Cole et Astrionne arrivent à la Colonie deux jours après l’incident du chien des Enfers. Ils n’échangent pas un mot du trajet – difficile quand on est muet en même temps. Sa famille est sauve, c’est tout ce qui compte, mais Cole est triste de devoir les quitter. Ce n’est que deux mois, pourtant, ça lui semble être une éternité. Mais il n’a pas le choix. Il lui faut apprendre à se défendre, à riposter, il lui faut apprendre à se débarrasser des Monstres, coûte que coûte. Il est plutôt content d’avoir Astrionne à ses côtés, elle a toujours été douce avec lui. Plus qu’une amie, elle est un modèle pour lui. Il l’admire. Elle prend des risques inconsidérés tout ça pour ramener un seul pauvre demi-dieu à la Colonie. Il lui en est tellement reconnaissant.

Chiron le Centaure est là, à l’entrée de la Colonie, il les attend depuis des heures – la faute aux embouteillages. Mais il ne ronchonne pas, il a même l’air plutôt content de l’accueillir ! Bien évidemment, il est au courant qu’il est muet et n’attend de lui aucune réponse. Cole a tout de même prévu quelques calepin dans son sac et des stylos en masse – Astrionne l’a prévenu que beaucoup d’enfant d’Hermès sont des petits chapardeurs – afin de communiquer un tant soit peu, poser ses questions et noter quelques formules de politesse.

Qui est ma mère ? Il tend le calepin à Chiron, qui le regarde avec une pointe de désolation dans les yeux. Il ne le sait pas, pas encore, mais tout le monde finit par être revendiqué à un moment donné. Il faut prendre son mal en patience. Chiron demande à Astrionne de lui montrer les alentours de la Colonie, ce qu’elle fait avec joie. Elle semble soulagée d’être hors de portée des Monstres, et Cole l’est aussi. Elle lui explique tant de choses qu’il a du mal à intégrer toutes ces informations. Il faut dire qu’elle parle tellement qu’il est parfois difficile de la suivre. Mais Cole a l’habitude. Il retient tout de même que les toilettes puent les égouts et que les douches sont froides. Le jeune garçon grimace. Tant pis, il faut faire avec.

Après lui avoir fait faire le tour du champ de fraises, Astrionne l’emmène au niveau des bungalows. Cole voit d’autres choses sur le trajet, et lui tend un papier sur lequel est écrit C’est quoi tout ça ?, en désignant ce qui ressemble à une arène, puis une bâtisse qui semble sur le point de s’écrouler, mais dont la fumée s’échappe en quantité industrielle. Oh, tu verras tout ça plus tard ! Pour l’instant, vu que tu n’es pas revendiqué, je t’emmène te présenter aux Hermès !

Il y a des tonnes de bungalows, tous gigantesques, tous superbement décorés sur un thème précis qui semblent être les dieux. Sur la rangée impaire, son regard s’arrête sur un bungalow assez sombre, sobre, décoré de fruit de grenades, et de plantes diverses et variées. Puis il arrive devant le bungalow des Hermès, un peu plus usé que les autres, plus bruyant également, mais pas autant que le rouge rutilant décoré d’une tête de sanglier. Les présentations sont courtes, on lui souhaite la bienvenue, on lui assigne un lit et en ressortant, Cole prend fait bien attention à garder son sac à dos sur lui.

Astrionne lui dit qu’elle a un rapport à faire, maintenant qu’ils sont arrivés. Elle va toquer à un bungalow plus loin, blanc et épuré, puis revient vers lui et lui dit que Poppy-Dove s’occupera de lui faire visiter le restant de la colonie. Poppy-Dove. Il aime bien ce nom, c’est original. Une jeune fille blonde sort du bungalow toute guillerette. Elle irradie de joie, et ça lui plaît bien, à Cole. Un peu gêné, il la regarde s’approcher sans rien dire, et lui fait un signe de la main en lui adressant un sourire maladroit. Il ne sait pas si Astrionne a mentionné le fait qu’il ne parlait pas, alors il sort son calepin et écrit :

Désolé, c’est un peu embarrassant, mais je suis muet. Enchanté de te rencontrer, Popidove !

Cole espère qu’il n’a pas écorché son nom en l’écrivant.

