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about solitude // alicia
 :: Kolonaki, la Nouvelle-Athènes :: Zone Sud-Est :: Aux Élixirs d'Hélicon
Niamh Talmhach
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about solitude // alicia


La musique résonne dans toute la boutique et frémit dans les feuilles de Meliae. Je lâche la molette du volume du tourne-disque et ferme les yeux un instant. Je savoure cette matinée. J’ai envie de danser. Un coup d’œil sur l’écran de ma caméra, ça tourne toujours. J’ajuste le cadre sur le plan de lis posés sur la table centrale de l’arrière-boutique.
Meliae me laisse rester tant que je lui apporte un max de chouquettes et une part de cheesecake au matcha de la boulangerie du quartier. D’ailleurs, allez zou.
Sur le rythme des Beach House, bras en l’air, je me déhanche jusqu’au comptoir de la boutique, heureusement vide. Meli est à l’étage, très certainement occupée à s’arracher les pousses sur la compta. J’irai la voir à midi pour m’assurer qu’elle fasse une pause et mange un petit quelque chose.
J’enfourne une chouquette, me lèche les doigts et récupère mon ridicule petit café hors de prix. Pas félicitations les Grecs, c’est vraiment du jus de chaussette chez vous. Mais c’est mieux que rien. Avec trois sucres dedans, ça passe. Et encore.
Retour à l’atelier, toujours en se trémoussant mollement.

Aujourd’hui, j’ai décidé de ne pas être triste et de ramener certains vinyles de sa collection. Mes préférés. Leur album de 2010, Teen Dream, une pépite éthérée dont j’avais décidément besoin ce matin. L’impression de flotter sur des nuages, de vivre coupé du monde dans une petite bulle, que la vie n’est qu’une longue et belle soirée cocooning sous la couette. Rien de mieux pour travailler sereinement en toute tranquillité sur ce problème épineux.
Ça rec toujours ? Parfait. Tout est bien dans le cadre : les lis, le mortier et le pilon, la bouilloire, le paquet de calendula séchées, les sachets de thé vides, la cire d’abeille, le sécateur, mes gants de jardinage. Je résiste à l’envie inconsciente de siffloter la mélodie et enfile mes gants. Jusqu’à présent, je n’ai pas eu trop d’accidents dans sa boutique alors Meli accepte gracieusement que j’y fasse mes expériences, et sans supervision maintenant ! Je ne veux pas ruiner cette confiance en manquant bêtement de concentration.
La dernière gorgée de café pour le courage, une grimace et un long frisson en sentant les grains mal filtrés glisser dans ma gorge. Eurk.
Je frappe dans mes mains autant pour me donner un coup de boost que pour machinalement accorder le son et l’image.

J’attrape le sécateur et délicatement soulève la tête d’un des lis pour la sectionner. Mes mains tremblent de tension plus la tâche se fait délicate pour ne pas toucher le reste des plants avec la peau nue de mes avant-bras. Pourquoi ne pas avoir anticipé et prévu un petit pull ou un col-roulé ? Ou carrément une combi d’apiculteur ? Je pouffe en imaginant la scène, me promettant à moi-même de me faire, un jour, ce cadeau.
Une fois la récolte terminée. Je repousse bien loin le pot sur le plan de travail et entreprends de conserver trois des cinq fleurs dans des sachets de thé séparés. Inutile de toutes les ruiner si c’est un nouvel échec. Les deux dernières se retrouvent serrées comme des sardines dans le mortier. Sans lâcher mes gants, je prends un malin plaisir à les réduire à une bouillie violet-bleu. Je racle la mixture dans un sachet vide et sort ensuite trois calendula séchées.
Mais quelle quiche… Bon, il faut espérer que réduire les fleurs jaunes dans les restes de marmelade de lis ne va pas donner des ulcères à Meliae. Et bien évidemment, je n’ai rien prévu pour nettoyer et l’unique lavabo est pile à côté du bureau de la nymphe.
De toute façon, une fois infusé, ça ne fera plus trop de différence non ?
J’écrase les soucis et termine de remplir le petit sac. Direction la bouilloire pour se faire une super infusion. Mélangée à la cire d’abeille, la mixture est censée faire un baume de protection contre les charmes des naïades ainsi qu’un hydratant naturel pour peaux sèches.

