Affalé dans l'un des fauteuils en cuir noir de la salle commune de Serpentard, j'observe la vipère péliade qui s'enroule autour de mon bras et glisse entres mes doigts. Je l'avais trouvé près du lac, entre les pierres humides, lors de la pause du midi. La vipère darda la langue qui chatouilla ma peau, un sourire sur les lèvres je produis quelques sifflements incompréhensible pour les autres mais pas pour les fourchelangs. Le reptile tourna sa tête triangulaire vers moi et se dressa légèrement.

"Siffle, siffle petit serpent. Glisse, glisse silencieusement. Et avec Léonard soit très doux. Sinon, il te tordra le cou. Siffle, siffle mon beau serpent. Glisse, glisse tout doucement. Et Léonard, rassures-toi. Lui, il te couronnera roi."

La vipère s'inclina de nouveau contre ma peau et glissa long de mon bras jusqu'à s'enrouler autour de mes épaules. Levant les yeux, je croise le regard de deux premières années qui semblaient m'observer depuis un bon moment maintenant. Les deux pauvres garçons n'attendirent pas leurs restes et prirent leurs jambes à leur cou en détalant de la salle commune à toute vitesse. Un sourire amusé se dessina sur mes lèvres face à leur réaction. Me levant, j'attrape ma baguette magique que je pointe en direction de l'immense cheminée pour tirer deux boules de feu incandescente dans son âtre dans le but de revigorer les flammes mourantes. Je rejoins ensuite mon dortoir, où je dépose la vipère dans un terrarium à côté de mon lit avant de prendre de quoi me changer et quitter la salle commune en direction de la salle de bain des préfets au cinquième étage.

En chemin, je croise Peeves, l'esprit frappeur, et esquive le sac de craies qu'il me jette au visage tandis qu'il me qualifie de tout les noms possible et imaginable. Me retournant, je lance un sortilège informulé sur l'esprit frappeur et colle sa langue à palet, un sourire satisfait aux lèvres je me hâte de rejoindre la salle de bain des préfets.

Cependant, lorsque je referme la porte derrière moi, je comprends rapidement que je suis pas le seul à avoir eu l'idée de venir prendre un bain à cette heure. Mes yeux se posent sur... Calypso ?! Oh merde, détourna le regard je fixe le vitrail représentant la sirène.

"Excuse-moi, je ne voulais pas.. fin.. tu vois..."

Merde, merde, merde. Pourquoi a-t-il fallut que ça soit Caly ? En plus, on ne s'était pas revu depuis... ce fameux jour. Ce merveilleux jour, où elle avait eu plus de courage que moi et m'avait embrassé. Ce jour là, j'avais souris comme un idiot toute la journée. Je m'apprête à tourner les talons mais sans savoir pourquoi, j'arrête mon geste avant même de l'avoir commencé?

"Euh, est-ce que, euh, ça te dérange si je me glisse dans le bain avec toi, fin euh pas à côté hein mais à l'autre bout de l'immense baignoire ?"

Le rouge colore légèrement mes joues blafardes. Sans réellement attendre la réponse de la jolie Poufsouffle, je retire mon pull.

Des baffes, oui oui, des baffes c'est tout ce que je mérites en cet instant ! Il n'y avait pas d'arrières-pensées lubriques dans mes propos mais je méritais tout de même une sacrée rouste. Ce qui était sûr et certain, c'était que mon cerveau s'était volatilisé pour laisser agir uniquement mon crétin de cœur. Coeur qui battait depuis presque un an pour Calypso et qui maintenant me faisait faire des absurdités pas possible ! Non mais à quel moment, tu proposes à une fille de la rejoindre dans son bain ? Sérieusement, personne ne fait ça à part les psychopathes et les pervers ou les gens qui sont déjà en couple, ce qui n'est pas du tout mon cas. Là, j'étais tiraillé entre deux envies. Celle de plonger dans le bain et celle de revenir en arrière dans ma salle commune où j'étais tranquillement installé avec ma vipère.

La préfète de Poufsouffle ferma vivement les yeux au moment où un petit bout de torse apparait mais je décide quand même de tourner pour retirer le reste de mes vêtements. Lorsque l'eau chaude entre en contact avec ma peau je réprime le soupire qui était sur le point de franchir mes lèvres. J'ai dis eau chaude ? Non, c'est de l'eau brûlante. Comment est-ce qu'elle pouvait rester dans une eau pareille ? Je suis sûr qu'en sortant de l'eau, ma peau sera rouge écarlate comme une écrevisse.

