, à un âge aussi jeune que le sien. Mais la fille d’Amphitrite comprend, ou du moins pense comprendre, où son homologue veut en venir. Même si plusieurs obstacles se sont dressés sur sa route, il y a des choses qu’on ne pourra jamais lui enlever. Son amour pour sa famille, le fait qu’elle aime aider les autres. Le fait qu’elle n’aime pas particulièrement se battre, même si elle a pris conscience de manière brutale qu’elle devait être en mesure de se défendre seule, pour ne pas avoir à compter toujours sur les autres. Ses sentiments naissants pour Léo, duquel elle n’aurait peut-être pas osé approcher si elle n’avait pas manqué de le tuer en sortant du Labyrinthe pour la première fois. Son affinité avec l’eau. Tout ça faisait qu’elle était elle, tout simplement. Si personne ne pouvait lui enlever l’eau, il ne tenait qu’à elle de se l’approprier à nouveau pleinement. Alors, un sourire vint éclairer le visage de la demi-déesse. Elle savait très clairement ce qu’elle avait à faire, là tout de suite. Elle se releva d’un bond, remontant son pantalon jusqu’à ses genoux. Puis, elle rejeta ses cheveux en arrière avant de porter un regard malicieux sur la nymphe. “Alors je n’ai plus qu’à suivre ma boussole !” Caly savait qu’en cet instant, sa boussole n’était autre que son cœur. Courant, manquant de trébucher par moment, il ne lui fallut pas longtemps pour se retrouver les pieds dans l’eau. L’océan, cette vaste étendue qui lui avait tant manqué après l’avoir tétanisée un temps. Les bras grands ouverts aux embruns, elle laissa l’eau lui lécher les pieds, continua d’avancer jusqu’à presque mouiller son pantalon. Et finalement, elle se tourna vers Calypso. “Merci de m’avoir rappelé que j’ai ma place.”
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Re: Make a wish - Calypso
Calypso
Fille du titan Atlas, Calypso est une nymphe que les dieux ont exilée sur l’île d’Ogygie. Elle est incapable de quitter cette prison dorée. De temps en temps, un jeune héros en difficulté s’échoue sur l’île, et Calypso en prend soin jusqu’à ce qu’il reparte – en lui brisant le cœur au passage.
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« Alors je n’ai plus qu’à suivre ma boussole ! »
L’immortelle hocha la tête, ravie de voir que ses mots n’avaient pas mis longtemps avant d’être entendus. Les demi-dieux se plaignaient souvent que les dires des dieux étaient trop compliqués à comprendre, mais c’était souvent parce qu’ils ne savaient pas écouter.
La jeune sang-mêlé, quant à elle, savait écouter. Aussitôt la tirade de la nymphe terminée, la mortelle était debout, un sourire assuré sur le visage, une étincelle de malice dans le regard. Bien, songea Calypso. Au moins, cette petite apparition n’aurait pas été une perte de temps inutile.
La nymphe regarda la jeune demi-déesse s’approcher de l’eau, comme un miroir physique à son acceptation de soi. L’océan faisait partie d’elle-même et cela ne changerait jamais. Comme une réponse à cette révélation, un vent marin vint s’enrouler autour des deux Calypso, laissant sur son passage l’odeur du sel et des embruns. Même l’immortelle Calypso ferma les yeux pour apprécier cette caresse invisible.
« Merci de m’avoir que j’ai ma place. »
Calypso hocha la tête d’un air entendu en fixant la jeune sang-mêlé et se leva pour s’approcher d’elle. Bientôt, l’immortelle se trouva au même niveau que la mortelle, les pieds dans l’eau. Une nouvelle brise vint s’emmêler dans leurs cheveux avant que la nymphe n’ouvre une dernière fois la bouche :
« Tout le monde a sa place. »
Puis, sans un mot de plus, Calypso continua d’avancer dans l’eau jusqu’à s’immerger entièrement et disparaître dans les fonds marins. Elle aussi, elle avait une place. Et elle se devait de ne pas s’y absenter trop longtemps, même lorsqu’elle ne partait pas réellement.
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Re: Make a wish - Calypso
C’est sur ces derniers mots que la demi-déesse regarda son homologue s’enfoncer dans les vagues, disparaitre dans l’écume. Elle ne put empêcher son cœur de se serrer dans la poitrine, comme si elle voyait un membre de sa famille proche partir, en ayant passé trop peu de temps ensemble. Elle resta un moment ainsi, les pieds dans l’eau et le regard fixé sur l’endroit où Calypso avait disparu. Comme si elle espérait la voir revenir, tout en sachant qu’elle était bel et bien repartie. Mais il fallut bien rentrer au bout d’un moment. Il n’aurait plus manqué que la jeune femme se fasse attraper par les harpies de la Colonie... Cette simple idée lui donnait des frissons. Mais par chance, la demi-déesse n’en croisa pas une seule sur le chemin du retour vers son bungalow. Une fois revenue au bungalow d’Amphitrite, elle s’adossa quelques instants à la porte, se demandant si tout cela venait bien de se produire. Rien ne semblait réel, qu’il s’agisse de sa rencontre avec la fille d’Atlas ou sa chance incroyable que personne n’ait remarqué sa petite escapade nocturne. Et c’est sur cette pensée que la demoiselle se glissa dans son lit. Mais le lendemain, elle remarqua la présence de grains de sable, comme un témoin silencieux de ce qu’elle avait vécu. Mais au moins, elle était certaine d’être chez elle ici et d’avoir sa place dans le cœur de certains pensionnaires.
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