Poppy-Dove s’était réveillée, comme d’habitude, de très bonne humeur ce matin. Pour cause, les pensionnaires estivaux allaient commencer à débarquer en masse, rendant la colonie bien plus vivante que le restant de l’année. La jeune demi-déesse allait avoir de nouveaux amis pour jouer et s’entraîner. Peut-être même qu’elle trouvera quelqu’un pour l’aider à planter tous les bulbes et les graines qu’Emma, sa belle-mère, lui avait donné lors de son dernier séjour en Islande ?

Depuis quelques temps, Chiron demandait souvent l’aide de Poppy pour faire visiter la colonie aux nouveaux arrivés. Rien ne faisait plus plaisir à la petite blonde et Chiron devait bien s’en rendre compte. Aujourd’hui, il lui avait demandé d’attendre dans son bungalow qu’Astrionne vienne la voir pour lui présenter le nouvel arrivant. Généralement, Poppy avait pris l’habitude d’aller directement à la rencontre des nouveaux mais… ce demi-dieu devait avoir quelque chose de particulier.

La jeune Poppy attendit donc sagement la venue d’Astrionne en profitant de ce temps de répit pour relire une énième fois le livre de botanique offert par sa belle-mère. La fille d’Éiréné adorait tellement les plantes et les fleurs en tous genres qu’elle avait souvent rêvé d’avoir un lointain lien de parenté avec une divinité de la nature comme Chloris ou Perséphone. Elle brûlait même des offrandes chaque jour pour elles en plus de celles qu’elle brûlait pour sa mère et son grand-père. Peut-être que cela lui permettrait d’obtenir des fleurs encore plus belles ? Poppy-Dove n’en savait trop rien mais elle continuerait à le faire, au cas où.

Finalement, la jeune grecque entendit frapper à sa porte. À regret, Poppy referma le livre et du interrompre la lecture dans laquelle était absorbée pour aller à la rencontre d’Astrionne. La satyre lui apprit donc l’identité du nouvel arrivant : Cole Perez, 12 ans, parent divin encore inconnu, pensionnaire estival seulement. Poppy-Dove était ravie de recevoir de nouveaux arrivants mais elle était toujours un peu déçue lorsqu’elle apprenait qu’ils n’étaient pour la plupart que des pensionnaires estivaux. Elle aurait préféré qu’il y ai un peu plus de monde à l’année…

La fille d’Éiréné sorti donc de son bungalow en compagnie d’Astrionne qui la retint avant qu’elle n’aille se présenter à ce Cole Perez.

«  J’ai failli oublié !!! Cole est muet ! »

Sans plus de cérémonie, Astrionne s’en alla en direction de la Grande Maison en faisant signe à Cole et Poppy. Muet… ce n’était pas grave ! Poppy-Dove pouvait largement faire la conversation pour deux ! Et puis ça sera amusant d’inventer un nouveau moyen de communiquer ! Oui, Poppy était désormais d’excellente humeur. Elle offrit au nouveau venu un grand et chaleureux sourire alors qu’il lui faisait un timide salut de la main. La jeune fille l’observa sortir un carnet et griffonner quelque chose dessus. Poppy attendit patiemment, envahie par la curiosité, jusqu’à ce qu’il lui tende enfin son calepin.

Désolé, c’est un peu embarrassant, mais je suis muet. Enchanté de te rencontrer, Popidove !

Le tintement du rire de la demi-déesse envahie l’atmosphère alors qu’elle relevait la tête pour sourire de plus belle à Cole.

« Enchantée de te rencontrer aussi ! Astrionne m’avait prévenue, ne t’en fais pas ! Je suis sûre qu’on trouvera le moyen de communiquer ! Et puis, apparemment, je parle beaucoup. Même Chiron dit que je suis inépuisable. Bon, ça n’a pas l’air de l’embêter plus que ça mais… et ben voilà tu vois je suis encore en train de parler toute seule haha ! Ah oui, par contre, si je peux me permettre… »

Poppy demanda si elle pouvait emprunter le stylo de Cole et corrigea l’orthographe de son prénom avant de lui rendre le calepin et le stylo.

«  C’est un prénom composé. Une idée de mon père ! Il voulait faire hommage à ma descendance divine alors… enfin moi j’aime bien haha ! »

Poppy ne laissa pas le temps à Cole de répondre — de toute façon il ne pouvait pas vraiment lui répondre — et l’entraina par la main.

