que des tord-boyaux que des coups d'poignard — Kleman
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Vanni De MediciLégionnaire de la 5e cohorte
que des tord-boyaux que des coups d'poignard — Kleman
Sam 12 Oct 2024 - 22:55
me dépecer
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rouiller
J'les égratigne c'est du gratin j'étais
déjà fatigué du matin j'persévère
tu m'fais flipper comme un clodo quand il perd ses vices on compte percer vite
déjà fatigué du matin j'persévère
tu m'fais flipper comme un clodo quand il perd ses vices on compte percer vite
Vanni marche — divague et siffle, chevalière enfoncée au bout de la phalange. Elle balance autour de la chair, la caresse et parfois se resserre dans une étreinte impertinente. Vanni ne fait plus attention lorsqu'elle trébuche au bout de l'ongle et qu'elle pourfend la terre.
Alessia retrouve toujours les objets perdus — il soupçonne qu'elle soit sorcière entière, les tarots dans le sac à main et la sauge qui fait frémir l'échine à chaque fois qu'elle s'allume dans la chambre.
Les étoiles, les astres et les nébuleuses — ces merveilles qui constellent un univers bien trop grand, Vanni s'en désintéresse complètement. Il ne comprend rien, à ces explosions de poussière, aux aérolithes mortes qui n'ont de cesse de briller — céleste ou non, il préfère le concret de ce qu'il peut toucher, des gorges à érafler, des carcasses à saigner.
La candeur bave d'une démesure affreuse autour de lui — les sourires font frémir sa carne de la plus perfide des façons, s'accroche à sa barbaque comme les poux sur les poules. Affreux affreux affreux, il pourrait en vomir, de les voir s'enserrer comme des adelphes du même sang.
Ses pas s'allongent et gravent le chemin des semelles épaisses qui couinent — son parfum brûle les synapses, Vanni veut s'assurer qu'on sache qu'il est là, qu'il arrive.
Pourtant ! Vanni retrouve un sourire large — discrètement, il approche des corps qu'il connaît, de ces silhouettes ténues que ses doigts ont déjà comprimées. Kleman est là, c'est sûrement une chance — sa chance de venir encore mordre à ses oreilles.
Vanni est léger dans ses sauts perchés — observe un instant les descendants qui ne font que rire rire et rire. C'est insupportable autant de joie de vivre ! Vanni désespère presque — Kleman est là, il faut se focaliser sur lui.
Brutalement, les paumes cognent contre la rondeur des épaules — pressent et secouent violemment jusqu'à venir dissimuler les paupières veineuses de bleu et de rose.
Tu m'as pas vu arrivé hein ? Devine qui c'est ! Ok j'te balance, c'est Vanni ! T'es surpris ? L'embrassade se rompt, Vanni éclate de rire — s'en tord le bide. C'est la même farce depuis des mois, celle du m'as-tu-vu, devine où je suis, attention il va faire tout noir.
Vanni comprend la douleur de la différence — de l'indifférence qu'elle provoque mais il s'en moque. Car lui peut rendre les coups, avaler le sang et consumer l'air jusqu'à l'asphyxie.
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Kleman DunnPensionnaire
Re: que des tord-boyaux que des coups d'poignard — Kleman
Dim 13 Oct 2024 - 12:04
Les jours où je ne me faisais pas rouler dessus par Alexis, je m’acharnais à devenir de plus en plus à l’aise à la Colonie. La maîtresse d’armes de Théa avait réussi un exploit : réveiller en moi un peu d’espoir ? Un peu de hargne ? Quelque chose de suffisamment brûlant pour me donner l’énergie de me réveiller tous les matins et d’occuper chacune de mes journées. Théa ne pouvait pas être constamment là, June ne pouvait pas passer son temps à me surveiller, Chiron refusait que je fasse plus don de ma présence à la Nouvelle-Rome qu’ici, même avec les meilleurs prétextes. Je devais bien m’occuper tout seul comme un grand pour ne pas risquer de me retrouver comme hier soir. Seul, assis sur le bord de mon lit, à faire le bilan de ma vie et d’à quel point elle n’avait pas le moindre sens. J’en étais même venu à me dire que j’aurais eu plus de chances d’être heureux ou d’avoir un avenir viable si j’étais resté sous les coups de mon père. Je m’étais même surpris à me demander où il pouvait bien être, ce qu’il pouvait être devenu. Avant que la faille intersidérale du néant de mon existence me happe.
