Cet entrainement était particulièrement important pour Calypso. Pas seulement parce qu’il est avec Léo mais aussi parce qu’elle tient à s’améliorer. Et quand elle voit ses réactions, elle se dit qu’elle a plutôt eu une bonne idée. Elle a bien conscience des capacités du fils d’Hadès et même si elle doute fort de pouvoir un jour l’égaler, elle se dit qu’il sera sans doute de bon conseil pour lui permettre de s’améliorer. Et puis... Caly’ est bien forcée d’admettre qu’elle l’a déjà observé s’entrainer et même si elle a bien compris qu’il fera de son mieux pour ne pas la blesser, elle a également l’impression qu’il ne lui fera pas de cadeau pendant cet entrainement. Elle ne va pas dire que ça la ravie au plus au point, comme une enfant déballant ses cadeaux le matin de noël. Mais ce qui est certain, c’est qu’elle apprécie de ne pas avoir de traitement de faveur. Elle n’en voudrait pas dans tous les cas puisqu’elle est vraiment là pour s’améliorer. La demi-déesse voudrait surtout ne plus avoir à se reposer sur les autres lorsqu’elle quitte la frontière magique de la Colonie. Les rares fois où elle a pu mettre le nez dehors, elle avait plus l’impression d’être un poids qu’autre chose. Et encore, elle a désormais la chance de pouvoir soigner ses camarades, à condition d’avoir suffisamment d’eau à sa disposition et, évidemment, de ne pas s’épuiser à la tâche. Jusque-là, elle n’a pas encore eu besoin d’utiliser ce talent de manière intensive alors forcément, elle n’a pas encore pu le développer autant qu’elle le voudrait. Mais elle comptait bien y travailler, autant qu’à ses talents de combattante.

La première étape avait été plutôt simple finalement. Parce que la petite brune avait réussi à trouver le rythme sans trop de difficulté, avait été assez observatrice pour comprendre la démarche. La demoiselle est déjà satisfaite de constater par elle-même qu’elle ne laisse plus trainer ses bras comme elle pouvait le faire au départ. D’autant plus qu'elle n’a plus besoin de garder ses mains dans le dos, ce qui a un certain avantage puisque cela lui permet désormais de contre-attaquer au besoin. Elle ne se gêne d’ailleurs pas pour le faire, après avoir dévier l’attaque de Léo. Elle aurait pu envisager de faire ce qu’il faisait, à savoir arrêter son coup avant qu’il n’atteigne sa cible. Mais elle ne s’en sentait pas vraiment capable et elle n’aurait pas voulu risquer de lui faire mal. Non pas que Calypso doute des capacités du fils d’Hadès pour éviter ses assauts évidemment. Mais elle rechignait à blesser les autres, encore plus quand il s’agit d’un entrainement. Et sans doute encore plus quand il s’agit du Rider. Du moins si on oublie le fameux coup de poing mais ce jour-là, il l’avait un peu cherché. Quoique, la fille d’Amphitrite aurait pu comprendre à ce moment que cette réaction pouvait cacher quelque chose d’autre. Sauf qu’elle avait été un peu trop sur les nerfs. Au signe de tête du garçon, la jeune fille comprend tout de même qu’il est plutôt satisfait pour le moment. Mais elle n’est pas idiote, elle sait ce que ça signifie : la difficulté va monter d’un cran. Elle s’éloigne légèrement, se place sur ses appuis, déjà prête à bondir au besoin. Elle n’a pas peur mais elle reste tout de même méfiante.

Elle la demi-néréide avait visiblement bien fait puisque les attaques reprirent de plus belle, sans qu’il n’y ait un rythme ou un enchainement spécifique. Alors, elle continuait d’esquiver au mieux, restant le plus concentrée possible sur les appuis qu’il pouvait prendre, sur la manière dont il se plaçait. Evidemment, elle manqua de se faire avoir quelques fois, repérant mal les signes qu’elle essayait pourtant de voir. Mais finalement, elle trouva la faille : Léo n’utilisait que ses poings. Là était la chance de la brune, il suffisait qu’elle se mette hors d’atteinte de ce type de coup. Sauter suffisamment haut était évidemment exclu. Mais il restait toujours une option. (Lancer de dé) Rapidement, Calypso se baissa, ses fesses touchant presque le sol. Puis, elle déploya toute sa force dans sa jambe droite, venant faucher celle du demi-dieu. La jeune fille ne pensait pas être capable d’une telle force mais visiblement, elle en avait assez pour que le demi-dieu se fasse déséquilibrer et finisse sur le sol. Elle s’était clairement laissée un peu importer par cet instinct digne des enfants des dieux. Il ne fallut pourtant pas bien longtemps pour que cet esprit guerrier quitte Caly et que, inquiète, elle se penche sur Léo en lui tendant la main. “Je suis désolée, pardon ! Je t’en supplie, dis moi que je ne t’ai pas blessé, que tu t’es rien cassé ou quoi...” Elle était déjà prête à aller chercher de l’eau pour s’occuper de lui. La sang-mêlée ne supportait pas la simple idée de l’avoir blessé une fois de plus.