«  Allez viens, je vais te montrer la colonie ! Tu vas voir, c’est génial ici ! »

Les deux enfants couraient désormais en direction de l’Arène. Un des endroits préférés de Poppy-Dove.

Un rire plutôt cristallin sort d’entre les lèvres de Poppy-Dove, et elle sourit. Cole ne peut s’empêcher de la trouver radieuse. Puis elle prend la parole :

‘’Enchantée de te rencontrer aussi ! Astrionne m’avait prévenue, ne t’en fais pas ! Je suis sûre qu’on trouvera le moyen de communiquer ! Et puis, apparemment, je parle beaucoup. Même Chiron dit que je suis inépuisable. Bon, ça n’a pas l’air de l’embêter plus que ça mais… et ben voilà tu vois je suis encore en train de parler toute seule haha ! Ah oui, par contre, si je peux me permettre…’’

Poppy-Dove demande son stylo à Cole, qui la laisse corriger l’orthographe de son prénom. Il put sentir le rouge lui monter aux joues, et l’envie de disparaître sous terre arriver en même temps. Puis elle lui rend son calepin et son stylo avant d’expliquer :

‘’C’est un prénom composé. Une idée de mon père ! Il voulait faire hommage à ma descendance divine alors… enfin moi j’aime bien haha !’’

Cole voudrait pouvoir lui dire que lui aussi aime beaucoup ce prénom, mais il n’en n’a pas le temps. Avant qu’il n’ait l’opportunité de ranger son matériel, il sent sa main se faire entraîner par celle de Poppy-Dove et n’a pas d’autre choix que de se mettre à courir à ses côtés.

‘’Allez viens, je vais te montrer la colonie ! Tu vas voir, c’est génial ici !’’

Un sourire pointa le bout de son nez sur le visage de Cole alors qu’il la suit du mieux qu’il peut à travers la Colonie. Cela dit, il n’a pas vraiment le temps de s’essouffler qu’ils sont déjà arrivés. Cole put ainsi admirer l’architecture parfaitement dans le thème Grèce antique de l’arène. Il entend également des bruits cinglants d’acier, probablement des épées et des boucliers… Un peu impressionné, il lâche la main de Poppy-Dove pour écrire : C’est pas un petit peu dangereux de se battre comme ça sans armure… ?

Il ne sut pas trop quoi interpréter dans son regard ni dans son rire clair et frais, mais de nouveau, elle l’entraîna ailleurs. Il se retrouva entre des écuries et deux bâtisses qui sentaient le métal à plein nez. De l’une se dégageait des bruits de ferraille, de l’autre sortaient quelques enfants d’environ son âge, peut-être plus âgés, armés jusqu’aux dents qui couraient jusqu’à l’arène. Cole préféra s’éloigner de la chaleur de la forge et sa main toujours logée dans celle de Poppy-Dove, il l’entraîna à son tour dans un lieu qu’il préférait nettement mieux : les écuries.

Des dizaines de box, et une odeur de purain emplissait l’air, mais ce n’était rien face à l’émerveillement du jeune garçon qui admirait avec de grands yeux les chevaux alignés les uns à côté des autres. Certains avaient l’air mort et n’avait que des os, des orbites creux et quelques crins de crinières, mais la plupart avaient le poil soyeux, l'air vif et étaient… ailés ?!

Ce sont des pégases ?, écrivit-il dans son carnet.

Il se retenait de sautiller sur place tant ce qu’il voyait était pur et beau par rapport à ce qu’il avait vécu ces derniers jours.

Poppy-Dove commençait à savoir faire visiter la Colonie aussi bien que Chiron et elle se débrouillait donc pour toujours garder ce qu’elle jugeait le meilleur pour la fin c’est-à-dire, les écuries ! Même si, avant même leur arrivée à la Colonie, la plupart des demi-dieux avaient déjà été témoins de bien des choses incroyables c’était pour la plupart du temps incroyablement terrifiant. Mais les écuries et les pégases qui y vivaient leur donnaient à voir un autre genre d’incroyable : de l’incroyablement génial.

A en juger par l’expression qu’arborait le visage de Cole, Poppy avait tapé dans le mille. La jeune fille lu l’émerveillement dans les yeux du nouvel arrivé avant même qu’il ne se mette à griffonner sur son carnet.

Ce sont des pégases ?

