TL/DR:

Cassandre était perplèxe ? Est-ce qu’il aurait fallu attendre d’être devant le château pour mettre son costume ? Drew était sorti de sa maison avec le sien, mais lui avait fait peur à l’autre enfant qui vivait dans chez eux. Ce n’était pas quelque chose de bien non ? Pourtant Drew en avait rigolé et d’autres gens avait hurlé sur leur chemin.
Cassandre n’aimait pas beaucoup cela. Et l’arrivée au château avait été un soulagement. Enfin, le calme. Enfin, l’absence de foule, de moteurs, de conversation.
En revanche, Cassandre aime particulièrement ce qu’il voit. Derrière les verres fumés de son masque de médecin de la peste, il ne peut s’empêcher de lever le nez toujours plus haut pour admirer le brouillard caresser les vieilles pierres, le lierre et les immenses chaines qui accrochent le pont-levis. Son rythme ralenti, il tourne et retourne sur lui-même de peur de passer à côté du moindre détail. Milimètre par milimètre, il finit par rejoindre Drew en traversant les lourdes portes.
L’ambience est juste assez fascinante pour ne pas le rebuter le moins du monde. Un diablotin ? Qu’importe. Un rire malsain ? Et alors ? Le monsieur de l’entrée était bien un squelette sans que ça ne dérange personne et de toute façon, le plus important est la sensation fraîche et douce de la rambarde de l’escalier qu’ils montent.

 « J’adore la musique, c’est super thématique. »
Cassandre reporte enfin le regard sur Drew qu’il a du mal à distinguer sous son maquillage.
« Tu veux danser ? Manger ? Faire le tour ? Je sais même pas quoi faire en premier ! »

Le diablotin ne semble pas d’avis de leur laisser le choix et pousse un cri en les menaçant de sa queue pointue. De nouvelles portes se referment sur eux, les acculant dans une immense salle de bal. Arrivés les premiers, l’endroit semble monumental.  Quittant les recoins de son long manteau, par ses manches brodés, par les interstices du cuir de son masque, sa Brume s’envole d’un coup pour tapisser le mur derrière lui de gris jusqu’au plafond voûté. Comme si elle respirait enfin.

« Euh… Est-ce qu’on peut faire le tour ? Visiter avant qu’il y ait trop de monde ? S’il-te-plaît ? »

Une poignée de chips à la main, le faux col déboutonné pour pouvoir manger, les oreilles bourdonnant de l’ambiance à la fois joyeuse et pesante de la soirée, je me demandais enfin pourquoi j’avais accepté de venir.
Cette situation devenait bien trop récurrente à mon goût : une fête, quelqu’un trop relou pour me forcer à venir, moi qui accepte en pensant que c’était une bonne idée, moi qui me demande ce que je fous là une fois sur place, moi qui regrette. Mais visiblement, je n’étais pas doté de la fonction « intégration de l’expérience » ou trop fourni en « espoir ».

J’avais fait confiance à Leo pour les costumes et de ce qu’il m’avait résumé de son idée, j’étais un prisonnier ? sans tête ? et ma tête se baladait à la taille du fils d’Hadès ? qui lui était bien évidemment un bourreau sanguinaire. Pour ce que j’en savais, il pouvait aussi bien m’avoir habillé en infirmière sexy ou en soubrette.
Cette vision avait de quoi me faire cauchemarder pour des siècles.

Heureusement pour moi, Leo était plus occupé à faire la liste des invités à voix haute et de l’intégralité de ce qu’il se trouvait sur le buffet. Enfin, c’était jusqu’à ce qu’il s’arrête en plein milieu de sa phrase et parvienne enfin à attirer mon attention.
Un bruit de talons et un gloussement m’indiquaient ce qui avait bien pu lui ôter les mots de la bouche. Enfin, pas vraiment, on était dans un bal, tout le monde gloussait pour rien et toutes les filles s’étaient ramenée en talons aiguilles. Mais, j’étais joueur.

« Salut Caly. Tu es magnifique, dis donc. C’est vraiment super bien fait ton costume ! »

Le pif était total, mais suffisamment flou pour que les deux se contentent de me donner la chandelle, que je puisse la tenir bien haut pour éclairer leur amour adorable.

Du sang avait dégouliné jusqu’en haut de ses pommettes, tel un masque macabre. La magie de Shae offrait des miracles de réalisme, tandis que celle d’Elayne teintait ses cheveux, cils, sourcils d’un noir abyssal. Des canines pointus, un costard noir de détails carmin et une longue cape d’un rouge velours, effleurant le sol d’une traînée de sang absolument suspecte.

Clayton adorait Halloween. Clayton n’aurait raté cette fête pour rien au monde. Clayton était le Roi des Vampires et tout bon souverain devait… avoir… une Reine… à ses côtés. C’était la règle des Vampires. Voilà. Pas du tout une justification. La réalisation de sentiment insoupçonnée fut brutale et que son obsession tenace ne soit pas juste une obsession était étrange, mais… pas dérangeant. Pas du tout même. Clayton exposa ses canines dans un grand sourire à la seconde où ses billes vertes trouvèrent, un peu plus difficilement que d’habitude, ce qu’elles cherchaient.

Ma Reine.

Une courbette désabusée plus tard et Clayton plaça délicatement une couronne argentée sur le haut du crâne d’Ava. Une couronne argentée au loin. Sertis de fausses dents humaines de près.