Les entrainements n’avaient jamais été ce que Calypso appréciait le plus à la Colonie. Elle avait même cette fâcheuse tendance à faire son possible pour les éviter. Malheureusement, elle avait fait les frais de ce désamour du combat, se retrouvant entrainer dans des situations assez complexes. Cela dit, si elle avait su se battre elle n’aurait peut-être pas la possibilité de s’entrainer avec Léo en ce moment alors c’était sans doute un mal pour un bien. Toujours est-il qu’elle avait pleinement pris conscience de l’importance de s’entrainer, encore plus en rencontrant une romaine qui avait pu lui transmettre quelques rudiments du combat. Certes, on ne pouvait pas dire que la petite brune aimait ça, c’était même tout le contraire. Mais elle savait qu’elle ne pouvait pas se permettre de se reposer sur les autres. Oui, elle peut se révéler utile pour soigner les autres. Mais il fallait aussi qu’elle soit capable de se défendre, juste pour ne pas avoir besoin de toujours compter sur les autres pour veiller sur elle. C’est sans doute pour ça que la sang-mêlé mettant autant de cœur à l’ouvrage pendant cet entrainement avec le fils d’Hadès. Elle avait parfaitement conscience du fait qu’il était bien plus fort qu’elle. Mais elle savait qu’elle s’était améliorée. Cela dit, ça n’avait rien d’étonnant quand on sait d’où elle partait avant de se décider à rattraper son retard. Mais elle n’avait plus peur de s’entrainer ou même de l’idée de devoir combattre, ce qui était un énorme pas pour elle.

Le début de l’entrainement avait été assez simple, elle avait utilisé la ruse mais avait pu s’en sortir sans trop de difficulté. Elle se doutait bien que ce ne serait pas toujours aussi simple pour autant. D’autant plus qu’elle était face à un autre demi-dieu et non à un monstre. Caly redoutait un peu le jour où cela se produirait. Elle faisait donc de son mieux pour ne pas y penser, veillant avant tout à améliorer ses capacités. Mais quand Léo avait corsé les choses, la fille d’Amphitrite avait agi en laissant parler son instinct, le mettant au sol. Elle aurait pu se sentir satisfaite d’avoir pensé à attaquer une zone qu’il n’utilisait pas, d’avoir réussi à le prendre par surprise. Mais elle était plutôt inquiète, espérant ne pas l’avoir blessé. La jeune fille lâcha un petit soupir de soulagement au sourire que lui adressa le garçon. Il semblait aller bien, même si elle voyait bien qu’il se massait la tête. Ce qui la rassura pleine fut qu’il saisisse la main qu’elle lui tendait pour se remettre debout. Il ne semblait pas souffrir de déséquilibre, ce qui la rassura d’autant plus. La demoiselle roula pourtant des yeux à la réplique qu’il lui glissa. “Sans vouloir te vexer, tu es bien plus léger qu’un monstre !”

Elle connaissait sa carrure, à force. Mais elle doutait fort que ce type d’attaque sournoise soit bien utile face à un monstre. Même une drakaina avait peu de chance de se faire mettre au tapis avec ça. Peut-être une empousa et encore. La brune fronça les sourcils en remarquant que le jeune homme faisait craquer ses doigts. Elle ne savait pas vraiment à quoi s’en tenir pour le coup. Certes, il avait parlé de retenir ses coups et elle se doutait bien que le but n’était pas de lui faire mal. Mais elle avait vu plus d’une fois ses camarades revenir avec des hématomes du terrain d’entrainement. Elle avait donc bien conscience qu’elle avait des chances d’en avoir également. Au pire, elle pourrait toujours utiliser un peu d’eau pour atténuer les marques.