Le rire cristallin de Poppy retentit alors dans l’air pour rejoindre les hénissememnts joyeux des pégases. Elle aussi avait eu du mal à y croire la première fois qu’elle les avaient vu en vrai et pourtant son père lui en avait parlé maintes et maintes fois.

«  Oui, ce sont bien des pégases, tes yeux ne te jouent pas des tours haha ! Quand on sera plus grands, on pourra les monter et s’envoleeeeeeeer ! »

Poppy-Dove imita les ailes d’un pégases chevauchant le ciel avec ses bras. Elle avait hâte d’être assez grande pour pouvoir aller faire une vraie promenade avec un pégase et pas juste raser les champs de fraises à quelques mètres de hauteur…

Les deux enfants passèrent un long moment dans les écuries à regarder les pégases et aider les pensionnaires chargés du soin des pégases. Cole avait beau ne rien pouvoir dire, Poppy voyait bien que la compagnie des pégases l’avait mis d’une bien meilleure humeur. Son visage paraissait moins maussade et son carnet s’était noirci de questions à propos des pégases auxquelles la jeune blonde et les autres pensionnaires présents s’étaient fait un plaisir de répondre.

Elle observait silencieusement le jeune garçon, se demandant quelle genre de vie il avait pu avoir avant d’être trouvé par Astrionne. Elle devinait que son mutisme ne témoignait pas d’une enfance heureuse et insouciante comme avait pu l’être la sienne. La demi-déesse savait également qu’il n’avait pas encore été reconnu par son parent divin. Il ne ressemblait pas à un Aphrodite, il n’avait pas l’air d’être un Athéna ou un Arès non plus. Un fils d’Hadès peut-être ? Même si ça serait une sacré nouvelle pour la colonie ! Ou alors une divinité mineure, comme la mère de Poppy.

En tous cas, la jeune fille espérait vraiment que son parent divin ne tarderait pas à le reconnaitre. Elle savait combien l’attente pouvait être pénible, voire déprimante pour les demi-dieux dont les parents tardaient à se faire connaître. Bien sûr, elle n’avait jamais eu ce problème mais elle avait pu être le témoin des conséquences sur le moral des demi-dieux qui n’avaient été reconnus que très tardivement… ou pas du tout.

«  Bon, maintenant je vais t’emmener dans mon endroit préféré ! Bizarrement, il ne plait pas à beaucoup de monde mais… peut-être que toi tu comprendras ? Allez hop ! En route, c’est par ici ! »

Poppy dévalait les chemins de la colonie, Cole sur ses talons et parvint en peu de temps aux champs de fraises.

«  Voilà. Les champs de fraises. C’est la culture de ces fraises qui nous sert de couverture en dehors de la Brume et généralement, les pensionnaires ne sont pas ravis d’aller aider à la cueillette mais moi… j’adore ça ! Travailler au milieu des satyres et des nymphes c’est vraiment chouette ! Et puis les fraises... sont délicieuses ! »

La fille d’Éiréné tendis une petite poignée de fraises à Cole en arborant un grand sourire.

Elle espérait que cet endroit allait lui plaire, peut-être pas autant qu’à elle mais… Poppy tenait à faire comprendre au monde — et en l’occurence à Cole — que les champs de fraises, ben c’était chouette.

‘’Oui, ce sont bien des pégases, tes yeux ne te jouent pas des tours haha ! Quand on sera plus grands, on pourra les monter et s’envoleeeeeeeer !’’

Poppy-Dove se lança à corps perdu dans une imitation de pégase, ce qui fit sourire Cole de toute ses dents. Voler sur un pégase, voilà qui lui plairait bien… Il se précipita à sa suite lorsqu’elle s’engagea plus profondément dans les écuries et retroussa ses manches afin d’apporter son aide aux pensionnaires qui s’activaient. Il en profita pour écrire ses questions, toutes peut-être plus bêtes les unes que les autres, mais ça avait au moins le mérite de lui apprendre des choses. Comme par exemple, le fait qu’il était un enfant de Poséidon. Comment pouvait-on avoir un enfant-cheval, ça, il n’en savait rien, mais après tout Poséidon était un dieu, ses enfants pouvaient bien revêtir une allure des plus improbables, ils restaient divins.