Les dieux étaient de sacrées merdes. Voilà une pensée qui m’aidait au moins à dormir.
Et le matin, je me réveillais, la rage au ventre, prêt à retourner la terre entière, à arracher quelques mots positifs de la bouche de la fille d’Arès, à me sentir un peu moins flotter au-dessus du sol.
C’est pourquoi je m’étais infligé l’amphithéâtre. Déjà que je n’y passais pas beaucoup de temps avant tout ça. Les chants au feu de camp, très peu pour moi, merci. Je n’avais pas eu pléthores d’occasions de me faire une idée assez précise d’à quoi ressemblait cet endroit. Je le découvrais lentement, à travers les conversations endiablées des enfants d’Apollon bien trop occupés à répéter leur toute nouvelle pièce de théâtre pour faire attention à moi. Je le sentais se dessiner sous mes doigts en longeant les gradins. Je l’entendais se courber dans l’écho des voix d’un bout à l’autre du bâtiment.
Le tout avait de quoi me donner la gerbe. C’était parfois trop intense ce genre d’explorations sensorielles. J’en perdais la notion du temps, qui n’était déjà pas mon fort, et le sens des choses. Il me fallait souvent bien trop de temps à mon goût pour me souvenir d’où était la sortie de ce genre d’enfer.
Typiquement, là, j’ignorais complètement depuis combien de temps j’étais assis sans rien faire sur les pierres glacées. Mais suffisamment longtemps pour que ce connard me retrouve.
Le retour de Théa et la découverte du camp romain n’avait pas apporté que des bonnes choses. En l’occurrence, les petits merdeux qui étaient restés bien parqués dans leurs casernes à la con, avait décidé de se déverser à la colonie. Est-ce qu’il m’avait suivi ? J’avais vraiment une poisse… Alexis ne pouvait plus prétendre le contraire. En-tout-cas, je croisais trop souvent sa route à la Nouvelle-Rome et la colonie perdait maintenant son statut de lieu-sans-cet-abruti-de-service.
Son jeu préféré ? Venir m’attraper et me secouer comme si on était les meilleurs amis du monde à des moments complètement random. Je ne l’entendais jamais arriver ce qui avait tendance à me rendre parano dès que j’étais tout seul à me promener dans les rues de chez lui. Mais ici, c’était chez moi et il commençait à me taper sévère sur le système.
Tu m'as pas vu arrivé hein ? Devine qui c'est ! Ok j'te balance, c'est Vanni ! T'es surpris ?
Son rire me donnait autant la gerbe que de passer une journée complète à l’amphithéâtre. On ne se connaissait pas, qu’est-ce qu’il me voulait ? Qu’est-ce que j’avais bien pu faire pour mériter ce genre d’attention ? En-tout-cas, s’il cherchait à me voir craquer après des mois de "bousculades malencontreuses", il allait être servi. L’endroit était rempli de pensionnaires ? Qu’à cela ne tienne, s’il avait besoin de public pour se donner en spectacle, je ne pouvais que répondre à la demande.
Il n’était pas loin, je pouvais sentir son odeur comme si j’avais mon nez directement dans son cou. Je m’étais retourné pour planter mes yeux dans ce qui devait être les siens et empoignais son vêtement. Difficile d’apprécier les distances dans le noir et je lui avais enfoncé mon poignet dans la gorge sans faire exprès en le ramenant à moi, mais je n’allais certainement pas m’en excuser.
« C’est quoi ton problème putain ? Tu veux pas me lâcher la grappe du-con ? »
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Vanni De MediciLégionnaire de la 5e cohorte
Re: que des tord-boyaux que des coups d'poignard — Kleman
Mer 16 Oct 2024 - 20:02
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déjà fatigué du matin j'persévère
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déjà fatigué du matin j'persévère
tu m'fais flipper comme un clodo quand il perd ses vices on compte percer vite
Sa carne est balancée dans tous les sens et la rondeur des cinq phalanges vient même heurter la pomme qui roule à travers la gorge. Ça force Vanni à déglutir plusieurs fois — à tordre ses babines dans une grimace acculée vers le bas.
