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Pierre, feuille, ciseaux [RP Solo]
 :: À travers le monde :: L'espace-temps :: Passé
Kleman Dunn
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Défaut fatal: Joue littéralement sa vie à pile ou face
Kleman DunnPensionnaire
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Pierre, feuille, ciseaux [RP Solo]



《 Ça commence à bien faire. On ne va pas remettre ça ce soir. Ça va bientôt être l'heure du couvre-feu, tu n'as pas envie de te frotter aux Harpies alors il est temps que tu ailles te coucher. C'est mon dernier avertissement.》

Si j'avais dû imaginer Chiron en colère je n'aurais pas pu mieux le dépeindre. Sa voix était calme et douce mais transpirait d'un agacement profond. Il s'efforçait de garder un rythme posé, sa main tapotant mon bras dans un geste réconfortant qui me donnait des frissons. Ses yeux sans âge s'étaient teintés d'une froide autorité et son sourire tentait d'attendrir son expression fatiguée. Ce n'était pourtant pas la réaction que je souhaitais obtenir. J'aurai voulu qu'il me secoue, qu'il ne m'épargne pas, qu'il cesse d'être généreux et sorte de son fauteuil roulant pour m'écraser de toute sa puissance. J'aurai voulu que sa colère sorte et résonne avec la mienne. J'aurai voulu voir des feux d'artifices dans ses pupilles et des flammes dans ses mots. J'aurai voulu que son silence ne ressemble pas à celui qu'on m'avait forcé à quitter ; et fasse taire le nœud qui m'enserrait le diaphragme.

《 Chiron, s'il te plait... Peut-être qu'ils se sont trompés là-haut ? Hermes est bien le dieu des voleurs, non ? Alors regarde ! Je ne peux pas avoir volé tout ça et ne pas être son descendant... Laisse moi retourner avec les autres. Je pourrais pas rester tout seul là dedans.》

J'avais commencé à sortir tout un tas de bijoux de mes poches, d'armes magiques — empruntées lors de la fête au feu de camp — de mes chaussettes, de documents dérobés à la grande maison coincés sous l'élastique de mon short et même un trophée de monstre que j'avais chipé au grenier le matin même et planqué dans la doublure de ma veste. Il y avait là une bonne dizaine de ce qui me semblaient être des preuves irréfutables.

Mes coups d'œil impuissants naviguaient sans trouver d'ancrage entre le pincement entendu de sa bouche, l'air inquiet des autres pensionnaires venus assister au spectacle ou, je l'espérais, me soutenir ; et les objets étalés entre mes doigts.

C'était ma dernière chance. Mon ton s'était fait suppliant, espérant jouer sur la corde sensible du centaure. Je m'imaginais, dansant d'un pied sur l'autre, lui transmettre par le regard toute ma détresse. Je sentais derrière moi l'entrée béante et sombre du bungalow qui devait être le mien. Je la sentais me happer et alimenter ma peur. Je sentais la boule dans mon ventre grossir et obstruer ma gorge, faire accélérer mon cœur. Je savais pertinemment ce qui m'arrivait et j'espérais que Chiron pouvait le voir.

Son soupir las eu l'effet d'un cyclone dans mon ventre. Lentement, il prit un à un mes larcins et les posa sur la couverture qui recouvrait ses fausses jambes. Il n'y avait que les murmures curieux, le tintement du bronze céleste et le silence de son air indéchiffrable. Déçu ? Épuisé ? Consterné ? Il avait ouvert la bouche et après les avoir tant attendu, je redoutais ses mots.

《 Tu as été revendiqué. Je ne vais pas réinventer les règles pour toi ce soir ; mais demain, nous en reparlerons calmement. Pour l'instant, je dois réfléchir à une punition convenable pour... tout ça. En attendant, bonne nuit Kleman.》

Il n'avait pas quitté des yeux le petit tas sur ses genoux sauf en prononçant mon prénom avant de faire pivoter son siège et de partir en direction de la Grande Maison. Le cyclone avait ravagé tout ce que j'avais tenté de construire et je luttais pour ne pas laisser les larmes brouiller la vision de mes anciens camarades rentrer chez eux. Et derrière moi, le néant du cabanon de Tyché m'aspira dans son antre.