Puis, une fois le travail fini, les écuries rangées et un tant soit peu propre, si on pouvait appeler ça propre, Cole se retourna vers Poppy-Dove, et lui adressa un sourire empli d’enthousiasme :

‘’Bon, maintenant je vais t’emmener dans mon endroit préféré ! Bizarrement, il ne plait pas à beaucoup de monde mais… peut-être que toi tu comprendras ? Allez hop ! En route, c’est par ici !’’

Qu’est-ce que ça pouvait bien être, son endroit préféré ? Le lac ? Astrionne lui en avait parlé, du lac. S’il était aussi beau qu’elle le disait, il espérait bien pouvoir le voir. Mais, d’après la description que la satyre lui avait fait de la Colonie, ils se dirigeaient plutôt vers l’autre bout du terrain. Vers l’entrée de la colonie. Ils finirent par s’arrêter une fois arrivés vers des champs, essoufflés mais toujours joyeux.

‘’Voilà. Les champs de fraises. C’est la culture de ces fraises qui nous sert de couverture en dehors de la Brume et généralement, les pensionnaires ne sont pas ravis d’aller aider à la cueillette mais moi… j’adore ça ! Travailler au milieu des satyres et des nymphes c’est vraiment chouette ! Et puis les fraises... sont délicieuses !’’

La petite fille se pencha pour ramasser quelques fraises et lui en tendit une poignée pleine ! Cole nota d’abord sur une page de son carnet quelques questions sur la Brume, parce qu’Astrionne n’avait pas été très claire dans ses propos à ce sujet, mais décida de les garder pour plus tard et se décida à goûter une fraise. Encore un poil trop acide à son goût. Alors Cole s’agenouilla près d’une pousse et fit mûrir le fruit à vitesse grand v, puis il cueillitla fraise et la tendit à Poppy-Dove.

Voilà, maintenant, elles sont parfaitement mûres. A voir la tête qu’elle faisait, ça lui plaisait ! Je pense que je pourrais pas mal aider à la cueillette aussi, j’adore les plantes ! Mais d’abord…

Cole tourna la page de son carnet sur laquelle il avait écrit ses quelques interrogations sur la Brume et les montra à Poppy-Dove.

Qui peut voir à travers la Brume ? C’est bien une sorte de filtre pour les mortels pour qu’ils ne voient pas les créatures mythologies et autres trucs divins ? Mais y a des humains qui peuvent voir à travers quand même ?

L’air un peu circonspect, Cole attendit sagement que la jeune fille ait fini de dévorer sa fraise pour avoir la réponse à ses questions.

La jeune Poppy-Dove contempla avec émerveillement la fraise qui venait de mûrir devant ses yeux au seul bon vouloir de Cole. Elle l’entendait griffonner sur son carnet mais était trop occupée à contempler le fruit que venait de lui donner le jeune demi-dieu. Si seulement elle pouvait avoir un pouvoir comme ça elle aussi… c’était juste le meilleur pouvoir qu’il lui ai jamais été donné de voir. Elle releva alors les yeux vers ce demi-dieu encore non reconnu après avoir engouffré sa délicieuse fraise mûre à la perfection et lu tout ce qu’il avait marqué.

Voilà, maintenant, elles sont parfaitement mûres. Je pense que je pourrais pas mal aider à la cueillette aussi, j’adore les plantes ! Mais d’abord…

Poppy-Dove souriait de toutes ses dents désormais. Enfin quelqu’un qui aimait autant les plantes qu’elle ! Et en plus il était capable de les faire pousser en deux temps trois mouvements !  Est-ce qu’il était capable de faire pousser des choses plus grosses ? Comme un saule pleureur ? Ou une forêt ? Et qu’est-ce qu’il se passerait si Astrionne et lui se mettaient à utiliser leurs pouvoirs ensemble ?? Est-ce que la colonie serait entièrement recouverte de plantes et d’arbres tous plus luxuriants les uns que les autres ???  Poppy-Dove imagina son propre petit paradis personnel, l’air rêveur et le sourire toujours accroché sur ses lèvres alors que Cole lui tendait à nouveau son bloc-notes.

Qui peut voir à travers la Brume ? C’est bien une sorte de filtre pour les mortels pour qu’ils ne voient pas les créatures mythologies et autres trucs divins ? Mais y a des humains qui peuvent voir à travers quand même ?