Rien n'empêche cependant le garçon aux cheveux ébènes de rire — entre une quinte de toux mal dissimulée.
Kleman ne s'énerve jamais, d'ordinaire. Kleman laisse Vanni écraser ses éclanches, froisser ses vêtements — hurler à ses oreilles tout et n'importe quoi. Mais jamais il ne se permet d'accrocher le col avec maladresse, de vider ses poumons sans prendre le temps de respirer.
Pourquoi je ferais ça Kleman ? Je m'amuse trop avec toi ! En plus c'est la première fois que tu me touches. J'te plais ? Tention' hein, j'en ai encore pleins qui attendent un tour. — ses talons s'ancrent fermement dans le sol et les badigoinces ne se tordent plus. Elles s'élancent pour former un sourire moqueur, dents à l'appui qui manquent d'écraser la chair vermeille.
Vanni n'est pas très doué pour se battre — il préfère jouer de la peur et des coups-bas. C'est comme ça qu'il survit dans un environnement trop inégal. Kleman peut bien abattre son poing dans le coin de sa trogne, esquinter une paume, briser un rêve. Vanni l'aime bien dans le fond. Vanni veut que Kleman le regarde — par tous ses autres sens. Que sa présence devienne une ombre calquée à la sienne. Tu veux m'cogner ? S'tu veux on s'tape et après on s'embrasse. Ou on fait les deux en même temps !
C'est une distance difficile à jauger pour quelqu'un comme Kleman — son souffle tiède macère avec le sien, ses pieds trébuchent presque contre ceux du garçon en face de lui.
Le spectacle n'offusque plus — les regards se détournent, certainement car il s'agit de Vanni, que les mains indélicates ont cogné et qu'ils se disent tous mérité. Mais Vanni s'en moque !
Vanni rigole et enserre dans une étreinte affreuse les poignets de Kleman, force à reculer jusqu'à le faire flancher contre le rebord des chaises. S'il ne tombe pas, Vanni le poussera — et s'il résiste, alors il devra mordre sa chair afin qu'il fléchisse.
J'ai entendu des trucs sur tes yeux. Sont pas cools les Dieux hein ? Pauvre Klem' ! Tu penses qu'ils ont fait un festin avec des martinis et tes loupiotes en guise d'olive ?
Kleman peut l'entendre sourire — Kleman peut le voir rire. Vulgaire, Vanni s'approche, patiente que l'autre frappe, se défende, fasse quelque chose.
Il s'emmerde et ça se voit.
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Kleman DunnPensionnaire
Re: que des tord-boyaux que des coups d'poignard — Kleman
Ven 18 Oct 2024 - 15:23
Sans avoir jamais vu sa tronche, il m’était si facile de deviner à quoi ce pauvre type pouvait bien ressembler. Son sourire, l’éclat sombre dans ses yeux, ses épaules voûtés sous sa tête de con. Il était exactement le même que ceux qui se moquaient de Théa et moi au Foyer, qui se permettaient de la traiter avec les mêmes mots que leurs pères traitaient leurs mères, qui s’autorisaient à inventer tout ce qu’ils s’imaginaient que renfermaient chacune de nos escapades par-delà les murs de l’enceinte, qui justifiaient leur jalousie, leur honte, leur envie, leur tristesse par des rictus, des signes, des bruits, que des enfants de leur âge n’étaient pas censés connaître. À l’époque, c’était Théa qui leur fermait le clapet de tirades tranchantes ne laissant jamais d’autres choix que la honte. Des mots qu’elle savait manier pour nous combler tout deux de l’ivresse, de l’exaltation dont se couronnent les héros, ceux sur lesquels personne ne mise et que personne ne voit venir avant qu’ils ne brillent. Une langue de sirène qu’elle avait emportée avec elle dans sa nouvelle famille, dans sa nouvelle vie où je n’avais pas ma place. Et comme la marée montante lorsque la digue cède, plus rien n’avait retenu le retour de leurs couleuvres.
