« Ce n’est pas important, puisque je me trompais visiblement. Il est clair que tu es bien plus intrigante que ce à quoi j’aurai pu m’attendre. »

Kidaria haussa un sourcil, intriguée. Cela ne dura qu’une fraction de seconde avant qu’elle ne reprenne constance. La voix de Raemilia pouvait sous-entendre un million de choses différentes et cela excitait grandement Kidaria. Pour la première fois depuis longtemps, la Russe se questionna sur ce que Raemilia pouvait réellement savoir à son sujet. Le mystère s’ajouta à la tension et Kidaria dû se faire violence pour ne pas sauter sur Raemilia dans l’instant.

« Tu disais être là pour le plaisir. J’ai imaginé à tort que tu parlais de la fête. Quel genre de plaisir recherches-tu exactement, Emilia ? »

Encore une fois, Raemilia avait prononcé le faux-nom de Kidaria avec des inflexions et des nuances particulières. Kidaria ne put retenir un frisson de lui parcourir l’échine. Raemilia l’avait définitivement dans la peau, et dans le radar, ce n’était plus à nier. Assise sur l’accoudoir du fauteuil, elle toisait Kidaria avec une étincelle de malice dans les yeux. Kidaria fit un demi-sourire provocateur et s’approcha de Raemilia. Du bout des doigts, elle lui effleura la cuisse avant de se remettre une mèche derrière l’oreille.

« Quel genre de plaisir pourrais-tu m’offrir, Raemilia ? »

Kidaria se releva brusquement, passa beaucoup plus près de Rae que la décence ne l’accordait, et quitta son fauteuil. Elle se balada dans les rayons de la bibliothèque, laissant courir ses doigts sur les différents dos de livres. Puis elle se retourna.

« Une fête, une bibliothèque secrète, tu dois avoir tout ce que tu veux en claquant des doigts, Raemilia. Mais dis-moi, qu’est-ce que tu désires plus que tout au monde ? »

Un sourire tentateur sur le visage, Kidaria se laissa engloutir par la pénombre de la pièce et se glissa dans le rayon d’à côté. Elle prit un livre au hasard et se mit à le feuilleter, attendant patiemment que Rae revienne jusqu’à elle. Elle allait forcément venir. De bien des façons…

Tout le corps de Rae répondit au contact de la main d’Emilia sur sa cuisse autant qu'à la phrase qui sortit de sa bouche. C’était un infime frisson, aussi discret que la caresse, mais il n’y avait besoin de rien de plus pour lui donner un peu plus d’adrénaline. De nombreuses pensées se battaient dans sa tête, mais celle qui revenait le plus souvent était bien simple et concernait Emilia très spécifiquement. Celle-ci se releva en effleurant une nouvelle fois Raemilia qui ne manqua pas une miette de son parfum. C’était une odeur à la fois douce et puissante, subtile mais avec beaucoup de caractère. Exactement ce qu’on imaginerait pour une espionne aussi séduisante, finalement. Rae remarqua que plus elle passait de temps près d’Emilia, plus elle remarquait de petits détails attirants, ce qui se trouvait être assez contre-productif au final. Enfin, elle avait toujours été la reine pour mêler l’utile à l’agréable, après tout.

Lorsqu’Emilia disparut derrière une nouvelle étagère, Raemilia daigna finalement se lever du fauteuil. À quoi bon rester assise lorsque sa proie était en mouvement ? Elle ne voulait pas paraître trop pressée cependant, et ne vint pas à sa rencontre tout de suite, se contentant de lui répondre depuis l’autre côté de la rangée de livre, faisant mine de les passer en revue elle aussi.

“À ce niveau-là, ce n’est plus une question de ce que je désire. J’ai déjà tout ce dont j’ai toujours rêvé. Je pourrais acheter plus d’immeubles, peut-être même une ville. Je pourrais créer une nouvelle fête nationale, si vraiment je le souhaitais. Mais à quoi bon ? Mon monde est dans cet hotel et je m’en satisfait parfaitement.”

Arrivant au bout de la rangée, Rae passa de l’autre côté pour tomber nez à nez avec Emilia. En baissant le visage, elle pouvait voir les moindres imperfections de son visage, donnant une beauté plus réelle à cette femme qui ne cessait d’aligner les qualités.