La jeune femme sursauta sans que je m'y attendes, fronçant les sourcils je la regarde en me demandant la raison de sa réaction. Des salamandres ? Une grimace se dessina sur mes lèvres en voyant ses bras et ses mains rosies par des brûlures.

"Me dis pas que tu as essayé de leur faire des câlins ? J'avoue qu'elles sont mignonnes mais personnellement je m'y risquerais pas."

Je lui offre un sourire en plaisantant avant d'attraper ma baguette magique sur le rebord de la baignoire.

"Si tu veux, je connais un sort utile pour éviter que ça ne te fasses mal au contact de l'eau."

Bon, le seul truc c'est que pour lancer le sortilège, si elle accepte bien-sûr, c'est que j'allais devoir me rapprocher d'elle...

Attraper des salamandres à mains nues ? Je me retiens de rire de justesse et me contente d'affiché un sourire un peu idiot. Je ne voulais pas être méchant mais c'était totalement stupide, elle était une sorcière non ? Un simple sort d'entrave ou de blocage lui aurait permit d'empêcher les salamandres de fuir et surtout lui aurait évité de se brûler. Au moins, elle n'était que partiellement brûlée même si une brûlure au second degrés ne fait jamais du bien. Finalement, après un petit moment de réflexion, la jeune femme accepte mon aide et s'avance un peu vers moi. Vraiment très peu car là où elle se trouve je ne pourrais pas lancer le sortilège. Au moment, où j'allais m'avancer pour la rejoindre, Calypso avance elle aussi et nous nous rejoignons. Beaucoup trop proche que ce qu'on avait souhaité mais tant pis, je n'allais pas m'en plaindre.

"C'est une combinaison de deux sortilèges en fait, c'est quelque chose que tu apprendras en 6e année."

Lui offrant un sourire bienveillant, je lève ma baguette devant ses brûlures et effectue un léger mouvement du poignet en prononçant la formule.

"Impervius Ferula !"

Les brûlures de la préfète des Poufsouffles se mirent à briller quelques instants avant de reprendre leur teinte rosie et vive. J'espérais que ce sortilège fonctionnerait, non il fonctionnera impeccablement. Après tout, j'étais suffisamment doué en sortilège pour ne les rater que très rarement alors celui-ci ne ferait pas exception.

Levant les yeux vers Calypso, je lui souris doucement en plongeant mes yeux dans les siens. Ils étaient magnifiques, deux saphirs à l'éclat pur. Des lèvres ni trop fines ni trop pulpeuses, une peau qui semblait aussi douce que de la soie et une petit nez qui venait surplombé le tout, donnant un côté harmonieux à ce visage si... parfait. Inconsciemment, je m'étais encore rapproché d'elle et mon visage n'était désormais plus qu'à quelques centimètres à peine du sien. Nos lèvres étaient si proches et celles de la jeune femme m'attiraient comme un aimant. Une poignées de centimètres, quelques millimètres, rien de plus. Je n'avais qu'à incliner le visage pour venir l'embrasser, sceller mes lèvres contre les siennes. Une chaleur intense et grandissante s'était emparée de mon estomac, de mes tripes, de mon corps. Tout ce que j'avais à faire était de laisser cette chaleur guider mes mouvements.

Un peu comme une action au ralenti, nos lèvres se rencontrèrent lentement...

Tout s'arrêta d'un coup, sans prévenir. Je n'entendais plus le bruit de l'eau, je ne sentais plus mon coeur battre dans ma poitrine ni ma respiration qui oxygénait mon cerveau et mon corps. Puis, comme un feu d'artifice qui monte en pression et explose, une véritable bombardement eu lieu dans mon ventre. Les trompettes de la victoire raisonnèrent dans mes tripes, suivit de près par l'orchestre au complet. Ce fut bref, trop bref peut-être, mais rempli en émotions. Tellement de choses se bousculaient dans ma tête et pourtant j'étais serein. Un peu moins, lorsque Calypso rompit le contact et s'écarta de moi en me dévisageant.

Je lui offris un sourire sincère et composé de tendresse, après tout je n'avais fais que répondre à une chose qu'elle-même avait faite une semaine plutôt. Cependant, alors que je commençais à prendre peur, elle s'approcha de nouveau de moi et enlaça ses bras autour de mon cou. Mes lèvres s'étirèrent encore plus lorsque la préfète des jaunes et noirs, s’empara à son tour de mes lèvres. A ce moment précis, les trompettes se firent entendre de nouveau mais une rugissement victorieux les accompagna.