Ma bouche à moi n’avait pas sa dextérité. Elle avait butté à chaque fois, sur mes mots, sur mes tremblements, sur chacune des aspérités de ce jeu qui n’avait jamais été pour moi. Chez moi, les règles se jouaient dans les silences, dans l’absence de regard, dans les départs en furie et les portes qui claquent. Et si rejoindre la Colonie avait échoué dans la mort des rumeurs, plus tenaces et fertiles que les cafards que j’avais quitté, cela n’avait que persister à créer ce fossé entre ce qu’était Théa et ce que j’étais.
Si mes mains sur son col donnaient le change, celui que ses mots touchaient au fond de moi n’éprouvait qu’une profonde fatigue. Quand bien même ce type pouvait avoir douze ans, pour ce que j’en savais, je n’avais plus envie de justifier ou d’excuser ce genre de gaminerie. Je voulais retourner à mon bungalow, m’enfermer, me reposer. Le simple fait de respirer l’air saturé de sel de l’amphithéâtre suffisait à contracter ma gorge et me refiler maux de tête et essoufflements. Après le remue-ménage de cette matinée, j’avais désespérément besoin d’air frais et d’une bulle de tranquillité. Et ce type polluait l’un et l’autre. Tout dans ses mots sonnait ridicule. Puéril. Il savait que je venais de lui laisser un boulevard en réagissant enfin à ses tentatives pitoyables de me sortir de mes gonds. J’avais été idiot. Mais la pliure de mon bras contre sa glotte qui ne faisait que fléchir, ses pieds qui écrasaient les miens, son poids qui pesait au bas de mon dos et me forçait à reculer. Voilà ce qui me faisait peur. Ce qui ne le rendait plus ridicule en rien.
Ses mains sur mes poignets, la sueur que je sentais sur ses paumes comme si elles venaient repeindre ma peau, les dossiers du rang inférieur contre mes mollets, mon poids perdu à l’arrière de mes talons et la désagréable sensation que mon poing sur son plexus ne le repoussait plus, mais me raccrochait avant l’immensité noire de la falaise derrière moi.
J'ai entendu des trucs sur tes yeux. Sont pas cools les Dieux hein ? Pauvre Klem' ! Tu penses qu'ils ont fait un festin avec des martinis et tes loupiotes en guise d'olive ?
Ses mots ricochent sur mes lèvres. Un long frisson de dégoût zèbre mon dos d’une omoplate à l’autre. Alors soudain, son haleine n’évoque plus la chaleur humide des derniers jours de septembre, mais celle brûlante des freins limés qui avait envahit ma bouche, imprimée mes gencives, étouffée mes pores sur cette putain d’asphalte. Sans défense, une seconde avant que la peur me dévore. Tout s’était éteint dans mon corps, mais cette fois, je comptais bien ne pas finir dans le décor. Si mes mains pouvaient mordre sa chair plutôt que la mienne en serrant plus encore les phalanges. Si ma respiration sur ses lèvres pouvait lui rendre toute la haine qu’il venait de dénicher au fond de moi tel le trésor qu’il s’était évertué à excaver. Si seulement il pouvait prendre pour tous les autres, je n’avais aucun scrupule.
Il souriait, je le savais, je n’en aurais pas donné moins à sa place. J’allais lui rendre, une gueule béante de carnassier, dévoilant chacun de mes crocs. Il se trouvait sur ma route et j’allais prendre plaisir à mettre les pleins phares et écraser l’accélérateur comme il écrasait mes pieds.
« Tu veux jouer à ça ? »
Rapprochant mon visage toujours plus près, j’avais frôlé son nez juste assez longtemps pour me mettre moi-même mal à l’aise si je n’excellais pas dans ce rôle qu’il me poussait à renfiler. J’avais longé jusqu’à son arête du bout du mien en murmurant ma question. Je n’attendais pas de réponse, j’avais ce que je voulais.
