100 PP pour : les prédéfinis, les Centurions, les légionnaires de moins de 17 ans
Le Deal du moment :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur ...
Voir le deal
600 €

The city on the edge of forever [Basil/JJ]
 :: À travers le monde :: L'espace-temps :: Univers alternatif
Anonymous
Plus d'infos
InvitéInvité

    The city on the edge of forever [Basil/JJ]


    Je soulève un coin de rideau pour observer la rue. Les passants ne sont pas encore si nombreux à cette heure matinale, ils vaquent à leurs occupations dans l'air frais du matin. Un attelage passe, un petit garçon fait rouler son cerceau sur le trottoir et une femme d'âge mûr pose son panier chargé de provisions pour refaire le nœud de son tablier. Mais aucune trace d'engin moderne, pas le moindre bruit de machine à propulsion.

    Je m'écarte de la fenêtre et lance à la cantonade :

    - Marthe ! Tu leur as bien dit neuf heures ?

    Une voix féminine un peu étouffée par les tapis et rideaux de la demeure me parvient et me répond par l'affirmative. Je crois discerner des grommellements et je serais prêt à parier qu'elle se plaint de ma mauvaise éducation et de mon manque de patience. Si c'était un autre domestique, j'envisagerais de le renvoyer. Mais Marthe est irremplaçable et je lui passe tout. Je préférerais mourir plutôt que de le lui avouer mais j'admire sa capacité à me tenir tête.

    Je fais les cent pas dans le salon rouge, nommé ainsi à cause de ses rideaux cramoisis et de son imposant mobilier au bois chaleureux. Je suis impatient comme un enfant gâté avant les fêtes, je ne pense qu'à la livraison de neuf heures depuis que je suis levé. Je peinais à me concentrer sur mon journal ce matin, m'intéressant difficilement à un énième article sur les conséquences de l'affaire Dreyfus. Je préférais jeter des coups d’œil incessants à la cour de l'hôtel particulier, guettant le moindre signe de l'arrivée de ma commande. Sous le regard blasé de Marthe débarrassant mon plateau, j'ai fini par abandonner, décidant plutôt de troquer mon kimono contre un de mes élégants costumes de ville.

    Désormais vêtu d'un costume gris souris assorti de gants ivoire, je fais mine de m'intéresser aux portraits de famille accrochés aux murs pour m'occuper. Le tableau de moi le plus récent date de mon adolescence. D'une certaine façon, je n'ai pas changé. Je prétends toujours que mes cheveux sont incoiffables pour me donner un air bohème, et il m'arrive, quand je regarde au loin, de prendre un'air rêveur pour ne pas laisser deviner ma vue défaillante. Cependant, mes traits encore juvéniles ont gagné en maturité et mes goûts excentriques apparaissent désormais dans ma garde-robe. Ce portrait n'est donc plus tellement représentatif et j'envisage d'en faire exécuter un autre. Une raison suffisante, en soi. Mais je dois admettre qu'il n'y a pas que ça. Je viens d'ouvrir ma boutique d'objets décoratifs et, si certains y voient une simple fantaisie destinée à occuper les journées d'un rentier oisif, je considère personnellement cette entreprise comme le début de ma carrière. Et rien de tel qu'un nouveau portrait pour afficher mes ambitions aux yeux de tous. Il me faudra être un peu patient et attendre de percevoir les bénéfices de la commande d'Extrême-Orient avant de choisir un peintre.

    Un grondement étrange résonne dans la rue et me sort de ma rêverie. C'est elle ! Je sens un sourire ravi étirer mes lèvres et je sors de la pièce en trombe. Je lance à Marthe, qui doit être dans les parages, un "Que personne ne me dérange !" et je dévale les escaliers. J'ouvre grand la porte du vestibule et je suis accueilli par la vision d'un engin métallique s'arrêtant dans la cour pavée de l'hôtel. Ma voiture ! Si belle, si étonnante, si moderne ! Je prends le temps d'admirer sa carrosserie neuve, couleur vert bouteille, puis je rejoins en quelques grandes enjambées son conducteur. Il est à peine descendu du siège que je l'assaille :

    - Elle est formidable ! Je vous attendais, je vais avoir besoin de vous. Hors de question que vous repartiez sans m'avoir appris tout ce qu'il faut savoir pour la conduire !

    Je regarde à peine mon interlocuteur, fasciné par le véhicule. Je finis pourtant par me rappeler mes bonnes manières et je dis en riant :

    - Je vous présente mes excuses, je ne me suis pas présenté. Je suis Basil Hargreaves, c'est moi qui ai passé commande auprès de Vulcain & Fils. Et vous, vous êtes ?

