Les gamins, un peu hésitants face au pouvoir de Samael furent tout de même vite rassurés par Poppy, qui se remit sur pieds en un instant :

"Si vous avez des pouvoirs utiles sur un champ de bataille, ils ne peuvent qu’être un avantage pour vous ! A partir du moment où vous parvenez à le maîtriser bien sûr sinon c’est la mort tragique assurée. Enfin je veux dire c’est dommage, haha !

Amusé par cette remarque, Samael la regarda répondre à un un des élèves qui avait demandé pourquoi elle n’avait pas riposté avec son propre pouvoir. C’est vrai ça, pourquoi ne l’avait-elle pas fait ? Quel était son pouvoir, déjà ? Le regard curieux, Samael pencha la tête sur le côté, attendant la réponse à cette question si intrigante. Avec un enthousiasme débordant, celle-ci répondit :

‘’ Et bien, si j’empêchais tout le monde de se battre, ce serait un peu embêtant pour un entrainement, tu ne trouves pas ? Mais effectivement ta remarque est très judicieuse ! Si j’avais utilisé mon pouvoir sur Samael, cela m’aurait laissé assez de temps pour lui asséner un coup mortel sans qu’il n’ait le désir de riposter. Mais je n’aime pas trop faire ça, je trouve ça trop facile déloyal, haha !’’

Surpris, Samael comprit vite l’utilité de son pouvoir. Il était rare de voir une descendante d’Arès avec la capacité de calmer les ardeurs des combattants plutôt que de les attiser, mais Poppy était une fille de la déesse de la paix, après tout. Ca se tenait. Pendant que les enfants rangeaient leur matériel, ils purent discuter et rire du fait qu’ils feraient une équipe efficace sur le champ de bataille s’ils ne voulaient que neutraliser et non pas tuer. En effet, assommer les gens et leur faire perdre l’envie de se battre, c’était parfait pour rester inoffensif tout en étant efficace.

Une fois seuls, Samael se dit que c’était une occasion en or pour en apprendre plus sur les coutumes locales. Malheureusement pour lui, Poppy semblait avoir eu la même idée au même moment concernant la Nouvelle-Rome. Il haussa les épaules, se disant simplement que cette conversation serait reportée seulement de quelques dizaines de minutes, puis écouta la fille d’Eiréné l’interroger avec une joie à toute épreuve :

‘’ Alors, Samael, qu’est-ce que tu penses de ton séjour chez nous ? Oh tu sais quoi, ne dis rien en fait !! On va plutôt aller s’installer près du lac ! Comme ça, ce sera plus sympa et on pourra discuter plus tranquillement ! J’ai plein de questions à te poser sur là où tu vis, et puis sur les romains en général ! Et puis si tu veux on peut passer chercher de quoi picorer dans mon bungalow avant ! Oui ça me parait une super idée, non ?’’

Un air satisfait aux lèvres, Samael acquiesça vivement et la suivit sur le chemin qui menait aux bara… bungalows. Si original… Il ne comprenait pas vraiment l’intérêt de séparer les jeunes selon leur ascendant divin, mais dut reconnaître que c’était une idée comme une autre pour faciliter les rapprochements. A la Nouvelle Rome n’importait que la Légion, mais les grecs n’avaient pas ça. Ils devaient donc s’appuyer sur autre chose pour souder les gens entre eux. Surexcitée, Poppy se décida à lui montrer et nommer chacune des fleurs qu’elle avait planté elle-même. Il y en avait… beaucoup. Enormément même, tellement de fleurs diverses et variées qu’il ne put être qu’impressionné face à tant de détermination et de soins apportés aux plantes.

Finalement, ils arrivèrent devant le bungalow d’Eiréné, et il attendit que Poppy en ressortent avec un peu de pain, de l’eau aromatisée à la grenadine, et du chocolat, puis ils se dirigèrent vers le lac en discutant de tout et rien. Finalement, assis au pied d’un arbre, Samael put répondre à une salve de questions posées avec un entrain digne de Bacchus en pleine orgie de nourriture. Il était ravi d’avoir une nouvelle amie à ses côtés, grecque qui plus est !