Calypso ne sait pas trop à quoi s’attendre. Non pas qu’elle n’ait pas confiance en Léo, bien au contraire. Elle connait ses capacités de par ce qu’elle a pu en entendre, en voir par moment à l’époque où elle n’aurait jamais osé l’approcher. Et il s’était bien vite remis à l’entrainement dès qu’il avait pu sortir de l’infirmerie. Elle lui faisait également confiance pour ne pas la blesser volontairement, il s’y était lui-même engagé. Mais elle savait aussi que puisqu’elle ne s’en sortait pas trop mal, il avait de fortes chances d’augmenter le niveau. Et là en revanche, elle ne savait pas trop ce qu’il allait lui réserver. Tandis que le fils d’Hadès commence à sautiller, Caly’ l’observe, tente de prévoir la prochaine attaque. Elle sent son rythme cardiaque accélérer à mesure que Léo accélère la cadence, sent son palpitant manquer un battement lorsque le coup l’effleure presque. Non, elle n’a pas peur de lui. Elle n’aura même jamais peur de lui, alors que certains à la Colonie aurait tendance à le juger flippant. Mais elle ne peut empêcher certains réflexes de demi-dieu reprendre le dessus. L’attente du prochain coup sans savoir où il tombera, l’adrénaline qui court dans les veines. Et d’une certaine manière, ça ne lui déplait pas. Elle, la fille d’Amphitrite qui avait toujours plus ou moins refusée de se battre, voilà qu’elle se laissait porter par le moment, se concentrant et surtout, n’essayant pas de brider ses réflexes de combattante. Elle ne voulait plus jamais avoir à fuir.

La petite brune arrivait même à gagner en vivacité, évitant de son mieux, assenant les ripostes lorsqu’elle le pouvait. Dans son cas, elle ne risquait pas grand-chose à tenter de mettre un coup : elle savait d’avance que Léo l’éviterait et surtout, qu’elle ne risquait pas de lui donner de coup bien violent. Caly se concentre sur les coups qui arrive, esquivant, le pas presque léger. Seraphina avait raison, le combat pouvait être vu comme une danse. La grecque se rendait compte que les conseils de la romaine la suivaient encore, même si elle n’avait pas su les appliquer de prime abord. Mais aujourd’hui, elle comprenait enfin où elle avait voulu en venir. Et cela lui facilitait grandement les choses pour ses esquives. Pourtant, il eut un moment où le fils d’Hadès sembla disparaitre. Enfin disparaitre était un bien grand mot, elle savait bien qu’il n’était pas allé bien loin. Mais elle n’eut pas le temps de se retourner, se retrouvant le bras coincé dans son dos. Calypso tenta bien de se débattre mais cela ne servit qu’à la faire grimacer. Elle était totalement bloquée et bien qu’elle n’aime pas se retrouver dans cette posture... Elle n’était pas bloquée par n’importe qui. Et voilà que Léo lui murmure à l’oreille... La jeune femme ferme les yeux et commence à se mordiller la lèvre inférieure, sentant son cœur s’emballer. Ce n’était clairement pas le moment mais il était difficile de lutter.

Lorsque le fils d’Hadès la relâche, la demi-néréide fait de son mieux pour retrouver une contenance. Préférant d’abord lui tourner le dos en faisant rouler légèrement son épaule. Mais lorsqu’elle se tourne finalement... Elle a l’impression de manquer d’air, que son cœur vient de s’arrêter. Depuis quand est-il aussi beau ? Et ce sourire... Comment ne pas fondre littéralement ? La demi-déesse met bien quelques secondes à se remettre de son admiration, secouant la tête avant de sentir ses joues s’empourprer. “Ehm... Je... Tu...” Voilà que la brune en perd ses mots, tentant vainement de se dépêtrer. Il ne manquerait plus qu’il la trouve bizarre... Alors, elle ferme les yeux et respire un grand coup. Elle aurait même été à deux doigts de se frapper les deux joues s’il n’avait pas été face à elle. “Ça t’ennuie si on arrête pour aujourd’hui ? Je crois que je suis loin d’avoir ton endurance.” Et voilà qu’elle fait un double sens, se retrouve à avoir de drôles d’idées en tête... Alors, Calypso pince les lèvres, chassant ces pensées de son esprit. Elle va clairement finir par passer pour une folle si elle prononce le moindre mot de plus.