Thea profita de sa dernière soirée pour se rendre à l’une des fameuses soirées d’Apollon. Elle essaya, en vain, d’amener June avec elle mais cette dernière lui expliqua qu’elle préférait perdre la bénédiction d’Artemis plutôt que d’écouter une énième chanson faite par le dieu du soleil. Thea se rendit donc à la soirée seule et, pour la première fois depuis son arrivée au Club Mydh, se jura de ne pas prendre ne seule goutte d’alcool. Armée d’un verre de soda, elle s’installa aux premières loges du feu de camp. La thématique de la soirée : la musique. Thea écouta pendant une heure d’excellents musiciens jusqu’à l’arrivée tant attendue d’Apollon.

Le solo de banjo d’Apollon divisa largement la foule. Certains étaient lassés, voire agacés, par la présence du dieu, alors que l’autre moitié de l’audience était ravie de voir le dieu jouer quelque chose d’aussi singulier. Thea était plutôt dans cette deuxième catégorie : Apollon n’était-il pas un lanceur de mode, après tout ? Peut-être que dans quelques semaines, tout le monde se mettrait à jouer du banjo des rythmes… aussi spéciaux.

Après une heure à écouter Apollon, Thea changea d’avis. Elle n’avait qu’une seule envie : prendre ce banjo et se pendre avec les cordes. Elle n’en fit rien car elle découvrit alors qu’il y avait pire que le solo de banjo : le banjo accompagné par la voix d’Apollon. Thea ne pouvait pas dire que le dieu chantait mal, sa voix était incroyable, mais les paroles ? Le rythme ? Thea songea que le suicide n’était peut-être pas la solution. Peut-être que la solution, c’était tout simplement de tuer le dieu.

À peine la pensée effleura-t-elle son esprit qu’Apollon la transperça de ses yeux. Il l’invita alors à rejoindre la scène, elle qui semblait savoir mieux que tout le monde. Thea était horrifiée et exaltée en même temps. Horrifiée car elle ne savait décemment pas jouer du banjo mais exaltée car elle aimait apprendre de nouvelles choses ! Malheureusement, même dans ses pires cauchemars elle n’aurait pu imaginer l’humiliation dont elle allait être victime : le banjo se désaccorda à l’instant où elle en approcha ses doigts et deux cordes lui restèrent dans les doigts. Mortifiée, la sang-mêlé retourna à sa place après cinq minutes de regards globuleux fixés sur elle et Apollon pu reprendre son spectacle.

Le reste de la soirée se passa sans encombre mais Thea avait toujours le sentiment d’humiliation qui lui picotait le bout des doigts. Elle tenta de noyer sa gêne dans la nourriture et avala une quantité astronomique de marshmallows - dont la plupart lui brûlèrent la langue au point qu’elle dû en recracher certains sous le regard amusé (?) d’Apollon. Ce dernier finit par quitter la scène après avoir déclamer quelques haïkus douteux et Thea rentra dans son bungalow lorsqu’un groupe de metal commença à jouer de la façon la plus horrible du monde. Elle songea, en repartant, qu’Apollon n’était pas si terrible - enfin, peut-être pensait-elle ça parce qu’elle n’avait pas à le supporter tous les jours.

Thea passa le reste de la soirée à faire ses valises et attendre le moment libérateur où elle pourrait retourner chez elle. Ce Club fermait le lendemain matin et il était grand temps qu’elle retrouve un lit digne de ce nom.