‘’La Nouvelle-Rome, c’est une ville à part, mais nous autres légionnaires, on est plutôt du côté du Camp Jupiter ! On s’entraîne quatre matinées par semaine, on fait les corvées l’après-midi, et on dispose de quelques plages de temps libre pour traîner en ville. Où au lac. On a un lac aussi, figure toi !’’

Samael grignotait distraitement son morceau de chocolat en observant la surface brillante qui s’étendait devant lui.

‘’Alors, dis-moi, que veux-tu savoir sur les romains ? Je te préviens, j’ai tout autant de questions sur les grecs, moi aussi.’’

Avec un sourire éclatant, il dévisagea Poppy, qui semblait trépigner d’impatience.

A peine arrivés au bungalow d’Éiréné, Poppy se dépêcha de préparer une grande bouteille de grenadine, d’embarquer deux tablettes de chocolat ainsi qu’un peu de pain et retourna aussi rapidement que possible auprès de Samael. Une fois arrivés au lac, la blonde invita son nouvel ami à s’assoir au pied d’un arbre et ne put s’empêcher de lui poser toutes les questions qui lui passaient par la tête. Alors qu’elle lui donnait du pain et du chocolat ainsi que de quoi se désaltérer après cette séance d’entrainement musclée, Samael commença enfin à lui donner des éléments de réponse.

«  La Nouvelle-Rome, c’est une ville à part, mais nous autres légionnaires, on est plutôt du côté du Camp Jupiter ! On s’entraîne quatre matinées par semaine, on fait les corvées l’après-midi, et on dispose de quelques plages de temps libre pour traîner en ville. Où au lac. On a un lac aussi, figure toi ! »

Poppy avait des étoile dans les yeux en s’imaginant le lac des romains. A quoi pouvait-il bien ressembler ? Est-ce qu’elle l’apprécierait autant que celui-ci ? Peut-être même plus ! Quant à ce Camp Jupiter, ça n’avait pas l’air bien rigolo… Mais Poppy-Dove aurait tout de même été ravie de le voir de ses propres yeux ! Et puis la Légion et ses légionnaires, c’était quand même des noms qui claquaient… bien plus que pensionnaires de la colonie de vacances des Sangs-Mêlés.

«  Alors, dis-moi, que veux-tu savoir sur les romains ? Je te préviens, j’ai tout autant de questions sur les grecs, moi aussi. »

Vraiment ? Poppy trépignait sur place en essayant de mettre un peu d’ordre dans ses pensées. Bon, qu’est-ce qu’elle avait envie de savoir avant tout ? Et puis il fallait qu’elle pense à ce qu’elle allait bien pouvoir dire de la colonie à Samael aussi ! Ce petit goûter post-entrainement s’avérait des plus excitants !!

«  Alors déjà, j’ai cru comprendre qu’au Camp Jupiter, ça ne rigolait pas tous les jours… J’adorerais que tu m’explique comment fonctionne la légion ! Tu es encore légionnaire toi ? Et c’es quoi ce système de co… de… comment ça s’appelle déjà ? Ah oui ! De cohortes, c’est ça ? C’est quoi ce système de cohortes alors ? Est-ce que vous pouvez rester légionnaires toute votre vie ou après vous êtes obligés d’aller à la Nouvelle-Rome ? Et d’ailleurs ça ressemble à quoi la Nouvelle-Rome ? J’ADORERAIS pouvoir la visiter en vrai ! Et quels genre de métiers vous faites après, alors ? Et… pardon, ça commence à faire beaucoup de questions haha !! »

Malgré son regard perdu, Samael se mit à rire après avoir fini sa gorgée de grenadine. Ouf, Poppy ne l’avait pas traumatisé… Est-ce que ça voulait dire qu’elle pouvait poser d’autres questions ? Elle devrait probablement déjà attendre qu’il réponde à celles-ci avant de l’assommer avec une nouvelle salve d’interrogations…