Mais avant d’en arriver là, il faut se munir de patience. Je retire mes gants et m’affale sur la table, front contre le bois. Ce n’est pas ma partie préférée du processus. L’ennui n’est jamais vraiment très loin.

Le regard dans le vague, perdue dans mes pensées, je fredonne la dernière chanson de la face A, en approchant distraitement l’index du pot de lis, lorsque l’on toque avec force aux carreaux de la porte grande ouverte de l’arrière-boutique.
Dans mon sursaut, il se passe beaucoup de choses que je ne vais comprendre vraiment qu’en revisionnant plus tard les images de ma caméra.
Une famille de perdrix quitte la quiétude des branches du toit faisant pleuvoir tout un tas de petites mousses et brindilles sur nos têtes ; mon index entre en collision directe avec l’une des feuilles de lis à force de jouer avec le feu et, instantanément, la plante donne l’impression d’avoir rencontré un Détraqueur, se noircissant à vue d’œil ; je donne un coup de hanche dans le mortier, trop près du bord de la table, tente par réflexe de le rattraper avant qu’il ne touche le sol et ne parvient qu'à mettre un revers dans la bouilloire et à me brûler le coude ; je lâche un cri, mais pas de peur, simplement parce que dans la surprise, je me suis mordu la langue ; et merde, c’est le cas de le dire.
Je stabilise la bouilloire, le mortier roule au sol sans casser et je me retourne vers la porte en m’excusant comme un vieux disque rayé.
Je rattrape le mortier, attrape un bout de mon t-shirt pour essuyer le plancher et me précipite vers le tourne-disque pour baisser le volume.

« Pardon, pardon, je suis désolée, je ne t’avais pas entendue arriver. Tu cherches quelque chose ? Meliae est à l’étage, je peux aller te la chercher si tu veux. »

Alicia Leblanc
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Re: about solitude // alicia

Ces derniers jours, Alicia avait des difficultés pour dormir correctement. Bien sûr, tous les enfants de dieux ont des problèmes de sommeils. Rêve et cauchemars intempestifs sont le lot de chaque rejeton divin. Avec les années, la fille de Chioné avait appris à dormir avec, pour essayer de se forger un sommeil plus ou moins réparateur. Cependant, dernièrement, elle se sentait de plus en plus fatiguée. Elle ne trouvait pas le sommeil avant plusieurs heures et lorsqu’elle arrivait à s’endormir correctement, c’était pour se réveiller encore plus épuisé. Après avoir essayé plusieurs solutions, soi-disant, miracles, elle avait décidé de se tourner vers Cassandre. En tant que descendant d’Asclépios et ayant été élevé par un coven de sorcières, ces conseils pouvaient, parfois, se révéler fort utiles. Il avait certaines facilitées pour associer telle ou telle plante pour obtenir un remède efficace. De ce fait, il arrivait, à de rares occasions, que la servante d’Artémis consulte le romain pour obtenir quelques conseils. Et c’est ce qu’elle avait fait lors de sa récente visite au Camp Jupiter. Cependant, elle n’avait pas évoqué directement son problème, il y avait trop d’oreilles indiscrètes alors elle avait choisi de lui imposer un rendez-vous à la boutique de Meliae.

Ils leur arrivaient de se croiser plusieurs fois chez l’apothicaire lorsque Cassandre se rendait chez les grecs. À force, cela était devenu une sorte de routine dans laquelle chacun trouvait son compte. Surtout Alicia en réalité. Cela lui permettait d’observer cette curiosité dans un semblant d’habitat naturel tout en profitant de son savoir. Quant à Cassandre, eh bien. Alicia n’en savait rien et elle s’en moquait un peu. En-tout-cas, c’est ce qu’elle aimait se dire. 

En arrivant devant les Elexirs d’Helicon, un brouhaha sourd semble s’échapper de la boutique par les interstices de la porte d’entrée. Et lorsque la chasseresse ouvre la porte, c’est un vacarme qui l’accueil en lieu et place de la petite cloche habituelle. En grimaçant, elle balaie la boutique des yeux. Vide. Pas de dryade et pas de Cassandre. Ni même un seul client. Pas étonnant avec cette musique. Elle laisse ses doigts glisser le long des étagères en avançant plus profondément dans l’échoppe. L’arrière-boutique semblait des plus animés. Une jeune femme, visiblement, absorber dans une tâche quelconque ne semblait pas avoir remarqué sa présence. Alicia ne l’avait encore jamais vu, en tout cas, son visage ne lui disait rien. Comme le visage de quatre-vingt-dix pourcents des gens, qu’elle avait pu rencontrer dans sa longue existence. Seule une poignée d’entre eux pouvaient se vanter d’avoir ce privilège. Après l’avoir observé durant quelques secondes, la Française toqua fortement contre la porte vitrée pour se faire remarquer.