“Et puis, de temps en temps, j’ai de bonnes surprises. Un homme particulièrement avenant, sachant trouver les bons mots et les bonnes actions. Une visite d’une super-star qui ne s’attendait pas à passer la nuit la plus incroyable de sa vie dans un immeuble pourtant si commun de l’extérieur. Ou même une parfaite inconnue, capable de se faufiler n’importe où malgré sa capacité à attirer tous les regards vers elle.”

À mesure qu’elle parlait, la voix de Rae se faisait de plus en plus basse, tandis que sa main venait caresser doucement le dos d’Emilia. Elle avait atteint un point de non-retour : elle voulait savoir exactement de quoi était capable cette femme avant de la démasquer et de la livrer aux autorités. Elle voulait profiter un maximum de cette soirée unique. Ce n’était pas tous les jours qu’une espionne était à ses trousses, il fallait qu’elle savoure cet instant.

« À ce niveau-là, ce n’est plus une question de ce que je désire. J’ai déjà tout ce dont j’ai toujours rêvé. Je pourrais acheter plus d’immeubles, peut-être même une ville. Je pourrais créer une nouvelle fête nationale, si vraiment je le souhaitais. Mais à quoi bon ? Mon monde est dans cet hotel et je m’en satisfais parfaitement. »

Kidaria se délectait de chacun des mots de Raemilia, non pas parce qu’elle était intéressée par ce qu’elle disait – des banalités sans nom – mais parce que les intonations de sa voix la fascinaient. Tout dans son attitude, l’inflexion de ses mots, la manière dont elle les prononçait, indiquait autre chose. Le jeu dans lequel elles s’étaient lancées prenait une tournure bien trop personnelle pour Kidaria qui se trouvait à reléguer sa mission presque au second plan.

Kidaria tourna sur elle-même au moment pile où Raemilia apparut, nez-à-nez à elle. Kidaria dû se faire violence pour ne pas laisser une vague surprise se dessiner sur son visage, et laissa son masque habituel peindre une expression de contrôle sur son visage. Après tout, elle savait que Raemilia allait arriver par ce côté, c’était d’une évidence presque ridicule.

« Et puis, de temps en temps, j’ai de bonnes surprises. Un homme particulièrement avenant, sachant trouver les bons mots et les bonnes actions. Une visite d’une super-star qui ne s’attendait pas à passer la nuit la plus incroyable de sa vie dans un immeuble pourtant si commun de l’extérieur. Ou même une parfaite inconnue, capable de se faufiler n’importe où malgré sa capacité à attirer tous les regards vers elle. »

La voix de Raemilia, devenue plus qu’un murmure sur la fin, fit frissonner Kidaria malgré elle. Un sourire provocateur se dessina sur les lèvres de la jeune femme alors que l’Américaine en profitait pour caresser distraitement le dos de Kidaria. Pendant un instant, la mission n’existait plus. Il n’y avait que ce désir ardent qui brûlait tout sur son passage. Bien évidemment, Kidaria ne l’aurait assumé pour rien au monde, mais ce petit jeu lui procurait une excitation et une exaltation qu’elle avait rarement connu dans sa vie.

Kidaria rapprocha son visage de Raemilia au point de sentir son souffle se mélanger au sien. La rouquine, pourtant plus grande que Kidaria, avait son visage quasiment au même niveau que celui de Kidaria, comme si elle s’était légèrement penchée en avant… Kidaria se mordit presque l’intérieur de la joue pour se retenir de lui sauter dessus, dans cette bibliothèque, se rappelant à la dernière seconde de sa mission. Elle ne recula pas pour autant, laissant sa main remonter lentement le long de la cuisse de Raemilia, laissant ses doigts courir sur ses hanches jusqu’à ses reins.

« Il y a d’autres endroits où l’inconnue pourrait se faufiler si vraiment la situation se présente… »

Cette phrase, murmurée uniquement pour Raemilia, fit grimper encore plus la température de la pièce. Kidaria voulait plus, beaucoup plus. Elle laissa de nouveau ses doigts courir dans le dos de Raemilia, remontant lentement le long sa taille, en haut de son dos, puis sur sa nuque. Le contact avec la peau de Raemilia déclencha un frisson tout le long du corps de Kidaria qui, d’un mouvement à peine perceptible, rapprocha le corps de Raemilia du sien.