Poppy avait tendance à oublier qu’elle était en fait l’une des rares sang-mêlés à avoir eu la chance de grandir en ayant totalement conscience de qui ils étaient et d’avoir pu bénéficier de l’expérience de son père qui avait vécu tout ce que la jeune fille s’apprêtait à affronter en grandissant. Le monde des demi-dieux n’avait presque aucun secret pour elle et ce qui pouvait sembler banal à la blonde pouvait paraître complètement épatant pour un nouvel arrivant qui n’avait appris la réelle existence de tout ce monde uniquement quelques jours auparavant.

«  Et bien les demi-dieux et globalement toutes les créatures mythologiques peuvent voir au travers de la Brume. Astrionne et tous les autres satyres le peuvent, les chasseresses et les amazones ont aussi cette capacité. Certains humains aussi ont ce don mais c’est quand même assez rare. Et oui, la Brume est une sorte de filtre pour cacher notre monde aux yeux des humains. Ça va modifier leur perception de ce qu’ils voient pour… plus coller à leur réalité à eux ? Peut-être que si tu te trimballes avec un gros glaive dans la main ils verront uniquement une batte de baseball ou quelque chose du genre ? Enfin c’est fait pour pas les faire paniquer quoi. C’est compliqué à expliquer la Brume en fait haha ! »

Poppy avait entendu dire que certains demi-dieux avaient le pouvoir de manipuler cette mystérieuse Brume… cela devait être des demi-dieux sacrément puissants et impressionnants ! La jeune fille se demandait si elle aurait la chance d’en croiser un, un jour.

«  Bon en maintenant, il y a un dernier endroit où je voudrais t’emmener ! Ce n’est pas un lieu particulier de la colonie mais… c’est un peu mon endroit à moi ! J’aime bien aller là-bas quand j’ai besoin de me ressourcer. Ou après avoir trop papoter toute la journée, haha ! »

Vu que Cole avait semblé apprécier les champs de fraises, Poppy-Dove se doutait que le nouveau venu allait aussi se plaire là où elle l’emmenait.

«  Je parie que tu peux pas me rattraper, hihihi ! »

Et sur ces mots, Poppy se mit à courir à toute vitesse en direction de la forêt, riant aux éclats alors qu’elle sautait à pieds joints dans le ruisseau avant de continuer sa course.

Ils avaient beau être des demi-dieux, ils restaient des enfants.

"Et bien les demi-dieux et globalement toutes les créatures mythologiques peuvent voir au travers de la Brume. Astrionne et tous les autres satyres le peuvent, les chasseresses et les amazones ont aussi cette capacité. Certains humains aussi ont ce don mais c’est quand même assez rare. Et oui, la Brume est une sorte de filtre pour cacher notre monde aux yeux des humains. Ça va modifier leur perception de ce qu’ils voient pour… plus coller à leur réalité à eux ? Peut-être que si tu te trimballes avec un gros glaive dans la main ils verront uniquement une batte de baseball ou quelque chose du genre ? Enfin c’est fait pour pas les faire paniquer quoi. C’est compliqué à expliquer la Brume en fait haha !"

Pendant tout le monologue de Poppy-Dove, Cole avait froncé les sourcils, concentré, dans l'espoir d'assimiler toutes les informations. Tout lui semblait plus logique, désormais. Il se posait toujours mille et une questions sur l'univers mythologique occidental, mais décida de garder ses questions pour plus tard.  

"Bon en maintenant, il y a un dernier endroit où je voudrais t’emmener ! Ce n’est pas un lieu particulier de la colonie mais… c’est un peu mon endroit à moi ! J’aime bien aller là-bas quand j’ai besoin de me ressourcer. Ou après avoir trop papoter toute la journée, haha !"

Poppy-Dove avait attisé sa curiosité. Etait-elle donc épuisable comme toute personne normalement constituée ? Et quel était cet endroit qui la faisait tant se sentir bien ? Cole espérait que ça aurait encore un rapport avec les plantes.

"Je parie que tu peux pas me rattraper, hihihi !"

Poppy s'élança en direction de la forêt, et riait comme l'enfant qu'elle était en sautant des deux pieds dans le ruisseau qui s'étendait devant eux. Cole sauta par-dessus et redoubla de vitesse pour la rattraper. Poppy s'arrêta enfin au beau milieu de la forêt, laissant Cole perplexe. Bien sûr, il adorait la nature, et d'ailleurs un arbrisseau lui faisait de l'œil non loin de là. Sans un mot sur papier, il s'avança et se concentra de toute ses forces pour le faire croître. Il avait atteint un bon mètre supplémentaire, et ses feuilles bien vertes luisaient d'un éclat magique désormais. Cole adorait ça, même s'il avait fini par s'adosser à l'arbre, des étoiles dansantes devant ses yeux. Puis il soudainement, une aura noire l'entoura, et l'expression de Poppy le laissa perplexe.