S’ensuit alors un enchaînement de maladresse rare. Devant ce spectacle pitoyable, Alicia continua d’afficher un visage neutre, dénué de toute réaction. Jaugeant la demi-déesse des pieds à la tête.

« Je crois que les Lys sont foutus. »

Sans rien de plus, elle entre dans l’arrière-boutique pour s’asseoir sur un tabouret inoccupé qui traînait dans un coin. 

« C’est censé être quoi comme infusion ? »

Rien de ce que faisait la jeune femme ne concernait Alicia, mais comme à son habitude elle s’en fichait. Libre à la fille de lui répondre ou non.
Niamh Talmhach
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Re: about solitude // alicia



Je rêvais de me réveiller sous ma couette, emmitouflée jusqu’au nez dans mon plaid, les cheveux en pagaille et le front perlé de sueur.
Mais non. Il fallait que ce moment soit parfaitement réel et que ma maladresse légendaire fasse l’étalage de son génie.
J’étais bien bien réveillée et les yeux de la jeune femme qui avait failli me provoquer un arrêt cardiaque, me donnaient l’impression d’avoir oublié de m’habiller ce matin.
J’aurais voulu être n’importe où plutôt qu’ici et maintenant.

« Je crois que les Lys sont foutus. »

Visiblement, elle ne cherchait pas Meli. Ou le spectacle que j’offrais valait le coup que l’on s’assoit et qu’on m’observe réparer mes bêtises. J’avais ouvert la bouche, mais je n’avais rien prévu d’en sortir. Mes yeux étaient passés sur la table avant de la suivre le long du comptoir prendre place sur l’un des tabourets de l’atelier.
Quelque chose dans cette situation me mettait extrêmement mal à l’aise. Comme si je m’étais retrouvée en tête-à-tête avec un monstre. Mais c’était impossible. La Nouvelle-Athène était réputée aussi sûre que la Colonie et protégée par suffisamment de mécanismes pour qu’aucun incident n’ait été encore recensé. De plus, les vêtements argentés de la fille ne laissaient pas beaucoup de doute sur son allégeance à la Déesse de la lune. Ce qui ajoutait à mon sentiment d’incertitude. Les rencontres avec ses servantes avaient toujours été riches en émotions, qu’elles soient positives ou négatives.
Celle-ci ne laissait rien deviner. Ni son âge, ni ses pensées, ni ses intentions. Ce qui en faisait automatiquement une source de préoccupation. Cependant, j’essayais de ne pas la juger trop précipitamment. Nous étions dans les quartiers les plus sécurisés des territoires grecs. Pour parvenir jusqu’ici, il ne pouvait assurément pas s’agir d’une erreur ou d’une coïncidence. Ne venaient aux Élixirs d’Hélicon que les mortels avertis.

« C’est censé être quoi comme infusion ? »

Je déposais le mortier sur le plan de travail en lui souriant. Je frottais mon coude distraitement tandis que mes yeux suivaient les siens.
À droite du pot de marbre, les tiges des lys suintaient d’une étrange lymphe bleu canard, leurs fleurs devenues aussi molles que du caoutchouc avaient noircies à l’extrémité de leurs pétales.
Mon estomac avait servi de trampoline à mon cœur l’espace d’une seconde. Mon sang avait quitté mon visage et mon sourire s’était crispé.
Vite, vite ! Une idée ! N’importe quoi !
Je ne savais plus si le goût de sang dans ma bouche venait de ma langue ou de la panique.

« Oh ça ? Non, non, ce n’est rien, c’est normal. C’est pour faire de la teinture. »

Si j’avais réussi à répondre du tac au tac de ma voix la plus assurée, il m’était difficile d’empêcher mes mains de trembler en remettant mes gants.