Je ne sais plus bien si j'avais moi-même franchit le seuil et pénétré à l'intérieur ou si elle m'avait effectivement emprisonné dès l'instant où Chiron m'avait tourné le dos. Je me souviens juste de son regard incompréhensible imprimé sous mes paupières ; du souffle de l'air sur ma peau suivant le fracas de la porte qui claque ; de mes mains tremblantes cherchant à tâton un interrupteur, n'importe quoi qui pourrait allumer la lumière ; de la sensation terrible d'avoir la tête sous l'eau dans cette obscurité, d'entendre tous les sons distordus et lointains ; et des minutes qui s'égrainaient aussi fuyantes que des secondes, étirées en de longues heures interminables fuyant la course du char d'Apollon. Je me souviens d'avoir rencontré vivement l'un des murs, plié en deux par la boule qui avait envahit mon corps. Je me souviens d'avoir senti tout mon sang me fuir et ma tête tourner comme si je quittais la terre. Je me souviens d'avoir essayé de me calmer, d'avoir essayé de garder le contrôle. Mais mes jambes s'étaient dérobées.

Il fallait que je cours, que fuis très loin de ce bungalow, de cette bouche immense qui s'était régalée du soleil et comptait faire de moi son dessert. Il fallait que je rejoigne la fenêtre dans la pièce voisine qui laissait passer quelques uns des rayons de la lune naissante. Il fallait que j'échappe à ces formes mouvantes qui se découpaient dans l'obscurité. Il fallait que je fuis les monstres qui s'étaient introduit dans la colonie, là juste devant moi. Il fallait que j'attrape mon épée, que j'empêche mes mains de suer. Il fallait que je hurle, que j'appelle des renforts, que j'alerte le camp. Il fallait que je sorte d'ici. Il fallait que je demande de l'aide. Il fallait que ma poitrine cesse de me torturer et me permette de respirer. Il fallait que je reste vivant. Il fallait que je fuis le noir. Il fallait ! Il fallait ! Il fallait ...


En équilibre au bord du gouffre, ma vie en bout de course, à bout de souffle ; rien que cette peur qui étendait ses racines entre mes côtes et dans mes pupilles. Cette peur qui me faisait trembler, qui m'empêchait de respirer et chantonnait comme une vieille comptine : Bonne nuit Kleman. Bonne nuit mon cœur.

Et la nuit riait à s'en déchirer les lèvres. Non je n'étais pas tout seul. Et les formes frémissaient sur les murs à quelques mètres de moi. Les montants des lits avaient des airs de longs doigts aux griffes acérées et les draps d'ailes de Furies. Le vent filait entre les lates du plancher pour leur donner une voix et le silence pour me surprendre. Il ne me restait plus qu'à me jeter sur la porte, tambouriner en suppliant Chiron et tout ces dieux irréels de m'ouvrir, secouer la poignée dans tous les sens pour faire renoncer le verrou, espérer qu'il cède avant mes poings et mes épaules. Et longer le premier mur pour échapper aux longs filaments des ombres qui se traînaient sur le sol. Grimper à reculons sur la commode sans jamais les quitter des yeux et entendre ma voix dérailler, usée, brûlant ma gorge. Faire tomber quelque chose, peut-être une lampe ou un vase. Qu'il percute l'obscurité avec violence et se réduise en éclats tout comme mon esprit privé d'oxygène. Détaler comme un animal prit dans les phares invisibles d'une voiture et me cogner contre un tableau en tombant de mon perchoir. Sentir mon cœur s'arrêter et tomber dans mon estomac comme une brique mais lutter pour ne pas rester à la merci des ombres. Rejoindre la pièce du dortoir après avoir soigneusement heurté chaque mur et chaque meuble sans retenir mes cris de douleur et de peur. Me réfugier entre un lit et une armoire, hanté par le grincement de mes propres pas. Sentir mes ongles s'enfoncer dans la peau fine des mes genoux serrés contre mon torse. Et en voyant ramper les flaques ténébreuses jusqu'à lécher mes doigts de pieds, fermer très fort les yeux et tenter de me persuader.

