Dire que j'étais le sang-mêlé le plus assidu de la colonie était ironique, j'avais beau être le premier à vouloir m'entraîner j'étais sûrement l'un des derniers à vouloir aller en cours et faire des devoirs. Alors, c'est sans surprise que Tracey m'apprend qu'en guise de sanction pour être arrivé en retard à ses cours pour la quatrième fois consécutive, je vais devoir ranger, trier et classer toutes les armes de l'armurerie. Le sourire moqueur d'Eidan lorsqu'il l'entend me sanctionne, me donne envie de fracasser la tête de mon meilleur ami contre sa table.

C'est donc à ranger l'armurerie que je vais passer mon heure de temps libre, joie. Trainant un peu les pieds, je prends tout mon temps pour rejoindre l'espèce de hangar se situant près de la forge des Héphaïstos. Il y avait un bon moment que je n'avais pas mis les pieds dans l'armurerie et la dernière fois que j'avais dû y mettre de l'ordre, j'avais fini enfermé avec ce con de romain aux cheveux gras. Et je n'avais aucunement envie de renouveler l'expérience.

En entrant dans l'armurerie, j'ai tout de suite envie de tourner les talons et de m'en aller lorsque je tombe sur une jeune femme qui me tourne le dos mais que je reconnais facilement. Cependant, je n'ai pas le temps de faire le moindre mouvement qu'elle se retourne vers moi. Je soutiens légèrement le regard de la brune avant de détourner les yeux lorsqu'elle s'avance vers la porte. Prenant une grande respiration, je m'avance dans le fond de l'armurerie et focalise mon attention sur le bordel environnant. Ça va me prendre au moins trois heures pour remettre tout ça en ordre. Cependant, j'ai à peine posé la main sur une arme que Calypso pousse un cri derrière moi en se débattant avec la porte qui semble refuser de s'ouvrir, génial.

Préférant éviter de penser au fait que nous sommes bloqués rien que tout les deux, je me penche pour attraper plusieurs couteaux et les remettre à leur place. Au fur et à mesure de notre rangement, le silence se fait de plus en plus pesant sans pour autant qu'un de nous s'efforce de le briser. Cependant, Calypso s'en charge en me demandant de lui passer une flèche se situant par terre juste à côté de moi. Silencieux, je me baisse pour attraper la flèche et lui rendre. Mes doigts effleurent les siens et je ne peux faire autrement que de plonger mon regard dans le sien.

J'avais... j'avais envie de m'y perdre à nouveau, plonger dans l'océan de ses yeux et même, pourquoi pas, lui tenir la main. Revenir quelques semaines en arrière dans la salle d'art et sentir son corps contre le mien, sentir son cœur battre à l'unisson avec le mien.

Un frisson me parcourt le corps au contact de nos doigts, partant du bout de mes doigts et remontant le long de mon bras avant de se propager dans le reste de mon corps. Lorsqu'il se dissipe, il laisse place à un combat de sentiments, tous plus forts les uns que les autres. Incompréhension. Refus. Surprise. Et surtout envie. Envie de plus, envie de prolonger ce contact, envie d'un rapprochement, envie d'elle...

Finalement, elle s'empare de la flèche et me tourne le dos. Suite à ses mouvements, ses cheveux volent légèrement et m'arrache un sourire idiot que je ne me reconnais pas. Secouant la tête pour tenter de reprendre mes esprits, je me reconcentre sur un sujet que je maîtrise à la perfection: les armes. Après les couteaux de lancer, je passe aux dagues et aux poignards, les rangeant l'un derrière l'autre sur le ratelier prévu pour les ranger. Cependant, cela ne semble pas suffire et la fille d'Amphitrite vient à nouveau occuper mon esprit. En réalité, c'est surtout son parfum aux senteurs de vanille et de jasmin qui vient la pousser à la porte de mes pensées. Il est si doux et si enivrant que je pourrais le sentir pendant des heures sans m'en lasser.