Elle fixait un point dans le vide au-dessus de sa tête, aussi Cole ne tarda pas à faire de même. Flottait au-dessus de lui un symbole sombre. Une branche de grenadier. Cole venait d'être revendiqué.

Tu sais ce que c'est ? Tu sais quelle déesse ça représente ?

Confus, le garçon lui tendit le bout de papier sur lequel il avait écrit sa question. Puis il reporta son attention sur l'arbre qu'il avait fait grandir. Un grenadier. Cela lui semblait étrangement familier, mais il était incapable de retrouver le nom de la divinité à qui ce symbole appartenait. Il espérait que Poppy aura la réponse à cette question, parce que lui mourait déjà d'envie de quitter le bungalow des Hermès, alors qu'il y avait à peine mis les pieds.

Poppy-Dove courait à en perdre haleine, se retournant de temps à autre pour surveiller que Cole était bien sur ses talons. Ils étaient enfin arrivés là où elle voulait l’emmener. Il s’agissait d’une petite clairière en plein coeur des bois, non loin du poing de Zeus. Poppy adorait s’allonger dans les sous-bois et regarder à travers l’orée des arbres. Leurs formes et la lumière qui passait tout juste au travers des feuillages était unique à chaque fois. La fille d’Éiréné pouvait passer des heures ici, à contempler la cime des arbres en imaginant toute sorte d’histoires dont elle était parfois l’héroïne ou simplement la spectatrice omnisciente. Dans tous les cas elle ne se rendait compte du temps passé que lorsque les rayons de la lune venaient remplacer les rayons du soleil. Elle avait vraiment hâte de partager ça avec Cole !

De son côté , le jeune demi-dieu venait d’arriver, le souffle court. Poppy allait se lancer dans une longue explication de pourquoi il s’agissait là de son endroit préféré mais Cole semblait absorbé par la vue d’un petit arbrisseau. Il ne semblait pas en grande forme mais Poppy en savait assez sur les fleurs et les arbres pour savoir qu’il allait s’en sortir sans problème. Le climat de la colonie était très clément et permettait à la végétation, même un peu faiblarde, de croître sainement quasiment à coup sûr.

Le jeune demi-dieu fixait toujours l’arbrisseau et Poppy-Dove se demanda pendant un instant s’il n’allait pas tomber dans les pommes ou s’il ne faisait pas une absence. La jeune demi-déesse allait ouvrir la bouche pour essayer de sortir Cole de son apparente torpeur lorsque quelque chose d’autre attira son regard. A la place du petit arbrisseau trônait désormais un petit arbre qui grandissait encore à vue d’oeil. Bouche bée, Poppy contempla le grand arbre majestueux qui se tenait désormais devant elle là où elle n’y avait qu’un petit arbrisseau chétif quelques secondes auparavant.

Cole était désormais adossé à l’arbre, probablement épuisé par le petit miracle qu’il venait d’accomplir. Poppy-Dove allait laisser éclater son enthousiasme en sautillant sur place et en faisant pleuvoir un monologue sans fin sur Cole sur à quel point ce qu’il venait de faire était génial mais au lieu de cela, la petite blonde se tut et, une fois de plus, ouvrit grand la bouche en voyant l’aura noire qui enveloppait désormais Cole.

Elle savait ce qui était en train de se passer et l’excitation lui laissa des papillons dans le ventre. Cole était en train d’être reconnu !! Une branche de grenadier luisait désormais fièrement au-dessus de la tête du jeune demi-dieu qui leva les yeux en l’air probablement pour voir ce que Poppy regardait avec tant d’instance.

Tu sais ce que c'est ? Tu sais quelle déesse ça représente ?

Poppy-Dove savait, effectivement, de qui il s’agissait. En contemplant l’arbre que Cole venait de faire pousser, un grand sourire se peignit sur le visage de la jeune fille. Les dieux avaient parfois le sens du spectacle.

