S’il pouvait s’occuper du reste, il était possible qu’on se tire d’ici plus vite que prévu. Je me demandais si c’était l’occasion de faire une pierre, deux coups, et de bifurquer vers Boston ensuite. J’en avais parlé avec mon inconnue des lettres. Elle n’avait pas encore répondu, quelque part, j’attendais comme sa bénédiction pour partir. C’était la seule personne qui comptait presque autant que Théa. La seule avec laquelle je me sentais pleinement moi-même, débarrassé des masques de bienséance et des rôles de "pensionnaire de mes deux". Je ne voulais pas partir comme un voleur. Pas avec elle. Paloma pouvait rester dans le flou, je préférais même, mais mon inconnue n’allait pas me courir après, n’allait pas m’empêcher de partir ou me suivre quitte à se mettre en danger. Lorsque je partirais, mon inconnue resterait ici. Elle avait bien droit à ce que l’on se dise au revoir pour de vrai.

La honte, les scrupules, l’embarras me chauffaient les joues tandis que l’équipe de la fille de Dionysos gagnait son match. Elle était tellement rayonnante. Elle allait tant souffrir. Ça serait encore ma faute.

« Me remercie pas. T’es en train de prendre une sale habitude, Rider. Tu m’en devras une. »

Les pensionnaires se félicitaient, s’en retournaient peu à peu vers le lac, les douches ou le mess. Paloma, elle, s’approchaient de nous.

« Lorsque tu auras tout récupérer, fais moi signe. Et dis-crète-ment, Rider. »