20 décembre 2024

L’air était glacial. June ferma les yeux pour l’apprécier davantage. Elle laissa l’air marin emmêler ses cheveux, l’iode se coller à sa peau, le froid lui mordre la peau. La petite embarcation sur laquelle ils se trouvaient avançait lentement, comme pour faire durer cette attente un peu plus. C’était à la fois grisant, excitant et terriblement frustrant. June avait déjà envie d’accoster, d’être là-bas et non ici, mais en même temps, voir la distance se réduire aussi lentement lui faisait apprécier chaque minute qui la séparait de l’île.

La main de Cassandre se retrouva dans la sienne. Elle ne lui accorda pas un regard, elle n’en avait pas besoin. Ses émotions étaient palpables, miroir des siennes. June serra ses doigts, un sourire aux lèvres. Cette île, c’était comme rentrer à la maison. Tout y était rassurant, dépaysant, plaisant. June n’aurait jamais osé le penser, mais c’était ce lieu qui correspondait le plus à un foyer. Là-bas, elle était chez elle plus que partout ailleurs. Évidemment, cette pensée insidieuse allait à l’encontre de sa loyauté envers Diane et les Chasseresses, donc elle ne s’autorisait pas à la formuler. Seulement à la ressentir.

June rouvrit les yeux et chercha des yeux Cassandre. Ce garçon était comme un bout d’elle-même. Elle détestait le voir grandir mais elle était si fier de lui, de qui il était. Il était l’une des personnes qu’elle aimait le plus au monde et elle aurait parcouru le monde entier à ses côtés s’il lui avait demandé. Ses sentiments à son égard était comme ceux d’une grande soeur car elle avait pour lui un amour inconditionnel mais, en même temps, son coeur se serrait de le voir grandir et s’éloigner d’elle. Parfois, elle avait cette envie viscérale de l’enfermer dans un bloc de glace pour qu’il arrête de vieillir, qu’il cesse d’être un mortel dans son monde immortel.

« Bientôt arrivés, les jeunes ! »

June tourna son visage vers la vieille conductrice. Elle souriait de toutes ses dents (enfin, celles qui étaient encore là) dans son vieux ciré décoloré par l’air marin. Elle aurait dû ne pas faire de traversée aujourd’hui, entamant ses vacances de noël, mais elle avait fait une exception pour Cassandre et sa famille. Comme si j’allais séparer le p’tiot de ses mères ! June hocha la tête poliment vers elle. Elle était prête.