Calyspo tourne en rond dans son bungalow. Elle a déjà fait sa demande, demande qui a été accepté. Mais elle sait qu’elle ne peut pas partir comme ça. Parce que oui, la jeune fille a besoin de partir, de prendre ses distances avec la Colonie et certaines choses qu’elle représente. Mais comment l’annoncer à ceux qui lui sont proches ici ? Et surtout, comment le lui dire à lui. La fille d’Amphitrite fini par prendre son courage à deux mains. Son sac est prêt, elle l’a fait pour être certaine de ne pas abandonner son idée. Se mordillant la lèvre inférieure, elle glisse son pic à chignon dans ses cheveux. Elle sait qu’elle pourra en avoir besoin au-delà de la barrière magique, même si son odeur n’est pas des plus fortes pour les monstres.

Nerveuse, elle prend la direction du bungalow d’Hadès. Elle se refuse, de toutes les manières, à partir sans le prévenir. Elle sait que ce ne sera pas facile, que le simple fait de se retrouver face à lui pourrait la faire culpabiliser et abandonner son idée. Une fois arrivée au bungalow, la petite brune prend une profonde inspiration. Mains glissées dans les manches trop longues de son sweat, elle se décide à toquer. Elle sait qu’elle le lui doit bien dans tous les cas.

Assis dans mon lit, je fixais avec intensité le paquet cadeau que Rhylan m'avait remis quelques semaines auparavant. Je ne l'avais toujours pas ouvert. C'était peut-être stupide et idiot mais je tentais, en vain visiblement, d’identifier l'autre ou l'autrice de ce cadeau. Et je voulais le découvrir avant de déchirer le papier d'emballage. Autant avouer que ma mission était sans conteste voué à l’échec. Des coups donnés contre la grande porte noire du bungalow me tirèrent de mon investigation. Après avoir remis le paquet sous mon lit, je viens ouvrir l'une des deux portes pour découvrir Calypso sur le pas de la porte. Je lui offre l'un de mes rares sourires dont elle est la seule à pouvoir bénéficier et la rejoins sur le perron.

"Salut toi"

Je ne suis peut-être pas très sociable mais la mine qu'affiche la jeune femme m'inquiète un peu.

La nervosité monte, lui tort l’estomac. Calyspo est tiraillée à voir Léo ainsi sur le pas de la porte. C’est encore pire quand elle le voit sourire et la saluer de la sorte, elle se sent encore plus mal. Elle a l’impression qu’elle va le trahir alors qu’il sait ce qu’elle a vécu. Elle lui en a raconté une partie, ils en ont vécu une autre ensemble. Ce maudit Labyrinthe aura laissé des marques, des traces dont elle sait qu’elle doit se séparer. Mais comment annoncer un départ alors qu’il spourraient profiter de la tranquillité retrouvée ? Nerveuse, elle lui adresse un petit signe de la main, tente de sourire en retour. “Coucou toi.” Il va pourtant bien falloir que la demi-néréide prenne son courage à deux mains. Elle le sait, elle doit lui dire.

Déglutissant, elle cherche ses mots. Par où commencer ? Elle ne sait si c’est l’annonce qu’elle doit faire où le lieu qui la met un peu mal à l’aise. Mais finalement elle se lance. “Je... Je dois te parler d’un truc...” Elle pourrait continuer mais la voilà qui baisse le regard comme une enfant prise en faute, fuyant le regard de Léo. Il n’est désormais plus possible de faire machine arrière.

Calypso est de plus en plus mal à l’aise. Elle sait qu’elle ne peut pas juste partir comme ça sans se retourner. Parce qu’elle a besoin de lui dire au revoir. Et besoin de le rassurer aussi pour lui dire que justement, ce n’est qu’un au revoir et qu’elle reviendra. Le regard fuyant pourtant, elle triture nerveusement ses mains, tord ses doigts, est à la limite de les faire craquer alors qu’elle ne fait jamais ce genre de chose. Elle ne sait pas par où commencer, ne sait pas comment dire les choses sans que cela passe pour un abandon pur et simple de sa part. La demi-déesse en vient même à sursauter légèrement quand les mains de Léo viennent prendre les siennes. Pourtant, elle relève les yeux vers lui et voit son sourire encourageant. Alors, elle sent les larmes monter. Elle se sent horrible pour ce qu’elle vient lui annoncer.