    Sincèrement enthousiasmé par mon nouveau jouet, je lui adresse un sourire honnête et rieur. Après tout, aucune chance pour que ce jeune homme du peuple aille rapporter à toutes mes relations mondaines que je me suis comporté comme un gamin.
    Anonymous
    Plus d'infos
    InvitéInvité

      Re: The city on the edge of forever [Basil/JJ]



      Le grand jour était arrivé. Et sans surprise, il était intenable, du moins intérieurement.

      A peine le soleil pointait ses rayons par dessus les toits des maisons qu'il était déjà levé. Il est cinq heures, Paris s'éveille... Cependant, il avait fallut attendre l'intervention de sa sœur pour qu'il décroche enfin de son semblant de café et daigne s'habiller. Les yeux plissés par les dernières traces de sommeil, il avait grommelé. Il ne pourrait pas profiter du levé de soleil. Il était attendu à l'atelier. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il aurait volontiers délivré sa toute première commande en habits de nuit. C'est pourquoi il n'avait pas fait beaucoup d'efforts. Un pantalon de costume gris foncé par trois fois rapiécé aux genoux, un gilet fin sans manches du même ton couvrant une chemise blanche, la plus propre qu'il n'ait jamais porté. Il avait cédé aux reproches de sa jumelle et finit par nouer une écharpe de lin beige en guise de cravate. Et pour conclure, avait caché sa tignasse hirsute sous un bonnet aux grosses mailles noires.

      Après lui avoir embrassé le front, il avait quitté Ophelia et s'était rendu à l'atelier. Vulcain & Fils. Une entreprise familiale d'horlogerie qui avait récemment fait le pari insensé de se lancer dans la mécanique et la production sur mesure de véhicules motorisés. Sur le chemin, il s'était attelé à défaire l'écharpe tout en s'arrêtant devant presque chaque porte pour discuter avec les gens du voisinage. Tout le monde dans cet arrondissement de Paris le connaissait, il avait fait plus de petits boulots en tout genre en vingt-et-unes années que les plus vétérans du quartier. Il jouait avec tous les enfants, aidait les vendeurs de journaux quand il avait du temps, se proposait comme coursier à ses heures perdues, s'inquiétait de la santé des mères de familles et était toujours disponible pour un petit verre avec les ouvriers des usines. Impossible pour lui de se frayer une ligne droite jusqu'à son lieu de travail, il était trop attiré par les gens pour dicter une seule conduite à son esprit.

      Si bien que, comme à son habitude, il était arrivé en retard. Il avait pris encore quelques minutes pour chaleureusement saluer Maxine, la fille de son patron, toujours aussi belle qu'au premier jour, puis remontant les manches de sa chemise en ourlets grossiers jusqu'à ses coudes, il s'était présenté à son poste.

      Aujourd'hui, le temps lui faisait défaut. Il avait rendez-vous, au cœur des premiers arrondissements de Paris dans un hôtel particulier pour neuf heure, livrer la toute première production de l'atelier. Sa toute première production. Bien sûr, Ophelia et son génie lui avaient porté secours à maintes reprises pour finir le travail à temps, mais il en était réellement fier. Encore quelques vérifications à faire puis il emmènerait ce petit bijoux à son futur propriétaire. Un petit coup d'œil à l'immense horloge qui surplombait la devanture de l'atelier. Huit heures moins le quart. Il n'avait pas de temps à perdre. Frottant ses joues pour finir se réveiller, il s'était mis à l'œuvre.


      Il ne lui avait fallut pas moins d'une quarantaine de minutes pour tout passer en revue. D'abord, le plus important : le carburateur, le moteur et tous les joints entre ces deux éléments. Un accident quelconque signerait la fin des activités pour la boutique. Puis, tout graisser : les mécanismes, les ressorts, les écrous, le volant, les pédaliers, l'axe des roues, s'assurer que les pneus étaient bien gonflés, que toutes les jauges étaient fonctionnelles. Enfin : passer un dernier coup de chiffon, s'assurer que le vernis de la carrosserie avait bien séché pendant la nuit, que tout brillait méticuleusement. Elle était sublime. Il n'y avait pas d'autres mots.