Mon regard finit par croiser de nouveau celui de Calypso et cette fois, je n'arrive plus à m'en détacher. J'étais comme hypnotiser par ses yeux bleus et son regard emplit de douceur. La jeune femme fait un pas vers moi puis un second puis un autre jusqu'à vraiment être très proche de moi, nos torses se frôlent presque. Nous n'avions plus étaient aussi près l'un de l'autre depuis... Depuis ce fameux jour où mes mots avaient dépassés ma pensée et qu'elle m'avait frappé. D'ailleurs, la marque de sa main avait presque disparu mais pas celle de sa bague qui avait laisser son emprunte plus profondément sur ma joue.

Lorsque ses doigts entrent de nouveau en contact avec les miens, mon cœur, mes poumons et mes entrailles se contractent à l'intérieur de moi. Nous étions proches, beaucoup trop proches. Nos visages à seulement quelques millimètres l'un de l'autre, je n'avais qu'à poser mes lèvres sur les siennes... Mon cœur avait totalement perdu la raison mais mon cerveau tentait encore de lutter même s'il était à bout de forces. Une once de culpabilité s'empare de moi lorsqu'elle me présente ses excuses pour m'avoir frappé, si elle l'avait fait c'était uniquement de ma faute...

"Désolé pour ce que je t'ai dis..."

Nos souffles se mêlent et se démêlent, nous étions tellement proches que nos torses se touchaient lorsqu'ils se soulevaient pour se remplir d'air. Lentement, je ressers mes doigts autour des siens tandis que je ne pouvais plus lâcher ses lèvres des yeux. Elles étaient si proches, si... Les miennes entrèrent doucement et tendrement en contact avec les siennes...

Mon cerveau et mon cœur se hurlaient dessus dans un concert de protestations. L'un me disait d'arrêter tout de suite mon geste avant que cela n'empire, de quitter l'armurerie, de m'éloigner le plus possible de la fille d'Amphitrite. Tandis que l'autre, lui, m'encourageait à aller plus loin, à poursuivre mon geste, il criait victoire. Et moi, j'étais pris entre les deux, ne sachant pas quoi faire jusqu'à ce qu'une sorte de d'onde me traverse le corps et m'indique la marche à suivre.

Ma respiration se coupe brutalement mais je n'ai pas l'impression de manquer d'air, d'ailleurs c'est plutôt l'inverse. J'ai l'impression qu'une énorme bouffée d'air frais vient de remplir mes poumons. Je ne sais pas si c'est dû à la mystérieuse onde ou si c'est dû à Calypso. Ses mains quittent les miennes pour venir s'enrouler autour de mon cou tandis que sa langue vient timidement chercher la mienne. Et lorsqu'elles entrent en contact c'est comme si c'était naturel et entament une danse passionnée. Mes yeux se ferment d'eux-même pour profiter de cet instant si imprévisible et agréable, même dans mes rêves les plus fous je n'avais jamais approché la jeune femme d'aussi près. A chaque fois, il y avait cette sorte de barrière invisible que je n'osais pas franchir, j'avais peur qu'elle me repousse et pourtant...

D'instinct, mes mains glissent dans le dos de la demi-déesse, suivant le tracé de sa colonne vertébrale. J'en voulais plus, je voulais être encore plus près d'elle, je la voulais elle, uniquement elle et rien qu'elle. Pourtant nous étions déjà si proche, je pouvais sentir son corps battre contre mon torse et je me doutais qu'elle devait sentir le mien tambouriner contre sa poitrine. Cependant, cela n'était pas suffisant. Alors, d'abord hésitant, je fini par lentement la soulever du sol, tout en douceur. La serrant contre moi, prolongeant encore notre étreinte. Je ne voulais surtout pas qu'elle se termine un jour.