C'est dans ta tête, rien n'est réel. Concentre-toi, c'est juste dans ta tête. Tu ne finiras pas tout seul. Je ne veux pas finir tout seul. Tu ne finiras pas tout seul. Je ne veux pas finir tout seul.

Sentir les poils de mes jambes se hérisser dans la vague frigorifique qui me traverse. Entendre mes dents claquer les unes contre les autres. Fermer encore plus fort les yeux et tenter de retenir ma respiration comme si je plongeais dans un bain de glaçons. Et agripper de mes doigts tremblants l'armature du lit et le rebord d'une table de chevet. Me crisper à la caresse d'un fil sur mon poignet. Dans un élan de courage m'en saisir et remonter jusqu'à buter sur un interrupteur. Sauvé !

Mais mon corps était toujours planté là, derrière la porte du bungalow, les muscles tétanisés, le regard dans le vague, incapable de sortir le moindre son. Cette porte qui ne m'avait jamais emprisonné que dans mon esprit nostalgique. Une statue de marbre dans l'espace infini de cette chambre, dans ce trou noir qui ne tarderait pas à me faire disparaître à mon tour.



Je crois que j'ai sombré.



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Re: Pierre, feuille, ciseaux [RP Solo]



Il ouvre les yeux. L'enfant terrible a les bras écorchés par les ronces, les genoux par le froid. Ses dents et son t-shirt claquent dans son dos. Il n'a pas peur de l'orage et sa pièce retombe lourdement dans sa main. Pile. Son sourire dévie une goutte sur sa joue. Un bruit de course juste derrière lui et un cri. Il l'ignore. Il agrippe la poignée de porte d'une voiture et se laisse entraîner par la vitesse. Devant lui, la plus grande descente de la ville. Et lorsqu'elle s'apprête à tourner, il continue seul. Sur sa route, tous les feux sont oranges. Le même cri. Son prénom peut-être. Rien ne sert de lui faire la morale, il sait déjà qu'il n'a pas raison. Il passe et n'entend pas les klaxons. Le vent fouette violemment ses oreilles. Une goutte lui tombe dans l'œil. Un reflex de recul et il perd l'équilibre. Son skate dérape contre le trottoir, les roues s'immobilisent brutalement, et le projette en avant. Il percute le bitume, roule encore et encore et s'étale peu après le dernier passage piéton. Un camion de marchandise passe à quelques centimètres de ses cheveux avec un crissement de pneus. Il n'entend que le bruit de la pluie qui tombe et il rit. Un véritable fou rire, de ceux qui te prennent les entrailles et te secouent tout le corps. Il ne fait même pas attention à l'attroupement qui s'est formé autour de lui. Les voitures arrêtées en trombe, tous ces regards inquiets et curieux qu'il ne voit pas. Il survole la Terre le front collé à l'asphalte. Les mêmes bruits de course et ce cri. C'est son prénom cette fois, il en est certain. Un garçon à la démarche bancale perce la foule et l'oblige à se relever. Il a coincé le skate sous son bras et passé l'autre autour de ses côtes. Il l'emmène s'adosser contre un immeuble plus loin tandis que la foule perplexe se disperse. Sa voix lui parvient de loin, mais il ne distingue pas les mots. Il a encore les épaules qui tremblent et l'œil pétillant. Comme d'habitude, sur ce qu'il fait, il n'a aucun recul. Tout ce qu'il sait, c'est que son sauveur lui tape sur le système et qu'il est maintenant complètement trempé et qu'il devrait rentrer avant d'attraper la crève. Il se lève et sans attendre d'approbation, se met à marcher. La direction importe peu tant qu'il sent les vibrations de ses pas remonter dans ses jambes. Encore et toujours le même bruit de course et ce cri. L'autre l'a rejoint d'une foulée et ouvert son parapluie pour les couvrir tous les deux. Il imagine son monologue faire comme une mélodie entre les percussions de la ville, alors il accepte de rester dessous, juste pour la musique.