Alors que je pensais que nous allions en restait là, la jeune femme osa aller chercher ma langue de la sienne. Chose, que je n'aurais jamais osé faire. Je n'étais pas un trouillard mais j'avais trop peur de la blesser ou de la vexer pour tenter ce genre de chose. Calypso était bel et bien plus franche et courageuse que moi. Cependant, cela ne m'empêcha pas de rejoindre la danse endiablée de sa langue contre la mienne. Je ne voulais plus que ce moment s'arrête, je voulais figer le temps, nous garder dans cet instant pour l'éternité. J'étais littéralement aux anges, je sentais ma respiration roulée contre la peau de Calypso. Mon coeur faisait des bons énormes dans ma poitrine comme s'il voulait en sortir pour venir se caler contre la jeune femme.

Lentement, je dépose ma main contre la joue de la préfète. Dans un mouvement de tendresse supplémentaire, je la caresse doucement sans pour autant rompre le contact de nos lèvres, sans vouloir prendre l'initiative de quitter cette danse effrénée. Cependant, j'avais retenu mon souffle depuis le début et je n'eu pas d'autre choix que de rompre le contact. Un énorme sourire aux lèvres, je pose mon front contre celui de Calypso en reprenant ma respiration.

Si l'on me demandait de produire un Patronus, là tout de suite, je produirais sans doute un patronus corporel parfait et incroyablement puissant. En cet instant, j'étais le garçon le plus heureux du monde. Plus rien d'autre ne comptait en dehors de ce baiser et de Calypso. Oui, je devais bien l'admettre, depuis la mort de mon père je n'avais plus été aussi heureux. Elle était la seule qui arrivait à me faire sourire aussi béatement pour tout et n'importe quoi. Enfin, là ce n'était pas pour n'importe quoi. Mon sourire traduisait tout ce que je ressentais, tout ce que je ne pouvais qualifier, il n'y avait pas de mots assez fort pour définir mes sentiments actuels alors un sourire béat avait la valeur de mille mots.

"C'est toi qui me fais sourire."

Ce dernier ne pouvait s'étirer encore plus mais s'il avait pu il l'aurait fait au contact de la main de la jeune femme contre mon torse. Sa main était placée juste au dessus de mon cœur. Coeur qui battait la chamade à une vitesse folle, les battements de mon cœur devait sans doute se répercuter contre la main de la préfète.

"Et toi ? Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ?"

Elle s'empara furtivement de mes lèvres avant de prendre un air innocent avant de rire, ce dernier devait être contagieux car il m'atteint aussi et je ris avec elle. Tout ce que je voulais, c'était resté ici éternellement. Ne jamais quitté cette salle de bain, ne jamais quitter Calypso. Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. La jeune femme émet l'hypothèse que les autres préfets peuvent débarquer à tout moment et nous surprendre. Évidemment, ça me dérangerais mais je fais suffisamment flippé les autres préfets pour ne pas qu'ils m'embêtent avec ça. Calypso s'éloigne de moi pour quitter l'immense baignoire et me demande de me retourner, je pivote et fixe un des nombreux robinets du regard tout le temps nécessaire pour qu'elle sorte de l'eau et enfile ses vêtements. Une fois, la Poufsouffle habillée nous inversons les rôles et je m'efforce de me rhabiller le plus rapidement possible.

Rester discret, ok pas de problèmes. Ca ne m'aurais pas déranger de "m'afficher" en public avec elle mais bon, je n'ai pas envie de la froisser ou de la gêner alors je me contente d’ hocher la tête en souriant. Je pouvais comprendre qu'elle ne voulait pas qu'on l'embête parce qu'elle sortait avec l'un de ces mages noirs de Serpentard, surtout le préfet flippant qui parle aux serpents.

"Oui, d'accord, pas de problèmes."

Je lui offre un nouveau sourire puis m'approche d'elle avant de l'embrasser tendrement une dernière fois.

"Je vais prendre un chemin différent du tiens pour rejoindre le hall, histoire de rester le plus discret possible."

Un clin d’œil plus tard, je prends la direction de la bibliothèque avant de m'y arrêter quelques instants puis de reprendre le chemin de la salle commune des serpents.