« Et ça, c’est une infusion de soucis et de fleurs de lys. Je prépare un baume de protection contre les charmes. Excuse-moi, je suis à toi dans une minute. »

Pour éviter son regard médisant, je farfouillais dans l’un des placards sous la table pour trouver un bol de terre cuite. J’y transvasais les lys foutus, priant pour que toutes les traces partent au lavage. L’air de rien, à deux doigts de créer une minie tornade dans l’atelier à force de faire des allers-retours dans tous les sens, j’attrapais la bouilloire, ignorant le souvenir rougeâtre qu’elle avait laissé sur mon coude, pour venir verser son contenu sur le sachet d’infusion. Je refermais le petit pot de verre pour ne rien perdre de la préparation.
Puis, reportant mon attention sur la Chasseresse, je passais un coup d’éponge là où le bois s’était incrusté de bleu.

« Pardon encore pour cette entrée en matière... mouvementée ! Hop, voilà, j’ai terminé, je suis toute à toi. Tu cherches quelque chose en particulier ? »

Je jetais l’éponge dans l’évier par-dessus l’épaule de la jeune femme. Un large sourire sur le visage, en bonne commerciale, je m’approchais, retirais mes gants et croisais les mains, accoudée au plan de travail. Derrière-moi, entre les pots, les sachets et les blocs de cire, la tache n’était absolument pas partie.

Alicia Leblanc
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Re: about solitude // alicia

Le spectacle qui s'était déroulé sous les yeux de la chasseresse, l'avait un peu amusée. C'était toujours intéressant de voir à quel point, une simple présence pouvait causer autant de dégâts chez les mortels. Ils étaient perturbés et perturbables pour un rien. À l'instar d'un grain de poussière venant enrayer le mécanisme de leur faible esprit. Une succession de maladresses et de décisions hâtives sans queue ni tête. Leurs gestes se changeaient une tornade miniature totalement désordonnée. Est-ce donc si difficile de faire preuve d'un minimum de sang-froid en toutes circonstances ? Cela leur éviterait bien des situations grotesques. Ici, casse, brûlure, cri, fleurs fanées et un désordre sans nom en l'espace d'une poignée de secondes. Nouveau record établi pour les fragiles mortels. Pitoyable. Cependant, pour Alicia, assistée à pareille scène était un délice qu'elle savourait dès que l'occasion se présentait. Il n'y avait pas plus amusant qu'un humain, ici une humaine, se ridiculisant. Bien que... En y réfléchissant bien, les voir sombrer dans le désespoir était aussi totalement exquis.

Alicia avait volontairement pris place face à la jeune femme maladroite, elle aimait pouvoir observer les réactions faciales des autres. Et visiblement, la fille en face d'elle semblait être une personne très expressive. De la teinture et un baume de protection ? Elle plairait à Cassandre, si un jour, ils étaient amenés à se rencontrer. Sans commenter ses explications, la chasseresse continua de la sonder et d'analyser son comportement. Elle semblait un peu moins perturbée mais toujours aussi remuante. Elle s'activa de nouveau dans tous les sens, bien que cachée par le plan de travail. Alicia entendait distinctement ce qu'elle faisait et lorsqu'elle émergea enfin, ce fut pour s'agiter avec encore plus d'entrain.

Si Alicia cherchait quelque chose en particulier ? Rien qui ne concernait la jeune femme. Elle se pencha un peu et observa le plan de travail incrusté de bleu. Elle ne sourcilla pas lorsque l'éponge lui rasa le visage de quelques centimètres.

"Tu devrais utiliser du sel et de l'huile de coco pour faire partir les taches, je ne pense pas que Meliae souhaite repeindre sa boutique en bleu."


Les yeux de la servante d'Artémis quittèrent la tâche pour remonter sur le visage de la jeune femme. Et pour la première fois, elle répondit à ses questions.

"J'attends simplement quelqu'un."


Puis, elle se contenta de simplement changer de sujet, balayant d'éventuelles autres questions.

"Je ne savais pas que Meliae avait changé son arrière-boutique en studio."