« Ailleurs que dans une bibliothèque, pour sûr… »

Légèrement, en inclinant à peine sa tête, Kidaria effleura les lèvres de Rae avec les siennes avant de reculer à peine. Leurs souffles, légèrement saccadés, se mélangeaient encore alors que leurs yeux ne lâchaient pas ceux de l’autre. Kidaria n’avait qu’une seule envie et pour ça, le sol de la bibliothèque pouvait suffire. Mais il fallait qu’elle aille dans les appartements de Raemilia, il lui fallait absolument cet accès…

Attention askip ça risque de devenir cho

Rae n’était pas la seule à se laisser prendre au jeu, clairement. Elle ne pouvait pas savoir avec certitude si Emilia jouait la comédie ou non dans ce cas précis, mais chacun de ses gestes était parfait. Sa voix venait caresser les oreilles de Rae tandis que ses mains détaillaient son corps. Elle n’en perdait pas une miette, laissant Rae comprendre ce qu’elle avait à l’esprit sans aucun doute possible.

Alors que leurs lèvres se frôlaient, Rae ne pouvait plus retenir le frisson qui parcourut son corps alors qu’elle approchait ses lèvres de la nuque d’Emilia pour la frôler, encore une fois. Pas de contact trop prolongé pour laisser une dimension de suspense et faire monter la tension, pourtant tout en elle hurlait de l’embrasser pour de bon, d’arrêter ce petit jeu et de profiter de cette salle fermée à clef.

“Je pense que j’ai ce qu’il nous faut.”

Le sourire de Rae devait s’entendre dans sa voix, si basse qu’elle aurait été à peine perceptible pour Emilia, si Rae n’était pas au niveau de son oreille. Cette fois, c’était sa main à elle qui détaillait les courbes d’Emilia pour la première fois, avant de se retourner et de lui faire signe de la suivre. Devoir s’éloigner d’elle, même pour quelques minutes, même en sachant ce qui l’attendait, était presque une torture, mais elle était forte, elle pourrait y survivre.

Très vite, elles furent dans le couloir, à attendre l’ascenseur. Rae n’avait pas lâché la main d’Emilia de tout le chemin et, pour profiter un peu de l’attente, l’avait placée au creux de ses reins. Elle aurait pu se contenter de prendre n’importe quelle chambre à cet étage, cependant, Rae voulait pour cette fois pouvoir profiter d’un luxe que seule sa chambre personnelle pouvait lui offrir. Il fallait juste attendre quelques secondes de plus, savoir se contenir, comme elle le faisait si bien.

Sauf qu’elle n’était pas habituée à devoir se contenir avec quelqu’un comme Emilia. Il n’y avait d’ailleurs pas de quelqu’un comme Emilia, juste Emilia, unique, mystérieuse, dangereuse, séduisante. Rae voulait pouvoir décrire les moindres parcelles de son corps, et alors que les portes de l’ascenseur s’ouvrirent enfin, après quelques interminables secondes, Rae prit Emilia par la taille, se glissa avec elle dans l’ascenseur et l’embrasse finalement. À quoi bon attendre plus longtemps. Tandis qu’elle profitait enfin de ces lèvres, aussi douce que ce qu’elle avait pu imaginer, elle laissait ses mains se glisser sur les jambes d’Emilia et en profita pour la soulever dans les airs, la forçant à s’agripper à elle pour garder un semblant d’équilibre. De là, les baisers de Rae commencèrent à glisser de la bouche d’Emilia jusqu’à son cou, ses mains agrippant toujours fermement le haut de ses cuisses. Etant donné le temps de trajet de l’ascenseur, elle ne pourrait pas en profiter longtemps, mais peu lui importait, à ce stade.

« Je pense que j’ai tout ce qu’il nous faut. »

Raemilia, lascive, langoureuse, attira Kidaria vers l’extérieur de la bibliothèque jusqu’à un ascenseur. L’attente fut interminable alors que Kidaria bouillonnait de l’intérieur. Sa peau était en feu, crépitant sous le désir et l’envie. Lorsque les deux jeunes femmes pénétrèrent dans l’ascenseur, la passion dévorante fut lâchée. Leurs bouches, irrémédiablement attirées par l’autre, se rencontrèrent avec une fougue passionnelle. Les lèvres, les langues, tout se liait et se déliait. Kidaria fut soulevée soudainement, s’agrippant à Rae comme si sa vie en dépendait. Ses doigts couraient sur la peau de la rouquine, quémandant toujours plus. Les vêtements étaient de trop, leur proximité n’était pas assez.

Lorsque les jeunes femmes sortirent de l’ascenseur, Kidaria ne prit même pas la peine d’analyser les lieux. Elle n’avait qu’une seule obsession et il s’agissait de Raemilia. De sa peau. De ses courbes. De sa chaleur. La mission n’existait plus. La mission pouvait attendre. En revanche, son besoin charnel de Raemilia lui, n’allait pas attendre. Rapidement, les vêtements furent au sol. Kida parcourut la peau de Rae avec ses mains, avec ses doigts, avec ses lèvres. La rouquine lui rendait bien, faisant frémir Kida de bien des façons.