Prenant tout l’élan que ce qu’il me donnait comme appuis pour me préserver de la chute, j’écrasais mon front sur ses nasaux sans me retenir. J’espérais le sang, la surprise, peut-être même un éclair de regret dans ses yeux que je me délectais à imaginer sans son aide tandis que je le repoussais en arrière. J’avais mis toute ma force sans savoir sur quoi ou qui il pouvait bien tomber. Je préférais me dire que son crâne avait heurté le coin d’un siège suffisamment fort pour qu’il ne se relève pas. Cette version me plaisait assez. Je n’avais pas besoin de rester pour la confirmer.
Je n’avais pas la moindre envie qu’il ouvre plus sa grande gueule de merde et qu’il me donne encore plus en spectacle qu’il ne l’avait déjà fait. S’il voulait remettre ça, il n’avait qu’à me suivre. Moi, je débarrassais le plancher d’un pas fumant en longeant les gradins sans perdre le rebord de la fausse falaise du contact de mon mollet.
Qu’il revienne, d’ailleurs ! J’avais des années de haine, de rage et de frustration à évacuer et une excellente professeur pour m’apprendre à ne pas perdre un adversaire en combat singulier.
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Vanni De MediciLégionnaire de la 5e cohorte
Re: que des tord-boyaux que des coups d'poignard — Kleman
Ven 18 Oct 2024 - 21:19
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Vanni connaît les rixes sur le bout des doigts — il connaît le goût métallique qu'elles provoquent, les rivières pourpres qui glissent bruyamment du nez et des babines lacérées.
Ses ongles finissent par percer la peau de Kleman, il force encore afin de le faire tomber mais lui rétorque. Ses bronches gonflent subitement et palpitent rapidement — le grenat manque de rater un pouls. La proximité l'électrise — même quand elle n'a rien de naturel, qu'elle ne doit pas faire danser les idées en rêves lascifs. Vanni ne peut s'empêcher — quand la courbe du nez frôle la sienne, il a perdu le décompte des chiffres et, prêt à abandonner l'emprise qu'il soutient, Kleman abat son front par dessus l'arête de son museau.
Toute sa barbaque bascule ! Vanni resserre l'étreinte des paupières et appuie avec ardeur contre le milieu de la gueule — il n'est pas insensible au tourment. Sa tête remue dans tous les sens afin de faire partir la douleur — son sourire est grand. Kleman à le sang-chaud ! Lui qui l'a si froid ! Vanni crève de froid et Kleman à ce brasier qui calcine — il part ! Vanni se fiche de se montrer en spectacle, de se faire marteler puis écraser.
He connard ! — Vanni laisse son poing fendre l'air, craquer contre les côtes du garçon en face de lui. Je pensais que t'allais m'embrasser, je suis déçu !
Rustre, désarticulé, Vanni s'agglutine contre Kleman et laisse une de ses guiboles enlacer la sienne avant de le faire tomber — comme ces chevaliers impies et leur roi, les deux s'accordent dans une chute pitoyable à côté des gradins.
Vanni par-dessus, les genoux foulent la terre — dos tordu vers l'avant, le carmin suite des pores et de la cicatrice à nouveau ouverte. Il voudrait geindre le prénom de Kleman à vive voix, provoquer honte et mépris de sa part. Sale connard, pourquoi tu joues le toutou comme ça ? Merde tu t'es vu ? Tu veux pas t'mettre à quatre pattes pour que ça glisse plus vite aussi ? Sa paume glisse jusque son menton — râpe l'ivoire dissimulé par la peau et finit par frapper avec hargne l'épaule.
Ce sont des râles bestiaux qui s'échappent de l'œsophage, un ruisseau fluide qui coule au compte goutte contre le fils de Tyché.
Il se souvient des murmures dissimulées de la brume — des enfants qui se plaignent de lui. Vanni veut qu'il perce sa chair, le contraigne à s'incliner — à tordre son cœur de sorte à ce que les déités ne le reconnaissent plus comme un des leurs. Il paraît que t'étais plus hargneux avant hein.
Ses rotules tournent contre les côtes et enserrent, serrent et étreignent véhémentement — Vanni voudrait qu'il ne respire plus sous sa carcasse dégueulasse.
Mais Vanni n'est pas un meurtrier — c'est un charognard qui se sustente des restes avec panache, il n'a pas besoin de trier le meilleur bout de croupe. Il se repaît de tous les recoins — même les plus infâmes.