La demi-déesse ne peut plus retenir ses larmes. Une première roule sur sa joue, puis une autre. Pourtant, elle ne baisse pas les yeux cette fois. Elle sent son cœur se comprimer dans sa poitrine, en sachant qu’elle va devoir le laisser ici. Elle sait qu’elle a besoin de partir. Mais elle supporte mal l’idée de le faire sans lui. “Léo je... Je suis désolée... J’ai demandé la permission de... De m’éloigner un peu de la Colonie...” Et les mots commencent à sortir en flot, sa langue se délie, elle continue de parler alors que les larmes continuent de couler sur ses joues. “J’ai besoin de mettre de la distance avec tout ce qui s’est passé dans le labyrinthe, je sais que tu es là et que c’est plus calme mais ça tourne en boucle dans ma tête, j’arrive pas à me dire que c’est totalement fini et qu’il ne m’arrivera plus rien. Et je sais que tu es là et j’ai terriblement envie de rester ici avec toi mais j’ai besoin de... De...” Et finalement, elle éclate en sanglots, sans savoir comment se justifier.

Calypso ne se souvient pas d’avoir été aussi mal récemment. Oui, elle avait passé du temps à être hantée par le Labyrinthe. La seule chose fixe dans son univers, c’était lui. Elle avait juste l’horrible impression de l’abandonner après tout ce qu’ils avaient traversés. Evidemment, il était inconcevable pour elle de s’imaginer sans Léo désormais. Mais elle savait aussi que ce lieu, la Colonie, était chargé de mauvais souvenir pour elle. Parce que c’est alors qu’elle s’y sentait en sécurité que Caly avait été entrainé dans le Labyrinthe. C’est ici qu’elle avait faillit tuer le fils d’Hadès, ici qu’elle avait douté plus d’une fois. Ici qu’elle avait défendu la Colonie de son mieux en aidant à soigner les blessés tandis que lui s’enfonçait dans le Labyrinthe. Elle avait prié tous les dieux pour le voir en ressortir. Si elle avait pu, la demi-déesse l’aurait emmené avec elle. Malheureusement, cela aurait été beaucoup trop dangereux, pour l’un comme pour l’autre.

Ses sanglots éclatent, redouble lorsqu’elle sent les bras de Léo l’enlacer. C’est naturellement qu’elle s’accroche presque à lui, refusant de le laisser alors qu’elle sait que c’est un mal nécessaire pour qu’elle puisse se reconstruire. A l’entendre dire qu’il l’attendra, la petite brune commence à s’apaiser. Elle ne sait pas quand elle sera en mesure de revenir, redoute de le faire attendre si longtemps qu’il en aura assez d’elle et se rapprochera d’une autre. Elle arrive finalement à se calmer mais refuse de s’éloigner du jeune homme. Elle sait que ce genre d’étreinte n’arrivera plus avant un moment alors elle en profite tant qu’elle le peut. “Je te jure de revenir... S’il le faut, je le jurerai sur n’importe quel Dieu... Mais l’endroit est trop chargé...” Les larmes lui montent à nouveau aux yeux tandis qu’elle lève son visage vers lui. “Si je le pouvais, je partirais au bout du monde mais pas sans toi...”

Calypso pourrait fondre en larmes à nouveau. La simple idée de s’éloigner de lui la rend malade. Mais devoir rester ici après tout ce qu’elle a vécu, ça aussi ça la rend malade. Et elle sait bien qu’elle ne peut pas quitter la Colonie avec lui. Elle ne peut pas risquer de les mettre tous les deux en danger, juste parce qu’elle le souhaite du plus profond de son cœur. Ses larmes s’apaisent mais elle a toujours une boule dans la gorge, elle a toujours la poitrine comprimée par un étau de chagrin. Quand il vient essuyer ses larmes, la fille d’Amphitrite ne peut s’empêcher de se mordre la lèvre inférieure, de peur que la digue ne cède à nouveau. Parce qu’il est doux avec elle, parce qu’elle sait que le fils d’Hadès va terriblement lui manquer.

Elle voit bien à son regard qu’elle lui fait de la peine... Elle n’est pas dupe et elle aimerait pouvoir rester. Mais elle redoute plus encore les cauchemars que de devoir s’éloigner du jeune homme. Il se montre fort pour deux, elle le sait. Caly arrive plus ou moins à lui rendre son sourire. Oui, un jour ils partiront. Rien que tous les deux. Quand ils seront assez âgés et assez sûrs d’eux pour pouvoir se défendre seuls, pour ne pas craindre sans cesse pour la vie l’un de l’autre. Calypso ferme les yeux sous son gest empli de tendresse, place ses mains sur les poignets de Léo qu’elle caresse doucement avec ses pouces. Elle aimerait que cet instant, qui lui semble presque volé, ne finisse jamais.