L'enfant terrible a les yeux grands ouverts, mais ils ne regardent rien. Ils sont perdus loin, au-dessus de lui dans un nuage ou sur un lampadaire. Le flot de paroles sous le parapluie s'est tari. Ne restent que les talons sur les pavés, les tailleurs pressés, les sacs de courses bien remplis et les aboiements des écoles privées. La pluie s'est calmée même si les nuages continuent d'inonder le ciel. Son skate pèse moins lourd que ses pensées, mais ses mains sont tout de même sacrément amochées. Il ressasse tous ses souvenirs un à un comme une poignée de cailloux et il sème derrière lui ses regrets, ses échecs, ses rêves, ses cauchemars, le mépris, la parole, la misère, les histoires, une vieille télé allumée, des grands-parents muets dans le cimetière d'à côté, ses vêtements déchirés, ses trésors dérobés, les trains en été, la neige à Noël, la solitude du mois de mai, des parents effacés et ce visage qui s'éloigne. Ce visage qui lui serre le cœur.
De toute façon, maintenant, ça n'a plus grande importance. Maintenant qu'elle est partie, plus personne ne les voit. Sans un bruit, il égare son adolescence dans les rues du silence et fait semblant de ne plus en avoir rien à foutre.
Mais il s'en veut. Il s'en veut terriblement de ne pas arriver à être heureux pour elle. De ne pas l'envier ou en vouloir à ces deux inconnus sortis de nulle part pour la lui avoir enlevé. Il lui en veut d'être trop parfaite. Il s'en veut de n'être pas l'enfant idéal. Il en veut à ce crétin qui le suit comme son ombre. Il s'en veut de s'être attaché. Il en veut à la vieille pie du foyer de ne pas l'avoir prévenu. Il aurait au moins pu lui dire au revoir. Ou au moins demander son adresse pour lui écrire. Il en veut à cette foutue pluie comme si la situation n'était pas assez mélodramatique. Il en veut aux habitants de cette foutue ville qui le bousculent sans s'apercevoir des larmes sur ses joues. Il leur en veut de ne pas s'arrêter, de ne pas lui demander comment il va, de ne pas le perdre dans leurs bras. Il en veut aux femmes de ne pas être sa mère. Il en veut à son père de ne pas être caché sous un de ces imperméables. Il s'en veut d'espérer. Il s'en veut d'y penser.

Il en veut au silence d'Aaron, à sa présence, à son inquiétude. Il en veut aux trains de marchandise qu'il entend au loin. Il en veut à la porte de bois ouvragée du foyer devant laquelle I sont arrivés. Il en veut à ses tremblements et à son nez qui commence à goutter. Il en veut au monde entier mais c'est plus sa propre impuissance face à lui qui l'insupporte. La vie continue et il ne peut littéralement rien faire. Le gamin chétif à côté de lui a attrapé le heurtoir. Dans quelques secondes la vieille pie leur ouvrira. Il essuie rageusement son visage. Il n'a pas envie de devoir lui expliquer. De toute façon, ils seront punis tous les deux, ils n'auront pas leur mot à dire. Tout ce qu'il veut c'est terminer sa purée de pois au plus vite et se glisser sous la couette. Peut-être qu'avec de la chance, il se réveillera demain et tout ça ne sera qu'un mauvais rêve.

La vieille femme ouvre, les poings sur les hanches, l'air aussi sévère que son chignon grisonnant. Ses lèvres pincées sifflent comme un serpent. Elle n'est pas plus fâchée que d'habitude. Quelqu'un veut les voir.
Son cœur fait un bond dans sa poitrine. Il tambourine et se met à crier un prénom frénétiquement dans sa tête. Ce pourrait-il ? Peut-être qu'elle a oublié quelque chose dans son dortoir, qu'elle est revenue chercher ? Il pourrait lui dire au revoir ! Ou la supplier de rester. Ou parler à ses nouveaux parents, qui sait. Son souffle gonfle ses poumons d'espoir et ses pupilles s'illuminent.
Par dessus son épaule, une ombre surpasse la vieille. Plus haut que la porte, touchant le lustre de l'entrée, un regard carnassier et un sourire amusé. Sa langue passe sur ses lèvres avant que sa voix caverneuse fasse trembler les murs.

《 Ce n'est pas toi que je cherchais mais ça fera l'affaire. 》



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