Une table, un meuble, un lit. L’ascension fut lente et pressée. Leurs corps cherchaient sans cesse à repousser les limites de l’autre. Kida ne pouvait se satisfaire uniquement des lèvres de Rae, cherchant d’autres plus bas. Ses mains s’agrippaient, se liaient et se déliaient, cherchant toujours plus l’endroit qui satisferait le plus Rae. Kida avait ce besoin de la faire frémir, de la faire trembler, de la faire crier. Un nouveau jeu s’était dessiné entre elles et il allait durer un long, un très long moment. Et avec un peu de chance, elles seraient toutes les deux perdantes.

***

Kidaria, un sourire tendre aux lèvres, regardait Rae qui dormait. Le jeu avait bien fini par s’arrêter, et Kida avait utilisé son poison pour l’endormir, presque à contre-cœur. La mission avait dû reprendre ses objectifs initiaux et Kida en fut presque désolée. Dans une autre vie, les deux jeunes femmes auraient sûrement pu vivre une histoire des plus torrides. Mais dans cette réalité-là… Kidaria, avec une dernière caresse sur la peau nue de Rae, s’éclipsa de la chambre.

Kidaria trouva rapidement le coffre-fort de Rae, exactement à l’endroit prévu par les plans. Après avoir ausculté la pièce de fond en comble pour s’assurer de l’absence de caméras ou de micros, Kidaria désactiva les alarmes une par une et composa le code secret. Enfin, les secrets de Raemilia furent à la vue de tous. Un sourire presque triste se dessina sur les lèvres de Kidaria. Raemilia était bien l’une des personnes les plus influentes dans cette guerre froide. Dommage. Kidaria aurait presque voulu que ça se passe autrement, qu’elle puisse revenir ici juste par plaisir. Vraiment par plaisir, cette fois.

Sans un regard en arrière, Kidaria se rhabilla et sortit par la fenêtre. Ses précédentes visites lui avaient permis de repérer exactement comment sortir d’ici sans être vue. Elle se glissa sans problème jusqu’au toit de l’immeuble où un bruit discret d’hélices, camouflé par l’orage qui commençait à gronder et par les nuages un peu trop bas en cette saison, se faisait entendre. Dans un soupir de délectation, dégustant une dernière fois les souvenirs de cette soirée, Kidaria s’agrippa à la corde qui tombait du ciel et disparut dans la nuit. Sa mission avait été accomplie.

Tout n’était que passion et extase. Emilia était aussi douée de ses lèvres que de ses mains, promettant mille plaisirs à Rae qui n’attendait que de recevoir sa passion. Dans le feu de l’action, elle oublia presque une chose cruciale : en finissant de déshabiller Emilia, Rae décrocha le petit bout de scotch qui était collé à son poignet pour le placer sur l’intérieur de la robe d’Emilia. Ce n’était qu’un petit micro avec une puce de géolocalisation, ce serait trouvé assez rapidement, mais peut-être enregistrerait-il quelques informations importantes. Délestée de ce fardeau en une demi-seconde, Rae pouvait de nouveau se laisser pleinement emporter par son désir et par les lèvres d’Emilia.

***

Elle était restée endormie beaucoup trop longtemps. Un somnifère ? À quel moment ? Et surtout, quelle dose y avait-il eu ? Raemilia avait suivi un entraînement pour résister à de nombreuses sortes de toxines et pourtant celle-ci avait eu raison d’elle. Heureusement que son but n’était pas de tuer, sans quoi elle n’aurait jamais pu finir sa mission. Sans perdre la face, Rae se leva pour faire le tour de sa chambre. Il y avait des traces de main sur certains meubles, surtout ceux en marbre, et sur les rambardes de l’ascenseur contre lesquelles s’était retenue Emilia. Il y avait quelques cheveux aussi, éparpillés dans le lit de Rae. Et, plus que tout, il y avait les nombreuses caméras invisibles à l’œil nu qui ornaient la chambre. La pauvre Emilia n’avait aucune idée de ce qui l’attendait. Si le gouvernement faisait correctement son travail avec les informations que possédait maintenant Rae, Emilia ne pourrait plus jamais poser le pied sur le sol Américain. Quel gâchis.