«  Oui, c’est le symbole de Perséphone ! Tu es le fils de Perséphone ! C’est génial !!! »

Poppy-Dove souriait de toutes ses dents et regardait à nouveau le grenadier auquel était toujours adossé Cole, puis le regarda à nouveau. C’était la première fois qu’elle croisait un fils de Perséphone. En tous cas, elle avait hâte de retourner à la colonie pour annoncer à Chiron que Cole venait d’être revendiqué par la reine des Enfers !

Mais peut-être que Cole avait besoin d'un peu de temps pour digérer la nouvelle...

Poppy-Dove continuait de regarder le symbole flottant au dessus de sa tête, puis ses yeux passèrent sur l'arbre que Cole venait de faire grandir. Elle souriait de toutes ses dents, et on aurait dit qu'elle se retenait de rire. Ca lui donnait un air absolument adorable, qui aurait pu faire rougir Cole jusqu'à la racine des cheveux s'il n'avait pas été éberlué par la réponse qu'elle lui donna :

"Oui, c'est le symbole de Perséphone ! Tu es le fils de Perséphone ! C'est génial !!!"

Alors ça pour une surprise… Il s'était plutôt imaginé fils de Déméter ! Mais en un sens, c'était tout à fait logique. Cole pouvait sentir la mort approcher, et Perséphone était la reine des Enfers, en plus d'être la fille de Déméter, ce qui lui conférait un contrôle total sur les plantes. Cole ne savait plus trop quoi penser, mais y avait-il matière à penser de toute façon ? Il était content, bien sûr, de savoir enfin qui était sa mère, mais elle ne s'était jamais manifestée, à part maintenant, pour dire qu'il était son fils. On pouvait rêver mieux niveau maternité…

Mais enfin, il ne fallait pas non plus s'apitoyer sur son sort. Il était le fils d'une déesse, et c'était un cadeau que bien peu de gens pouvaient recevoir. Et en plus de ça, il avait des pouvoirs qu'on pouvait aisément qualifier de géniaux. Et il était accompagné pour ce moment magique par une jeune fille pétillante, dans tous les sens du terme. On ne pouvait pas rêver mieux. Il referma sa bouche et l'air ébahi qu'il arborait quelques secondes plus tôt fit place à un sourire rayonnant adressé à Poppy-Dove, puis écrivit :

Je vais pas te mentir, je suis content d'être revendiqué aussi tôt, ça m'évite le bungalow des Hermès ! Pas que je les aime pas, mais Hermès c'est entre autre le dieu des voleur, non ?

Il lui tendit le papier, puis les yeux malicieux, il se mit à sautiller sur place, tout fatigué qu'il était. Il reprit le papier des mains d'une Poppy-Dove rieuse, puis écrit à nouveau :

J'adore cet endroit en tout cas, merci beaucoup de partager ça avec moi, ça me fait très plaisir !

Cole se mit à arpenter la clairière à la recherche d'autres plantes, et trouva des fleurs magnifiques. Il hésitait entre les cueillir pour les offrir à Poppy-Dove, et les laisser à leur place. Après tout, une plante n'est belle que lorsqu'elle est en terre. Une fois cueillie, elle fane, et c'est triste, une fleur fanée… Alors il retourna aux côtés de Poppy, et l'entraîna par la main pour l'amener devant la pousse d'une fleur encore jeune. Un coquelicot. A vrai dire, il y en avait toute une tripotée, mais Cole avait fixé son attention sur un plus petit que les autres.

Il s'agenouilla près de la petite fleur et puisa dans ses réserves pour la faire grandir, grandir, grandir, et bientôt, elle dépassa de dix bons centimètres toutes les autres. Le coquelicot était superbe, luisait un peu plus fort que les autres. Il lui faisait penser à Poppy. Tout aussi joli.

Elle devrait vivre plus longtemps que les autres. Si tu l'entretiens bien, elle te le rendra. Et puis ça te fera un petit souvenir de moi, comme ça.

Non pas que Cole ait l'intention de quitter la Colonie, mais il aimait bien l'idée que Poppy pense à lui dans son petit refuge personnel. Un petit sourire gêné accompagna le bout de papier qui glissa de ses doigts pour que la jeune fille puisse le lire. Cole fixa ses chaussures, soudainement très embarrassé. Quelle idée d'écrire ce genre de trucs alors qu'il la connaissait à peine ! Mais son intuition lui soufflait qu'ils allaient être amenés à être de bons amis, tous les deux. Et Cole en était ravi.