Enfance banale dans un monde où les Dieux ne sont pas cléments — où la descendance prime plus qu'un mérite quelconque.
Vanni — exècre l'élitisme pompeux de ceux pouvant accéder à tout comme un besoin nécessaire.

Il naît le 17 Novembre 2007, dans le froid glacial de l'hiver — Alessia naît seulement quelques secondes après. C'est lui le plus grand ! Il est l'ainé et donc — d'une façon qu'il juge légitime, le plus responsable.
Mais la réalité est bien loin de ce qu'il prétend aux poupées de chiffon sur son lit — ses pleurs sont bruyants lorsque le tonnerre gronde, il vient se nicher sous les draps douillets d'Alessia, réclame que ses phalanges chassent la peur de son esprit. Il faut que son âme en osmose avec la sienne — apaise son cœur et libère enfin la brume tumultueuse qui gît au fond de son ventre.
Vanni et Alessia grandissent loin de l'oppulence. Leur père vient de chez les mortels — d'une famille à l'aisance financière imposante, à la réputation de cristal.
Mais ici — Lui n'est rien, à côté de ceux qui s'élèvent parmi les astres. Ici — il est comme les autres et ça ne lui a jamais plu.
Centurion dans une adolescence d'or — Lorenzo ancien légionnaire n'est désormais plus qu'une ombre sous le crépuscule, s'efforce de candidater autant que possible afin d'intégrer le Sénat tout en exerçant son métier de verrier à côté.
Vanni trouve ça pathétique — de l'entendre scander à longueur de journée qu'il faut être méritant afin de réussir, que tout vient à point à qui sait attendre ! Mais Vanni sait que ce n'est pas vrai — s'il est si honorable, pourquoi le regarde t-il encore l'échine courbée, à raturer encore et encore des discours sur la grande table du salon ?
Heureusement sa jumelle est là — dans les nuits noires, ils s'amusent à se courir après dans le jardin, à rouler dans la terre et à faire valser brume et poupées par dessus la tête. C'est un peu par hasard qu'il découvre peu après ses cinq ans qu'il peut voir dans le noir — ça change les jeux poupons, lui gagne toujours, dans la pénombre ! Alessia ne peut se cacher dans les recoins lugubres — la sorgue est son palais.
Vanni s'ouvre un jour l'arcade sourcilière et la joue — c'est une blessure immonde qui ne le fait pas pleurer ! Car elle l'enveloppe tendrement — caresse bras et nuque, l'empêche d'avoir terriblement mal.
La brume est une seconde mère qui materne et aime — le protège des regards du monde.
Il regarde à travers le miroir de l'hôpital les agrafes qui sertissent l'épiderme.
Vanni aime les nuits sombres, celles où ni la lune ni les pléiades se promènent dans le ciel — les nuits où la brume est seule inquisitrice, grippe ses poignets et s'amuse avec lui en prenant des formes patibulaires.

À l'aube des dix années passées — Alessia et Vanni partent pour le camp Jupiter.
Lui n'en a pas envie, il aurait aimé resté à côté de Maria — à gribouiller sur les pans blancs de la chambre, les monstres qui apparaissent comme des apôtres à travers ses songes. Ici, Vanni rejette ses adelphes — il est le chien qui aboie et mord, le loup qui chasse et dévore mais jamais la proie.
Il veut être craint et détestable autant que lui déteste et appréhende le monde. C'est une rixe constante où il doit gagner pour survivre.

Les quêtes qu'on lui propose sont rares — enclin à l'abandon des autres, si ce n'est pour sa sœur qu'il se montre loyal et sage. On l'envoie le plus souvent faire des missions avec elle afin d'être certain que ses défauts ne prennent pas l'ascendant.
Mais le naturel revient vite au galop, quand les efforts constants apportent un contentement général des plus grands — Vanni retombe dans l'excès, une emphase tragique qui le pousse à être violent, à jurer et cogner de ses poings, de sa serpe, de son cœur.
L'ouverture du dédale n'a été qu'une énième raison à sa rage et son envie — Alessia s'élève et lui flanche. Lorenzo et Maria sont contents pour elle — lui, il est un énième problème qu'ils peuvent ignorer car il est ici et pas ailleurs.
La rencontre avec les grecs provoque en lui une jalousie plus perfide encore — eux sont bien plus libres, plus oisifs ! Vanni est bloqué avec des tortionnaires qu'il abhorre de tout son corps.

Vanni déteste les loups et les quêtes — abhorre centurions et légionnaires. Sa serpe dans la main et poupée d'Alessia sur l'épaule, il patiente que la brume s'élève afin de s'échapper, d'agripper les paumes et d'échancrer les poitrines, scinder organes et rêves.
Il faut que le monde devienne rouge — carmin puis bordeaux.