Joie. Bonheur intense. Béatitude. Légèreté. Désir. Excitation. Surprise. Douceur. Amour. Je n'avais jamais eu la capacité émotionnelle d'une petite cuillère mais habituellement j'arrivais assez bien à compartimenter mes émotions. Cependant, actuellement j'en étais tout bonnement incapable. Ce trop pleins d'émotions avait fait céder le barrage et se déverser dans mon être sans rencontrer de résistance. A vrai dire, je ne faisais rien pour l'en empêcher. Non, tout ce qui m'importait c'était de ne surtout pas rompre l'étreinte que j'avais avec Calypso. Au fond de moi, je savais que c'était ce que je désirais depuis des semaines et des semaines mais jamais je ne me le serais avoué, je refoulais bien trop mes émotions pour ça.

La main de la fille d'Amphitrite qui se glisse dans mes cheveux me fait frissonner tandis que prolonge encore notre baiser interminable. Et lorsque j'ose la soulever doucement du sol, cette dernière vient enrouler ses jambes autour de ma taille à la manière d'un mignon petit koala. Je n'aurais jamais pensé vivre un moment que celui-là, et pourtant il a bel et bien lieu. Resserrant légèrement mon étreinte, je maintiens la néréïde contre moi. Ma respiration ne s'était pas encore trop emballée mais c'était avant que la jeune femme ne fasse en sorte qu'une de ces mains vienne s'aventurer sous mon t-shirt. Le contact de ses doigts contre ma peau me fait frissonner et frémir de la tête aux pieds. C'était à la fois surprenant et enivrant, et cela ne me dérangeais pas du tout,  bien au contraire. Après avoir inspecter les lignes de mon torse, la main fine et douce de Calypso continu son chemin dans mon dos, longeant ma colonne vertébrale. Quand à moi, ma respiration se faisait de plus en plus irrégulière voire haletante.

Doucement, je viens appuyer le dos de la fille d'Amphitrite contre un râtelier d'armes tandis que je redonne un peu de vigueur et d'envie à la danse entreprise par nos langues. Libérant une de mes mains, je viens la glisser dans la longue chevelure de la brune et caresser sa nuque puis son dos jusqu'à descendre au bas de son dos sans jamais dépassé cette limite.

Toutes les bonnes choses une fin, non ? Eh bien je vous le confirme. Ce moment était tellement bon, merveilleux et irréaliste. Oui, irréaliste c'est le mot. Il n'y avait aucune raison pour que nous agissions de la sorte et pourtant. L'instant m'avait semblé avoir durer des heures mais en réalité il avait du s'écouler à peine dix petites minutes. Tout s'arrêter en une fraction de seconde, c'est comme si on avait appuyer sur le bouton d'arrêt d'urgence avant que cela ne parte totalement en vrille. D'abord, le "bouton" stoppa Calypso. La fille d'Amphitrite tenta de me repousser en retirant ses lèvres des miennes, elle se débattit pour s'éloigner de moi mais dans sa précipitation elle nous précipita tous les deux au sol.

Je ne sais pas si le fait de percuter le béton froid me fit recouvrer mes esprits mais un frisson me parcourut l'échine et tout devint de nouveau clair dans mon esprit. Mon visage n'était qu'à un ou deux centimètres de celui de la Néréide, le bout de mon nez touchait quasiment le sien et surtout j'étais à quatre pattes au dessus d'elle. Oh pu**** de merde ! Je perdis toute contenance et, au passage, toutes couleurs ayant pu être présentes sur mon visage pour regagner mon teint pâle et translucide habituel. Extrêmement gêné, je me redresse pour m'éloigner de la jeune femme. Je faisais tout mon possible pour ne pas passer en mode bug général, ce n'était pas le moment de passer en blackout. Cependant, je m’efforçais de ne pas croiser son regard. Par l'Olympe, pourquoi fallait-il toujours que je m'embarque dans des situations hyper gênante !  

Prenant sur moi, je rassemble mon courage pour ne pas prendre mes jambes à mon cou et demande en bégayant légèrement.

"T... Ca v....va ? Tu... ne t.. t'es pas fais mal ?"

Je fourre mes mains dans mes poches pour éviter de montrer ma nervosité mais de toute manière cela ne va pas m'empêcher de faire un plantage de mon cerveau dans quelques minutes.