Alors que Samael répondait méticuleusement et point par point à chacune de ses questions, les yeux de Poppy-Dove s’éclairèrent de milles feux. Il été rare de la voir aussi silencieuse, elle qui ne savait pas s’arrêter de parler. Mais la jeune grecque buvait les paroles de Samael. Elle était fascinée par son récit sur la Légion, leur obligation de dix ans de service et la rigueur qu’on leur demandait. Le système de cohorte la fascinait tout autant et elle ne pu s’empêcher de lâcher ou « ouaah » émerveillé en apprenant que Samael était membre de la deuxième cohorte. Elle se demandait bien dans quelle cohorte elle aurait atterrie… Elle fut également attentive lorsque Samael lui expliqua la hiérarchie qui était très importante dans la légion : les Prêteurs, les centurions, les seconds et les légionnaires. Poppy-Dove avait l’impression qu’on lui racontait l’histoire la plus fascinante et incroyable du monde.

Lorsque Samael se mit à lui parler de la Nouvelle-Rome, Poppy-Dove regroupa ses genoux avec ses bras et posé sa tête dessus, les yeux pétillants et les oreilles grandes ouvertes.

Un jour, elle irait là-bas, elle s’en faisait la promesse.

‘’Alors déjà, j’ai cru comprendre qu’au Camp Jupiter, ça ne rigolait pas tous les jours… J’adorerais que tu m’explique comment fonctionne la légion ! Tu es encore légionnaire toi ? Et c’es quoi ce système de co… de… comment ça s’appelle déjà ? Ah oui ! De cohortes, c’est ça ? C’est quoi ce système de cohortes alors ? Est-ce que vous pouvez rester légionnaires toute votre vie ou après vous êtes obligés d’aller à la Nouvelle-Rome ? Et d’ailleurs ça ressemble à quoi la Nouvelle-Rome ? J’ADORERAIS pouvoir la visiter en vrai ! Et quels genre de métiers vous faites après, alors ? Et… pardon, ça commence à faire beaucoup de questions haha !!’’

Samael se tut, un peu brusqué et surpris par cet amas de questions toutes plus incroyables les unes que les autres, avala sa dernière gorgée de grenadine puis éclata de rire. Il avait rarement vu une personne aussi enjouée et bavarde que cette Poppy-Dove.

‘’Oui, je suis toujours légionnaire, et j’en ai encore pour un bout de temps dans la Légion d’ailleurs ! J’y suis arrivé à seize ans, et on a dix ans à faire. J’en ai que dix-sept. Je suis dans la deuxième cohorte, sans vouloir me vanter, mais c’est une des plus prestigieuses ! Les cohortes sont dirigées par les Prêteurs, enfin de loin, et puis il y a deux Centurions par cohorte. Chacun a un bras droit, qu’on appelle les seconds. Et en bas de l’échelle, on a nous autres, légionnaires. Mes deux Centurions sont Kidaria, qui est elle-même présente à la Colonie, et Kaiden, qui est resté au Camp.’’

Poppy-Dove le regardait avec des étoiles dans les yeux. Devinant qu’il allait à nouveau se prendre une salve de questions encore plus importante, il se décida à la devancer et commença à parler de la Nouvelle-Rome tandis que sa nouvelle amie reposait sa tête sur ses genoux, repliés contre sa poitrine.

‘’Alors, la Nouvelle-Rome ! Je sens que ça t’intéresse. C’est une ville tout ce qu’il y a de plus banale en fait. On a des boutiques de fringue, des épiceries, des marchands d’armes qui ne valent pas le quart de ce que Maxine – notre armurière – peut nous faire, un marché, des bars, des restaurants, même un supermarché ! Et surtout, on a une université. Parfait pour tout jeune romain qui veut pouvoir faire des études et mettre en application ses talents plus tard pour la ville, où pour ceux qui aiment le danger, dans le monde extérieur. Bon, faut trafiquer un peu les diplômes pour ça, mais ça, ça va. Si tu veux venir un de ces jours, je te ferais visiter si tu veux.’’

Avec un gigantesque sourire, il put deviner que c’était son tour de poser les questions. A vrai dire, à son arrivée, il avait été un peu déçu par l’aspect colonie de vacances de la… colonie de vacances. Il n’y avait que quelques adultes qui se comptaient sur les doigts d’une main, dont l’un était un dieu… Assez représentatif de l’espérance de vie d’un demi-dieu finalement.

‘’A mon tour. Pourquoi vous n’avez que des enfants ? Genre, ceux qui grandissent, ils sont où ? Ils sont pas tous morts quand même, si ? Non, hein ? Où est-ce que vous allez une fois que vous avez fini votre entraînement ? Vous retournez chez vous dans votre famille ? C’est pas trop dangereux ? Est-ce que vous avez un BAR ? Qu’est-ce qu’elles vous font les harpies quand elles vous choppent à faire une connerie ?’’

Samael posait les premières questions qui lui venaient. Un peu morbide, certes, mais il avait l’intuition que Poppy-Dove ne lui en tiendrait pas rigueur le moins du monde. A vrai dire, il avait plutôt l’impression qu’elle avait un rapport particulier avec la mort, elle aussi. Ce qui lui convenait parfaitement. Il ne dépréciait pas les gens qui le fuyaient en raison de son lien étroit avec la mort, mais il préférait nettement quand c’était quelqu’un comme elle qui lui faisait la conversation, sans jugement.

« A mon tour. Pourquoi vous n’avez que des enfants ? Genre, ceux qui grandissent, ils sont où ? Ils sont pas tous morts quand même, si ? Non, hein ? Où est-ce que vous allez une fois que vous avez fini votre entraînement ? Vous retournez chez vous dans votre famille ? C’est pas trop dangereux ? Est-ce que vous avez un BAR ? Qu’est-ce qu’elles vous font les harpies quand elles vous choppent à faire une connerie ? »

Avec un plaisir non dissimulé, Poppy-Dove prit soin de répondre à toutes les questions que pouvaient avoir Samael sur la colonie. Plus elle discutait avec son ami de leurs deux lieux de vie, plus elle se rendait compte des différences flagrantes qu’il pouvait y avoir entre les deux camps. Poppy se rendait compte que les romains avaient vraiment pensé à l’avenir de leurs demi-dieux en leur offrant un lieu où ils pourraient s’épanouir en tant d’adultes, s’instruire, trouver un travail et même fonder une famille en toute sécurité. On ne pouvait pas vraiment en dire autant du côté grec…

«  Et euh… votre université… elle est ouverte aux grecs aussi ? »

Poppy ne savait pas trop pourquoi mais le rouge lui était monté aux joues lorsqu’elle posa cette question à Samael. La grecque ne savait pas trop si elle avait ce qu’il fallait pour entrer à l’université mais l’idée de pouvoir fouler le sol d’un établissement pareil lui mettait des étoiles dans les yeux. Lorsque Samael lui répondit qu’effectivement, les grecs étaient acceptés sous certaines conditions, Poppy eut du mal à ne pas se mettre à sautiller sur place.

«  Et c’est quoi ces conditions ? Tu crois que j’en serais capable ??? Enfin pas que je veuille y aller tout de suite hein mais… je sais pas je me disais que peut-être que ça pourrait être une chouette expérience…. »

L’adolescente risqua un regard vers Samael qui lui rendit un sourire chaleureux. Il la rassura et lui expliqua tout ce qu’elle avait besoin de savoir sur les conditions d’admission à l’Université. Poppy-Dove n’avait pas l’impression que c’était si facile que ce que le disait Samael mais… elle ferait de son mieux pour un jour y arriver ! Si elle se décidait, bien sûr…

«  Tu crois qu’on pourrait… aller la visiter ensemble, un jour ? »

Samael sembla ravi de lui répondre positivement et Poppy lui répondit par l’un de ses plus beaux sourires. Elle avait vraiment hâte de pouvoir découvrir ces endroits qui semblaient merveilleux. Si en plus Samael lui servait de guide, cela promettait d’être une visite inoubliable.

Poppy-Dove serait contente d’être celle qui se fait guider, pour une fois !