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Kleman DunnPensionnaire
Re: que des tord-boyaux que des coups d'poignard — Kleman
Mar 22 Oct 2024 - 12:10
Putain, il pouvait pas me lâcher ?! Visiblement, lui écraser son gros pif était encore trop subtil comme signal. Je sentais son sang couler le long du mien. Non seulement, je m’en fichais, mais en plus, je n’avais pas de temps à lui consacrer. Il fallait que je me tire loin de ce malade. Son poing avait cueilli mes côtes alors que je pensais avoir creusé la distance entre nous, m’arrachant un souffle de surprise.
Je pensais que t'allais m'embrasser, je suis déçu !
Mais qu’il était lourd avec ça ! C’était quoi son problème ? Et est-ce que quelqu’un pouvait m’expliquer pourquoi est-ce que ça tombait sur moi ?
« Et moi, je pensais que t’allais la fermer. La vie est injuste, hein ? On peut pas tout avoir. »
J’avais grommelé tandis qu’il avait fondu sur moi. La même sensation poisseuse, désagréable, de langue de vache. Ce type était une sangsue. Un violent frisson et sa jambe fauchait les miennes de tout son poids. Une sensation effroyable de chute infinie. Puis le béton brutal et froid au bas des gradins. Mon cœur avait plongé du haut de la falaise, tordant tout mes muscles d’éclairs de terreur. Mon menton avait mordu le sol avant que mes mains puissent se dégager et rattraper notre chute.
Sale connard, pourquoi tu joues le toutou comme ça ? Merde tu t'es vu ? Tu veux pas t'mettre à quatre pattes pour que ça glisse plus vite aussi ?
Ce type me donnait envie de vomir. J’en venais à regretter le Tortionnaire qui avait au moins le mérite de ne pas me faire suinter de dégoût, ou que le camion n’ait pas été plus clément en terminant le travail.
Mais rien ne servait d’attendre les dieux ou que les autres mortels mettent fin à mes souffrances. La vie me l’avait suffisamment appris. On ne pouvait compter que sur soi pour se faire maître de son destin en y mettant fin.
Il m’écrasait, et aucun pensionnaire ne daignait arrêter le massacre qui s’annonçait. Ses genoux enserraient mes côtes, son poids imprimait mon bassin sur les gravillons, mon menton ruisselait et encore ses paluches sur mes poignets qui me donnaient l’impression qu’il me tenait en cage. Avec un râle de rage et de frénésie, je me retourne refusant que son couteau se plante dans mon dos. S’il voulait m’abattre qu’il le fasse en me regardant mourir dans les yeux. Sa main s’était plantée dans la plaie de mon menton et je serrais les dents pour ne pas gémir. Mon épaule essuyait le coup suivant, enfonçant les cailloux sous ma peau. Mais c’était son sang qui goûtait entre mes lèvres qui achevait de m’écorcher.
Il paraît que t'étais plus hargneux avant hein.
Aucun pensionnaire ne daignait arrêter le massacre. Aucun.
Il voulait de la hargne ? Il voulait du spectacle ? Il voulait du sang et des jeux ? Je n’étais qu’un humble serviteur.
Le reste n’avait été qu’un brouillard de sang, d’os et de cris.
Je me souvenais de ses ongles raclant ma chair, du bruit des poings sur les ossements, des mains qui glissent sur le sang, des articulations râpant sur le sol, de mes dents se refermant jusqu’aux veines, de la douleur fulgurante comme un orage, du tonnerre grondant de la vengeance, des hurlements affolés des pensionnaires, l'acharnement implacable de mes poings sur son corps, toujours plus forts, toujours plus violents, toujours plus rapides. Puis le calme saisissant.
L’odeur du propre, un peu entêtante des soins. L’impression d’être retenu de force, coincé dans des draps trop serrés, dans des mains de tissu, enchaînant bras, jambes, côtes. Chaque mouvement pour se redresser jetant des flèches de douleur à travers mon corps et des grognements de supplice. Et le silence de l’endroit. L’infirmerie était bien trop muette.
« Y a quelqu’un ? »
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