Je hais le soleil. Alors autant vous dire que le ciel magiquement maintenu clair par la magie au-dessus de la Colonie ne me ravit qu’à moitié. Certes, c’est nécessaire pour la couverture de producteur de fraises sous laquelle se cache la Colonie. Mais pour autant, je trouve que ça isole totalement les sang-mêlés de la réalité morne qui se trouve à l’extérieur. Ouai, le temps est parfois dégueulasse mais ça fait parti de la vie de tous les jours, et personne peut rien y faire. Cette aseptisation du quotidien enferme, à mon sens, les adolescents du coin dans une vie bien calme. Pas étonnant donc, qu’une fois à l’extérieur, ils ne sachent pas se débrouiller correctement. Je ne réduis pas le taux de mortalité élevé chez les demi-dieux à la présence constante du soleil au-dessus de leurs têtes, mais ça doit y contribuer. Les Romains du Camp Jupiter ont leurs défauts et je ne supporte pas la rigueur martiale avec laquelle ils vénèrent les dieux, mais au moins sont-ils plus proches de la réalité du monde extérieur.

C’est donc avec mes pensées moroses et une mine déconfite par ma nuit blanche passées à lire que je me dirigeais vers la Colonie en trottinant. Un petit footing, comme j’avais l’habitude d’en faire durant mon adolescence chez les Amazones. Il faut dire que depuis mon arrivée à la Nouvelle-Athènes, j’ai eus peu d’occasion de m’entretenir. L’aménagement et l’étrange extase d’une nouvelle vie ont suffit à me faire oublier la rigueur nécessaire à un corps sain. Les quelques kilomètres qui séparent le Quartier Kolonaki des vertes prairies de la Colonie ne sont qu’un échauffement mais j’arrive tout de même transpirant aux abords des champs de fraisiers. Quelques pensionnaires s’acharnent à travers les sillons mais j’abandonne rapidement la contemplation du travail bien accompli pour me diriger vers que j’ai découverts peu de temps après avoir déménagé dans le coin.

La Cabane des Dionysos, où le club clandestin où se retrouvent les pensionnaires pour faire la fête. Je sais qu’elle est composée de deux étage. Un premier sous-sol, en réalité une façade où sont vendu sodas et quelques biscuits apéritifs. Une trappe, cependant, même à une cavité plus profonde.

C’est là qu’ont lieux les activités légèrement plus répréhensibles. Alcool, fêtes et autres produits peu recommandables. Autant dire que Chiron ne serait pas ravi de voir ses protégés s’adonner à quelques menus soirées, même si personnellement cette ambiance de prohibition me rappelle un peu mon époque.

Pour aujourd’hui, cependant, et vu que nous sommes en pleine après-midi, je me contente du premier étage. La cavité secrète doit être déserte à cette heure-là, de toute façon. Même le fils du dieu de la vigne qui tient le premier étage ce jour-là semble s’ennuyer ferme. Quelques demi-dieux sont assis à une table, mais la fréquentation est bien faiblarde.

- Un soda, s’il te plaît, dis-je en hélant le gamin qui a l’air de s’ennuyer ferme vu la façon dont il regarde avec négligence l’exemplaire du Satyre Déchaîné qui traîne sur son bar.

Je m’assois sur un tabouret haut, zieutant les alentours d’un air pataud. Je ne sais pas trop ce que je fais dans le coin, ni même pourquoi l’envie m’a pris de venir ici. Mais un soda me fera du bien avant de regagner le petit appartement dans lequel je me terre depuis des jours déjà. Besoin de me changer les idées.

La journée commence toujours de la même façon, Robin se réveille tôt, très tôt. Il est six heures du matin quand elle sort de son lit. Il enfile une tenue sportive, elle boit une lichette de sa flasque de whisky pour se mettre en forme et commence à courir comme un lapin pour s’entraîner. En temps que chasseresse elle doit s’entretenir pour être au top de sa forme. Un petit boost grâce à l’alcool et son don naturel et elle a l’énergie pour courir pendant des heures complètes. La brune passe ensuite par le terrain d’entraînement, il n’y a personne pour le moment, sûrement est-elle une des rares à être réveillée à cette heure-ci, si on enlève les insomniaques et autres fêtards qui ne dorment jamais. Commençant à passer le parcours semé d’obstacles, elle poursuit rapidement par s'entraîner sur un mannequin de combat. Tout y passe, elle se doit d’être la meilleure, Robin se doit d’être la plus efficace possible pour se défendre au mieux contre les dangers extérieurs, pour occire les ennemis de la colonie des sangs mêlés. Un petit passage sur le stand de tir à l’arc pour perfectionner sa technique, bien qu’elle soit déjà quasi parfaite, mais pour la demoiselle, ça n’est jamais assez. Elle est très dure envers elle-même. La brune s’impose un très haut niveau de performance pour être la plus redoutable possible au combat.

Mais qui dit effort, dit réconfort. Après une douche salvatrice et un changement de tenue, passant de vêtements de sport aux habits très peu féminins, préférant les treillis aux jupes et les hoodies aux crops tops. Le temps passe, la colonie commence à s’éveiller. Robin suit le mouvement et les habitudes du camps, ce n’est que dans l’après-midi qu’elle s’octroie une petite pause, naviguant jusque dans la cabine de Dyonisos, bien que cela ne soit pas la version de son papi cela lui convient quand même, surtout qu’ils ont un sous-sol particulièrement intéressant, vendant divers substances récréatives, substances qui cependant n’ont aucuns effets sur la demoiselle qui est immunisée à toute forme de toxiques, autant dire qu’elle n’a jamais connu l’effet que cela fait d’être saoule ou complètement perchée, ou les deux en même temps. Elle rejoint l’étage des “soft” pour boire un petit truc sucré, ça ne va pas lui faire de mal, puis elle sait très bien qu’elle va rrajoute un peu de whisky dedans histoire d’en corser le goût. Alors qu’elle arrive, Robin constate qu’il y a déjà quelqu’un, étonnant. En plus, c’est quelqu’un qu’elle ne connaît et pourtant cela fait un moment qu’elle est dans la colonie, presque cent ans, alors elle sait très bien qui habite dans le connaît. Mais ce jeune homme, elle ne sait pas qui c’est.Rejoignant l’inconnu qui vient de commander, la chasseresse fait un signe à celui qui tient le comptoir. La même chose s’il te plaît. Et ne dit rien de plus. La demoiselle aux traits coréens attend qu’on leur amène une canette et un verre. Elle remercie le demi-dieux avant de verser sa consommation dans son verre, avant de dégainer sa flasque pour y ajouter une pointe de whisky, elle se tourne vers le jeune homme. Tu en veux ? Promis, ça reste entre nous. Enfin, ce n’est un secret pour personne que Robin se balade avec son remontant pour booster ses performances au combat, après tout cela est une partie directe de son don hérité d’un de ses grand-parents. Au fait, je crois qu’on ne se connait pas. Je suis Robin, et toi ? Elle cherche dans sa mémoire, mais non ce visage ne lui dit vraiment rien du tout, au moins maintenant elle peut dire que c’est le cas, il ne manque plus qu’à mettre un nom sur un faciès.