      Lui en revanche avait moins l'air de sortir d'un salon de beauté. Sa chemise si blanche avait prit les nuances de son visage que ses mains salies de graisse et d'huile de moteur avaient régulièrement essuyé. Il avait replacé machinalement son bonnet sur sa tête sous les yeux de son patron. Sans un mot, il avait tourné tout autour du véhicule jusqu'à se tenir à ses côtés. Ce n'était pas un type bavard. Bourru, de la carrure d'une armoire à glace avec la délicatesse et l'agilité d'un chat, toujours caché derrière son béret et sa grosse moustache, il était pourtant ce qu'il y avait le plus proche d'un père pour le jeune homme. Son inspection visuelle terminée, il ne lui avait adressé qu'un bref regard entendu et une puissante tape sur l'épaule, l'air de dire 《 Beau travail mon garçon. 》

      Le sourire du gamin avait fendu son visage comme un éclat d'argent. Dans leur langage secret, il l'avait remercié de sa confiance et suivit son regard jusqu'à l'horloge. 8h20. Il ne fallait pas traîner. Il avait laissé le vieil homme tirer les grandes portes d'acier tandis qu'il montait dans le véhicule infernal. Après une grande inspiration, il avait retenu son souffle et tourné la clef. Le moteur avait grondé d'abord faible puis puissant comme un lion.

      《 C'est parti...》 avait-il murmuré en écrasant doucement l'accélérateur.






      Les pavés de Paris commençaient à lui donner des fourmis dans les bras. Peut-être aurait-ce été une idée judicieuse de rajouter des sortes de suspenseurs en plus de l'assise rembourrée. Il faudrait en parler avec le futur propriétaire.

      Futur propriétaire qu'il n'allait pas tarder à rencontrer justement. S'il ne s'était pas trompé en notant l'adresse de livraison, cette gigantesque porte sculptée donnant sur une cour intérieure devait être le bon endroit. Tout était grand ouvert comme s'il s'était fait attendre. Il s'était mordu l'intérieur des joues, il n'avait pas eu de problème de circulation donc aucune raison d'arriver en retard, à moins qu'il ne se soit trompé dans ses calculs ?

      Mais il n'avait pas le temps de se confondre plus en questions, que la porte de l'hôtel s'ouvrait sur un homme rayonnant tiré à quatre épingles. L'ouvrier avait tout juste garé le véhicule et ouvert la portière pour descendre que le nouveau propriétaire était déjà sur lui répandant un flot continue de paroles.

      Il semblait fasciné par l'engin et le gamin n'avait pu réprimer un sourire. Il y avait de quoi être impressionné, les voitures ne couraient pas les rues et celle-ci était tout bonnement un chef-d'œuvre. En écho à l'enthousiasme débordant de l'acheteur, lui avait laissé la place se retenant de fondre directement sur l'occasion de s'emporter dans ce sujet si passionnant. Après tout, il y avait des manières à conserver et le bout de son reflet dans le rétroviseur de la machine lui avait confirmé qu'ils ne venaient tout deux absolument pas du même milieu. Comme s'il lisait dans les pensées, le jeune homme richement vêtu se rappela lui-même à l'ordre en se présentant formellement avec un léger rire.

      Ils devaient avoir sensiblement le même âge mais le plus jeune s'était cru obligé de faire des pieds et des mains par respect. Inclinant la tête, il avait tendu une main noircie dans une tentative de politesse.

      《 C'est un honneur, Monsieur, de vous rencontrer et de combler vos attentes. JJ Frye, pour vous servir. Vous avez raison, c'est un bel instrument et j'espère que Vulcain & Fils saura répondre à vos désirs. Je resterais ici jusqu'à ce que vous souhaitiez me congédier, Monsieur. 》

      Sa voix s'était faite plus chantante de son accent qu'à son habitude, certainement sous le coup de l'anxiété, et il s'était repris plusieurs fois pour ne pas buter sur certains mots. Puis il s'était légèrement incliné en replaçant son bonnet plus sur son front. Et dans sa tête une petite voix lui soufflait qu'il commençait à en faire des caisses et que ça allait devenir bien plus que ridicule s'il continuait à se comporter comme un imbécile. Il ne fallait pas que cela soit prit pour une forme d'irrespect. Qui savait si ce Monsieur Hargreaves n'était pas susceptible. Ce n'était pas le moment de ruiner pareille affaire.

      Anonymous
      Plus d'infos
      InvitéInvité

        Re: The city on the edge of forever [Basil/JJ]


        C'est sa voix qui me frappe en premier, son ton à la fois timide et volontaire, parfois hésitante mais toujours franche et honnête. Tout mon contraire. Et son accent aussi, indéfinissable, chantant mais rauque sur certaines syllabes. Son français est cependant irréprochable et je suis pris par le besoin impérieux de connaître ses origines, son histoire, et de l'entendre à nouveau.