La fille de Chioné désigna la caméra positionnée non loin.
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Re: about solitude // alicia



« Tu devrais utiliser du sel et de l'huile de coco pour faire partir les taches, je ne pense pas que Meliae souhaite repeindre sa boutique en bleu. »

Elle me faisait penser à Ava dans sa façon de s’échapper à mes questions. Ce n’était pas un compliment. Elle semblait bien trop à l’aise. Tout, dans sa manière de parler de la nymphe propriétaire à sa position nonchalante à coudée au comptoir, jusque dans sa facilité à s’incruster dans l’arrière-boutique comme si tout lui appartenait, me mettait particulièrement mal à l’aise. Elle donnait l’impression d’être une habituée. Je passais bien trop de temps ici, plus que mon emploi du temps ne me le permettait, mais je ne l’avais encore jamais croisée. Pourtant, son visage étrangement symétrique me disait quelque chose.
S’il fallait jouer à celle qui imiterait le mieux Ava, je commençais à avoir un certain entraînement. Je camouflais donc mon estomac noué, tordu dans tous les sens à chaque fois que son regard glissait sur la tâche qu’elle ne semblait pas vouloir lâcher.
Meliae me laissait sans problème faire mes petites expériences chez elle, je ne pouvais pas exiger de privatiser la boutique, mais rien de tout cela n’avait jamais eu pour vocation d’être ouvert au public. S’il ne fallait pas qu’elle fouille, je devais lui montrer que je n’avais rien à cacher.
Sans me défaire de mon sourire, je feintais l’éclair de génie comme si elle venait de me sauver la vie et pas de mettre les pieds exactement là où je ne voulais surtout pas qu’elle s’avance.

« Oh excellente idée ! Il doit bien avoir ça planqué quelque part. Merci beaucoup ! »

Je priais intérieurement que cela fonctionne, en brisant le contact visuel pour farfouiller à nouveau dans les tiroirs sous la table. Son accent me rappelait aussi quelque chose sans que je ne mette le doigt dessus.

« Tu es plutôt thé, café ? J’ai aussi des petits biscuits pour patienter, si tu veux. Il y a un espace canapés – salon de thé au fond de la boutique à droite, derrière les rayons d’huiles essentielles. »

C’était peut-être trop subtil, ou au contraire trop agressif ? Le message était le même, elle n’avait rien à faire dans l’arrière-boutique, pas à mes yeux en tout cas, et surtout pas lorsque j’étais censée faire mes tests, tranquille.
Pour ne pas éternellement l’esquiver, je m’attelais à récurer le plan de travail. Si j’avais l’air suffisamment occupé, peut-être finirait-elle par partir.

« Je ne savais pas que Meliae avait changé son arrière-boutique en studio. »

Je relevais la tête vers elle pour suivre son doigt pointé vers ma caméra que j’avais complètement oublié. Le rouge m’était monté au visage en moins de temps qu’il m’en fallait pour faire mourir une plante.

« Oh… ça… »

Mes mouvements s’étaient progressivement arrêtés, tandis que le moteur de mon cerveau se remettait à mouliner à vive allure.

« C’est… hm… Je suis passionnée par... la vidéo. Je filme à peu près tout ce que je fais. J’aime l’idée de…  documenter les choses ici et d’y trouver une forme d’art dans les détails. »

Ce n’était pas un mensonge. Pas non plus la vérité que sa question appelait. Mais, ça, elle n’était pas obligée de le savoir.

« D’ordinaire, je demande toujours aux gens s’ils sont d’accord pour apparaître ou non avant de lancer ma caméra. Il y a des gens que l’objectif met particulièrement mal à l’aise. C’est plus difficile d’être précautionneuse là-dessus lorsqu’on est prise par surprise. Si ça te dérange, je peux couper et supprimer les rushes. »

La plaisanterie était trop teintée de sous-entendu pour que la Chasseresse ne le remarque pas. D’une certaine manière, malgré les grands sourire, la serviabilité, la gentillesse, je voulais qu’elle comprenne que je ne voulais pas d’elle dans mes pattes, qu’elle ne m’inspirait pas spécialement confiance et surtout qu’elle n’était pas la seule lionne dans l’atelier. C’était ce qu’elle engendrait comme impression chez moi. Ses yeux semblaient deux points brûlants à la recherche d’une faille, d’une erreur, d’un rien qu’elle pouvait exploiter. Comme Ava, une fois de plus, elle me donnait la sensation que rien n’existait en dehors de son spectre qu’elle aurait pu se désintéresser de tout ce que je faisais ou de tout ce que j’étais comme de sa première chaussette. Ce qui devait remonter à sacrément loin pour une servante immortelle. Hors de son champ de vision, rien n’avait la moindre valeur.
Si elle attendait bien quelqu’un à la base, ses objectifs avaient changé. Je l’animais bien trop à mon goût. Et en dehors d’Ava, cette sensation ne m’était pas étrangère, surtout lorsqu’elle était teintée de ce froid.

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