        Ma curiosité piquée au vif, je lui consacre enfin toute mon attention, jusque là accaparée par la voiture. Tandis qu'il se présente, je le détaille du regard, au mépris des convenances. Il porte un vêtement de travailleur qui garde les traces d'un dur labeur quotidien, et ses joues sont couvertes des mêmes traces sombres que sa chemise. Je pourrais croire que c'est une forme d'insolence de sa part que de se présenter dans cet état à un homme du monde, mais son maintien digne et son regard limpide m'amènent à penser qu'il est simplement candide. L'impression d'intégrité qu'il dégage, sans arrière-pensée ni calcul, m'ébranle un peu. Dans le grand monde, une telle simplicité n'est pas de mise, chacun porte son masque et joue un jeu, moi plus que les autres. Combien de mes relations sont réellement sincères ? Si peu. Oh, je suis loin d'être le seul. Depuis le salon littéraire réputé de Mme Belacoros jusqu'aux terres giboyeuses du domaine de sir Hamilton, tous les lieux de rencontre mondains sont le décor d'échanges précisément calculés.

        S'il n'y avait que ce caractère intègre pour me frapper... Mais non, il y a aussi son visage qui m'étonne. Ses traits sont fins sous la crasse, sa peau pâle et ses cheveux, quelque peu cachés par un bonnet, d'un blond sir clair qu'ils ont l'air presque blancs. Je n'avais jamais vu un tel prodige, je suis fasciné. Si je voyais ce visage lumineux dans une galerie de portraits, je demanderais qui était le modèle. Alors, le rencontrer en la personne d'un simple ouvrier pas plus âgé que moi, c'est si surprenant !

        Je suis si stupéfait par cette apparition que je réussis à en oublier l'espace d'un instant ma précieuse voiture, et j'ai un moment de flottement quand il me tend la main. Le dénommé JJ – quel est ce nom étrange ? Il me faut absolument savoir ce qu'il signifie – en fait trop, beaucoup trop, mais ce zèle n'est pas motivé par des intérêts personnels et je lui pardonne ce faux pas. Et puis, je dois admettre que je suis toujours sensible à la flatterie, toujours ravi lorsqu'on se plie en quatre pour me faire plaisir. Je me reprends et je lui offre un sourire aussi charmeur que dangereux tandis que je retire le gant de ma main droite pour lui serrer la main. Par ce geste, je lui signifie qu'il a tout mon respect. Et je préfère me salir la main plutôt que de souiller mes précieux gants ivoire. Mais passons.

        - Tout le plaisir est pour moi JJ. Je peux vous appeler JJ ? Puisque vous êtes tout à moi, je compte bien profiter de votre compagnie.

        Si ma paume ne portait pas désormais des traces noires, je passerai ma main dans les cheveux – je sais de source sûre combien ce geste anodin met en valeur mon charme. D'ailleurs, je ne crains pas sa réaction face à mon attitude entreprenante. S'il y est sensible, je gagne une aventure divertissante en plus de la voiture. Si ce n'est pas le cas, je n'ai pas à me sentir inquiété pour ma réputation : sa parole d'homme du peuple ne vaudra rien face à la mienne, je n'ai pas à craindre le déshonneur.

        Je me retourne avec désinvolture vers l'engin merveilleux, les yeux brillants. J'en fais le tour, prenant soin de l'ausculter sous tous les angles, puis je grimpe à bord d'un bond agile. Je tends la main à mon jeune instructeur et je lui dis :

        - Allons, ne faites pas de manière et rejoignez-moi !

        Assis en hauteur sur le siège rembourré au cuir craquant, dominant la cour intérieure de l'hôtel avec à mes côtés un beau jeune homme à mon entière disposition, je me sens comme un roi au sommet du monde. Je prends une grande inspiration et je me penche sur la machine, prêt à en apprendre tous les mécanismes. J'observe attentivement les manettes, les cadrans et les indicateurs, et je demande :

        - Je suppose que cette roue tourne pour servir de guidon, comme sur un vélocipède, n'est-ce pas ? J'en ai déjà fait, c'était amusant. Je vois des pédales, il faut les pousser pour avancer je présume... Mais pardonnez mon incrédulité, il ne faut quand même pas pédaler pour faire avancer le véhicule ? Je suis bien oisif et je ne m'exerce pour ainsi dire jamais, je n'aurai pas l'énergie de faire rouler cette voiture à la seule force de mes jambes.

        J'ai un rire léger qui s'échappe spontanément et j'ajoute sur le ton de la confidence :

        - Montrez-moi. Si vous êtes un assez bon instructeur et que je réussis à nous conduire jusqu'au bois de Boulogne en un seul morceau, je vous réserve une surprise pour vous remercier.
        Plus d'infos
        Contenu sponsorisé

          Re: The city on the edge of forever [Basil/JJ]

          Permission de ce forum:

          Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum